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La place du mort

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Message par konsstrukt Lun 28 Avr 2014 - 11:01

Et voici enfin la couverture complète !
Merci une nouvelle fois à Bones pour son magnifique travail.

Comme vous le savez peut-être déjà, les préventes de La place du mort, qui sera disponible en librairie à partir du premier juin, commencent aujourd'hui. Vous pouvez donc vous adresser à moi par message privé, ou par mail (konsstrukt@hotmail.com) pour acheter votre exemplaire.

Les cinquante premiers d'entre vous recevront, en plus du livre, un chapitre inédit, qui raconte un épisode de l'enfance de Blandine. Ils auront aussi la possibilité de choisir entre plusieurs sortes de cadeaux, donc le détail sera communiqué en privé.

Vous pourrez payer par chèque aussi bien que par Paypal. J'attends vos messages !

La place du mort - Page 3 Strip_15

VOICI LES PREMIERES PAGES DU ROMAN (demain, je mettrai en ligne l'intégralité du premier chapitre) :

PROLOGUE

Quand j’étais retranchée derrière mon mur de flamme, avec Alice morte à mes côtés, quand j’étais là et que j’attendais que les flics surgissent, j’ai songé à tout ce qu’on a détruit, à tout ce qu’on a brûlé, et j’ai souri. J’ai songé aux chefs d’œuvres, à l’Histoire, à la culture, à la beauté, j’ai songé à toutes ces merdes qui ont traversé les siècles et que nous avons transformées en cendres, j’ai songé au néant, et j’ai souri.

J’en vois deux qui passent à travers les flammes, ils sont noirs et grands et boudinés et ils sont sans visage, on dirait des démons mais ce sont juste des commandos, je bondis sur mon sac pour attraper mon flingue, trop lente je m’en prends trois, deux dans le bide et une dans la tête, et je meurs avant d’avoir pigé quoi que se soit, je meurs plus vite que le son et quand j’entends les tirs je suis déjà crevée.
J’étais persuadée que mourir me ferait peur. J’étais sûre que jusqu’à la fin je ferais ma crâneuse mais qu’au dernier moment je me chierais dessus et finalement non, je suis restée crâneuse jusqu’au bout. J’étais certaine aussi qu’un tas de trucs m’arriverait, des lumières, des détails à la con venus du fond de mon enfance, que je franchirais des espaces considérables à une vitesse très élevée, mais rien de tout ça non plus. Je m’étais imaginée qu’au moment précis où je mourrais, au moment exact où ma conscience serait détruite, la dernière sensation de douleur serait infinie, comme un feed-back poussé au maximum dans sa chambre d’écho, rebondissant pour toujours sans jamais s’atténuer, sans jamais disparaître, mais je n’ai pas ressenti de souffrance du tout, je n’ai pas eu mal, et quand ma conscience a cessé d’exister tout le reste à suivi, ça n’était pas l’éternité mais juste le néant, ça n’était pas le mouvement perpétuel de la dernière information devenue cinglée mais les limbes incolores et inertes de deux miroirs collés face à face.

PREMIERE PARTIE

1.

Je m’appelle Blandine et les connards ont trouvé toutes sortes de rimes pourries avec mon prénom, mais c’est pas eux qui sont assis là où je suis assise, c’est moi et moi seule, c’est pas eux qui filent à travers la nuit dans une voiture volée, c’est moi, c’est pas eux qui sourient, c’est pas eux, c’est moi, c’est pas eux qui se marrent et qui sentent monter l’exta en regardant défiler les arbres à cent dix kilomètres heures, c’est moi, tout ça, c’est moi et c’est pas eux. Moi je ne suis pas dans un canapé merdique, avec une vie merdique, en train de regarder des films de merde pour oublier mon boulot pourri, moi un boulot j’en ai pas, j’ai pas non plus de canapé, pas de télé, d’appart, de mec, je n’ai rien, je ne suis pas comme tous ces connards, j’ai une voiture volée, de la drogue dans mon sang qui cavale à tout berzingue et Sammy à côté de moi, et c’est tout ce dont j’ai besoin pour cette nuit. Je suis assise côté passager et je regarde droit devant. Je regarde la nuit, les arbres défiler, je regarde la départementale et la campagne prise dans les phares. Sammy ne parle pas, il conduit concentré, j’ai envie de le regarder mais je ne le regarde pas, ça n’est pas le moment. Il est sérieux comme un pape, c’est un héros de film, c’est un héros de jeu vidéo, beau et tout entier dédié à sa tâche. Je ne sais pas où on va. De temps en temps je perçois l’odeur de son parfum, mêlé de sueur piquante. Lui non plus, il n’a aucune idée de notre destination. On s’en fout, on s’en fout, on va péter le moteur et après on baisera, on s’en payera une tranche, ça ira, ça ira bien comme ça. Par la fenêtre ouverte j’écoute le bruit du moteur, je crie et je n’entends pas le bruit de ma voix, nous allons plus vite que le son, nous sommes dans un putain de vaisseau spatial, nous sommes une foutue comète, nous sommes lancés à travers le néant, nous sommes tirés d’un canon et nous filons, filons, loin de tous les cons.
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Message par konsstrukt Mar 29 Avr 2014 - 12:00

Comme promis hier, voici dans son intégralité le premier chapitre de La place du mort :

PREMIERE PARTIE

1.

Je m’appelle Blandine et les connards ont trouvé toutes sortes de rimes pourries avec mon prénom, mais c’est pas eux qui sont assis là où je suis assise, c’est moi et moi seule, c’est pas eux qui filent à travers la nuit dans une voiture volée, c’est moi, c’est pas eux qui sourient, c’est pas eux, c’est moi, c’est pas eux qui se marrent et qui sentent monter l’exta en regardant défiler les arbres à cent dix kilomètres heures, c’est moi, tout ça, c’est moi et c’est pas eux. Moi je ne suis pas dans un canapé merdique, avec une vie merdique, en train de regarder des films de merde pour oublier mon boulot pourri, moi un boulot j’en ai pas, j’ai pas non plus de canapé, pas de télé, d’appart, de mec, je n’ai rien, je ne suis pas comme tous ces connards, j’ai une voiture volée, de la drogue dans mon sang qui cavale à tout berzingue et Sammy à côté de moi, et c’est tout ce dont j’ai besoin pour cette nuit. Je suis assise côté passager et je regarde droit devant. Je regarde la nuit, les arbres défiler, je regarde la départementale et la campagne prise dans les phares. Sammy ne parle pas, il conduit concentré, j’ai envie de le regarder mais je ne le regarde pas, ça n’est pas le moment. Il est sérieux comme un pape, c’est un héros de film, c’est un héros de jeu vidéo, beau et tout entier dédié à sa tâche. Je ne sais pas où on va. De temps en temps je perçois l’odeur de son parfum, mêlé de sueur piquante. Lui non plus, il n’a aucune idée de notre destination. On s’en fout, on s’en fout, on va péter le moteur et après on baisera, on s’en payera une tranche, ça ira, ça ira bien comme ça. Par la fenêtre ouverte j’écoute le bruit du moteur, je crie et je n’entends pas le bruit de ma voix, nous allons plus vite que le son, nous sommes dans un putain de vaisseau spatial, nous sommes une foutue comète, nous sommes lancés à travers le néant, nous sommes tirés d’un canon et nous filons, filons, loin de tous les cons.

J’ai vingt-six ans et une grosse poitrine, les mecs aiment souvent se branler contre, moi ça n’est pas ce que je préfère. J’ai vingt-six ans et une grosse poitrine, Blandine a une grosse poitrine, j’ai une grosse poitrine et je ne vois aucun problème à la montrer, tout le monde l’a vue, ma poitrine, tout le monde la connaît, tous ces connards qui disent que je suis débile, que je suis attardée, tous ces connards l’ont vue, tous ces connards se sont branlés en y pensant.

Je sens la drogue monter, je sens une excitation et une angoisse en même temps,, comme une main sur ma nuque, chaude, et une autre dans mon ventre.

— Éteins les phares ! je dis à Sammy.

Et nous nous engouffrons dans le noir. Nous nous enfonçons dans la nuit à la vitesse d’un avion à réaction, d’un vaisseau spatial, d’une balle. Je bascule en avant, j’attrape le tableau de bord de toutes mes forces, je souris à la route. L’impression qu’elle se jette sur moi, que le monde est un vent contraire qui souffle à deux cent kilomètres heure.

— Plus vite, plus vite !

J’écoute le bruit du moteur qui s’emballe, j’écoute le bruit de l’air que nous transperçons. Les vibrations de la voiture dans tout mon corps. Mes tétons durcissent. Nous sommes lancés comme une torpille et nous n’allons nulle part. Nous allons au bout du monde, nous sortons du monde. Dans le noir qui n’est pas tout à fait noir, à cause de la lune et à cause de la drogue, je perçois des formes. Je vois des fantômes. J’entends même le vent qui essaie de me dire des trucs, mais ma concentration n’est pas assez grande, et puis je pense à des oiseaux. D’abord des oiseaux incroyables. Des Cracoucass. Des oiseaux géants. Et puis des hiboux. Ce serait terrible, de voir un hibou, là. Ce serait incroyable qu’un hibou nous percute. Il apparaîtrait d’un coup, sorti d’entre les arbres, flashé par les phares, les ailes écartées et le bec grand ouvert. Ses yeux affolés, le bruit du choc et Sammy qui panique, la voiture qui part en zigzag pendant quelques secondes, pendant que le sang recouvre ce qui reste du pare-brise et gicle en même temps que des plumes dans l’habitacle, pendant que nos cœur s’affolent et que nos poumons se vident de leur air, que les pneus crissent, que le ciel tourne comme une toupie au-dessus de nous. Je nous imagine ensuite, la sueur qui commence à sécher dans le froid, en train d’examiner les dégâts, notre cœur qui bat, nos jambes molles, notre cerveau vide, le moteur qui cliquette dans le silence revenu, des plumes qui volent autour de nous comme dans un western et le hibou disparu, son cadavre sur la route dix ou vingt mètres derrière.

— Tu aurais envie de moi si j’étais couverte de sang ? Tu aimerais ça, mes nichons tout rouges, dégoulinants ?

Il me regarde et fronce les sourcils.

Couverte de sang rouge sombre et gluant. Couverte de plumes blanches. Sa langue sur mes seins. Ses dents. Ses doigts qui tracent des sillons dans le sang sombre et épais comme du pétrole.

— Va plus vite ! Va toujours plus vite ! Il faut toujours accélérer.

Il rit, il accélère. Il ne parle pas beaucoup. Je me demande ce qui se passe dans sa tête, et je trouve dommage qu’il ne soit pas dans la mienne. J’aimerais quelqu’un dans ma tête. J’aimerais quelqu’un qui sache avant moi ce que je pense. Est-ce que quelqu’un comme ça pourrait exister ? Est-ce que ça ne foutrait pas la trouille, au bout du compte ?

La lumière plus vive d’un coup me blesse les yeux, me contrarie la montée.

— Pourquoi tu remets les phares ? Éteins les phares ! Ça me donne froid, les phares, j’ai l’impression que mes parents vont débarquer et m’engueuler, j’ai l’impression qu’ils vont me punir, m’enfermer dans ma chambre.

— Il y a un village. Tu te sens comment ? Ça va ?

— Ça monte. J’ai des fourmis partout. C’est cool.

— Tu peux me rouler un pétard ? J’ai envie de fumer. Y a tout ce qu’il faut dans ma veste.

— Attends. Attends un peu. J’ai envie de faire quelque chose d’abord.

Je me mets à genoux sur le siège. Pieds nus contre le dossier, des frissons qui me remontent jusque dans la nuque, penchée en avant, le visage presque écrasé contre le pare-brise, cramponnée au tableau de bord, j’écarquille les yeux. Je voudrais ne jamais plus les fermer. Je vois tous les détails dehors, tous les détails saisis par les phares, qui foncent vers moi. J’ai la bouche ouverte, la bouche grande ouverte, je pourrais tout avaler, avaler tout le décor, le monde entier, je mouille, j’ai les tétons durcis.

— Fonce, fonce ! Ne t’arrête jamais !

Il pousse un cri un peu sauvage qui l’espace d’un instant me coupe de ma montée, mais ça va mieux aussitôt, et écrase l’accélérateur. Le bruit de sa voix, le bruit du moteur qui s’emballe, pénètrent directement dans ma moelle épinière, foncent au cerveau et m’allument tous les neurones. Tous mes muscles en prennent pour leur grade, tous bandés, tendus, caressés par un courant de chaleur. J’avale une grosse goulée d’air et l’électricité crépite au bout de mes doigts et nous traversons le village comme une bombe. L’exta fonce à travers mes veines, mes nerfs, mes synapses à la même vitesse, j’ai l’impression d’être nyctalope et aussi d’entendre la moindre nuance sonore, le moteur, les grognements de joie de Sammy, les pneus sur le goudron, le skaï des sièges, une putain de symphonie et tout s’accorde pour me faire jouir le cerveau. Les maisons saisies par les phares, c’est d’une beauté qui me coupe le souffle. Tout est plat et lumineux comme un décor de théâtre. Tout est mystérieux et poétique. J’ai envie de voler, de traverser le toit et de foncer comme Superman. J’ai envie de faire quinze fois le tour de la Terre en une seconde. J’ai envie de sauter sur Sammy et de le baiser à mort pendant que la voiture fonce dans le vide sans jamais rien rencontrer que le ciel noir et les étoiles. D’un coup je me demande à quoi ressemble sa bite, à lui, et quel goût elle peut avoir. Le sang dans mon corps cavale, cavale, aussi vite que cette putain de voiture, et en quelques secondes le village n’est plus qu’un souvenir. L’excitation retombe un petit peu, je sens toute l’électricité refluer de mon corps, revenir au centre, au cerveau, aux reins, au ventre, je suis un vaisseau en train de quitter l’hyper-lumière.

On retrouve la route, le noir, la campagne, les arbres qui sont alignés le long de la route. Je souffle lentement. Je suis hypnotisée par la régularité et la profondeur de mon souffle, j’adore ce son, il se mélange bien avec le bruit du moteur et le décor. je caresse le siège du bout des doigts, et puis de la paume, sensations terribles. Sammy éteint les phares, ralentit, roule moins vite. Il a raison, il a bien fait. Ça me fait redescendre encore un peu, juste ce qu’il faut, juste assez pour être bien, vraiment bien. Il tourne la tête vers moi et sourit, il va pour parler mais d’un regard je lui fais comprendre que j’ai compris et que ce n’est pas la peine de parler, qu’il ne faut pas parler.

Me pencher en arrière pour choper sa veste, sensation extrême, ça aussi, comme si la grande roue partait à l’envers dans toutes les dimensions à la fois.

Je mets au moins dix minutes à rouler le joint. La flamme du briquet me crispe un peu mais ça ne dure pas longtemps, et puis l’odeur du shit que j’effrite m’apaise. Ça va. Je suis bien. Je suis bien. Je suis coupée de tout, du futur, du passé, je suis même coupée du présent, je crois. J’ai les mâchoires serrées, les yeux comme des soucoupes, je transpire. J’ai les mains moites, ça rend pas l’opération roulage très évidente. Quand c’est terminé je le lui tends et ensuite je me laisse aller, je me laisse glisser le long du siège, le faux cuir me caresse le dos et j’ai l’impression que ça dure des heures, que je descends et remonte le long d’un toboggan, j’ai la tête renversée et je regarde le plafond, à la périphérie de mon regard j’ai juste ce qu’il faut de mouvement, de route, d’arbre, de temps en temps je bouge les yeux et je vais dans le ciel, tout au fond. J’ai l’impression que plus rien ne bouge, que plus rien n’avance, que nous sommes dans une stase infinie, animée de vibrations, de douceur, j’éprouve une extase molle et je sens aussi revenir les pensées, je crois que je suis en train de descendre, j’hésite à reprendre un cacheton mais ne veux pas baiser en étant trop perchée.

Je ferme les yeux un moment, je les rouvre, le ciel est toujours pareil, toujours noir. J’ai vingt-six ans et le ciel n’a jamais, jamais changé en vingt-six ans. Tous ces connards, ils ne m’aiment pas, ils ne m’ont jamais aimée. Ça fait vingt-six ans qu’ils me prennent pour une gourde qui ne comprend rien, pour une salope, pour une tordue. Ça fait vingt-six ans qu’ils bandent tous pour moi, les jeunes, les vieux, les moches, les canons, tous, qu’ils bandent et qu’ils me méprisent, à croire que ça les dévalorise ces connards d’avoir la trique pour moi, et c’est pas maintenant que ça va s’arranger.

Sammy me tend le pétard, je décline d’un mouvement de la tête tellement doux que je ne suis pas sûr qu’il a vraiment eu lieu. Tous mes muscles sont tellement, tellement au repos, massés par les vibrations de la voiture. Au moindre micro-mouvement que je fais, je sens l’air qui résiste, qui s’enfonce comme une matière molle et élastique, douce. Les étoiles ne bougent plus, le ciel ne bouge plus. Je me demande depuis combien de temps nous sommes arrêtés. Je ne suis même pas certaine que nous soyons arrêtés, en fait, mais un coup d’œil sur la gauche me le confirme, Sammy n’a plus les mains sur le volant.

— Ça va ? Tu vas bien ?

Je hoche la tête et je fais un sourire mais mon corps est tellement apaisé que je ne suis même pas sûre que ça se voit. Je ne peux bouger qu’en pensée, mon corps est inerte et tellement bien, je n’ai pas envie de parler, je respire l’odeur du pétard, je regarde les volutes de fumée remplir l’habitacle et dessiner des formes éphémères et belles. J’ai les mâchoires qui se serrent, j’ai soif, mais en cet instant précis je suis absolument, absolument incapable de faire un truc aussi compliqué que boire de l’eau froide.

Vingt-six ans qu’ils me prennent tous pour la dernière des putes, la dernière des connasses, et voilà que je viens de leur porter le coup de grâce en me tirant avec le premier voleur de voiture venu, et en plus un Arabe. La fille maudite, je suis, ils vont tous se signer en prononçant mon nom. Non, ça ne va pas s’arranger maintenant. Ça ne va plus jamais s’arranger, plus jamais. Mais ça n’est pas comme si je voulais que ça s’arrange, de toute manière. Ça n’est pas comme si je voulais faire amende honorable. Ça n’est pas comme si je voulais un tel truc. Je ne veux plus rien d’eux, je ne veux plus rien à voir avec eux, tout ce que je veux c’est qu’on reparte bientôt.

J’entends le cri d’un oiseau de proie. Un cri bref, aigu, je ferme les yeux un instant. Mes pensées sont un peu plus claires, je me sens un peu moins perchée, je me demande quelle heure il est, depuis combien de temps on roule, si nous sommes loin. Et puis je me demande loin par rapport à quoi et ça me fait rire. En tout cas il fait encore nuit.

Le bruit du démarreur et l’embrayage me figent un instant et j’ai envie de dire à Sammy d’arrêter ça. Mais passé ce bref moment de stress je retourne à la paix et la voiture avance doucement et le bruit du moteur se stabilise et le ciel bouge à la bonne vitesse. Tout va bien, tout va bien. Je respire normalement. Mes sensations visuelles, tactiles, auditives ne sont plus aussi exacerbées. Je cale mon regard sur le ciel. Les vibrations de la voiture sont toujours aussi bonnes, mais maintenant c’est davantage dans le genre shiatsu que dans le genre expérience cosmique. Je me concentre pour trouver la force de parler.

— Il y a à boire, ici ?

— Non.

D’avoir bougé, parlé, réfléchi, voulu faire quelque chose, utilisé ma conscience, ça relance la drogue et je subis une deuxième montée, moins forte que la première mais comme j’étais déjà assez haut je me retrouve à nouveau à bloc, collée au plafond, ça fait du bien. Je recommence à caresser le siège avec mes paumes. Je recommence à penser aussi, à penser à tous ces connards. Peut-être que je ne devrais pas, mais j’ai du mal à m’empêcher, je n’ai pas assez de force pour me fermer à quoi que se soit pour l’instant.

Tous ces connards... Tous ces foutus connards... En me concentrant sur la route, sur le moteur, sur les arbres qui défilent, je peux les sentir s’éloigner et ça me fait du bien, ça me fait un bien fou... A commencer par mon beau-père... Le premier... Blandine, elle est pas maline... Combien de fois je l’ai entendu, ça ? Pendant toute mon enfance. Pendant toute mon enfance, je l’ai entendu. La première fois je devais avoir huit ou neuf ans. C’était la première fois qu’on faisait rimer mon nom. Je m’en souviens, j’avais trouvé ça drôle, j’avais trouvé ça gentil. A l’adolescence, ça c’est corsé. A l’adolescence, les rimes sont devenues moins marrantes, plus humiliantes.


*****


Le livre sera disponible en librairie dès le premier juin, mais les préventes ont déjà commencé et pour les cinquante premiers acheteurs, j'offre un chapitre inédit de La place du mort, qui raconte un épisode de l'enfance de Blandine, et d'autres surprises encore ! Ecrivez-moi en privé ou par mail (konsstrukt@hotmail.com) pour les détails
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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 9:30

Déjà trois pré-commandes de La place du mort !

Je rappelle que pour les cinquante premiers lecteurs commandant le livre avant sa sortie en librairie (prévue le premier juin), j'offre un chapitre inédit racontant un épisode crucial de l'enfance de Blandine - ainsi que d'autres surprises dont le détail est communiqué en privé !

Envoyez-moi un message pour en savoir plus sur les conditions.

Demain, je proposerai un dernier extrait du livre.

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Message par Léonox Mer 30 Avr 2014 - 9:54

Excellent, tout ça.
La couv' est superbe, et donne vraiment envie. Et je trouve que c'est une très bonne idée d'avoir placé l'avis de Ravalec sur la quatrième. Quant au texte en lui-même, je tiens à garder intact le plaisir de la découverte, aussi me suis-je contenté pour l'instant de lire le prologue.

Et il m'a fait penser, même si le traitement sera sans aucun doute différent, à un roman très violent de Pierre Pelot, Le sourire des crabes (écrit en 77, ça ne s'invente pas !). Au cas où tu ne le connaîtrais pas, voici l'avis de Noosfere, précédé du contenu de la 4ème originelle:
http://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=-704035398

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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 9:57

aaah, ouais, ça fait bien envie !
je vais essayer de le trouver à ma médiathèque, tiens.
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Message par Paladin Mer 30 Avr 2014 - 10:38

Moi, l'ambiance me fais penser à Baise-moi de Virginie Despentes, qui a un peu lancé la mode trash en France.


Dernière édition par Paladin le Mer 30 Avr 2014 - 12:12, édité 1 fois
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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 10:40

il y a un peu de ça, c'est vrai.
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Message par Catherine Robert Mer 30 Avr 2014 - 13:52

J'ai bien aimé ce premier chapitre. C'est bien écrit et ça donne envie de lire la suite.
Je te souhaite bonne chance pour les souscriptions.
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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 13:55

merci, mais c'est pas une souscription, ce sont des pré-commandes Smile (et il te suffit d'acheter le bouquin, si tu as envie de lire la suite !)
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Message par Catherine Robert Mer 30 Avr 2014 - 14:00

lol ! bon bin, des pré-commandes alors !
Mes fonds sont au plus bas pour l'instant. Ma voiture à finir de payer, la citerne à mazout à remplir, ça vous plombe fameusement un budget. Sans parler de deux ado qui sont toujours en besoin de quelque chose. Je ne me permets rien pour le moment. Et puis, pour tout avouer, pour le moment, mon état d'esprit n'est pas du tout à ce genre de lecture.
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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 14:01

de toute façon, le bouquin sort en juin et le tirage ne sera pas épuisé en trois semaines (enfin, j'espère que si, hein, mais y a peu de chances !), donc tu as le temps !
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Message par Catherine Robert Mer 30 Avr 2014 - 14:08

Tiens, j'ai une question bête. Il est à combien ton bouquin ? Tu l'as peut-être dit quelque part, mais je me rappelle plus. Rolling Eyes 
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Message par konsstrukt Mer 30 Avr 2014 - 14:18

le prix librairie est de 28 euros, mais pour les cinquante premiers acheteurs, il y a des primes.
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Message par konsstrukt Jeu 1 Mai 2014 - 12:02

Bonjour à tous,

Voici, comme promis, l'intégralité du deuxième chapitre de La place du mort.

Nous en sommes à six pré-commande, et je vous rappelle que pour les cinquante premiers lecteurs à acheter ce bouquin, j'offre un chapitre inédit et quelques autres trucs - me contacter en privé pour les détails.

Bonne lecture !

***

2.

Quand le soleil se lève et qu’on a bien avalé les kilomètres, que dans mon sang ça galope un peu moins vite et un peu moins fort, on décide d’aller à la plage. On a envie de bouffer du kilomètre, envie de voir le ciel et l’eau s’étendre à l’infini, on veut aller au bout du monde et tout laisser derrière nous, laisser tout le monde et les semer tous, les oublier, ne plus jamais les revoir. A la première station-service qu’on trouve on met de l’essence et on achète une carte de la région, un pack de bière, trois bouteilles d’eau. Petite trouille au ventre au moment où on se gare sur le parking désert, anxiété agréable, est-ce que la voiture est déjà signalée, est-ce que la vieille peau trop maquillée qui meurt d’ennui à la caisse va appeler les flics après avoir maté notre plaque d’immatriculation ? Petit stress qui fait du bien et nous rappelle que nous sommes en vie, et ça n’est pas du luxe dans cet environnement, le regard mort de la vieille peau, la lumière morte qui provient des néon et donne l’impression d’être la même depuis mille ans, la bouffe morte enveloppée de plastique, la musique pourrie, tout respire ici l’angoisse. Je vole du saumon fumé, je n’ai pas faim, c’est juste pour le geste, Sammy le dévore dans la voiture et je le trouve très beau, l’air d’un personnage de film, dans cette lumière, l’air d’un héros, à manger de bon cœur, avec les doigts, garé sur le parking de cette station service, il est seul au monde et j’ai l’impression un peu neuneu de saisir un instant magique, je nage en plein romantisme, je crois bien que si je le regardais trop longtemps dévorer ses tranches de saumon et se foutre du gras plein les mains et tout autour de la bouche, je pourrais tomber amoureuse de lui. Ses mains luisantes m’excitent, le ciel est strié de nuages rose-orangé, j’ai envie qu’il s’astique là, devant moi, avec ses mains que lubrifie le gras. J’ai envie de le voir faire tout seul, de le voir jouir tout seul, je me penche vers lui et nous nous embrassons. Un petit coup de langue pour goûter le saumon sur sa bouche. C’est la première fois que nous nous embrassons. Il a déjà vu mes nichons, mais ça ne veut pas dire grand chose, tout le monde les a vus, mes nichons. Embrasser, c’est autre chose. Je ferme les yeux. Je goûte son haleine. Il n’ose pas me toucher. Il a peur de me salir, le petit chou. Je prends ses mains et les plaque contre mes seins, à travers mon pull. Il me caresse. Il me pelote. Il a l’air d’aimer les gros seins, en tout cas n’est pas perdu, il sait quoi faire avec. Mes tétons durcissent et je mouille, mon bas-ventre palpite doucement, chauffe, s’il voulait me baiser maintenant, je serais prête, c’est dingue comme des fois ça marche de suite, sans effort, il fourre sa langue dans ma bouche et d’un coup c’est sésame ouvre-toi, tout devient évident. J’ouvre plus grand la bouche, j’écrase mes lèvres contre les siennes, nos dents se touchent. Je referme mes doigts dans ses cheveux et le pousse vers moi, je veux l’avaler tout entier, je cherche sa langue, je la veux entièrement, je l’aspire. Je la tète, je la mords, je grogne de plaisir. Il glisse sa main sous mon pull et je sens enfin sa peau contre la mienne, il me caresse le ventre et remonte vers les nichons, j’aime bien la trace grasse que ça laisse. Il éprouve le poids de mes nichons, je sens qu’ils lui plaisent et ça me fait plaisir en retour. Quand ses doigts glissent sur les cicatrices il ne réagit pas, peut-être qu’il n’a rien senti. Il s’empare de mes tétons avec assurance et je laisse échapper un soupir. On pourrait baiser dans cette voiture, ça se décide maintenant mais je décide que non, ce sera pour plus tard. J’ai envie de faire durer le plaisir, de me frustrer un peu, de l’allumer d’abord. Je lui mords la langue, fort, et presse ma main sur la sienne pour qu’il me pelote plus fort, qu’il me fasse mal, qu’il me pince, je gémis dans sa bouche et lui tire les cheveux, comme j’ai envie de lui à ce moment précis !
Nous nous détachons, il glisse sa main hors de mon pull et la pose sur ma cuisse nue. J’ai un frisson. Regard vague, j’aime bien ça. Quand le cerveau est éteint, que c’est la queue qui commande. Je baisse les yeux entre ses jambes, il bande, ça fait un petit chapiteau, c’est joli. On entend une voiture se garer. Je me penche et j’embrasse le sommet du chapiteau. Je donne un petit coup de langue, ça laisse une trace humide sur le jean.
— Pas tout de suite. La plage, d’abord. D’accord ? J’ai envie qu’on attende encore un petit peu.
— D’accord. Comme tu veux.
Il soupire. Il ravale son désir, donne l’impression de se le rentrer bien au chaud dans le ventre, ça me plaît. Il sourit. Il a l’air sûr de lui, n’a pas l’air affamé et pourtant il est jeune. J’empoigne une bouteille d’eau et j’en vide la moitié pendant qu’il démarre, qu’il quitte la station-service et qu’il roule. Ça me fait du bien, ça fait redescendre un petit peu mon excitation, ça chasse les derniers résidus de drogue. Je m’installe un peu mieux, bien calée au fond du siège que je recule au maximum, j’étends les jambes sur le tableau de bord, les pieds nus pile en face du soleil qui se lève, parfait. La descente se passe plutôt bien, je n’ai mal nulle part, aucune courbature, je suis d’excellente humeur et j’ai envie de baiser, je sens un peu la fatigue de la défonce mais c’est une douce fatigue, je me laisse aller à somnoler gentiment sans vraiment dormir, je laisse aller mes pensées, je ne cherche pas à les retenir, des images me viennent, de ce que j’ai fait, des images me viennent mais aucune culpabilité. De temps en temps j’entrouvre les yeux et je regarde Sammy, je le regarde sans tourner la tête, il conduit tendu et concentré, il ne sourit pas, un coup d’œil à son entrejambe, il bande toujours, cette bite en érection ne va pas du tout avec son visage sérieux, et je me rends compte que j’ai trop envie de baiser, trop envie de savoir ce qu’il vaut, de le mettre à l’épreuve, je ne vais pas attendre la plage, il faut d’abord que je voie s’il peut faire l’affaire, je ne vais pas aller à la plage, au bout du monde, je ne vais pas me retrouver au bout du monde avec un tocard, ça n’est pas possible. Je pose la main et j’éprouve la fermeté de sa bite. La griffe doucement du bout des doigts. Elle me donne envie. Elle me donne envie de la sentir au fond de moi. Il laisse échapper un soupir et se cale un peu mieux lui aussi, et tourne la tête vers moi, la voiture roule moins vite. Un air gourmand sur son visage, un air interrogatif, un petit garçon à qui on vient de promettre un gâteau. Je lui souris et passe ma langue sur mes lèvres, en général ils aiment bien ça, j’essaie aussi de prendre un regard de salope, ça aussi ils aiment bien.
— Arrête-toi, j’ai envie de te sucer.
En disant ça je masse plus fort sa bite, qui réagit bien, même à travers le jean.
Son œil s’éclaire. J’aime bien faire ça. Allumer leurs regards. Ils sont tellement enfantins, tellement faciles à satisfaire. Il partage son regard entre la route et moi, il a un large sourire. Ils sont si évidents à allumer, il suffit de quelques gestes, quelques phrases et le tour est joué, ils démarrent, ils oublient tout, la seconde d’avant ils pensaient à tout autre chose et là, boum, ils sont partis, ça y est, ils ne pensent plus qu’à ça. Je remonte la main sous son tee-shirt, je caresse son ventre, le griffe un peu. Il a du mal à partager son attention entre la route et moi, il aimerait sans doute que nous soyons dans un film et que la route ne soit qu’un décor, la voiture qu’un accessoire. J’étais un peu plus salope quand j’étais jeune, je les emmenais à point et les laissais en plan. C’était sans doute à cause de mon beau-père, à force qu’il me traite de pute et me regarde comme si j’en étais une, me regarde comme ça du matin au soir, c’était sans doute lui qui m’avait fourré ces sales idées en tête, mais c’était drôle aussi, de voir leur visage déconfit, de les écouter se plaindre comme si je les avais privés de gâteau d’anniversaire.
Il met le clignotant. Mes doigts jouent avec ses tétons. Il se gare sur le bas-côté. Il éteint le moteur. On entend un rapace qui gueule dans le ciel, c’est beau. Il se tourne vers moi, gestes un peu fébrile, il cherche à m’embrasser mais je me dérobe à lui. J’ôte mes mains de son tee-shirt, il bande toujours autant.
— Non, pas dans la voiture, viens, on va aller vers les arbres. T’as déjà baisé dans la forêt ? Moi j’adore ça, c’est génial. Tu entends tous les bruits. C’est incroyable, tu verras.
Je me penche sur lui et puis je l’enjambe, je suis à califourchon, je frotte ma chatte contre son érection, je ne perds pas une miette de son regard. Nous restons comme ça quelques secondes les yeux dans les yeux, à essayer d’arrêter le temps, à tenter de se baiser d’âme à âme, le soleil continue de se lever, il donne aux nuages des couleurs de bonbons chimiques.
— On va aller dans les arbres, d’accord ?
— Tout ce que tu veux, princesse...
Il me caresse le visage et d’un coup je me demande quel âge il a, il doit avoir vingt, vingt-deux ans, maximum. Je frotte toujours ma chatte contre sa bite, pas décidée encore à me détacher de lui. Ça fait combien de temps qu’un type ne m’a pas plu à ce point ? Pourvu, pourvu qu’il soit à la hauteur, pourvu qu’il ne soit pas décevant, pourvu qu’il fasse tout bien comme il faut, qu’il passe l’épreuve, celui-là. Je le sens fébrile, il garde la bouche ouverte et je sens bien que si je continue comme ça à me frotter contre sa queue tendue il va tout lâcher dans son jean. Ça me tente bien mais il faut que je me retienne un peu, il faut que je le maintienne à point pour qu’il fasse ce que je veux. Sans cesser de frotter, mais plus lentement, avec des mouvements de bassin plus amples, j’ouvre la portière. Mes seins sont contre son visage, lourds, tendus, il les embrasse mais à travers le pull ça ne me fait pas grand chose. Il ne perd pas une miette de mon bassin qui va et vient et astique sa queue à travers le jean. Il halète, il faut vraiment que je le calme un peu sinon il va exploser. Il a posé ses mains sur mes hanches, ses mains sont chaudes et moites, sa respiration devient rauque et ses gémissements plus forts, moi aussi je commence à monter pas mal, je suis trempée et je me suis placée de façon que mon clito soit bien à la fête, mais l’odeur des arbres, de la terre, m’empêchent de perdre complètement la tête et j’arrive à me décoller de lui avant qu’il ne soit trop tard. Je pense au ciel, aux oiseaux, je plane. Je prends appui sur ses épaules, ma tête collée dans son cou, et je sors de la voiture comme si je descendais de cheval. Je sens ma culotte trempée, collée à ma fente.
— Tu prends tes cigarettes ? Je veux que tu les prennes. Tu prends tes cigarettes, hein ?
Il me regarde d’un air égaré et fait « oui, oui » de la tête. Sa main se pose sur ma cuisse et il va pour remonter sous la jupe mais je me suis échappée, je suis déjà à moitié sortie de la voiture.
— Prends-les, prends-les avec toi, OK ?
— Si tu veux, si tu veux.
Et puis je pose mon pied dans le vide, là où il devrait y avoir le sol il n’y a rien, un trou, et je me casse la gueule comme dans un cartoon en poussant un petit cri. J’ai juste le temps de faire une espèce de cascade grotesque et de regarder l’air effaré de Sammy. Je viens de me foutre dans le bas-côté. Je suis sur le dos, c’est une vraie tranchée, je suis pleine de terre et de branches, je n’ai pas mal et ça me colle le fou-rire. Je me bidonne pendant une trentaine de secondes, ça doit être le manque de sommeil ou la tension sexuelle. Sammy me regarde sans savoir comment réagir, ça se voit qu’il a envie de rire mais qu’il a peur que je me vexe, moi je suis pas si mal que ça dans ma tranchée. Je me calme. Je respire l’odeur de la terre, ça sent assez fort, j’aime ça. Il y a des insectes et des brindilles, elles craquent au moindre de mes mouvements, j’ai de la terre sur le visage et des feuilles mortes dans les cheveux, une racine contre la cuisse.
— Ça va ? Tu t’es pas fait mal ?
Je me redresse un peu, à moitié assise au milieu des feuilles mortes et des bestioles en pleine panique, je lui tends le bras, il attrape ma main, j’ai des écorchures à la paume, mais au lieu de me relever je tire d’un coup sec et celle-là il l’a pas vue venir, il tombe dans mon trou comme un fruit mur et j’éclate de rire. Il est tombé bien à plat, mains en avant, en faisant une tête comique de petit chien jeté dans l’eau. Il me regarde légèrement interloqué, son beau tee-shirt blanc ne ressemble plus à rien. Il se redresse un peu et va pour dire quelque chose, mais je ne lui laisse pas le temps. Il a du sang au coude, que je lui lèche. Je me colle contre lui, nous sommes tous les deux écorchés et terreux, moi ça m’a réveillée. Toute cette odeur de terre, et ce trou dans lequel nous sommes vautrés, me donnent encore plus envie de baiser.
— Tu les aimes bien mes bisous magiques ?
Il se laisse faire et acquiesce, encore un peu perplexe, mais se détend quand même et recommence à bander, doucement. Je lèche et je suce son coude, et cherche sa bite que je trouve encore un peu trop molle. Je caresse le jean avec ma main écorchée, je laisse un peu de sang sur la couture. Je défais son jean tout en lui pompant le coude, je goûte son sang tiède et j’ai enfin sa queue dans la main, elle n’est pas trop grosse, pas trop longue, je l’astique un peu, je caresse le gland et nous roulons, lui sur le dos et moi à genoux entre ses jambes, je lui salive sur le gland et je l’étale avec ma main, les branches cassent et craquent au moindre de nos mouvements, il fait déjà chaud mais je garde mon pull, les nichons c’est pour plus tard. Je le suce et dans la position que nous occupons je peux voir une partie des arbres et du ciel, le ciel devient de plus en plus bleu, de plus en plus clair, et je vois passer un écureuil qui file le long d’un tronc sans m’accorder un seul regard. Sammy a une belle bite, à mon goût, des bites j’en ai vu plein, je peux comparer, celle-là me plaît bien, je l’aime bien, je ne la suce pas trop vite, pas trop à fond de gorge, ce serait bien de la faire durer longtemps. Je lutte contre mon envie de la sentir gicler, contre mon envie de goûter son sperme, de lui faire plaisir. Je salive beaucoup dessus, elle coulisse bien dans ma bouche, je règle mon rythme sur ses gémissements, je comprends vite ce qu’il aime, il n’est pas difficile à décoder celui-là, et pendant que je le suce il ne fait rien, il est allongé dans la terre et les branche et les insectes, il a les yeux fermés, il est tout entier dans ma bouche, dans mon pouvoir, tout au fond de la tranchée et tout au fond de ma gorge. Il grogne et gémit comme un bienheureux, il est seul au monde, on pourrait être sur une planche au milieu de l’océan, entourés par les requins, ça ne lui changerait pas grand-chose.
A un moment une chouette passe au-dessus de nous, elle pousse un cri que je prends pour un encouragement et qui fait sursauter Sammy, ça me fait rire et puis on s’y remet, je me l’enfourne toute entière dans la bouche, elle n’est pas très longue, je peux faire ça sans galérer, je caresse ses couilles, qu’il prend le soin de raser, décidément Sammy est un gentil garçon, respectueux et tout, j’espère qu’il fera l’affaire. La chouette tourne un moment autour de nous, assez haut dans le ciel, elle est trop belle, et puis elle pousse un dernier cri et disparaît de mon champ de vision.
Je fais une pause le temps d’ôter mon tee-shirt. Je fais ça lentement, un peu pute, un peu chienne, qu’il profite, même s’il a déjà vu mes nichons. Il y a de la terre peu partout sur moi, je trouve que ça ajoute au charme du tableau. C’est la première fois qu’il voit mes nichons en plein jour, je laisse mes yeux caresser un peu sa bite dressée et luisante, et puis j’affronte son regard, mais soit il n’a rien vu, soit il s’en fout, en tout cas ça me donne confiance pour la suite, il n’a l’air ni choqué, ni déçu, ni surexcité par ce qu’il voit.
— Prends une clope, mon loup, prends une clope, j’ai envie de te voir fumer pendant que je te suce, tu veux bien ? Fume pendant que je m’occupe de toi. Il me regarde bizarrement, c’est le moment critique, le moment où il comprend où je veux en venir, le moment où il pige. J’empoigne sa bite et la branle doucement pour la garder à point, pas trop vite non plus, je veux pas qu’il perde la tête, avec mon pouce je caresse son gland mouillé de salive, il serre les dents de plaisir, le petit chou, il est mignon, pour le récompenser j’astique plus vite et plus fort, j’adore ce bruit mouillé. Je me penche sur lui pour lui rouler une grosse, grosse pelle, bien profonde, mes seins écrasés contre sa poitrine, je soulève son tee-shirt pour frotter mes tétons contre sa peau, je retourne à sa bite que je branle plus lentement, j’en profite pour me caresser un peu le clito avec son gland, sensation électrique immédiate dans tout le ventre, dans les reins, je glisse mes lèvres jusqu’à son oreille : « allume ta clope, maintenant », et je retourne à l’ouvrage, je lape son gland dans un bruit de brindilles qui cassent, dans un bruit de feuilles mortes écrasées, dans une odeur affolante de terre et de sueur et d’hormones. Quand j’entends le bruit du briquet ça me fait une décharge de plaisir dans le ventre et au bout des seins, je presse un dernier coup son gland entre mes lèvres et me redresse. Je le vois humecter ses lèvres sèches d’un coup de langue, tirer sur sa clope, j’ai le cœur qui accélère et une fontaine dans le bas-ventre.
— Viens mon lapin, caresse-moi les nichons, caresse-moi, viens. A ton tour de t’occuper de moi.
Je retrousse ma jupe et m’assieds sur sa bite, qui se cale bien contre ma fente, je frotte, salive plus mouille ça glisse tellement bien que je pourrais la faire rentrer juste comme ça, d’un mouvement de bassin, et d’ailleurs elle pousse, elle force, il ondule lui aussi, il cherche le passage. Il avance les mains et me prend les seins, qu’il commence à peloter. Ses mains sont douces mais ça n’est pas ça que je veux, il n’a pas compris, ou alors il a compris mais il n’ose pas, il essaie d’esquiver mais il n’y coupera pas.
— Mais non, pas comme ça, pas comme ça, pas avec tes mains.
Il s’arrête et on se regarde, il y a quelque chose qui passe dans son regard, il a compris, je crois, ce que je veux, je presse plus fort ma chatte sur sa queue, je presse ma fente, mes grandes lèvres, qu’il sente ma chaleur, qu’il sente combien j’ai envie de lui, et je le branle juste en roulant des hanches. Je suis penchée sur lui, les deux mains appuyées sur son torse. Mes nichons sont tout près de sa bouche et la chaleur de sa clope me donne des frissons. Les cicatrices sont impossibles à rater, il ne peut pas ne pas les voir, il ne risque pas de les ignorer. Nos regards se croisent et pendant un instant j’ai peur qu’il renonce, qu’il m’échappe, qu’il n’ose pas.
Petit moment de flottement, que j’entretiens en le branlant plus fort, son gland écrasé contre mon clito, ma mouille qui l’englue, mes yeux plongés dans les siens qui sont en plein court-circuit mental, et l’instant de doute passe, je sais qu’il va le faire, de toute façon ils le font tous, pour de bonnes, pour de mauvaises raisons, mais ils y vont, de toute façon ils y vont. C’est le moment de vérité, j’espère qu’il ne me décevra pas.
Il prend sa clope à deux doigts, il hésite, il me regarde un peu apeuré. Je me recule un tout petit peu et je prends sa bite à la main, que je frotte contre ma chatte, que je frotte et branle en même temps, allez Sammy, allez mon lapin, fais-ça bien, fais-moi du bien Sammy. Il déglutit, sa main tremble presque, on dirait un puceau, un tout petit garçon, il est attendrissant.
— Doucement, caresse doucement... Ne me fais pas mal, pas encore, d’accord ?... Vas-y tout doucement, fais-moi du bien.
Il n’utilise pas la fraise, il a compris, il me caresse les seins et les aréoles avec le tube chaud, évite de me toucher avec le bout incandescent, juste la chaleur du tube, la fumée piquante, la brûlure indirecte de l’extrémité qui n’est pas en contact avec ma peau, pas encore. Mes tétons durcissent, deviennent très sensibles, de son autre main il joue avec et les pince, je l’encourage à pincer plus fort, à me faire mal, il hésite et puis ose, et je me tends de plaisir et pousse un cri et je sens des frissons dans tout mon dos et jusque sur ma nuque. C’est le moment. Je veux le sentir en moi. Lentement je me soulève, je me soulève juste un peu, juste assez, et j’insère le gland, et je m’installe sur lui le plus lentement possible, comme dans un bain brûlant, et sa queue entre en moi, elle est entièrement en moi, chaude, vivante. Je ne bouge pas, je la sens vibrante, palpitante, je comprime mes cuisses contre ses jambes pour lui faire comprendre qu’il ne doit pas bouger non plus, il me caresse toujours avec la cigarette qui se consume, il ne regarde que mes nichons, fasciné, hypnotisé, et puis à force de se consumer une cendre se détache et roule, rouge, entre mes deux seins et jusque sur mon ventre, je gémis et je plante mes ongles dans son torse.
— Vas-y Sammy, vas-y maintenant, pince-moi, brûle moi, fais-moi mal ! Vas-y, vas-y !
Je laboure son ventre, je n’en peux plus, et en même temps je commence la cavalcade, à fond sur sa queue, me soulève et m’empale, il hésite, mais n’hésite pas, merde, n’hésite pas maintenant que ça va enfin devenir divin ! Je laisse des sillons sanglants sur sa peau, j’ai la tête renversée en arrière et des ondes de chaleur de plus en plus rapprochées qui me viennent du fond du ventre, il applique enfin le bout rouge de la clope sur le bout rouge de mes tétons et c’est parti, le plaisir est instantané, instantané comme la douleur, je roule dans tous les sens sur sa queue, la fraise qui effleure ma peau, mes aréoles, mes bouts tendus, la fraise qui trace un sillon dans le sillon entre mes nichons, ça ne dure pas longtemps, deux minutes, trois minutes, je jouis avant lui et j’explose de plaisir, je pousse ma poitrine vers sa main et je prends sa main dans la mienne, j’écrase la clope, j’en fais de la charpie brûlante et il pousse un cri de douleur mais on l’entend à peine, l’orgasme me fait partir dans tous les sens, je le serre contre moi, mes seins douloureux, la peau fragile et brûlée, je me retire de lui et le branle et il faut quelque secondes à peine pour qu’il lâche tout et que des traînées blanches giclent sur mes nichons, tièdes là où c’était brûlant, comme un baume pour apaiser la jouissance. Il a été parfait, nous restons un instant tendus par l’orgasme, les nerfs à vif, le cerveau en feu, et puis nous fondons, nous coulons, nous réintégrons nos corps et je m’allonge contre lui. Mon cœur bat fort. Je soulève son tee-shirt pour lui embrasser le ventre et chercher son cœur à lui, je pose ma tête là, mon oreille tout contre, je l’écoute cavaler à tout berzingue, il me caresse les cheveux et l’air du matin fait sécher son sperme sur ma peau. J’écoute les bruits de la forêt, j’écoute les bruits de la route, je me demande combien ils sont à nous avoir vu baiser, je regarde le ciel lumineux, les nuages gris perle qui y sont plantés sans bouger, quelques mouches qui volent autour de nous, attirées par la chaleur de nos corps, par l’odeur de la baise. Je ferme les yeux, je me laisse aller un moment.
Ils ne sont pas nombreux à réussir à me faire jouir avec une clope, ils ne sont pas nombreux à comprendre au juste ce que je fabrique, ce qui se passe dans ma tête, ce que je veux exactement. D’ailleurs combien sont-ils à chercher à comprendre ? Est-ce qu’il y en a qui se demandent ce que j’éprouve, ce que je ressens ? Combien sont-ils, pour s’occuper de mon plaisir, pour penser que je fais ça pour moi, pour oublier que je ne suis pas un objet qui sert à assouvir leurs propres fantasmes ? Combien sont-il aussi cons et égoïstes, aussi salauds que mon beau-père ? Lui ne m’a jamais touchée, enfin pas de cette manière-là, pas sexuellement, mais me traitait comme un objet aussi bien que les autres. Entre ceux qui me prennent pour leur exutoire, pour la poupée gonflable de service, et qui y vont de tout leur cœur, ravis enfin de faire mal à une connasse qui paie pour toutes les autres connasses, et ceux qui n’osent pas, le font du bout de doigts, honteux d’être obligés de s’avilir ainsi, qui me regardent comme si j’étais la dernière des tarées, je ne tombe pas souvent sur une perle. Pendant un moment, j’ai envie de rester avec Sammy. Je m’imagine aller plus loin que la plage avec lui, aller au bout, et puis je me demande au bout de quoi au juste, est-ce qu’on pourrait faire comme dans Thelma et Louise et se jeter du haut d’une falaise, est-ce que c’est ça le bout, ou bien y a-t-il d’autres possibilités, est-ce qu’on peut à la fois échapper à tous les connards, échapper au passé merdique, au monde merdique, à toute la merde qui nous poursuit, et vivre quand même, et continuer quand même de vivre et de jouir ? Voilà ce que je me demande.
Son cœur ralentit, je me pelotonne contre lui, ma cuisse contre sa queue, au bout du gland perle une dernière goutte qui vient couler lentement sur ma cuisse, comme du sirop froid, et je le sens qui recommence à bander, et ça tombe bien, moi aussi j’ai encore envie, et ma bouche cherche la sienne et nous recommençons et sa queue qui gonfle et durcit contre ma chatte chasse toutes les pensées merdiques et déprimantes, toutes les pensées tristes qui menaçaient de m’envahir.
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Message par konsstrukt Ven 2 Mai 2014 - 12:02

Voilà ! Le chapitre-bonus a été finalisé, mis en forme et envoyé aux premiers acheteurs de La place du mort !

Pour recevoir le vôtre (ainsi que d'autres surprises), vous savez ce qu'il vous reste à faire : être parmi les cinquante premiers acheteurs du livre.

N'hésitez pas à m'écrire pour connaître les détails ou me poser toute question qui vous passerait par la tête.
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