Ce que vous attendez de la bonne fantasy

J'en vois plusieurs qui ont du mal avec la fantasy, l'ami Zaroff en tête.

S'il y a bien entendu une affaire de goûts personnels, j'aimerais savoir pourquoi vous n'aimez pas la fantasy, et d'une autre manière, pour ceux qui apprécient, ce qui vous fait vibrer là-dedans, ce qui, pour vous, fait une bonne histoire de fantasy.

Ce n'est pas désinteressé, je compte terminer mon ouvrage dans quelques mois, et en ce qui me concerne, la fantasy, celle que j'aime, c'est celle qui parle à mon âme d'enfant. Celle qui transpire dans les ouvrages de Pierre Dubois. Celle qui me fait réver, celle qui me serre le coeur quand je me dis que même dans les jolis coins de nature, les fées et les elfes n'existent peut-être pas, celle qui m'évoque des concepts très personnels et subjectifs de jardin secret. Et aussi celle où on se sent un peu un héros, combattant avec ses bras et sa cervelle des monstres légendaires au terme d'explorations improbables. C'est tout ça que j'ai mis dans mon bouquin, c'est ça que j'aime dans la fantasy.

Et vous ? La fantasy ? Pourquoi et comment ?

C'est assez subjectif comme question et même pour moi-même, en fait.
Qu'est-ce qui me fait vibrer dans la fantasy ? Dans certains cas par exemple, le coté héroïc-fantasy barbare me plait bien, dans d'autres ce sera plutôt la richesse de l'univers (dans la plupart des cas ça reste un critère décisif pour moi), ou alors la plume de l'auteur. Ce que j'aime avant tout en ouvrant un bouquin de fantasy, c'est le voyage et me sentir réellement transporté ailleurs.
Par contre, les clichés trop redondants ont tendance à me faire sortir d'une intrigue...
Je ne ferais pas l'affront de citer le Seigneur des Anneaux, mais il y a pourtant là-dedans tout ce que j'aime : un univers riche et ancien, ultra-précis et une intrigue puissante et majestueuse sur laquelle souffle un vent épique d'un autre temps. Sans parler de la plume sans pareille de Tolkien. J'ai retrouvé certaines de ces qualités dans La Tour Sombre, avec en plus une approche moderne et cette idée géniale des paradoxes temporels et dimensionnels. Là encore, j'ai été embarqué, parce que l'univers est crédible et l'écriture immersive - sans parler des personnages plus qu'attachants.
Donc je dirais (en ce qui me concerne) qu'une oeuvre fantasy réussie se doit d'être "dépaysante", vivante et avec un univers suffisamment vaste et réfléchi pour donner envie de s'y plonger jusqu'au cou. Et avec une touche d'originalité si possible (même s'il est bon parfois de revenir aux sources du genre, avec sa palanquée de nains, elfes et autres dragons... mais pour moi, c'est plus du domaine du petit plaisir coupable lol).

Alors, de manière générale, l'h-f en littérature me gonfle assez. A l'exception de Tolkien, que je considère davantage comme un auteur "historique", et dont les livres éveillent en moi des sentiments qui m'évoquent une "mémoire ancestrale". Le reste, surtout les ersatz de "Terre du Milieu", avec leur cortège de nains baffreurs et d'elfes éthérés, ça me saoule.
En plus, c'est long ! Des "sagas" obèses, des milliers de pages, des volumes entiers pleins de descriptions interminables ! Des héros beaux, musclés, héroïques, qui manient l'épée comme toi un cure-dent...

Je n'ai peut-être pas lu ce qui se fait de mieux, mais je trouve que c'est assez mal écrit: au mieux, le style est neutre, au pire il est boursouflé d'une poésie lyrique un peu surfaite. Bref, jusque là, rien ne m'a convaincu, malgré les essais que j'ai faits.

Je suis allé voir Bobo la Grosse Bite (euh non... Bilbo Le Hobbit) au cinoche et je ne me suis pas endormi. Le film est plaisant mais rien de plus. La scène où Gollum répond aux énigmes est vachement bien foutue mais le reste m'a laissé de marbre. Je n'accroche vraiment pas à la Fantasy (littérature et cinéma). Sauf pour le cycle de La Tour Sombre mais il a un aspect plus contemporain. Mais la fantasy au sens large (dark, héroïc...) n'est pas mon truc au même titre que le space-opera. Malgré plusieurs essais...

Ce que tu décris lester, c'est justement les clichés qui me soulent en fantasy, mais il y a tellement de sous-genres et de directions différentes...

Là par exemple, après ma (re)lecture du Silmarillion, je vais lire la suite de la Trilogie de Bartiméus, qui raconte les aventures d'un gamin sorcier, dans le Londres moderne, aidé de son familier-Djinn à l'humour carnassier. Si tu me trouves un rapport là-dedans avec Tolkien ou ses suiveurs... Il faut juste essayer de passer outre les codes pour y trouver ce qui peut nous plaire ou non dedans (et c'est encore plus intéressant quand le fantasy se mêle à des éléments SF ou Steampunk, comme dans les romans du génial China Miéville).

Tu connais de bons romans steampunk ? Je vois aussi souvent les deux gros volumes de l'intégrale des Chroniques de Thomas Convenant : c'est valable ?

Du steampunk pur et dur j'en ai pas encore lu, mais comme ,je disais plus haut, China Miéville est un excellent auteur qui arrive à mixer cette tendance avec le roman social et la fantasy, avec une plume assez exigeante. Je te recommanderais son fabuleux Perdido Street Station, qui en un peu moins de 1000 pages, dépeint un univers industrialo-fantastique teinté de thriller (ou de polar), qui envoie vraiment du lourd.

Thomas Covenant, c'est sur ma liste mais je me suis pas encore lancé !

Je ne connais pas China Miéville. Je vais en lire un pour voir.

D'accord, Tak, mais je croyais que l'heroïc-fantasy, ce n'était pas dans le monde contemporain, et que c'était bien différencié du steampunk... Comme d'habitude, tous ces genres et sous-genres sont difficiles à cerner.

Moi je suis ambivalent avec la Fantasy: ça m'attire et en même temps j'ai du mal à accrocher.

Je veux dire par là que j'aime le principe même de la fantasy: le style des vieilles légendes, des mythes fondateurs, des sagas, épopées guerrières, romans de chevalerie. Ce qui me gonfle c'est le coté souvent trés codifié du genre. Tolkien, à partir des mythes nordiques et celtes,avait créé, comme le dit Tak, un monde cohérent et quasi-réaliste tellement il était construit, avec ses pays, ses peuples, ses moeurs. Le problème c'est la fantasy après Le Seigneur des Anneaux c'est souvent du sous-Tolkien, avec des lecteurs qui feraient une crise s'il n'y avait pas des nains bougons et des elfes aux oreilles pointues...Ou alors on est dans le genre "Romans Arthuriens" avec l'inévitable opposition entre l'ancienne religion matriarcale/polythéiste vachement sympa et la nouvelle religion patriarcale/monothéiste trés antipathique.

Ce n'est heureusement pas toujours le cas, il y a des auteurs qui cherchent de nouveaux univers, ou qui font du médiéval-fantastique différent, comme "Le Trône de Fer"

Bref, je demande à la fantasy de me donner un univers bien construit et crédible, mais qui s'éloigne des sentiers battus

Paladin a écrit:Bref, je demande à la fantasy de me donner un univers bien construit et crédible, mais qui s'éloigne des sentiers battus

Exactement. Les elfes et les nains, on en a soupé.

Cependant, quand le rythme est élancé, l'écriture gracieuse, on se laisse vite prendre au jeu, même si le fantasy reste sur les mêmes thèmes. C'est notamment le cas du Trône de Fer qui, malgré son étiquette "Chevalier en armure VS Dragons", est, à mon sens, une excellente saga. Je la dévore sans concession.

Je pense qu'on cherche du fantasy intelligent, bien tourné, sans dialogues niais et autres princesses à secourir. Un monde à part qui nous éloigne de ce que l'on connaît déjà, mais qui nous y ramène quand même, d'une certaine manière.

Je ne crois pas qu'il faille à chaque fois des elfes et des nains pour que le bouquin soit fiché de fantasy.