Texte à quatre mains et plus ... (exercice)

Il semblait qu'Aphrosine ait repris du poil de la bête et la statue de sel s'était peu à peu changée en eau si bien que Garounet se sentait également tout regaillardi. Il avait fait une balnéo à l'oeil en somme. Toute sa vitalité était revenue Il considéra d'un oeil haineux ce qui lui servait de soeur. Elle était repoussante. Tout son être refoulait une odeur pestilentielle, celle des bébés indigestes avalés gloutonnement dont certains étaient encore vivants dans le ventre énorme de l'ogresse. En silence, dans une sorte de frénésie contenue, ils se mesuraient en silence, prêts à en découdre jusqu'à la mort.

Aphrosine avait un avantage indéniable sur Garounet, elle avait conservé et même amélioré toutes ses capacités de réflexion contrairement à son frère qui s'était adonné sans compter à l'hédonisme et à la paresse jusqu'à l'abrutissement. Un affrontement entre les deux n'avait qu'une seule issue : une défaite sans appel de Garounet. Au moins était-il conscient de cela, il retourna précipitamment dans sa chambre sous les quolibets affectueux de sa soeur :
- Lâche ! Vieille viande faisandée ! Ectoplasme de pacotille ! Tu n'es qu'une merde face à moi !
Elle se jeta contre la porte pour la tester, mais celle-ci était déjà bien refermée. Son frère à nouveau prisonnier mais en sécurité dans sa pièce.

Toujours est-il que Garounet cogitait à mort pour avoir enfin la paix. Sa soeur ne lui laissait aucun répit et plus le temps passait, plus il sentait monter en lui la haine ordinaire, celle des gens qui ne peuvent aller jusqu'au bout de leurs fantasmes. Dès lors il imagina autant de fins terribles qu'en contenait le grand livre d'histoires. Il battit en retraite, aménagea des souterrains comparables aux tranchées enfouies sous terre, il vécut des aventures extraordinaires, et perdit de vue celle qu'il détestait le plus.