Enfer Nocturne

Léonox a écrit:

Sur le fond, maintenant. Si j’admets volontiers que l’intitulé du concours laisse la place à l’interprétation, je n’ai pas pour autant trouvé dans ton texte de lien direct avec le thème. Je m’explique en citant à mon tour la tagline du film de Romero, déjà mentionnée par Blahom : « Quand il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre ». Soit. Mais ce qu’on a dans ton texte, c’est la terre. Pas l’enfer. Ou, à la rigueur, un enfer personnel.

En fait, j'avais écrit :
"Il est aussi permis de se poser la question de l'adéquation au thème. D'autant plus qu'il s'agit d'une histoire de zombies et que la célèbre phrase figurant sur l'affiche du Zombie de Romero m'est revenue en mémoire : "Quand il n'y a plus de place en Enfer, les morts reviennent sur Terre.""
Autrement dit, je me demandais moi aussi si cette histoire se déroulant sur terre était en adéquation avec le sujet.
Après, on peut effectivement en revenir à la notion d'enfer personnel...

Bonjour K² !

J'ai un avis mitigé sur ce texte aussi. D'abord, je tiens à signaler que j'aime bien les zombies pensants, qu'on tente d'expliquer ce qu'il se passe dans leurs petits cerveaux, et j'étais bien contente que tu explores cette voie. Détestant le genre des zombies habituel, je suis toujours contente quand quelqu'un sort un peu des cadres pour nous proposer une autre version de ces personnages qui contiennent une puissance dramatique assez énorme ! Et de ce côté-là, banco.

Mais certains points de la réalisation ne me paraissent pas assez explorés :

-Difficultés de compréhension : "encore ?", me direz-vous, et venant de moi, ça ne manque pas de superbe !^^ Mais en fait, je n'ai pas compris si c'était bien son fils et sa femme qu'il était en train de tuer, ou s'il revivait sans cesse une scène qui s'était passé il y a longtemps, et qu'il était forcé de revivre toujours, à son corps défendant.

-Manque d'éléments contextuels : tu nous dis que c'est la première fois qu'il tue, mais moi, j'avais compris que ses "rêves" et ses "songes" étaient les souvenirs de ses nuits précédentes qu'il ne voulait pas se rappeler, parce que trop douloureux, et qu'il était toujours forcé chaque nuit de "redécouvrir la scène" qui se reproduisait à l'identique. Qu'il n'arrivait pas à prendre conscience de son état de zombie.

-Le côté "à demi-conscient, mais obligé de le faire quand-même par une puissance inconnue" donne un petite côté "malgré moi" au personnage, qu pourrait servir à le rendre attachant. Je pense que tu devrais plus travailler l'"état second " dans lequel il est, pour montrer comment et pourquoi il lui est indépassable.

-Cela nous ramène donc à des éléments de psychologie : pourquoi est-il devenu zombie ? Qu'est ce qui s'est passé ? Dans une perspective d'introspection psychologique, la raison pourrait ne pas être seulement factuelle (il a été mordu par la meute, point barre), mais plus subtile: il a tué sa femme et son fils par désespoir, ou pour toute autre raison, et le Diable l'a condamné à errer sur Terre comme une ombre, condamné à revivre cent fois son péché, et sa douleur...

Et du coup, cela te permettrait de relier directement ton texte à l'Enfer, parce qu'en l'état actuel, je suis comme Léonox, je ne vois pas trop le rapport, sauf à considérer que tout ce qui arrive de dramatique et tragique à une personne est un enfer personnel... Désolée !

Je pense que tu pourrais d'ailleurs réutiliser cette citation, que je ne connaissais pas mais que j'ai beaucoup aimé : "Quand il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre ». Car dans le fond, pourquoi le zombie revient sur Terre ? Explosion démographique et massacre à la pelle pour tenter de survivre, obligeant certains humains à trucider leurs proches ?

Et je trouve cette idée géniale que le Diable, n'ayant plus de place dans ses lieux, enverraient ses damnés foutre le bordel sur Terre, ou de toutes façons, les humains sont trop nombreux et trop égoïstes pour survivre tous...

Tu tiens là une idée !

Allez, bises
Eimelle

Merci pour ta lecture Eimelle.

C'est bien la notion d'enfer sur Terre et d'enfer personnel que j'avais envie d'explorer, comme j'en ai déjà parlé : "[L'enfer] C'est l'échec total, définitif, irrémédiable, d'une existence humaine. La conversion du damné n'est plus possible; endurci dans son péché, il est éternellement fixé dans sa peine." Je trouvais que la situation et l'enferment dans son corps et ses actes correspondait à la définition. Je ne voulais pas tomber dans une version trop classique et cliché de l'enfer, et suggérer le côté infernal plutôt que de mettre les pieds dans le plat, mais je n'y suis visiblement pas parvenu. Tant pis.

Après, j'aurais évidemment pu explorer toutes les pistes, les tenants et les aboutissants de la situation... et faire un texte, beaucoup, beaucoup plus long. Je n'en avais ni la place ni l'envie.

Je m'aperçois que l'histoire des rêves précédents ne fait pas le travail voulu. Ils embrouillent un peu trop.

Hello!
J'aime beaucoup le dernier paragraphe! Malheureusement pas trop la dernière phrase qui enfonce un peu des portes ouvertes...

Le reste du texte est plutôt classique et aurait mérité je pense un peu plus de piment avec des phases apportant une montée en puissance plus tranchée...

Un petit texte malgré tout très agréable à lire...

Merci de ta lecture, Jeff.

J'en prend bonne note !

Désolé pour les possibles répétitions, je n'ai lu que les 4-5 premiers commentaires.

A vrai dire, Paladin a mis le doigt sur un élément qui me "gênais" à mon insu. En fait, comme lui, je n'ai pas été totalement immergé dans l'histoire, alors que techniquement elle n'a rien pour me déplaire. Et je pense qu'en effet, ça vient du personnage qui est surtout là pour servir l'histoire (moi-même ai ce problème, je pense à des concepts et les personnages doivent suivre, je ne m'arrête pas assez pour que moi ou les lecteurs s'y attachent/identifient).

Ce point mis à part, j'aime bien l'approche du zombie conscient de ce qui se passe et inconscient de son état. Ca change des films de zombies en horde sans cervelle, que j'aime bien en général mais qui n'ont plus rien d'innovants il faut avouer (tellement que les histoires qui utilisent le "zombie d'origine", à base de vaudou, me paraissent plus originales alors que ça devrait être l'inverse, c'est dire). Bref, dépoussiérer les mythes ne fait pas de mal quand c'est bien fait comme ici.

Après, côté thème, je pense que, dans l'idée, on y est. On peut pas dire que l'état de ce personnage soit enviable, ni le monde dans lequel il va évoluer, surtout s'il a conscience de tout sans avoir le moindre contrôle, l'absence de contrôle étant une des peurs primaires de l'humain.
En revanche, c'est peut-être dans les faits qu'on s'en éloigne un peu : dans ce qu'on peut en lire, il n'a pas encore conscience de tout ça,. Du coup, ça atténue le côté infernal ; même si on imagine qu'il va finir par comprendre et que là, ça serait vraiment l'enfer pour lui, pour l'instant, il pense encore à un rêve, il semble assez "dépersonnalisé" comme une victime de trauma. Là encore, rien d'enviable mais j'ai dans l'idée qu'on ne peut être vraiment en enfer si on n'en a pas conscience (ce qui est un avis totalement subjectif, je l'avoue).
Bref, je vois un peu cette histoire comme une introduction à l'enfer que le perso connaîtra bientôt du coup, quand il aura "repris ses esprits" (enfer personnel pour ce qu'il a fait/fera/sera obligé de faire sans avoir le moindre contrôle, et enfer "géographique" parce que généralement, quand y a des zombies, y a une apocalypse (humaine ou biblique) pas loin).

Très bonne idée en tout cas.

Merci de ta lecture, Murphy.

Sur une version précédente, mon texte s'achevait sur la phrase "Je suis en enfer", au lieu de celle présente ici. Mais l'état réel du personnage était alors moins net. Le cumul ne fonctionnait pas. Et pour moi, ce sentiment était tellement présent qu'il n'avait pas besoin d'être explicité. (je trouvais ça un peu maladroit, d'ailleurs)

Bonjour K2,

Je viens de lire ton texte. Je te livre donc mes observations.
L'idée n'est pas mauvaise. Je ne parle pas tant de celle des Zombies que du retournement final même si celui-ci est attendu. Ce n'est pas un mal. Je veux dire : on peut parfaitement s'attendre à une chute dans une nouvelle tout en prenant plaisir à la voir arriver. Je ne sais pas si je suis très clair. Ce que j'essaie de te dire c'est que tu as su distiller certains indices dans ton texte et que, logiquement, ces indices nous orientent vers la grande révélation de ta nouvelle. OK. Mais le problème selon moi vient de la manière dont tu achèves ton texte. "Seulement... Seulement (suite de la phrase)". Je ne trouve pas la fin très percutante pour tout te dire. Pas que je raffole des twist finaux. Mais ta nouvelle ne fonctionne que sur ce twist. Du coup, on attend de voir comment tu vas gérer le truc et, lorsque cela arrive, on est un peu dépité.
Sur la forme, beaucoup d'adverbes et de répétitions. Tu répètes ainsi le mot "étrangement" à deux reprises ainsi que le mot "organique" dans un texte de moins de 5000 sec. C'est dommage parce que j'ai trouvé qu'il y avait une véritable ambiance dans ta nouvelle. Le style pâtit un peu de ces répétitions et adverbes ; style qui, un peu épuré de ces scories, serait excellent.
Enfin, je me suis posé certaines questions à le lecture de ta nouvelle.
 - Est-il pertinent d'avoir une narration à la première personne ? Je n'en suis pas certain dans la mesure où tu prêtes un discours et une pensée relativement rationnels à un type de personnage qui n'est pas supposé disposer de ce genre d'attributs. Raison pour laquelle une narration à la troisième personne aurait été plus logique ou cohérente à mon sens, même si j'en conviens aisément, moins percutante.
 - La femme découvre subitement que son mari/conjoint est un mort-vivant... Je veux dire : vraiment ? Elle ne l'a pas vu arriver ? Parce que soit la mutation est extrêmement rapide après la morsure (morsure ou autre) soit elle n'est pas très regardante sur la sécurité de son enfant. Je ne dis pas cela pour être méchant ou faire mon intéressant, mais je pense que c'est de deux choses l'une : soit tu gardes le cadre de la maison mais avec une femme et son enfant cloîtrée dans l'une des pièces pour échapper au mari, soit tu expliques que la femme a été infectée elle aussi (peut-être la première) et n'a pas grand chose à faire du devenir de son fils...
Bref, j'ai trouvé le texte assez plaisant à lire en dépit de ces observations. Je ne pense pas qu'il y ait un gros travail à faire pour le rendre vraiment très intéressant. À ce titre, et dans le genre histoires de zombies ultra-courtes, je me souviens d'un 'recueil' posté par Zaroff sur le même thème. Peut-être les retrouveras-tu dans la bibliothèque de l'Écritoire...

Merci de ta lecture, Silence.

Désolé pour les répétitions, et les adverbes surnuméraires. Je n'avais pas du tout vu le double "étrangement", mais l' "organique" m'avait titillé sans que je lui trouve de succédané convenable. Par dépit, je l'avais donc laissé.
La narration à la première personne était nécessaire pour souligner à la fois la conscience et l'impuissance du personnage. Parce qu'en fait, c'est un type qui s'endort comme chaque soir et se réveille dans la nuit, zombifié (comment, pourquoi, et ainsi de suite : on peut à peu près imaginer ce qu'on veut (virus, moustique, pollution radioactive...)), sauf qu'il ne pige pas tout de suite ce qui lui arrive. Du coup, personne n'a rien vu venir, ni lui, ni sa femme, ni son fils.

Pour la fin, je ne voulais pas faire une chute brutale, du style "mange un parpaing dans ton oeil", mais plus une remontée progressive d'angoisse, parallèle à l'appréhension de la réalité de la situation par le personnage.

Moi, j'ai bien aimé. Je suis probablement moins attentive dans mes lectures que Silence et Léonox, car je n'avais pas repéré tout ce qu'ils ont cité, du coup, je n'ai pas été gênée par ces éléments-là. J'ai trouvé ton texte plutôt fluide et agréable à lire. On ne peut pas dire que j'ai été surprise par la fin, mais j'avais survolé au début du concours les commentaires et donc je savais déjà de quoi il devait parler. Je l'ai quand même trouvé bien amené (j'ai bien aimé cette idée de la semi-conscience qui s'atténue peu à peu pour laisser place au zombie).
Pour le thème, ma foi, ça me convient. C'est vrai que ne se rendant compte qu'à la fin de ce qui lui arrive, le côté "enfer" n'est pas mis en avant, mais là-dessus je ne suis pas trop exigeante.
Le seul point qui m'a fait un peu tiquer, c'est la dernière phrase, qui est pour moi inutile. Elle enfonce un clou qui n'aurait pas besoin de l'être : on avait déjà compris la situation. C'est dommage, je trouve, car elle diminue nettement l'impact de la fin à mon sens.
Il y a peut-être une certaine distanciation vis-à-vis du personnage également, qui empêche une totale immersion dans ton texte.
Mais sinon, j'ai trouvé que c'était une bonne idée et que c'était bien amené.

Merci Amaranth !

Je viens de lire le texte, mais pas tous les commentaires car j'arrive un peu... tard. Je vais donc peut-être répéter ce que d'autres ont dit.

Je trouve le style très bon et le rythme dynamique. On se laisse prendre au récit entre rêve au début et horrible réalité à la fin. J'ai toutefois eu du mal à insérer ce récit dans le thème de l'enfer, même s'il est atroce de considérer qu'il attaque sa propre famille.

En tous cas, une bonne lecture. Merci

Merci, Mormir.

En effet, il semble que le thème ne soit pas suffisamment présent. C'est une question d'approche.