Lectures en cours 2021

Cette année, j'ai pris la résolution de me recentrer sur la lecture comme plaisir (depuis deux ans, j'ai lu énormément d'essais d'écologie politique et de trucs du genre ; c'est enrichissant, mais ça n'avance pas et on perd progressivement son entrain à lire). Jusqu'ici, je m'y tiens bien. Voici mes lectures récentes :

• Bram Stoker, L’Enterrement des rats et autres nouvelles
  
• Frederic Livyns, Les Nouvelles Aventures de Carnacki. Saison 1 : L’Intégrale
  
• Louis Derthal, Le Sorcier du Val-Noir
  
• Jean Ray, Les Contes du whisky
  
• Ernst Jünger, Premier Journal parisien
  
• José Luis Zárate, La Glace et le Sel
  
• Guy Lemaire & Paulette Nandrin, Mes plus belles histoires

Et en ce moment, je suis dans L'Ombre du vampire de Jean Louis Bouquet.

Je ne le fais pas systématiquement mais, pour cette fois, je dispose de commentaires de lecture sur la plupart de ces livres…


Une anthologie des éditions Librio, rassemblant quatre récits originellement publiés dans le recueil posthume Dracula’s Guest and Other Weird Stories. « Le Secret de l’or qui croît » est une courte nouvelle dans la veine d’Edgar Poe, qui souffre d’une narration distante. « Une prophétie de bohémienne » & « Les Sables de Crooken » sont des textes humoristiques qui m’ont plutôt évoqué ceux de Wilde. Le premier, très court, est le moins bon des deux ; le second brille davantage par son riche décor écossais, par son franc rejet du stéréotype & par l’espèce de Monsieur Jourdain dont il fait son protagoniste. Mais c’est la nouvelle liminaire—« L’Enterrement des rats »—qui a réellement trouvé grâce à mes yeux. Cette histoire d’horreur (mais non fantastique), sise dans le bidonville des chiffonniers montmartrois, renoue avec le rythme & le caractère sordide, non dénué de pittoresque, qu’on trouve en certains passages de Dracula.


Six enquêtes de Thomas Carnacki, le détective de l’étrange créé par l’écrivain anglais William Hope Hodgson. J’étais curieux de lire ce livre car son auteur, très prolixe, me semble en passe de devenir un fantastiqueur de premier plan en Belgique francophone—or, vous savez que j’aime me tenir au courant en cette matière. Je n’ai jamais lu d’aventure originale de Carnacki, mais je dirais qu’il est un détective de l’étrange au sens étroit du terme, ses enquêtes prenant la forme d’exorcismes & mettant en scène des spectres uniquement. Le respect du texte-source me parait évident, car chaque nouvelle emprunte le même schéma d’enchâssement (tant les introductions que les conclusions sont déclinées comme de simples fonctions du récit, sans qu’on cherche à les alourdir de matière superflue) & mobilise un lore spécifique (manuscrit Sigsand, pentacle électrique, entités Aeiiriii & Saiitii, dernier verset inconnu du rituel Saaamaaa), que je devine être l’invention de Hodgson. De manière générale, ces contes sont prenants & construits de sorte à bien ménager des effets de dévoilement & de rebondissement. Je n’ai que deux bémols à soulever : 1) quelques coquilles, de même que des répétitions ou pléonasmes qui alourdissent le texte & auxquels aurait pu aisément remédier un correcteur, & 2) une certaine surenchère dans la complexité des manifestations surnaturelles, plusieurs contes mettant en scène deux, trois ou quatre entités distinctes (si elles sont toujours justifiées par l’histoire du lieu hanté, la répétition de ces situations lasse & tend à l’invraisemblable).


Un roman-feuilleton de 1934 que j’avais acheté sur base du titre uniquement, présageant un récit fantastique. Il s’agit en fait d’une histoire sentimentale qui utilise un personnage d’empoisonneur—j’opine qu’elle eût pu s’en passer & aurait gagné à le faire. Reste qu’il s’agit d’un roman plaisant, qui m’a même semblé bien écrit. Situé dans la région des Deux-Sèvres, il bénéficie du cadre dépaysant d’un château familial. Chose un peu étonnante, sous le pseudonyme de Louis Derthal se cache en fait une autrice. Sa protagoniste est donc dotée d’une profondeur de caractère & d’une assurance qui aiguise les dialogues, deux traits manquant souvent aux personnages de roman sentimentaux. Le tout se lit au galop & mélange habilement les genres : roman de mœurs par son sujet, mais émaillé de descriptions romantiques de la campagne environnante (l’histoire débute à l’automne et s’achève au printemps), roman moderne—dans une certaine mesure, par la liberté dont fait montre son héroïne—mais parsemé des grosses ficelles qui sont les armes du feuilleton dix-neuvièmiste.


Son tout premier recueil &, paradoxalement, l’un des seuls que je n’avais pas encore lus (quoique je connaissais quelques-unes des nouvelles qu’il renferme par la compilation Les 25 Meilleures Histoires noires et fantastiques). J’ai particulièrement apprécié les patronymes pittoresques & deux contes d’une veine très réaliste magique : « À minuit » & « Mon ami le mort ». Comme toujours, je suis impressionné par le relief que Ray donne à son style. Voici des années que j’en ai fait l’un de mes maitres en écriture mais, s’il demeure un horizon que je souhaite atteindre au point de vue de l’ambiance & si ses personnages ont souvent influencé la construction des miens, force est d’admettre que je n’ai rien pris de son style. Pourtant, plus que tout, j’aimerais savoir écrire comme cela. Il faut croire que c’est une question de tempérament : lui est un sanguin, je suis un anxieux. Si nous partageons une certaine intranquillité, la sienne le pousse toujours à l’assaut, la mienne toujours à la fuite, à la circonvolution. Dès lors, il est bien naturel que le phrasé de mes récits diffère autant de ce que j’ai lu dans ce recueil…


Un roman qui m’a été offert et sur la page de titre duquel il est écrit : « Pour te faire changer d’avis sur les contemporains. » Je ne sais trop dans quelle mesure il a accompli cette mission. Dérivé de l’œuvre de Bram Stoker, c’est le récit du voyage de Dracula depuis sa Transylvanie jusqu’à Londres, dans les cale d’un navire dont l’équipage sombre progressivement dans la folie, puis dans les profondeurs. Le narrateur-personnage est le capitaine de ce navire. Il décrit au jour le jour l’emprise que développe le vampire, la cale envahie de rats blancs… Dans son traitement, ce roman m’a rappelé les chapitres consacrés au personnage de Renfield, dans Dracula. On y trouve un mélange de terreur & de séduction, mais autrement plus sexuellement explicite que dans l’œuvre originale. Sans juger de la qualité de ces scènes—& conscient que l’inclination au malaise peut être une qualité des fictions fantastiques—mes gouts personnels ont sans doute induit une rencontre ratée avec le texte.

Content de revoir dans le coin et partager tes dernières lectures, Similien (même si mes goûts sont un peu moins dans une veine "classique" que les ouvrages dont tu parles).

De mon côté, je viens (enfin) de terminer l'excellent Concile de Fer de China Miéville.

"Enfin", car cela doit faire plus de 6 mois que j'ai ouvert les premières pages (2020 n'ayant pas été mon année de lecture la plus assidue, loin de là ! ).
Sinon je dirais que c'est encore l'un de ces romans-fleuve dont l'auteur a le secret, même si le propos politico-social est plus présent ici et prend parfois un peu le pas sur le "merveilleux" steampunk et déglingué dont il a le secret. Mais l'esprit révolutionnaire qui anime ces pages a par moment de quoi foutre le frisson et certains passages explorant davantage les schémas ésotérico-chimiques de son univers sont brillantissimes.
Mais étant donné que j'ai lu ce bouquin étalé sur une longue période, j'ai un peu du mal à synthétiser mon ressenti sur l'ensemble. J'ai passé un très bon moment, même si je ne pense que ce soit le roman que j'ai préféré de l'auteur.

Quand j'aurais digéré un peu tout ça, j'en ferais peut-être une chro' un peu plus détaillée...

Moi j'ai commencé celui-là, premier tome d'un trilogie qui fait se rencontrer les univers pourtant bien opposés de Sherlock Holmes et de Lovecraft :



Je dois avouer que je n'ai jamais lu les histoires de Sherlock Holmes originales, donc je ne peux pas dire si c'est très "Holmesien". Ca me fait en tout cas penser à Harry Dickson. A mon niveau de lecture, les Grand Anciens commencent à peine à être évoqués, donc pour l'instant, je ne dirais pas non plus si c'est vraiment lovecraftien. Mais là où j'en suis, c'est distrayant, et franchement en tout cas dans l'esprit "pulp". Je vous en dirais plus quand j'aurais avancé dans ma lecture.

Je suis en train de lire un vieux bouquin de SF, écrit par un parfait inconnu (de moi) : Misandra de Claude Veillot
Comme rien ne l'indique, il s'agit d'un recueil de nouvelles, la première étant intitulée Misandra, c'est la plus longue, environ 80 pages.
Je suis vraiment surpris par la simplicité et la vigueur du style. Ce n'est pas très profond, mais quel plaisir de suivre les aventures des différents personnages. Je n'en ai lu que deux pour le moment, mais c'est une belle surprise, trouvée dans une "boîte à livres"...

En ce moment, je suis sur le recueil de nouvelles SF de Ted Chiang, Expiration. C’est excellent (bon, pas super fan de la nouvelle qui donne son nom au livre – que j’ai lue comme une allégorie sur l’épuisement des ressources naturelles et la destruction de l’environnement – mais d’autres sont de pures merveilles). Je recommande chaudement.

J'ai lu l'année dernière son recueil La tour de Babylon, qui a été une superbe découverte, vraiment originale et marquante. À l'époque, j'avais été déçu de voir qu'il n'y avait pas d'autres livres de lui en français. Alors inutile de dire que je vais vite me jeter sur ce Expiration, en espérant qu'il soit du même niveau que la Tour. Merci pour l'info !

Murphy Myers a écrit:J'ai lu l'année dernière son recueil La tour de Babylon, qui a été une superbe découverte, vraiment originale et marquante. À l'époque, j'avais été déçu de voir qu'il n'y avait pas d'autres livres de lui en français. Alors inutile de dire que je vais vite me jeter sur ce Expiration, en espérant qu'il soit du même niveau que la Tour. Merci pour l'info !

Ah tiens, vos messages ont fait tilt, parce que j'avais justement La Tour de Babylone sur une de mes listes depuis quelques années ! Je remets un petit post-it par-dessus.

Très dynamique cette section du forum ! Merci à tous pour ces superbes chroniques de lecture.

Dans mon souci de mieux connaître les classiques de la SF française contemporaine, j'ai lu :


Désolé, je ne saurai jamais écrire un roman, j'admire ceux qui le font, mais j'ai trouvé cette histoire vraiment pourrie.

Le contexte géopolitique n'est quasiment pas exploité, alors que l'idée de base a des accents prémonitoires. Marseille sous les eaux, devenue une cité quasi-musulmane... pas mal comme angle dystopique. Sauf que ce cadre alléchant disparaît au profit des tribulations d'un clodo musicien de rue qui  va devenir, par un coup de baguette magique, chef de la sécurité d'une boite de méchants trafiquants. Bien entendu, la femme du big boss va absolument vouloir se faire baiser de suite par le hobo héros. Puis, comme par hasard, sa voisine est une sublime nana vivant seule avec sa gamine. Mais là, c'est l'histoire d'amour impossible avec un grand I.

Conclusion : je conseille aux auteurs masculins de se branler avant de commencer à écrire, ça leur évitera peut-être de se ridiculiser avec des side stories aussi torrides qu'absurdes niveau cohérence. Je mets mon conseil en pratique, je sens que je vais mieux.

EDIT : j'ai lu des critiques, ce livre est visiblement un chef-d'œuvre, je ne sais pas apprécier le génie de cet auteur.

Mes dernières lectures :


Trois enquêtes du reporter Paul « Doum » Dumviller, réalistes mais baignées dans une ambiance surnaturelle. J’ai trouvé la prose de Bouquet—que je découvrais—d’abord aisé & néanmoins jamais réellement paresseuse. Il prête beaucoup de qualités à son protagoniste, pour somme toute peu de défauts, mais ce manque de substance en fait un admoniteur d’autant plus efficace qu’il est discret. On suit donc avec facilité le fil de ces mystères jusqu’à ce qu’ils se dénouent en de simples ficelles, avec bonne grâce puisque la série est conçue dans un esprit positiviste. Il s’agit de lever le trouble et de rassurer les personnages de témoins, qui concluent généralement l’affaire sur une note de soulagement mâtinée d’embarras. Pour légers qu’ils sont, ces récits n’en sont pas moins divertissants. Je n’ai pas vraiment conçu de préférence pour l’un ou l’autre, même si j’ai trouvé « La Reine des ténèbres » un peu plus suranné, de par l’exotisme grandiloquent qu’il met en scène, digne presque d’un Bob Morane (personnage qui n’existe pas encore : ces aventures de Doum datent de 1943).


Un recueil de contes fantastiques, lauréat de l’ultime Prix Jean-Ray, remis en 1977. J’étais curieux de lire du Bours, un fantastiqueur belge de la « jeune génération » (s’entend, celle qui a suivi les géants Ray, Owen, Prévot… & dont certains représentants sont encore vivants de nos jours), souvent mentionné dans des écrits critiques.
J’ai un avis mitigé sur ce recueil, qui n’est d’ailleurs pas très belge dans ses atmosphères (plusieurs récits sont situés à Marcoussis, dans la banlieue parisienne). Les premiers textes, singulièrement, m’ont moins plu, & notamment la nouvelle liminaire, qui n’est pas à proprement fantastique. Mon impression a commencé à tourner avec la cinquième (« Divin marquis ! »), dont j’ai apprécié l’humour.
Malheureusement, il se trouve que j’approuve souvent la mise en place d’un récit, mais moins son dénouement. C’est le cas pour « Le Château des réminiscences », qui brosse un portrait réussi d’« enfant démoniaque », avide de nature & de liberté, enclin aux jeux cruels—un portrait qui m’évoque un peu La Malvenue, quoique dans un style différent—mais se perd ensuite dans le légendaire arthurien, le survolant trop pour laisser une réelle empreinte. De même, dans « La Vérité sur la mort d’Aaron Goldstein », j’ai vraiment gouté le portrait de l’inconnu & la traversée des égouts, qui développent exactement le type de motifs et le style auxquels je suis sensible, mais j’ai été déçu par le manque de finesse du dénouement & par des relents antisémites dans le traitement de l’antagoniste.
Ce sont les deux derniers récits qui rattrapent à mes yeux ce recueil. « Entre Charybde et Scylla » fait le pari intéressant de l’auto-référence, lorsque son protagoniste disserte du « fantastique de l’énumération »—de fait, Bours s’inscrit dans cette tendance, non seulement ici mais également dans « Le Peuple nu » & dans « Celui qui pourrissait ». « Aujourd’hui l’abîme », qui clôt le recueil, part quant à lui d’un postulat banal (une histoire de vampirisme sexuel, où la déchéance déborde du plan moral au plan physique) mais le traite sans aucun relâchement.
Le style est globalement compliqué, ce qui est un atout dans les passages mis en lumière ci-dessus, mais plus un obstacle qu’autre chose à bien d’autres endroits. Je note l’insertion d’un lipogramme (« Histoire d’A »), somme toute intéressante—on voit le gout de Bours pour les curiosités littéraires—mais qui souligne d’autre part l’inconsistance du recueil.


Un récit souvent classé—je le remarque—parmi les « romans durs », mais que je trouve quand même bien empreint des codes du polar (il faut dire qu’il date de 1931, une époque où Simenon n’a que 28 ans & est encore au début de sa carrière). Je n’oserais donc le mettre sur un pied d’égalité avec, mettons, La Maison du canal ou La neige était sale, dont le ton est nettement plus sombre. Bien que ce ne soit pas un Maigret, l’ambiance décrite m’a rappelé La Nuit du carrefour, un roman écrit seulement quelques mois plus tôt. Un élément qui me plait toujours chez Simenon, & qu’on retrouve ici, c’est la dimension internationale des enquêtes, qui recourent donc au téléphone et au télégramme. Je préfère de loin ce type d’intrigue aux énigmes en chambre close.

Et, en ce moment, je lis Le Diable d'Alfred Neumann, un roman historique que, pour tout dire, je commence à trouver long.

Ma lecture du moment qui défonce tout :



J'avais beau savoir (ou m'imaginer) plus ou moins à quoi m'attendre, ça m'empêche de me prendre une jolie baffe en pleine gueule.
Je développerais tout ça lorsque j'aurais terminé (c'est à dire d'ici 2022 ou 23, avec un peu de chance). Mais y'a pas à dire, Siébert est définitivement l'un des poids lourds contemporains dans les littératures de mauvais genres !
Je me régale.

En ce qui me concerne, j'ai fini l'éprouvant (mais réjouissant aussi) Chroniques de Mertevcgorod de Siébert et pour changer complètement de registre, je reprends une lecture que j'avais débuté il y a quelques mois sans aller jusqu'au bout :

Tak a écrit:En ce qui me concerne, j'ai fini l'éprouvant (mais réjouissant aussi) Chroniques de Mertevcgorod de Siébert et pour changer complètement de registre, je reprends une lecture que j'avais débuté il y a quelques mois sans aller jusqu'au bout :

Bon décidemment, quand ça veut pas, ça veut pas...
Ca faisait (très) longtemps que j'étais pas allé au bout d'une lecture (d'habitude, je finis toujours au moins pour "honorer" mon pacte de lecture, oui je suis très vieux jeu de ce côté), mais là, après un mini-roman et trois nouvelles, le livre m'est tombé des mains. Je n'ai jamais réussi à m'identifier ou accrocher un tant soit peu aux personnages (qui m'ont toujours paru être à côté de la plaque, les bons comme les mauvais) et j'ai trouvé que sans être plate, l'écriture manquait énormément de variations d'intensité dans ses effets. Tout m'a semblé écrit de la même façon, même les chutes un minimum sanglantes ou quoi, je n'ai senti aucune recherche dans la façon d'établir des "pics" émotionnels ou autres...
Pourtant, les cadres ruraux (ou emprunts de ruralité par les origines de leurs personnages) ont ce petit charme désuet qui en général ne m'a jamais freiné et j'ai lu pas mal de classiques franchouilloux dont cette touche participait au charme général, mais ici j'ai juste trouvé cette composante anachronique avec le reste, comme si les contextes et l'époque à laquelle ces récits étaient écrits ne collaient jamais entre eux. Une étrange sensation de décalage. Ajouté à cela l'impression que les personnages semblent eux aussi constamment en décalage, candides comme de jeunes jouvenceaux ne comprenant jamais ce qu'ils faisaient la (même pour les moins jouvenceaux d'entre eux, d'ailleurs lol). La perte de repères est certes l'un des ressorts habituels du Fantastique, mais ici j'avais juste la sensation qu'ils étaient à l'ouest complet du début à la fin ; peut-être un mauvais dosage dans les effets, encore une fois.
Mais au-delà du contenu même de ces récits, j'ai été déçu, pour la première fois sur l'une de mes lectures Rivière Blanche du travail éditorial franchement limite. Quand c'est juste une petite bourde de temps en temps, ok pas de problème, mais quand toutes les 2 pages en moyenne survient une coquille débile, faute de typographie ou autre, c'est qu'il y a un réel soucis... Aux premières occasions, j'ai juste légèrement tilté mais à la fin je dois avouer que ça m'agaçait clairement (en plus de tout le reste).

Bref, je vais pas en tartiner des pages, mais j'ai franchement pas accroché. Du tout.
Bon après y'a rien de dramatique, c'est comme toujours une question de sensibilités, mais je dois avouer que pour le coup, je suis pas du tout entré en résonance avec celle de l'auteur... Dommage.

Dernières lectures :

Sanctions! de Talion (aka David Didelot) : Un roman court, très intense et vénère qui fait honneur à la collection Gore dont il s'inspire. On y retrouve notamment ce fameux cocktail d'ultra-violence perverse, de sexe crado (voire même plus si affinités) et d'ambiance vomitoire/grumeleuse à souhait (souvent les trois à la fois d'ailleurs), pour un ride jouissif sur les rails du poisseux et du dégueulasse.
Quelques détails un peu limite vers la fin, notamment sur l'aspect "crédibilité" de l'enquête, mais ce n'est qu'une petite broutille qui ne nous empêchera pas de passer un très bon moment.

Sortir de la Brume de Sylvain Namur : Une lecture fun et très agréable, qui sans entrer dans des considérations climatologiques trop poussées, reste parfaitement en phase avec notre époque. Alors oui, le pitch n'est pas forcément des plus originaux, mais le rythme est très bon et on embarque sans problème dans ce périple éreintant à travers cette mort brumeuse au cachet très cinégénique.
En outre, l'aspect très documenté sur les lieux visités (on sent que l'auteur y a mis pas mal de lui-même, du moins c'est l'impression que j'ai eu) donne un côté très immersif à l'ensemble. Je serais en revanche un peu moins tendre concernant les personnages, qui hormis le protagoniste principal et ses jolies valeurs solidaires-écolo, m'ont tous paru un brin caricaturaux -- arghh Ella ! -- et trop faiblement caractérisés...
Mais cela ne m'a pas empêché de me plonger dans ce récit efficace et ultra-prenant, qui même s'il ralentit un peu dans sa dernière ligne, m'a tout de même laissé sur une très bonne impression.
Lu et approuvé !

Et là je me replonge avec délectation dans la plume sombre et stylisée de Clark Ashton Smith :



(bon, là j'ai mis cette couv' pour illustrer le fait que je lisais son cycle d'Averoigne, mais en fait il s'agit des intégrales en 3 volumes parues chez Mnémos il y a quelques années : magnifiques ouvrages, d'ailleurs, en passant ! )

Sanctions ! je l'ai lu... C'est hard, encore pire que du Catherine Robert ! Mais jouissif dans le crade, à la façon de Sade, que Davis Didelot cite comme inspiration (Et le roman est dédié à notre Zaroff national !)

Clark Ashton Smith, j'ai les trois tomes parus chez Mnémos, je ne m'y suis pas encore plongé, mais je connais la partie de son œuvre publiée autrefois en poche, c'est un grand, malheureusement moins connu que Lovecraft qui le vénérait comme un de ses inspirateurs, ou qu'Howard dont il peut être proche par sa fantasy dark (souvent plus dark que celle d'Howard). En tout cas, on peut le classer à leur niveau.

Paladin a écrit:Clark Ashton Smith, j'ai les trois tomes parus chez Mnémos, je ne m'y suis pas encore plongé, mais je connais la partie de son œuvre publiée autrefois en poche, c'est un grand, malheureusement moins connu que Lovecraft qui le vénérait comme un de ses inspirateurs, ou qu'Howard dont il peut être proche par sa fantasy dark (souvent plus dark que celle d'Howard). En tout cas, on peut le classer à leur niveau.

Oui d'ailleurs, ça me fait penser que j'ai jamais lu de Howard (hormis les quelques nouvelles reliées au mythe de Cthulhu que j'ai pu lire ici et là), va falloir que j'y remédie un de ces jours...

En ce qui concerne Smith, même si aujourd'hui son œuvre peut paraître moins essentielle que HPL, je trouve sa verve poétique et mortifère bien plus fine (et agréable à lire) que celle du reclus de Providence. Et puis son univers de Zothique est une petite merveille du genre, c'est exactement le genre de choses que j'aimerais faire, avec peut-être une plume un poil plus moderne. J'en toucherais un ou deux mots quand j'aurais terminé les trois volumes (mais vu mon rythme de lecture, je risque fort de le couper en plusieurs fois).