Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
+15
Amaranth
Raven
François Fischer
Tobermory
Jack-the-rimeur
Perroccina
The_wakwak_tree
paulux
Catherine Robert
yann
Paladin
Blahom
FRançoise GRDR
SILENCE
Murphy Myers
19 participants
L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: N°9 : Cimetière
Page 3 sur 5
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Au bureau, j'ai fini par par me coller un papier avec tous les raccourcis justement parce que je les oublies régulièrement aussi, mais comme je travaille à ma nouvelle durant la pause déjeuner, je l'avais de nouveau mémorisée.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
- Messages : 4109
Date d'inscription : 26/12/2012
Age : 59
Localisation : Béarn
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Beaucoup de bonnes choses dans ton texte : l'originalité de ce cimetière, sorte de transit inter-mondes, l'étrangeté de son atmosphère, à la fois morbide et décalée, qui m'a rappelé certains récits de Jean Rollin, le regard caustique et désabusé que pose Paul sur sa maladie, la façon dont son avenir devenu dérisoire modifie sa perception de ce (et ceux) qui l'entoure(nt).
Tout ça est bien vu et bien rendu.
Ce que j'ai du mal à saisir, c'est la fixation que fait Paul sur la date précise de son décès. Il aurait quelque chose d'important à accomplir avant l'échéance fatale, oui, mais ce n'est pas le cas. Paul est un fataliste, il est déjà mort dans sa tête alors qu'on lui donne encore 2 à 3 ans, alors quel intérêt de connaître le moment exact où tout finira ? En phase terminale où chaque jour compte, on le comprendrait, mais là, ça paraît bizarre. D'autant plus que ses recherches lui ont permis d'entrouvrir une fenêtre sur l'après-vie et qu'il ne se montre guère curieux : où vont les morts qui se réveillent à Somorre ? Qu'y a-t-il au-delà des murs du cimetière ? Quel avenir l'y attend ? Voilà ce qui me semblerait intéresser un condamné davantage que le jour de son exécution.
Mon sentiment final est celui celui d'un filon qui n'aurait pas été exploité au mieux, seul bémol pour une partition de qualité.
Et une mention spéciale pour la scène avec la jeune Sarah !
Tout ça est bien vu et bien rendu.
Ce que j'ai du mal à saisir, c'est la fixation que fait Paul sur la date précise de son décès. Il aurait quelque chose d'important à accomplir avant l'échéance fatale, oui, mais ce n'est pas le cas. Paul est un fataliste, il est déjà mort dans sa tête alors qu'on lui donne encore 2 à 3 ans, alors quel intérêt de connaître le moment exact où tout finira ? En phase terminale où chaque jour compte, on le comprendrait, mais là, ça paraît bizarre. D'autant plus que ses recherches lui ont permis d'entrouvrir une fenêtre sur l'après-vie et qu'il ne se montre guère curieux : où vont les morts qui se réveillent à Somorre ? Qu'y a-t-il au-delà des murs du cimetière ? Quel avenir l'y attend ? Voilà ce qui me semblerait intéresser un condamné davantage que le jour de son exécution.
Mon sentiment final est celui celui d'un filon qui n'aurait pas été exploité au mieux, seul bémol pour une partition de qualité.
Et une mention spéciale pour la scène avec la jeune Sarah !
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Merci beaucoup Jack !
La réaction de Paul fait clairement tache pour beaucoup de lecteurs. J'avoue que je sais pas trop comment faire sur ce point parce que pour une fois, je suis à contre-courant. D'habitude, les bémols dans mes textes sont plus ou moins objectifs (mauvaises formulations, phrases trop longues, rythme trop lent etc.) et même quand ça se rapproche du subjectif (personnage mal aimé ou incohérent par exemple), je suis quasiment toujours d'accord avec les remarques. Je crois que c'est la première fois où je suis en désaccord, et sur un point central de l'histoire en plus.
Je me dis que j'ai mal retranscrit le personnage avec cette idée de vouloir connaître sa date qui ne convainc pas grand-monde en l'état.
Pour l'après-mort, j'avoue que j'avais pas pensé à ça. Pas le temps de l'expliquer dans un texte court et j'avais pas envie de me triturer le cerveau pour trouver une réponse à ça.
Ce qui me semblerait le plus logique avec le ton de l'histoire, c'est que les fantômes ne vont nulle part après leur réveil. Ils se désintègrent, voire deviennent le brouillard ambiant, pourquoi pas. Mais je veux clairement pas une once d'espoir de ce côté, ni que Paul en ait.
J'ajouterai quelques info là-dessus pour rendre plus cohérent son absence de curiosité à ce sujet. Reste encore et toujours cette recherche de sa date que je doute pouvoir résoudre. Le mieux serait encore de ne pas mettre ce texte sur Amazon comme prévu, pour éviter de décevoir les possibles lecteurs en fait.
Encore merci de ton message !
La réaction de Paul fait clairement tache pour beaucoup de lecteurs. J'avoue que je sais pas trop comment faire sur ce point parce que pour une fois, je suis à contre-courant. D'habitude, les bémols dans mes textes sont plus ou moins objectifs (mauvaises formulations, phrases trop longues, rythme trop lent etc.) et même quand ça se rapproche du subjectif (personnage mal aimé ou incohérent par exemple), je suis quasiment toujours d'accord avec les remarques. Je crois que c'est la première fois où je suis en désaccord, et sur un point central de l'histoire en plus.
Je me dis que j'ai mal retranscrit le personnage avec cette idée de vouloir connaître sa date qui ne convainc pas grand-monde en l'état.
Pour l'après-mort, j'avoue que j'avais pas pensé à ça. Pas le temps de l'expliquer dans un texte court et j'avais pas envie de me triturer le cerveau pour trouver une réponse à ça.
Ce qui me semblerait le plus logique avec le ton de l'histoire, c'est que les fantômes ne vont nulle part après leur réveil. Ils se désintègrent, voire deviennent le brouillard ambiant, pourquoi pas. Mais je veux clairement pas une once d'espoir de ce côté, ni que Paul en ait.
J'ajouterai quelques info là-dessus pour rendre plus cohérent son absence de curiosité à ce sujet. Reste encore et toujours cette recherche de sa date que je doute pouvoir résoudre. Le mieux serait encore de ne pas mettre ce texte sur Amazon comme prévu, pour éviter de décevoir les possibles lecteurs en fait.
Encore merci de ton message !
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Je pense qu'on doit prendre en compte les réactions des lecteurs, mais qu'il ne faut pas non plus se forcer si on n'arrive vraiment pas à être d'accord sur un point (surtout si on n'est pas du genre habitué à se draper dans son génie non-reconnu).
Pour moi, ce que tu peux faire, c'est garder cette histoire de date, mais peut-être revoir ta façon de l'amener, en rajoutant plus d'élément sur son obsession pour qu'elle devienne acceptable pour le lecteur (bon, moi, j'y ai complètement adhéré, mais comme je suis bizarre^^).
Pour moi, ce que tu peux faire, c'est garder cette histoire de date, mais peut-être revoir ta façon de l'amener, en rajoutant plus d'élément sur son obsession pour qu'elle devienne acceptable pour le lecteur (bon, moi, j'y ai complètement adhéré, mais comme je suis bizarre^^).
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Oui, ça serait une solution.
Et comme l'a fait remarquer Jack, le rapprocher plus d'une phase terminale pourrait aussi crédibiliser sa recherche. Je voulais déjà que ça soit le cas en fait, mais je sais pas comment faire comprendre ça dans le texte (n'ayant aucune connaissance en la matière).
A l'origine on lui donnait moins de 6 mois mais on m'a dit que c'est pas le genre de pronostics qu'un médecin ferait avec seulement une analyse, donc j'ai rallongé à 5 ans au mieux (pourquoi j'ai pas dit que c'était un énième test plutôt ? Bonne question ) ; peut-être que c'est une des raisons de ma divergence d'opinion à ce sujet d'ailleurs ? Dans ma tête, il est effectivement condamné, et plutôt tôt que tard.
Faudrait que je relise tout ça après quelques temps pour y voir plus clair.
Et comme l'a fait remarquer Jack, le rapprocher plus d'une phase terminale pourrait aussi crédibiliser sa recherche. Je voulais déjà que ça soit le cas en fait, mais je sais pas comment faire comprendre ça dans le texte (n'ayant aucune connaissance en la matière).
A l'origine on lui donnait moins de 6 mois mais on m'a dit que c'est pas le genre de pronostics qu'un médecin ferait avec seulement une analyse, donc j'ai rallongé à 5 ans au mieux (pourquoi j'ai pas dit que c'était un énième test plutôt ? Bonne question ) ; peut-être que c'est une des raisons de ma divergence d'opinion à ce sujet d'ailleurs ? Dans ma tête, il est effectivement condamné, et plutôt tôt que tard.
Faudrait que je relise tout ça après quelques temps pour y voir plus clair.
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Ou alors motive Paul. Trouve lui quelque chose d'important à parachever avant de mourir (bouquin, gadget informatique ou autre), un truc susceptible d'assurer l'avenir de sa femme et de sa fille (qu'il met un peu entre parenthèses dans ta version). Et là, le temps qu'il lui reste à vivre devient crucial.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Non, je préfère pas changer la nature profonde du personnage, ni ne pourrais si j'essayais d'ailleurs.
En plus, ça collerait pas selon moi : s'il avait un truc si urgent à finir, il se stresserait pour le finir et ne penserait qu'à ça, au lieu de perdre du temps à errer sur internet puis dans Somorre pour découvrir sa date.
Dans ma vision, il met tout en stand-by. Il reprendra sa vie quand il aura la conscience tranquille, mais avant ça, il lui faut la date. Pas possible de passer à autre chose tant qu'il peut pas tout planifier à partir de cette date.
Sa famille entre parenthèse, c'était pas voulu au début, mais je l'ai remarqué en cours de route et j'ai aimé et accentué l'idée. J'aime pas les textes à morale (je préfère qu'ils soient amoraux ), mais le coup de "passer sa vie à la perdre"/"mourir de vouloir vivre et oublier l'essentiel" et autres variantes me plait bien.
L'histoire et le perso sont figés dans les grandes lignes, c'est la façon dont j'amène et présente les choses que j'espère pouvoir modifier pour rendre le personnage plus crédible aux yeux des lecteurs.
La difficulté supplémentaire c'est que je ne trouve pas sa logique incohérente en l'état. Mais en laissant reposer, j'espère avoir le recul nécessaire pour présenter les choses différemment pour que ça ne bloque plus (ou moins, au moins).
Merci pour les suggestions en tout cas ! Je garde celle de ton commentaire précédent sur la phase terminale à rendre plus imminente déjà, ça me parait une bonne façon d'accentuer sa névrose et de mieux la faire accepter.
En plus, ça collerait pas selon moi : s'il avait un truc si urgent à finir, il se stresserait pour le finir et ne penserait qu'à ça, au lieu de perdre du temps à errer sur internet puis dans Somorre pour découvrir sa date.
Dans ma vision, il met tout en stand-by. Il reprendra sa vie quand il aura la conscience tranquille, mais avant ça, il lui faut la date. Pas possible de passer à autre chose tant qu'il peut pas tout planifier à partir de cette date.
Sa famille entre parenthèse, c'était pas voulu au début, mais je l'ai remarqué en cours de route et j'ai aimé et accentué l'idée. J'aime pas les textes à morale (je préfère qu'ils soient amoraux ), mais le coup de "passer sa vie à la perdre"/"mourir de vouloir vivre et oublier l'essentiel" et autres variantes me plait bien.
L'histoire et le perso sont figés dans les grandes lignes, c'est la façon dont j'amène et présente les choses que j'espère pouvoir modifier pour rendre le personnage plus crédible aux yeux des lecteurs.
La difficulté supplémentaire c'est que je ne trouve pas sa logique incohérente en l'état. Mais en laissant reposer, j'espère avoir le recul nécessaire pour présenter les choses différemment pour que ça ne bloque plus (ou moins, au moins).
Merci pour les suggestions en tout cas ! Je garde celle de ton commentaire précédent sur la phase terminale à rendre plus imminente déjà, ça me parait une bonne façon d'accentuer sa névrose et de mieux la faire accepter.
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Histoire originale pleine de tristesse et de terreur. Le début, qui plonge le lecteur dans un contexte inconnu est très intriguant et encore davantage la phrase choc qui la termine et amorce le thème du double. La suite, avec la maladie de Paul ancre le texte dans une réalité sinistre mais réaliste, qui permet de crédibiliser les éléments fantastiques. C’est un texte très dense, trop même car l’histoire est complexe et aurait mérité un format plus long. J’ai parfois eu du mal à suivre. C’est néanmoins un très bon texte, qui pourrait sans doute être développé en une nouvelle plus longue ou un roman.
Questions : A la fin, quand on rejoint la scène du début, pourquoi les termes ne sont ils pas identiques ?
Paul cherche à ne pas réveiller le fantôme parce que cela causerait sa mort, pourtant il ne peut modifier son destin puisqu’il es déjà inscrit sur le front du fantôme ?
Questions : A la fin, quand on rejoint la scène du début, pourquoi les termes ne sont ils pas identiques ?
Paul cherche à ne pas réveiller le fantôme parce que cela causerait sa mort, pourtant il ne peut modifier son destin puisqu’il es déjà inscrit sur le front du fantôme ?
Tobermory- Écritoirien émasculé
- Messages : 397
Date d'inscription : 08/07/2015
Age : 73
Localisation : Montpellier
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Merci Tobermory.
Oui, j'aurais pas dit non à plusieurs pages de plus non plus (mais pas un roman non plus, j'en ai déjà trop à faire ).
Je me souviens plus clairement des termes, mais je pense que je voulais simplement éviter un banal copier-coller, et donner des info plus précises au lecteur qu'il n'en a eues en tout début. Des info qu'on ne comprendrait pas forcément dans l'intro, qui sert justement à créer l'intérêt par ses zones d'ombres, et auxquelles on dit pas non à la fin.
C'est un peu le paradoxe du chat de Schrödinger, on va dire.
De nature névrosé, se dire qu'il pourrait bien dérégler les dates en réveillant avant l'heure les fantômes qu'il déterre me parait logique (il fait d'ailleurs possiblement le coup avec la voisine). Surtout qu'il sait agir contre les lois de Somorre. Et il sait pas à quel point il peut tout dérégler en faisant ça.
C'est un peu comme si demain, je pouvais voir le futur. Le futur que je vois est censé être impossible à changer, mais le simple fait que je le voie, alors que je devrais pas, me ferais quand même me dire que je pourrais peut-être tout faire sauter sans même le vouloir si je faisais pas gaffe.
Oui, j'aurais pas dit non à plusieurs pages de plus non plus (mais pas un roman non plus, j'en ai déjà trop à faire ).
Je me souviens plus clairement des termes, mais je pense que je voulais simplement éviter un banal copier-coller, et donner des info plus précises au lecteur qu'il n'en a eues en tout début. Des info qu'on ne comprendrait pas forcément dans l'intro, qui sert justement à créer l'intérêt par ses zones d'ombres, et auxquelles on dit pas non à la fin.
C'est un peu le paradoxe du chat de Schrödinger, on va dire.
De nature névrosé, se dire qu'il pourrait bien dérégler les dates en réveillant avant l'heure les fantômes qu'il déterre me parait logique (il fait d'ailleurs possiblement le coup avec la voisine). Surtout qu'il sait agir contre les lois de Somorre. Et il sait pas à quel point il peut tout dérégler en faisant ça.
C'est un peu comme si demain, je pouvais voir le futur. Le futur que je vois est censé être impossible à changer, mais le simple fait que je le voie, alors que je devrais pas, me ferais quand même me dire que je pourrais peut-être tout faire sauter sans même le vouloir si je faisais pas gaffe.
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Pour le paradoxe, c'était en effet la seule explication que je voyais. Comme les paradoxes temporels dans les histoires de voyages dans le temps : vertigineux pour la logique classique.
Tobermory- Écritoirien émasculé
- Messages : 397
Date d'inscription : 08/07/2015
Age : 73
Localisation : Montpellier
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
L’idée est incontestablement originale et servie par un très bon découpage narratif : dès l’ouverture, tu maintiens le lecteur en haleine, impatient de connaître le dénouement. La progression de l’intrigue alterne habilement moments forts et scènes intimistes.
Ces dernières reposent sur un personnage principal suffisamment bien dépeint pour rendre le lecteur attentif à sa détresse devant la maladie, sa peur devant l’inconnu, et enfin son acharnement à connaître — plutôt que combattre — son destin. A ce titre, la chute est impeccable et logique.
Pas de souci concernant le respect du thème : ton cimetière onirique fait plus que tenir la route, il a une originalité propre.
Une bonne technique d’écriture au service d’une bonne histoire, encore une fois marquée du sceau de l’originalité… Le traitement n’a peut-être pas fait l’unanimité, mais pour ma part c’était un super moment de lecture.
Ces dernières reposent sur un personnage principal suffisamment bien dépeint pour rendre le lecteur attentif à sa détresse devant la maladie, sa peur devant l’inconnu, et enfin son acharnement à connaître — plutôt que combattre — son destin. A ce titre, la chute est impeccable et logique.
Pas de souci concernant le respect du thème : ton cimetière onirique fait plus que tenir la route, il a une originalité propre.
Une bonne technique d’écriture au service d’une bonne histoire, encore une fois marquée du sceau de l’originalité… Le traitement n’a peut-être pas fait l’unanimité, mais pour ma part c’était un super moment de lecture.
François Fischer- Plumitif éviscéré
- Messages : 225
Date d'inscription : 27/12/2014
Age : 47
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Quand je lis pour les concours, j'ai une feuille sur laquelle je note tout ce que je relève, en bien comme en moins bien, mes questions, etc. Parfois, je suis tellement prise que je ne note rien. Aujourd'hui, au contraire, je crois que je n'ai jamais noté autant de trucs pour une lecture de concours.
Je me disais qu'on gagnerait du temps si je te filais le truc brut
Du coup, j'ai encore l'esprit embrouillé par tout ce que ma lecture a suscité, mais je vais essayer d'organiser mes pensées.
Déjà, le titre : j'ai commencé en lisant les nouvelles dont les titres m'attiraient le plus. Quand je survolais ton titre, ça ne m'évoquait que Sodome et Gomorrhe (je crois que c'est Pala qui l'a dit en premier, d'ailleurs).
Ce n'est qu'en faisant plus attention que j'ai vu que ce n'était ni l'un ni l'autre et que finalement ce titre était plutôt intrigant.
Dès les premières lignes, tu nous fous le nez dedans : on ne sait pas de quoi il retourne, c'est étrange, presque dérangeant. Tu nous obliges à rester pour la suite.
La suite, justement : j'ai bien aimé le coup du 31 décembre, apparemment beaucoup de participants ont été influencés par cette période de fin d'année. C'est assez ironique de lui coller cette mauvaise nouvelle juste au moment où tout le monde s'apprête à faire la fête. Et ça cristallise tout ce qui va en découler : ce dégoût de la vie.
Pour ma part, je trouve sa réaction sinon normale, du moins plausible : chacun réagit différemment face à la mort, et certainement encore plus bizarrement face à l'annonce de sa propre mort. Toutes les possibilités sont envisageables, celle-là autant qu'une autre. D'autant plus crédible que tu nous expliques bien que plus rien ne l'intéresse : j'aime beaucoup ce côté résigné, désabusé et cynique de ton perso. Du coup, quand il trouve enfin un truc qui le botte, il se jette à corps perdu dedans. Je suis une passionnée, limite obsessionnelle : je comprends très bien la fixation qu'il fait sur un "détail" comme le jour de sa mort. Pas de repos tant qu'il n'aura pas fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre son objectif. Et, évidemment, on s'enfonce toujours plus dans ce genre d'obsession. Non, ça me paraît parfaitement crédible. Quant à intégrer les recherches internet, le forum etc., j'ai trouvé ça très judicieux : à tel point que j'ai pensé qu'il s'agissait d'un mème internet et je suis allée faire une recherche (pour rien , bien joué !). Bonne idée, aussi, la référence aux Doppelgänger : ça renforce le côté réaliste de ton idée (je pense que c'est ça qui m'a fait supposer que tu exploitais une légende urbaine).
Ce qui m'a encore plus plu c'est cette ironie permanente : il lui reste peu de temps mais il le gaspille à savoir justement combien il lui en reste. Il se ruine une santé déjà défaillante, il occulte tout ce qui devrait compter, il occupe ses jours et ses nuits à dormir, à se couper de la réalité. Double ironie, puisque c'est son entêtement qui va accélérer les choses et précipiter sa mort par inadvertance.
On pourrait te dire : à quoi ça sert, de savoir, si on est incapable de rien y changer ? Ça sert à mettre fin à l'obsession et à accepter de faire le deuil de soi-même. Bien sûr, comme beaucoup, je pensais qu'il y aurait un retournement de situation : avec le risque de réveiller les occupants – risque double puisqu'il y a de fortes chances qu'ils fassent partie de ses connaissances – je m'attendais à ce qu'il réveille sa propre fille, par exemple. Ou qu'il réveille son double et prenne sa place dans le cercueil. Bon, tu as suivi une autre voie, ça ne gâche en rien mon plaisir de lecture.
Je me demandais quand même quel était le rôle exact des Inhumants (j'aime bien ce terme, entre inhumer et inhumain). Je m'étais dit que de toute façon les dates étaient fixées, donc qu'à part savoir quand ça allait se passer, il ne pourrait rien y changer. J'avais oublié que sa voisine avait changé au moment où il l'a découverte, donc on peut influer sur les événements. OK, ça me paraît se tenir. J'imagine assez un fou furieux bousiller tous les tombeaux et faire un maximum de dégâts pour tuer tout le monde, d'où le rôle des gardiens.
Autre chose que j'ai bien aimée : la structure du récit. Les analepses sont bien insérées, les allers-retours entre le sommeil et la veille aussi, ça avance, il y a un compte à rebours jusqu'à la date de son anniversaire, ce qui introduit une certaine tension, une urgence. Et je le comprends : si la date passe, comment pourra-t-il vivre l'année qui vient sereinement s'il ne sait pas exactement combien de temps il lui reste. Cette logique est perverse.
Je trouve que tu t'es très bien mis dans la tête de ton personnage : je ne sais pas comment on réagit vraiment à l'annonce de ce genre de nouvelle, chacun à sa façon, et le rapport à la mort reste personnel. On ne montre à ses proches que ce qu'on veut bien leur laisser voir. Son cynisme est bien pesé, ses pensées sont amères et réalistes. Tout est vraisemblable.
J'ai regretté quelques coquilles qui auraient pu être facilement évitées, ainsi que le flashback du 31 décembre qui aurait été mieux intégré au plus-que-parfait. L'absence un peu trop fréquente des pronoms personnels sujets finit aussi par peser à la lecture, à tel point que je me suis demandée si tu étais trop près de la limite max. ("Ne riait plus [...]. Ne trouvait [...]. Ne voyait [...]. N'écoutait [...].") C'est une figure de style impactante utilisée à bon escient, mais il ne faut pas en abuser.
La fin, aussi : l'écho du début, avec Sarah, bien amené. Seule la toute dernière phrase est un peu lourde, trop mélo par rapport au ton général du texte.
Quant au thème du concours : j'adore l'idée d'avoir pensé à créer ce cimetière rêvé, relevant d'une autre réalité, avec d'autres codes. Tu es bien dans le thème avec une note d'originalité très sympathique.
Que dire de plus ? Une lecture qui m'a emballée !
Je pense que la longueur de mes commentaires est proportionnelle au plaisir que j'ai eu à ma lecture (et là, tout le monde va se précipiter pour mesurer mes posts et deviner mon classement^^). Donc, tires-en la conclusion qui s'impose.
GG !
Je me disais qu'on gagnerait du temps si je te filais le truc brut
- Spoiler:
- " />
Du coup, j'ai encore l'esprit embrouillé par tout ce que ma lecture a suscité, mais je vais essayer d'organiser mes pensées.
Déjà, le titre : j'ai commencé en lisant les nouvelles dont les titres m'attiraient le plus. Quand je survolais ton titre, ça ne m'évoquait que Sodome et Gomorrhe (je crois que c'est Pala qui l'a dit en premier, d'ailleurs).
Ce n'est qu'en faisant plus attention que j'ai vu que ce n'était ni l'un ni l'autre et que finalement ce titre était plutôt intrigant.
Dès les premières lignes, tu nous fous le nez dedans : on ne sait pas de quoi il retourne, c'est étrange, presque dérangeant. Tu nous obliges à rester pour la suite.
La suite, justement : j'ai bien aimé le coup du 31 décembre, apparemment beaucoup de participants ont été influencés par cette période de fin d'année. C'est assez ironique de lui coller cette mauvaise nouvelle juste au moment où tout le monde s'apprête à faire la fête. Et ça cristallise tout ce qui va en découler : ce dégoût de la vie.
Pour ma part, je trouve sa réaction sinon normale, du moins plausible : chacun réagit différemment face à la mort, et certainement encore plus bizarrement face à l'annonce de sa propre mort. Toutes les possibilités sont envisageables, celle-là autant qu'une autre. D'autant plus crédible que tu nous expliques bien que plus rien ne l'intéresse : j'aime beaucoup ce côté résigné, désabusé et cynique de ton perso. Du coup, quand il trouve enfin un truc qui le botte, il se jette à corps perdu dedans. Je suis une passionnée, limite obsessionnelle : je comprends très bien la fixation qu'il fait sur un "détail" comme le jour de sa mort. Pas de repos tant qu'il n'aura pas fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre son objectif. Et, évidemment, on s'enfonce toujours plus dans ce genre d'obsession. Non, ça me paraît parfaitement crédible. Quant à intégrer les recherches internet, le forum etc., j'ai trouvé ça très judicieux : à tel point que j'ai pensé qu'il s'agissait d'un mème internet et je suis allée faire une recherche (pour rien , bien joué !). Bonne idée, aussi, la référence aux Doppelgänger : ça renforce le côté réaliste de ton idée (je pense que c'est ça qui m'a fait supposer que tu exploitais une légende urbaine).
Ce qui m'a encore plus plu c'est cette ironie permanente : il lui reste peu de temps mais il le gaspille à savoir justement combien il lui en reste. Il se ruine une santé déjà défaillante, il occulte tout ce qui devrait compter, il occupe ses jours et ses nuits à dormir, à se couper de la réalité. Double ironie, puisque c'est son entêtement qui va accélérer les choses et précipiter sa mort par inadvertance.
On pourrait te dire : à quoi ça sert, de savoir, si on est incapable de rien y changer ? Ça sert à mettre fin à l'obsession et à accepter de faire le deuil de soi-même. Bien sûr, comme beaucoup, je pensais qu'il y aurait un retournement de situation : avec le risque de réveiller les occupants – risque double puisqu'il y a de fortes chances qu'ils fassent partie de ses connaissances – je m'attendais à ce qu'il réveille sa propre fille, par exemple. Ou qu'il réveille son double et prenne sa place dans le cercueil. Bon, tu as suivi une autre voie, ça ne gâche en rien mon plaisir de lecture.
Je me demandais quand même quel était le rôle exact des Inhumants (j'aime bien ce terme, entre inhumer et inhumain). Je m'étais dit que de toute façon les dates étaient fixées, donc qu'à part savoir quand ça allait se passer, il ne pourrait rien y changer. J'avais oublié que sa voisine avait changé au moment où il l'a découverte, donc on peut influer sur les événements. OK, ça me paraît se tenir. J'imagine assez un fou furieux bousiller tous les tombeaux et faire un maximum de dégâts pour tuer tout le monde, d'où le rôle des gardiens.
Autre chose que j'ai bien aimée : la structure du récit. Les analepses sont bien insérées, les allers-retours entre le sommeil et la veille aussi, ça avance, il y a un compte à rebours jusqu'à la date de son anniversaire, ce qui introduit une certaine tension, une urgence. Et je le comprends : si la date passe, comment pourra-t-il vivre l'année qui vient sereinement s'il ne sait pas exactement combien de temps il lui reste. Cette logique est perverse.
Je trouve que tu t'es très bien mis dans la tête de ton personnage : je ne sais pas comment on réagit vraiment à l'annonce de ce genre de nouvelle, chacun à sa façon, et le rapport à la mort reste personnel. On ne montre à ses proches que ce qu'on veut bien leur laisser voir. Son cynisme est bien pesé, ses pensées sont amères et réalistes. Tout est vraisemblable.
J'ai regretté quelques coquilles qui auraient pu être facilement évitées, ainsi que le flashback du 31 décembre qui aurait été mieux intégré au plus-que-parfait. L'absence un peu trop fréquente des pronoms personnels sujets finit aussi par peser à la lecture, à tel point que je me suis demandée si tu étais trop près de la limite max. ("Ne riait plus [...]. Ne trouvait [...]. Ne voyait [...]. N'écoutait [...].") C'est une figure de style impactante utilisée à bon escient, mais il ne faut pas en abuser.
La fin, aussi : l'écho du début, avec Sarah, bien amené. Seule la toute dernière phrase est un peu lourde, trop mélo par rapport au ton général du texte.
Quant au thème du concours : j'adore l'idée d'avoir pensé à créer ce cimetière rêvé, relevant d'une autre réalité, avec d'autres codes. Tu es bien dans le thème avec une note d'originalité très sympathique.
Que dire de plus ? Une lecture qui m'a emballée !
Je pense que la longueur de mes commentaires est proportionnelle au plaisir que j'ai eu à ma lecture (et là, tout le monde va se précipiter pour mesurer mes posts et deviner mon classement^^). Donc, tires-en la conclusion qui s'impose.
GG !
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
- Messages : 5782
Date d'inscription : 04/05/2015
Age : 48
Localisation : au fond à droite
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Et bah Raven, que dire après un tel commentaire ?
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de noter tout ça ! (et de le recopier sur pc, j'avoue que j'aurais eu du mal avec seulement la version papier ). Et évidemment, bien content que t'aies autant accrochée à cette histoire pourtant bien imparfaite.
Moi qui voulais un titre accrocheur, je vais peut-être revoir le terme de "Somorre" pour me débarrasser de cette idée de Sodome et Gomorrhe qui n'a en effet rien à voir et qui peut induire en erreur.
Content que la mentalité du perso t'ai convaincue aussi. Ça fera au moins un 2e lecteur dans ce cas.
Faudra définitivement que j'amène mieux les Inhumants, fasse mieux comprendre leur intérêt (empêcher les Paul du monde entier de tout dérégler). J'ajoute ça à la liste des choses à changer dans ce texte.
L'absence des pronoms personnels était voulue. Pas à cause de la limite de signes mais parce que je trouvais plus esthétique de ne pas les répéter à chaque fois. Je suis sans doute tombé dans l'excès, je ferai attention à ça aussi quand je remettrai le texte en chantier.
Encore merci !
Et je prends note pour la longueur des commentaires, ça sera toujours bon à savoir pour des textes futurs.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de noter tout ça ! (et de le recopier sur pc, j'avoue que j'aurais eu du mal avec seulement la version papier ). Et évidemment, bien content que t'aies autant accrochée à cette histoire pourtant bien imparfaite.
Moi qui voulais un titre accrocheur, je vais peut-être revoir le terme de "Somorre" pour me débarrasser de cette idée de Sodome et Gomorrhe qui n'a en effet rien à voir et qui peut induire en erreur.
Content que la mentalité du perso t'ai convaincue aussi. Ça fera au moins un 2e lecteur dans ce cas.
Faudra définitivement que j'amène mieux les Inhumants, fasse mieux comprendre leur intérêt (empêcher les Paul du monde entier de tout dérégler). J'ajoute ça à la liste des choses à changer dans ce texte.
L'absence des pronoms personnels était voulue. Pas à cause de la limite de signes mais parce que je trouvais plus esthétique de ne pas les répéter à chaque fois. Je suis sans doute tombé dans l'excès, je ferai attention à ça aussi quand je remettrai le texte en chantier.
Encore merci !
Et je prends note pour la longueur des commentaires, ça sera toujours bon à savoir pour des textes futurs.
Re: Les rêveurs de Somorre (texte retiré)
Je trouve ce nom de Sommore poétique et évocateur, avec phonétiquement les connotations de sommeil et de mort.
Tobermory- Écritoirien émasculé
- Messages : 397
Date d'inscription : 08/07/2015
Age : 73
Localisation : Montpellier
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Sujets similaires
» Rêveurs (texte retiré)
» Rêveurs? Chauchemars? (texte retiré)
» IRRESPIRABLE (retiré) dans mon recueil : ÉCLAT D'AGONIE (Otherlands) (texte retiré)
» Le job (texte retiré)
» Enf(ant)er (texte retiré)
» Rêveurs? Chauchemars? (texte retiré)
» IRRESPIRABLE (retiré) dans mon recueil : ÉCLAT D'AGONIE (Otherlands) (texte retiré)
» Le job (texte retiré)
» Enf(ant)er (texte retiré)
L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: N°9 : Cimetière
Page 3 sur 5
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum