REGARD

Les yeux baissés, redoutant vile rage,
Elle subit mille coups furieux,
Sans dire mot, se rappelant l’image,
L’instant heureux, l’esprit tant oublieux.

Les yeux blessés, par nombre de bourrades,
Elle souffre encor d’un nouvel assaut,
Abominant l’enfer des algarades,
De cet amour, l’écœurant soubresaut.

Les yeux ouverts, en coupable dérive,
Elle hurle sa douleur en un cri,
Désirant fuir, innocente captive,
Elle trépasse en ce gouffre obscurci..

Les yeux fermés, belle martyre altière,
Vogue son esprit, la terre à l’envers,
Les étoiles, symboles de lumière,
Eblouissent le ciel et l’univers.

C'est pas mal écrit, Anouk, mais j'ai des difficultés à comprendre le fond de ton poème.

Jack comprendra peut-être mieux que moi  

"Elle court au milieu des bois,
La source, et je me demande
S'il faut croire à cette légende
D'une fille qu'on y trouva."
Une variante de "la Source" d'Isabelle Aubret, voilà ce que ce texte m'évoque. Les coups, les bourrades : un viol collectif qui s'achève par la mort de la victime.
Un sujet grave traité avec nuance et retenue, pas facile du tout, Anouk, mais joliment fait.
J'ai un doute sur l'obligation de césure pour les vers de 9 pieds mais la coupe en 4/5 me paraît naturelle (plus que celles en 3/3/3 que mentionne Banville). On pourrait fignoler ici et là :
- 6/ "Elle gémit sous un nouvel assaut"
- 10/ "Son corps brisé se déchire en un cri"
- 12/ "... gouffre meurtri" (pour enrichir la rime)
- 13/ "Son esprit fuit les nuits et les hivers
Pour épouser l'éternelle lumière
Des soleils d'or qui baignent l'univers."
(Suggestions improvisées. Il y a sans doute mieux à trouver.)

Merci Jack je reprends mon texte
ce sera le poème introduction d'un texte (roman ?) sur la violence et le harcèlement et aussi le fait qu'on répète des schémas sans s'en rendre compte.

Les yeux baissés, redoutant vile rage,
Elle subit mille coups furieux,
D’un mari jaloux subissant l’outrage,
Tambours forcenés, mots injurieux.


Les yeux blessés, par nombre de bourrades,
Elle gémit sous un nouvel assaut,
Abominant l’enfer des algarades,
De cet amour, l’écœurant soubresaut.

Les yeux ouverts, en coupable dérive,
Son corps brisé se déchire en un cri,
Désirant fuir, innocente captive,
Elle trépasse en ce gouffre meurtri.


Les yeux scellés, sans aucune prière,
Son esprit fuit les nuits et les hivers,
Epousant l’éternelle lumière
Des soleils d’or qui baignent l’univers.



j'ai corrigé la première strophe et j'ai gardé tes mots de la fin qui sont très beaux.

Je n'avais pas capté l'aspect conjugal des brutalités. La révision du premier quatrain précise ce point mais tu y répètes le verbe subir. Que dis-tu de ceci :
"Les yeux baissés, redoutant vile rage,
Elle subit mille coups furieux
D'un sombre époux qui ne sait que l'outrage,
Brute bornée au mépris odieux." ?

oups pour subir
ok
je change juste bornée car ça fait écho avec brute (le b)
j'ai mis avinée
merci Jack

J'aime bien ce poème, surtout dans sa version corrigée que je trouve plus fluide que la première.

L'emploi de l'anaphore est très intéressant, dans ce contexte. C'est une bonne trouvaille, ces yeux baissés/blessés/ouverts/scellés (tu pourrais éventuellement écrire "béants" plutôt que "ouverts" pour conserver le 'b' initial des deux précédents, mais tu perdrais dès lors en clarté — à toi de voir) ; ils marquent bien la progression du poème et le rythment.

Bref : beau travail !

et voici le résultat


Les yeux baissés, redoutant vile rage,
Elle subit mille coups furieux
D'un sombre époux qui ne sait que l'outrage,
Brute avinée au mépris odieux.

Les yeux battus par nombre de bourrades,
Elle gémit sous un nouvel assaut,
Abominant l’enfer des algarades,
De cet amour, l’écœurant soubresaut.

Les yeux blessés en coupable dérive,
Son corps brisé se déchire en un cri,
Désirant fuir, innocente captive,
Elle trépasse en ce gouffre meurtri.

Les yeux  béants, sans aucune prière,
Son esprit fuit les nuits et les hivers,
Embrassant l’éternelle lumière
Des soleils d’or qui baignent l’univers.



j'aime merci à vous deux