Chez Lloyd

Une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps, en forme d'hommage à une oeuvre plutôt connue. Pas forcément aussi "abouti" que mon précédent texte pour cet atelier, mais c'était surtout un petit délire. Je me suis bien marré à l'écrire (et ceux qui n'auront pas trouvé le référence sont priés de gagner la porte, bonnet d'âne sur la calotte, non mais !).

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Jacques lorgna l'entrée du bar.
« Chez Lloyd » indiquait l'enseigne éclairée d'un néon seventies.
Il poussa le battant et pénétra dans l'établissement. S'il avait trouvé l'hôtel mortellement désert jusque-là, alors que penser du bar ? Les tables étaient aussi vides que les boxes, évoquant ces saloons de villes fantômes vus tant de fois dans les films. Un relent de mauvais jazz d'ascenseur assurait l'ambiance sonore.
Légèrement mal à l'aise, il traversa la salle jusqu'au comptoir. Personne ici non plus. Le fameux Lloyd était-il en vacances, comme une bonne moitié du personnel ?
Il se racla bruyamment la gorge.
C'est alors qu'une porte dérobée s'ouvrit sur une demoiselle, que dans d'autres circonstances il aurait pu trouver séduisante. Mais Wilema, à l'étage supérieur, trouverait sûrement quelque chose à en dire. « Oh, et puis j'ai plus l'âge pour ces bêtises » songea-t-il. « N'empêche... avec dix ou quinze ans de moins... »
La jeune femme interrompit sa rêverie :
« Monsieur, bonsoir. Puis-je vous servir quelque chose ? »
– Bonsoir. Eh bien, je vous prendrais volontiers un gin tonic aux agrumes, si vous avez cela.
– Bien sûr, répondit la barmaid avec aplomb. Mais nous sommes jeudi soir, et vous tombez pile poil pour l'happy hour. Deux shots ou cocktails pour le prix d'un !
Jacques soupira de façon théâtrale et amusée à la fois.
– Je vous remercie, mais je suis un ancien alcoolique et je suis sobre depuis deux ans, maintenant... Cela ne serait pas sage.
– En effet, lui répondit-elle dans un clin d’œil. Toutes mes excuses.
Elle lui tourna le dos quelques instants tandis qu'elle préparait son breuvage.
– Dites-moi, reprit Jacques pour meubler le silence, votre hôtel est plutôt calme en cette saison, non ? Pourtant, avec une jolie tenancière telle que vous, les clients devraient affluer.
Un rire musical répondit à sa réplique.
– Vous n'avez pas croisé nos invités « spéciaux » ? reprit-elle.
– Non, il y avait bien un cuisinier et un serveur pour me servir à manger, mais hormis vous et le réceptionniste, je n'ai pas encore croisé grand-monde... Qui sont ces invités spéciaux ?
– La saison n'est pas encore commencée, monsieur, répondit la demoiselle. Quant à nos invités... il y a une grande fête dans la salle de bal ce soir, viendrez-vous nous y rejoindre, en compagnie de votre femme ravissante ?
– Cela dépend de l'heure, mais... pourquoi pas ?
La charmante blonde se retourna et lui présenta son verre. Tout en souriant à cette dernière, il vida d'un coup la moitié. Délicieusement désaltérant. Un sourcil arqué, il goûta une nouvelle lampée, plus brève cette fois-ci.
...avec votre délicieuse femme... ?
Il était quasiment certain de ne pas en avoir fait mention. Légèrement plus inquiet d'un coup, il lança un nouveau regard circulaire.
– Dites-moi, jeune dame, cette boisson est exquise, mais il y a comme un arrière-goût étrange... fit-il, le regard inexplicablement embrumé. Comme si...
Un sourire candide illumina le visage de la barmaid, l'expression même de l'innocence.
– Oh, excusez-moi, monsieur, mais je crois avoir mélangé un peu de vodka à votre boisson. Vous savez, l'habitude...
Tandis que sa vue se troublait peu à peu, la boisson se fraya un chemin dans ses veines, rattrapant  plusieurs années de sobriété. La montée de l'alcool fut si violente qu'il en perdit l'équilibre et s'affala à terre.
– Évidemment, j'y dû y ajouter un petit "ingrédient mystère".
Et effectivement, tandis que le breuvage distillait progressivement son poison dans son organisme, il décela autre chose ; quelque chose qui tambourinait contre son cœur, le comprimait.
– ...qu'avez-vous... ?
– Le bal dont je vous ai parlé, monsieur. La seule condition pour y participer : être mort. Sinon, la fête ne serait pas aussi folle, nan ?
Alors que sa conscience s'échappait par vagues régulières, Jacques aperçut, à la lisière de son champ de vision des silhouettes venant l'encadrer.
Un homme déguisé en chien, son maître en haut de forme le tenant en laisse.
Deux jumelles au regard maléfique, la peau putréfiée.
Un autre homme au crâne fendu par une hache.
Sinistre assemblée qui lui tendait les bras, dans l'attente des festivités à venir.

Il rendit son dernier soupir, tandis que des notes lointaines de musique lui parvenaient de la salle de bal. La grande horloge sonna sur le sourire amer de Jacques Torens.
Il avait toujours su que l'alcool aurait sa peau...

Une bonne interprétation pour cet atelier
Mais je ne vois pas la référence, désolée

Bon, je n'ai pas vu l'allusion non plus, mais j'ai pas mal de lacunes culturelles.

Petit atelier plutôt sympa. Il me manque un petit quelque chose que je n'arrive pas à définir.

Par contre, filer du Gin Tonic à ancien alcoolique, je ne conseille pas. Parce que certes, il y a du tonic (ou eau tonique) dedans, mais il y a surtout du Gin (eau-de-vie aux baies de genièvre) !

Tiens, j'avais pas vu cet atelier. Et je le trouve aussi très sympa. Les dialogues pas super naturels (surtout les "cela" qui font trop littéraire) mais l'interprétation du sujet est vraiment sympa. Surtout les clins d'œil mdr (tu y es allé un peu fort, c'est plus du clin d'œil à ce stade, même si j'ai aussi pensé à L'arme fatale avec la réplique I'm too old for this shit, mais je crois pas que c'était voulu, si ? )
Je verrai d'ailleurs encore plus sympa d'y insérer d'autres références, genre il gare sa vieille Plymouth Fury devant le bar, etc.

J'ai trouvé pas mal cette version de l'histoire Tak ! Et de fait, il y a au moins deux références plus ou moins flagrantes dans ton texte, l'Arme fatale, la plus évidente mais qui n'est pas la principale,

Spoiler:

...

Bah en fait, je m'étais surtout inspiré de Shining pour cet atelier, je voulais offrir une relecture "rigolote" de la scène du bar avec le le fameux Lloyd... le reste a découlé de cette simple idée. Pour l'Arme Fatale, c'était totalement inconscient, mais ça m'étonne pas, vu que j'avais déjà inséré deux ou trois références à ce film dans un autre texte.
On se refait pas

En vous remerciant encore une fois, pour vos lectures et commentaires.

P.S: Et oui effectivement, cette histoire de gin-tonic pour un ex-alcoolique, c'était un peu débile lol des fois on écrit un peu en pilote automatique, sans prêter attention aux incohérences les plus flagrantes.
Merci à toi K², l’œil infaillible de l'écritoire !

Merci pour le sympathique déterrage d'atelier, Ella (je m'étais dit dans un premier temps "oh tiens, une nouvelle ?" avant de voir ta date d'inscription, ahah. Mais tu ne dois pas passer souvent par ici, nan ?).

Pour revenir à nos moutons : c'est pas faux.
Mais comme je le disais en préambule, c'était surtout une occasion de trousser un petit hommage à Shining. Et comment évoquer l'univers du film sans ses grandes figures horrifiques ?
Cela dit tu as raison, pour ces points-ci, mon atelier ne répond pas précisément aux consignes. Me manque plus qu'à en faire un nouveau, donc...

Ella Sunshine a écrit:M'enfin il ne répond peut être pas les consignes mais j'ai adoré ce que tu en as fait ![/color]

Désolé, oublié de te répondre, mais merci encore à toi.

Mais pourquoi ne pas nous proposer tes propres ateliers, Ella ? Avec 12 exercices et autant de thèmes différents, tu as largement de quoi

Salut Tak ça date,

Ton histoire est trash, je vois ton ancienne plume et je remarque que tes progrès sont incommensurables, rien à voir comparé à La colline.

Merci !