La mémoire des masques

"On t’a acheté ce masque à ta naissance, avec ton père. On en a tous un. Ils nous servent à changer de vie mais certains oublient par moments ; au début en tout cas...

tout le monde peut changer de vie en achetant (où ? à quel prix ?) ce masque du bonheur. Sans déconner, ça m'intéresse.   De même, j'ai du mal avec l'idée que plusieurs personnes possèdent de tels masques. Il me semble que l'ensemble fonctionnerait mieux si seul le personnage principal était concerné, un peu comme le Raphaël de La Peau de chagrin.  

Dans ma première idée, le personnage créait lui-même son masque, mais ça ne me plaisait pas pour 2 raisons principales. D'abord parce que cette version me semblait trop convenue et donc facile justement, là où un phénomène mondial et normalisé m'apparaissait déjà comme moins classique et plus complexe à mettre en place.
Ensuite, et surtout, parce qu'un masque unique créé par le personnage ne collait pas au "message" du texte : tout le monde porte un masque social, et ce masque n'est pas de notre propre fait mais une construction imposée par l'entourage/le monde extérieur ; à commencer par les parents, premiers vecteurs qui "injectent" dans leurs rejetons ce qu'eux-mêmes veulent voir ; d'où le fait que le masque vienne d'eux dans la majorité des familles. Je n'ai pas réfléchi au prix mais dans ce monde-ci, ça n'est pas plus cher qu'un téléphone et tout le monde en a un, pour que la métaphore soit complète.

Un masque permet à ses porteurs de changer de vie.
Cela passe d'un comédien, qui joue le rôle d'un coureur de jupons, tout en ne l'étant pas lui-même, à un autre personnage, puis un autre.
Les destins se superposent, et s'entrecroisent car le masque conservent la mémoire de chacun, vécue ou imaginée au travers d'un art.

Je crains que l'histoire n'ait pas été complètement comprise, ce qui me fout les boules parce que ça confirme mes "craintes" sur son manque de clarté, et surtout parce que ce que tu en as compris me parait 100 fois mieux que l'idée actuelle du texte !
En réalité, il n'y a qu'un seul et unique personnage tout du long. La mémoire du masque n'est pas une mémoire qui se transfère d'un porteur à un autre, mais celle du personnage principal, qui se fuit lui-même et oublie à chaque transition pour devenir un autre, jusqu'à ce que sa mémoire (et donc le vrai lui) ressurgisse invariablement, le poussant à réutiliser le masque, etc. Il garde en stock des birbes de lui-même via ses rêves et son imagination, sans savoir que, par exemple, la pièce de théâtre qu'il écrit est basée non pas sur un simple rêve mais sur un souvenir enfoui et déformé (tout comme le type le tabasse sur un malentendu à la fin, la femme du perso principal, dans une version antérieure, a voulu le tuer en intro car elle le pensait adultère).
Bref, j'ai donc du boulot pour clarifier tout ça (on en revient aux explications de la mère qui sont sans doute trop vite expédiées pour être vraiment claires), voire pour changer l'histoire du tout au tout car l'idée d'un masque qui garde la mémoire et la transfère aux porteurs suivants me parait vraiment géniale et meilleure que ce texte !

Tout le monde a un masque qu'il utilise au gré de ses envies de changement de vie. Et pour moi, c'est là que ça coince. S'il n'y avait, comme le suggère Blahom, qu'une seule personne ou famille, ce serait gérable, mais étendu à la population entière, il devient impossible que tous les changements de vie puissent s'imbriquer les uns dans les autres. Parce que si quelqu'un change de vie, il conserve malgré tout son corps, sa famille, son entourage qui s'adaptent à lui, mais cette imbrication entre tous (sept milliards d'êtres humains quand même) fait que le concept est difficile à croire. Je sais pas si je suis très claire sur mon explication (je vois bien que ça coince, mais la complexité des imbrications fait que je n'arrive même pas à visualiser clairement les bugs qu'elle provoquerait).
Je comprends bien que tu voulais que la métaphore porte sur l'homme dans son ensemble (tout le monde porte un masque), mais je crois que ça fonctionnerait mieux si c'était limité à un certain nombre, voire à un seul masque qui se transmettrait en une chaîne ininterrompue. Ce qui te permettrait de garder l'idée que tout le monde porte un (ou des) masque et qu'il est difficile de s'en défaire, mais ça éviterait le problème évoqué.

Pour l'aspect mondial, je ne trouve pas ça si impossible que ça. Si c'était à des êtres humains de gérer le truc, évidemment ça ne serait pas tenable, mais là, c'est un phénomène surnaturel qui a sa logique propre. Les rôles s'agencent tous seuls et, dans le cas d'incompatibilité, des inconnus héritent des rôles de l'entourage (mais comme je disais plus tôt, il aurait mieux valu que je trouve où caser cette info dans le texte).
Au final, j'aurais dû simplifier le principe, non pas en réduisant le nombre de porteurs de masqués mais juste en faisant en sorte que chaque porteur se créé son propre monde artificiel où les autres sont tous des projections/acteurs créés par le masque ; un peu comme si chaque porteur (et donc tout le monde) était dans sa propre réalité virtuelle. Forcément, si cette option m'était venue à l'esprit au moment de l'écriture, ç'aurait été mieux !

Pour la "suite", ça n'apparait pas aussi bien que je le voulais (voire pas du tout ) mais le personnage est en fait dans une boucle et ne s'en sortira jamais. Son "personnage" de l'épilogue (Max) est similaire à ceux du début (Adam, et Miguel qui fait office d'intro) : marié et qui se détourne (ou va se détourner) de sa femme. De là, il repassera par la case Sébastien, puis Kiochi, etc. en formulant toujours les mêmes vœux. Les noms de chaque version ont aussi été choisis pour ça, avec leurs initiales particulières : M - A - S - K - puis un nouveau M, qui laisse entendre qu'il y aura de nouveaux A, S et K, et ainsi de suite. Mais je n'ai pas plus insisté que ça sur ce point car c'est à mes yeux un peu un "bonus" : l'histoire se suffit à elle-même même si on ne voit pas cette boucle cachée. Et si on la remarque, eh bien c'est que du bonus.
Il n'en sortira jamais, donc, parce qu'il est trop enfoncé dans sa propre fuite pour arrêter de se voiler la face (littéralement), et parce que je n'aime pas les fins heureuses en général

C’est en lisant les commentaires que j’ai pu réellement saisir l’histoire dans toute sa complexité (la boucle temporelle, et le fait que tous les personnages se recroisent systématiquement).

Je m'attendais à ce que certains points manquent de clarté. Pour la boucle narrative, à la limite, c'est pas grave ; comme je disais, c'est juste du bonus si on comprend mais le texte se tient tout aussi bien sans. Pour les personnages qui se recroisent par contre, faudra peut-être que je supprime cet aspect dans une version ultérieure pour simplifier le tout.