La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
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kalcidian
FRançoise GRDR
Naëlle
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hello !
Zaroff : non, il est terminé, écris en entier. Là je planche sur le tome 2.
Kalcidian : oui, ce perso est important, pas autant que Léa, mais on le retrouvera tout au long de l'histoire...
A+ et merci de m'avoir lue.
Zaroff : non, il est terminé, écris en entier. Là je planche sur le tome 2.
Kalcidian : oui, ce perso est important, pas autant que Léa, mais on le retrouvera tout au long de l'histoire...
A+ et merci de m'avoir lue.
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
C'est toujours un plaisirs.
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hello !
Battons le fer tant qu'il est chaud...
Petite lecture du week-end !
Chapitre 10 :
Battons le fer tant qu'il est chaud...
Petite lecture du week-end !
Chapitre 10 :
- Spoiler:
- Je m’étais précipitée vers le parking pour le rejoindre, mais lorsque j’avais mis les pieds dehors, il n’était déjà plus là. Disparu. Volatilisé.
Hunter… Ce nom résonna dans ma tête pendant tout le trajet du retour. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment un nom. Comme tous les vampires, il avait choisi un pseudo imagé. Mais était-il vraiment un vampire ? Il m’avait laissé entendre le contraire, pourtant… Et de quelle vengeance pouvait-il bien s’agir ?
Merde ! J’étais venue pour trouver des réponses, et je repartais avec encore plus de questions !
Le lendemain, au Centre, mes ecchymoses ne passèrent pas inaperçues. Je croisai Phil et David qui sortaient.
― Joli maquillage ! lança Phil.
― Merde, qui t’a fait ça ?
David s’inquiétait trop pour moi, il voulait jouer les papa-poules et ça avait le don de m’exaspérer au plus haut point.
― Personne. Je me suis mise à la boxe. Vous allez où ?
― On va rendre visite à un type qui serait mouillé dans le trafic bulgare, marmonna Phil.
― Je viens avec vous. Une objection ?
Les deux agents secouèrent la tête et je leur emboîtai le pas. Nous empruntâmes un véhicule de fonction, une Alpha Romeo Giulietta gris métallisé. Je n’aimais pas ne pas conduire mais je dus me faire une raison. Ces messieurs se sentaient castrés si une femme leur servait de chauffeur. Et je m’en serais voulu de leur faire subir pareille déception.
― Alors, ce type ?
Phil conduisait en silence et c’est David qui me déroula le topo et me montra une photo. Une vraie gueule d’enfant de chœur.
― C’est un humain, un certain Didier Bacorda, mais il se fait appeler l’Etau dans le milieu. Un casier long comme le bras.
― L’Etau ? C’est quoi encore ce surnom débile ?
David se retourna à demi vers moi en souriant.
― Il aurait l’habitude de s’occuper de l’entrejambe des clients qui rechignent à payer. Il leur serre les olives jusqu’à les dénoyauter…
Charmant. David continua.
― Donc, d’après notre source, il s’occuperait principalement des nouvelles. Les filles ont répondu à des offres d’emploi de serveuses, d’employées de maison ou de baby-sitter. A l’arrivée, elles sont soulagées par les passeurs de leurs papiers d’identité et de leurs effets personnels. Enfermées, on les « dresse ». Et on leur fait comprendre que leur petit voyage jusqu’ici a coûté bonbon.
― Oui, soufflai-je. Et elles doivent bosser pour le payer, ce voyage de rêve. De l’abattage.
David reprit.
― Il occuperait une petite maison en dehors de la ville. On le chope et on se montre assez convainquant pour qu’il nous tuyaute sur le reste de la filière bulgare.
Je ricanai.
― Ça pour parler, il va le faire. C’est moi qui vais lui dénoyauter les pruneaux…
Le ciel était sombre. De gros nuages d’orage, noirs et menaçants, aux ventres lourds de pluie, s’amoncelaient depuis un bon moment. L’ambiance crépusculaire trompeuse cachait qu’il n’était que seize heures.
La voiture quitta la ville et s’engagea dans une zone pavillonnaire. Les jolies maisons proprettes firent rapidement place à une zone à l’aspect plus sordide. Le coin suintait la déchéance, le désespoir, le quartier malfamé.
Nous nous garâmes le long d’un mur cachant une déchetterie. Il n’y avait là que des entrepôts et des bâtiments de trois ou quatre étages maximum, habités autrefois, squattés maintenant.
Nous longeâmes ce qu’il est trop pompeux d’appeler une rue. L’asphalte non entretenue laissait passer des touffes de mauvaises herbes. Même chose pour le trottoir fendillé, couvert d’ordures en tout genre. Le vent se leva d’un coup, par bourrasques. Le déluge approchait. Plaqués contre le mur d’un immeuble en cours de démolition couvert d’affiches en lambeaux, nous vérifiâmes nos armes. J’avais mon Browning à l’épaule et le Glock dans le dos. Deux couteaux dormaient sur mes hanches. J’étais au taquet, mes collègues aussi. A partir de maintenant, nous communiquerions par signes afin de ne pas alerter notre cible.
La maisonnette se tenait dans un renfoncement, au milieu d’un petit terrain noyé par des herbes folles qui n’avaient pas vu de tondeuse depuis un bail. L’extrémité des plantes nous caressait le haut des cuisses. A demi-courbés, arme au poing, nous avancions en éventail, masqués par la végétation.
Aucun bruit, aucune lumière n’émanaient de la bicoque. Phil se posta près de la porte d’entrée. Il nous fit un geste de la main, David contourna le taudis par la gauche, et moi par la droite. Des planches disjointes obturaient les fenêtres, évitant tout coup d’œil à l’intérieur. La structure délabrée craquait sous les assauts du vent, toujours plus fort. Une petite porte s’ouvrait sur l’arrière. Chacun de notre côté, nous l’encerclâmes.
Un décompte silencieux et David l’enfonça d’un coup de pied. Un bruit étouffé nous indiqua que Phil avait fait sauter l’entrée principale de la même façon. Nous nous engouffrâmes dans les ténèbres.
Une odeur de moisissure et de poussière nous prit à la gorge. Notre trio se retrouva dans la pièce principale sans avoir croisé âme qui vive.
― Super l’informateur. Votre oiseau a quitté le nid.
Je rangeai mon Glock dans son étui, sur mes reins.
― On fouille partout, lança Phil.
Ce fut vite fait. Ce n’était pas le château de Versailles. La baraque, de plain-pied, ne possédait qu’une cuisine, une chambre et un salon. Une salle de bain occupait un coin pas plus grand qu’un placard.
La cuisine sentait le vieux graillon. Ce qui avait été autrefois un plan de travail gisait sous une couche de crasse et de la vaisselle sale s’entassait dans l’évier. Le robinet fuyait et le plic-plic incessant me tapa rapidement sur les nerfs.
La chambre se résumait à un matelas malpropre posé à même le sol. Rien de planqué dessous. Je l’éventrai en son milieu mais il ne recélait pas le moindre indice. Me relevant, je posai le pied sur une latte qui craqua. Elle n’avait pas la même couleur que le reste du plancher. De la pointe d’un couteau, je la fis sauter. Une boîte à biscuits métallique se nichait dans le trou. Rouillée, elle laissait encore entrevoir son ancien décor. La flèche du Mont-Saint-Michel se détachait sur un ciel trop bleu. Des mouettes volaient, les ailes tronquées par la corrosion. On devinait le mot « galettes ». Je l’ouvris.
A l’intérieur, je tombai sur quelques bijoux de peu de valeur, des billets pour une somme de cent-cinquante euros et des passeports. Sous les caractères cyrilliques, je pus lire en anglais « Republic of Bulgaria ». Aucun doute quant à leur provenance.
J’ouvris le premier. Une jolie brune me fixait sans sourire. D’après la date de naissance, elle avait vingt ans. Les autres passeports me révélèrent d’autres visages, tous aussi jeunes. Je refermai la boîte et la tendit sans un mot à David qui l’inspecta à son tour.
Je quittai la chambre pour me diriger vers l’entrée. J’aperçus Phil qui explorait consciencieusement les placards de la cuisine.
Une porte s’ouvrait dans la cloison, tout près de l’entrée principale défoncée. Un vestiaire. Je tirai sur la ficelle qui pendait du plafond et l’intérieur s’illumina. Des cintres de fils de fer pendaient en tintant sur une barre, projetant leur ombre dansante sur le sol. C’était vide. J’allai ressortir lorsque j’avisai une marque sur le plancher. Un demi-cercle rayait le bois. Comme provoqué par le frottement d’une porte mal rabotée. Mais il n’y avait pas de porte, seulement le fond du placard. A moins que…
Je passai fébrilement les mains sur le pourtour de la paroi. Rien ne dépassait, ni bouton, ni loquet. Une écharde se logea dans la pulpe de mon pouce et je lâchai un juron.
Phil arriva. Il m’avait entendu.
― Léa ?
― Rien. Saleté de bois. Aide-moi, ça doit s’ouvrir.
Bon sang, même à deux, impossible de trouver comment ouvrir cette fichue cloison. Lasse, je m’adossai contre elle. Mon épaule s’appuya contre une latte. Elle s’enfonça à peine et un cliquetis retentit. Je me redressai d’un bond, arme au poing, imitée par Phil. Nous nous plaquâmes de chaque côté et de la pointe du pied, je tirai le bas du panneau.
Un trou s’ouvrit sur les ténèbres. La loupiote du placard ne parvenait pas à les percer. L’intérieur de cette pièce cachée semblait silencieux. On entendait juste un léger bruit régulier, à peine perceptible. Une odeur âcre, piquante, fort incommodante s’échappait de là. Je tâtonnai et ma main rencontra un interrupteur. Je l’actionnai. Le spectacle qui s’offrit me coupa la respiration.
La pièce minuscule recélait deux petits lits métalliques alignés. Dans le premier, une fille allongée, des menottes retenaient ses mains aux montants. Ses bras ravagés par les piqûres ressemblaient à des champs de mines. Son visage trempé de sueur paraissait aussi inexpressif que celui d’une poupée ancienne. Ses cheveux blonds lui collaient à la peau, comme des queues de rat détrempées. Les yeux fermés, elle dormait. Simple illusion. Son torse ne se soulevait pas. Son visage baignait à demi dans une flaque de vomissure. Je touchai son bras mais déjà, je savais. Overdose. Elle était morte depuis peu.
Tandis que j’inspectai la pauvre fille, Phil s’avança vers le second lit, occupé par une autre victime. Le petit bruit régulier émanait d’elle. Je l’entendais plus fort maintenant. Un halètement.
Je levai le visage vers mon collègue. Phil avait trouvé les clefs et il détachait les poignets de la malheureuse. Son halètement persistant m’alarma. Pourquoi respirait-elle ainsi ?
Ses bras libérés retombèrent lourdement. Sa poitrine se soulevait à un rythme effréné. Inspirations et expirations rapides, sèches, saccadées. Comme celles d’un chien malade. Livide, elle gardait les paupières closes. Phil se pencha vers elle et lui tapota les joues.
― Réveille-toi ma jolie. C’est fini.
La fille ouvrit brusquement les yeux. Un rictus hideux déforma son visage. Je criai, la main sur la crosse de mon arme.
― Phil ! Dégage !
Trop tard. Il battit en retraite mais la fille se redressa d’un coup. Elle agrippa l’agent Phil Vignola à la gorge et bondit.
Je dégainai mon Glock. De là où j’étais, je ne pouvais tirer sans risquer d’abattre mon collègue. Mais finalement, qu’est-ce que ça changerait…
David venait d’arriver dans mon dos, ameuté par mes cris et ceux de Phil.
Les évènements semblaient se dérouler au ralenti, comme dans un cauchemar. Les crocs de la fille se refermèrent sur la carotide de Phil. Un flot écarlate gicla. Le regard perdu de l’agent passa sur moi. Le sang maculait le bas de son visage et sa poitrine. Ses vêtements luisaient de reflets humides. Tant pis. Je tirai. Les balles s’enfoncèrent dans le mur. Cette garce était rapide. Elle lâcha sa proie et me fixa.
― David ! Prend Phil et sors-le de là !
― Mais toi ?
― T’occupe !
J’avais hurlé plus que parlé. Je rengainai mon flingue et sortit mes deux lames. Une dans chaque main, je fis face au monstre. Un nouveau-né. Une évidence. Cela expliquait sa rage non contenue. L’un des vampires du réseau l’avait transformée, intentionnellement ou non, sans s’embarrasser de son éducation. Elle s’était réveillée là, seule, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Je la plaignais. Malgré les apparences, c’était une victime. Doublement.
― Tout doux, ma belle. Tu es déboussolée, c’est normal. Calme-toi et tout se passera bien.
Je ne savais même pas si elle me comprenait. Pas sûre qu’elle parle français. De toute façon, je vis à son expression qu’elle n’avait absolument rien à foutre de tout ce que je pouvais raconter. La soif la torturait et rien d’autre ne comptait à ses yeux qu’une bonne jugulaire bien appétissante. Son regard avait suivi David tirant Phil en dehors du réduit. Je faisais barrage entre elle et son dîner et cela la contrariait. Sans un mot, elle se jeta sur moi.
Je la laissai me percuter. Nous tombâmes en arrière et j’enfonçai mes lames dans sa poitrine, de chaque côté. Une lueur d’incompréhension traversa ses yeux autrefois noisettes et maintenant éclairés de cette lueur verte si caractéristique. Elle poussa un cri, tenta de me mordre la clavicule. Ses crocs me frôlèrent et mes poignets exercèrent une rotation sur le manche des couteaux. Un hululement inhumain franchit les lèvres de la créature alors que son cœur se déchirait. Elle s’affaissa et je me dégageai de son cadavre.
Les nouveau-nés sont forts et impulsifs. C’est cette dernière caractéristique qui cause leur perte généralement. Aveuglés par la faim et leurs instincts les plus primaires, ils foncent sans réfléchir, sûrs de leur supériorité. Et crac.
Inquiète pour mon collègue, poisseuse d’un sang qui n’était pas le mien, je quittai le sordide réduit, laissant les deux cadavres derrière moi. Un rectangle noir attira mon regard. Sur le sol, près du premier lit, une petite carte traînait. Une silhouette rouge vif se détachait contre le fond noir mat. Et les lettres « Lolita » s’étalaient sur la largeur du bristol. Tiens, tiens… Charles ne les connaissait peut-être pas, mais les types du réseau semblaient le connaître, lui. Comment se faisait-il que je ne l’avais pas remarquée en entrant dans ce réduit ?
Arrivée dans ce qui servait de chambre, je vis Phil allongé sur le matelas crasseux. Penché au-dessus de lui, un téléphone coincé dans le cou, David s’acharnait à procéder à un massage cardio-pulmonaire. Il appuyait comme un beau diable sur la poitrine de Phil, avant de la lâcher pour un ultime bouche-à-bouche. Il se releva, le visage couvert du sang de son collègue. Il me regarda, hagard et secoua lentement la tête.
L’agent Philippe Vignola ne respirait plus.
Dernière édition par chasseuse de la nuit le Jeu 28 Nov 2013 - 22:47, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
En deux mot. La suite ! ^^
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hé bé ! Ca te plait tant que ça ?
Rien à redire : l'intrigue, les persos, orthographe... ?
Bon, ben hop ! Suite !
Chapitre 11 : (court)
Rien à redire : l'intrigue, les persos, orthographe... ?
Bon, ben hop ! Suite !
Chapitre 11 : (court)
- Spoiler:
- J’avais été désignée pour me charger du sale boulot. En fait, je m’étais portée volontaire, je ne voulais pas que n’importe qui dispose de lui. Je le connaissais depuis mes débuts, et, même si nous n’avions jamais été spécialement proches, nous avions souvent travaillé ensemble et il faisait partie des rares collègues qui ne m’avaient pas trop chahutée à mon arrivée au GIAR.
Ses dernières volontés étaient claires et nettes : en cas de décès provoqué par un vampire, l’agent Vignola ne désirait pas prendre le risque de revenir sous les traits d’un monstre. La logique voulait qu’il ne se passe rien, une simple morsure ne suffisait pas. Heureusement, sinon la moitié du pays aurait des crocs. Mais un testament est un testament… On ne va pas à l’encontre des vœux d’un mort.
Une fois l’autopsie d’usage réalisée, je m’étais donc retrouvée seule avec sa dépouille dans la morgue. Il fallait agir avant trois jours, délai au bout duquel la transformation survenait, le cas échéant.
Je lui avais planté ma lame en plein cœur. Puis je l’avais décapité. Sans une larme. J’étais incapable de pleurer, mes yeux taris ne produisaient plus rien depuis longtemps. Pourtant, je ne m’estimais pas insensible. Non. Mes émotions restaient juste enfouies au plus profond de moi. A quoi bon extérioriser ?
C’était hier. Aujourd’hui avait eu lieu l’inhumation. Et comme à chaque fois, il pleuvait… Ça durait depuis l’orage du jour fatidique, sans cesser. Je commençais vraiment à croire qu’il y avait un lien de cause à effet.
Je quittai les lieux, les épaules basses et le col de ma veste relevé. Je n’avais pas voulu m’encombrer d’un parapluie et j’étais trempée. Mes cheveux, pourtant retenus en queue de cheval, avaient été malmenés par les éléments et des mèches échappées de l’élastique dégoutaient sur mes épaules. Je comptais rentrer directement chez moi et saluai le commandant Boissier, David et mes autres collègues présents.
Je démarrai ma Honda dont la couleur rouge tranchait de manière presqu’obscène sur le décor noir et gris. J’avais l’impression d’évoluer au sein d’une photo d’autrefois dont l’artiste aurait colorisé mon véhicule.
Je rentrai me reposer car je pensai ressortir ce soir pour rendre encore une visite à Charles. La carte trouvée chez Didier Bacorda était un indice et ce mort-vivant horripilant ne m’avait pas tout dit. Je roulais depuis une dizaine de minutes lorsque mon portable sonna. Un SMS. Je le consultai tout en gardant un œil sur la route. Ce n’était pas le moment d’avoir un accident. Le numéro affiché m’était inconnu mais quand j’ouvris le message, j’eus la surprise de constater qu’il provenait de ma petite péripatéticienne blonde, Olinka.
Elle m’indiquait une adresse, me demandant de l’y rejoindre dès que possible. Urgent.
Le lieu de la rencontre se situait près des quais longeant le fleuve. Un endroit bourré d’entrepôts, de hangars, de grues et de containers. Super glamour comme coin. En temps normal, les lieux grouillaient d’activité, mais une grève récente plongeait les docks dans une immobilité et un silence quasi-religieux. Quelques grues tournaient au loin, sans plus. Je n’avais croisé presque personne. Je me garai le long d’un bâtiment lépreux aux couleurs d’une compagnie d’import-export locale. Un mur de containers empilés formait un étroit corridor avec les parois du hangar lui-même. Prise entre les deux, je me fis l’effet d’être la tranche de jambon du sandwich. Qui allait le croquer ? Car ça sentait le traquenard à plein nez.
Je me dirigeai vers la large porte coulissante ouverte sur l’obscurité impénétrable. Je ne voyais pas l’intérieur mais quiconque posté dedans me verrait parfaitement en ombre chinoise découpée sur la clarté relative de l’extérieur. Une cible idéale. Qui a dit que j’étais parano ?
A peine entrée, je me glissai de côté, le dos plaqué contre la paroi. Au moins, je n’étais plus aussi visible. Le Browning en main, j’attendis, l’oreille tendue. Rien. Le vent s’engouffrait en sifflant, le staccato des gouttes martelait le toit, les tôles grinçaient, des oiseaux piaillaient, nichés dans les poutrelles en hauteur, mais aucun bruit en provenance d’un être humain. Ou autre.
Je décidai d’avancer. D’abord, je longeai ma paroi. Jusqu’au coin. Toujours rien. Je me lançai et traversai le large désert bétonné, me plaquant de temps à autre contre une poutre, le flingue relevé contre mon torse, histoire de reprendre mon souffle et écouter le silence relatif. J’arrivai rapidement le long du mur opposé à celui de mon entrée.
Une ouverture obturée par les langues de plastique transparente donnait sur une autre salle semblable à celle-ci, mais avec des containers empilés à l’intérieur. Sur ma gauche, une porte métallique verrouillée dotée d’un thermostat. Un frigo sans doute. J’appuyai sur la poignée et ouvrit. Aussitôt un souffle d’air glacé m’enveloppa avec une brume blanche. Combien faisait-il là-dedans ? Ça caillait !
Des rangées de quartiers de bœufs pendaient à leurs crocs métalliques. J’aimais la viande, mais le spectacle n’était guère appétissant. Je poussais le lourd morceau près de moi pour avancer un peu plus. Je comptais jeter un rapide coup d’œil et ressortir fissa, avant de finir complètement surgelée.
Je me figeai. La troisième rangée de viande n’était pas du bœuf. Ni du mouton ou du porc. Des corps humains se balançaient, retenus par les chevilles. Uniquement des femmes, d’après ce que je pus voir avant que mon estomac se soulève et que je renverse l’intégralité de mon déjeuner sur le sol. Mes esprits un peu revenus, le corps le plus proche de moi me parut vaguement familier. Même avec la tête en bas, je reconnus Olinka…
Je sortis précipitamment du frigo et claquai la porte derrière moi. J’allai devoir appeler des renforts, faire venir des techniciens pour analyser les corps. Toutes ces filles… les disparues. Comment Charles avait-il qualifié cela ? De la viande pour les goules… On dirait bien que j’étais tombée sur leur stock alimentaire.
Olinka m’avait-elle envoyé le message avant de se faire tuer ou bien quelqu’un m’avait-il attiré ici en utilisant son téléphone ? Je devais en avoir le cœur net.
Je me glissai au travers du rideau de franges plastifiées et passai dans l’autre partie du hangar. Il n’y avait toujours aucun comité d’accueil. Mes mains glacées par le séjour dans le frigo serraient convulsivement mon arme. Et si quelqu’un m’y avait enfermée ? Je serais morte de froid. En combien de temps ? Vite, sans doute.
Je m’approchai d’un container. Tirant sur le loquet, je l’ouvris et balayai du regard l’intérieur. Vide.
Je m’attaquai à un second avec le même résultat. Je me demandai combien de containers étaient entreposés là. Je n’allais quand même pas tous les ouvrir ! Pas sans renforts, en tout cas.
Je sortis mon portable pour prévenir la cavalerie. Pas de réseau. Et merde. Le béton et le métal qui m’enveloppaient coupaient la transmission des ondes. J’allai devoir ressortir pour appeler. Mais d’abord, un dernier container.
Le loquet sauta sans opposer de résistance. J’ouvris. L’odeur d’urine et d’excréments me sauta au visage. Je scrutai tant bien que mal l’intérieur plongé dans le noir. Une ombre s’agita et je levai mon arme.
― On ne bouge pas ! Mains en l’air !
La silhouette tituba avant de s’effondrer devant moi. C’était une jeune femme, couverte de crasse et de traces de coups. Elle leva vers moi un regard implorant.
― Pomognete mi…
Bien-sûr. Je n’avais pas compris un traître mot mais elle devait certainement m’implorer de l’aider. Mes yeux s’accoutumant à l’obscurité du container, je m’aperçus qu’elle n’était pas seule. D’autres filles s’entassaient dans le fond, serrées les unes contre les autres. Toute la misère humaine réunie dans cet espace confiné.
Je tendis la main à mon interlocutrice allongée et l’aidai à se relever. Je doutai qu’elles comprennent mes paroles alors je pris le ton le plus doux dont j’étais capable.
― Ne craignez rien. Je vais vous sortir de là. Police.
Même si c’était faux, je me disais que ce dernier mot avait une consonance internationale, assez pour qu’elles en saisissent le sens et comprennent que leur calvaire touchait à sa fin.
La fille devant moi me regarda avec crainte, puis ses traits se relâchèrent et elle m’adressa un sourire. Qui se figea aussitôt. Son regard fixait un point au-delà de mon dos. Je me retournai juste à temps pour voir la porte se refermer dans un claquement sec qui résonna lourdement à mes oreilles. Je me précipitai et tambourinai. En vain. Trop tard. Prise au piège comme une souris. Quelle conne ! Mais il faudrait bien qu’on ouvre cette porte pour m’attraper ! Et là, je saurai accueillir mes hôtes, les armes à la main.
Cette pensée me redonna espoir. Ce fut de courte durée. Un chuintement bizarre se fit entendre. Une odeur chimique agressa mes sinus. Je tentai de me rattraper à une cloison. Aucun de mes muscles ne semblait plus répondre. Je tombai à genoux.
Je sombrai en tourbillonnant dans un trou noir.
Dernière édition par chasseuse de la nuit le Jeu 28 Nov 2013 - 22:48, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Etant donné que je suis surement pire que toi en orthographe et en grammaire, je suis mal placé pour verifier ca. Sinon j'aime bien l'intrigue et les personnages qui se construise au fur et a mesure de l'histoire.
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Y a moyen d'avoir un PDF du roman en entier ? Histoire que je le mette sur ma liseuse. Faut pas hésiter à nous parler de tes autres romans et de nous évoquer ton expérience réussie avec le Petit Caveau.
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hello !
Zaroff : heu, ben j'ai pas adobe sur l'ordi, sinon faut que j'imprime tout et que je scanne, la forêt ne me dira pas merci... Ah si, j'ai trouvé : je lance l'impression sur une imprimante "virtuelle" qui m'enregistre le doc avec extension .xps ? Ca te parle ?
Y'a pas grand chose à dire pour le Petit Caveau : j'ai envoyé le manuscrit de mon roman "La main immaculée", z'ont dit oui, m'ont envoyé un contrat (et là j'étais toute flippée !)... Depuis, on me renvoi un chapitre à revoir, par mail, de temps à autres, pour corrections. Leur planning 2014 étant plein, ce sera pour 2015. Voilà, ça suit son cours ! Donc pas vraiment "d'expérience" à raconter... pas encore !
Kaldician : ben merci. Donc l'intrigue se tient... C'est l'essentiel !
A+, vous poste une suite ce soir !
Tchô
Zaroff : heu, ben j'ai pas adobe sur l'ordi, sinon faut que j'imprime tout et que je scanne, la forêt ne me dira pas merci... Ah si, j'ai trouvé : je lance l'impression sur une imprimante "virtuelle" qui m'enregistre le doc avec extension .xps ? Ca te parle ?
Y'a pas grand chose à dire pour le Petit Caveau : j'ai envoyé le manuscrit de mon roman "La main immaculée", z'ont dit oui, m'ont envoyé un contrat (et là j'étais toute flippée !)... Depuis, on me renvoi un chapitre à revoir, par mail, de temps à autres, pour corrections. Leur planning 2014 étant plein, ce sera pour 2015. Voilà, ça suit son cours ! Donc pas vraiment "d'expérience" à raconter... pas encore !
Kaldician : ben merci. Donc l'intrigue se tient... C'est l'essentiel !
A+, vous poste une suite ce soir !
Tchô
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Chapitre 12 :
- Spoiler:
- Des vrilles de douleur se frayaient un chemin sous mon crâne et grignotaient mon cerveau comme des criquets affamés. J’ouvris les yeux très lentement, une angoisse me nouant le ventre. La lumière crue d’une ampoule me pulvérisa les rétines et je refermai aussitôt les paupières. L’éclairage était aussi violent que le soleil estival à son zénith. Je tentai de me rappeler des bribes de ce qui s’était passé.
Bordel, on m’avait gazée ! Et les filles ?
Je rouvris précautionneusement les paupières. Petit à petit je m’accoutumai à la vivacité de la lumière, ce fut moins douloureux. En tout cas pour les yeux, parce qu’ailleurs…
Mes bras étaient relevés au-dessus de ma tête, les poignets maintenus par des menottes passées dans un anneau scellé au mur. Durant mon inconscience, tout mon poids avait pesé sur mes épaules et maintenant les articulations protestaient. Mes jointures me faisaient mal. La circulation du sang, coupée un bon moment, me picotait désagréablement. Et mon crâne allait sans doute éclater. La sensation était telle que la bile me monta dans la gorge. Je penchai la tête au maximum pour éviter de vomir sur mes pieds.
Qui que ce soit derrière tout ça, on m’avait délesté de mon arsenal.
J’inspectai les lieux. Des murs de pierres. L’humidité suintait, recouvrant le granit d’une couche luisante. Des traces de salpêtres apparaissaient par endroit. Le sol était composé de terre battue. Certainement donc une cave. D’ailleurs, l’odeur froide et minérale d’humus mouillé et de moisi confirma mes craintes. Mais où étais-je ?
Plus loin, une petite table trônait. Mes flingues, mes couteaux et mon portable s’y alignaient. Bien trop loin pour que je tente quoi que ce soit du bout des pieds. Et merde.
J’avais l’impression d’être enfermée dans une grosse boîte. Ou un coffre à jouets appartenant à un gamin dément. Car il y avait nombre de joujoux dans le coin. Des chaînes munies de menottes pendaient le long des murs. Un chevalet traînait dans un coin. La dernière fois que j’en avais vu un, c’était une gravure dans un bouquin d’Histoire. Il paraît que c’est top pour délier les langues. Une cage flanquait le mur opposé. Un vrai club sadomasochiste !
Une rigole creusée dans le sol traversait toute la pièce. Mes geôliers avaient tout prévu pour le nettoyage.
Un gémissement me parvint. Il émanait de la cage. Je plissai les yeux et aperçus une forme allongée à l’intérieur.
Un léger crissement m’indiqua que quelqu’un approchait. Je refermai les paupières et jouais les évanouies. Je les gardais à peine entrouvertes, juste pour voir de manière floutée ce qui se passait.
Un type entra. Une voix féminine cria. Je ne compris pas les mots mais le sens était clair : au secours. Le visage de l’homme fut vivement éclairé lorsqu’il se tourna vers moi, pour vérifier mon état. Didier Bacorda. L’Etau. Un simple humain. L’espoir renaquit.
Il traînait la jeune femme derrière lui. Au sens propre. La pauvre fille laissait ses jambes molles, tentant de freiner l’inévitable. Comme un veau que l’on mène à l’abattoir. Avec sa silhouette fluette, elle n’avait aucune chance contre ce type.
Didier Bacorda la maintint contre lui de la main gauche tandis qu’il ouvrait la cage de la droite. Le visage de la nouvelle arrivante me faisait face. Des cheveux châtains coupés court encadrait un petit visage chiffonné mais mignon. Ses yeux, peut-être bleus, se teintaient de rouge d’avoir trop pleuré. Des larmes humides détrempaient ses joues. D’autres, plus anciennes et déjà séchées, laissaient des traces de sel au bord de ses tempes.
Il la balança à l’intérieur avec autant de précaution que pour un ballot de linge sale, rabattit la porte et verrouilla. Le trousseau resta dans la serrure.
Il se tourna vers moi et avança. Je continuai de simuler l’évanouissement.
― Alors c’est toi la Traqueuse ? Tu n’es pas si impressionnante que ça, vue de près !
Son haleine chargée me balaya et je réfrénai l’envie de plisser le nez ou de lui cracher dessus. Les paupières toujours closes, je sentis ses sales pattes se poser sur moi, d’abord sur les épaules, puis il les descendit lentement, me pelotant les seins.
― T’as pas l’air d’une terreur ma jolie ! Je sens qu’on va bien s’amuser, toi et moi. Je vais m’éclater à te briser, physiquement et moralement…
Ses mains remontèrent et il ouvrit une menotte, la refermant presqu’aussitôt. Il s’était contenté de la sortir de l’anneau fixé au mur. Je laissai mes bras retomber, sans vie, et m’affalai contre lui. Cet imbécile n’avait rien remarqué, il me pensait toujours inconsciente. Malgré sa réputation de gros dur, ce type n’avait pas inventé la poudre mais se trouvait sûrement à proximité quand ça a pété…
Il m’entraîna jusqu’au chevalet et me posa rudement dessus. L’arrière de mon crâne embrassa sèchement le plateau de bois et je retins un gémissement. Il se tourna vers mes chevilles pour les attacher à la machine.
Il n’eut pas le temps de réaliser ce qui se passait. Je me redressai vivement et passai mes bras au-dessus de sa tête. Je tirai un coup sec et la chaînette des menottes s’incrusta dans sa gorge. Il émit un gargouillis et se redressa. Il se mit à arpenter la cave en se secouant mais je tins bon. On aurait dit une cavalière de rodéo. J’enlaçai sa taille de mes cuisses afin de mieux me tenir. Didier l’Etau battit l’air de ses mains, tentant de m’agripper.
― Lâche-moi, salope ! éructa-t-il d’une voix étranglée.
Il recula brusquement et vint frapper le mur de toutes ses forces. Mon dos encaissa brutalement et j’en eus le souffle coupé. Je ne lâchai pas prise. Il recommença et cette fois, mon crâne heurta la pierre. Des papillons noirs se mirent à danser devant mes yeux. Je resserrai plus fort mon étreinte. Un cri étranglé lui échappa. Frôlant la table, il se saisit d’un de mes couteaux avant que le meuble se renverse sur le sol. Il me fracassa une troisième fois contre le mur et je poussai un cri de douleur.
Je vis du coin de l’œil que les filles s’étaient redressées dans la cage. Elles assistaient à notre pas de deux, le regard écarquillé, sans bouger.
― Tirez-vous de là ! Les clés ! Il n’a pas referm… Argh !
Elles ne me comprenaient sans doute pas mais elles devaient se réveiller, se secouer…
Une douleur vive éclata au niveau de ma hanche gauche. Ce salopard venait d’y enfoncer la lame de mon couteau mais dans sa position et avec nos mouvements désordonnés, il n’avait pas réussi à l’enfoncer correctement. Le résultat n’en fut pas moins désagréable. Nous basculâmes en avant. Je me retrouvai allongé sur son dos. Malgré les élancements qui irradiaient de ma taille à ma cuisse, je tins bon et tirai encore plus fort sur mes menottes. Didier s’arc-bouta une dernière fois avant de s’immobiliser.
La grille de la cage grinça et j’aperçus deux silhouettes passer devant moi. Sans s’arrêter. Merci les filles… Ce fut ma dernière pensée avant de sombrer.
Je rouvris les yeux et la douleur explosa en moi. Mon pantalon s’imbibait de sang sur tout le côté gauche, ainsi que mon ventre. J’étais resté dans les vapes une dizaine de minutes, pas plus. L’Etau, affalé sous moi, ne bougeait pas. Je me mis à genoux et attendis une seconde. Ma tête tournait légèrement. Les chocs répétés m’avaient secoué le cervelet. Je finis par me mettre debout, tant bien que mal, et chopait le trousseau resté sur la serrure de la cage. Les clés des menottes s’y trouvaient et je me détachai, non sans grimacer. Mes poignets se paraient de jolis cercles rouges, comme des bracelets sanglants.
J’attrapai mes armes et mon téléphone, étalés sur le sol poussiéreux. Je tentai d’appeler, mais comme je m’y attendais, l’écran du portable affichait « pas de réseau ».
J’attaquai l’escalier en titubant. Merde, j’avais morflé. Mais je ressentais la satisfaction d’avoir permis à ces deux filles de se tirer, même si leur témoignage de gratitude avait quelque peu laissé à désirer. On ne refait pas la nature humaine. Face au danger, en cas de panique, c’est chacun pour soi…
Je repris mon souffle une fois sur le palier. Courbée, la respiration hachée, j’espérais ne pas avoir perdu trop de sang. Ça serait vraiment trop con de crever à deux pas de ma voiture, avant que les secours arrivent.
Je poussai la porte et déboulai en boitant dans une vaste pièce vide. Enfin, pas vraiment vide. Les fenêtres obturées par des planches ne laissaient passer que de faibles rais de lumière. Suffisant pour distinguer des formes mais un peu léger pour scruter les détails. Une large table marquait le centre, unique ameublement. Une forme indistincte occupait le milieu du plateau, humide, luisante, qui dégoutait en produisant un bruit écœurant. Aussi écœurant que l’odeur qui régnait là, mélange de terre battue et de putréfaction. Et je butai sur quelque chose…
Je baissai les yeux et me retournai aussitôt pour vomir.
Comme une gosse devant un film d’horreur qui plaque ses mains mais écarte les doigts, je ne voulais pas voir mais je ne pouvais pas non plus ne pas regarder. Attraction morbide, hypnotique.
Ce qui traînait par terre s’apparentait plus à de la pâtée pour chien qu’à un cadavre. Il n’y avait qu’un torse démembré, la cage thoracique béante. Le tout dans une mare de sang. Comme si le corps avait explosé de l’intérieur. Je compris que le reste devait se trouver sur la table.
C’est alors que je réalisai que je n’étais pas seule dans la pièce. Des pieds frottèrent le sol, comme si la personne avait du mal à marcher. Une ombre bougea, dans le coin opposé de la pièce. Elle passa dans un rayon de lumière et je la distinguai plus nettement. Une patte traînante, une silhouette dégingandée, la peau du visage tendue sur les os, si parcheminée, si sèche que je m’attendais à la voir se déchirer comme du papier. La chose sourit. Deux rangées de petites dents pointues brillèrent un instant avant que la créature se retrouve à nouveau dans l’ombre. Des dents conçues pour arracher, taillader, dépecer de la viande crue. Une goule avec une vraie gueule de piranha.
Je dégainai un de mes flingues et levai le bras. Je visai la tête. Au moment où mon index se repliait doucement sur la détente, un craquement de bois résonna dans mon dos.
J’aurai dû vérifier qu’il était mort. Et l’achever le cas échéant. Erreur. Didier « l’Etau » Bacorda me poussa violemment. Je me pris les pieds dans la carcasse et m'étalai. Je ne voulais pas savoir dans quoi. Mon Glock m’avait échappé et gisait à plusieurs mètres, sous la table. La goule poussa un grognement et se rapprocha. Je tentai de me saisir de mon Browning mais Didier donna un coup de pied dans ma main et je lâchai ma seconde arme. Ce n’était décidément pas mon jour. Sans me quitter du regard, il s’adressa à la créature.
― Regarde… Aujourd’hui, c’est fromage ET dessert !
Je grimaçai. L’image ne me plaisait pas vraiment.
― Celui qui me bouffera n’est pas encore né… ni mort-vivant !
Je sortis une lame et lacérai le bas du mollet de l’Etau, posté trop près de moi. Il hurla. Son tendon, sectionné, ne maintenait plus sa jambe et il se laissa tomber au sol, gesticulant et rugissant, les mains autour de sa cheville.
Excitée par l’odeur du sang et les gémissements, la goule se rapprocha avec une vivacité étonnamment en contraste avec son apparence. Mais je ne fus pas surprise. Ce n’était pas la première goule que je voyais. Elles arborent le plus souvent un aspect misérable mais elles sont presque aussi rapides et dangereuses que les vampires. Cependant, elles ne s’attaquent quasiment jamais à des proies vivantes. Ce sont des charognards qui hantent les nécropoles. Celle-ci faisait un écart à son régime, à moins qu’elle ne tue pas elle-même et se contente de manger ce que d’autres, comme Didier, lui donnaient. En tout cas, je n’avais pas envie de le savoir.
La goule m’attrapa et me balança contre une cloison. Je glissai au sol, sonnée. Glisser n’est pas le terme adéquat car tout se passa vite, mais c’est ce que je ressentis.
― C’est tout ce dont tu es capable, cadavre puant ?
La goule n’apprécia pas l’insulte et gronda. D’un geste vif, elle m’entailla la cuisse de ses griffes.
― Saleté !
La goule avait reculé pour mieux me bondir dessus. Au moment où elle s’élança, je pointai mon couteau vers le haut, pour l’empaler. Elle ne m’atteignit jamais. Une détonation claqua. La tête de la créature explosa et son corps fut projeté de côté. Une silhouette jaillit et d’autres détonations résonnèrent. L’intrus vida son chargeur sur la goule. Ça, il ne l’avait pas ratée…
― On dirait que tu as encore besoin de moi.
Oh non ! Et merde. Pas lui.
Dernière édition par chasseuse de la nuit le Jeu 28 Nov 2013 - 22:49, édité 1 fois
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Un peu plus de difficulté pour le personnage principal, ca fais du bien. Apres tout c'est un etre humain et elle n'est pas infaillible ni immortelle. Et ce Hunter qui vient a se rescousse annonce une collaboration haute en couleur entre elle et ce mec.
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
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Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
chasseuse de la nuit a écrit:
Zaroff : heu, ben j'ai pas adobe sur l'ordi, sinon faut que j'imprime tout et que je scanne, la forêt ne me dira pas merci... Ah si, j'ai trouvé : je lance l'impression sur une imprimante "virtuelle" qui m'enregistre le doc avec extension .xps ? Ca te parle ?
Ben, tu télécharges Adobe (ici), tu crées un PDf (ici), tu l'héberges (ici) en cliquant sur "Partager un fichier". Tu nous colles le lien et c'est bon.
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hello !
J'ai téléchargé Cutepdf, donc c bon, mais pour le site d'hébergement, ça marche pas (je glisse le doc, il me l'affiche à l'écran, et c tout ! Bon je suis une buse avec un ordi, c pas nouveau ! )
Je peux donc t'envoyer le pdf par mail si tu veux (ton adresse en MP).
Voilà.... A+
J'ai téléchargé Cutepdf, donc c bon, mais pour le site d'hébergement, ça marche pas (je glisse le doc, il me l'affiche à l'écran, et c tout ! Bon je suis une buse avec un ordi, c pas nouveau ! )
Je peux donc t'envoyer le pdf par mail si tu veux (ton adresse en MP).
Voilà.... A+
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
(chp8)chasseuse de la nuit a écrit:Ok, je ne m’étais pas foulée, ça restait simple mais au moins je minimisais les risques de ratage.
On dirait moi ^^
(chp9)chasseuse de la nuit a écrit:L’avantage de mon boulot par rapport à celui de flic, c’est que je ne suis pas obligée de traîner derrière moi un coéquipier comme un boulet.
Ha cool merci d'avoir précisé dans le livre je l'attendais impatiemment ce passage-là.
J'ai lu que jusqu'au n°9 parce que je viens juste de récupérer internet mais sinon je lirai le reste. Par contre ça veut dire quoi bit-lit ?
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Hello Draal !
Bit-lit, c'est la contraction de l'anglicisme Biting Literature (littérature mordante), donc tout ce qui a des crocs ! Un sous genre de l'Urban Fantasy.
A+
Bit-lit, c'est la contraction de l'anglicisme Biting Literature (littérature mordante), donc tout ce qui a des crocs ! Un sous genre de l'Urban Fantasy.
A+
Invité- Invité
Re: La Marque (Léa, tome 1) - Roman bit-lit
Je vous mets le Chapitre 13 :
- Spoiler:
- ― Salut Hunter ! On peut savoir ce que tu fiches dans le coin ?
Il me jeta un regard en biais.
― Je peux te retourner la question.
― Eh ! J’étais là la première ! Tu me suis ou quoi ?
Je tentai de me relever, mais je dus renoncer. Entre ma hanche et ma cuisse, je ne savais pas ce qui faisait le plus mal.
Hunter déchira un lambeau de tissu de la chemise de la goule et me le tendit.
― Fais-toi un garrot avant de te vider complètement.
― Merci. T’as peur que ça te donne faim, vampire ?
Sans répondre, il se dirigea vers l’Etau, recroquevillé dans un coin. Ce salopard se mit à supplier comme un gamin.
― Non, je vous en prie ! Ne me faites pas de mal !
― Pour qui bosses-tu ? lui demanda Hunter.
Didier le fixa sans répondre, alors Hunter sortit un couteau et lui enfonça la lame dans l’épaule. Didier hurla.
― Eh, ne le tue pas ! J’ai besoin de lui !
― Moi aussi, répondit froidement le vampire. Alors ?
― Un réseau… bulgare. Je suis chargé de réceptionner et… de dresser les filles.
― Quelle belle métaphore, sifflai-je. Mais ça, on le sait déjà. Balance de l’inédit !
Didier haletai. Il avait besoin de persuasion et Hunter s’y employa. Le couteau dessina une longue estafilade sur la cuisse du souteneur. L’Etau hurla.
― Ok, arrête ! Je n’ai jamais vu directement celui pour qui je bosse. Que des sous-fifres vampires. C’est un nouveau, il est arrivé il y a peu de temps et il a une associée. Je sais juste qu’il tire un profit personnel du trafic, il cible des nouveaux clients qui recherchent des sensations extrêmes. Certaines filles sont pour lui. Il se fait une place dans le coin mais son ambition est démesurée. Je ne peux rien dire de plus… Il va me tuer s’il sait que j’ai parlé !
Décidément, une fois lancé, Didier devenait un vrai moulin à paroles. Je rampai auprès de lui.
― Ça, c’est le cadet de nos soucis, tu vois ? Quand tu dis extrême… Tu peux préciser ?
Didier me jeta un regard fou, de douleur et d’angoisse.
― C’est réservé à une clientèle de non-morts. La fille y passe. Je dois faire le ménage après.
Je jetai un œil sur le cadavre.
― Avec les goules ?
― Ouais.
― Les filles, elles servent juste à des passes ou ils font autre chose avec ? Genre films.
― Mais bordel, j’en sais rien ! Tout ce que je peux dire, c’est qu’elles sont dans un sale état…
― Pourquoi ne m’as-tu pas tuée ? Une fois gazée, c’était facile… Pourquoi m’avoir fait prisonnière ?
Didier releva les yeux vers moi. Une lueur de terreur y brillait.
― Les ordres… Il te veut vivante.
― Mais qui, « il », à la fin ? C’est qui le big boss ? Et cette associée que tu as évoquée ?
Il commençait à sérieusement m’énerver. Je me saisis de mon second couteau et lui plaçai le tranchant contre la gorge.
― Je ne sais pas ! geignit-il. Je crois qu’il se fait appeler Skull, mais j’en suis même pas sûr ! Et elle, je sais juste qu’elle est complètement cinglée !
Skull ? Qu’est-ce que c’était que cette nouvelle connerie ?
― C’est quoi ce surnom débile ? Je veux son vrai nom ! Ou je te découpe si finement que le légiste ne pourra jamais te reconstituer !
Hunter gloussa et Didier se tassa encore davantage.
― Je sais pas ! Je vous le jure ! Je crois juste qu’il est très ancien, et très puissant.
― Il a raison, souffla Hunter.
Je me tournai vers lui.
― Comment ça ? Tu sais qui est ce Skull ? (mais où allaient-ils tous chercher ces diminutifs à la mords-moi-le-nœud ?). Et tu ne me dis rien !
Hunter afficha un sourire ambigu.
― Oui. C’est celui que je poursuis depuis si longtemps.
Je me levai en titubant. Accrochée au mur, je me dirigeai vers la porte.
― J’en ai ras les couettes d’avoir l’impression que tu as toujours une longueur d’avance et que tu pratiques la rétention d’information.
― Où vas-tu ?
― Dehors. Je dois appeler la cavalerie. En bas, ça ne captait pas.
Le téléphone à la main, j’ouvris la porte. La pluie avait cessé et le soleil brillait. Je me retournai vers Hunter.
― Tu viens ou tu restes dans cette puanteur ?
― J’arrive. Juste un truc à finir.
Avant que je dise quoi que ce soit, Hunter fit un large geste circulaire du bras, sa lame en main. Didier « l’Etau » s’affaissa, la gorge tranchée nette.
― Inutile de demander une ambulance. Un fourgon mortuaire suffira. Autant faire faire des économies aux contribuables.
Je le regardai, bouche ouverte, comme une parfaite abrutie.
― Je rêve ! Tu viens de tuer un humain de sang-froid ! Tu sais ce que tu risques ? Pour ça, je peux te descendre sans mandat, vampire !
Il éclata de rire en passant près de moi. Il plissa à peine des paupières en sortant.
― Essaie ! Et cesse de me traiter de vampire. Ce n’est pas ce que je suis.
― Alors t’es quoi ? Ta crème solaire est indice 3000 ?
― Passe ton coup de fil, on causera après.
J’appelai le Centre et expliquai de façon succincte les évènements. J’omis de mentionner que je n’étais pas seule. Mon petit doigt me disait que Hunter n’aimait pas la publicité. Je pourrai toujours m’occuper de son cas plus tard. Je raccrochai et me tournai vers lui.
― Je t’écoute.
― Ici ? Tu rigoles ? Si tu crois que je vais attendre tes potes…
― Tu essaies encore de te débiner.
― Non. Tu finis ton boulot et je te retrouve plus tard.
Il commença à s’éloigner.
― Et où me retrouveras-tu ?
Il ricana et me fit un clin d’œil.
― Je sais où tu habites.
Et merde.
Je n’attendis qu’une dizaine de minutes avant que les fourgons et les voitures banalisées se pointent. Allongée sur la banquette arrière de ma Honda, tout en évitant de tacher les sièges avec mon sang, je cogitai. Les filles avaient dû filer sans que la goule les intercepte. Du moins je l’espérai, mais je n’avais pas vu la moindre trace d’elles. N’empêche, pas très sympa de m’avoir laissée là comme un chien.
Je ne pouvais pas autoriser Hunter à flinguer à tout va comme il le faisait. Même si je le comprenais. Moi aussi, parfois, je me serais bien passé du carcan de la loi. Mais si nous faisions tous comme lui, ça deviendrait l’anarchie. Et les créatures finiraient par briser le pacte, déjà fragile. Elles n’attaquaient pas si on n’attaquait pas… Seuls les renégats ayant contrevenu aux règles devaient être éliminés. Et Hunter avait égorgé un humain de sang-froid. Ce Didier était un salopard de la pire espèce qui ne méritait pas moins, mais tout de même. Au fond, je devais être frustrée de ne pas l’avoir saigné moi-même !
Ce Hunter ne pouvait pas continuer à jouer les francs-tireurs. Et si… Non, idée absurde !
Le bruit des roues crissant sur l’asphalte craquelé me ramena à la réalité. L’agent David Villaverde se précipita vers moi, l’air inquiet. Bon sang, j’en avais vu d’autre, et puis c’était les risques du métier. Si jamais il me traitait comme un bébé, si jamais il me sortait une connerie réconfortante, j’allais le flinguer.
Il dut lire dans mes pensées… Brave garçon !
― Léa ! Viens soigner ça. Que s’est-il passé ?
Je lui fis un rapide topo, de la découverte de la chambre froide et des containers à mon gazage et enlèvement par Didier Bacorda.
―Tu es sûr ? Vous n’avez croisé aucune fille ? ajoutai-je.
― Non. Personne.
― J’espère qu’elles sont saines et sauves…
― Bon, l’équipe emballe les corps. Des hommes vont rester pour analyser les lieux, mais toi tu files au Centre te faire examiner.
― Oui papa !
― Il n’y avait pas moyen que tu gardes l’Etau en vie ?
Je haussai les épaules.
― Il a voulu me tuer. Pas pu faire autrement.
Et merde ! Je couvrais ce satané Hunter. J’avais perdu tout sens commun. Une diversion providentielle tomba alors qu’un groupe annonça avoir trouvé une autre salle en sous-sol. Des filles y croupissaient, vivantes. Les pauvres sortirent, accompagnées par des hommes du GIAR, dans un sale état. Je ne savais pas ce que Didier ou d’autres avaient bien pu leur faire subir, mais elles étaient toutes choquées, dans un état second, le regard vide. Vêtues de haillons, des plaies et des marques de morsures les recouvraient. J’étais prête à parier que certaines ne s’en remettraient jamais. De nouvelles ambulances furent appelées pour elles et moi je regagnai le Centre.
Dernière édition par chasseuse de la nuit le Jeu 28 Nov 2013 - 22:50, édité 1 fois
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