Peter Straub

A Marseille, on sort à peine de la période où on restait chez soi, écrasé de chaleur, avec deux ou trois semaines de retard par rapport aux autres années. Enfin on arrive au début de l'automne où il fait beau et doux, ce qui donne l'envie de se balader dans la région !
Bon, jeudi on va à Paris pour quelques jours, il va y faire plus froid, mais on devrait retrouver un temps agréable au retour...



Oui je sais, rien à voir avec Peter Straub !

Murphy Myers a écrit:Pour Messe noire, je peux noter sur l'enveloppe "Tak, Vers l'église, Briançon" mais pas sûr que le facteur comprenne

Tu peux essayer, mais effectivement pas certain que ça porte ses fruits

Pala, balance-moi un peu de soleil et de chaleur sur le passage, on en a bien besoin ici : j'ai l'impression que l'hiver va être en avance ! (un de mes collègues m'annonçait déjà un -1 chez lui à 6h du mat', même si en journée on a des températures plus ou moins de saison...).

Juste un petit mot pour te dire que j'ai bien reçu ton colis, Murphy : un grand merci à toi, donc ! (et très sympa ton petit "bonus", tu l'avais en double ?).

J'ai un peu décroché de Ghost Story, c'est très complexe, mais je vais y revenir...

Paladin a écrit:J'ai un peu décroché de Ghost Story, c'est très complexe, mais je vais y revenir...

En même temps, c'est pas comme si on t'avais pas prévenu...
Mais je comprends, la plume de Straub n'est pas la plus accessible et peut-être s'immerger dans son univers après les lectures souvent plus "légères" de l'été n'est-il pas forcément la meilleure idée.

Tak a écrit:Juste un petit mot pour te dire que j'ai bien reçu ton colis, Murphy : un grand merci à toi, donc !  (et très sympa ton petit "bonus", tu l'avais en double ?).

Ah cool !
Je vois le message que maintenant ; j'ai l'impression que j'en ai loupé pas mal ces derniers jours (je n'ai vu aucune icone "nouveau message" pourtant -_-).
Pour le bonus, oui, je l'avais en stock et comme je t'en avais déjà parlé il me semble, j'ai voulu faire d'une pierre deux coups. Si le livre n'est pas de moi, l'idée d'origine oui et je me suis dit qu'elle collerait bien à tes aspirations.

Tak a écrit:

Paladin a écrit:J'ai un peu décroché de Ghost Story, c'est très complexe, mais je vais y revenir...

En même temps, c'est pas comme si on t'avais pas prévenu...
Mais je comprends, la plume de Straub n'est pas la plus accessible et peut-être s'immerger dans son univers après les lectures souvent plus "légères" de l'été n'est-il pas forcément la meilleure idée.

Mais le pire, c'est que je l'ai déjà lu et que je n'en garde aucun souvenir, sinon d'avoir plutôt aimé (C'était sans doute à une lointaine époque où je n'allais pas encore sur Internet, je passais beaucoup de mon temps à lire !)

Je sais bien, mais notre appréciation d'une œuvre peut dépendre de beaucoup de facteurs extérieurs qui ne sont pas forcément pas de notre ressort. Y'a des bouquins que j'ai lu (et adoré) il y a quelques années et sur lesquels je ne serais pas sûr d'avoir le même ressenti aujourd'hui...
Tu y reviendras d'ici quelques temps, quand tu auras l'esprit peut-être plus dispo' pour ce genre de lectures

(dans mes souvenirs, Le Dragon Flottant ou Le Cabinet Noir, par exemple, étaient quand même accessibles que Ghost Story)

Salut à vous.

Et bien moi aussi, je suis un grand fan de ce Ghost Story.

Je l’avais lu à la suite d’une super soirée de « jeu de rôle », dans les années 80. Mon club de JdR, à l’époque, était l’un des plus fréquentés des Yvelines (région parisienne). Du coup, nous organisions souvent des week-ends "portes ouvertes", où nous faisions plusieurs tables axées sur un thème en particulier.

Cette fois-ci c’était une journée Stephen King. Celui-ci étant mon auteur préféré depuis... toujours (il est le premier, et restera surement mon papa spirituel), j’ai pris un pied particulier durant ma séance. Pourtant, et c’était assez rare, j’étais "joueur" à ma table (à l’époque, j’étais MJ le plus souvent). Le scénario contait les mésaventures  de quelques retraités (les joueurs) coincés sur une aire de repos au bord de l’autoroute, lors d’une tempête de neige. La nuit fut longue et mouvementée, après que l’un d’eux (un PNJ, bien sûr) décide de leur dévoiler une vieille légende du coin… une histoire de fantôme bien sûr…

Peu de temps auparavant, je m’étais (comme par hasard) procurer le fameux Ghost Story, en occase dans une brocante, sans avoir mis le nez dedans, juste parce que Straub était le pote de King et qu’il y avait "Fantôme" dans le titre. Mais je me souvenais avoir lu quelque part que ça parlait de vieux qui se racontaient des histoires d’horreur lors de soirées, comme dans un club. La partie de jeu de rôle avait été tellement sympa que j’ai de suite eu envie de me replonger dans ce genre d’ambiance. De plus, la scène d’intro est tellement… étrange, envoutante. Cet homme qui prend la route avec une fillette, dont on sait qu’il n’est pas le père ! Est-ce un kidnapping ? L’homme semble pourtant sain d’esprit. Que va-t-il faire à cet enfant ?

Et je n’ai pas été déçu. J’ai ADORÉ. Du coup, je me suis enfilé le Talisman à la suite. Et pareil, j’ai vraiment beaucoup aimé.

Ghost Story prend donc une place à part dans les livres que j’ai appréciés. Une sorte de… je ne sais pas… d’ambiance qui ne me lâche pas, qui me fait frissonner et que j’aime nourrir de temps en temps. Le côté "personnes qui se réunissent pour se raconter des histoires effrayantes, lors de soirées envoutantes". C’est un peu ce que l’on fait lors des soirées de jeux de rôle, d’ailleurs.

Quant au style Peter Straub, j’aime beaucoup. Lui aussi a tendance à allonger le texte, mais, comme avec le King, on ne s’ennuie pas à le lire. Les mots servent l’histoire et ne la gonflent pas sans raison.
Enfin, voilà comment j’ai entamé ma relation avec le pote du King. Depuis, je crois que je ne suis pas loin d’avoir l’intégrale dans ma bibliothèque (ceux traduits, en tout cas). Je n’ai pas encore tout lu, mais je suis comme ça, je lis selon mon envie du moment, et ils sont dans la liste, ça, c'est sûr.

Murphy Myers a écrit:

Tak a écrit:Juste un petit mot pour te dire que j'ai bien reçu ton colis, Murphy : un grand merci à toi, donc !  (et très sympa ton petit "bonus", tu l'avais en double ?).

Ah cool !
Je vois le message que maintenant ; j'ai l'impression que j'en ai loupé pas mal ces derniers jours (je n'ai vu aucune icone "nouveau message" pourtant -_-).
Pour le bonus, oui, je l'avais en stock et comme je t'en avais déjà parlé il me semble, j'ai voulu faire d'une pierre deux coups. Si le livre n'est pas de moi, l'idée d'origine oui et je me suis dit qu'elle collerait bien à tes aspirations.

Ah ben là du coup, c'est moi qui a complètement zappé, ahah ! en tous cas c'est très sympa à toi et oui, en plus il m'intéressait (le livre, précise-je lol), je ne l'avais pas acheté sur le moment, m'étant rabattu sur son roman suivant, mais je suis sûr que ces Corbeaux Brisés me plairont !

Et intéressant témoignage Edgar, c'est sûr que si t'es à fond dans les JdR, l'ambiance de Ghost Story peut avoir de quoi te plaire... Perso, c'est justement cette atmosphère si particulière qui m'a happé et donné envie de lire et de poursuivre ma lecture. Pour un peu ça me donnerait presque envie d'y retourner, mais étant donné que je viens de faire entrer Messe Noire du même auteur dans ma PAL, celui-là sera sans doute prioritaire.

Wisconsin, années 1960.Spencer Mallon, un gourou au charisme sulfureux, invite ses jeunes disciples à pratiquer un rituel secret, une sorte de messe noire dans un champ isolé près de leur campus. Mais la situation dérape très vite et il ne reste de cette nuit qu’un cadavre démembré, ainsi que le traumatisme profond partagé par les survivants. De nombreuses années plus tard, l’horreur hante encore ce groupe d’amis autrefois inséparables, qui va bientôt devoir se confronter de nouveau à la terrifiante question de la nature même du mal…



Bon déjà, ne pas trop se fier à ce 4e de couv', qui nous fait croire à quelque chose que ce roman n'est pas, comme une espèce de remake "non-avoué" de Ca, alors qu'il n'a absolument rien à voir, ni de loin ni de près.

En effet, à la différence du roman et de l'auteur suscité (mais aussi de la plupart des récits fantastiques qu'on a l'habitude de lire), il ne s'agira pas pour les "survivants" en question de se réunir en vue de se confronter une nouvelle fois à la menace les ayant marqué au fer rouge (pour l'éradiquer une fois pour toutes), mais de trouver dans l'explication même de celle-ci les clés de leur traumatisme une façon de le dépasser et d'apprendre à vivre avec, "d'accepter" et de tourner la page. La résolution de la chose se jouant ainsi plus sur un niveau psychologique et cathartique que purement physique.
Il n'y aura donc pas ici d'affrontement épique contre une menace venue d'un autre monde se terminant par de gargantuesques giclées sanguinolentes ou d'explosions dignes d'un climax de blockbuster hollywoodien, mais "juste" des personnages face aux conséquences de leurs choix et ce que ceux-là auront pu amener de bon ou de mauvais dans leur vie.
Pour autant, je ne m'y suis pas ennuyé une seule seconde, l'auteur étant toujours aussi talentueux pour brosser des portraits crédibles et pertinents de personnalités abîmées par la vie, autant que par leurs propres choix. Une plume toujours aussi fine dans l'étude psychologique, mais qui se plait également (comme dans les autres romans que j'ai pu lire de lui) à brouiller les pistes d'un point de vue narratif, maintenant toujours ce flou, cette incertitude, sur la nature réelle de ce qu'on est en train de lire, sur le où, le qui ou le quand, qui pourra facilement égarer les lecteurs les moins attentifs. Le récit étant écrit à la 1e personne, par le narrateur Lee Harwell, personnage central du petit groupe d'amis, mais également le seul à ne pas avoir participé à la fameuse "messe noire", gardant cependant souvent le "je" pour raconter les évènements du point de vue d'autres personnages ; ce qui fait que l'on se retrouve souvent avec plusieurs sources narratives différentes, parfois au sein même d'un même dialogue et parfois même dans des temporalités différentes.
Et à cet exercice, Straub se fait un malin de brouiller les cartes, construisant sa trame sur plusieurs couches temporelles/narratives différentes, le refermant parfois en poupées gigognes, enchâssant un récit dans l'autre, renfermant lui-même un autre dans une destructuration narrative déstabilisante, qui loin de complexifier artificiellement la chose, lui donne au contraire une force supplémentaire et une densité assez admirable, là où l'incipit ne donnerait à voir qu'une vague histoire de prétendue cérémonie occulte ayant mal tourné... alors qu'il y a bien plus de choses à voir et à raconter à travers cet évènement fondateur.
Outre ces spécificités purement formelles, on a également droit à une jolie galerie de personnages, principaux ou secondaires, entre ces beautés artificielles cachant des goules vénales et avides, ces sportifs estudiants forts en gueule mais aussi souvent complètement paumés, ou bien ces monomaniaques ou sociopathes en devenir, ces chérubins solaires planant loin au-dessus la médiocrité ambiante ou cette figure centrale du gourou-leader-chef de meute aussi charismatique et admiré de ses "sujets" qu'il est lui-même perdu dans ses propres méandres intérieurs (perso Straubien par excellence, dont on retrouve l'écho dans nombre de ses autres ouvrages), mais qui aussi contrastés soient-ils, cachent tous une certaine vulnérabilité, les rendant d'autant plus humains.

Mais avant de finir sur l'impression finale que ce roman m'a laissé, j'ai encore une fois envie de revenir sur la construction même de celui-ci. Je me souviens, avant même d'avoir lu quelque roman que ce soit de l'auteur, de l'avoir découvert il y a fort longtemps dans une anthologie réunissant plusieurs grands noms du genre et où, dans cette nouvelle, un jeune écrivain en herbe demandait à un romancier de renom, lors d'une séance de dédicace un conseil d'écriture à ce dernier. La réponse de celui-ci (en gros) était : "imaginez votre histoire comme une cible et vous en tant qu'archer. Votre rôle, en tant que conteur d'histoires, est de tirer chacune des flèches au centre de la cible, chacune de vos flèches pourra raconter une vie, un évènement ou personnage différent, mais toutes devront être tournées vers le centre, de la première à la dernière : c'est là le cœur véritable de votre histoire et chaque tir devra immanquablement vous ramener à celui-ci."
Et c'est exactement ainsi que sont conçus les romans de Straub en général et celui-là en particulier : il ne construit pas son récit de façon linéaire d'un point A à un point B, en suivant le schéma classique "début/développement/conclusion", où le dernier acte pétaradant amènerait la résolution de l'ensemble, mais plutôt comme les couches successives d'un mille-feuilles ou comme les ondes concentriques à partir d'un caillou jeté dans un étang dont le point de chute serait le nœud vital du récit. Chaque chapitre étant l'un des cercles, nous rapprochant ou nous éloignant selon les besoins du centre, mais sans jamais le perdre de vue. Et d'un point de vue purement technique, je trouve cette façon de faire vraiment judicieuse et particulièrement ici, l'évènement décrit dans le pitch étant le point central du récit, mais à chaque fois conté de manière différente, chaque personnage l'ayant vécu de façon différente et la narration ne pouvant donc se reposer sur un unique point de vue.
Toujours ce flou, cette incertitude, ce trouble inquiétant, cette porosité entre le "réel" et le fantasmé, le vécu ou le ressenti, le fantastique ne naissant plus alors de la pure manifestation physique du surnaturel, mais de la façon dont ces différentes visions/expériences s'entrechoquent entre elles ou aux conceptions inhérentes aux protagonistes de ce qu'ils pensent du domaine du réel ou non.
En découvrant le récit sous cette approche, il n'en devient que plus passionnant et la construction dont je parlais plus haut en devient d'autant plus pertinente et brillante, illustrant ainsi son concept à merveille.

Bref, je pourrais en parler des heures tant il y a de choses à dire, mais dans les grandes lignes, j'ai donc (encore une fois) adoré ce roman Straubien, qui sans figurer non plus parmi mes préférés, m'a néanmoins replongé avec délice dans l'univers toujours aussi singulier de cet auteur, à la plume toujours aussi fine et élégante.
Pas forcément le meilleur de cet auteur (dans ma mémoire, je reste encore sur Mr. X, qui m'avait fait très forte impression à l'époque), mais encore un grand moment de lecture, en ce qui me concerne

Je n'ai jamais lu de roman de Straub jusqu'a maintenant mais vous me donnez envie de m'y lancer. Bon, pas avant d'avoir fini ma PAL qui ne compte pas moins de 50 livres au bas mots.

kalcidian a écrit:Bon, pas avant d'avoir fini ma PAL qui ne compte pas moins de 50 livres au bas mots.

Même problème pour moi, mais bon y'a quand même des priorités ! J'aurais beau avoir une PAL de la taille d'un mammouth menaçant de m'ensevelir moi et tout mon appart', je trouverais toujours le temps (ou l'espace) de me lire un nouveau Straub ou un Tolkien que je ne connais pas...
Le sens des priorités, en toutes circonstances !

(je ne cite pas Barker, car même si je suis fan de sa plume autant que de son univers, les derniers trucs que j'ai lu de lui m'ont un peu refroidi... ce qui ne m'est encore jamais arrivé avec P. Straub, jusque-là)

Je vais me le caser entre deux alors. Tu viens de finir de me convaincre Tak.

kalcidian a écrit:Je vais me le caser entre deux alors. Tu viens de finir de me convaincre Tak.

Ah oui mais attention hein, ce ne sont que mes goûts perso, ce que je trouve génial pourra sûrement paraître confus et inintéressant aux yeux des autres. D'autant plus que le style de l'auteur est plutôt exigeant, beaucoup ont lâché l'affaire en cours de route (la preuve : Murphy me l'a refilé parce qu'il a jamais réussi à arriver au bout lol mais en ce qui me concerne, c'est du petit lait ! ).