L'Araignée Bleue

Quand je vois une telle maestria dans le maniement de la plume, quand je lis les nues auxquelles les copains et les copines te portent, je me dis que je vais faire tâche. Tant pis, j'assume.
J'apprécie l'histoire. Merveilleusement original que de :
- raconter ça du côté des Tommies
- rappeler que des Hindous (au sens large) ont participé au conflit, voire même de me l'apprendre
- faire intervenir une divinité de la guerre dans ce merdier, putain de bonne idée

Mais malheureusement, mon plaisir est gâché par les références que j'ignore. A part Tolkien, heureusement pour moi, j'ignore tout de Hodgson, Carnaki, et tout le toutim. Sans doute ma faute, inculte et ignare que je suis, et trop vieux pour que ça change. Du coup, j'ai la sensation de passer à côté d'un truc plus vaste. Ca blablate aussi beaucoup, et même si ça blablate bien, ça blablate trop. Mais c'est à mon goût, alors dois-je en tenir compte ?
Me reste quand même, une fois l'histoire filtrée de tout ce que j'ai pas pigé, un texte original et rondement mené. Alors désolé, gougnafier que je suis, mais bravo tout de même, fallait le faire !

Autant dire tout de suite que j’ai adoré cette histoire, qui ose mettre en scène trois « monstres sacrés » de la littérature de genre. Saki et Hodgson sont des écrivains trop méconnus, et je place « Sredni Vastar » parmi les nouvelles les plus réussies qu’il m’ait été donné de lire. J’ai aussi apprécié les références au cinéma d’ « avant », « Gunga Din », « Le Tigre du bengale » Etc.
Un texte truffé d’allusions subtiles, pas toujours évidentes à décrypter (je suis peu holmesien, et j’avoue que Wiggins m’a échappé à la première lecture), mais ce jeu érudit ajoute à la jubilation ressentie à la lecture.
Le ton, le style, correspondent parfaitement à l’ambiance so british, et rendent savoureux les dialogues et les descriptions. Cette façon de parler légèrement des choses graves est si britannique qu’on se trouve immédiatement plongé dans le contexte, et que l’aspect surnaturel est facilement accepté, comme dans les contes de Conan Doyle, par exemple.

En cherchant bien, je ne trouve qu’un bémol à mettre sur cet avis : comme l’a souligné Didier, ceux qui ne connaissent pas les auteurs et les films cités vont peut-être moins apprécier cette nouvelle, puisqu’ils n’auront pas les références nécessaires pour sourire aux multiples clins d’œil qui la parsèment.

En conclusion : « chapeau bas, Jack, un pastiche éclatant et une aventure de Carnacky que n’aurait pas reniée Hodgson lui-même ! »

Courage Didier, je suis dans le même pétrin et n'ai reconnu que Tolkien, tout le reste m'est passé au-dessus.   

Trop de blabla ? Peut-être. Mais quand on a des invités de marque, il n'est pas facile de leur couper la parole. Une boutade ? En partie seulement. L'intérêt pour moi était de redonner vie, le temps d'une nouvelle, à des personnages qui ont marqué mon imaginaire. Comme auteurs, bien sûr, mais ce n'est pas là-dessus que j'insiste (en tout, je dois citer trois titres). Mais avant tout essayer de donner un aperçu des hommes qu'il avaient pu être, du moins tels que je les perçois, des hommes de chair et de sang dont le destin a été marqué ou prématurément interrompu par un conflit aveugle. Alors, sans doute qu'ils parlent trop, mais je crains qu'ils n'aient plus guère d'occasion de discuter le bout de gras.
Par ailleurs, je conçois que le jeu des références puisse en gêner certains mais, d'un autre côté, je me dis (on peut rêver) que faire un peu de promotion culturelle en amusant n'est pas nécessairement la plus répréhensible des activités. Quant aux clins d'oeil, je m'arrange en général pour qu'ils restent en marge et ne participent pas à l'action.
Quoi qu'il en soit, il est vrai que j'ai cherché à me faire plaisir, sans considération de style ou de mode. Qu'il y ait des défauts, c'est normal, je n'ai pas fait grand-chose pour les éviter. Mais pour le meilleur comme pour le pire, j'ai écrit l'histoire telle que je la voulais.

J'ai vraiment eu plaisir à lire cette histoire Jack bien que les références notées par les autres m'ont passé au dessus (à part Tolkien comme dirait Cath ) mais ce n'est pas gênant. Oui, ça parle mais justement, je trouve que les dialogues emplis d'humour fournissent un contraste saisissant entre la réalité du front - son bain de sang- et ces paroles légères échangées par les 3 principaux personnages... (Ionesco ne ferait pas mieux   ).
L'idée de ce monstre bleu m'a paru géniale. Tu as très bien décrit ces horreurs commises par cette démone, encore pires que celles de la guerre ! Il fallait le faire !
Ah ! Et le début, un vrai régal !
Je trouve que tu as réussi ton pari de nous apporter l'envie de connaître ces personnes Hodgson et Saki sous une forme originale.
Merci pour ce tour de force.

Pas grand-chose à rajouter sur ce qui a été dit, sinon que tu m'a bluffé avec ton histoire d'araignée, je ne voyais pas du tout arriver Kali . En passant, au delà de son image terrible popularisée par la littérature et le cinéma (les histoires de thugs fanatiques qui étranglent les sujets de sa Gracieuse Majesté en psalmodiant "Kâââli" d'un voix sépulcrale ...), c'est une déesse qui a des cotés plus sympathiques, elle est aussi déesse de l'amour et, dans certaines écoles, même une image de la Mère Universelle (Dieu La Mère, quoi!) . C'est peut-être d'ailleurs cet aspect qu'elle prend ensuite, avec Tolkien.

Bien sûr j'ai apprécié l'hommage à ces auteurs anglais: je savais que Saki était mort lors de la bataille de la Somme. (« Sredni Vastar » est une nouvelles tellement culte qu'on la trouve dans bien des anthologies !) mais j'ignorais qu'Hogdson avait été aussi victime de ce conflit.

Je trouve, moi, que l'histoire, résolument fantastique, est plus "Carnaky" que "Sherlock Holmes" ou "Harry Dickson", qui eux se situent dans le domaine policier ou "fantastique expliqué".

Bravo, en tout cas! Une réussite!

...Et pour ceux qui ne connaissent pas la nouvelle de Saki Sredni Vastar La voila en ligne:

http://1cmichelservet.free.fr/SREDNI%20VASHTAR%20de%20Saki.pdf

Franchement Jack on devrait t'interdire de concours. Comme veux-tu après ça qu'on puisse même parvenir à te lécher les pieds ? Pour moi c'était parfait, maîtrise de bout en bout. Comme Didier je manque d'un bon nombre de références pour comprendre toutes les allusions, mais c'est uniquement ma faute.
Trop de blabla ? Ben non puisque cela fait avancer l'histoire.
Pas assez trash ? Je ne suis pas sûre que cela aurait apporté grand chose et comme tu le fais si justement remarqueŕ c'est un style qu'il faut savoir maîtriser.
Alors chapeau bas Monsieur.

Comme Athéna, qui est à la fois déesse de la guerre et de la sagesse, Kâlî présente de nombreuses facettes et au moins autant d'avatars : Agnî, Chamunda, Devi ou la rose et souriante Durgâ avec ses dix bras tous armés. Kâlî était la plus "parlante", celle dont l'image cadrait la mieux avec la noirceur du conflit. Mais comme Sredni Vashtar, elle n'est qu'une projection de croyances, d'où sa métamorphose en forme de glissement culturel (induit par la foi de Tolkien et "la Vierge penchée").
Finalement, j'ai très peu inventé (on pourrait faire un quiz info-intox). Tout est dans l'assemblage - qui m'en a bien fait baver, merci - et le tour de main, comme on dit chez William Saurin.
Ceci posé, je suis d'accord avec Perro, il fallait m'interdire de concours. La retraite me laisse du temps libre que les autres n'ont pas, et ce n'est très équitable.
Mais vos commentaires à tous ne me font pas moins chaud au coeur.
Merci.

Jack-the-rimeur a écrit:
Ceci posé, je suis d'accord avec Perro, il fallait m'interdire de concours.

Quedalle. Sinon, je boycotte les concours !

C'était du second degré Jack. Tu ne crois pas que tu vas t'en tirer comme ça et nous priver de si bonnes lectures.

Mais si, vous verrez, vous y viendrez : vous finirez par me bannir.
(Troisième degré ?)

Je me mets à la lire. Mon avis après.

Edit : ce sera pour plus tard, ton fichier doit être ensorcelé. Je n'arrive pas à l'imprimer correctement. Ça me sort des hiéroglyphes bizarres.

Waouhhhhh. Bigre. Chiotte. Fuck off. Quel talent. Ce récit m'a tout simplement époustouflé. J'ai plongé dedans à deux pieds. Manquait plus que Jean Ray dans le décor et c'était bonnard. J'ai vu Fritz Lang adapter et réaliser ce texte comme son Tombeau Hindou. Toutes mes influences enfantines m'ont sauté à la face à la lecture de ce récit. Je me suis régalé, repu, rassasié, goinfré. Merci Jack. Tu nous réconcilies avec ce que nous fûmes.
Dieu que ça va être dur de faire mieux.
Fumier.

Vous êtes tous témoins, Zaroff m'a dit "Fumier !"...
La consécration suprême !