Re: Poésie de Similien

par **Similien** Ven 26 Juil 2013 - 13:26

Pas mal du tout, ta réécriture (à nouveau) !

L'idée d'écrire les paires de vers comme un ensemble m'a l'air intéressante. J'essayerai. Merci ! Smile

par **Similien** Dim 9 Fév 2014 - 21:32

Voici mon plus récent poème, dont je suis très content, malgré quelques imperfections. Je l'ai écrit à l'occasion d'un jeu d'écriture sur un autre forum ; la consigne était de rédiger une lettre à un personnage imaginaire. Ce texte s'inspire de La Malvenue de Claude Seignolle, que j'ai lue récemment (et adorée).

La Malnoue

Il y a des choses invisibles : les noirs esprits des marécages profonds et du limon des lits de rivière...
-
Robert E. Howard,
Magie noire à Canaan (1936).

Laisse-moi te dire encore que la Malnoue est mauvaise au point de faire le pire... [...] C'est une fille du diable. Tu sais pas, toi, qu'il fait aussi le mal avec l'eau, le diable ! Il se sert pas que du feu, il lui faut commander aux deux : en être le maître, sans ça, l'un éteindrait l'autre, c'est pour ça qu'il a la Malnoue.
-
Claude Seignolle,
La Malvenue (1952).

J’adresse ce billet à l’esprit de la noue :
Vouivre, Ondine ou bien Nix ; peu importe ton nom,
Légendaire habitant de l’étang plein de boue...

Pour sûr, tu me connais : vacher des environs,
Chaque lune, je viens faire paître mes bêtes
Le long du gris marais dont tu es le baron,

Et c’est toujours pareil : quand je compte les têtes,
Au bout de la journée, une manque à l’appel,
Noyée à point douter — pressens-tu ma requête ?

Faisons donc un marché : ce pacte serait tel
Qu’il protège à la fois ma cense et ton eau lisse.
Voici mes conditions ; entends-les, par le ciel !

Bisannuellement — disons aux deux solstices —,
Je te ferais présent du plus tendre des veaux
Paissant dans mon troupeau — voire d’une génisse ;

En échange, je veux que mes autres bestiaux
Reviennent sains et saufs chaque soir à l’étable
— Et si t’es pas d’accord, je ferai ton trou d’eau

Bénir par un curé, puisque selon les fables
Tu crains celui-là seul, parmi les villageois.
La trêve ou la bataille : ami, je suis capable

De mettre en ton logis de l’ail ou de la poix ;
Alors faisons la paix, ce sera bien plus sage...
J’ai jeté un flacon, l’ayant lesté d’un poids,

Au centre de l’étang — il contient mon message.

par **Doumé** Dim 9 Fév 2014 - 22:46

Extra, vraiment !
il est à lire et à relire. On voit que c'est du travaillé Cool

par **Similien** Dim 9 Fév 2014 - 23:00

Pas vraiment, en fait. Je l'ai écrit le temps d'un trajet en train de deux heures, sur le verso d'une enveloppe. Ce devait être un de ces moments d'inspiration providentiels... Laughing

Mais ton appréciation me fait réellement plaisir. Merci !

par **mormir** Dim 9 Fév 2014 - 23:37

C'est vraiment très sympa à lire. Le rythme est parfaitement régulier et l'idée me plaît beaucoup !

par **Catherine Robert** Dim 9 Fév 2014 - 23:50

Ah oui très joli. Un petit côté rétro qui me botte bien. Un peu fable aussi. Et puis conte.
"Chaque lune, je viens faire paître mes bêtes"
J'aime pas "faire paître" qui me gratte trop à l'oreille, faute au son "ai" au son "r" qui suit et au "e" muet qui termine chacun des deux mots.
"— Et si t’es pas d’accord, je ferai ton trou d’eau"
Le début du vers fait un peu trop familier par rapport à tout le reste du poème.
Mais autrement, c'est vachement bien.

par **Similien** Jeu 13 Fév 2014 - 11:22

Merci à vous deux !

En effet, Catherine, le vers que tu cites est bien plus familier que le reste du poème. J'y ai pensé en l'écrivant mais ai décidé de le conserver pour l'impatience et l'agressivité qu'il véhicule. Il me semblait logique que, à ce stade, mon petit vacher s'énerve un peu... Smile

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