Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: N°4 : Vieux !
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Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Bonjour,
Voici ma nouvelle pour ce concours, fort imparfaite sans doute. Je préviens que j'ai privilégié un style fort classique et un rythme lent. Ce n'est donc pas exactement un thriller...
Cela dit, j'espère que ce récit vous plaira. Bonne lecture !
Voici ma nouvelle pour ce concours, fort imparfaite sans doute. Je préviens que j'ai privilégié un style fort classique et un rythme lent. Ce n'est donc pas exactement un thriller...
Cela dit, j'espère que ce récit vous plaira. Bonne lecture !
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Une nouvelle à l'atmosphère classique qui se révèle pleine de charme et prenante. J'ai pensé à des auteurs belges comme Jean Ray ou Thomas Owen, en moins sombre, certes.
Un texte attachant, vraiment...
Un texte attachant, vraiment...
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Merci pour ce beau compliment. J'avoue avoir ici particulièrement joué la « carte de l'école belge du fantastique »...
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Une atmosphère feutrée, un fantastique tout en nuance et subtilité, bien servi par une écriture précise, presque précieuse, à la désuétude insidieusement envoûtante, difficile de rester insensible à ce bel hommage aux littératures de l'imaginaire.
Au travers d'une histoire simple mais non dénuée d'originalité, on perçoit une érudition tranquille et toute la tendresse respectueuse de l'auteur pour les vieilles plumes dont les oeuvres fragiles ne sont plus vénérées que par quelques fidèles dans ces temples surannés et poussiéreux qu'on nomme bibliothèques.
Joli travail, Similien, la nostalgie te va bien.
Une petite faute dans la deuxième phrase au tout début : "Le sol y est constitué de carreaux... lesquelles..." Soit "lesquels", soit "dalles" à la place de "carreaux".
Autre léger défaut : ce n'est qu'à la page 6 que j'ai réalisé que les quelques fautes de genre que j'avais relevées n'en étaient pas et que le narrateur était en fait une narratrice. Glisser le prénom "Audrey" au début dissiperait toute confusion.
Pas de quoi fouetter un chat... ou un hibou.
Au plaisir...
Au travers d'une histoire simple mais non dénuée d'originalité, on perçoit une érudition tranquille et toute la tendresse respectueuse de l'auteur pour les vieilles plumes dont les oeuvres fragiles ne sont plus vénérées que par quelques fidèles dans ces temples surannés et poussiéreux qu'on nomme bibliothèques.
Joli travail, Similien, la nostalgie te va bien.
Une petite faute dans la deuxième phrase au tout début : "Le sol y est constitué de carreaux... lesquelles..." Soit "lesquels", soit "dalles" à la place de "carreaux".
Autre léger défaut : ce n'est qu'à la page 6 que j'ai réalisé que les quelques fautes de genre que j'avais relevées n'en étaient pas et que le narrateur était en fait une narratrice. Glisser le prénom "Audrey" au début dissiperait toute confusion.
Pas de quoi fouetter un chat... ou un hibou.
Au plaisir...
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Pour avoir privilégié style classique et rythme lent, c'est réussi. Ne saurais-je que tu es Belge, ce texte me l'aurait fait comprendre.
Techniquement, pas grand chose à redire. Mais l'histoire en elle-même ne m'a pas emballé. C'est par goût personnel, pas de panique. Je trouve que le long discours d'explications et d'aveu du Hibou fait un peu trop "pavé", genre l'auteur ne sait plus trop comment finir son histoire et nous pose tout en tas sur la table et démerdez-vous.
Tu nous peins un joli tableau depuis le début, tu nous mets dans l'ambiance pendant cinq ou six pages, et après nous avoir expliqué que le Hibou est un sorcier, et l'original système de sources de pouvoir (sorcier de sang, sorcier de terre, sorcier du bordel, tout ça), tu nous lâches d'un coup. Or, pour moi, c'est là que l'histoire commence vraiment. Le décor était planté, les personnages identifiés, c'était là qu'il fallait faire un truc, et non, je sais pas quoi. Mais j'aurais au moins aimé savoir ce que faisait le Hibou avec sa magie, ce à quoi elle lui servait. Et non, juste pour changer de fauteuil ne me satisfait pas.
Ne prends pas ombrage de mes critiques, qui sont surtout subjectives. Il y a bien quelque chose dans ton histoire, c'est le plus important. Je ne suis qu'un barbare...
Techniquement, pas grand chose à redire. Mais l'histoire en elle-même ne m'a pas emballé. C'est par goût personnel, pas de panique. Je trouve que le long discours d'explications et d'aveu du Hibou fait un peu trop "pavé", genre l'auteur ne sait plus trop comment finir son histoire et nous pose tout en tas sur la table et démerdez-vous.
Tu nous peins un joli tableau depuis le début, tu nous mets dans l'ambiance pendant cinq ou six pages, et après nous avoir expliqué que le Hibou est un sorcier, et l'original système de sources de pouvoir (sorcier de sang, sorcier de terre, sorcier du bordel, tout ça), tu nous lâches d'un coup. Or, pour moi, c'est là que l'histoire commence vraiment. Le décor était planté, les personnages identifiés, c'était là qu'il fallait faire un truc, et non, je sais pas quoi. Mais j'aurais au moins aimé savoir ce que faisait le Hibou avec sa magie, ce à quoi elle lui servait. Et non, juste pour changer de fauteuil ne me satisfait pas.
Ne prends pas ombrage de mes critiques, qui sont surtout subjectives. Il y a bien quelque chose dans ton histoire, c'est le plus important. Je ne suis qu'un barbare...
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Pas bête, l'idée de Didier, Similien. Les aventures d'Audrey et du Hibou. Trois ou quatre nouvelles en guise de suites et tu tiens un roman. (Et tu pourrais brûler au passage du Sollers ou du Werber en sacrifice...)
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Depuis tout gamin, je suis un addict de l'École Belge de l'Épouvante, à travers Jean Ray ou Thomas Owen. J'ai eu l'impression de retrouver une atmosphère teintée de mélancolie en parcourant ce récit soigné et intelligent, à la manière d'un Ghelderode.
J'ai toujours su que la Belgique était un formidable vivier de génies et tu rends honneur à tous ces illustres auteurs. Bravo à toi.
J'ai toujours su que la Belgique était un formidable vivier de génies et tu rends honneur à tous ces illustres auteurs. Bravo à toi.
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Grand merci à vous trois pour vos très positifs commentaires. Les lire m'a fait fort plaisir...
Ta comparaison avec Ghelderode me flatte, Zaroff, car c'est un auteur que j'aime particulièrement. Il a d'ailleurs sa place dans ma nouvelle, explicitement dans le "panthéon littéraire" cité et implicitement via la mention de Rhotomago. Même chose pour Ray qu'évoquait Blahom, dont j'ai épinglé le personnage d'Ebenezer Doove... Pour ce qui est de Owen, déjà cité deux fois dans ce fil, j'avoue le connaître moins bien. D'ailleurs, j'ai acheté (et commencé à lire) pas plus tard que hier son Cérémonial nocturne pour y remédier. À force de vous lire en dire du bien...
Je comprends parfaitement tes critiques, Didier, et m'y attendais en fait. Je trouve moi aussi que c'est une histoire qui "ne va nulle part". Elle repose trop sur le portrait du Hibou et manque de ressorts narratifs. La raison en est que j'ai saisi dans ce concours l'occasion de travailler ce personnage, qui existait en quelque sorte déjà avant cette nouvelle. Le Hibou est l'un des protagonistes d'une série de longues nouvelles sur lesquelles je travaille depuis quelques mois (en cela, Jack voit juste : des personnages ainsi posés appellent un texte plus long ; cependant, Audrey n'y sera a priori pas présente : elle, je l'ai imaginée uniquement pour le concours). Dans celles-là, il est un vieil universitaire, bien plus loufoque. J'avais envie de le reprendre à zéro sur une nouvelle base pour voir ce qu'il est possible de faire avec lui, mieux percevoir ses possibilités et aussi les augmenter.
Pour ce qui est de son long monologue, je me suis effectivement dit qu'il pouvait être un peu lourd. Cependant, il m'a semble que séparer toutes ces explications en des tirades de dialogue serait encore plus ennuyant à lire et qu'il valait mieux tout lier, afin de faciliter la compréhension de ce morceau un peu pédant par moments. J'ai donc fait ce choix en connaissance de cause, mais suis bien sûr conscient que cette solution n'est pas optimale.
Pour ce qui est de la chute avec le fauteuil, j'avoue qu'elle est un peu faiblarde. Sans doute cela rompt avec le sérieux qu'a jusque là ce personnage. C'est par manque d'idées que je l'ai écrite ; j'ai eu celle-là et, ne voyant pas vraiment ce que Le Hibou aurait pu désirer d'autre, je me suis dit : "Bah, cela fera l'affaire". J'espérais sans doute que personne ne remarquerait cette reddition à ma fainéantise : c'est raté.
Jack, merci de me signaler cette erreur (damned ! et moi qui, me relisant, espérais un sans faute...). Pour ce qui est du sexe du narrateur, je me suis dit que, ayant déjà tant mis en scène des garçons (logiquement car, lorsqu'on emploie un "narrateur naïf" comme celui-là, on est tenté de le baser sur soi-même), Audrey est un bon choix. Il est vrai que cela peut étonner si on ne s'y attend pas. Si j'ai l'occasion de corriger cette nouvelle, je placerai son prénom dans la tirade du Hibou à propos du chat.
Quant à brûler du Sollers ou du Werber, ce n'est pas ainsi que cela fonctionne : il faut sacrifier ce à quoi l'on accorde une grande valeur. Cela dit, j'avoue qu'il y a des livres que, même de façon fictive, je ne saurais brûler. Je ferais un bien piètre mage de papier...
Ta comparaison avec Ghelderode me flatte, Zaroff, car c'est un auteur que j'aime particulièrement. Il a d'ailleurs sa place dans ma nouvelle, explicitement dans le "panthéon littéraire" cité et implicitement via la mention de Rhotomago. Même chose pour Ray qu'évoquait Blahom, dont j'ai épinglé le personnage d'Ebenezer Doove... Pour ce qui est de Owen, déjà cité deux fois dans ce fil, j'avoue le connaître moins bien. D'ailleurs, j'ai acheté (et commencé à lire) pas plus tard que hier son Cérémonial nocturne pour y remédier. À force de vous lire en dire du bien...
Je comprends parfaitement tes critiques, Didier, et m'y attendais en fait. Je trouve moi aussi que c'est une histoire qui "ne va nulle part". Elle repose trop sur le portrait du Hibou et manque de ressorts narratifs. La raison en est que j'ai saisi dans ce concours l'occasion de travailler ce personnage, qui existait en quelque sorte déjà avant cette nouvelle. Le Hibou est l'un des protagonistes d'une série de longues nouvelles sur lesquelles je travaille depuis quelques mois (en cela, Jack voit juste : des personnages ainsi posés appellent un texte plus long ; cependant, Audrey n'y sera a priori pas présente : elle, je l'ai imaginée uniquement pour le concours). Dans celles-là, il est un vieil universitaire, bien plus loufoque. J'avais envie de le reprendre à zéro sur une nouvelle base pour voir ce qu'il est possible de faire avec lui, mieux percevoir ses possibilités et aussi les augmenter.
Pour ce qui est de son long monologue, je me suis effectivement dit qu'il pouvait être un peu lourd. Cependant, il m'a semble que séparer toutes ces explications en des tirades de dialogue serait encore plus ennuyant à lire et qu'il valait mieux tout lier, afin de faciliter la compréhension de ce morceau un peu pédant par moments. J'ai donc fait ce choix en connaissance de cause, mais suis bien sûr conscient que cette solution n'est pas optimale.
Pour ce qui est de la chute avec le fauteuil, j'avoue qu'elle est un peu faiblarde. Sans doute cela rompt avec le sérieux qu'a jusque là ce personnage. C'est par manque d'idées que je l'ai écrite ; j'ai eu celle-là et, ne voyant pas vraiment ce que Le Hibou aurait pu désirer d'autre, je me suis dit : "Bah, cela fera l'affaire". J'espérais sans doute que personne ne remarquerait cette reddition à ma fainéantise : c'est raté.
Jack, merci de me signaler cette erreur (damned ! et moi qui, me relisant, espérais un sans faute...). Pour ce qui est du sexe du narrateur, je me suis dit que, ayant déjà tant mis en scène des garçons (logiquement car, lorsqu'on emploie un "narrateur naïf" comme celui-là, on est tenté de le baser sur soi-même), Audrey est un bon choix. Il est vrai que cela peut étonner si on ne s'y attend pas. Si j'ai l'occasion de corriger cette nouvelle, je placerai son prénom dans la tirade du Hibou à propos du chat.
Quant à brûler du Sollers ou du Werber, ce n'est pas ainsi que cela fonctionne : il faut sacrifier ce à quoi l'on accorde une grande valeur. Cela dit, j'avoue qu'il y a des livres que, même de façon fictive, je ne saurais brûler. Je ferais un bien piètre mage de papier...
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Je sais bien j'ai le même handicap.
Au fait, on prononce "Gelderode" ou "Guelderode" ? Je n'ai jamais pu savoir, même auprès de Belges.
Et connais-tu "Le Siège d'Ostende" du susdit ? Une pièce de jeunesse hénaurme et injouable aussi déjantée que du Jarry.
Mais je blague, je blague... et la soupe est servie.
A plus.
Au fait, on prononce "Gelderode" ou "Guelderode" ? Je n'ai jamais pu savoir, même auprès de Belges.
Et connais-tu "Le Siège d'Ostende" du susdit ? Une pièce de jeunesse hénaurme et injouable aussi déjantée que du Jarry.
Mais je blague, je blague... et la soupe est servie.
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Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
J'ai aussi repéré une faute : sceau de charbon au lieu de seau.
Concernant Ghelderode, j'ai une passion infinie pour ses "Sortilèges et autres contes crépusculaires."
Concernant Ghelderode, j'ai une passion infinie pour ses "Sortilèges et autres contes crépusculaires."
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Damned, une seconde !
Pour répondre à ta question, Jack, je l'ai toujours entendu prononcé "Guelderode" qui est, si je ne m'abuse, la prononciation française coutumière de ce nom. En revanche, si l'on veut creuser plus loin la chose... Ce pseudonyme est dérivé de "Gelrode", qui est le nom d'un ancien village (aujourd'hui intégré à la ville d'Aarschot) flamand. Or, en néerlandais, le 'g' dans cette position se trouve généralement prononcé sous la forme d'une consonne fricative vélaire voisée ([ɣ] en alphabet phonétique international). Ce son n'existe pas en français et ne ressemble ni exactement au 'j', ni au 'gu'. Tu peux l'écouter par exemple dans le mot "geel" ("jaune", en néerlandais) sur le Wiktionnaire.
Mais il faut aussi savoir que le néerlandais est une langue possédant de très nombreux et différents accents régionaux, donc mon explication ne nous avance pas à grand-chose, surtout parce que Gelrode est un nom ancien (Ghelderode l'avait découvert dans un vieil almanach populaire) dont la prononciation provient donc sans doute d'un patois ayant disparu ou évolué lors de la normalisation de cette langue. Bref, je crois qu'il vaut mieux en rester à "Guelderode", c'est sûrement plus simple.
Ouf ! Qui a dit qu'étudier la linguistique ne servait jamais à rien ?
Tant qu'on parle de son nom, savais-tu qu'en se présentant, tout jeune adulte, à son premier cénacle artistique, Ghelderode s'était lui-même nommé "Adolphe Adémar Martens, comte von Lauterbach" (la première partie de ce pseudonyme est dérivée de son nom de naissance, la seconde est une pure fiction) ? C'est le genre de détails qui rend cet auteur spécialement sympathique à mes yeux...
Pour ce qui est du Siège d'Ostende, je ne l'ai pas lu, non. Mais je découvre sur Wikipédia que c'est une pièce de marionnettes (le fait qu'il a écrit pour ce théâtre est à mes yeux une autre chose qui le rend sympathique) ; il est dommage que celles-là aient pratiquement disparu, cela me plairait de voir ses œuvres ainsi mises en scène. En revanche, je connais bien sûr son recueil Sortilèges et rejoins l'avis de Zaroff : c'est un pur chef-d'œuvre.
Pour répondre à ta question, Jack, je l'ai toujours entendu prononcé "Guelderode" qui est, si je ne m'abuse, la prononciation française coutumière de ce nom. En revanche, si l'on veut creuser plus loin la chose... Ce pseudonyme est dérivé de "Gelrode", qui est le nom d'un ancien village (aujourd'hui intégré à la ville d'Aarschot) flamand. Or, en néerlandais, le 'g' dans cette position se trouve généralement prononcé sous la forme d'une consonne fricative vélaire voisée ([ɣ] en alphabet phonétique international). Ce son n'existe pas en français et ne ressemble ni exactement au 'j', ni au 'gu'. Tu peux l'écouter par exemple dans le mot "geel" ("jaune", en néerlandais) sur le Wiktionnaire.
Mais il faut aussi savoir que le néerlandais est une langue possédant de très nombreux et différents accents régionaux, donc mon explication ne nous avance pas à grand-chose, surtout parce que Gelrode est un nom ancien (Ghelderode l'avait découvert dans un vieil almanach populaire) dont la prononciation provient donc sans doute d'un patois ayant disparu ou évolué lors de la normalisation de cette langue. Bref, je crois qu'il vaut mieux en rester à "Guelderode", c'est sûrement plus simple.
Ouf ! Qui a dit qu'étudier la linguistique ne servait jamais à rien ?
Tant qu'on parle de son nom, savais-tu qu'en se présentant, tout jeune adulte, à son premier cénacle artistique, Ghelderode s'était lui-même nommé "Adolphe Adémar Martens, comte von Lauterbach" (la première partie de ce pseudonyme est dérivée de son nom de naissance, la seconde est une pure fiction) ? C'est le genre de détails qui rend cet auteur spécialement sympathique à mes yeux...
Pour ce qui est du Siège d'Ostende, je ne l'ai pas lu, non. Mais je découvre sur Wikipédia que c'est une pièce de marionnettes (le fait qu'il a écrit pour ce théâtre est à mes yeux une autre chose qui le rend sympathique) ; il est dommage que celles-là aient pratiquement disparu, cela me plairait de voir ses œuvres ainsi mises en scène. En revanche, je connais bien sûr son recueil Sortilèges et rejoins l'avis de Zaroff : c'est un pur chef-d'œuvre.
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Tu sais que tu es assez intimidant quand tu développes des réponses aussi fouillées que celle qui précède. Intimidant, mais passionnant ! comme aurait dit M. Wens. Et je te remercie infiniment de t'être donné cette peine. Je ne saurais dire si la linguistique a une "utilité", mais il me semble patent que ceux qui s'y adonnent appartiennent tous au docte et fort respectable club des gardiens de la mémoire.
Ce qu'il y a de frustrant à propos de Ghelderode, c'est qu'en dehors de "Sortilèges...", on ne trouve rien à lire de son oeuvre, comme un trésor dispersé encore à découvrir. Il a fallu une réédition providentielle en 1980 de "Siège d'Ostende" pour que j'en découvre par hasard un exemplaire, et encore, cette pièce truculente fait-elle plutôt figure d'échantillon marginal.
Même le plus obscur des auteurs de province a un "Cercle d'Amis" qui s'attache à faire découvrir son oeuvre. Si Ghelderode en a un en Belgique, le moins qu'on puisse dire est qu'il demeure des plus discrets et inefficaces. Et c'est bien regrettable.
Encore merci pour m'avoir fait profiter de tes lumières.
P-S : Au sujet du Hibou (c'est une idée en l'air), imagine qu'Audrey tombe sur un phénomène déconcertant (un bonhomme avec un foulard rouge qui apparaîtrait et disparaîtrait de façon incompréhensible dans les endroits les plus saugrenus, par ex.), à qui s'en ouvrirait-elle sinon à son vieil ami ? Et quelle serait la réaction de ce dernier ? Suppose qu'il pâlisse... (à suivre ?)
Ce qu'il y a de frustrant à propos de Ghelderode, c'est qu'en dehors de "Sortilèges...", on ne trouve rien à lire de son oeuvre, comme un trésor dispersé encore à découvrir. Il a fallu une réédition providentielle en 1980 de "Siège d'Ostende" pour que j'en découvre par hasard un exemplaire, et encore, cette pièce truculente fait-elle plutôt figure d'échantillon marginal.
Même le plus obscur des auteurs de province a un "Cercle d'Amis" qui s'attache à faire découvrir son oeuvre. Si Ghelderode en a un en Belgique, le moins qu'on puisse dire est qu'il demeure des plus discrets et inefficaces. Et c'est bien regrettable.
Encore merci pour m'avoir fait profiter de tes lumières.
P-S : Au sujet du Hibou (c'est une idée en l'air), imagine qu'Audrey tombe sur un phénomène déconcertant (un bonhomme avec un foulard rouge qui apparaîtrait et disparaîtrait de façon incompréhensible dans les endroits les plus saugrenus, par ex.), à qui s'en ouvrirait-elle sinon à son vieil ami ? Et quelle serait la réaction de ce dernier ? Suppose qu'il pâlisse... (à suivre ?)
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Bof, en qui concerne Ghelderode, je triche : je lui ai consacré l'année dernière un travail écrit pour un cours et ai donc passé quelques heures en bibliothèque, le nez dans des biographies. Et pour ce qui est de la linguistique, ce n'est en fait vraiment pas ma tasse de thé ; il me reste quelques notions par-ci, par-là mais j'ai oublié le plus gros de ce que j'ai péniblement appris (il en va de même, à ma grande honte, pour mon néerlandais que je maîtrise de moins en moins faute de le pratiquer). Cela dit, je reconnais que je peux, à l'instar du Hibou, parfois me montrer moi aussi un peu pédant.
Je partage ta frustration de voir les œuvres de cet auteur aujourd'hui si peu disponibles. Je crois savoir qu'il existe une fondation qui lui est consacrée, mais il me semble que le pauvre Ghelderode a le malheur de conjuguer certains traits le rendant peu accessible au grand public. Premièrement, une belle part de son œuvre appartient à ce qu'on appelle souvent le "réalisme magique" qui est un genre assez intellectuel, nettement moins populaire que le fantastique et plus guère à la mode (à cet égard, je serais tenté de le rapprocher d'un auteur comme Julien Gracq qui partage à certains égards son style, ainsi que sa mauvaise fortune : il obtient le prix Goncourt — qu'il refuse — en 1951 pour Le Rivage des Syrtes, mais est aujourd'hui oublié d'à peu près tout le monde). Deuxièmement, Ghelderode a beaucoup écrit pour le théâtre. Or, à l'ère actuelle des "créateurs de plateaux" où le même artiste écrit le texte et le met en scène, l'œuvre des dramaturges d'hier (quand elle n'est pas intégrée au répertoire dit classique) est souvent boudée. Troisièmement, par ses origines belges, il partage le sort de beaucoup d'auteurs de culture flamande mais d'expression francophone : étant donné le drame linguistique qu'on connait aujourd'hui, chacun les néglige car il souhaite concentrer son attention sur ceux qu'il estime absurdement appartenir à "son" patrimoine. Enfin... c'est mon point de vue de belgicain aigri ; il s'en trouvera sans doute pour le contester, peut-être à raison.
Sinon, peut-être ses œuvres seront davantage disponibles (au moins de façon numérisée) lorsqu'elles tomberont dans le domaine public. Ce n'est pas pour tout de suite, bien sûr, mais l'on peut espérer ainsi un renouveau d'intérêt à son égard...
Par rapport à ton post-scriptum, figure-toi que ce rôle de confident/mentor est précisément celui que joue le Hibou dans son autre version, où il vient régulièrement en aide à mon anti-héros, un jeune type complètement inculte, assez différent d'Audrey.
Cela dit, je retiens ton idée du bonhomme au foulard rouge. Il m'évoque les Redcaps, ces gobelins écossais, et cela m'inspire. Il y aurait même moyen de traiter cette idée d'une façon plus locale, car je me souviens d'un croquemitaine wallon aujourd'hui presque oublié qu'on appelait l'homme aux dents rouges (une sorte d'équivalent de la sorcière Jenny Greenteeth du folklore anglais). Cela pourrait parfaitement faire la base d'une bonne nouvelle... Donc merci.
Je partage ta frustration de voir les œuvres de cet auteur aujourd'hui si peu disponibles. Je crois savoir qu'il existe une fondation qui lui est consacrée, mais il me semble que le pauvre Ghelderode a le malheur de conjuguer certains traits le rendant peu accessible au grand public. Premièrement, une belle part de son œuvre appartient à ce qu'on appelle souvent le "réalisme magique" qui est un genre assez intellectuel, nettement moins populaire que le fantastique et plus guère à la mode (à cet égard, je serais tenté de le rapprocher d'un auteur comme Julien Gracq qui partage à certains égards son style, ainsi que sa mauvaise fortune : il obtient le prix Goncourt — qu'il refuse — en 1951 pour Le Rivage des Syrtes, mais est aujourd'hui oublié d'à peu près tout le monde). Deuxièmement, Ghelderode a beaucoup écrit pour le théâtre. Or, à l'ère actuelle des "créateurs de plateaux" où le même artiste écrit le texte et le met en scène, l'œuvre des dramaturges d'hier (quand elle n'est pas intégrée au répertoire dit classique) est souvent boudée. Troisièmement, par ses origines belges, il partage le sort de beaucoup d'auteurs de culture flamande mais d'expression francophone : étant donné le drame linguistique qu'on connait aujourd'hui, chacun les néglige car il souhaite concentrer son attention sur ceux qu'il estime absurdement appartenir à "son" patrimoine. Enfin... c'est mon point de vue de belgicain aigri ; il s'en trouvera sans doute pour le contester, peut-être à raison.
Sinon, peut-être ses œuvres seront davantage disponibles (au moins de façon numérisée) lorsqu'elles tomberont dans le domaine public. Ce n'est pas pour tout de suite, bien sûr, mais l'on peut espérer ainsi un renouveau d'intérêt à son égard...
Par rapport à ton post-scriptum, figure-toi que ce rôle de confident/mentor est précisément celui que joue le Hibou dans son autre version, où il vient régulièrement en aide à mon anti-héros, un jeune type complètement inculte, assez différent d'Audrey.
Cela dit, je retiens ton idée du bonhomme au foulard rouge. Il m'évoque les Redcaps, ces gobelins écossais, et cela m'inspire. Il y aurait même moyen de traiter cette idée d'une façon plus locale, car je me souviens d'un croquemitaine wallon aujourd'hui presque oublié qu'on appelait l'homme aux dents rouges (une sorte d'équivalent de la sorcière Jenny Greenteeth du folklore anglais). Cela pourrait parfaitement faire la base d'une bonne nouvelle... Donc merci.
Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Si je comprends bien, Ghelderode souffre d'appartenir à cette catégorie d'auteurs maudits dont l'oeuvre ne rentre dans aucun moule pré-établi, un poète inclassable auquel on fait payer à retardement son indépendance d'esprit et son dédain des modes.
Un bonhomme d'autant plus sympathique et qui finira fatalement par avoir sa revanche un jour ou l'autre.
Autre chose : attention avec "l'homme au foulard rouge", ce n'est pas une idée à moi, juste un clin d'oeil. C'est Jean Ray qui en parle dans la préface du "Livre des Fantômes" comme de son fantôme personnel, un personnage qu'il aurait croisé à différentes étapes de sa vie... Ceci dit, rien ne t'empêche de l'affubler d'une lavallière fluo ou d'un chapeau jaune (pas vert, cela a déjà été pris aussi, par Roland Wagner). Mais ton croquemitaine au dents rouges est à retenir à mon avis. Il m'en rappelle un autre du folklore britannique : Jack Talons-de-ressort.
C'est un régal d'échanger des vues avec toi. Merci.
Un bonhomme d'autant plus sympathique et qui finira fatalement par avoir sa revanche un jour ou l'autre.
Autre chose : attention avec "l'homme au foulard rouge", ce n'est pas une idée à moi, juste un clin d'oeil. C'est Jean Ray qui en parle dans la préface du "Livre des Fantômes" comme de son fantôme personnel, un personnage qu'il aurait croisé à différentes étapes de sa vie... Ceci dit, rien ne t'empêche de l'affubler d'une lavallière fluo ou d'un chapeau jaune (pas vert, cela a déjà été pris aussi, par Roland Wagner). Mais ton croquemitaine au dents rouges est à retenir à mon avis. Il m'en rappelle un autre du folklore britannique : Jack Talons-de-ressort.
C'est un régal d'échanger des vues avec toi. Merci.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Le Vieux Bibliothécaire, ou La Magie du papier
Je viens de lire ta nouvelle et ne sais qu'ajouter aux propos de mes foutus illustres prédecesseurs. Je reste ébahi par la beauté de ton écriture : là on est vraiment dans l'art !!!
Je comprends tes postulats de départ sur ce texte et le rendu est exactement à la mesure de ce que tu souhaitais amener. Mais j'aurais personnellement aimé un peu d'action. Et savoir pourquoi Audrey pourrait devenir une sorcière elle aussi.
Entends-tu, mon ami, la foule scander : " La suite ! La suite ! " ?
En tous cas, c'est un texte dans lequel je me suis trouvé aspiré.
Merci pour cette expérience !
Je comprends tes postulats de départ sur ce texte et le rendu est exactement à la mesure de ce que tu souhaitais amener. Mais j'aurais personnellement aimé un peu d'action. Et savoir pourquoi Audrey pourrait devenir une sorcière elle aussi.
Entends-tu, mon ami, la foule scander : " La suite ! La suite ! " ?
En tous cas, c'est un texte dans lequel je me suis trouvé aspiré.
Merci pour cette expérience !
mormir- — Arpenteur des mondes — Disciple de l'arbre noir
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