La fin d'un chapitre. Cliffhanger ou pas?

Mon interrogation vient d'un retour que j'ai eu sur le dernier chapitre que j'ai fini.
Est-ce que c'est parce que j'ai une "culture" (notez les "") sériphage que j'ai tendance a apprécier les fins de chapitres qui se finissent par un Cliffhanger (anglais suspendu) ? Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, c'est une tendance assez naturelle dans ma façon d'écrire.
Est-ce plaisant ? Déroutant ? Trop ? Dois-je faire gaffe ou laisser libre cours ?
Pour moi, une fin en Cliffhanger doit donner envie au lecteur de tourner la page suivante et de se dire, même s'il est 2h du matin "Allez, encore un dernier chapitre pour ce soir".
Est-ce que je suis dans le bon ?
Vos avis ? Expériences personnelles ? Ressentis ?
Merci

S.

A mon avis ce qui compte ce n'est pas forcement le fin d'un chapitre, c'est toute l'histoire où il faut donner au lecteur l'envie de savoir la suite, par exemple en laissant des questions suspendues...

Je pense qu'il ne faut pas en abuser et le lecteur ne doit pas s'en apercevoir. Faut pas que ce soit trop flagrant à chaque fin de chapitre.

J'estime que les "cliffehanguereu" sont nécessaires ! Il doit y en avoir mais pas à chaque fin de chapitre !
C'est quand même important de ferrer le lecteur et de le forcer à se cogner un chapitre supplémentaire à 2 h du mat' alors qu'il doit se lever à 4 !

Personnellement, je suis pas un grand utilisateur de ce genre d'artifice ! Je peux en user ponctuellement si la conclusion du chapitre s'y prête mais je préfère terminer par un bon mot ou une blague, une situation un peu absurde et rocambolesque même si je suis parfois sensible aux twists (anglais citronné)...

Bref, je suis pas un spécialiste du suspense !

Je pense que c'est un des plus mauvais film de Stallone.

Paracelse a écrit:Je pense que c'est un des plus mauvais film de Stallone.

1/ Pas d'accord avec toi.
2/ Hors sujet.

S.

Sans doute hors sujet effectivement et c'est un film que je regarde avec plaisir mais bon, passons.
Moi qui suis également sérivore ou sériphage, j'apprécie les cliffhangers. Je ne suis qu'en partie d'accord avec Pala. Effectivement, il faut supposer pour un cliffhanger réussi que le chapitre, tout le chapitre, donne envie de tourner la/les pages; en sorte que la fin du chapitre n'est que la cerise sur le gâteau. Et je ne suis qu'en partie d'accord avec Zaroff qui écrit que ce genre de procédé ne doit pas être trop voyant et ne pas être systématique. Sur le premier point, je dirai que si le suspens dans le chapitre est réussi alors il n'est plus question pour le lecteur de voir ou de ne pas voir puisque justement on parvient à lui déconnecter les fils du cerveau (attention limitée, le reste du monde n'existe plus : je lis, je lis, je lis... 5h du mat ? Je bosse demain, je me lève dans 1/2 heure ou pire j'aurais du être debout depuis une demi-heure parce que je suis Didier Fédou, rien à foutre...). Sur le second point, la systématicité : oui, peut-être... parfois il est bon aussi de laisser le lecteur se détendre sur un chapitre ou deux avant de le cueillir, tchak, une nouvelle fois dès le paragraphe suivant... Mais bon, ce n'est qu'un point de vue...

Oui. C'est clair que je ne fais pas de la systématicité sur les fins en Cliff, sinon, effectivement, le truc tombe à l'eau.
Mais ta façon de voir le truc ressemble pas mal à la réponse que je ferai à un tiers...
Bon.
Me voilà pas vraiment avancé . Du pour, du contre. D'un autre côté, c'est normal. Chacun a sa perception.
Va falloir que je creuse le sujet.

S.

J'aurais tendance à dire oui, mais pas toujours, comme Zaroff. C'est le genre de truc qui me gonfle quand ça se voit trop, comme si on me force, comme si on forçait l'histoire à avancer ainsi.
Ce n'est que mon avis, mais une histoire, même avec des monstres, des vampires, des barbares ou quoi que ce soit, c'est un morceau de vie (inventée, certes). Votre vie à vous, fait-elle des cliffhangers ? Non. Pas souvent en fait.
On objectera que ce n'est qu'une technique de construction du roman, un découpage pour accocher le lecteur, d'accord, mais quand c'est systématique, et que ça se voit (comme dans les séries), ça fait l'effet que c'est fait exprès.
Donc, outre la fait que ma dernière phrase est digne d'un rap de banlieue, je pense que le cliffhanger doit se faire discret et rare. Quand il arrive, paf, on se le prend dans la gueule. Un cliffhanger à chaque fin de chapitre, pour moi, ça parait forcé et cache-misère, peut-être. Comme les fausses promo des supermarchés pour nous écouler les invendus.

Je me méfie des romans construits comme des « scénarios en format bouquin » et leurs trucs et astuces genre Cliffhanger, justement. Un roman dont l'écriture est prenante et chaque phrase ciselée (très rare dans la paralittérature) peut facilement se passer de ce genre d'effets spéciaux. Si le point de vue du narrateur est profond, le roman travaillé au minimum comme de l'art (et ne pas avoir uniquement le soucis d'avoir " une histoire à raconter "), tu peux transformer les histoires les plus simplistes en d'excellents romans. Bien sûr, ça demande largement plus de travail que de tout axer sur l'histoire. De toute façon, des cliffhangers, t'en feras naturellement sans l'avoir voulu. Te soucies pas de ge genre de choses.

Comme je le disais, l'important est que le lecteur ait envie de connaître la suite. Tout consiste à titiller sa curiosité pour qu'il veuille savoir ce qui va arriver. Tu vois ça dans les bons polars ou thrillers que tu n'arrives pas à poser quand tu es dedans. Ca n'a pas forcement à voir avec la fin des chapitres mais plus avec le déroulement de l'action. Vouloir absolument faire un cliffhanger à la fin de chaque chapitre est vite artificiel et perd de sa force. On en vient à faire se finir un chapitre sur "Soudain deux détonations retentirent" et au début du chapitre suivant on apprend que c'est le pot d'échappement du voisin...Par contre si le héros suit une piste qui le conduit de révélations en rebondissements le découpage des chapitres est bien secondaire!

Par contre ce procédé est très utilisé dans les romans à énigmes du style whodunit comme les polars des années 40 à 60. Je pense à Christie, Steeman, Carr et autres. Sauf que eux, ils avaient le génie de le faire sans que ça se voit ! Encore une fois, qu'importe les procédés, c'est le talent et le métier qui comptent.

Bien sûr le talent permet de faire avec bonheur ce qui serait casse-gueule pour d'autres qui en ont beaucoup moins!

C'est exactement ça.

Le talent et le métier ? OK... Mais n'est-ce pas aussi le talent et le métier qui permettent les cliff réussis ?
Par ailleurs, je ne suis pas totalement de l'avis de Didier. Est-ce que la vie est faite de Cliff ? Non bien sûr et pour une raison simple : la vie n'est pas une histoire, elle n'a rien à voir avec la littérature. Il suffit de penser à la manière dont parfois nous nous retrouvons avec nos amis à raconter nos vies ou les histoires qui se sont déroulées dans la journée. Que faisons-nous ? Nous les racontons telles que les choses se sont déroulées ou nous y mettons le ton, afin de maintenir l'attention de l'auditoire ? Je penche pour la seconde hypothèse. On est passé imperceptiblement d'une réalité factuelle à un récit sur cette réalité. Je pense que c'est la même chose avec l'écriture. J'ai regardé la vidéo de Thilliez. Il dit : ayez des histoires à raconter. OK, bien sûr, une histoire. Mais je crois qu'il confond deux choses ou en tout cas qu'il ne nous dit pas tout ou peut-être que l'on focalise sur le mauvais mot : 'histoire', alors que le terme important est peut-être celui de 'raconter'. Raconter cela veut dire passer de l'histoire au récit, autrement dit passer du factuel à une intrigue (l'intrigue étant selon mon point de vue la manière dont l'histoire est racontée). Or, pour cela il faut effectivement du métier et du talent. Mais si le talent est plus ou moins donné ou inné, le métier lui relève de l'acquis. Du coup avoir du métier signifie à mon avis savoir comment mener l'intrigue, créer du suspens (au sens large du terme) et donc manier le cliffhanger, doser les effets, etc. Toutes ces choses doivent être réfléchies, pensées, pesées. Elles relèvent de la plus pure des créations.
Je suis passé au cours de ces derniers mois par une passe absolument détestable. Rien qui ne soit très motivant. Je n'ai strictement rien écrit. Blocage. Et quand c'est comme cela, j'ai une fâcheuse tendance à cogiter. Et du coup j'ai cogité sur ce que signifiait pour moi d'écrire. Mon problème est que je ne me sens pas super lorsque je n'écris pas et que lorsque je n'écris pas je ne me sens pas super non plus. Du coup j'en viens à me demander si tout cela ne m'est pas devenu nécessaire et si le moment n'était pas venu pour moi de me lancer dans des choses plus vastes que la nouvelle. D'où mes interrogations sur la construction d'une intrigue, la création d'une ambiance, d'un suspens (ce qui donne envie de tourner les pages et qui peut tout aussi bien être lié à l'intérêt que l'on porte aux personnages du roman/de la nouvelle). Je ne sais pas si je suis très clair, mais je crois que tout cela ne vient pas uniquement en libérant son esprit de contraintes narratives. Je crois au contraire que tout cela est le résultat des contraintes que l'on se fixe. Le plus drôle est que j'étais prêt à jurer l'inverse il y a quelques mois de cela. Comme quoi tout évolue, même moi, c'est tout dire. Mais encore une fois ce n'est qu'un point de vue. Et encore une fois je ne sais toujours pas faire court.