Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Il y a eu des tentatives de fantastique (au sens large) dans le domaine de la télévision, dès les années 60 avec Belphégor. Dans les années 70, il y a eu La Brigade des maléfices avec Léo Campion, ainsi que Aux Frontières du possible avec Pierre Vaneck. Citons aussi L'Homme qui revient de loin avec Louis Velle, L'Homme sans visage, La Poupée sanglante, L'Île aux trente cercueils. Ces séries et feuilletons ont marqué le public.
Au cinéma, on peut aussi citer La plus longue nuit du diable avec Erika Blanc, film attribué à Jean Brismée mais qui aurait été partiellement tourné par André Hunebelle, Les Soleils de l'île de Pâques (1972) de Pierre Kast, Au Rendez-vous de la Mort joyeuse (1973) de Juan Luis Bunuel, Nuits rouges (1974) de Franju (version ciné de L'Homme sans visage, La Nuit de la Mort (1980) de Raphaël Delpard, avec Charlotte de Turckheim, sans oublier le Possession (1981) de Zulawski, avec Adjani.
Au cinéma, on peut aussi citer La plus longue nuit du diable avec Erika Blanc, film attribué à Jean Brismée mais qui aurait été partiellement tourné par André Hunebelle, Les Soleils de l'île de Pâques (1972) de Pierre Kast, Au Rendez-vous de la Mort joyeuse (1973) de Juan Luis Bunuel, Nuits rouges (1974) de Franju (version ciné de L'Homme sans visage, La Nuit de la Mort (1980) de Raphaël Delpard, avec Charlotte de Turckheim, sans oublier le Possession (1981) de Zulawski, avec Adjani.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Certes Blahom, mais ta liste s'arrête aux années 80 !
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Oui. Je tenais à ajouter des éléments supplémentaires à ce qui avait déjà été cité.
Peut-être le public des années 60/70 était-il davantage réceptif à ce genre de thématiques ?
Les séries que j'ai signalées s'inscrivaient dans la grande tradition du roman populaire à rebondissements. L'Homme qui revient de loin (davantage axé sur le mystère que le fantastique pur) et La Poupée sanglante sont des adaptations de récits de Gaston Leroux. L'Île aux trente cercueils s'inspire du roman de Maurice Leblanc. On retrouvait dans L'Homme sans visage des éléments empruntés à Fantômas mais aussi aux Poupées du Diable de Tod Browning (le génie du crime qui se travestit en innocente vieille dame). D'ailleurs le film de Browning était lui même tiré d'un roman d'Abraham Merritt.
Il est possible que la nouvelle génération de réalisateurs et scénaristes n'apprécie pas ce type de littérature (ou même ne connaisse pas ces ouvrages).
Qui, de nos jours, aurait l'idée d'adapter un Fleuve Noir Angoisse ? C'est ce que fit Franju avec le succès que l'on sait. Quand on parle de fantastique français, Les Yeux sans visage est fréquemment cité. Du moins par les amateurs de fantastique, parce que le grand public ne connaît pas ce film, et encore moins le roman de Redon.
Ce fantastique "populaire", davantage axé sur l'atmosphère et le mystère, souvent empreint de poésie, et auquel s'ajoutaient parfois des éléments gothiques, appartient au passé. Trop lent, trop atmosphérique pour le spectateur actuel.
Les tentatives fantastico-horrifiques françaises récentes s'inspirent du cinéma américain des années 70/80 : davantage d'horreur pure que de suggestion, pas de poésie, rythme frénétique, hyperviolence. L'ennui, c'est que tout cela a déjà été fait, en mieux, par les Américains (et les Italiens).
Ce qui faisait la spécificité du cinéma fantastique "à la française", c'est qu'il s'inscrivait dans une certaine tradition littéraire (Leroux, Marcel Aymé) et ne fuyait pas la poésie (Carné, Franju).
En renonçant à cette particularité (ou en l'oubliant), en "s'américanisant", il a sans doute perdu une partie de ce qui faisait son charme.
Peut-être le public des années 60/70 était-il davantage réceptif à ce genre de thématiques ?
Les séries que j'ai signalées s'inscrivaient dans la grande tradition du roman populaire à rebondissements. L'Homme qui revient de loin (davantage axé sur le mystère que le fantastique pur) et La Poupée sanglante sont des adaptations de récits de Gaston Leroux. L'Île aux trente cercueils s'inspire du roman de Maurice Leblanc. On retrouvait dans L'Homme sans visage des éléments empruntés à Fantômas mais aussi aux Poupées du Diable de Tod Browning (le génie du crime qui se travestit en innocente vieille dame). D'ailleurs le film de Browning était lui même tiré d'un roman d'Abraham Merritt.
Il est possible que la nouvelle génération de réalisateurs et scénaristes n'apprécie pas ce type de littérature (ou même ne connaisse pas ces ouvrages).
Qui, de nos jours, aurait l'idée d'adapter un Fleuve Noir Angoisse ? C'est ce que fit Franju avec le succès que l'on sait. Quand on parle de fantastique français, Les Yeux sans visage est fréquemment cité. Du moins par les amateurs de fantastique, parce que le grand public ne connaît pas ce film, et encore moins le roman de Redon.
Ce fantastique "populaire", davantage axé sur l'atmosphère et le mystère, souvent empreint de poésie, et auquel s'ajoutaient parfois des éléments gothiques, appartient au passé. Trop lent, trop atmosphérique pour le spectateur actuel.
Les tentatives fantastico-horrifiques françaises récentes s'inspirent du cinéma américain des années 70/80 : davantage d'horreur pure que de suggestion, pas de poésie, rythme frénétique, hyperviolence. L'ennui, c'est que tout cela a déjà été fait, en mieux, par les Américains (et les Italiens).
Ce qui faisait la spécificité du cinéma fantastique "à la française", c'est qu'il s'inscrivait dans une certaine tradition littéraire (Leroux, Marcel Aymé) et ne fuyait pas la poésie (Carné, Franju).
En renonçant à cette particularité (ou en l'oubliant), en "s'américanisant", il a sans doute perdu une partie de ce qui faisait son charme.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
En effet, les français ont fait de bonnes choses mais surtout à la télé, peu au cinéma.
Quand je parlais d'une absence de tradition fantastique en France, ce que je voulais surtout mettre en avant, c'est la réaction du public. Parce que des auteurs, en littérature comme en films, il y en a, et des bons. Mais le succès n'est pas là parce qu'il y a cette idée que le fantastique français, c'est pas bon, parce que le fantastique, c'est anglo-saxon ou à la limite italien ou espagnol, mais pas français.
Pour répondre à Similien, s'il existe une tradition fantastique belge, en France, les auteurs reconnus dans ce domaine sont ceux qu'on connait pour d'autres genres d'histoires, comme Gautier ou Maupassant. On donne même facilement à étudier, dans les lycées et collèges, Le Horla ou La morte Amoureuse, mais parce que leurs auteurs ont aussi écrit Bel-Ami et Le Capitaine Fracasse. Ensuite, ils sont bien peu à être connus, quelques uns comme Claude Seignole ou Barjavel, ou Jena-Pierre Andrevon... Et qui connait un auteur aussi original que Jean-Louis Bouquet, ou Michel Bernanos, le fils de Georges ?
... Et je vous recommande encore une fois chaudement cette série française qu'est Les Revenants, dont les américains eux-même ont fait un remake...
Quand je parlais d'une absence de tradition fantastique en France, ce que je voulais surtout mettre en avant, c'est la réaction du public. Parce que des auteurs, en littérature comme en films, il y en a, et des bons. Mais le succès n'est pas là parce qu'il y a cette idée que le fantastique français, c'est pas bon, parce que le fantastique, c'est anglo-saxon ou à la limite italien ou espagnol, mais pas français.
Pour répondre à Similien, s'il existe une tradition fantastique belge, en France, les auteurs reconnus dans ce domaine sont ceux qu'on connait pour d'autres genres d'histoires, comme Gautier ou Maupassant. On donne même facilement à étudier, dans les lycées et collèges, Le Horla ou La morte Amoureuse, mais parce que leurs auteurs ont aussi écrit Bel-Ami et Le Capitaine Fracasse. Ensuite, ils sont bien peu à être connus, quelques uns comme Claude Seignole ou Barjavel, ou Jena-Pierre Andrevon... Et qui connait un auteur aussi original que Jean-Louis Bouquet, ou Michel Bernanos, le fils de Georges ?
... Et je vous recommande encore une fois chaudement cette série française qu'est Les Revenants, dont les américains eux-même ont fait un remake...
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Paladin a écrit: Et qui connait un auteur aussi original que Jean-Louis Bouquet, ou Michel Bernanos, le fils de Georges ?
Le fils Bernanos a écrit des Angoisse sous le pseudo de Michel Talbert, notamment La Grande Bauche dont la couverture de Gourdon reprend la célèbre affiche de Géant.
Quant à Bouquet, je crois que nous sommes un certain nombre ici à l'apprécier. J'ai été très impressionné par Les Filles de la Nuit.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Peut-être n'y a-t-il jamais eu de réalisateur réellement talentueux et spécialisé dans le fantastique, en France, tandis que l'Amérique a connu Carpenter, l'Italie Argento, etc. Il suffirait peut-être qu'un type plus doué que les autres sortent le fantastique français de son atrophie pour que les producteurs misent davantage de brouzoufs dessus et que le public suive... Pour ma part, j'avais espéré avec Alexandre Aja, mais il n'a fait que décevoir mes attentes. Les auteurs de "A l'intérieur" sont prometteurs, mais n'aboutissent pas vraiment à des résultats vraiment probants, pour le moment. D'autres suivront, peut-être... ou pas...
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Beaucoup de vérités dans ce qui précède mais il y a peut-être un dénominateur commun, une spécialité (pour ne pas dire une maladie) bien française : les chapelles intellectuelles, ces élites auto-proclamées qui s'emparent d'un domaine artistique au nom de la modernité et, donc, en rejetant tout ce qui a été fait avant, le bon comme le mauvais de la tradition. Heureux étrangers qui ont échappé aux lubies du surréalisme, du nouveau roman, de l'existentialisme, de la nouvelle vague ou de la musique concrète. Autant d'expériences mineures ou de conjectures élevées au rang d'institution par un ministère de la Culture perdu dans les nuages et les manuels scolaires (les élites, même de basse-cour, ne se mangent pas entre elles).
Mais tout ça est en train de changer. Parce que la culture est en voie de mondialisation. Parce que le peuple qui paie à la sortie veut en avoir pour ses rêves et son argent. Une culture de marchands ? Ben oui. La différence, c'est qu'un marchand doit innover, évoluer avec les goûts du client dans un jeu d'influences réciproques. (Le libre-arbitre n'a jamais été un acquis.)
Alors peut-être redécouvrira-t-on Bouquet, Bernanos ou Nodier ?
En attendant, je vais me replonger dans les charmes troubles de Goupi Mains-rouges, des Disparus de St-Agil ou de l'Atalante de Jean Vigo.
Mais tout ça est en train de changer. Parce que la culture est en voie de mondialisation. Parce que le peuple qui paie à la sortie veut en avoir pour ses rêves et son argent. Une culture de marchands ? Ben oui. La différence, c'est qu'un marchand doit innover, évoluer avec les goûts du client dans un jeu d'influences réciproques. (Le libre-arbitre n'a jamais été un acquis.)
Alors peut-être redécouvrira-t-on Bouquet, Bernanos ou Nodier ?
En attendant, je vais me replonger dans les charmes troubles de Goupi Mains-rouges, des Disparus de St-Agil ou de l'Atalante de Jean Vigo.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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