"Lazaret 44", de Julien Heylbroek
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"Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Lazaret 44
Auteur : Julien Heylbroeck
Éditeur : Les Moutons électriques
Collection : Bibliothèque voltaïque
Année : 2022
Pages : 464
Avis :
Julien Heylbroeck, co-créateur de la collection Trash, auteur de "Pestilence", "Garbage Rampage" et de divers autres romans et nouvelles, nous est revenu cette année avec cette belle brique d'environ 460 pages, éditée par Les Moutons électriques. Il s'agit d'un roman de science-fiction présentant un monde fascinant où se mêlent éléments futuristes de pure SF (voyages spatiaux, humanité répandue aux quatre coins de la galaxie, etc.), éléments moyenâgeux, alchimie et lutte des classes sociales façon Karl Marx. Lors d'une double apocalypse, des créatures aux dimensions colossales, appelées Architeuthis, venues, selon certaines croyances, d'un plan divin, ont fait beaucoup de dégâts dans l'univers, puis sont toutes mortes subitement. Les cadavres de ces monstres flottent depuis dans l'espace, mais un de ceux-ci a atterri sur une planète, ce qui l'a dévastée, mais en même temps, les survivants ont entrepris de bâtir une grande cité littéralement sur le corps en putréfaction de l'immense être venu d'ailleurs, celui-ci contenant plein de substances précieuses. L'endroit est ainsi devenu le seul point habité de cette planète et a acquis un statut particulier et envié à travers la galaxie. Cependant, un mal ronge cette cité, en plus du problème directement lié à la décomposition de la bête et du fait qu'elle s'enfonce lentement dans son propre jus (la mistelle) : une épidémie de Sanglot y sévit, mal dont les formes aigües incluent d'horribles mutations du corps. Un mire (équivalent d'un médecin) débarque dans cette ville-carcasse, chargé d'une mission importante pour une guilde et profitant de ce but pour mener en parallèle sa petite enquête à caractère très personnel. Celui-ci assure un point de vue extérieur sur ce petit monde, mais ce n'est pas le seul personnage dont on suit le destin : on alterne en tout entre six personnages, présentant un éventail varié allant du riche politicien manœuvrant pour avoir toujours plus de pouvoir à la femme prolétaire s'organisant pour faire valoir les droits des siens. Les décors de ces différentes intrigues qui vont s'entremêler donnent lieu à des descriptions hyper organiques absolument incroyables, dantesques, trash, où du plus dégueulasse (les abords de la mistelle, les galeries creusant les entrailles de la bête...) surgit le sublime, sans parler des effets visibles et invisibles de la maladie qui, là aussi, déboucheront sur quelque chose de positivement étonnant... Un détail frappant qui peut un peu étonner de la part d’un auteur Français, c’est la couleur flamande/néerlandaise donnée à ce monde, via le jeu des noms propres et la dimension boschienne de certains « tableaux » dépeints. Il suffit de regarder le nom de famille de l’auteur pour deviner que ça ne vient pas de nulle part… Le point de départ de ce médecin de la pestilence qui enquête dans un contexte de maladie qui fait d'immondes ravages fait penser à une sorte de prolongement cosmique de "Pestilence" où viendrait s'adjoindre le fruit de la copulation entre Brussolo, Herbert, Lovecraft et Zola. L'univers mis en place par Julien est si vaste qu'il paraît tout à fait envisageable de créer d'autres histoires qui prendraient place dans celui-ci. On verrait bien, par exemple, un roman qui se passerait tout entier sur la planète des alchimistes fous surpuissants, où l'auteur pourrait pousser tous les potards de l'Horreur à leur maximum (l'aperçu qu'on a de ce monde est un sacré "teaser" en la matière!), car ce mélange "alchimie - pouvoirs incroyables menés par la folie (?) - modifications corporelles extrêmes - climat de pure épouvante" a un potentiel trop énorme pour en rester là. Pour en revenir pleinement à "Lazaret 44", en dehors d'une ou deux petites faiblesses (c'est surtout le "deus ex machina" dans la cellule vers la fin qui fait froncer les sourcils), c'est un roman impressionnant, contenant tellement de bonnes choses qu'il serait dommage de passer à côté. Quitte à se répéter un peu, déjà rien que cette idée de cité-carcasse grouillante et la manière dont elle est décrite, ça vaut bien le détour. Avis à la population !
Auteur : Julien Heylbroeck
Éditeur : Les Moutons électriques
Collection : Bibliothèque voltaïque
Année : 2022
Pages : 464
Avis :
Julien Heylbroeck, co-créateur de la collection Trash, auteur de "Pestilence", "Garbage Rampage" et de divers autres romans et nouvelles, nous est revenu cette année avec cette belle brique d'environ 460 pages, éditée par Les Moutons électriques. Il s'agit d'un roman de science-fiction présentant un monde fascinant où se mêlent éléments futuristes de pure SF (voyages spatiaux, humanité répandue aux quatre coins de la galaxie, etc.), éléments moyenâgeux, alchimie et lutte des classes sociales façon Karl Marx. Lors d'une double apocalypse, des créatures aux dimensions colossales, appelées Architeuthis, venues, selon certaines croyances, d'un plan divin, ont fait beaucoup de dégâts dans l'univers, puis sont toutes mortes subitement. Les cadavres de ces monstres flottent depuis dans l'espace, mais un de ceux-ci a atterri sur une planète, ce qui l'a dévastée, mais en même temps, les survivants ont entrepris de bâtir une grande cité littéralement sur le corps en putréfaction de l'immense être venu d'ailleurs, celui-ci contenant plein de substances précieuses. L'endroit est ainsi devenu le seul point habité de cette planète et a acquis un statut particulier et envié à travers la galaxie. Cependant, un mal ronge cette cité, en plus du problème directement lié à la décomposition de la bête et du fait qu'elle s'enfonce lentement dans son propre jus (la mistelle) : une épidémie de Sanglot y sévit, mal dont les formes aigües incluent d'horribles mutations du corps. Un mire (équivalent d'un médecin) débarque dans cette ville-carcasse, chargé d'une mission importante pour une guilde et profitant de ce but pour mener en parallèle sa petite enquête à caractère très personnel. Celui-ci assure un point de vue extérieur sur ce petit monde, mais ce n'est pas le seul personnage dont on suit le destin : on alterne en tout entre six personnages, présentant un éventail varié allant du riche politicien manœuvrant pour avoir toujours plus de pouvoir à la femme prolétaire s'organisant pour faire valoir les droits des siens. Les décors de ces différentes intrigues qui vont s'entremêler donnent lieu à des descriptions hyper organiques absolument incroyables, dantesques, trash, où du plus dégueulasse (les abords de la mistelle, les galeries creusant les entrailles de la bête...) surgit le sublime, sans parler des effets visibles et invisibles de la maladie qui, là aussi, déboucheront sur quelque chose de positivement étonnant... Un détail frappant qui peut un peu étonner de la part d’un auteur Français, c’est la couleur flamande/néerlandaise donnée à ce monde, via le jeu des noms propres et la dimension boschienne de certains « tableaux » dépeints. Il suffit de regarder le nom de famille de l’auteur pour deviner que ça ne vient pas de nulle part… Le point de départ de ce médecin de la pestilence qui enquête dans un contexte de maladie qui fait d'immondes ravages fait penser à une sorte de prolongement cosmique de "Pestilence" où viendrait s'adjoindre le fruit de la copulation entre Brussolo, Herbert, Lovecraft et Zola. L'univers mis en place par Julien est si vaste qu'il paraît tout à fait envisageable de créer d'autres histoires qui prendraient place dans celui-ci. On verrait bien, par exemple, un roman qui se passerait tout entier sur la planète des alchimistes fous surpuissants, où l'auteur pourrait pousser tous les potards de l'Horreur à leur maximum (l'aperçu qu'on a de ce monde est un sacré "teaser" en la matière!), car ce mélange "alchimie - pouvoirs incroyables menés par la folie (?) - modifications corporelles extrêmes - climat de pure épouvante" a un potentiel trop énorme pour en rester là. Pour en revenir pleinement à "Lazaret 44", en dehors d'une ou deux petites faiblesses (c'est surtout le "deus ex machina" dans la cellule vers la fin qui fait froncer les sourcils), c'est un roman impressionnant, contenant tellement de bonnes choses qu'il serait dommage de passer à côté. Quitte à se répéter un peu, déjà rien que cette idée de cité-carcasse grouillante et la manière dont elle est décrite, ça vaut bien le détour. Avis à la population !
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Merci Sangore, cette chronique me va droit au coeur (l'un de mes 17, vu que je suis un architeuthis :p )
Julien H- Bourreau intérimaire
- Messages : 170
Date d'inscription : 17/10/2012
Age : 44
Localisation : Saint Ragondard
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Une copulation entre Brussolo, Herbert, Lovecraft et Zola, quand même, c'est dégueulasse ! Et je ne suis pas sûr que Lovecraft soit consentant !
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Si on sait comment lui chatouiller le tentacule...
Julien H- Bourreau intérimaire
- Messages : 170
Date d'inscription : 17/10/2012
Age : 44
Localisation : Saint Ragondard
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Julien H a écrit:Merci Sangore, cette chronique me va droit au coeur (l'un de mes 17, vu que je suis un architeuthis :p )
Chronique écrite avec grand plaisir !
Par curiosité : comment se déroule la vie de ton livre ? Je veux dire : il se vend bien ? Tu as beaucoup de retours positifs ?
En tout cas, j'ai été positivement étonné quand un de mes collègues, réagissant à ma chro mise sur mon mur Facebook, m'a dit qu'il venait justement de le commander ! C'est là que j'ai réalisé que tu touchais désormais un public + large que le cercle des amoureux de gore.
Justement, Julien nous enseigne que du dégueulasse surgit le sublime.Paladin a écrit:Une copulation entre Brussolo, Herbert, Lovecraft et Zola, quand même, c'est dégueulasse !
Quoi ?! Alors lui aussi, c'était un Boursouflé ?!Julien H a écrit:Si on sait comment lui chatouiller le tentacule...
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Eh bien pour l'instant, il se place tranquillement en librairie avec quelques réassorts car, et c'est plutôt cool, il est coup de cœur de pas mal de libraires donc j'imagine qu'il doit être assez souvent conseillé en librairie au client indécis. Je contamine donc la SFFF avec mon gore en loucedé, sous des oripeaux de SF... :p
Julien H- Bourreau intérimaire
- Messages : 170
Date d'inscription : 17/10/2012
Age : 44
Localisation : Saint Ragondard
Re: "Lazaret 44", de Julien Heylbroek
Bonne nouvelle, Julien ! Ca prouve que certains libraires font encore bien leur boulot
Pour ma part, pas encore vu de traces de tripaille jusque-là, mais je viens de commencer et juste les descriptions initiales de ta ville-carcasse donnent déjà le vertige : hâte d'en découvrir plus !
Pour ma part, pas encore vu de traces de tripaille jusque-là, mais je viens de commencer et juste les descriptions initiales de ta ville-carcasse donnent déjà le vertige : hâte d'en découvrir plus !
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
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