Derniers films vus (ciné, DVD) 2017-2018-2019

Merci à toi Paladin pour toutes ces précisions sur Jess Franco et Claude Mulot. Jess Franco, j’aurais tendance à rejoindre l’avis de JP Putters sur ses films, trop décousus pour la plupart, tout en lui reconnaissant de temps à autre le sens de la belle image : c'est déjà ça  


Vu la cuvée 2016 de Ghostbusters et plutôt apprécié, entre son esthétique néogothique et ses SFX colorés, sans oublier sa galerie de bras cassés au féminin, éminemment sympathique. L’humour y est parfois redondant mais fait plutôt mouche.

Mes seuls regrets concernant ce film sont sa promo à base de « si vous n’aimez pas, c’est que vous êtes misogyne » refrain servi par un réalisateur un peu trop sur la défensive et semblant avoir manqué de confiance vis-à-vis de son travail. L’autre regret concerne le scénario qui n’est guère plus qu’un reboot paresseux du premier Ghostbusters, là où il y avait un univers d’urban fantasy suffisamment riche pour se permettre une continuité avec les deux premiers films.

Sorti quelque peu déçu (doux euphémisme) de La Forme de l’Eau, il m’a pris l’envie de revenir aux sources du mythe du Gill-Man, en retournant au Lagon Noir.

L’étrange créature du Lac Noir — 1954 — Jack Arnold


Une équipe archéologique partie à la recherche de fossiles remonte l’Amazone et pénètre sur le territoire reculé d’une créature préhistorique amphibie, homme-reptile appréciant peu l’intrusion d’humains dans son domaine. Fascinée par l’unique femme de l’expédition, la créature se fait un devoir de la retenir dans le lagon noir… à tout jamais.

Que dire sur ce film, si ce n’est qu’il a admirablement traversé les décennies ? La créature y est plus convaincante avec son costume en latex que quantité de CGI apparus ces dernières années et les séquences sous-marines sont aussi belles (les évolutions nautiques parallèles de la créature et de Kay, inconsciente de sa présence) qu’efficaces (la lutte désespérée de Williams pour se défaire de la créature alors qu’elle l’entraîne dans les abysses). Bien évidemment, l’intrigue, tout ce qu’il y a de plus classique, ne serait plus menée de la même façon de nos jours et l’héroïne — loin de jouer les scream queens — prendrait sans doute le leadership du casting, mais ce n’est pas là l’essentiel.

Ce qui m’a le plus séduit dans ce long-métrage, c’est l’équilibre parfait mis en place par Jack Arnold entre film d’horreur et réflexion écolo avant l’heure, à une époque où l’immense majorité des films donnait dans le manichéisme à tout crin. Sa démarche force le respect, au point de passer l’éponge sur les quelques scories que compte le long-métrage, dont ces fugitifs plans où l’on voit nettement la bouche du cascadeur Ricou Browning se dessiner derrière celle du costume du Gill-Man. Une étonnante prouesse cinématographique qui mérite encore largement le coup d’œil.

Vu Wedding nightmare (Ready or not en VO, parce que Wedding nightmare est... le titre vf, logique !).

Vu le concept, je m'attendais à un gros navet bien foireux mais ma curiosité me pousse toujours à regarder quand on parle films d'horreur. Et pour cette fois, elle a bien fait.
L'histoire est plus réfléchie qu'il n'y parait (même si ça reste tiré par les cheveux hein) et l'humour noir fonctionne très bien, sans gâcher le film (au contraire, comme l'histoire apparaît comme invraisemblable, manquer de second degré aurait été une grave erreur).
Le rythme est au rendez-vous et le film a l'intelligence de fouiller un minimum ses personnages et leurs relations entre deux scènes de tension (là où les slasher/survival/assimilés font malheureusement souvent l'impasse de ce côté, se contentant de personnages-chair-à-pâté creux).

Pas le film du siècle donc, mais dans le genre où on voit pas le temps passé et où le visionnage est plaisant, il se pose là.
En bonus, un message en sous-texte sur le mariage et la belle-famille que je ne peux qu'approuver. ^^

Et l'actrice est badasse !
Pour moi, c'est la Jim Carey féminine !

Effectivement ; tous les acteurs m'ont paru bon, mais l'héroïne est carrément excellente !

Eh bien, toujours pas de retour pour le dernier Star-machin-bidule-Wars ? A ce qu'on m'a dit, il y aurait une méga révélation,

Spoiler:

 en totale contradiction avec l'épisode précédent, mais bon, la cohérence scénaristique chez Disney, hein...

Ah non, ça ne me tente pas, j'en reste à la trilogie d'origine, le reste dénature tout pour moi.
J'ai vu Fast & Furious : Hobbs and Shaw. Je me suis éclatée, un bon moment d'action et d'humour, et j'adore Dwayne Johnson. Pas mon genre de film habituel, mais franchement un excellent moment !

Je m'y suis collée. Je voulais terminer cette nonologie qui m'avait laissée collée au siège en 79. Evidemment rien à voir avec la première trilogie. Côté effet speciaux le job est fait et meme au delà du contrat. Côté scénario en revanche, la cohérence des règles de fonctionnement de l'univers de référence est bien mise à mal. Les personnages morts dans les films précédents revivent, les fantômes de Jedi pullulent et se comportent presque comme s'ils étaient matériels. Bref, un moment agréable néanmoins si on pose le cerveau, c'est un beau spectacle, peut-être un peu trop de combats a mon goût mais cela est purement subjectif.

Hier, j'ai regardé les deux premiers épisodes de La servante écarlate qui passent sur une chaîne belge.
Pour l'instant, je dois dire que ça me plaît bien. Bon, en même temps, c'est une dystopie et c'est un genre que j'aime beaucoup, mais en plus le pitch de base (stérilité d'une grosse partie des femmes, société perverse qui utilise les fertiles comme utérus sur pattes pour les nantis) est intéressant. Peut-être pas super original (enfin il me semble que c'est une idée déjà utilisée dans d'autres fictions) mais bien mise en scène. J'aime aussi les personnages que je trouve plutôt bien construit. On n'est pas uniquement du côté des "victimes" de ce système, mais on se rend compte aussi que ce n'est pas spécialement facile pour les privilégiés. Les scènes d'accouplement montrent bien que pour les trois protagonistes, c'est un moment pénible, même si ça l'est bien évidemment bien plus pour celle qui se fait monter sans pouvoir rien y faire. J'aime aussi le côté quasiment secte avec des "yeux" qui surveillent,, des réunions où toutes font la même chose, le même acte, prononcent les mêmes paroles.
Plus qu'à attendre la semaine prochaine pour voir la suite.

La première saison adapte le roman, déjà porté en film par Volker Schlöndorff en 1990.
J'ai beaucoup aimé, ainsi que la deuxième qui est une suite au roman. Par contre, j'ai trouvé la troisième pleine de longueurs, ça ne se réveille que dans les derniers épisodes.

Le pire de cette série, c'est qu'elle est un peu le rêve de certains intégristes, et d’ailleurs des manifestantes pro-IVG se déguisent en servantes écarlates, comme ici aux USA pour protester contre la possible nomnation du très réactionnaire Brett Kavanaugh à la Cour suprême :

Ouais, ça fait peur ce genre d'énergumènes. Le pire c'est que bien des dystopies ne sont jamais que des extrapolations de ce qui est déjà connu à moindre échelle.

Je n'ai pas encore lu le bouquin, qui est en bonne place dans ma liste, mais j'ai vu les trois saisons de la série.
Les deux premières me semblent excellentes. Presque tous les épisodes proposent un moment de tension, d'émotion ou d'horreur. La troisième est moins bien écrite, et le final est beaucoup trop mignon.
Ce n'est pas original pour un sou, faut bien le reconnaître. Cette dystopie prend 1984 sous l'aspect purement féministe. Pourquoi pas. En tout cas, les incohérences de ce système politique sont largement rattrapés par la réalisation et surtout le jeu des actrices ; mention spéciale pour Elisabeth Moss, vraiment convaincante.
Je ne suis pas encore parvenu à faire le lien entre la privation des droits féminins et l'amélioration de l'écologie, mais bon...

Midsommar : Ça faisait des mois que celui-là me faisait de l’œil et j'ai pas été déçu !
Il y a quelque chose de redoutable dans ce film, faisant que malgré ses passages attendus et sa trame plutôt prévisible, on reste tout de même scotché. Bien sûr, on sait dès que les jeunes arrivent dans le village que tout ça finira très mal, mais on est aussi happé dans ce cauchemar solaire qui n'en finit jamais. Si certaines scènes sont volontiers choquantes, le réalisateur fait plutôt le choix dans la suggestion, pour quelle fasse sens avec le mode narratif choisi. Personnellement, sans parler des sévices ou sorts infligés à certains, les scènes qui m'ont le plus impressionné sont celles où la nasse des fidèles (toujours souriants) se referme autour des touristes, ridiculement surnuméraires sur leur hôtes et donnant ainsi à ces derniers des allures de prédateurs de masse. De même que certains dialogues et allusions, qui ont de quoi glacer le sang après-coup. Tout va toujours dans le sens d'une même logique inéluctable (et sans concessions), jusqu'à un deniers tiers jouissif et visuellement somptueux.
Outre l'atmosphère envoûtante et malsaine à la fois que Ari Aster donne à son film (j'ai par moments pensé aux folies consanguines du Calvaire de Fabrice du Welz), il faut souligner aussi que la partie visuelle est magnifique, donnant à ces célébrations du solstice un caractère de cauchemar sans fin et magnétique, presque hypnotique, même - notamment lors des rituels, véritables œuvres d'art iconographiques au sein du film. A cela il faut rajouter une direction artistique parfaite, avec ses décors naturels et ses décorations de toutes sortes (tentures, peintures, dessins, fresques douloureusement prémonitoires) qui donnent un réel cachet à l'ensemble.

Bref, si l'aspect un brin linéaire (mais efficace) du scénario pourra ennuyer certains, le rythme du film, son discours et ses formidables parti-pris visuels lui confèrent une aura magnétique difficilement attaquables. En ce qui me concerne, c'est l'un des meilleurs films de genre que j'ai vu ces dernières années, solide, dérangeant et maîtrisé de bout en bout : une petite merveille, donc, que je recommande à tous les fous ne l'ayant pas encore vu !


P.S: Ah oui, je viens d'y penser, mais on pourrait réactualiser ce topic aussi...

Vu Midsommar il y a quelques mois. Je suis loin d'avoir la même impression que toi, Tak. Après un début excellent, le film s'embourbe. Et cela dès leur arrivée dans la communauté. Les images sont belles, certes, la lumière magnifique ainsi que les décors mais Dieu que l'ensemble est téléphoné et décousu. J'ai cru assister à une sorte de projet arty qui ne dirait pas son nom mais sans aucune substance et sans aucun discours derrière ; ce qui en principe ne me dérange pas dans une production hollywoodienne. Mais là, on sent que le réalisateur a une très haute opinion de lui-même et de son oeuvre. Le summum étant atteint à mes yeux lors d'une scène d'accouplement. C'est là, à ce moment précis, que j'ai définitivement lâché l'affaire. On m'avait dit beaucoup de bien de ce film. Je ne peux pas dire autre chose que cela : j'ai détesté ce truc.

Je me retrouve entre vos 2 avis, personnellement.
Midsommar est très bien réalisé, techniquement parlant. Superbes images et ambiances, superbes mises en scène et transitions, bref, super travail visuel. Tout comme Hérédité avant lui en fait. Pour moi, le réalisateur est parmi les plus talentueux du moment de ce côté. Sur cet aspect, je rejoins donc globalement ton avis, Tak.

Par contre, côté scénario, je plussoie Silence. Déjà avec Hérédité, je m'étais dit à la fin "Tout ça pour ça ?". Là, la déception est moins grande vu qu'on sait dès les premières minutes ce que Midsommar nous proposera. Mais je reste sur cette "frustration" quand même d'une superbe réalisation au service d'un scénario trop banal.

Le jour où le réalisateur se penchera sur un concept original, je suis sûr qu'il pondra le film que je considérerai comme le meilleur de la décennie. Mais pour l'instant, il lui manque un scénariste qui le sortirait des sentiers battus pour me convaincre, même si je reste admiratif de sa technique de réalisation et de la patte toute personnelle qu'il impose sur ses films.