L'ombre de la nuit
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Paladin
Cancereugène
Catherine Robert
FRançoise GRDR
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L'ombre de la nuit
Je me permets de poster le prologue du roman que j'écris. J'attends vos retour avec impatience. Bonne lecture!
- Résumé:
- Un prisonnier est amené dans une pièce pour être interrogé. Cet homme n'est autre que Jasper Vhalakas plus connu comme l'ombre de la nuit. Un assassin pour les uns, un sauveur pour les autres. Il va alors raconter son histoire, son apprentissage dans la confrérie des ombres puis ce qui l'amena à se retrouver prisonnier. Formé parmi les meilleurs, il deviendra le silence, la nuit et la mort réunis, il deviendra L'ombre de la nuit...
- Prologue:
- PROLOGUE
Waren Onira traversait les couloirs du fort, la prison de la citadelle de Tyrie. Il aimait cet endroit où il avait passé la plus grande partie de sa vie à torturer et interroger des criminels. Son don pour les interrogatoires était sa plus grande force dans cet endroit sordide. La torture était une drogue pour lui, il connaissait le corps humain sur le bout des doigts, chaque nerf, chaque os, chaque muscle. Il taillait, piquait, découpait sans remords, sans pitié, seul le résultat importait.
Il fouilla dans son sac, vérifiant pour la cinquième fois que ses outils s'y trouvaient. Rassuré, il accéléra le pas, l'homme le plus recherché de Kalindith l'attendait dans sa cellule, prêt à lui livrer ses secrets. Un sourire carnassier apparut sur son visage squelettique. Grâce à cet entretien avec le tueur, il deviendrait inquisiteur, il détrônerait Kyler Jin, son supérieur qui l'avait renversé et enfermé dans cette prison.
Arrivé devant la porte de la cellule, il sortit la clef de sa poche, la clef de son avenir. La geôle s'ouvrit sur un homme enchaîné, debout au milieu de la pièce. Un homme au corps musclé, fin et à la peau laiteuse. Des cicatrices, blanchies par le temps, recouvraient ses membres et son torse. Il redressa la tête, dégageant sa chevelure noire de jais pour dévoiler un visage froid comme la glace des montagnes skariques. Un sourire apparut sur son visage, un sourire qui fit frémir Waren. Ses yeux sombres comme une nuit sans étoiles transperçaient Waren.
«Je vois que l'on s'est bien occupé de vous, ironisa le bourreau.
- Que puis-je pour vous ? Demanda l'homme.
- Je veux tout de vous, Jasper Vhalakas, votre histoire, vos crimes, vos peurs, vos joies. Je veux vous voir saigner, pleurer, m'implorer de vous tuer. »
Vhalakas s’esclaffa, d'un rire à glacer le sang, un rire de dément qui s'arrêta brusquement.
«La dernière personne qui m'ait vu pleurer est morte depuis quinze ans. Je n'ai jamais plus versé de larmes. Utilisez vos outils, torturez-moi mais vous n'obtiendrez rien. J'ai reçu une formation dépassant vos compétences, j'aime la douleur, elle fait partie de moi. »
Waren sourit, il connaissait l'homme qui lui faisait face. Après avoir passé des années à enquêter, à le poursuivre, il le tenait désormais entre ses mains. Il salivait à l'avance de voir la peur se peindre sur le visage de son plus grand client. Le bourreau sourit une fois de plus, dévoilant des dents jaunies par l'usage du tabac.
«Vous êtes peut-être insensible à la douleur, mais Elyshéa ne l'est pas. Elle va souffrir pour vous et quand j'en aurais fini avec elle, vous serez devenu un monstre à ses yeux, elle vous haïra et voudra vous tuer de ses propres mains. À ce moment, vous comprendrez ce qu'est la douleur. »
Le détenu tressaillit, ses muscles se contractèrent, tendant les chaînes fixées au plafond.
«Je vous tuerai, sale chien ! Promit-il. Je vous égorgerai et regarderai votre sang se répandre à mes pieds.
- Vous pouvez lui éviter toute souffrance, cela ne tient qu'à vous.
- Comment l'avez vous trouvé?
- Vous n'avez pas que des amis, Monsieur Vhalakas. L'un de mes informateurs m'a révélé l'emplacement où se cachait votre amie. Il m'a suffit d'y envoyer mes hommes. Ils l'ont trouvé dans cette petite maison au bord de l'eau. Vous voyez de quel endroit je parle?
- Je ne vous crois pas! s'exclama le prisonnier, les dents serrés. Ely ne se serait pas laissé avoir par une bande de gardes.
Waren sourit une fois de plus. Il fouilla dans sa poche et sortit une chaîne d'or au bout de laquelle pendait une pierre bleue comme les profondeurs de la mer. Le prisonnier fixa le pendentif et son visage blanchi. La tension des chaînes se relâcha. Jasper Vhalakas avala une bonne bouffée d'air qu'il expira doucement en murmurant :
« Que voulez-vous savoir ?
- Racontez-moi votre histoire, votre vie. Je veux tout savoir sur l'Ombre de la Nuit... »
Dernière édition par Vhalakas le Lun 9 Mar 2015 - 14:58, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
Pour un début, c'est passionnant ! Les personnages sont parfaitement décrits, ainsi que leurs caractères respectifs en quelques mots ! Bravo ! Ce qu'il risque d'arriver me plaît déjà. Je ne vois rien qui puisse gêner la lecture ni même vouloir arrêter de lire (c'est le contraire, on a envie d'en savoir plus)... Vraiment, tu as tout bon, Vhalakas (le même pseudo que ton perso, donc...) Tu t'y es totalement identifié...
Re: L'ombre de la nuit
J'aime bien ton prologue, il met bien en place ton personnage, on le devine fort et pourtant avec une faille qu'exploite judicieusement le bourreau (bourreau bien sympathique aussi d'ailleurs). En tout cas, à part quelques fautes faciles à corriger et peut-être l'une ou l'autre petite chose à revoir, ce prologue donne envie de savoir la suite.
Petite question, ton roman parle de quoi ? Donne-nous un pitch, quelque chose pour nous mettre l'envie d'en savoir encore plus que ce que propose ce prologue.
Petite question, ton roman parle de quoi ? Donne-nous un pitch, quelque chose pour nous mettre l'envie d'en savoir encore plus que ce que propose ce prologue.
Re: L'ombre de la nuit
Là, bravo !
Ça, c'est du prologue !
C'est génial, prenant, captivant. Vraiment une réussite.
Je dois vraiment puiser dans mes stocks de mauvaise foi pour y trouver quelques bémols, mais puisque ces derniers sont infinis, voici quelques remarques - qui sont, tu l'auras compris, des détails :
- noir de jais : ce cliché m'horripile. C'est très personnel.
- à glacer le sang : pareil, cliché qui répète le glace des montagnes exposée plus haut
- bleue comme les profondeurs de la mer : lourd dans le contexte
Ce sont des broutilles, je le répète. Ce prologue est génial, et il donne vraiment envie de lire la suite.
Ça, c'est du prologue !
C'est génial, prenant, captivant. Vraiment une réussite.
Je dois vraiment puiser dans mes stocks de mauvaise foi pour y trouver quelques bémols, mais puisque ces derniers sont infinis, voici quelques remarques - qui sont, tu l'auras compris, des détails :
- noir de jais : ce cliché m'horripile. C'est très personnel.
- à glacer le sang : pareil, cliché qui répète le glace des montagnes exposée plus haut
- bleue comme les profondeurs de la mer : lourd dans le contexte
Ce sont des broutilles, je le répète. Ce prologue est génial, et il donne vraiment envie de lire la suite.
Re: L'ombre de la nuit
J'ai bien aimé ce petit prologue et j'aimerais en savoir plus. Trop court pour en dire plus pour le moment.
Niveau écriture, je n'ai rien à dire (mais bon, je suis loin d'être une référence en la matière ).
2 remarques/questions :
- La citadelle de Tyrie : influence Guildwarsienne ou pur hasard sur le terme "Tyrie" ??
- l'inquisiteur ... Bon, je suis dans un trip Terry Goodking, donc forcément le choix de ce terme m'interpelle. Il me semble que c'est une de tes références ? (si je me rappelle bien ta présentation). Utiliser "inquisiteur" est il du pur hasard ou est ce un choix ? Ca peut être un hommage ou n'avoir rien à voir ... Je suis juste curieux.
Niveau écriture, je n'ai rien à dire (mais bon, je suis loin d'être une référence en la matière ).
2 remarques/questions :
- La citadelle de Tyrie : influence Guildwarsienne ou pur hasard sur le terme "Tyrie" ??
- l'inquisiteur ... Bon, je suis dans un trip Terry Goodking, donc forcément le choix de ce terme m'interpelle. Il me semble que c'est une de tes références ? (si je me rappelle bien ta présentation). Utiliser "inquisiteur" est il du pur hasard ou est ce un choix ? Ca peut être un hommage ou n'avoir rien à voir ... Je suis juste curieux.
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
Merci beaucoup pour vos retours très sympathiques. Je mettrais un résumé dans la journée pour les personnes intéressées même si je n'aime pas trop les résumés.
Tyrie: Ce nom de ville m'est venu tout seul et j'ai découvert après que c'était une ville de guildwars.
Inquisiteur: c'est juste un terme qui convenait bien pour le travail. On le retrouve aussi dans la première loi de Joe Abercrombie.
Tyrie: Ce nom de ville m'est venu tout seul et j'ai découvert après que c'était une ville de guildwars.
Inquisiteur: c'est juste un terme qui convenait bien pour le travail. On le retrouve aussi dans la première loi de Joe Abercrombie.
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
J'ai mis en ligne un résumé(vraiment pas terrible) et le chapitre 1 (que je n'ai pas beaucoup retravaillé pour avancer dans l'histoire).
Tout se trouve dans mon premier message pour les retrouver plus facilement.
Bonne lecture et j'attends vos avis avec impatience
Tout se trouve dans mon premier message pour les retrouver plus facilement.
Bonne lecture et j'attends vos avis avec impatience
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
Je trouve ce début très vivant et bien écrit, j'aurais juste quelques réserves sur certains clichés qu'a relevé déjà Cancereugène: éviter les formules toutes faites comme "noir de jais".
N'abuse pas non plus des métaphores : "un visage froid comme la glace des montagnes skariques" suivi de très près par "des yeux sombres comme une nuit sans étoiles", ça fait trop. Mais ce ne sont que des petits trucs, ton texte se lit très bien, on est vite emporté par ton univers.
Au début du chapitre 1, J'aurais aimé en apprendre un peu plus sur le monde des égouts et de ses habitants. Tu donnes quelques indications mais il manque une ébauche de background, quelques phrases qui nous le font entrevoir de façon plus réelle... Cela demande quelques développements, mais en tout cas continue, tu m'a l'air sacrément doué !
N'abuse pas non plus des métaphores : "un visage froid comme la glace des montagnes skariques" suivi de très près par "des yeux sombres comme une nuit sans étoiles", ça fait trop. Mais ce ne sont que des petits trucs, ton texte se lit très bien, on est vite emporté par ton univers.
Au début du chapitre 1, J'aurais aimé en apprendre un peu plus sur le monde des égouts et de ses habitants. Tu donnes quelques indications mais il manque une ébauche de background, quelques phrases qui nous le font entrevoir de façon plus réelle... Cela demande quelques développements, mais en tout cas continue, tu m'a l'air sacrément doué !
Re: L'ombre de la nuit
Toujours intrigante ton histoire ! Ton écriture est aboutie en tous cas. Cet enfant est donc le futur Jasper Whalakas : la description des égouts aurait pu être plus vivante comme le fait remarquer Pala mais en l'état, c'est déjà bien !
J'ai relevé cette phrase qui m'a paru arriver sans crier gare :
"La ville n'avait pas changée" (déjà, pas de E à la fin)
Cela suppose que ton jeune Whalakas est déjà sorti des égouts alors que tu ne l'indiques pas auparavant . Un détail mais du coup ce passage m'a posé problème...
J'ai relevé cette phrase qui m'a paru arriver sans crier gare :
"La ville n'avait pas changée" (déjà, pas de E à la fin)
Cela suppose que ton jeune Whalakas est déjà sorti des égouts alors que tu ne l'indiques pas auparavant . Un détail mais du coup ce passage m'a posé problème...
Re: L'ombre de la nuit
Je viens de gaspiller un lumineux commentaire à cause d'un bug mais je vais tenter de le reproduire.
J'adhère à tout ce que les autres ont dit, sauf que j'ai eu la chance d'avoir tout à lire en même temps. On voit que le premier chapitre a été moins travaillé que le prologue il contient beaucoup de fautes et même une répétition gênante du mot "égouts". J'ai été surprise que le type se mette à table simplement à la vue de la chaine, il aurait été plus crédible qu'il assiste à quelques tortures de sa belle, car rien ne prouve qu'elle n'a pas déjà été tuée. Par ailleurs j'ai trouvé étrange que le bourreau ait besoin de savoir qu'il a toutes ses petites affaires sur lui pour se rassurer.
J'ai fait ma chieuse mais hormis ces quelques détails j'ai bien aimé. C'est un boulot très prometteur.
J'adhère à tout ce que les autres ont dit, sauf que j'ai eu la chance d'avoir tout à lire en même temps. On voit que le premier chapitre a été moins travaillé que le prologue il contient beaucoup de fautes et même une répétition gênante du mot "égouts". J'ai été surprise que le type se mette à table simplement à la vue de la chaine, il aurait été plus crédible qu'il assiste à quelques tortures de sa belle, car rien ne prouve qu'elle n'a pas déjà été tuée. Par ailleurs j'ai trouvé étrange que le bourreau ait besoin de savoir qu'il a toutes ses petites affaires sur lui pour se rassurer.
J'ai fait ma chieuse mais hormis ces quelques détails j'ai bien aimé. C'est un boulot très prometteur.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
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Re: L'ombre de la nuit
C'est vraiment bien, ma première impression se confirme.
Je pourrais pinailler sur beaucoup de détails, mais il est facile de corriger les coquilles et autres approximations.
Certaines parties me paraissent expédiées, par exemple "des bougies s'allumaient dans tous les coins" - les coins de quoi ? Ils traversent une ville, et des bougies s'allument dans tous les coins ? C'est étrange.
La scène de combat m'a paru trop empressée, pas suffisamment maîtrisée. Elle est vive, mais perd en qualité d'écriture, par abus de redondance dans l'action et de répétitions dans les phrases.
La fin du chapitre revient sur un rythme très accrocheur, et la vanne finale a le mérite de bien cadrer le personnage.
Dans l'ensemble, je suis moins enthousiaste que pour le prologue, mais cette entrée en matière révèle à mon avis un vrai talent de conteur. Bravo, et surtout, vas au bout de ton projet !
Je pourrais pinailler sur beaucoup de détails, mais il est facile de corriger les coquilles et autres approximations.
Certaines parties me paraissent expédiées, par exemple "des bougies s'allumaient dans tous les coins" - les coins de quoi ? Ils traversent une ville, et des bougies s'allument dans tous les coins ? C'est étrange.
La scène de combat m'a paru trop empressée, pas suffisamment maîtrisée. Elle est vive, mais perd en qualité d'écriture, par abus de redondance dans l'action et de répétitions dans les phrases.
La fin du chapitre revient sur un rythme très accrocheur, et la vanne finale a le mérite de bien cadrer le personnage.
Dans l'ensemble, je suis moins enthousiaste que pour le prologue, mais cette entrée en matière révèle à mon avis un vrai talent de conteur. Bravo, et surtout, vas au bout de ton projet !
Re: L'ombre de la nuit
Merci beaucoup pour vos commentaires et vos encouragements. Cela fait du bien d'avoir un avis extérieur. Quand j'aurais terminé le chapitre 5, je retravaillerais le chapitre 1 2 3 4 que je posterais.
Encore merci et bonne soirée!
Encore merci et bonne soirée!
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
Bonjour Vhalakas,
Je viens de lire ton prologue et ton premier chapitre. Je suis plus mitigé que mes camarades. Tu as des qualités d'écriture indéniables, augmentées de surcroît par le fait que tu es encore très jeune, ce qui est prometteur. Mais, car il y a un mais, je n'ai pas totalement été convaincu par ton récit. D'une manière générale, j'ai trouvé le prologue bien meilleur que le premier chapitre. Mieux écrit, plus vivant aussi ou en tout cas plus mystérieux. J'attire l'attention sur le fait que ce n'est pas le moindre des compliments puisque ce prologue est écrit à la troisième personne, ce qui est à mon sens plus compliqué. Compte tenu du premier chapitre, je ne suis pas loin de penser que tu écris mieux à la troisième personne qu'à la première, c'est assez rare. Bien sûr, il n'est pas question de te dire : "fais tout à la troisième personne". Mais j'ai trouvé ton premier chapitre beaucoup plus statique et moins impliquant que ton prologue. Cela tient sans doute, pour partie, au fait que ce premier chapitre tient largement de la succession de scènes qui ne sont pas forcément très développées. On y apprend ainsi que le narrateur a été abandonné à la naissance, a vécu dans les égout une partie de son enfance et de son adolescence, que le chef des 'égoutiers' s'appelait Mona, qu'ils vont faire une excursion à l'air libre, retrouver un homme dont on ne sait rien, combattre des individus (dont on ne sait pas grand chose non plus) et que le narrateur va suivre une ombre dont le visage est caché par "un écran noir (?)". Rien que dans ce premier chapitre, il y a matière à en écrire trois. Par exemple : Mona, une fille ou une femme, est la chef des égoutiers. Ok, mais elle a du batailler pour en arriver là, se faire respecter. On peut imaginer que la vie dans les égouts est très dure et que la compétition pour survivre encore plus : comment a-t'elle fait ? Je ne dis pas qu'une femme n'est pas capable (Mon Dieu non !) mais l'originalité de la situation aurait au moins mérité de plus amples explications. Et on touche d'ailleurs à mon sens, l'un des "problèmes majeurs" de ton récit : une quasi absence de caractérisation des personnages ou des situations. En un mot : développe ! Pourquoi le narrateur a-t-il été abandonné ? Quels sont les effets de cet abandon sur sa manière de voir les choses ? Comment a-t-il survécu dans les égouts alors qu'il n'était a priori pas capable de subvenir seul à ses propres besoins ? On peut se dire que pour cela l'un(e) des égoutiers a du le protéger, le nourrir, subvenir à ses besoins les plus élémentaires ? Comment ? Pourquoi ? Qu'est devenue cette personne ? Pareillement, pour l'épisode des sacs de nourriture et de médicaments chez cet homme. Les égoutiers font donc du 'commerce' à l'extérieur. Avec qui ? Qui est cet homme ? etc. C'est essentiellement cela qui m'a le plus déstabilisé dans ton texte. Ainsi que les (trop) nombreuses répétitions (notamment le mot égout qui est répété de nombreuses fois dans le premier chapitre).
S'agissant du prologue, il est assez classique dans sa composition (en cela je me sépare de Cancéreugène et d'un certain nombre d'avis). J'aurais aimé y trouver plus de tension. La situation le permettait, mais je l'ai trouvé au final assez descriptif : un homme en captivité raconte son histoire à son geôlier. Peut-être aurait-il été pertinent de rendre les relations entre les deux personnages plus complexes et ambiguës. Une question m'est en outre apparue : comment un personnage aussi endurci que cet assassin peut-il passer à table aussi rapidement ? On suppose que cette fille doit être importante pour lui bien sûr mais tout cela arrive un peu trop rapidement à mon goût. Fais monter la sauce. Scotche-nous, tu en as a priori les moyens !
Je viens de lire ton prologue et ton premier chapitre. Je suis plus mitigé que mes camarades. Tu as des qualités d'écriture indéniables, augmentées de surcroît par le fait que tu es encore très jeune, ce qui est prometteur. Mais, car il y a un mais, je n'ai pas totalement été convaincu par ton récit. D'une manière générale, j'ai trouvé le prologue bien meilleur que le premier chapitre. Mieux écrit, plus vivant aussi ou en tout cas plus mystérieux. J'attire l'attention sur le fait que ce n'est pas le moindre des compliments puisque ce prologue est écrit à la troisième personne, ce qui est à mon sens plus compliqué. Compte tenu du premier chapitre, je ne suis pas loin de penser que tu écris mieux à la troisième personne qu'à la première, c'est assez rare. Bien sûr, il n'est pas question de te dire : "fais tout à la troisième personne". Mais j'ai trouvé ton premier chapitre beaucoup plus statique et moins impliquant que ton prologue. Cela tient sans doute, pour partie, au fait que ce premier chapitre tient largement de la succession de scènes qui ne sont pas forcément très développées. On y apprend ainsi que le narrateur a été abandonné à la naissance, a vécu dans les égout une partie de son enfance et de son adolescence, que le chef des 'égoutiers' s'appelait Mona, qu'ils vont faire une excursion à l'air libre, retrouver un homme dont on ne sait rien, combattre des individus (dont on ne sait pas grand chose non plus) et que le narrateur va suivre une ombre dont le visage est caché par "un écran noir (?)". Rien que dans ce premier chapitre, il y a matière à en écrire trois. Par exemple : Mona, une fille ou une femme, est la chef des égoutiers. Ok, mais elle a du batailler pour en arriver là, se faire respecter. On peut imaginer que la vie dans les égouts est très dure et que la compétition pour survivre encore plus : comment a-t'elle fait ? Je ne dis pas qu'une femme n'est pas capable (Mon Dieu non !) mais l'originalité de la situation aurait au moins mérité de plus amples explications. Et on touche d'ailleurs à mon sens, l'un des "problèmes majeurs" de ton récit : une quasi absence de caractérisation des personnages ou des situations. En un mot : développe ! Pourquoi le narrateur a-t-il été abandonné ? Quels sont les effets de cet abandon sur sa manière de voir les choses ? Comment a-t-il survécu dans les égouts alors qu'il n'était a priori pas capable de subvenir seul à ses propres besoins ? On peut se dire que pour cela l'un(e) des égoutiers a du le protéger, le nourrir, subvenir à ses besoins les plus élémentaires ? Comment ? Pourquoi ? Qu'est devenue cette personne ? Pareillement, pour l'épisode des sacs de nourriture et de médicaments chez cet homme. Les égoutiers font donc du 'commerce' à l'extérieur. Avec qui ? Qui est cet homme ? etc. C'est essentiellement cela qui m'a le plus déstabilisé dans ton texte. Ainsi que les (trop) nombreuses répétitions (notamment le mot égout qui est répété de nombreuses fois dans le premier chapitre).
S'agissant du prologue, il est assez classique dans sa composition (en cela je me sépare de Cancéreugène et d'un certain nombre d'avis). J'aurais aimé y trouver plus de tension. La situation le permettait, mais je l'ai trouvé au final assez descriptif : un homme en captivité raconte son histoire à son geôlier. Peut-être aurait-il été pertinent de rendre les relations entre les deux personnages plus complexes et ambiguës. Une question m'est en outre apparue : comment un personnage aussi endurci que cet assassin peut-il passer à table aussi rapidement ? On suppose que cette fille doit être importante pour lui bien sûr mais tout cela arrive un peu trop rapidement à mon goût. Fais monter la sauce. Scotche-nous, tu en as a priori les moyens !
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: L'ombre de la nuit
Je remets le chapitre 1 corrigé et retravaillé. J'ai essayé de prendre en compte vos remarques mais il y a, je pense encore du travail. Je le reprendrai qu'à la relecture finale car il faut que j'avance sur les chapitres.
Bonne lecture!
Mes parents me déposèrent dans un panier d'osier sur les eaux putrides traversant la ville pour emmener les déchets des habitants.
Sous la capitale, couraient des galeries interminables où travaillaient les égoutiers. Ces hommes et femmes, installés dans les sous-sols de la ville gagnaient leur vie à nettoyer, récupérer et revendre les objets qu'ils repêchaient. Ce furent eux qui me sortirent de l'eau juste avant le précipice menant à la rivière. Ce fut Mona, la plus jeune chef que l'on est vu dans les égouts qui m'attrapa avec son crochet. Cette femme à l'allure masculine avait pris le pouvoir dans les égouts après une lutte sans merci contre les différentes factions d'égoutiers. Elle avait un caractère bien trempé et une force prodigieuse. Grâce à elle, les travailleurs s'étaient regroupés dans un village construit à l'aide de déchets trouvés dans les eaux. Avec son second, Andros, ils revendaient les marchandises couteuses et rares en échange de vivre et de médicaments. Leur acheteur, un vieil homme du nom de Garius vivait à la surface dans un quartier calme. Il tenait une boutique d'objets divers et variés.
Chez les égoutiers, il existait trois groupes de travailleurs. Les Pécheurs qui descendaient dans les eaux pour récupérer tout ce qu'ils pensaient utiles, les Nettoyeurs qui astiquaient les trouvailles des Pécheurs et enfin les Trieurs qui les rangeaient par importance.
Mona étant ma mère d'adoption et le chef de tous les égoutiers, elle m'apprit le travail de chacun et la place que je devais occuper.
Je commençai avec les Nettoyeurs car ils ont un métier simple pour un enfant de quelques années. Mona me présenta à la responsable, une femme se prénommant Ramy. Elle m'expliqua toutes les astuces pour être rapide et efficace. L'avantage d'être le plus jeune de la bande, c'est que tout le monde vous prend sous son aile. Après les Nettoyeurs, je rencontrai les Trieurs. Je n'étais qu'un grouillot pour eux mais j'aimais me balader dans les différentes salles pour ranger nos trésors.
Quand j'atteins l'âge de dix ans, ce fut Mona en personne qui m'apprit le métier de Pécheur. Elle m'offrit mon crochet que j'ai encore aujourd'hui. Il n'était pas en très bon état mais c'est le seul cadeau que me fit Mona. Pendant les trois années où je fus Pécheur, je visitai des centaines de galeries avec Andros et Mona. C'est deux-là était inséparable. Je pense qu’ils n’ont jamais osé se dévoiler l'un à l'autre, mais l'amour volait au-dessus de leur tête depuis bien longtemps. Plusieurs fois, je les accompagnai à la surface pour revendre nos marchandises au vieux Garius. J'aimais aller chez lui car il m'offrait des friandises délicieuses et une tasse de chocolat chaud. En ce temps, jamais je n'aurais pu penser être séparé de mes parents de substitution. Je me voyais vivre une vie entière dans les égouts de la ville en compagnie de Mona et d'Andros. Mais comme souvent, le destin en décida tout autrement.
Un matin, Mona se présenta à mon abri construit avec des branches, du bois et toutes sortes d'objets trouvés dans l'eau. A la lumière d'un morceau de bougie, elle s'assit sur ma couche et me parla d’une voix si basse que je dus tendre l'oreille.
- Cette nuit, nous sortons à la surface avec Andros, me dit-elle. Ça te dirait de nous accompagner?
- Avec plaisir, m'exclamai-je tout sourire.
Mona me mit aussitôt en garde. Des groupes de coupe-jarrets traînaient dans les rues pendant la nuit. Je lui promis de faire attention et de l'écouter sans broncher. Elle fut satisfaite et me laissa me préparer tranquillement pour notre excursion. Le soir venu, armé d'un vieux couteau rouillé et de mon crochet, je suivis Mona à travers le dédale infernale des égouts. Nous nous enfoncions dans les profondeurs où la pierre était grossièrement taillée et où les rats se reproduisaient en masse. Au bout d'un temps infini, nous arrivâmes à un cul de sac on nous attendait Andros. Le jeune homme grand et maigre comme un clou souriait. Il tenait dans sa main un sac bondé de marchandises à vendre. Je le saluai rapidement puis nous empruntâmes l'échelle pour sortir à l'air libre. Le vent froid me cingla le visage. La nuit étoilée était pour moi comme un soleil d'été, j'y voyais comme en plein jour. Je finis de m'extirper des abysses et resserra mon manteau miteux autour de moi pour ne pas attraper la mort. Mona me suivit de peu et nous partîmes à la suite d'Andros qui trottinait devant. La ville n'avait pas changée depuis ma dernière sortie. Les hautes maisons oppressantes, les rues pavées et instables sous mes pieds. Le seul aspect positif fut l'air frais nettoyant mon nez de l'odeur nauséabonde des réseaux d'eaux.
Notre groupe s'enfonça dans les ruelles sinueuses de Tyrie jusqu'à une porte en bois où Andros frappa deux fois rapidement puis trois fois lentement.
Une minute plus tard, la porte s'ouvrit sur un vieil homme chauve. Il nous invita à entrer ce que nous fîmes sans tarder. L'intérieur de la demeure était propre et chauffé. La lumière des bougies m'éblouit et je clignai des yeux. Le parquet était agréable sous mes pieds nus, sa chaleur se diffusant dans mes jambes. Garius prit le sac des mains d'Andros et farfouilla dedans. Il en sortit des pierres de toutes les couleurs, des pièces de métal et des objets en terre et en pierre. Il les disposa sur une table et les regarda longuement.
- Il n'y a pas grand-chose, dit-il. Je vous prends le tout pour deux sacs de vivre et un sac de médicaments.
- Ne nous prenez pas pour des débiles, s'exclama Mona. Ces pierres valent dix fois ce que vous nous en donnez. Nous voulons trois sacs de vivre et trois de médicaments.
Garius grogna une réponse inintelligible en désignant des sacs dans un coin de la pièce. Andros s'y rendit et fouilla à l'intérieur avant de faire un signe de tête à Mona.
-Ce soir, s'excusa Garius, je n'ai pas le temps de vous offrir le thé et les gâteaux. Nous recevons des invités avec ma femme et je ne peux m'absenter plus longtemps.
Mona acquiesça et rejoignit Andros pour prendre les sacs. Ils m'en donnèrent deux et nous remerciâmes le vieil homme avant de retourner dans la rue. Une fois dehors, Andros reprit sa course vers l'entrée des égouts. Nous le suivions sans un mot quand trois hommes nous barrèrent la route. Armés de matraque et de couteau, ils portaient tous la même tenue en cuir marron. Celui du centre s'avança d'un pas et nous pria de déposer nos sacs et de se rendre sans faire d'ennuis.
- Nous n'avons rien fait de mal, répondit Mona. Nous rentrons chez nous.
- Vous êtes des vagabonds et la garde de la ville n'accepte pas les voleurs dans ses rues. Posez vos sacs et couchez-vous sur le sol ou nous serrons obligé d'utiliser la force.
Andros jeta un coup d'œil à Mona et cette dernière lui fit un signe de tête. Il posa son sac au sol et tira son couteau de sa ceinture. Mona et moi l'imitèrent. L'homme sourit et le combat s'engagea de lui-même. Armé de mon couteau et de mon crochet, je me jetai dans la bataille comme un fou furieux. A cette époque, je ne savais pas me battre mais je compris rapidement, que la peur de mourir nous donne des ailes. Les trois hommes se séparèrent et s'attaquèrent à l'un de nous. Mon adversaire me dépassait d'au moins deux têtes et était plus costaud que moi mais son embonpoint l'empêchait d'être rapide. J'évitai ses premiers coups en me déplaçant sur les côtés mais mes bras trop courts n'atteignaient pas leur cible. Nous nous tournions autour quand Mona hurla et roula au sol, les mains sur son ventre. Son adversaire lui enfonça son couteau dans la gorge et une giclée de sang s'en échappa. Je restai devant ce spectacle horrible sans pouvoir bouger, sans savoir quoi faire, une douleur me transperça le cœur et je me mis à suffoquer. Des larmes tombèrent sur le sol. Puis la colère s'empara de mon corps, un écran rouge me passa devant les yeux. Je fixai mon regard sur mon adversaire qui recula d'un pas. Sa peau blanchit de peur. J'avançai sur lui sans me presser, sans penser, sans réfléchir. Il m'attaqua mais j'esquivai sans peine et frappai de ma lame sous son aisselle. Une gerbe de sang colora les pavés sous nos pieds. Sans attendre, mon couteau souillé le transperça à la gorge et au cœur. Je ne regardai pas mon adversaire s'écroulai et courrai vers le combat qui faisait rage derrière moi. Andros se débattait dans tous les sens. L'un des hommes le tenait par les bras pendant que le second le lardait de coups. Je sautai sur le dos du garde et l'égorgea. Il s'écroula sur les pavés. Ses mains se portèrent à son cou pour comprimer sa blessure mais le sang coula entre ses doigts. Le dernier homme poussa Andros dans ma direction, je me déplaçai avec rapidité sur la droite et d'un saut, plantai ma lame dans son œil. Je la sentis rentrer dans son crâne et rencontrer un os avant de le briser. Je m'écroulai sur l'homme et nous roulâmes au sol. Moi, vivant et lui mort. Je restai allongé sur son corps, le souffle court, les bras douloureux et la tête à la limite de l'explosion. L'inconscience m'envahissait quand je me sentis tiré vers le haut. J'ouvris les yeux et découvris une silhouette noire derrière moi. Sa tenue flottait autour de lui et son visage était invisible derrière un écran noir. Il me fit signe de le suivre. Je ne sais pourquoi, je me levai et le suivis tel un esclave. Nous traversâmes la ville à l'heure où les premiers artisans se lèvent. Les falotiers allumaient les lampadaires à chaque coin de rue. L'homme en noir avançait d'un pas sûr dans une direction qui mettait inconnu. Nous passâmes par de grandes places où des étals de marchands se montaient dans le silence de la nuit. Personne ne fit attention à nous, personne ne nous regarda. Je suivais toujours l'ombre, un peu hagard quand ce dernier s'arrêta net devant une statue représentant une jeune femme donnant à manger à de jeunes enfants. Le visage de cette femme exprimait une telle gentillesse et un tel amour que je sentis les larmes monter. Pendant que je fixai la statue, l'homme en fit le tour et tira sur un anneau. Une ouverture se créa sous mes yeux dans la pierre du piédestal. L'ombre passa devant moi et entra à l'intérieur. De sa voix grave, elle m'ordonna de la suivre ce que je fis sans broncher. Nous empruntâmes un long escalier en colimaçon qui descendait dans les entrailles de la terre. Je retrouvai enfin un endroit que je connaissais, les souterrains de la ville. Nous arrivâmes dans un endroit faiblement éclairés par des torches accrochés au mur. La pièce était haute de plafond et large comme les rues au-dessus de nous. Je comptai quatre sorties en plus de celle d'où nous venions. Sur le mur en face de nous, se trouvait une autre statue mais cette fois c'était un homme en position de combat. Il était vêtu dans la même tenue que l'homme devant moi. Ce dernier adressa un signe du buste à la statue avant de s'engager dans un couloir à notre droite. En regardant cette statue, je retrouvai mes moyens et ma voix. Je m'approchai de l'homme en pierre et le regardai de plus près. Je n'arrivai à discerner les traits de son visage sous son large capuchon.
- Il nous fait tous cet effet quand on le voit pour la première fois.
- Qui est-ce?
- Tyrion Vhalakas, le premier d'entre nous.
- Et vous êtes quoi?
- La confrérie des ombres.
- Connais pas, répondis-je les yeux plantés sur la statue.
- Tu apprendras car tu es l'un d'entre nous.
Je ne répondis pas et l'ombre me tira par l'épaule. Nous reprîmes notre route. Les couloirs et les pièces que nous traversions étaient taillés dans la pierre grise. Nos pas résonnaient à travers le dédale de passages. Je ne connaissais pas cet endroit des souterrains mais je m'y sentais bien comme quand je rentrais dans mon abri après une journée harassante. Nous entrâmes dans une grande salle circulaire au dôme en pierre. En face de l'entrée se trouvait une estrade avec trois fauteuils en bois massif. Taillés minutieusement, ils devaient valoir un certain nombre de pierres brillantes. La salle était parsemée de petit groupe vêtu comme l'homme que j'avais suivi. Ils discutaient à voix basse mais s'arrêtèrent à notre entrée. Tous les regards se tournèrent dans notre direction. Trois personnes prirent places dans les fauteuils et mon escorte s'avança à leur rencontre. Il s'arrêta à quelques mètres et salua d'une inclinaison du buste.
- Soit le bienvenu parmi nous Falcon. Que nous vaut le plaisir de ta venue? demanda une voix de femme assise au centre.
La femme était âgée mais ses mouvements fluides et son regard perçant me troublèrent. Elle portait une tenue noire comme tout le monde mais une étoile était épinglé sur sa poitrine. Elle avait cet air sévère que je retrouvai souvent sur le visage des vieilles égoutières.
- Epargnez-moi vos simagrées, personne n'éprouve de plaisir à me voir ici, répondit Falcon. Mais je respecte toujours notre ordre et notre credo. Je me présente à vous pour demander le droit de maîtrise.
- Qui veux-tu former, Falcon? demanda l'ombre de droite, un homme massif d'une quarantaine d'année.
Falcon se tourna vers moi et m'incita à avancer. Je saluai les trois personnes d'un signe du buste maladroit et attendit que leur conversation reprenne.
- Je veux former ce jeune homme car il est digne d'être des nôtres.
- A-t-il la faveur de Tyrion?
- Oui.
- Prouve-le! demanda la femme.
Falcon se tourna vers moi et s'excusa avant de me planter une lame dans le bras gauche. Aussitôt, je ressentis la même chose qu'avec les coupe-jarrets, la même haine, la même colère. Mon esprit s'embruma et mon corps prit le dessus. Je retirai la lame de mon bras et attaqua Falcon sans comprendre, sans pouvoir arrêter mes gestes. Ce dernier se défendit sans peine et me frappa à la base du crâne. Je tombai à genou et les brumes s'évanouirent. Mon bras me lançait atrocement et je geignis comme une fillette. Falcon s'agenouilla devant moi et me passa un bandage sur la blessure qu'il serra fort pour arrêter le saignement.
- Nous avons aperçu la faveur de Tyrion dans les yeux de cet enfant, s'exclama la femme. Il est apte à être formé.
- Merci, répondit Falcon.
L'ombre m'aida à me redresser et nous nous retournâmes pour quitter la salle quand la voix de la femme reprit:
- Mais...
Falcon se stoppa net et je le vis se contracter.
- Tu ne le formeras pas seul!
- Pourquoi cela? demanda Falcon en faisant demi-tour. Je suis apte à former un apprenti. Pouvez-vous trouver meilleur que moi?
- Tu es très fort, Falcon, lui répondit une voix grave à gauche de la femme. Mais tu es incontrôlable. Cet enfant ne doit pas suivre ta voix. Le conseil a décidé que tu le formerais pendant sept années et il passera les trois dernières ici, avec nous.
- Alors je le formerais en sept ans et il n'aura plus rien à apprendre de vous, répondit hargneusement Falcon.
Bonne lecture!
CHAPITRE PREMIER
Au moment où je naquis, la guerre faisait rage contre les hordes skariques. L'armée enrôlait tout homme valide dans ses rangs. La famine s'étendit sur le pays et les pauvres durent mendier pour survivre. Ce fut peut-être la raison de mon abandon, je ne le sus jamais.Mes parents me déposèrent dans un panier d'osier sur les eaux putrides traversant la ville pour emmener les déchets des habitants.
Sous la capitale, couraient des galeries interminables où travaillaient les égoutiers. Ces hommes et femmes, installés dans les sous-sols de la ville gagnaient leur vie à nettoyer, récupérer et revendre les objets qu'ils repêchaient. Ce furent eux qui me sortirent de l'eau juste avant le précipice menant à la rivière. Ce fut Mona, la plus jeune chef que l'on est vu dans les égouts qui m'attrapa avec son crochet. Cette femme à l'allure masculine avait pris le pouvoir dans les égouts après une lutte sans merci contre les différentes factions d'égoutiers. Elle avait un caractère bien trempé et une force prodigieuse. Grâce à elle, les travailleurs s'étaient regroupés dans un village construit à l'aide de déchets trouvés dans les eaux. Avec son second, Andros, ils revendaient les marchandises couteuses et rares en échange de vivre et de médicaments. Leur acheteur, un vieil homme du nom de Garius vivait à la surface dans un quartier calme. Il tenait une boutique d'objets divers et variés.
Chez les égoutiers, il existait trois groupes de travailleurs. Les Pécheurs qui descendaient dans les eaux pour récupérer tout ce qu'ils pensaient utiles, les Nettoyeurs qui astiquaient les trouvailles des Pécheurs et enfin les Trieurs qui les rangeaient par importance.
Mona étant ma mère d'adoption et le chef de tous les égoutiers, elle m'apprit le travail de chacun et la place que je devais occuper.
Je commençai avec les Nettoyeurs car ils ont un métier simple pour un enfant de quelques années. Mona me présenta à la responsable, une femme se prénommant Ramy. Elle m'expliqua toutes les astuces pour être rapide et efficace. L'avantage d'être le plus jeune de la bande, c'est que tout le monde vous prend sous son aile. Après les Nettoyeurs, je rencontrai les Trieurs. Je n'étais qu'un grouillot pour eux mais j'aimais me balader dans les différentes salles pour ranger nos trésors.
Quand j'atteins l'âge de dix ans, ce fut Mona en personne qui m'apprit le métier de Pécheur. Elle m'offrit mon crochet que j'ai encore aujourd'hui. Il n'était pas en très bon état mais c'est le seul cadeau que me fit Mona. Pendant les trois années où je fus Pécheur, je visitai des centaines de galeries avec Andros et Mona. C'est deux-là était inséparable. Je pense qu’ils n’ont jamais osé se dévoiler l'un à l'autre, mais l'amour volait au-dessus de leur tête depuis bien longtemps. Plusieurs fois, je les accompagnai à la surface pour revendre nos marchandises au vieux Garius. J'aimais aller chez lui car il m'offrait des friandises délicieuses et une tasse de chocolat chaud. En ce temps, jamais je n'aurais pu penser être séparé de mes parents de substitution. Je me voyais vivre une vie entière dans les égouts de la ville en compagnie de Mona et d'Andros. Mais comme souvent, le destin en décida tout autrement.
Un matin, Mona se présenta à mon abri construit avec des branches, du bois et toutes sortes d'objets trouvés dans l'eau. A la lumière d'un morceau de bougie, elle s'assit sur ma couche et me parla d’une voix si basse que je dus tendre l'oreille.
- Cette nuit, nous sortons à la surface avec Andros, me dit-elle. Ça te dirait de nous accompagner?
- Avec plaisir, m'exclamai-je tout sourire.
Mona me mit aussitôt en garde. Des groupes de coupe-jarrets traînaient dans les rues pendant la nuit. Je lui promis de faire attention et de l'écouter sans broncher. Elle fut satisfaite et me laissa me préparer tranquillement pour notre excursion. Le soir venu, armé d'un vieux couteau rouillé et de mon crochet, je suivis Mona à travers le dédale infernale des égouts. Nous nous enfoncions dans les profondeurs où la pierre était grossièrement taillée et où les rats se reproduisaient en masse. Au bout d'un temps infini, nous arrivâmes à un cul de sac on nous attendait Andros. Le jeune homme grand et maigre comme un clou souriait. Il tenait dans sa main un sac bondé de marchandises à vendre. Je le saluai rapidement puis nous empruntâmes l'échelle pour sortir à l'air libre. Le vent froid me cingla le visage. La nuit étoilée était pour moi comme un soleil d'été, j'y voyais comme en plein jour. Je finis de m'extirper des abysses et resserra mon manteau miteux autour de moi pour ne pas attraper la mort. Mona me suivit de peu et nous partîmes à la suite d'Andros qui trottinait devant. La ville n'avait pas changée depuis ma dernière sortie. Les hautes maisons oppressantes, les rues pavées et instables sous mes pieds. Le seul aspect positif fut l'air frais nettoyant mon nez de l'odeur nauséabonde des réseaux d'eaux.
Notre groupe s'enfonça dans les ruelles sinueuses de Tyrie jusqu'à une porte en bois où Andros frappa deux fois rapidement puis trois fois lentement.
Une minute plus tard, la porte s'ouvrit sur un vieil homme chauve. Il nous invita à entrer ce que nous fîmes sans tarder. L'intérieur de la demeure était propre et chauffé. La lumière des bougies m'éblouit et je clignai des yeux. Le parquet était agréable sous mes pieds nus, sa chaleur se diffusant dans mes jambes. Garius prit le sac des mains d'Andros et farfouilla dedans. Il en sortit des pierres de toutes les couleurs, des pièces de métal et des objets en terre et en pierre. Il les disposa sur une table et les regarda longuement.
- Il n'y a pas grand-chose, dit-il. Je vous prends le tout pour deux sacs de vivre et un sac de médicaments.
- Ne nous prenez pas pour des débiles, s'exclama Mona. Ces pierres valent dix fois ce que vous nous en donnez. Nous voulons trois sacs de vivre et trois de médicaments.
Garius grogna une réponse inintelligible en désignant des sacs dans un coin de la pièce. Andros s'y rendit et fouilla à l'intérieur avant de faire un signe de tête à Mona.
-Ce soir, s'excusa Garius, je n'ai pas le temps de vous offrir le thé et les gâteaux. Nous recevons des invités avec ma femme et je ne peux m'absenter plus longtemps.
Mona acquiesça et rejoignit Andros pour prendre les sacs. Ils m'en donnèrent deux et nous remerciâmes le vieil homme avant de retourner dans la rue. Une fois dehors, Andros reprit sa course vers l'entrée des égouts. Nous le suivions sans un mot quand trois hommes nous barrèrent la route. Armés de matraque et de couteau, ils portaient tous la même tenue en cuir marron. Celui du centre s'avança d'un pas et nous pria de déposer nos sacs et de se rendre sans faire d'ennuis.
- Nous n'avons rien fait de mal, répondit Mona. Nous rentrons chez nous.
- Vous êtes des vagabonds et la garde de la ville n'accepte pas les voleurs dans ses rues. Posez vos sacs et couchez-vous sur le sol ou nous serrons obligé d'utiliser la force.
Andros jeta un coup d'œil à Mona et cette dernière lui fit un signe de tête. Il posa son sac au sol et tira son couteau de sa ceinture. Mona et moi l'imitèrent. L'homme sourit et le combat s'engagea de lui-même. Armé de mon couteau et de mon crochet, je me jetai dans la bataille comme un fou furieux. A cette époque, je ne savais pas me battre mais je compris rapidement, que la peur de mourir nous donne des ailes. Les trois hommes se séparèrent et s'attaquèrent à l'un de nous. Mon adversaire me dépassait d'au moins deux têtes et était plus costaud que moi mais son embonpoint l'empêchait d'être rapide. J'évitai ses premiers coups en me déplaçant sur les côtés mais mes bras trop courts n'atteignaient pas leur cible. Nous nous tournions autour quand Mona hurla et roula au sol, les mains sur son ventre. Son adversaire lui enfonça son couteau dans la gorge et une giclée de sang s'en échappa. Je restai devant ce spectacle horrible sans pouvoir bouger, sans savoir quoi faire, une douleur me transperça le cœur et je me mis à suffoquer. Des larmes tombèrent sur le sol. Puis la colère s'empara de mon corps, un écran rouge me passa devant les yeux. Je fixai mon regard sur mon adversaire qui recula d'un pas. Sa peau blanchit de peur. J'avançai sur lui sans me presser, sans penser, sans réfléchir. Il m'attaqua mais j'esquivai sans peine et frappai de ma lame sous son aisselle. Une gerbe de sang colora les pavés sous nos pieds. Sans attendre, mon couteau souillé le transperça à la gorge et au cœur. Je ne regardai pas mon adversaire s'écroulai et courrai vers le combat qui faisait rage derrière moi. Andros se débattait dans tous les sens. L'un des hommes le tenait par les bras pendant que le second le lardait de coups. Je sautai sur le dos du garde et l'égorgea. Il s'écroula sur les pavés. Ses mains se portèrent à son cou pour comprimer sa blessure mais le sang coula entre ses doigts. Le dernier homme poussa Andros dans ma direction, je me déplaçai avec rapidité sur la droite et d'un saut, plantai ma lame dans son œil. Je la sentis rentrer dans son crâne et rencontrer un os avant de le briser. Je m'écroulai sur l'homme et nous roulâmes au sol. Moi, vivant et lui mort. Je restai allongé sur son corps, le souffle court, les bras douloureux et la tête à la limite de l'explosion. L'inconscience m'envahissait quand je me sentis tiré vers le haut. J'ouvris les yeux et découvris une silhouette noire derrière moi. Sa tenue flottait autour de lui et son visage était invisible derrière un écran noir. Il me fit signe de le suivre. Je ne sais pourquoi, je me levai et le suivis tel un esclave. Nous traversâmes la ville à l'heure où les premiers artisans se lèvent. Les falotiers allumaient les lampadaires à chaque coin de rue. L'homme en noir avançait d'un pas sûr dans une direction qui mettait inconnu. Nous passâmes par de grandes places où des étals de marchands se montaient dans le silence de la nuit. Personne ne fit attention à nous, personne ne nous regarda. Je suivais toujours l'ombre, un peu hagard quand ce dernier s'arrêta net devant une statue représentant une jeune femme donnant à manger à de jeunes enfants. Le visage de cette femme exprimait une telle gentillesse et un tel amour que je sentis les larmes monter. Pendant que je fixai la statue, l'homme en fit le tour et tira sur un anneau. Une ouverture se créa sous mes yeux dans la pierre du piédestal. L'ombre passa devant moi et entra à l'intérieur. De sa voix grave, elle m'ordonna de la suivre ce que je fis sans broncher. Nous empruntâmes un long escalier en colimaçon qui descendait dans les entrailles de la terre. Je retrouvai enfin un endroit que je connaissais, les souterrains de la ville. Nous arrivâmes dans un endroit faiblement éclairés par des torches accrochés au mur. La pièce était haute de plafond et large comme les rues au-dessus de nous. Je comptai quatre sorties en plus de celle d'où nous venions. Sur le mur en face de nous, se trouvait une autre statue mais cette fois c'était un homme en position de combat. Il était vêtu dans la même tenue que l'homme devant moi. Ce dernier adressa un signe du buste à la statue avant de s'engager dans un couloir à notre droite. En regardant cette statue, je retrouvai mes moyens et ma voix. Je m'approchai de l'homme en pierre et le regardai de plus près. Je n'arrivai à discerner les traits de son visage sous son large capuchon.
- Il nous fait tous cet effet quand on le voit pour la première fois.
- Qui est-ce?
- Tyrion Vhalakas, le premier d'entre nous.
- Et vous êtes quoi?
- La confrérie des ombres.
- Connais pas, répondis-je les yeux plantés sur la statue.
- Tu apprendras car tu es l'un d'entre nous.
Je ne répondis pas et l'ombre me tira par l'épaule. Nous reprîmes notre route. Les couloirs et les pièces que nous traversions étaient taillés dans la pierre grise. Nos pas résonnaient à travers le dédale de passages. Je ne connaissais pas cet endroit des souterrains mais je m'y sentais bien comme quand je rentrais dans mon abri après une journée harassante. Nous entrâmes dans une grande salle circulaire au dôme en pierre. En face de l'entrée se trouvait une estrade avec trois fauteuils en bois massif. Taillés minutieusement, ils devaient valoir un certain nombre de pierres brillantes. La salle était parsemée de petit groupe vêtu comme l'homme que j'avais suivi. Ils discutaient à voix basse mais s'arrêtèrent à notre entrée. Tous les regards se tournèrent dans notre direction. Trois personnes prirent places dans les fauteuils et mon escorte s'avança à leur rencontre. Il s'arrêta à quelques mètres et salua d'une inclinaison du buste.
- Soit le bienvenu parmi nous Falcon. Que nous vaut le plaisir de ta venue? demanda une voix de femme assise au centre.
La femme était âgée mais ses mouvements fluides et son regard perçant me troublèrent. Elle portait une tenue noire comme tout le monde mais une étoile était épinglé sur sa poitrine. Elle avait cet air sévère que je retrouvai souvent sur le visage des vieilles égoutières.
- Epargnez-moi vos simagrées, personne n'éprouve de plaisir à me voir ici, répondit Falcon. Mais je respecte toujours notre ordre et notre credo. Je me présente à vous pour demander le droit de maîtrise.
- Qui veux-tu former, Falcon? demanda l'ombre de droite, un homme massif d'une quarantaine d'année.
Falcon se tourna vers moi et m'incita à avancer. Je saluai les trois personnes d'un signe du buste maladroit et attendit que leur conversation reprenne.
- Je veux former ce jeune homme car il est digne d'être des nôtres.
- A-t-il la faveur de Tyrion?
- Oui.
- Prouve-le! demanda la femme.
Falcon se tourna vers moi et s'excusa avant de me planter une lame dans le bras gauche. Aussitôt, je ressentis la même chose qu'avec les coupe-jarrets, la même haine, la même colère. Mon esprit s'embruma et mon corps prit le dessus. Je retirai la lame de mon bras et attaqua Falcon sans comprendre, sans pouvoir arrêter mes gestes. Ce dernier se défendit sans peine et me frappa à la base du crâne. Je tombai à genou et les brumes s'évanouirent. Mon bras me lançait atrocement et je geignis comme une fillette. Falcon s'agenouilla devant moi et me passa un bandage sur la blessure qu'il serra fort pour arrêter le saignement.
- Nous avons aperçu la faveur de Tyrion dans les yeux de cet enfant, s'exclama la femme. Il est apte à être formé.
- Merci, répondit Falcon.
L'ombre m'aida à me redresser et nous nous retournâmes pour quitter la salle quand la voix de la femme reprit:
- Mais...
Falcon se stoppa net et je le vis se contracter.
- Tu ne le formeras pas seul!
- Pourquoi cela? demanda Falcon en faisant demi-tour. Je suis apte à former un apprenti. Pouvez-vous trouver meilleur que moi?
- Tu es très fort, Falcon, lui répondit une voix grave à gauche de la femme. Mais tu es incontrôlable. Cet enfant ne doit pas suivre ta voix. Le conseil a décidé que tu le formerais pendant sept années et il passera les trois dernières ici, avec nous.
- Alors je le formerais en sept ans et il n'aura plus rien à apprendre de vous, répondit hargneusement Falcon.
Invité- Invité
Re: L'ombre de la nuit
Pour avoir votre avis sur la suite de l'histoire, je vous mets le chapitre deux.
Mon maître vivait dans une aile déserte du sanctuaire des ombres. Après plusieurs années à le déblayer, le nettoyer et l'aménager, son logis était spacieux et confortable. Il disposait d'un bureau entouré par des centaines d'étagères de livres, de rouleaux et de tablettes écrites dans toutes les langues vivantes et mortes. J'ai passé des milliers d'heures dans cet endroit à dévorer des lignes d'écritures mais avant cela, Falcon dût m'apprendre à lire et à écrire. J’y trouvai aussi un établi avec des tubes en verre, des pinces, des ingrédients divers, des plantes, des fioles. En dehors de cette salle, je dormais dans une chambre si petite qu'elle me rappelait mon abri dans les égouts. J'y avais un lit et une commode pour ranger mes effets. En sept ans, je n'y ai passé que très peu de temps. Les nuits étaient courtes et le repos interdit. La dernière salle de son repaire était une salle d'armes. Les murs étaient recouverts d'armes en tout genre, des épées, des lances, des couteaux, des arcs, des masses d'armes et bien d'autres encore. Cette pièce gigantesque contenait des chevalets, des cibles, des mannequins de paille et autres instruments de torture. C'est dans cette salle que Falcon m'emmena en premier après avoir recousu mon bras et appliqué une pâte malodorante. Il s'installa en tailleur, à même le sol et m'invita à faire de même face à lui.
- Tu dois avoir beaucoup de questions, commença-t-il. Aujourd'hui et jusqu'à demain, je répondrai à toutes tes questions sans aucune exception, sans rien te cacher mais à partir de demain, tu devras garder le silence pendant une année entière. Maintenant que ceci est dit, pose-moi tes questions.
- Qui êtes-vous? commençai-je.
- Je suis une ombre, descendant de Tyrion Vhalakas. Je me prénomme Falcon Vhalakas en l'honneur de son nom.
- Que sont les ombres?
- Il y a des milliers d'années, un homme se prénommant Tyrion Vhalakas vit le jour dans les contrés reculées d'Elfia, le pays des elfes. Cet homme naquit avec une malédiction. Dès que la colère prenait le dessus sur sa raison, ses yeux se teintaient de rouge et la folie prenait le contrôle. Tyrion survécu dans la forêt pendant des années mais il fut retrouvé par son espèce et dut s'enfuir. Il entama alors un long voyage à travers le monde. Il rencontra les humains. Il apprit à les connaître, à les aimer, à les aider. Puis il découvrit la guerre, la mort, la famine, la violence, la haine, la trahison. C'est à ce moment que sa malédiction refit surface. La légende nous raconte qu'il décima une armée entière à coup d'épée. Les gens commencèrent à avoir peur de l'elfe aux yeux rouges et partout où il allait, les gens le rejetaient. Une fois de plus, il fut chassé. Tyrion prit la mer à bord d'un bateau de marchand et disparut pendant des décennies. Les gens ne surent jamais où il était puis ils l'oublièrent.
Trente ans plus tard, une personne vêtue entièrement de noire débarqua en Irilia. En ce temps, ce pays était tantôt une province de Kalindith, tantôt celle de Cyraël. La guerre faisait rage entre les deux pays et personnes ne se mettait d'accord. L'ombre noire se présenta au roi de Kalindith. Il lui expliqua que la guerre n'était pas une bonne chose et qu'elle devait cesser immédiatement. Le roi et son état-major se moquèrent de l'ombre. Quand cette dernière ressortit de sous la tente de commandement, les rires avaient laissé place au silence. Le sang du roi et de ses généraux se répandait au sol, teintant l'herbe verte d'une belle couleur vermeille. Personne ne sut comment il sortit du camp sans se faire voir mais on le retrouva dans le camp adverse le lendemain matin.
Le grand prêtre de Cyraël, commandant suprême des armées, fit venir ses immortels, le bras armées de leur dieu tout-puissant. Quand l'ombre se présenta , dix immortels l’attendaient devant le rabat de la tente. L'ombre s'inclina devant eux et deux cimeterres apparurent dans ses mains. Les gardes du grand prêtre n'eurent d'immortel que le nom. Nous les considérons comme de grands guerriers car ils moururent l'arme à demi sortie du fourreau. Après cela, le grand prêtre écouta l'ombre et rentra chez lui avec son armée. Un roi fut élu en Irilia et personne n'osa jamais plus s'attaquer à eux.
L'ombre traversa le pays de long en large, stoppant les guerres, empêchant les assassinats, tuant les tyrans. Puis il s'installa dans les montagnes skariques et créa la confrérie des ombres où il entraîna des enfants. L'ombre qui n'était autre que Tyrion Vhalakas mourut à l'âge de trois cents quarante-cinq ans laissant les ombres réglaient les conflits de ce monde. Voilà ce que nous sommes, nous sommes le bras armé de la paix. Nous faisons en sorte que les bons rois vivent, que les tyrans meurent et que les guerres s'arrêtent. Nous contrôlons le monde dans l'ombre pour que chaque personne puisse vivre libre.
Je restai sans voix. Les vieux égoutiers nous contaient souvent des histoires mais je n'avais jamais entendu celle là. Tyrion Vhalakas était un héros et pourtant, personne ne connaissait son nom.
- As-tu d'autres questions? me demanda Falcon.
- Oui, répondis-je après quelques secondes. Comment choisissez-vous les apprentis?
- Par la malédiction que Tyrion nous a transmise.
- C'est cela que le conseil a voulu voir chez moi?
- Oui, mais tu ne le contrôle pas encore. Je t'apprendrais à t'en servir pour augmenter tes capacités.
- Et si je ne veux pas vous rejoindre?
- Tu mourras car nous ne pouvons laisser la faveur de Tyrion prendre le dessus sur toi, tu deviendrai fou et tuerais beaucoup de monde.
- Donc je n'ai pas vraiment le choix, répondis-je désemparé. Soit je reste ici et je deviens une ombre, soit je meurs.
- J'en suis profondément désolé, s'excusa Falcon. Le monde n'est pas juste mais il est ainsi.
- Qu'allez-vous m'apprendre à part à me contrôler?
- Tout ce qui te sera utile pour devenir une ombre.
J'avais des centaines de questions à lui poser mais la seule qui vint à mon esprit fut celle que je n'aurai peut-être pas dû poser.
- Pourquoi les ombres ne vous aiment pas?
Les muscles de ses avant-bras se contractèrent et je l'entendis inspirer lentement. Il abaissa son capuchon et j'eus un mouvement de recul. Son visage était d'une beauté incroyable. Ses yeux vert émeraude en amande me transperçaient. Son nez et ses lèvres étaient délicats et fins. Mais le plus choquant fut ses oreilles se terminant en pointe.
- Vous êtes un elfe ? Demandai-je
- Un bâtard, répondit-il. Mon père était un elfe et ma mère une humaine.
- Est-ce pour cela qu'ils vous détestent?
- En partie. Je ne suis pas comme eux, j'ai connu Tyrion grâce aux pouvoirs des elfes et j'ai été en partie formé par lui. Il m'a fait promettre de toujours respecté le code des ombres, de toujours faire ce qu'il me semblait bon pour les êtres vivants. Malheureusement, le temps a transformé la confrérie des ombres. Ils sont devenus plus faibles, plus avares de gloire et d'argent. Je ne peux le supporter alors je vis à l'écart et je n'écoute que mes ordres. Le conseil préfèrerait que je sois mort mais ils ne peuvent me tuer car le code le leur interdit. De plus les elfes vivent très vieux. Tant que je serais vivant, je les empêcherai d'aller trop loin. Je n'ai jamais pris d'apprentis en deux cents ans mais il est grand temps que je laisse place à la jeunesse.
- Que va-t-il se passer maintenant?
- Dès demain, nous commencerons ta formation. Je t'apprendrais tout ce que je sais. Nous avons sept ans au lieu de dix habituellement. Je ne vais pas être tendre, je ne vais pas t'épargner. Quand tu me quitteras, tu seras devenu une ombre ou tu seras mort.
- Pourquoi vais-je devoir garder le silence pendant un an?
- C'est la première de nos épreuves. Le silence laisse place à l'écoute.
- Quelles sont les autres?
- Les recrues passent quatre épreuves. L'épreuve du silence, de l'aveugle, du savoir et de l'ombre.
- Que se passe-t-il si j'échoue à l'une d'entre elle?
- Il te faudra recommencer jusqu'à y arriver. Malheureusement pour toi, je ne peux me permettre que tu deviennes une ombre au service du conseil. Si tu échoues, je te tuerais. Est-ce bien clair?
- Oui, répondis-je en déglutissant bruyamment.
J'eus soudain très peur devant cet homme froid et sans pitié. Je me devais de réussir et de devenir une ombre. Après s'il le faudrait, je choisirais un autre destin mais pour le moment, ma vie était entre les mains de Falcon Vhalakas.
- As-tu d'autres questions?
- Plutôt une faveur.
- Je t'écoute mais je ne te promets rien.
- Je voudrais apprendre le maniement des cimeterres comme Tyrion Vhalakas.
- Tu apprendras, jeune homme. Tu apprendras bien plus que le maniement du cimeterre.
Je souris, j'avais hâte de démarrer l'entraînement même si la peur envahissait tout mon corps. Falcon Vhalakas n'était pas homme à mentir et je savais au fond de moi qu'il n'hésiterait pas à me tuer si je ne respectais pas ses règles. Je n'avais pas le choix, je me devais de réussir. Nous discutâmes le restant de la nuit. Au milieu de la nuit, Falcon fit résonner la cloche qui m'ordonna le silence pour l'année à venir.
CHAPITRE DEUX
Mon maître vivait dans une aile déserte du sanctuaire des ombres. Après plusieurs années à le déblayer, le nettoyer et l'aménager, son logis était spacieux et confortable. Il disposait d'un bureau entouré par des centaines d'étagères de livres, de rouleaux et de tablettes écrites dans toutes les langues vivantes et mortes. J'ai passé des milliers d'heures dans cet endroit à dévorer des lignes d'écritures mais avant cela, Falcon dût m'apprendre à lire et à écrire. J’y trouvai aussi un établi avec des tubes en verre, des pinces, des ingrédients divers, des plantes, des fioles. En dehors de cette salle, je dormais dans une chambre si petite qu'elle me rappelait mon abri dans les égouts. J'y avais un lit et une commode pour ranger mes effets. En sept ans, je n'y ai passé que très peu de temps. Les nuits étaient courtes et le repos interdit. La dernière salle de son repaire était une salle d'armes. Les murs étaient recouverts d'armes en tout genre, des épées, des lances, des couteaux, des arcs, des masses d'armes et bien d'autres encore. Cette pièce gigantesque contenait des chevalets, des cibles, des mannequins de paille et autres instruments de torture. C'est dans cette salle que Falcon m'emmena en premier après avoir recousu mon bras et appliqué une pâte malodorante. Il s'installa en tailleur, à même le sol et m'invita à faire de même face à lui.
- Tu dois avoir beaucoup de questions, commença-t-il. Aujourd'hui et jusqu'à demain, je répondrai à toutes tes questions sans aucune exception, sans rien te cacher mais à partir de demain, tu devras garder le silence pendant une année entière. Maintenant que ceci est dit, pose-moi tes questions.
- Qui êtes-vous? commençai-je.
- Je suis une ombre, descendant de Tyrion Vhalakas. Je me prénomme Falcon Vhalakas en l'honneur de son nom.
- Que sont les ombres?
- Il y a des milliers d'années, un homme se prénommant Tyrion Vhalakas vit le jour dans les contrés reculées d'Elfia, le pays des elfes. Cet homme naquit avec une malédiction. Dès que la colère prenait le dessus sur sa raison, ses yeux se teintaient de rouge et la folie prenait le contrôle. Tyrion survécu dans la forêt pendant des années mais il fut retrouvé par son espèce et dut s'enfuir. Il entama alors un long voyage à travers le monde. Il rencontra les humains. Il apprit à les connaître, à les aimer, à les aider. Puis il découvrit la guerre, la mort, la famine, la violence, la haine, la trahison. C'est à ce moment que sa malédiction refit surface. La légende nous raconte qu'il décima une armée entière à coup d'épée. Les gens commencèrent à avoir peur de l'elfe aux yeux rouges et partout où il allait, les gens le rejetaient. Une fois de plus, il fut chassé. Tyrion prit la mer à bord d'un bateau de marchand et disparut pendant des décennies. Les gens ne surent jamais où il était puis ils l'oublièrent.
Trente ans plus tard, une personne vêtue entièrement de noire débarqua en Irilia. En ce temps, ce pays était tantôt une province de Kalindith, tantôt celle de Cyraël. La guerre faisait rage entre les deux pays et personnes ne se mettait d'accord. L'ombre noire se présenta au roi de Kalindith. Il lui expliqua que la guerre n'était pas une bonne chose et qu'elle devait cesser immédiatement. Le roi et son état-major se moquèrent de l'ombre. Quand cette dernière ressortit de sous la tente de commandement, les rires avaient laissé place au silence. Le sang du roi et de ses généraux se répandait au sol, teintant l'herbe verte d'une belle couleur vermeille. Personne ne sut comment il sortit du camp sans se faire voir mais on le retrouva dans le camp adverse le lendemain matin.
Le grand prêtre de Cyraël, commandant suprême des armées, fit venir ses immortels, le bras armées de leur dieu tout-puissant. Quand l'ombre se présenta , dix immortels l’attendaient devant le rabat de la tente. L'ombre s'inclina devant eux et deux cimeterres apparurent dans ses mains. Les gardes du grand prêtre n'eurent d'immortel que le nom. Nous les considérons comme de grands guerriers car ils moururent l'arme à demi sortie du fourreau. Après cela, le grand prêtre écouta l'ombre et rentra chez lui avec son armée. Un roi fut élu en Irilia et personne n'osa jamais plus s'attaquer à eux.
L'ombre traversa le pays de long en large, stoppant les guerres, empêchant les assassinats, tuant les tyrans. Puis il s'installa dans les montagnes skariques et créa la confrérie des ombres où il entraîna des enfants. L'ombre qui n'était autre que Tyrion Vhalakas mourut à l'âge de trois cents quarante-cinq ans laissant les ombres réglaient les conflits de ce monde. Voilà ce que nous sommes, nous sommes le bras armé de la paix. Nous faisons en sorte que les bons rois vivent, que les tyrans meurent et que les guerres s'arrêtent. Nous contrôlons le monde dans l'ombre pour que chaque personne puisse vivre libre.
Je restai sans voix. Les vieux égoutiers nous contaient souvent des histoires mais je n'avais jamais entendu celle là. Tyrion Vhalakas était un héros et pourtant, personne ne connaissait son nom.
- As-tu d'autres questions? me demanda Falcon.
- Oui, répondis-je après quelques secondes. Comment choisissez-vous les apprentis?
- Par la malédiction que Tyrion nous a transmise.
- C'est cela que le conseil a voulu voir chez moi?
- Oui, mais tu ne le contrôle pas encore. Je t'apprendrais à t'en servir pour augmenter tes capacités.
- Et si je ne veux pas vous rejoindre?
- Tu mourras car nous ne pouvons laisser la faveur de Tyrion prendre le dessus sur toi, tu deviendrai fou et tuerais beaucoup de monde.
- Donc je n'ai pas vraiment le choix, répondis-je désemparé. Soit je reste ici et je deviens une ombre, soit je meurs.
- J'en suis profondément désolé, s'excusa Falcon. Le monde n'est pas juste mais il est ainsi.
- Qu'allez-vous m'apprendre à part à me contrôler?
- Tout ce qui te sera utile pour devenir une ombre.
J'avais des centaines de questions à lui poser mais la seule qui vint à mon esprit fut celle que je n'aurai peut-être pas dû poser.
- Pourquoi les ombres ne vous aiment pas?
Les muscles de ses avant-bras se contractèrent et je l'entendis inspirer lentement. Il abaissa son capuchon et j'eus un mouvement de recul. Son visage était d'une beauté incroyable. Ses yeux vert émeraude en amande me transperçaient. Son nez et ses lèvres étaient délicats et fins. Mais le plus choquant fut ses oreilles se terminant en pointe.
- Vous êtes un elfe ? Demandai-je
- Un bâtard, répondit-il. Mon père était un elfe et ma mère une humaine.
- Est-ce pour cela qu'ils vous détestent?
- En partie. Je ne suis pas comme eux, j'ai connu Tyrion grâce aux pouvoirs des elfes et j'ai été en partie formé par lui. Il m'a fait promettre de toujours respecté le code des ombres, de toujours faire ce qu'il me semblait bon pour les êtres vivants. Malheureusement, le temps a transformé la confrérie des ombres. Ils sont devenus plus faibles, plus avares de gloire et d'argent. Je ne peux le supporter alors je vis à l'écart et je n'écoute que mes ordres. Le conseil préfèrerait que je sois mort mais ils ne peuvent me tuer car le code le leur interdit. De plus les elfes vivent très vieux. Tant que je serais vivant, je les empêcherai d'aller trop loin. Je n'ai jamais pris d'apprentis en deux cents ans mais il est grand temps que je laisse place à la jeunesse.
- Que va-t-il se passer maintenant?
- Dès demain, nous commencerons ta formation. Je t'apprendrais tout ce que je sais. Nous avons sept ans au lieu de dix habituellement. Je ne vais pas être tendre, je ne vais pas t'épargner. Quand tu me quitteras, tu seras devenu une ombre ou tu seras mort.
- Pourquoi vais-je devoir garder le silence pendant un an?
- C'est la première de nos épreuves. Le silence laisse place à l'écoute.
- Quelles sont les autres?
- Les recrues passent quatre épreuves. L'épreuve du silence, de l'aveugle, du savoir et de l'ombre.
- Que se passe-t-il si j'échoue à l'une d'entre elle?
- Il te faudra recommencer jusqu'à y arriver. Malheureusement pour toi, je ne peux me permettre que tu deviennes une ombre au service du conseil. Si tu échoues, je te tuerais. Est-ce bien clair?
- Oui, répondis-je en déglutissant bruyamment.
J'eus soudain très peur devant cet homme froid et sans pitié. Je me devais de réussir et de devenir une ombre. Après s'il le faudrait, je choisirais un autre destin mais pour le moment, ma vie était entre les mains de Falcon Vhalakas.
- As-tu d'autres questions?
- Plutôt une faveur.
- Je t'écoute mais je ne te promets rien.
- Je voudrais apprendre le maniement des cimeterres comme Tyrion Vhalakas.
- Tu apprendras, jeune homme. Tu apprendras bien plus que le maniement du cimeterre.
Je souris, j'avais hâte de démarrer l'entraînement même si la peur envahissait tout mon corps. Falcon Vhalakas n'était pas homme à mentir et je savais au fond de moi qu'il n'hésiterait pas à me tuer si je ne respectais pas ses règles. Je n'avais pas le choix, je me devais de réussir. Nous discutâmes le restant de la nuit. Au milieu de la nuit, Falcon fit résonner la cloche qui m'ordonna le silence pour l'année à venir.
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