Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
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Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Le dessinateur et réalisateur Joann Sfar lance aujourd'hui un gros pavé dans la mare, via une carte blanche sur le site du Huffington Post. Elle s'intitule Psychopathologie de la fiction française: pourquoi personne n'ose le fantastique? et il s'y attaque au manque de films fantastiques réalisés en France. Je me suis dit que ça intéresserait certains d'entre vous...
En voici un extrait :
Et vous, vous en pensez quoi ?
En voici un extrait :
Joann Sfar a écrit:Simplement, par habitude, ou parce qu'on spécule sur le goût du spectateur français, on a décidé que les réalisateurs français n'avaient pas le droit d'aller dans cette direction. Quelle direction ? Le surnaturel. Le féérique. Le fantastique. L'horreur. Le grand film de Noël avec des lutins. Le machin de science fiction où dès que tu te mouches y a un laser qui te sort des narines. On s'est dit que tous ces genres, on voulait bien les financer, mais on ne voulait pas que des auteurs français s'y collent.
C'est bête, parce que le public de notre pays a les mêmes goûts qu'ailleurs. Il y a eu la première édition du COMICCON français, le week-end dernier, et c'était complet. La fanbase existe. Il y a autant d'amoureux de super héros, d'elfes et de zombies et de ninjas chez nous qu'ailleurs. Mais bon. Nos financiers croient que c'est pas notre boulot, en France, de produire ce genre de films.
Et vous, vous en pensez quoi ?
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
C'est une évidence ! Il faut piocher loin pour trouver des films dans le genre que l'on affectionne ! J'en réclame plus et il n'y a pas grand chose ou oui, pas chez les réalisateurs français...
Quel dommage !
Quel dommage !
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
C'est vrai que, en dehors des pays anglo-saxons, il y a une tradition du cinéma fantastique en Italie et en Espagne, mais pas en France. Jean Rollin a eu une carrière catastrophique en voulant faire du fantastique français, et il à dû faire des pornos alimentaire pour pouvoir continuer à tourner. Même ses films fantastiques ont eu des scène érotiques rajoutées et exploitée dans le circuit de l'érotisme soft dans les années 70!
Il y a quelques cas comme Les yeux sans visage de Fanju, La rose écorchée qui reprend la même histoire, de Claude Mulot, et Mulot lui aussi ensuite se spécialisera dans le porno sous le pseudo de Frédéric Lansac, qui est précisément le nom d'un personnage de La rose écorchée !
Sinon le fantastique français est plutôt dans des téléfilms, ou des vieilles séries comme Belphégor, Les compagnons de Baal, et de bonnes surprises récentes comme Les Revenants
Il y a quelques cas comme Les yeux sans visage de Fanju, La rose écorchée qui reprend la même histoire, de Claude Mulot, et Mulot lui aussi ensuite se spécialisera dans le porno sous le pseudo de Frédéric Lansac, qui est précisément le nom d'un personnage de La rose écorchée !
Sinon le fantastique français est plutôt dans des téléfilms, ou des vieilles séries comme Belphégor, Les compagnons de Baal, et de bonnes surprises récentes comme Les Revenants
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Le fantastique n'est certes pas l'apanage du cinéma français mais, pour discrète qu'elle ait été, il y a bien eu une tradition :
- La charrette des morts (Duvivier)
- La Main du diable (M. Tourneur)
- Liliom (seul film français de Fritz Lang)
- Les visiteurs du soir (Carné)
- La Belle et la bête, Orphée, l'éternel retour (Cocteau)
- Les yeux sans visage (Franju)
- Le passe muraille (Boyer)
auxquels j'ajouterai quelques films de Français expatriés :
- La féline (J. Tourner)
- Fantôme à vendre, ma femme est une sorcière et C'est arrivé demain (René Clair - un peu oublié)
Puis est arrivé le grand massacre de la "nouvelle vague", qui réduisit le fantastique à la portion congrue :
- Farenheit 451 (Truffaut)
- Alphaville (Goddart)
- Peau d'âne (Demy)
- Barbarella (Vadim)
- Histoires extraordinaires (film à quatre mains)
Soit quatre nanars pour un film potable. Je ne dis pas lequel.
Après quoi, ce fut un quasi-désert.
- Peut-être La cité de l'indicible peur (Mocky)
- Et une curiosité plutôt réussie : Traitement de choc (Jessua) avec Girardot et Delon
- Lequel Delon se risquera aussi dans Le passage (Manzor)
Le fantastique français touchant le fond avec La Soupe aux choux et l'avant-dernier "gendarme" (avec les ET qui rouillent !)
Enfin, du fond des ténèbres, surgit Luc Besson qui vint secouer un cinéma français englué dans les comédies de moeurs et les farces franchouillardes. Du Dernier combat à Lucy en passant par le Cinquième élément, Arthur ou Adèle Blancsec, il a bien dégrippé la machine, entraînant à sa suite de jeunes réalisateurs : Leterrier ou Jeunet (La cité des enfants perdus), et des tentatives plus ou moins réussies mais qui laissent espérer un renouveau : Le Petit Poucet, le Pacte des loups, Brocéliande, Atomik circus, les deux mondes...
On est encore loin de l'été mais ce n'est plus tout à fait l'hiver.
- La charrette des morts (Duvivier)
- La Main du diable (M. Tourneur)
- Liliom (seul film français de Fritz Lang)
- Les visiteurs du soir (Carné)
- La Belle et la bête, Orphée, l'éternel retour (Cocteau)
- Les yeux sans visage (Franju)
- Le passe muraille (Boyer)
auxquels j'ajouterai quelques films de Français expatriés :
- La féline (J. Tourner)
- Fantôme à vendre, ma femme est une sorcière et C'est arrivé demain (René Clair - un peu oublié)
Puis est arrivé le grand massacre de la "nouvelle vague", qui réduisit le fantastique à la portion congrue :
- Farenheit 451 (Truffaut)
- Alphaville (Goddart)
- Peau d'âne (Demy)
- Barbarella (Vadim)
- Histoires extraordinaires (film à quatre mains)
Soit quatre nanars pour un film potable. Je ne dis pas lequel.
Après quoi, ce fut un quasi-désert.
- Peut-être La cité de l'indicible peur (Mocky)
- Et une curiosité plutôt réussie : Traitement de choc (Jessua) avec Girardot et Delon
- Lequel Delon se risquera aussi dans Le passage (Manzor)
Le fantastique français touchant le fond avec La Soupe aux choux et l'avant-dernier "gendarme" (avec les ET qui rouillent !)
Enfin, du fond des ténèbres, surgit Luc Besson qui vint secouer un cinéma français englué dans les comédies de moeurs et les farces franchouillardes. Du Dernier combat à Lucy en passant par le Cinquième élément, Arthur ou Adèle Blancsec, il a bien dégrippé la machine, entraînant à sa suite de jeunes réalisateurs : Leterrier ou Jeunet (La cité des enfants perdus), et des tentatives plus ou moins réussies mais qui laissent espérer un renouveau : Le Petit Poucet, le Pacte des loups, Brocéliande, Atomik circus, les deux mondes...
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Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
C'est vrai, quoi que ces films sont, déjà pour la plupart anciens, et souvent ils ont bénéficié d'une image autre que "fantastique", quand il s'agit de noms comme Cocteau ou Carné.
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Sauf erreur, il y a eu des films fantastiques plus récents mais ils ont tous fait un flop au cinéma. L'une des raisons à mon avis tient au fait que, dans de nombreux cas, l'on cherche à intellectualiser le fantastique. Beaucoup d'auteurs pensent que sous prétexte d'avoir affaire à un 'genre' on cherche à le traiter comme si ce n'en était pas un : on psychologise, on rédige des dialogues interminables et dénués de sens, on évite les effets spéciaux, on cherche des explications fumeuses. On veut du fantastique intello. Je ne suis pas contre : mais avant d'être intello encore faut-il du fantastique. Un exemple récent : le film sorti il y a deux ou trois semaines de cela dans une presque indifférence générale : "Ni le ciel, ni la terre". Un sujet en or : la guerre en Afghanistan. Des soldats français postés dans les montagnes et chargés de surveiller la zone. Et des disparitions. Les soldats disparaissent les uns après les autres. Pareil chez les talibans. Les hommes s'évaporent. Très bon sujet, l'acteur principal Jérémie Renier y est excellent, mais un film qui tire en longueur, qui ne dit rien de l'explication du mystère qui pèse sur ces montagnes et qui, au final, rate sa cible...
Qui se souvient par ailleurs du film 'Eden Log' avec Clovis Cornillac ? Pas le même cas de figure c'est vrai. Cette fois le réalisateur a réellement tenté le pari du fantastique. Mais un ratage sur toute le ligne. Pourquoi ? Parce que l'histoire n'avait tout simplement ni queue ni tête (C'est du fantastique, pas besoin qu'il y ait du sens !). Dans un autre genre, celui de l'horreur, je ne parle même pas de 'Sheitan' avec Vincent Cassel : bourré de clichés et absolument risible. On n'est vraiment pas bons dans ce domaine...
Qui se souvient par ailleurs du film 'Eden Log' avec Clovis Cornillac ? Pas le même cas de figure c'est vrai. Cette fois le réalisateur a réellement tenté le pari du fantastique. Mais un ratage sur toute le ligne. Pourquoi ? Parce que l'histoire n'avait tout simplement ni queue ni tête (C'est du fantastique, pas besoin qu'il y ait du sens !). Dans un autre genre, celui de l'horreur, je ne parle même pas de 'Sheitan' avec Vincent Cassel : bourré de clichés et absolument risible. On n'est vraiment pas bons dans ce domaine...
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
En film français fantastique et pas mal, y avait Belphégor qui à l'époque m'avait bien plu. Mais dans le cinéma comme dans beaucoup d'autres domaines, le "français" est trop élitiste. C'est dommage.
yann- Écritoirien émérite stagiaire
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Et pourtant on pourrait l'être. Mais aujourd'hui, je suis d'accord avec toi. On a plein de bons éléments, mais complètement dispersés !SILENCE a écrit:On n'est vraiment pas bons dans ce domaine...
Je regarde plus trop la télé, mais j'ai l'impression que les bonnes vielles séries françaises se font peu à peu remplacer par des séries de qualité...mais française. Je pense à cette nouvelle série de TF1 "Une chance de trop". Alors j'ai pas vu un seul épisode, juste des extraits. Mais ca avait pas l'air mal du tout.
Ok, c'est pas du fantastique. Mais c'est déjà surement plus captivant qu'un épisode de Julie Lescaut. On commence à avoir des séries plus soignées au niveau du scènario, du jeu d'acteurs, de l'image, l'ambiance et tout.
Ok, c'est pas un film non plus, mais je voulais juste pointer le potentiel français.
Ça montre juste qu'on peut faire de bons trucs, mais y a quelque chose qui bloque.
On a de très bons acteurs, mais on leur donne pas d'autre choix que des films comiques.
On a de très bons réalisateurs, mais j'ai l'impression qu'on les étouffe, ou qu'il commence juste à pointer le bout de leur nez.
Y a autant de fan de SFFF dans ce pays que dans un autre, donc autant de personnes qui en écrivent, donc autant d'histoire à pouvoir adapté ! De plus, on est quand même plutôt gâté niveau fantastique par notre histoire et notre géographie ! Combien de peuples et donc d'histoires ont foulés notre sol ? Combien de légendes ont été inventés par les bergers dans nos montagnes et nos plaines ? On est breton, on est basque, bordelais etc... Un sacré mélange, et un sacré réservoirs d'inspiration.
Et on a même des jeunes talents pour les effets spéciaux. Ah non, on m'informe à l'oreillette qu'ils se barrent tous aux USA parce qu'on leur donne pas leurs chances ici. Merde alors...
Je pense que ce qui bloque, c'est que ceux qui ont le porte-monnaie veulent pas se mouiller dans ce genre de films. Alors soit ca sort avec un petit budget et il faut combler les trous, soit ca sort pas.
N'empêche le jour où tous les bons éléments français se réunissent pour THE film fantastique SO français.
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
On croise les doigts, hein, Purple ! Vous les jeunes, vous avez un boulevard devant vous !!!
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Un boulevard avec une porte blindé devant. Faut d'abord la défoncer, parce que personne n'a la clé !
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Maintenant que tu es Mercredi Addams, tu devrais y arriver ^^
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Je suis une bien piètre cinéphile, mais il me semble que des films comme Delicatessen ou La 9e porte sont bien français, Jeunet notamment mérite une belle place dans le genre (et il est à l'origine du meilleur Alien de la série, à mes yeux, mais bon ça c'est de la SF^^)
Je pense surtout que notre gros problème vient du fait que par tradition les genres SFFF sont toujours assez mal vus en France. En littérature, justement, on a longtemps considéré que ça n'en était pas (de la littérature), que ce n'est pas "sérieux". Pourquoi en irait-il autrement du cinéma ?
Et, surtout, il faut de la thune. Or, avec les gadins de la plupart des précédents essais français dans le genre, qui irait investir ? Le public français ne dénigre pas le genre en lui-même, mais les adaptations françaises, et pour le faire changer d'avis il faudrait investir un paquet de pognon dans de la pub pour la promo d'un film fantastique français, et y mettre des têtes d'affiche qui donneraient envie de payer pour le voir. C'est pas impossible, mais encore improbable.
Je ne suis pas très calée ciné mais très séries, dans le genre, quand je vois que c'est français, je ne me pose même pas la question : je ne regarde pas, zéro chance d'office. J'imagine que c'est pareil pour d'autres en parlant du cinéma fantastique.
Je pense surtout que notre gros problème vient du fait que par tradition les genres SFFF sont toujours assez mal vus en France. En littérature, justement, on a longtemps considéré que ça n'en était pas (de la littérature), que ce n'est pas "sérieux". Pourquoi en irait-il autrement du cinéma ?
Et, surtout, il faut de la thune. Or, avec les gadins de la plupart des précédents essais français dans le genre, qui irait investir ? Le public français ne dénigre pas le genre en lui-même, mais les adaptations françaises, et pour le faire changer d'avis il faudrait investir un paquet de pognon dans de la pub pour la promo d'un film fantastique français, et y mettre des têtes d'affiche qui donneraient envie de payer pour le voir. C'est pas impossible, mais encore improbable.
Je ne suis pas très calée ciné mais très séries, dans le genre, quand je vois que c'est français, je ne me pose même pas la question : je ne regarde pas, zéro chance d'office. J'imagine que c'est pareil pour d'autres en parlant du cinéma fantastique.
Raven- — — Bouteuse de trains — — Disciple de la présente ligne
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Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Oui, Jeunet a fait un Alien, amis au States!
Le problème du fric, c'est vrai pour les films de SF ou de Fantasy, il faut des moyens. Beaucoup moins pour le fantastique qui se passe dans le monde que nous connaissons.
Je crois que c'est le public qui boude les films fantastiques français. Bien sûr, pas des films comme Orphée ou Les visiteurs du soir ou Farenheit 451, parce qu'ils sont réalisés par des grand cinéastes et, que de fait, ils ont l'étiquette "films d'auteurs" et pas "de genre"... Parce que le public français aime le fantastique, si ce sont des films anglo-saxons, ou alors des espagnols comme Guillermo del Toro, ou des italien comme Argento ou Fulci, justement parce ces pays-là ont une tradition du cinéma fantastique, et pas la France. C'est un cercle vicieux. On ne manque pas de gens de qualité pour en faire, mais le public n'en veux pas.
Et c'est pareil pour la littérature: les auteurs français ne manquant pas. Les français adorent Stephen King ou Masterton, donc ils ne boudent pas le genre, mais ils ne veulent pas du fantastique français.
Le problème du fric, c'est vrai pour les films de SF ou de Fantasy, il faut des moyens. Beaucoup moins pour le fantastique qui se passe dans le monde que nous connaissons.
Je crois que c'est le public qui boude les films fantastiques français. Bien sûr, pas des films comme Orphée ou Les visiteurs du soir ou Farenheit 451, parce qu'ils sont réalisés par des grand cinéastes et, que de fait, ils ont l'étiquette "films d'auteurs" et pas "de genre"... Parce que le public français aime le fantastique, si ce sont des films anglo-saxons, ou alors des espagnols comme Guillermo del Toro, ou des italien comme Argento ou Fulci, justement parce ces pays-là ont une tradition du cinéma fantastique, et pas la France. C'est un cercle vicieux. On ne manque pas de gens de qualité pour en faire, mais le public n'en veux pas.
Et c'est pareil pour la littérature: les auteurs français ne manquant pas. Les français adorent Stephen King ou Masterton, donc ils ne boudent pas le genre, mais ils ne veulent pas du fantastique français.
Dernière édition par Paladin le Ven 30 Oct 2015 - 19:41, édité 1 fois
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je me permets de partager une anecdote, concernant le "substrat" français peu propice au fantastique.
Alors que j'étudiais à l'Université de Liège, j'ai suivi un très chouette cours consacré au réalisme magique en Belgique. On y a abordé un très grand nombre d'auteurs belges (Maurice Maeterlinck, Franz Hellens, Michel de Ghelderode, Paul Willems, Marie Gevers, Guy Vaes, Conrad Detrez, Jean Muno, etc.) et parlé plus brièvement des liens avec la peinture allemande, avec les littératures sud-américaines...
Vers la fin du semestre, un de mes camarades a dès lors posé la question : « et en France ? » Trouver des représentants français à ce courant s'est avéré ardu. Je me souviens que notre professeur a évoqué Alain-Fournier et Julien Gracq, de même que le Matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, mais c'était tout. « Le mouvement n'a jamais vraiment pris en France », a-t-il dit. En y réfléchissant bien, je pourrais ajouter à cette courte liste Marcel Aymé et le Céline de Féerie pour une autre fois, mais je n'en vois guère d'autre. Cela m'avait un peu choqué : lorsqu'on étudie la littérature en Belgique, on a l'habitude d'être le parent pauvre de la France ; pas l'inverse.
Bien sûr, il s'agit là d'un courant secondaire, somme toute assez mineur. Je trouve néanmoins assez parlant que ces recherches néofantastiques (qui faisaient figure d'avant-garde au XXe siècle et tentaient de renouveler le genre déjà vieillissant, peinant à s'affranchir des modèles de Balzac, Gautier ou Maupassant) n'aient porté en France que des fruits isolés et éphémères. On peut y voir un parallèle avec le constat que vous faites sur le cinéma, je pense : les initiatives liées à l'étrange et au fantastique ne rencontrent plus en France un terreau propice, à partir du début du XXe siècle...
Alors que j'étudiais à l'Université de Liège, j'ai suivi un très chouette cours consacré au réalisme magique en Belgique. On y a abordé un très grand nombre d'auteurs belges (Maurice Maeterlinck, Franz Hellens, Michel de Ghelderode, Paul Willems, Marie Gevers, Guy Vaes, Conrad Detrez, Jean Muno, etc.) et parlé plus brièvement des liens avec la peinture allemande, avec les littératures sud-américaines...
Vers la fin du semestre, un de mes camarades a dès lors posé la question : « et en France ? » Trouver des représentants français à ce courant s'est avéré ardu. Je me souviens que notre professeur a évoqué Alain-Fournier et Julien Gracq, de même que le Matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, mais c'était tout. « Le mouvement n'a jamais vraiment pris en France », a-t-il dit. En y réfléchissant bien, je pourrais ajouter à cette courte liste Marcel Aymé et le Céline de Féerie pour une autre fois, mais je n'en vois guère d'autre. Cela m'avait un peu choqué : lorsqu'on étudie la littérature en Belgique, on a l'habitude d'être le parent pauvre de la France ; pas l'inverse.
Bien sûr, il s'agit là d'un courant secondaire, somme toute assez mineur. Je trouve néanmoins assez parlant que ces recherches néofantastiques (qui faisaient figure d'avant-garde au XXe siècle et tentaient de renouveler le genre déjà vieillissant, peinant à s'affranchir des modèles de Balzac, Gautier ou Maupassant) n'aient porté en France que des fruits isolés et éphémères. On peut y voir un parallèle avec le constat que vous faites sur le cinéma, je pense : les initiatives liées à l'étrange et au fantastique ne rencontrent plus en France un terreau propice, à partir du début du XXe siècle...
Re: Un déficit en fantastique dans le cinéma français ?
Je ne pense pas que l'explication qui consiste à souligner le manque de tradition soit convaincante. Une tradition renvoie au passé et s'il est vrai que chaque cinéaste garde en lui un certain nombre de films et d'auteurs cultes, ou qu'il considère comme tels, rien n'indique que ces auteurs soient nécessairement de la même nationalité que lui. Un auteur français peut ainsi être influencé par le cinéma fantastique américain, anglais, asiatique etc. Le fait qu'il n'existe pas à proprement parler de 'tradition française' en la matière me semble une explication partielle de ce 'déficit'. Les idées circulent, les influences se croisent...
Je pense sincèrement que le problème des films produits récemment est qu'ils tentent de se démarquer : Ceci est un film français. Et parce que c'est français on essaie de mettre dans le film tout un tas de trucs psy pas franchement passionnants. Je crois davantage en cette idée qui veut que le cinéma français ne s'intéresse pas forcément à cette chose que les américains nomment 'entertainment'. Hormis lorsqu'il s'agit de comédies vaguement débiles. Pour le reste, Purple souligne que les séries françaises sont de bien meilleure qualité que les trucs plan-plans d'il y a quelques années (quel plaisir de voir Navarro ou Julie Lescault courir et rattraper au sprint un type de 20 balais affûté comme un couteau ! Crédible le truc). C'est pas faux, c'est même plutôt vrai. Mais les séries ont ceci de particulier qu'elles permettent de développer la psychologie des personnages sans être chiants et sans bousiller l'action. La série est au cinéma ce que le roman, et peut-être même la saga, est à la littérature. Le film lui relève davantage de la nouvelle me semble-t-il...
Je pense sincèrement que le problème des films produits récemment est qu'ils tentent de se démarquer : Ceci est un film français. Et parce que c'est français on essaie de mettre dans le film tout un tas de trucs psy pas franchement passionnants. Je crois davantage en cette idée qui veut que le cinéma français ne s'intéresse pas forcément à cette chose que les américains nomment 'entertainment'. Hormis lorsqu'il s'agit de comédies vaguement débiles. Pour le reste, Purple souligne que les séries françaises sont de bien meilleure qualité que les trucs plan-plans d'il y a quelques années (quel plaisir de voir Navarro ou Julie Lescault courir et rattraper au sprint un type de 20 balais affûté comme un couteau ! Crédible le truc). C'est pas faux, c'est même plutôt vrai. Mais les séries ont ceci de particulier qu'elles permettent de développer la psychologie des personnages sans être chiants et sans bousiller l'action. La série est au cinéma ce que le roman, et peut-être même la saga, est à la littérature. Le film lui relève davantage de la nouvelle me semble-t-il...
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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