Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
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Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Texte inspiré de l'image N°8 du concours N°14, d'après image (le personnage masqué, avec chapeau et ces espèces de lampes à huile)
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Il faisait nuit noire. Les habitants de Nasgath se relayaient tour à tour jusqu'à l'aube pour nourrir le feu au cœur du village. Plusieurs mille-jambées de forêt l'auréolaient et l'isolaient des premières bourgades alentours. Lougres et bécornes avaient quitté leurs tanières pour partir en quête de proies et de charognes encore fraîches, abandonnées avant le crépuscule. Fallait-il être fou ou particulièrement habile au combat pour s'aventurer sous les frondaisons de la Sanguine à cette heure. Existait toutefois une exception.
Les rapaces s'envolaient, dérangés par une inhabituelle lueur dorée approchant de Nasgath. Elle cheminait sans hâte et gagnait en intensité. D'aucuns auraient pu croire en la venue d'un messager royal. Fait peu probable dans cette contrée.
Un grognement déchira soudain le silence ambiant. Les villageois demeurèrent sereins, accoutumés aux bruyantes rencontres entre bêtes sauvages. Elles lutteraient jusqu'au forfait de l'opposant, ou son trépas. Mais les Nasgathiens ignoraient encore que ce halo était à l'origine de ce tohu-bohu. En réalité, ils en ignoraient même la nature.
La lumière irradiait à tel point que les deux gardes en ronde pensèrent d'abord à un incendie. Mais le vent ne portait aucune odeur de fumée. Ils spéculèrent à l'envi, imaginèrent un spectre élémentaire errant dans les environs, avant de suspecter une attaque de magelames venues de la frontière à l'ouest. Pourtant, leur instinct pointait leur méprise, aussi attendirent-ils d'en savoir davantage, rapière au poing.
Un large chapeau circulaire pourfendait le voile jaunâtre, oscillant au gré du balancement de la chaîne à laquelle il était appendu. Une silhouette sombre, d'au moins deux jambées de haut, marchait dans leur direction, équipé d'un fourreau à la hanche. Au bout du dernier maillon flottait une sphère métallique, entourée de pointes, à l'image d'un fléau. Du vide en son centre émanait toute la puissance lumineuse de son aura.
Le masque au bec courbé recouvrait l'intégralité du visage de l'inconnu, qui s'arrêta.
— Eh vous, là-bas ! osa le moins jeune des deux gardes, la tête à nue. Qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ?
Pas de réponse. Son acolyte tremblotait.
Tout de noir vêtu – scapulières, bottes, plastron, cape et jambières – le personnage faisait forte impression. S'ils devaient mourir sous ces étoiles, ce ne serait point comme des pleutres. Ils saisirent la poignée de leur épée de mauvaise facture et tentèrent de la dégainer. En vain. Aucun des deux n'y parvenait malgré leur acharnement. Alors qu'ils allaient donner l'alerte d'un souffle dans leur cor, l'inconnu exécuta de la main un balayage en arc devant eux. Ils s'agenouillèrent et s'endormirent presque à l'instantané, étalés dans les tapis de sphaignes, de feuilles empourprées par l'automne, et d'humus.
Le porteur enjamba les corps et rejoignit la place. L'orbe impalpable rayonnait plus encore. Il se mit alors à bercer son artefact d'avant en arrière tout en formulant des phrases dans une langue oubliée. Des incantations.
Les portes des chaumines s'ouvrirent tour à tour. Tous les habitants en sortirent, affublés de guêtres déchirées et souillées pour la plupart. Les yeux révulsés et la bouche bée, ils approchèrent du feu central, formèrent un cercle et s'immobilisèrent. La lumière s'était encore accrue et aurait ébloui, sinon aveuglé, quiconque la contemplait. Le maître des songes suivit la courbe de ce cercle, l'attention portée sur sa relique. Lorsqu'il se tint devant un homme pansu et dégarni, l'éclat atteignit son faîte. Il réalisa derechef son mouvement de main à hauteur de gorge, accompagné d'un pivot, de sorte que tous les Nasgathiens sombrèrent dans un sommeil profond. Sauf le villageois en question, encore debout, sous son emprise.
Il posa son gant de cuir sur son front poisseux et reprit ses phrases absconses. L'homme s'agita comme onde sous brise puis trémula ainsi qu'un pauvre hère mordu par le blizzard, avant de s'écrouler à son tour. L'intensité de la lumière s'estompa jusqu'à s'éteindre. Plus aucun mot ne traversa le masque ténébreux du nouveau venu. Ce fut dès lors le fourreau qui émit un rayonnement fantomatique, d'un bleu-gris glacial.
Le Radiant – ainsi appelait-on les membres du Temple d'Alana, mère aux deux visages et mère de la lumière et de l'ombre, de la vie et de la mort, de la création et de la destruction – libéra Kta-Lihn, ou Mi-Lune en langue des Sages, l'une des rares épées capables de pourfendre les obscurins, les fantômes et autres nuisances impalpables. Cette arme légendaire puisait sa force dans la Kta-Mahn – ou Mi-Soleil, plus vulgairement appelées lanternes – et vice versa. Inséparables, tout bon Radiant se devait de ne jamais perdre l'une ou l'autre. Leur propre vie en dépendait. L'énergie échangée entre ces artefacts et leur porteur ne pouvait subir aucune rupture de plus d'une journée. Auquel cas leur force s'amenuiserait jusqu'à épuisement total. L'énergie de l'épée et de la lanterne pouvait toujours être restaurée, mais pas celle du porteur.
Le Radiant n'accorda plus le moindre intérêt au villageois qu'il venait de délivrer, emporté dans le rêve à l'instar de ses pairs. Il tendait l'oreille. Des hululements. Des hurlements de lougres dans le lointain. Quelques battements d'ailes de noctillons. Rien de menaçant.
L'obscurin ne pouvait investir que les esprits éveillés. Nul ne devait l'être céans. Et Mi-Lune luisait de plus en plus. Il était là, quelque part. Le traqueur restait patient, guettait le moindre voile d'ombre suspect, tout bruit trahissant sa présence. Car les obscurins s'affaiblissaient une fois boutés hors de leur habitat de chair et d'os, à tel point qu'il se matérialisait partiellement. Pas un quidam ne saurait le transpercer, mais un Radiant, oui.
L'intensité de Kta-Lihn stagnait. La proie ne bougeait plus. En se déplaçant, le Radiant ferait trop de bruit pour capter la subtilité des sons émis par son opposant. Il se concentra et canalisa son énergie pour la transférer dans la lanterne, qui chatoya de nouveau, de façon progressive, jusqu'à illuminer les habitations et l'orée de la forêt. Derrière une stère de bois, il décela le vacillement d'une masse noire et imparfaite.
— Te voilà, pensa-t-il, en ramenant l'intégralité de l'énergie dans sa lame. Il quitta sa position et s'approcha des bûches empilées, lame et lanterne prêtes à coups férir. Une voix rauque et mesurée s'invita dans son esprit.
— Félicitations, Radiant. Tu m'as débusqué. Examinons dès à présent tes talents de guerriers.
L'obscurin s'exposa. Même stature. Une paire de bras supplémentaire. Une tête semblable à celle d'une fourmi. Deux griffes sur chaque patte rappelant les cimeterres des peuples nordiques. Pas de doute. Il s'agissait d'un séculaire, repu d'innombrables d'âmes. Mais un séculaire affaibli. Encore trop peu, toutefois, pour refuser l'affrontement. L'ombre se rua sur moi et le combat débuta.
Bien que métallique, Kta-Mahn offrait une légèreté surprenante, ainsi qu'une solidité rivalisant avec celle du falsefer. Elle tournoyait avec célérité dans le halo spectral, sublimé par l'attaque de l'ennemi. La propre ombre du Radiant dansait ça et là tandis qu'il virevoltait et fendait l'air. Ils esquivaient pour l'instant leurs horions mutuels avec une remarquable grâce. S'il se trouvait à Nasgath à cet instant pour l'occire, il lui fallait reconnaître la qualité de ses déplacements et de son agilité.
— Eh bien ! Tu es à la hauteur de ta réputation, Radiant. Tout comme ton âme… Hmm. Elle regorge d'énergie. Une véritable fontaine. Je te boirai jusqu'à la dernière goutte.
Le guerrier ne se laissait pas distraire et alternait entre épée et lanterne tandis que l'obscurin s' écartait toujours à temps mais s'éreintait. Et Kta-Mahn l'absorbait petit à petit. Ses mouvements perdirent inéluctablement en fluidité et en adresse. Le Radiant fit enfin mouche et trancha l'une des six extrémités, aussitôt dispersée comme fumée par la brise. Malgré ses forces diminuées, le séculaire parvint à déséquilibrer son assaillant en heurtant son épaule. Les représailles se ne firent pas attendre et, jugeant le moment opportun pour trancher de ses griffes la gorge de cet adepte d'Alana, le démon rassembla les restes de son énergie pour fondre sur lui. Il vint alors s'empaler de lui-même sur toute la longueur de Kta-Lihn et rugit de douleur.
Celle-ci rayonna d'une blancheur aveuglante. Le Radiant, bien que protégé de son masque, ferma les yeux et abaissa son chapeau pour limiter l'exposition. Il ne le voyait pas mais imaginait l'obscurin se liquéfier ainsi que neige au soleil et s'évanouir à tout jamais dans l'océan d'ombres inoffensives. Vaincu et dissout, l'épée cessa de radier. Seuls les symboles gravées dans le métal luisaient encore.
Les Nasgathiens se réveilleraient bientôt, aussi le Radiant dut-il prendre congé au plus vite et repartir en quête de possédés et d'engeances n'ayant pas rejoint l'Autre Côté. D'aucuns ne le remercieraient pour cette vie sauvée. D'aucuns ne se souviendraient même de son apparence. Pas même les deux gardes endormis de sa main. Il canalisa suffisamment d'énergie pour éclairer sa lanterne et s'enfoncer dans la Sanguine, seul dans l'oubli et l'ingratitude. Il n'aurait que son triomphe à l'esprit. Telle était sa voie. Tel serait son destin.
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Il faisait nuit noire. Les habitants de Nasgath se relayaient tour à tour jusqu'à l'aube pour nourrir le feu au cœur du village. Plusieurs mille-jambées de forêt l'auréolaient et l'isolaient des premières bourgades alentours. Lougres et bécornes avaient quitté leurs tanières pour partir en quête de proies et de charognes encore fraîches, abandonnées avant le crépuscule. Fallait-il être fou ou particulièrement habile au combat pour s'aventurer sous les frondaisons de la Sanguine à cette heure. Existait toutefois une exception.
Les rapaces s'envolaient, dérangés par une inhabituelle lueur dorée approchant de Nasgath. Elle cheminait sans hâte et gagnait en intensité. D'aucuns auraient pu croire en la venue d'un messager royal. Fait peu probable dans cette contrée.
Un grognement déchira soudain le silence ambiant. Les villageois demeurèrent sereins, accoutumés aux bruyantes rencontres entre bêtes sauvages. Elles lutteraient jusqu'au forfait de l'opposant, ou son trépas. Mais les Nasgathiens ignoraient encore que ce halo était à l'origine de ce tohu-bohu. En réalité, ils en ignoraient même la nature.
La lumière irradiait à tel point que les deux gardes en ronde pensèrent d'abord à un incendie. Mais le vent ne portait aucune odeur de fumée. Ils spéculèrent à l'envi, imaginèrent un spectre élémentaire errant dans les environs, avant de suspecter une attaque de magelames venues de la frontière à l'ouest. Pourtant, leur instinct pointait leur méprise, aussi attendirent-ils d'en savoir davantage, rapière au poing.
Un large chapeau circulaire pourfendait le voile jaunâtre, oscillant au gré du balancement de la chaîne à laquelle il était appendu. Une silhouette sombre, d'au moins deux jambées de haut, marchait dans leur direction, équipé d'un fourreau à la hanche. Au bout du dernier maillon flottait une sphère métallique, entourée de pointes, à l'image d'un fléau. Du vide en son centre émanait toute la puissance lumineuse de son aura.
Le masque au bec courbé recouvrait l'intégralité du visage de l'inconnu, qui s'arrêta.
— Eh vous, là-bas ! osa le moins jeune des deux gardes, la tête à nue. Qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ?
Pas de réponse. Son acolyte tremblotait.
Tout de noir vêtu – scapulières, bottes, plastron, cape et jambières – le personnage faisait forte impression. S'ils devaient mourir sous ces étoiles, ce ne serait point comme des pleutres. Ils saisirent la poignée de leur épée de mauvaise facture et tentèrent de la dégainer. En vain. Aucun des deux n'y parvenait malgré leur acharnement. Alors qu'ils allaient donner l'alerte d'un souffle dans leur cor, l'inconnu exécuta de la main un balayage en arc devant eux. Ils s'agenouillèrent et s'endormirent presque à l'instantané, étalés dans les tapis de sphaignes, de feuilles empourprées par l'automne, et d'humus.
Le porteur enjamba les corps et rejoignit la place. L'orbe impalpable rayonnait plus encore. Il se mit alors à bercer son artefact d'avant en arrière tout en formulant des phrases dans une langue oubliée. Des incantations.
Les portes des chaumines s'ouvrirent tour à tour. Tous les habitants en sortirent, affublés de guêtres déchirées et souillées pour la plupart. Les yeux révulsés et la bouche bée, ils approchèrent du feu central, formèrent un cercle et s'immobilisèrent. La lumière s'était encore accrue et aurait ébloui, sinon aveuglé, quiconque la contemplait. Le maître des songes suivit la courbe de ce cercle, l'attention portée sur sa relique. Lorsqu'il se tint devant un homme pansu et dégarni, l'éclat atteignit son faîte. Il réalisa derechef son mouvement de main à hauteur de gorge, accompagné d'un pivot, de sorte que tous les Nasgathiens sombrèrent dans un sommeil profond. Sauf le villageois en question, encore debout, sous son emprise.
Il posa son gant de cuir sur son front poisseux et reprit ses phrases absconses. L'homme s'agita comme onde sous brise puis trémula ainsi qu'un pauvre hère mordu par le blizzard, avant de s'écrouler à son tour. L'intensité de la lumière s'estompa jusqu'à s'éteindre. Plus aucun mot ne traversa le masque ténébreux du nouveau venu. Ce fut dès lors le fourreau qui émit un rayonnement fantomatique, d'un bleu-gris glacial.
Le Radiant – ainsi appelait-on les membres du Temple d'Alana, mère aux deux visages et mère de la lumière et de l'ombre, de la vie et de la mort, de la création et de la destruction – libéra Kta-Lihn, ou Mi-Lune en langue des Sages, l'une des rares épées capables de pourfendre les obscurins, les fantômes et autres nuisances impalpables. Cette arme légendaire puisait sa force dans la Kta-Mahn – ou Mi-Soleil, plus vulgairement appelées lanternes – et vice versa. Inséparables, tout bon Radiant se devait de ne jamais perdre l'une ou l'autre. Leur propre vie en dépendait. L'énergie échangée entre ces artefacts et leur porteur ne pouvait subir aucune rupture de plus d'une journée. Auquel cas leur force s'amenuiserait jusqu'à épuisement total. L'énergie de l'épée et de la lanterne pouvait toujours être restaurée, mais pas celle du porteur.
Le Radiant n'accorda plus le moindre intérêt au villageois qu'il venait de délivrer, emporté dans le rêve à l'instar de ses pairs. Il tendait l'oreille. Des hululements. Des hurlements de lougres dans le lointain. Quelques battements d'ailes de noctillons. Rien de menaçant.
L'obscurin ne pouvait investir que les esprits éveillés. Nul ne devait l'être céans. Et Mi-Lune luisait de plus en plus. Il était là, quelque part. Le traqueur restait patient, guettait le moindre voile d'ombre suspect, tout bruit trahissant sa présence. Car les obscurins s'affaiblissaient une fois boutés hors de leur habitat de chair et d'os, à tel point qu'il se matérialisait partiellement. Pas un quidam ne saurait le transpercer, mais un Radiant, oui.
L'intensité de Kta-Lihn stagnait. La proie ne bougeait plus. En se déplaçant, le Radiant ferait trop de bruit pour capter la subtilité des sons émis par son opposant. Il se concentra et canalisa son énergie pour la transférer dans la lanterne, qui chatoya de nouveau, de façon progressive, jusqu'à illuminer les habitations et l'orée de la forêt. Derrière une stère de bois, il décela le vacillement d'une masse noire et imparfaite.
— Te voilà, pensa-t-il, en ramenant l'intégralité de l'énergie dans sa lame. Il quitta sa position et s'approcha des bûches empilées, lame et lanterne prêtes à coups férir. Une voix rauque et mesurée s'invita dans son esprit.
— Félicitations, Radiant. Tu m'as débusqué. Examinons dès à présent tes talents de guerriers.
L'obscurin s'exposa. Même stature. Une paire de bras supplémentaire. Une tête semblable à celle d'une fourmi. Deux griffes sur chaque patte rappelant les cimeterres des peuples nordiques. Pas de doute. Il s'agissait d'un séculaire, repu d'innombrables d'âmes. Mais un séculaire affaibli. Encore trop peu, toutefois, pour refuser l'affrontement. L'ombre se rua sur moi et le combat débuta.
Bien que métallique, Kta-Mahn offrait une légèreté surprenante, ainsi qu'une solidité rivalisant avec celle du falsefer. Elle tournoyait avec célérité dans le halo spectral, sublimé par l'attaque de l'ennemi. La propre ombre du Radiant dansait ça et là tandis qu'il virevoltait et fendait l'air. Ils esquivaient pour l'instant leurs horions mutuels avec une remarquable grâce. S'il se trouvait à Nasgath à cet instant pour l'occire, il lui fallait reconnaître la qualité de ses déplacements et de son agilité.
— Eh bien ! Tu es à la hauteur de ta réputation, Radiant. Tout comme ton âme… Hmm. Elle regorge d'énergie. Une véritable fontaine. Je te boirai jusqu'à la dernière goutte.
Le guerrier ne se laissait pas distraire et alternait entre épée et lanterne tandis que l'obscurin s' écartait toujours à temps mais s'éreintait. Et Kta-Mahn l'absorbait petit à petit. Ses mouvements perdirent inéluctablement en fluidité et en adresse. Le Radiant fit enfin mouche et trancha l'une des six extrémités, aussitôt dispersée comme fumée par la brise. Malgré ses forces diminuées, le séculaire parvint à déséquilibrer son assaillant en heurtant son épaule. Les représailles se ne firent pas attendre et, jugeant le moment opportun pour trancher de ses griffes la gorge de cet adepte d'Alana, le démon rassembla les restes de son énergie pour fondre sur lui. Il vint alors s'empaler de lui-même sur toute la longueur de Kta-Lihn et rugit de douleur.
Celle-ci rayonna d'une blancheur aveuglante. Le Radiant, bien que protégé de son masque, ferma les yeux et abaissa son chapeau pour limiter l'exposition. Il ne le voyait pas mais imaginait l'obscurin se liquéfier ainsi que neige au soleil et s'évanouir à tout jamais dans l'océan d'ombres inoffensives. Vaincu et dissout, l'épée cessa de radier. Seuls les symboles gravées dans le métal luisaient encore.
Les Nasgathiens se réveilleraient bientôt, aussi le Radiant dut-il prendre congé au plus vite et repartir en quête de possédés et d'engeances n'ayant pas rejoint l'Autre Côté. D'aucuns ne le remercieraient pour cette vie sauvée. D'aucuns ne se souviendraient même de son apparence. Pas même les deux gardes endormis de sa main. Il canalisa suffisamment d'énergie pour éclairer sa lanterne et s'enfoncer dans la Sanguine, seul dans l'oubli et l'ingratitude. Il n'aurait que son triomphe à l'esprit. Telle était sa voie. Tel serait son destin.
Dernière édition par Phanthom le Jeu 16 Mai 2019 - 18:54, édité 1 fois
Re: Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Voilà un texte emprunt d'un vocabulaire de circonstance. Malgré les créations de mots, de créatures issues d'un monde "Fantasy", j'ai tout compris. Bravo ! Belle participation sur une image que j'avais proposée.
Par contre à un moment (vers la fin) il y a la première personne :
"Bien que métallique, Kta-Mahn offrait une légèreté surprenante, ainsi qu'une solidité rivalisant avec celle du falsefer. Elle tournoyait avec célérité dans le halo spectral, sublimé par l'attaque de l'ennemi. Ma propre ombre dansait ça et là tandis que je virevoltais et fendais l'air. Nous esquivions pour l'instant nos horions mutuels avec une remarquable grâce. Si je me trouvais à Nasgath à cet instant pour l'occire, il me fallait reconnaître la qualité de ses déplacements et de son agilité".
Je ne comprends pas bien ce changement de point de vue...
Par contre à un moment (vers la fin) il y a la première personne :
"Bien que métallique, Kta-Mahn offrait une légèreté surprenante, ainsi qu'une solidité rivalisant avec celle du falsefer. Elle tournoyait avec célérité dans le halo spectral, sublimé par l'attaque de l'ennemi. Ma propre ombre dansait ça et là tandis que je virevoltais et fendais l'air. Nous esquivions pour l'instant nos horions mutuels avec une remarquable grâce. Si je me trouvais à Nasgath à cet instant pour l'occire, il me fallait reconnaître la qualité de ses déplacements et de son agilité".
Je ne comprends pas bien ce changement de point de vue...
Re: Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Une erreur, pourtant j'ai relu mais je crois que j'ai été moi-même absorbé par le personnage, deux fois au même moment. Ah ah ah. Ça m'arrive parfois d'être tellement dedans que je passe à la 1ère personne Merci de ta lecture
Re: Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Je ne suis pas forcément le meilleur public, n'étant pas spécialement fan de fantasy, mais ton texte se lit très bien, aidé par son style qui va droit au but et sa courte taille.
Je n'ai relevé que 2 points qui m'ont plus ou moins gêné :
- le passage en "je" déjà évoqué par Françoise, mais bon, c'est finalement une "simple" coquille ;
- et les explications sur l'univers de cette histoire qui versent parfois un peu trop dans le tell à mon goût et coupent l'action. Mais sur ce point, j'avoue ne pas trop savoir comment il serait possible de "rectifier" le tir : difficile de glisser subtilement des infos du contexte sur un laps de temps si court, et difficile, voire impossible, d'éluder totalement ledit contexte.
Cela dit, le tout reste plaisant à lire et, vu mon peu d'attachement pour la fantasy, c'est déjà un constat plus que positif !
Je n'ai relevé que 2 points qui m'ont plus ou moins gêné :
- le passage en "je" déjà évoqué par Françoise, mais bon, c'est finalement une "simple" coquille ;
- et les explications sur l'univers de cette histoire qui versent parfois un peu trop dans le tell à mon goût et coupent l'action. Mais sur ce point, j'avoue ne pas trop savoir comment il serait possible de "rectifier" le tir : difficile de glisser subtilement des infos du contexte sur un laps de temps si court, et difficile, voire impossible, d'éluder totalement ledit contexte.
Cela dit, le tout reste plaisant à lire et, vu mon peu d'attachement pour la fantasy, c'est déjà un constat plus que positif !
Re: Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Sans conteste j'adore ce genre d'histoires, du coup j'ai adhéré tout de suite.
Je me souviens parfaitement de l'image en question et tu l'as parfaitement reprise et intégrée dans ton récit. L'histoire en elle-même fonctionne bien et tout est bien clair et se lit d'une traite avec plaisir. Le ton s'accorde parfaitement au récit, bref tout fonctionne bien.
Néanmoins, il y a quelque chose qui me gêne, tu emploies parfois des mots dans une sens qui n'est pas vraiment le leur. L'exemple que je peux prendre "Plusieurs mille-jambées de forêt l'auréolaient et l'isolaient des premières bourgades alentours." C'est le verbe auréoler qui me pose problème, dans le contexte "enserrer", "ceindre", "cerner", "enfermer" ou "encercler" et je suis sure qu'on peut en trouver d'autres conviendrait mieux. J'ai remarqué cela à plusieurs reprises dans le texte ce qui m'a fait sortir de ma lecture et c'est fort dommage. Car comme je le disais plus haut c'est une histoire vraiment bien menée.
Je me souviens parfaitement de l'image en question et tu l'as parfaitement reprise et intégrée dans ton récit. L'histoire en elle-même fonctionne bien et tout est bien clair et se lit d'une traite avec plaisir. Le ton s'accorde parfaitement au récit, bref tout fonctionne bien.
Néanmoins, il y a quelque chose qui me gêne, tu emploies parfois des mots dans une sens qui n'est pas vraiment le leur. L'exemple que je peux prendre "Plusieurs mille-jambées de forêt l'auréolaient et l'isolaient des premières bourgades alentours." C'est le verbe auréoler qui me pose problème, dans le contexte "enserrer", "ceindre", "cerner", "enfermer" ou "encercler" et je suis sure qu'on peut en trouver d'autres conviendrait mieux. J'ai remarqué cela à plusieurs reprises dans le texte ce qui m'a fait sortir de ma lecture et c'est fort dommage. Car comme je le disais plus haut c'est une histoire vraiment bien menée.
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Re: Les lueurs oubliées (V.1 ~ 9300 SEC, fantasy)
Hello, Phanthom !
Une très intéressante interprétation de l'image que tu nous livres là, avec du style et un vocabulaire tout à fait approprié, dans un style Fantasy plutôt "dark" qui n'est pas pour me déplaire. Le rythme est très bon et on se plonge de fait sans problème dans ton récit, qui se suffit à lui-même sans avoir à en faire des caisses. Ceci étant dit, il y a quand même beaucoup d'informations à ingurgiter en peu de lignes pour assimiler cet univers très riche (qui mériterait peut-être plus un format plus long) et il faut s'accrocher un minimum pour garder le fil.
Mais ça ne m'a pas empêché pour autant de rentrer dans le récit et de passer un bon moment. Effectivement, tu as su t'approprier l'image et son ambiance pour en faire quelque chose de particulier et lui donner vie, à ta façon. Du très bon boulot, de ce côté-là.
Sur le style, j'aurais juste une mini-remarque : "Ce fut dès lors le fourreau qui émit un rayonnement fantomatique, d'un bleu-gris glacial."
Ici, je trouve la formulation un brin bancale, la forme passive n'étant pas forcément adéquate pour transcrire l'action présente et j'ai repéré ce genre de constructions à plusieurs reprises, qui m'ont par moments un peu sorti du truc...
Mais hormis ce léger bémol de pure forme, rien à dire : ça se lit très bien et tu colles parfaitement à l'image.
Nice work
Une très intéressante interprétation de l'image que tu nous livres là, avec du style et un vocabulaire tout à fait approprié, dans un style Fantasy plutôt "dark" qui n'est pas pour me déplaire. Le rythme est très bon et on se plonge de fait sans problème dans ton récit, qui se suffit à lui-même sans avoir à en faire des caisses. Ceci étant dit, il y a quand même beaucoup d'informations à ingurgiter en peu de lignes pour assimiler cet univers très riche (qui mériterait peut-être plus un format plus long) et il faut s'accrocher un minimum pour garder le fil.
Mais ça ne m'a pas empêché pour autant de rentrer dans le récit et de passer un bon moment. Effectivement, tu as su t'approprier l'image et son ambiance pour en faire quelque chose de particulier et lui donner vie, à ta façon. Du très bon boulot, de ce côté-là.
Sur le style, j'aurais juste une mini-remarque : "Ce fut dès lors le fourreau qui émit un rayonnement fantomatique, d'un bleu-gris glacial."
Ici, je trouve la formulation un brin bancale, la forme passive n'étant pas forcément adéquate pour transcrire l'action présente et j'ai repéré ce genre de constructions à plusieurs reprises, qui m'ont par moments un peu sorti du truc...
Mais hormis ce léger bémol de pure forme, rien à dire : ça se lit très bien et tu colles parfaitement à l'image.
Nice work
Tak- Mélomane des Ondes Noires
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