Poésie de Similien
+6
Doumé
Zaroff
Naëlle
Ella Sunshine
Dagobert
Similien
10 participants
Page 2 sur 3
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Poésie de Similien
Doué, Similien, tu l'es assurément et j'aime beaucoup cette fantaisie très "Gaspard de la nuit" qui ressort de tes textes. Le fond est excellent, peu d'inversions, quelques chevilles mais qui méritent à peine qu'on s'y arrête (une autre fois peut-être)...
Non, ce qui m'intrigue le plus dans la forme de ta poésie, c'est son aspect paradoxal :
- D'un côté, tu respectes les vieux rythmes classiques, et de l'autre, tu rimes avec une phonétique élastique de chanson moderne. (chevilles-polies, ça me rappelle Adamo : "Vous permettez, monsieur, que j'emprunte votre fille, / et bien qu'il me souri-e / je sens bien qu'il se méfi-e."
- Plus curieux encore, tu te libères des hiatus (c'est ton droit), tu respectes l'alternance de rimes masculines-féminines (héritage de la Pléiade) mais tu conserves cet archaïsme disparu depuis le milieu du XVIème, qui consiste à compter les "e" muets comme une syllabe à part entière :
"Néanmoins elle gambadait
Tout en exposant ses chevilles,
Dont la peau nu-e ressemblait
A deux statu-es bien polies."
Procédé courant chez Villon et Marot mais qui n'existe plus depuis Ronsard et du Bellay.
Note que je suis ouvert à toutes les formes et que tes choix ne m'empêchent nullement de t'apprécier. C'est juste que ta conception du purisme me paraît comporter quelques lacunes. Je peux t'aider à en combler quelques unes ("Je suis doué, je peux y arriver", dis-tu plus haut), mais si tu n'y vois aucun intérêt, cela me convient aussi.
Te lire sera toujours un plaisir.
Non, ce qui m'intrigue le plus dans la forme de ta poésie, c'est son aspect paradoxal :
- D'un côté, tu respectes les vieux rythmes classiques, et de l'autre, tu rimes avec une phonétique élastique de chanson moderne. (chevilles-polies, ça me rappelle Adamo : "Vous permettez, monsieur, que j'emprunte votre fille, / et bien qu'il me souri-e / je sens bien qu'il se méfi-e."
- Plus curieux encore, tu te libères des hiatus (c'est ton droit), tu respectes l'alternance de rimes masculines-féminines (héritage de la Pléiade) mais tu conserves cet archaïsme disparu depuis le milieu du XVIème, qui consiste à compter les "e" muets comme une syllabe à part entière :
"Néanmoins elle gambadait
Tout en exposant ses chevilles,
Dont la peau nu-e ressemblait
A deux statu-es bien polies."
Procédé courant chez Villon et Marot mais qui n'existe plus depuis Ronsard et du Bellay.
Note que je suis ouvert à toutes les formes et que tes choix ne m'empêchent nullement de t'apprécier. C'est juste que ta conception du purisme me paraît comporter quelques lacunes. Je peux t'aider à en combler quelques unes ("Je suis doué, je peux y arriver", dis-tu plus haut), mais si tu n'y vois aucun intérêt, cela me convient aussi.
Te lire sera toujours un plaisir.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Poésie de Similien
Oui, cette façon de versifier est déconcertante.
J'en reste sans voix.
M'aurait-il jeté un sort ?
J'en reste sans voix.
M'aurait-il jeté un sort ?
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: Poésie de Similien
Avant tout, grand merci pour vos commentaires !
Pour revenir à la rime, Catherine a vu juste : je procède surtout à l'oreille, pas toujours à la règle et jamais à la vue. Je n'y avais jamais vraiment pensé, mais il est vrai que cela fait un peu "chanson", comme l'a bien dit Jack...
Merci, au passage, pour la référence à Aloysius Bertrand ; je suis bien évidemment toujours très flatté lorsque mes textes évoquent chez quelqu'un cet auteur que j'admire tout particulièrement.
En fait, l'étrangeté de ma versification est due au fait que je suis surtout autodidacte, au sens où j'ai appris progressivement (et partiellement) les règles en lisant et en écrivant de la poésie, mais jamais de façon méthodique et complète. J'ai déjà essayé d'étudier depuis un manuel de prosodie, mais c'est pour moi tâche impossible : de tels bouquins me tombent des mains !
Cela dit, si j'avais parfaitement conscience de ne pas tout maîtriser (les hiatus sont, entre autres, pour moi une grande difficulté), je dois admettre n'avoir pas vraiment réalisé l'incongruité d'une telle poétique. Tes explications "historiques", Jack, ont en ce sens eu un certain impact sur moi...
Je suppose que j'ai encore du travail, donc. Car il me semble effectivement opportun de corriger tout cela : quitte à écrire de la poésie classique, autant ne pas faire les choses à moitié...
Pour revenir à la rime, Catherine a vu juste : je procède surtout à l'oreille, pas toujours à la règle et jamais à la vue. Je n'y avais jamais vraiment pensé, mais il est vrai que cela fait un peu "chanson", comme l'a bien dit Jack...
Merci, au passage, pour la référence à Aloysius Bertrand ; je suis bien évidemment toujours très flatté lorsque mes textes évoquent chez quelqu'un cet auteur que j'admire tout particulièrement.
En fait, l'étrangeté de ma versification est due au fait que je suis surtout autodidacte, au sens où j'ai appris progressivement (et partiellement) les règles en lisant et en écrivant de la poésie, mais jamais de façon méthodique et complète. J'ai déjà essayé d'étudier depuis un manuel de prosodie, mais c'est pour moi tâche impossible : de tels bouquins me tombent des mains !
Cela dit, si j'avais parfaitement conscience de ne pas tout maîtriser (les hiatus sont, entre autres, pour moi une grande difficulté), je dois admettre n'avoir pas vraiment réalisé l'incongruité d'une telle poétique. Tes explications "historiques", Jack, ont en ce sens eu un certain impact sur moi...
Je suppose que j'ai encore du travail, donc. Car il me semble effectivement opportun de corriger tout cela : quitte à écrire de la poésie classique, autant ne pas faire les choses à moitié...
Re: Poésie de Similien
Ne t'en fait pas Similien : t'en connais déjà plus que la plupart d'entre nous sur les règles, et, perso, je préfère un poète inspiré négligeant quelques détails prosodiques (pas trop bien sûr) que ce que j'appelle un artisan de vers, et non un artiste. Jack ne me contredira certainement pas.
Les plus grands ont pris des libertés, même Hugo ; alors pourquoi pas nous ?
Les plus grands ont pris des libertés, même Hugo ; alors pourquoi pas nous ?
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: Poésie de Similien
Malgré mon incapacité à critiquer les poèmes, je dirai que j'aime bien...Victor Hugo est cité en exergue au troisième, et j'y sens son influence, non? Ainsi, comme le fait remarque Jack, d'Aloysius Bertrand et son "Gaspard de la nuit"
Re: Poésie de Similien
Oui, bien sûr, les règles ne sont pas dans tous les cas de figure à suivre à la lettre (par exemple, j'écris régulièrement des poèmes en vers courts dans lesquels je prends certaines liberté avec les rimes). Mais je m'essaye aussi à des formes fixes beaucoup plus rigoureuses (je pense notamment au sonnet car j'aimerais en écrire davantage) et qui nécessiteraient, idéalement, de ma part une meilleure connaissance technique.
En fait, j'aimerais pouvoir faire les deux : être capable d'écrire des poèmes classiques impeccables et continuer à gribouiller des "bafouilles en vers" sur le côté.
Voici deux exemples de ma plume pour illustrer mon propos : un de mes rares sonnets — en effet loin d'être parfait — et un poème-détente (quoique celui-là est tout de même assez travaillé ; il y en a d'autres plus bâclés que je ne donnerais pas à lire aussi volontiers).
Pour ce qui est de l'influence, tu as bien raison, Paladin. Ce sont les ballades de Hugo (et tout particulièrement La Ronde du sabbat) qui m'ont donné l'envie d'écrire de la poésie. Aloysius Bertrand est l'une de mes autres grandes inspirations, de même que Apulée par exemple, dont je me suis inspiré des Métamorphoses pour écrire plusieurs poèmes.
En fait, j'aimerais pouvoir faire les deux : être capable d'écrire des poèmes classiques impeccables et continuer à gribouiller des "bafouilles en vers" sur le côté.
Voici deux exemples de ma plume pour illustrer mon propos : un de mes rares sonnets — en effet loin d'être parfait — et un poème-détente (quoique celui-là est tout de même assez travaillé ; il y en a d'autres plus bâclés que je ne donnerais pas à lire aussi volontiers).
Saint Nicolas est un sorcier !
Ô grand Saint Nicolas, patron des écoliers,
N'es-tu pas nécromant, au vu du sauvetage
De ces pauvres enfants qu'avait tués de rage
Un immonde boucher avant de les saler ?
Ou un peu démoniste, ayant su transformer
Le terrible Krampus — monstre des premiers âges —
En un doux animal dont tu as fait ton page ?
Devrais-je donc louer le patron des sorciers ?
Mais regarde-toi donc, tout de robes vêtu
Et serrant dans ton poing un long sceptre tordu,
Ce bâton de pouvoir dont on fit notre emblème.
Ô grand Saint Nicolas, tous les doutes sont vains :
Tu es notre patron car ta barbe sans peine
Saurait rendre jaloux Dumbledore et Merlin !
Ô grand Saint Nicolas, patron des écoliers,
N'es-tu pas nécromant, au vu du sauvetage
De ces pauvres enfants qu'avait tués de rage
Un immonde boucher avant de les saler ?
Ou un peu démoniste, ayant su transformer
Le terrible Krampus — monstre des premiers âges —
En un doux animal dont tu as fait ton page ?
Devrais-je donc louer le patron des sorciers ?
Mais regarde-toi donc, tout de robes vêtu
Et serrant dans ton poing un long sceptre tordu,
Ce bâton de pouvoir dont on fit notre emblème.
Ô grand Saint Nicolas, tous les doutes sont vains :
Tu es notre patron car ta barbe sans peine
Saurait rendre jaloux Dumbledore et Merlin !
La Retenue
— Quelqu'un, à l'aide !
Mon chaudron fuit,
La fonte cède,
Le fond mollit !
— Quel imbécile...
Qu'as-tu donc fait ?
C'en fait bien mille,
De tes méfaits...
— Je m'en excuse,
Mon professeur ;
C'est que m'abuse
Ce bec verseur...
— Prenez la porte,
Bien calmement ;
Que chacun sorte,
Il est grand temps...
— Bien, tout de suite !
Moi je m'en vais ;
Pareille fuite
Pique mes pieds.
— Pas toi, le cancre :
Demeure et fonds,
Qu'en ton chef s'ancre
Cette leçon.
— Enfin, messire,
Vous n'y songez ?
Daigne votre ire
Me ménager !
— Veux-tu te taire,
Sombre baudet ?
Vois là par terre
Ce tabouret.
— Que je me pende,
Sérieusement ?
Ma faute est grande
Mais pas autant !
— Cette escabelle
Résiste à tout ;
Monte sur elle,
Reste debout.
L'élève passe
La longue nuit
Perché sans place
Sur son abri.
Quant à la pièce,
Cette eau qui bout
En est maîtresse
Et la dissout.
Seul son refuge
Ensorcelé
À ce déluge
Sait résister.
L'astre se lève :
Maître Sorcier
Son pauvre élève
Vient délivrer.
Sa langue claque
Sur son palais,
Chassant la flaque
Qui l'entourait.
— Quelqu'un, à l'aide !
Mon chaudron fuit,
La fonte cède,
Le fond mollit !
— Quel imbécile...
Qu'as-tu donc fait ?
C'en fait bien mille,
De tes méfaits...
— Je m'en excuse,
Mon professeur ;
C'est que m'abuse
Ce bec verseur...
— Prenez la porte,
Bien calmement ;
Que chacun sorte,
Il est grand temps...
— Bien, tout de suite !
Moi je m'en vais ;
Pareille fuite
Pique mes pieds.
— Pas toi, le cancre :
Demeure et fonds,
Qu'en ton chef s'ancre
Cette leçon.
— Enfin, messire,
Vous n'y songez ?
Daigne votre ire
Me ménager !
— Veux-tu te taire,
Sombre baudet ?
Vois là par terre
Ce tabouret.
— Que je me pende,
Sérieusement ?
Ma faute est grande
Mais pas autant !
— Cette escabelle
Résiste à tout ;
Monte sur elle,
Reste debout.
L'élève passe
La longue nuit
Perché sans place
Sur son abri.
Quant à la pièce,
Cette eau qui bout
En est maîtresse
Et la dissout.
Seul son refuge
Ensorcelé
À ce déluge
Sait résister.
L'astre se lève :
Maître Sorcier
Son pauvre élève
Vient délivrer.
Sa langue claque
Sur son palais,
Chassant la flaque
Qui l'entourait.
Pour ce qui est de l'influence, tu as bien raison, Paladin. Ce sont les ballades de Hugo (et tout particulièrement La Ronde du sabbat) qui m'ont donné l'envie d'écrire de la poésie. Aloysius Bertrand est l'une de mes autres grandes inspirations, de même que Apulée par exemple, dont je me suis inspiré des Métamorphoses pour écrire plusieurs poèmes.
Re: Poésie de Similien
En tout cas tu es doué, dans cet exercice très difficile qu'est la poésie, avec ce ton XIXeme siècle...J'aime beaucoup celui sur St Nicolas et de ses rapports à l'occultisme!
Krampus fait office de Père Fouettard en Allemagne et peut être dans les régions frontalières...en Belgique aussi? Et vous parlez plus de Saint Nicolas que du Pére Nöel?
Krampus fait office de Père Fouettard en Allemagne et peut être dans les régions frontalières...en Belgique aussi? Et vous parlez plus de Saint Nicolas que du Pére Nöel?
Re: Poésie de Similien
Oui, Saint Nicolas a le rôle du Père Noël (nettement moins important), en Belgique. Par contre, on ne connait pas tellement le Krampus chez nous mais plutôt le Père Fouettard. C'est juste que cela fonctionnait mieux ainsi pour le poème, alors je me suis permis un emprunt à nos amis allemands...
Re: Poésie de Similien
La prosodie, Similien, il faut la prendre comme un jeu (ce qu'elle est en fin de compte). Ce n'est qu'une technique, avec ses logiques et ses arbitraires, qui tend vers un idéal de beauté plastique. La difficulté de nos jours, c'est de trouver des interlocuteurs compétents dans cette discipline surannée. J'ai eu cette chance, jadis, et si je suis venu sur ce site, c'est en partie dans l'espoir de transmettre cette tradition qui, au vrai, n'intéresse plus grand monde hormis quelques indécrottables nostalgiques.
Besoin de repères pour un sonnet ? Poste une ébauche et on en discute.
Ton seul véritable handicap en ce domaine, ce sont tes rimes approximatives. "Peine" avec "emblème", ce n'est digne ni de ton niveau, ni de ton imagination. Le sonnet, c'est un tout où les rimes ont autant d'importance que l'idée ou la chute. Soigne-les, elles te le rendront au centuple.
Par curiosité, je me suis amusé à revisiter ton "Saint Nicolas" dans cette optique (ce n'est qu'un brouillon) :
Saint-Nicolas, sorcier déguisé.
Noble Saint-Nicolas, étiez-vous nécromant ?
On raconte qu'un jour, traversant un village,
Vous rendîtes vivants, les sortant du salage,
Trois enfants massacrés par un boucher dément ;
Démonologue aussi ? On chante encor comment
Vous défîtes Krampus, la bête d'un autre âge,
Transformant ce démon habité par la rage
En un serviteur doux, aimable et fort charmant.
Sous la mitre d'évêque et le manteau d'abbé,
Vous ne pouviez cacher le long bâton courbé
Qui, des grands mages noirs, demeure le symbole.
Votre barbe cachait un sourire malin :
Prétendre servir Rome, ah, l'ironique obole !
D'autres s'en souviendront, de Flamel à Merlin.
Ce n'est pas un modèle (rimes A et C masculines !), c'est juste pour illustrer la "faisabilité de la chose"...
Et, sur ce que j'ai pu lire de toi, elle est amplement à ta portée.
Besoin de repères pour un sonnet ? Poste une ébauche et on en discute.
Ton seul véritable handicap en ce domaine, ce sont tes rimes approximatives. "Peine" avec "emblème", ce n'est digne ni de ton niveau, ni de ton imagination. Le sonnet, c'est un tout où les rimes ont autant d'importance que l'idée ou la chute. Soigne-les, elles te le rendront au centuple.
Par curiosité, je me suis amusé à revisiter ton "Saint Nicolas" dans cette optique (ce n'est qu'un brouillon) :
Saint-Nicolas, sorcier déguisé.
Noble Saint-Nicolas, étiez-vous nécromant ?
On raconte qu'un jour, traversant un village,
Vous rendîtes vivants, les sortant du salage,
Trois enfants massacrés par un boucher dément ;
Démonologue aussi ? On chante encor comment
Vous défîtes Krampus, la bête d'un autre âge,
Transformant ce démon habité par la rage
En un serviteur doux, aimable et fort charmant.
Sous la mitre d'évêque et le manteau d'abbé,
Vous ne pouviez cacher le long bâton courbé
Qui, des grands mages noirs, demeure le symbole.
Votre barbe cachait un sourire malin :
Prétendre servir Rome, ah, l'ironique obole !
D'autres s'en souviendront, de Flamel à Merlin.
Ce n'est pas un modèle (rimes A et C masculines !), c'est juste pour illustrer la "faisabilité de la chose"...
Et, sur ce que j'ai pu lire de toi, elle est amplement à ta portée.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Poésie de Similien
Lire : "Votre barbe masquait un sourire malin."
Fichues redites !
Fichues redites !
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Poésie de Similien
Waow ! Jack, je suis vraiment épaté par ta réécriture ! Il est impressionnant que tu sois parvenu à coller d'aussi près le texte original tout en le transformant à ce point du point de vue des rimes...
Dommage que ce ne soit qu'un brouillon car, sinon, je t'aurais proposé de le poster sur mon blog pour voir ce que ma poignée de lecteurs réguliers en pensent.
En tout cas, il illustre fort bien ton propos : la différence qu'apporte la richesse des rimes y est très visible. Je vais donc tâcher de travailler cela, de mon côté. Merci d'avoir pris la peine de me le faire remarquer, ainsi que d'avoir jugé mon sonnet digne de lui consacrer de ton temps.
Dommage que ce ne soit qu'un brouillon car, sinon, je t'aurais proposé de le poster sur mon blog pour voir ce que ma poignée de lecteurs réguliers en pensent.
En tout cas, il illustre fort bien ton propos : la différence qu'apporte la richesse des rimes y est très visible. Je vais donc tâcher de travailler cela, de mon côté. Merci d'avoir pris la peine de me le faire remarquer, ainsi que d'avoir jugé mon sonnet digne de lui consacrer de ton temps.
Re: Poésie de Similien
J'ai tenté, hier, de retravailler l'un de mes poèmes (le 39ème de la série de cent) dans le but d'enrichir ses rimes. Il s'agit d'un dizain décasyllabique vieux d'exactement un an (j'avais rédigé une foule de petits poèmes de ce genre, au mois de juillet dernier). Cependant, si certaines rimes sont meilleures, je ne suis pas certain que l'ensemble en soit beaucoup plus réussi. À titre de comparaison, vous pouvez lire la première version ici.
Est-ce mieux ?
Le diable marie sa fille
Voilà soudain que sur le patelin
Se tord le ciel, grinçant tel un moulin :
Le vent rugit mais malgré ce qu'il tombe
Un soleil luit jusqu'à percer les trombes.
Chacun se signe, au sein du pieu cheptel :
« Pour sûr le diable aujourd'hui à l'autel
Mène une enfant vouée à son service ! »
Mais si, en juin, il pleut tel chien qui pisse,
C'est que résonne à travers le duché
Un chant secret qui éteint ses bûchers.
Voilà soudain que sur le patelin
Se tord le ciel, grinçant tel un moulin :
Le vent rugit mais malgré ce qu'il tombe
Un soleil luit jusqu'à percer les trombes.
Chacun se signe, au sein du pieu cheptel :
« Pour sûr le diable aujourd'hui à l'autel
Mène une enfant vouée à son service ! »
Mais si, en juin, il pleut tel chien qui pisse,
C'est que résonne à travers le duché
Un chant secret qui éteint ses bûchers.
Est-ce mieux ?
Re: Poésie de Similien
Franchement, non.
Celui de ton site coule un peu mieux malgré, pour les deux, beaucoup trop de locutions, conjonctions, lourdeurs grammaticales. Et particulièrement :
Mais cependant, s'il pleut tel chien qui pisse
En plein été, c'est car tous les sorciers
Chantent en chœur pour éteindre un bûcher.
Tu donnes l'impression de vouloir en faire trop ; trop technique, pas assez libre de ton inspiration : un artisan plutôt qu'un artiste. Bon, j'exagère un peu, mais personnellement je préfère me tromper dans l'art que dans l'artisanat, le tout étant de cumuler harmonieusement les deux, bien sûr.
Celui de ton site coule un peu mieux malgré, pour les deux, beaucoup trop de locutions, conjonctions, lourdeurs grammaticales. Et particulièrement :
Mais cependant, s'il pleut tel chien qui pisse
En plein été, c'est car tous les sorciers
Chantent en chœur pour éteindre un bûcher.
Tu donnes l'impression de vouloir en faire trop ; trop technique, pas assez libre de ton inspiration : un artisan plutôt qu'un artiste. Bon, j'exagère un peu, mais personnellement je préfère me tromper dans l'art que dans l'artisanat, le tout étant de cumuler harmonieusement les deux, bien sûr.
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: Poésie de Similien
Je dois avouer être assez d'accord. J'ai souvent ce problème, lorsque je veux retravailler des textes : ils attrapent un côté "artificiel" que je ne sais comment adoucir.
Pour ce qui est des lourdeurs grammaticales, c'est en effet un autre défaut que j'ai, surtout lorsque j'écris en vers longs. Il me semble que le problème se pose moins avec les vers courts, davantage rythmés et qui se lisent plus vite. Ici, en revanche, c'est flagrant...
Merci de ton commentaire.
Pour ce qui est des lourdeurs grammaticales, c'est en effet un autre défaut que j'ai, surtout lorsque j'écris en vers longs. Il me semble que le problème se pose moins avec les vers courts, davantage rythmés et qui se lisent plus vite. Ici, en revanche, c'est flagrant...
Merci de ton commentaire.
Re: Poésie de Similien
Désolé de t'avoir laissé en plan (absence imprévue).
Essaie d'imaginer les rimes plates comme un ensemble complémentaire. Au lieu d'écrire un vers et de chercher ensuite ce qui pourrait cadrer à la fin du second, mets les deux en parallèles et écris le premier en fonction du second. Et si le résultat n'est pas bon, cherche un autre jeu de rimes.
Dans "le diable marie sa fille", tu as dix vers pour raconter une histoire. Dix vers, c'est très court. Tu n'as pas de mots à gaspiller pour aller raccrocher une rime (je pense à ce "moulin" qui cadre mal avec l'idée centrale et qui t'oblige à une contorsion verbale, d'autant que "patelin" n'est guère plus heureux.)
Mais plutôt que de donner des conseils, je me suis amusé à revisiter (dernière fois, promis !) ton texte dans cette optique, encore que j'aboutisse à une histoire légèrement différente :
Evasion impromptue
Dans le soleil éclatant de l'été,
Il a suffi d'un nuage argenté...
Nous étions mille, assemblés sur la place,
Et dominant la vile populace,
Le Haut Clergé lorgnait d'un oeil glacé
La fille en pleurs sur le bûcher dressé...
Il a suffi d'un tout petit nuage
Pour que s'abatte un monstrueux orage
Qui fit s'enfuir culs bénis et sans-coeur
Et s'envoler un grand rire moqueur
Dans le soleil...
La première version s'arrêtait à moqueur, puis j'ai trouvé que le rejet en fin du début du premier vers donnait un effet sympa.
Evidemment, c'est la fille qui s'envole en riant. Ce n'était pas évident par le texte lui-même, d'où l'importance de ne décider du titre qu'à la fin, pour dissiper un flou ou préciser l'idée générale.
Allez, à plus...
Essaie d'imaginer les rimes plates comme un ensemble complémentaire. Au lieu d'écrire un vers et de chercher ensuite ce qui pourrait cadrer à la fin du second, mets les deux en parallèles et écris le premier en fonction du second. Et si le résultat n'est pas bon, cherche un autre jeu de rimes.
Dans "le diable marie sa fille", tu as dix vers pour raconter une histoire. Dix vers, c'est très court. Tu n'as pas de mots à gaspiller pour aller raccrocher une rime (je pense à ce "moulin" qui cadre mal avec l'idée centrale et qui t'oblige à une contorsion verbale, d'autant que "patelin" n'est guère plus heureux.)
Mais plutôt que de donner des conseils, je me suis amusé à revisiter (dernière fois, promis !) ton texte dans cette optique, encore que j'aboutisse à une histoire légèrement différente :
Evasion impromptue
Dans le soleil éclatant de l'été,
Il a suffi d'un nuage argenté...
Nous étions mille, assemblés sur la place,
Et dominant la vile populace,
Le Haut Clergé lorgnait d'un oeil glacé
La fille en pleurs sur le bûcher dressé...
Il a suffi d'un tout petit nuage
Pour que s'abatte un monstrueux orage
Qui fit s'enfuir culs bénis et sans-coeur
Et s'envoler un grand rire moqueur
Dans le soleil...
La première version s'arrêtait à moqueur, puis j'ai trouvé que le rejet en fin du début du premier vers donnait un effet sympa.
Evidemment, c'est la fille qui s'envole en riant. Ce n'était pas évident par le texte lui-même, d'où l'importance de ne décider du titre qu'à la fin, pour dissiper un flou ou préciser l'idée générale.
Allez, à plus...
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Sujets similaires
» REGARD
» Similien (Julien Noël)
» Crépuscule atlante (pour Similien)
» poésie portable 68-79
» poésie portable 80-89
» Similien (Julien Noël)
» Crépuscule atlante (pour Similien)
» poésie portable 68-79
» poésie portable 80-89
Page 2 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum