Les pépins de Cancereugène

I
Les ruelles jonchées de cadavres se gorgent d'un sang brunâtre. Elle avance, le cœur battant, arme au poing. Ces meurtres ne resteront pas impunis. Elle croise des ombres. Elle frappe, lacère, taillade... Les ombres tombent. Elles sont semblables aux autres corps. Elle continue. Le crime engendre le crime, elle en est le bras armé...

II
L'oeuvre du mal étend son empire. Les morts se lèvent, par milliers. Il observe le phénomène du haut de sa tour. Il s'en amuse. Les corps titubent vers l'édifice. Ils sont ridicules. Ils ne pourront jamais entrer. Lui n'a pas besoin de sortir. Il dispose de suffisamment de réserves pour tenir au moins un an.
Dommage qu'il ait été mordu...

III
L'avion fonce vers l'océan. L'équipage se cramponne aux ceintures, se vrille le cerveau s’enivre l'esprit en respirant l'oxygène prodigué par les masques. La carlingue percute la surface, la pénètre. L'avion coule à toute vitesse, intact. Il fend les eaux, sans ralentir, et se plante dans les profondeur, sans se briser. Les passagers se réjouissent.
Mais une fuite apparaît le long d'un hublot...

Décidément, c'est la mode des pépins ? (d'ailleurs je suis pas tout à fait sûre d'en avoir saisi le principe). J'aime bien la 2, dont la fin gagnerait à être encore + percutante (facile à dire, je sais^^).

Pour la 3, je sais pas trop. J'y connais rien mais je ne sais pas si de toute façon les chances de s'en sortir sont beaucoup + grandes quand un avion est planté intact au fond de l'eau (paliers de décompression etc., et le fait d'ouvrir une porte pour sortir changerait quoi par rapport à une fissure qui se ferait d'elle-même ?), c'est reculer pour mieux sauter.
D'ailleurs un avion peut-il réellement arriver intact au fond de l'eau ? Soit ça manque de profondeur et il se crashe, soit c'est suffisamment profond pour amortir le choc (et encore, l'entrée à pleine vitesse dans l'eau doit être équivalente à se prendre un mur) et dans ce cas : soit 1) ça l'est trop pour que les passagers aient la moindre de chance d'atteindre la surface indemnes 2) il subirait des pressions trop importantes pour conserver son intégrité.
Désolée, je suis terriblement terre à terre

Ah miss Raven, la coupeuse de cheveux en 15 !
Tu n'as pas tort ceci dit (je pense que le seul impact d'un avion sur l'eau, même à son régime le plus bas, suffirait à l'écarteler purement et simplement), mais le plaisir de lecture prime à mon sens sur le coté vraisemblable ou non de la chose.

Le premier me semble plutôt réussi, même si je n'accroche pas des masses au thème général. Par contre, le second est excellent, me rappelant le Land of the Dead de Romero, mais même sans ça, il reste très bon à lire : rythmé, vif et bien construit. Quant au 3e, malgré la broutille technique mentionnée, il se lit également avec grand plaisir (j'ai juste eu un peu du mal avec le "se vrille le cerveau", qui pourrait être remplacé je pense par quelque chose d'un poil moins imagé - du moins, cette image-là ne me parle pas vraiment).

Une jolie moisson de pépins, à mon humble avis

Désolée, en ce moment je suis juste chiante (enfin, + que d'habitude)

Merci à vous.
Pour la 3, c'est justement le caractère insolite qui peut (éventuellement) donner de l'intérêt à la chute. Imaginez un avion hyper solide, qui peut pénétrer l'océan et se planter dans le fond sans se désintégrer !
Évidemment, Raven a raison (Raven a toujours raison), si on analyse froidement la situation, on a peut de chances de s'en sortir en étant piégé au fond d'un océan, même si l'abri est solide.
Mais je pense que si une telle chose arrivait, les passager pousseraient d'abord un gros soupir de soulagement. Après, bien sûr, se poserait la question du "comment on sort de là, les gars"... ce qui pourrait donner lieu à un autre pépin, tiens !

Cancereugène a écrit:
Évidemment, Raven a raison (Raven a toujours raison)

Rien que pour lire ça, ça valait le coup de pinailler

IV
L'avion est planté dans le fond de l'océan, à mille mètres de profondeur. D'abord soulagés, les passagers réalisent la précarité de leur situation. Puis le commandant de bord annonce "Ne détachez pas vos ceintures, j'inverse les gaz des réacteurs pour nous sortir d'ici" Un grand fracas secoue l'habitacle. Les parois tremblent. Une fuite dans un hublot s’agrandit. Puis l'appareil se détache, prend de la vitesse, crève la surface, file dans le ciel... et percute un Boeing dans une explosion tonitruante...

Haha !

Bien joué Cancer pour ce numéro 4 !

D'autant meilleur en articulation avec le 3. Du coup, je me demande si ça n'aurait pas valu le coup de commencer par le hublot qui fuit. Histoire de jouer sur un ascenseur émotionnel : "on est dans la merde", "ouf, on va s'en tirer", "ah ben en fait non."

Pour ce qui est des capacités d'un avion et de son rapport avec l'eau. Premier point, un avion est étanche (la pression atmosphérique extérieure en vol est bien inférieure à celle à l'intérieur, si l'air pouvait passer, il se barrerait vite fait de l'avion, et le taux d'oxygène en altitude est trop bas pour être respiré). Deuxièmement, un avion est léger (comparé à son volume, c'est un peu pour ça que ça vole). Du coup, sur l'eau ça flotte pas si mal que ça. toboggans gonflables et sorties de secours sont plus ou moins prévues pour.
Alors, un avion qui coule jusqu'au fond, ça doit être possible, mais seulement si l'eau rentre dedans.

Pour ce qui est du choc avec l'eau, tout dépend de l'angle que la trajectoire de l'avion fait avec la surface de l'eau, et de la vitesse de l'appareil. A grande vitesse, l'eau réagit comme une surface solide ( c'est ce qui fait que les canards courent sur l'eau pour prendre leur envol, ils pédalent très vite avec leurs pattes palmées). C'est aussi ce qui permet de faire des ricochets.
Pour l'angle, si la trajectoire est verticale (et donc perpendiculaire à l'eau qui théoriquement est horizontale, sauf si on prend en compte le fait que la terre est ronde et que donc l'eau possède une courbure similaire) l'avion s'écrase (phénomène du plat bien connu des mauvais plongeurs), parce qu'en général un avion tombe ou se déplace vite. Si la trajectoire est tangente à la surface, il y a ricochet ( avec dislocation possible, si la vitesse est grande, mais si elle est petite, c'est comme ça qu'on peut poser un avion sur de l'eau, comme ça a été fait il y a quelques temps aux usa).

Du coup, un avion qui se plante dans le fond d'un océan... c'est de la science fiction ! Mais faut avouer que c'est quand-même pas mal rigolo.

(Je tiens à préciser que mes propos peuvent comporter quelques approximations, le fait étant que je ne suis pas ingénieur en aéronautique)

Tu ne serais pas en train de prétendre que mon histoire est invraisemblable ?!

J'ai repris mes gros pépins pour en faire des normaux. C'est le jeu, après tout. 300 signes maxi !

I
Les rues jonchées de cadavres ruissellent d'un sang brunâtre. Elle avance, le cœur battant, arme au poing. Ces meurtres ne resteront pas impunis. Elle frappe, lacère, taillade... Les ombres tombent, semblables aux autres corps. Elle continue. Le crime engendre le crime, elle en est le bras armé...

II
Le mal étend son empire. Les morts se lèvent, par milliers. Il les observe du haut de sa tour. Les corps titubent vers l'édifice. Ils sont ridicules. Ils ne pourront jamais entrer. Lui n'a pas besoin de sortir. Il dispose d'abondantes réserves pour tenir. La morsure le tuera avant épuisement.

III
L'avion tombe dans l'océan. L'équipage se cramponne, inspire l'oxygène prodigué par les masques. La carlingue pénètre la surface, fend les eaux, sans ralentir, et se plante dans les profondeurs, sans se disloquer. Les passagers soupirent. 
Mais une fuite apparaît le long d'un hublot...

IV
L'avion repose au fond de l'océan, planté dans la vase. La peur gagne les passagers. Puis le pilote annonce "Je vais nous sortir d'ici en inversant les gaz" Un grand fracas secoue l'habitacle. L'appareil se détache, prend de la vitesse, crève la surface, file dans le ciel... et percute un Boeing...

Pas mal du tout !

ça gagne en force, je trouve. Plus brut, plus sec, plus efficace.
Par contre méfie-toi du rythme. Le II est une succession de "sujet verbe complément" et le sujet est encore souvent le même. dans les autres, tu joues plus sur le sujet unique, les virgules et tout ça, c'est mieux. Je pense aussi que ce genre d'exercice est idéal pour faire péter les interjections et onomatopées (du héros ou du narrateur) : Ridicule ! Heureusement ! Ouf ! Bim ! Plouf ! etc...

Le 4e est bien aussi et offre une belle progression avec le précédent.
Sinon, je suis d'accord avec K² sur le rythme et l'impression (légère) de linéarité que peut engendrer ces constructions. Pas méchant, ça se lit bien, mais effectivement ça manque légèrement de relief quand on les lit les uns à la suite des autres.
Mais dans l'ensemble c'est quand même bien foutu et ces pépins se lisent tout seuls : de la belle ouvrage !

Ah oui ! Et dire que j'ai failli passer à côté ! J'aime beaucoup le deuxième et ta dernière version du 4. La première version ne m'avait pas gêné... Et puis Raven (Corbeau spécialiste d'avionique) est passée par là (et récolte un compliment en plus... "Raven a toujours raison"... Raven, Corbeau narcissique !) Beau boulot Cancer...

La réécriture a enlevé beaucoup de choses :
le 1 perd sa dimension de vengeance
Le 2 perd sa chute percutante (dans la première version on a l'impression que lui aussi va devenir zombi, pas dans la seconde)
Le 3, il suffit de changer avion par navette amphibie et cela ne choquera plus personne
Le 4 est celui que je préfère et fonctionne très bien lié au 3.

Pour la 2 je suis assez d'accord avec toi.

Du coup, je retente :

II
Les morts avancent, par milliers. Il les observe du haut de sa tour. Les corps titubent vers l'édifice. Ils sont ridicules. Jamais ils n'entreront ! Lui n'a pas besoin de sortir. Il dispose d'abondantes réserves pour résister ; de quoi tenir des années.
Dommage qu'il ait été mordu...

Je trouve cette version du II assez convaincante Cancer !