Auteur court ou long ; lucide ou non ?

Préjugez-vous de vos capacités ? J'y pensais ce soir. Moi, je n'ai jamais dépassé les 180 000 signes. Doit-on se pourrir la vie à tenter d'écrire un roman plutôt que se faire plaisir à répondre ponctuellement à des appels à textes et d'être publié ? Que recherchez-vous au fond de vous-même ? Le plaisir d'écrire rapidement ou des projets sur plusieurs mois ? Nouvelliste ou romancier ? En résumé, doit-on se forcer au détriment de s'oublier ?

Bé moi déjà, même une nouvelle ça me prend bien souvent plusieurs mois, alors les romans très peu pour moi. Déjà parce que j'aime trop les nouvelles pour me lancer dans un projet aussi long, et surtout, pour un roman, faut avoir une idée qui déchire sinon ça vaut pas le coup.

Bref, je suis à fond dans les nouvelles, et plus ça va plus je m'y sens à l'aise, j'arrive même à diminuer le nombre de mot alors qu'avant je partais sur 20 000 voir 30 000 mots facile.

Un autre truc que j'arrive pas à comprendre moi personnellement, c'est que beaucoup de gens commencent à écrire directement un roman alors qu'ils ne se sont même pas fait la main sur des nouvelles... ont-ils eu les retours suffisants pour se forger une bonne expérience et surtout un bon niveau ? Ne se sont-ils pas fait berner par des éditeurs peu scrupuleux qui ne pensent qu'à se faire de la tune sur leur dos ?

Moi personnellement, je ne me sens pas prêt pour le roman, je n'ai pas le talent suffisant pour ça, j'ai besoin de progresser encore (et toujours !). Le jour où je tenterai cette expérience, c'est que je serai enfin prêt.

J'ai toujours plus été attirée par les romans que les nouvelles, d'ailleurs, au départ, je n'aime pas trop ça. C'est le manoir du fantastique qui m'a appris le plaisir d'en lire et d'en écrire. Mais j'ai rarement des idées pour un truc court... là je me suis lancée dans un projet de roman, et de tout ce que j'ai écris, c'est ce qui m'a le plus éclaté pour l'instant ! Je ne dis pas que c'est un truc génial que je suis en train d'écrire, je me rends bien compte que je n'ai pas encore l'expérience suffisante pour m'y lancer, mais je l'écris vraiment pour le plaisir ! Et je pense qu'en écrivant un roman, on évolue assez vite au fur à a mesure de l'écriture !
Après, je pense, à chacun d'écrire dans le domaine où il se sent le plus à l'aise et où il s'éclate le plus. Pour moi, s'amuser en écrivant c'est le plus important, surtout ne pas se forcer... bien sûr, la qualité est importante aussi, mais ce n'est pas le principal à mon niveau !

Répondre à des AT me permet aussi d'explorer de nombreux univers et d'avoir une satisfaction rapide en cas de publication. Un roman peut durer des mois (création et acceptation) et pour un mec impatient comme moi, c'est un frein. Tant pis, je resterai nouvelliste. Le roi des 40 000 signes. Le disciple des 5 pages.

Il y a plusieurs points à considérer : soit on écrit pour le plaisir - dans ce cas, personnellement, je me sens plus à l'aise dans le roman, les textes longs car on peut développer un univers, suivre les personnages, multiplier les niveaux de langage, les digressions- soit pour être publier et là, la nouvelle n'est pas le bon plan. Elle est utile, c'est pour ça que je m'y frotte pour épurer mon style ( enfin, ma façon d'écrire). J'ai lu un avis d'un auteur publié qui éclaire la question de Lestat :
http://stoni1983.over-blog.com/article-faire-editer-des-nouvelles-toute-l-odieuse-verite-ou-a-va-pas-etre-coton-108564723.html
Ce blogueur a une foultitude d'articles décapants .... à lire urgemment !
Donc, j'ai tout faux en pensant être publié avec des nouvelles ! Je m'y essaie pour aussi varier les thèmes et voir ou je me sens le mieux.

Moi aussi je pense rester nouvelliste, j'aime ça et malgré le boulot que je peux fournir pour une nouvelle (des fois plus de 6 mois), bé je suis impatient aussi... alors un roman, sans façon.

Sinon en parlant d'expérience, la mienne, aussi petite soit-elle, je l'ai acquise sur ce format là. Et j'ai remarqué bien évidemment la progression. Alors la question que je me pose, c'est comment fond les gens qui commencent directement par un roman pour garder un texte a peu près égal du début à la fin ? Je veux dire, mes vieilles nouvelles faut que je les reprenne à chaque fois pour les soumissions, parce que justement j'ai évolué. Alors sur un roman de 400 pages, ça doit être la misère... bon, tout dépend aussi du niveau d'exigence de l'auteur, moi personnellement j'aime pas me foutre de la gueule du lecteur et j'essaye de fournir du bon travail.

Françoise a raison : c'est le plaisir qui prime. Si on se plante avec une nouvelle, on peut rebondir aussitôt sur autre chose. J'ai horreur de peiner sur un texte durant des mois. Je perds ma concentration. Trop sanguin pour ce genre de truc. Mon seul polar fut écrit en un mois et le résultat est moyen.

Moi je répondrai "les deux, mon capitaine".
L'écriture de nouvelles et d'un roman sont deux exercices radicalement différents, à mon sens aussi compliqués parce que les exigences ne sont pas les mêmes.
L'art de la nouvelle peut paraître plus facile parce que le texte à rédiger étant plus court, on se dit que "ça va aller". Mais je pense que c'est faux, parce que les contraintes inhérentes au genre sont nombreuses.
Pour le roman, les défis sont différents.
Bref, pour en revenir la question, je n'ai que des nouvelles à mon actif, mais j'ai un roman en cours et je vais bientôt en commencer un second (et convertir La Main Sanglante peut-être aussi).
J'écris pour me faire plaisir, bien, sur, parce que ça me plait, mais aussi parc que je veux en faire mon gagne pain.
J'ai plus de 40 ans, j'ai envie d'autre chose.
Alors, irréaliste ? Prétentieux ? Utopiste ? Tout autre chose en "iste" ? J'en sais rien.
Mais en tout cas, c'est vers quoi je tends.
Donc je continuerai à faire des ATs (d'ailleurs j'en ai un nouveau pour mi-novembre), mais je vais de plus en plus m'orienter vers le texte long.

S.

Je te comprends SVZ. A cinquante balais, j'aurai peut-être un avis différent. Moi, j'aime écrire par impulsion. Pour l'AT Halloween, je vais écrire les 4 pages d'un coup cet aprèm à la plage. J'ai ruminé une idée toute la matinée et je vais l'éjaculer sur le papier en une heure. J'aime écrire comme cela. Et, si en plus, mon texte est accepté, c'est une seconde jouissance. Un plaisir rapide et répétitif. L'écriture est un orgasme. Pas de préliminaires.

J'aime bien la nouvelle courte (et également beaucoup la microfiction) parce qu'elle ne demande qu'une idée. Il suffit d'avoir une vague intrigue — parfois même une seule phrase qui suscite tout le reste — et quelques heures devant soi. Si on a bien fait son boulot, le résultat ne demande que quelques corrections (c'est en tout cas comme ça que je fonctionne : cela peut me prendre des semaines pour me décider à écrire un texte mais, une fois que je m'y suis mis, ça vient tout seul) ; il n'y a généralement pas à se soucier de problèmes de cohérence entre le début et la fin du texte, de s'interroger sur l'évolution des personnages...
Bon, bien sûr, il y a du déchet (des débuts qu'on ne parvient pas à finir, des trucs tout simplement trop mauvais pour être conservés...), mais je trouve que la nouvelle reste un format très "rentable", raison pour laquelle j'en écris assez bien.

Le roman, c'est différent : il faut faire des plans, réfléchir à la structure avant de se lancer... Du coup, avec juste l'idée, sans la méthode, on ne va nulle part. C'est à peu près mon problème : je me sens capable de construire un projet sur le long terme, ai l'envie de le faire mais, puisqu'il me faut toujours mettre la charrue avant les bœufs, je me retrouve avec des incipits inachevés parce "à un moment, ça coince" faute d'avoir assez préparé le terrain : je bute contre des contradictions, ou me retrouve bloqué car je n'avais pas pensé à la jonction entre deux scènes...

Mais, un jour, je parviendrai à écrire un roman. Et, d'ici-là, ben il me reste les nouvelles pour me faire la main.

Tu n'as pas une nouvelle à nous faire lire Similien ? Concernant mon AT Halloween, mes 4 pages sont écrites ! Le titre sera : "Un Kinder ?" Je me suis bien marré à l'écrire sur la plage aujourd'hui.

Tu t'es pas trop ensablé ?

6000 signes. Loup-garou. Forêt sombre. Tout ce que j'aime.

Personnellement, j'ai pas franchement de préférence même si j'ai démarré par du court (Comte en sait quelque chose) !
Je me sens plus à l'aise dans du long, histoire de prendre le temps de fignoler mon récit. Mais, je dois reconnaître que ça aurait tendance à m'essouffler ces derniers temps et je commence gentiment à tendre vers le récit plus court façon novella, voire l'exercice difficile de la nouvelle.
La vieillerie, c'est qu'on a plus le temps ! On se dit qu'on finira pas et qu'il vaudrait peut-être mieux envisager beaucoup plus réduit...

Mais mon domaine de prédilection reste malgré tout le "600 000 signes" environ.