Sous la lumière rousse...
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Sous la lumière rousse...
L'un de mes cousins, décédé trop jeune il y a 15 ans, avait édité un recueil de poésies intitulé "Errances rassemblées". Voici l'une d'elles, en son hommage :
Sous la lumière rousse du soleil finissant,
Sur la pierre mourante,
Deux légers rouges-gorges ont dansé dans le froid,
Offrant à l'air glacé leur bouclier de cuivre,
Et, lent bercement ivre,
Un chant très douloureux s'est emparé de moi,
Je ne le dirai à personne,
Le silence saura l'entendre,
Le vent nerveux l'emmènera.
Au soleil renaissant,
Dans le clignement pâle de la tremblante aurore,
Deux frêles rouges-gorges sont revenus vers moi,
M'ont parlé faiblement,
Ont sifflé sans effroi,
Leur poitrine de feu
Palpitant doucement dans la cendre du givre.
Telle une plainte échappée de la pierre gélive,
Une étrange chanson a germé dans ma voix,
Elle ne parle que de l'absence,
Et n'est destinée à personne,
Vers le désert qui frissonne,
Le temps errant l'emportera...
Sur la pierre mourante,
Deux légers rouges-gorges ont dansé dans le froid,
Offrant à l'air glacé leur bouclier de cuivre,
Et, lent bercement ivre,
Un chant très douloureux s'est emparé de moi,
Je ne le dirai à personne,
Le silence saura l'entendre,
Le vent nerveux l'emmènera.
Au soleil renaissant,
Dans le clignement pâle de la tremblante aurore,
Deux frêles rouges-gorges sont revenus vers moi,
M'ont parlé faiblement,
Ont sifflé sans effroi,
Leur poitrine de feu
Palpitant doucement dans la cendre du givre.
Telle une plainte échappée de la pierre gélive,
Une étrange chanson a germé dans ma voix,
Elle ne parle que de l'absence,
Et n'est destinée à personne,
Vers le désert qui frissonne,
Le temps errant l'emportera...
mormir- — Arpenteur des mondes — Disciple de l'arbre noir
- Messages : 2638
Date d'inscription : 11/05/2013
Age : 60
Localisation : Près de Chartres
Re: Sous la lumière rousse...
Superbe ! Une mélancolie douce et prenante, une chanson d'automne aux nuances délicates et merveilleusement illustrée avec cette touche finale d'infinie désolation, c'est de toute beauté.
Une question qui peut te paraître étrange, Mormir : c'est la maladie qui a emporté ton cousin ?
Quoi qu'il en soit, un grand merci pour ce poème d'une rare élégance.
Une question qui peut te paraître étrange, Mormir : c'est la maladie qui a emporté ton cousin ?
Quoi qu'il en soit, un grand merci pour ce poème d'une rare élégance.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Sous la lumière rousse...
Emouvant.
De la part de quelqu'un ne connaissant rien à la poésie, prends-le comme un compliment. Il y a un rythme et une musicalité qui m'ont touchés. Oserais-je dire que ce serait peut-être plus fluide en enlevant "le vent nerveux l'emmènera" ?
De la part de quelqu'un ne connaissant rien à la poésie, prends-le comme un compliment. Il y a un rythme et une musicalité qui m'ont touchés. Oserais-je dire que ce serait peut-être plus fluide en enlevant "le vent nerveux l'emmènera" ?
Re: Sous la lumière rousse...
Merci à vous deux.
Jack, mon cousin était un être particulier : un être de l'extrême ; d'une intelligence supérieure, avec une mémoire encyclopédique et une gentillesse rare ; et aussi asocial par choix, qui a "trop" testé ses limites : médicaments, alcool, drogue. Une sensibilité à fleur de peau.
Son corps a lâché après des années d'auto-maltraitance, suite à l'ingestion massive obsessionnelle quotidienne d'un médicament courant.
Son souvenir me reste fort et je relis parfois ses poèmes, dont certains sont magnifiques ; et presque tous de bonne facture.
Jack, mon cousin était un être particulier : un être de l'extrême ; d'une intelligence supérieure, avec une mémoire encyclopédique et une gentillesse rare ; et aussi asocial par choix, qui a "trop" testé ses limites : médicaments, alcool, drogue. Une sensibilité à fleur de peau.
Son corps a lâché après des années d'auto-maltraitance, suite à l'ingestion massive obsessionnelle quotidienne d'un médicament courant.
Son souvenir me reste fort et je relis parfois ses poèmes, dont certains sont magnifiques ; et presque tous de bonne facture.
mormir- — Arpenteur des mondes — Disciple de l'arbre noir
- Messages : 2638
Date d'inscription : 11/05/2013
Age : 60
Localisation : Près de Chartres
Re: Sous la lumière rousse...
Un oiseau de passage comme Rimbaud, Jules Laforgue, Jean Lorrain ou Boris Vian, ou ces comètes qui traversent notre ciel sans s'y attarder, ne laissant que le souvenir lumineux de leur sillage... Indélébile !
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Sous la lumière rousse...
Oui, le poème est superbe Mornir. Il y a un vrai talent.
Tu peux en remettre.
Tu peux en remettre.
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: Sous la lumière rousse...
Merci à toi Doumé. J'ajoute un autre poème qui est celui qui a le plus marqué mon enfance (mon cousin avait 18 ans de plus que moi). Puis j'arrêterai là car ce forum est plus destiné à nos propres productions, ce qui n'est pas ici le cas.
L'oiseau d'apocalypse
Un oeuf de lumière a crevé sur la ville,
Muri dans l'uranium depuis l'aube des temps,
Un rapace de feu a posé sur la ville
Son oeil incandescent.
Et la cité dissoute a vomi à la ronde
Ses pierres, ses gravats, ses poutrelles tordues,
Et l'on a vu danser sous la gifle de l'onde,
Maquillés de platras, dix mille arbres fétus.
Jusqu'au pied des collines souffle immense a poussé
Mascaret de fumées et vagues de poussières,
Sur l'océan de ruines hérissé de torchères
Palpite du désert l'haleine empoisonnée.
Une crue de cadavres recouvre la rivière
De membres mouchetés et de ventres rompus,
D'horribles revenants surgissent de la terre,
Enchaînés aux visions que leurs yeux ont reçues.
Et vitrifiées les voix des oiseaux se sont tues
Sur les fleurs calcinées, comme un parfum d'enfer,
L'affreux bouillonnement aux lèvres du cratère
D'une horde de rats, longue coulée velue.
Une orange de feu a craché sur la ville
Sa pulpe d'énergie aux pépins de neutrons,
Un oiseau de fureur lance vers l'an deux mille
Son cri étincelant...
Pierre BERNARD (Errances rassemblées)
Un oeuf de lumière a crevé sur la ville,
Muri dans l'uranium depuis l'aube des temps,
Un rapace de feu a posé sur la ville
Son oeil incandescent.
Et la cité dissoute a vomi à la ronde
Ses pierres, ses gravats, ses poutrelles tordues,
Et l'on a vu danser sous la gifle de l'onde,
Maquillés de platras, dix mille arbres fétus.
Jusqu'au pied des collines souffle immense a poussé
Mascaret de fumées et vagues de poussières,
Sur l'océan de ruines hérissé de torchères
Palpite du désert l'haleine empoisonnée.
Une crue de cadavres recouvre la rivière
De membres mouchetés et de ventres rompus,
D'horribles revenants surgissent de la terre,
Enchaînés aux visions que leurs yeux ont reçues.
Et vitrifiées les voix des oiseaux se sont tues
Sur les fleurs calcinées, comme un parfum d'enfer,
L'affreux bouillonnement aux lèvres du cratère
D'une horde de rats, longue coulée velue.
Une orange de feu a craché sur la ville
Sa pulpe d'énergie aux pépins de neutrons,
Un oiseau de fureur lance vers l'an deux mille
Son cri étincelant...
Pierre BERNARD (Errances rassemblées)
mormir- — Arpenteur des mondes — Disciple de l'arbre noir
- Messages : 2638
Date d'inscription : 11/05/2013
Age : 60
Localisation : Près de Chartres
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