Dors en paix, vieux Ness
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: N°3 : Légendes urbaines
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Re: Dors en paix, vieux Ness
Jack-the-rimeur a écrit:Que répondre à Doumé ?
"Combien j'eusse préféré que nous fussions d'accord" : ben oui, j'aime bien les auxiliaires.
Je pense qu'il faut distinguer deux aspects dans ta remarque :
1/ Eviter les répétitions d'auxiliaires phonétiquement semblables ? Évidemment, comme pour les redites, je ne peux qu'approuver.
2/ Faire la chasse systématique aux auxiliaires pour se plier à des canons esthétiques qui n'ont rien d'absolu ? Là, oui, je suis beaucoup plus réticent.
Je n'ai pas dit qu'il fallait leur faire la chasse, Jack, mais mettre juste ce qu'il faut. Dosage, toujours dosage !
On a déjà évacué, au nom de l'efficacité, la plupart des temps passés du subjonctif (que maîtrisaient pourtant les grands anciens dont tu parles), je crains que faire de même avec les auxiliaires ne revienne à appauvrir encore une langue qui n'a pas besoin de ça - pardon, de cela :
"Trop destroy ! Que c'est grâce au staff et à mon coach qui m'ont boosté si j'ai gagné la battle de The Voice !" Franchement, il y a d'autres priorités, non ?
Lisons cette merveille, pour nous mettre d'accord :
La marque de la description homérique, c'est la sobriété dans le détail, le trait matériel dessiné, appuyé, toujours réaliste. Homère n'est pas un réaliste d'intention. Il est réaliste parce qu'il est observateur impitoyable, et qu'il voit par îa matérialité les hommes et les choses. L'aspect physique le préoccupe constamment. C'est son génie. L'Iliade est une série de carnages. Homère ne recule devant aucun détail. Il nous précise les moindres blessures :
Il le frappa sous le sourcil, au fond de l'œil, d'où la pupille fut arrachée. Et la lance, traversant l'œil, passa derrière la tête, et Ilioneus, les mains étendues, tomba. Puis, Pénéléôs, tirant de la gaine son épée aiguë, coupa la tête, qui roula sur la terre avec le casque, la forte lance encore fixée dans l'œil .
Et ailleurs :
Et Harpagon, évitant la mort, se réfugia dans la foule de ses compagnons, regardant de tous côtés pour ne pas être frappé de l'airain. Et, comme il fuyait, Mèrionès lui lança une flèche d'airain, et il le perça à la cuisse droite, et la flèche pénétra, sous l'os, jusque dans la vessie. Et il tomba entre les bras de ses chers compagnons, rendant l'âme. Il gisait comme un ver sur la terre, et son sang noir coulait, baignant la terre.
Homère se complaît à rendre l'attitude humaine exactement prise sur le vif :
Comme Adamas fuyait la mort dans les rangs de ses compagnons, Mèrionès, le poursuivant, le perça entre le bas-ventre et le nombril, là où une plaie est mortelle pour les hommes lamentables. C'est là qu'il enfonça sa lance, et Adamas tomba palpitant sous le coup, comme un taureau dompté par la force des liens, que des bouviers ont mené sur les montagnes Ainsi Adamas blessé palpita, mais peu de temps, car le héros Mèrionès arracha la lance de la plaie, et les ténèbres se répandirent sur les yeux du Troyen.
Parfois le tableau est un pur bas-relief où tout est en saillie. Le moindre geste du mécanisme humain est noté, qu'on me passe le mot, photographiquement :
Et il frappa d'abord Pronoos, de sa pique éclatante, dans la poitrine découverte par le bouclier. Et les forces du Troyen furent rompues, et il retentit en tombant. Et il attaqua Thestôr, fils d'Enops. Et Thestôr était affaissé sur le siège du char, l'esprit troublé ; et les rênes lui étaient tombées des mains. Patroklos le frappa de sa lance à la joue droite, et l'airain passa à travers les dents, et comme il le ramenait, il arracha l'homme du char. Ainsi un homme, assis au faîte d'un haut rocher qui avance, à l'aide de l'hameçon brillant et de la ligne, attire un grand poisson hors de la mer. Ainsi Patroklos enleva du char, à l'aide de sa lance éclatante, Thestôr, la bouche béante : et celui-ci, en tombant, rendit l'âme. Puis il frappa d'une pierre dans la tête Eryalos, qui s'élançait, et dont la tête s'ouvrit en deux, sous le casque solide, et qui tomba et rendit l'âme, enveloppé par la mort.
Homère parle quelque part d'un homme qui reçoit par derrière un coup mortel et qui tombe sur ses genoux en beuglant comme un taureau. Un autre a le ventre ouvert, et tombe en saisissant ses entrailles à pleines mains. D'un autre, il dit :
Il frappa du fouet éclatant les chevaux aux belles crinières ; et, sous le fouet, ceux-ci entraînèrent rapidement le char entre les Troyens et les Akhaiens, écrasant, les cadavres et les armes. Et les jantes et les moyeux des roues étaient aspergés du sang qui jaillissait sous les sabots des chevaux.
Ce réalisme, que n'a pas su imiter Fénelon, mais dont Chateaubriand a en partie hérité et que Flaubert a exagéré dans Salammbô, ce réalisme qui n'est que le don de voir et de peindre, ne quitte jamais Homère. Il est partout fidèle à ce procédé matériel, dans les descriptions et dans les comparaisons. Le sens qu'Homère avait de la nature et de la vie physique atteint des largeurs de peinture admirables :
La mer inondait la plage jusqu'aux tentes et aux nefs, et les deux peuples se heurtaient avec une grande clameur ; mais ni l'eau de la mer qui roule sur le rivage, poussée par le souffle furieux de Borée, ni le crépitement d'un vaste incendie qui brûle une forêt, dans les gorges des montagnes, ni le vent qui rugit dans les grands chênes, ne sont aussi terribles que n'était immense la clameur des Akhaiens et des Troyens, se ruant les uns sur les autres.
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 63
Localisation : Fréjus
Re: Dors en paix, vieux Ness
Un bon, celui là et entre nous,
Le pauvre Ness, il ne peut pas dormir en paix
Le pauvre Ness, il ne peut pas dormir en paix
Dernière édition par FRançoise GRDR le Lun 1 Avr 2013 - 17:34, édité 1 fois
Re: Dors en paix, vieux Ness
Le pauvre Ness, je ne sais pas, mais moi, si.
La guerre de l'écritoire n'aura pas lieu.
La guerre de l'écritoire n'aura pas lieu.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: Dors en paix, vieux Ness
Une superbe histoire, du début à la fin. Les images sont fortes, et il y a beaucoup d'idées derrière tout ça. En plus de ça, le style et la structure sont parfaitement maitrisés.
Par contre, malgré une tentative de se rattacher au thème dans l'épilogue, ça reste hors-sujet par rapport aux légendes urbaines.
Par contre, malgré une tentative de se rattacher au thème dans l'épilogue, ça reste hors-sujet par rapport aux légendes urbaines.
Re: Dors en paix, vieux Ness
Comme l'a dit je ne sais plus qui (Françoise et/ou Cathy?), tu devrais peut-être ajouter deux ou trois détails sur le gars parce que
Contrairement à Tipram, j'ai pas remarqué de problème de virgules... Pourtant, je suis une folle dingue de la virgule. J'étais peut-être en mode "Ne regarde pas trop les erreurs d'orthographe, de syntaxe, de ponctuation, fixe-toi sur l'histoire".
Quant au traitement du thème... Je ne sais pas trop.
Bon texte, donc, Jack!
- Spoiler:
- j'ai compris qu'il avait abandonné son chien mais sur le coup, j'ai quand même eu un doute.
Contrairement à Tipram, j'ai pas remarqué de problème de virgules... Pourtant, je suis une folle dingue de la virgule. J'étais peut-être en mode "Ne regarde pas trop les erreurs d'orthographe, de syntaxe, de ponctuation, fixe-toi sur l'histoire".
Quant au traitement du thème... Je ne sais pas trop.
Bon texte, donc, Jack!
Naëlle- — — Madone des Ombres — — Disciple de la Discipline
- Messages : 3668
Date d'inscription : 29/11/2012
Age : 32
Localisation : Sur la Lune
Re: Dors en paix, vieux Ness
Merci à vous deux :
- Maerlyn, c'est vrai, j'ai zappé la légende urbaine en cours de route... un moment de distraction. Tant pis, ça m'apprendra à rêvasser.
- Naëlle, tu as mis le doigt sur le point délicat dans ce genre de nouvelles. On ne doit pas en dire trop sous peine de désamorcer le grinçant de la chute mais il faut quand même semer quelques indices afin que le lecteur ne se sente pas pris en traître à la fin. C'est un équilibre subtil et pas évident à trouver, d'où, justement, l'intérêt de ce type de concours et de vos commentaires à tous, aussi précieux qu'appréciés. Merci encore.
- Maerlyn, c'est vrai, j'ai zappé la légende urbaine en cours de route... un moment de distraction. Tant pis, ça m'apprendra à rêvasser.
- Naëlle, tu as mis le doigt sur le point délicat dans ce genre de nouvelles. On ne doit pas en dire trop sous peine de désamorcer le grinçant de la chute mais il faut quand même semer quelques indices afin que le lecteur ne se sente pas pris en traître à la fin. C'est un équilibre subtil et pas évident à trouver, d'où, justement, l'intérêt de ce type de concours et de vos commentaires à tous, aussi précieux qu'appréciés. Merci encore.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 71
Localisation : Narbonne
Re: Dors en paix, vieux Ness
Une histoire belle et touchante...
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Date d'inscription : 02/10/2013
Age : 56
Localisation : Sud-Est
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