BLOODFIST de Schweinhund

Léonox a écrit:
Pour ta peine, tu seras privé de chips.

M'en fous, il me reste des Crousti Miel.

Le Prix Sade récompense chaque année « un auteur singulier et honnête homme, selon la définition de son siècle. Un authentique libéral qui sera parvenu, par delà les vicissitudes de la Révolution et l'emprise de l'ordre moral, à défaire les carcans de la littérature comme ceux de la politique ».

Christophe Siébert avait été en lice avec Nuit noire.

Cette année, Bloodfist aurait eu toute sa place parmi les sélectionnés, non ? (Si !)

Je vais donner mon petit avis qui vaut ce qu'il vaut vu ma connaissance inexistante du gore, du trash et autres joyeusetés sur Bloodfist, de notre copain Léonox!

C'était vachement bien. Je vous jure. Je m'attendais pas du tout à une écriture de ce genre. Elle est très littéraire, assez spéciale. Si vous voulez une comparaison, c'est assez proche de Marguerite Duras ou de Chloé Delaume (beaucoup moins connue). J'ai lu Bloodfist comme j'ai lu L'Amant: d'une traite, sans me poser de questions. Y a des moments où il faudrait s'arrêter sur les réflexions assez philosophiques qui parsèment le texte, les jeux de mots, mais il y a un rythme dans ce bouquin qui t'emporte. Alors, après, tu te retrouves un peu bête, parce que t'es pas capable d'expliquer ce qui t'a plu dans ce livre, mais je trouve que dire qu'un livre t'a tellement emporté que t'en restes bouche bée, bah c'est déjà un sacré bon point. Parce que je sais pas vous, mais moi ça m'arrive pas souvent.
Bonne écriture et bon rythme, donc, mais pas que. Bah ouais, parce que sinon ça sert à rien. J'ai adoré tout le début, le récit de l'enfance du héros. À partir du moment où il rencontre la fille, L., l'histoire part en vrille (et c'est là que le rythme part en vrille aussi), au point que, vers la fin, on sait plus trop ce qui se passe: où on est, qui est qui (les personnages n'ont pas de nom. Quelques-uns ont une initiale, mais pas plus)... Pour ma part, ça m'a un peu déstabilisée, mais ça fait partie du truc, et de toute façon j'ai bien suivi tout le long.
Niveau tripaille, je m'attendais à pire. Et en fait, à part deux ou trois scènes bien dégueu, y a rien de follement révulsant.

Alors foncez, les amis, ça envoie des boyaux!

Merci beaucoup pour cet avis. Je suis content que Bloodfist t'ait plu. Et comme décidément ce bouquin suscite des comparaisons aussi flatteuses que surprenantes, en voici un florilège:

Nécrorian dit de ce livre que "certaines pages font penser à un Boris Vian adorateur de la boue", tandis que Guy Kermen risque pour décrire le style de Bloodfist un "Trash quasiment célinien" des plus audacieux. David Didelot fait très fort en voyant l'influence de Peter Sotos, mentionne une "créature corsélienne", et évoque le John Doe de Seven et le Rorschach de Watchmen. David Coulon me fait rougir en citant Nietzsche, Pasolini, Noé et Schopenhauer. Fantasio enfonce le clou en parlant d'un "Boris Vian halluciné mâtiné de Raymond Devos".
Schootswater ose une comparaison indirecte avec Nuit Noire en faisant allusion au Prix Sade, alors que Manu Evilangel y trouve un petit goût de Maniac, le chef-d'oeuvre de William Lustig. Enfin, Naëlle signale une écriture "littéraire et spéciale" rappelant celle de Duras et Delaume.

Et moi qui voulais juste en écrivant Bloodfist rendre hommage à Nécrorian et Corsélien !

Je partage le sentiment de Naëlle sur le style. Pour l'instant, je n'ai lu que les 3 premiers chapitres (j'ai reçu le bouquin aujourd'hui). Contente de savoir qu'il n'y a pas de trop nombreuses scènes violentes, Naëlle, car j'avoue que je les redoute.

Au risque de faire éclater de plaisir la rate du lion noctambule, cher Léonox, je dirais que le passage sur la mort des parents m' a fait irrésistiblement penser à la réaction du héros de Camus dans "L'étranger".

C'est tout ce que je peux dire à ce stade de ma lecture.

Tipram

Incroyable parallèle. J'avoue qu'en effet ma rate a été mise à rude épreuve. On a frôlé la catastrophe, là. Rendez-vous compte, à cause de Tipram, j'ai failli repeindre les couloirs de l'Ecritoire en rouge. Fort heureusement, j'ai su me contenir. Et j'ai réfléchi. Oui, ça m'arrive.

J'ai donc repensé à mes lectures de L'étranger. Oui, mes lectures, car il s'agit d'un des rares livres que j'ai lus plusieurs fois. Le début du roman, en particulier, m'est revenu à l'esprit. "Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas".

Alors peut-être bien qu'il y a un lien diffus, en effet. Mais si je suis très honoré par une telle comparaison, je préfère quand même prévenir que la suite de Bloodfist est très différente.

Tipram a écrit:Contente de savoir qu'il n'y a pas de trop nombreuses scènes violentes, Naëlle, car j'avoue que je les redoute.

Mon personnage connaît durant le roman une évolution. Il va donc bel et bien passer de la théorie à la pratique. Sinon il y aurait tromperie sur la marchandise. Car si Trash n'est pas forcément gore, "utilisé en tant qu'adjectif dans le langage courant, TRASH qualifie une action ou un ouvrage, voire un personnage, physiquement sale, répugnant ou moralement malsain".

Un grand merci en tout cas pour cette première appréciation, Tipram. Mais n'oubliez pas ceci: à la formation de mon psychopathe succédera l'étape de la déformation. A bon entendeur...

La similitude ne tient pas tant au décès qu'à l'espèce de l'état de déconnection dans lequel le héros de Camus et celui de Schweinhund sont plongés au moment des funérailles.

Je vous suis très reconnaissante de vous être retenu, car après tout le sang épongé sur les carreaux de ma cuisine hier soir, je ne suis pas certaine d'être en état de supporter des couloirs aspergés par votre hémoglobine et maculés de lambeaux de votre rate déchiquetée.
En effet, hier soir, après avoir lu les premiers chapitres, j'ai voulu préparer un avocat pour le dîner, et je me suis fiché la pointe du couteau dans la main, alors que c'était le noyau que j'essayais d'embrocher.

Dommage que nous ne soyons pas aux Etats-Unis, car je vous aurais intenté un procès pour "incitation à l'amputation de l'index gauche".
Priez pour que le phénomène de formation-déformation ne provoque pas de nouvelles hémorragies, sinon vous devrez me payer quelques kilos de coton hydrophile et de pansements.

T.

Aurions-nous donc bien malgré nous inventé la littérature interactive ?
Et heureusement que nous ne sommes pas aux Etats-Unis, car je n'ai absolument pas les moyens de faire face à un procès. Quoique la perspective d'embaucher un avocat pour me défendre face à un... avocat récalcitrant ne manque finalement ni de saveur ni de piquant.

J'espère néanmoins que la suite de votre lecture ne sera émaillée d'aucun autre incident gore. Car si nous tendons en effet vers une littérature de l'agression, nous ne tenons pas pour autant à réduire nos lecteurs en charpie. Ceci dit, en cas de nouveau débordement sanglant, merci de vous adresser à Brain.Salad. Chez nous, c'est lui le spécialiste des "hémorragies". 

J'adore votre jeu de mots autour de l'avocat. Je le préfère tout de même dans sa peau verte que dans une robe noire.

Je ne sais pas trop ce qu'est la littérature interactive, mais si nous l'avons inventée, c'est super, et c'est grâce à Bloodfist.

Ne parlez pas de malheur. Mon groupe sanguin est le O+, donneur universel, et il serait dommage de gaspiller une matière qui pourrait s'avérer précieuse. J'espère donc ne jamais avoir affaire à Brain Salad.
Savez-vous que dans mon pays, quand on s'est fait mal, on fait tiédir une feuille de salade ou de chou à la flamme d'une bougie, et on l'applique sur la blessure. C'est souverain.

T.

Cette anecdote me rappelle une devinette : quelle est la différence entre un avocat et un crapaud ?

Leur bave ?

T.

Non. L'un est visqueux, répugnant, lépreux et verruqueux, infâme et laid...

L'autre est un batracien...

J'aime bien les grenouilles. Autrefois, les élèves du Lycée que je fréquentais avaient créé un journal qu'ils avaient appelé "Le crapaud buffle".

Ne me demandez pas la différence entre crapaud-buffle et cochon-chien.

T.

Tipram a écrit:J'aime bien les grenouilles.

Tipram! Comment peux-tu dire une chose pareille sur le topic d'un livre dans lequel la dissection d'une grenouille permet au héros de comprendre sa véritable nature?  

Il est vrai que je préfère les grenouilles quand elles sautent au bord des étangs, mais si leur dissection est une révélation pour le héros, tant mieux pour lui et pour l'intrigue.   

T.