"Amok", de Gilles Bergal

Amok



Auteur : Gilles BERGAL
Éditeur : Rivière Blanche (Black Coat Press)
Collection : Collection Noire
Année : 2007
Pages : 352 pages (Amok + Zombies Blues)

J’ai terminé le court roman « Amok » de Gilles Bergal, qui est édité chez Rivière Blanche (collection Noire n°7) dans un livre reprenant celui-ci ainsi qu’un ensemble de nouvelles intitulé « Zombies Blues » (que je n’ai pas encore lu, par contre… J’en toucherai un mot une fois fini, si  j’en ai l’occasion). Ce qui est intéressant à savoir, c’est qu’ « Amok » aurait dû être édité chez Fleuve Noir, dans la collection Gore. À l’époque, Bergal avait écrit trois romans pour cette collection : celui-ci d’abord, puis « Cauchemar à Staten Island » et « Camping sauvage ». Les deux derniers sont bien sortis (respectivement, les n° 36 et 99), mais « Amok » a joué de malchance : il fut programmé, puis annulé, ensuite reprogrammé un peu plus tard, mais la collection s’est arrêtée avant qu’il n’ait eu le temps de paraître ! Pour les fans de Gore, c’est donc une excellente nouvelle que les gens de Rivière Blanche aient eu l’idée d’exhumer ce roman des limbes de l’oubli. Une sortie carrément inespérée ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer !

Robert Ackerman, vétéran de la guerre du Viêtnam, habite dans les bois, à l’écart de la petite ville appelée Downvalley. Tous les X temps, il débarque en ville pour y faire ses provisions. Mais cette fois-ci, alors qu’il fait ses emplettes, il remarque que quelque chose ne tourne pas rond dans le bled. Il se fait d’abord agresser sans raison par le shérif, puis ce sont des groupes entiers de personnes qui vont se montrer hyper agressifs. En fait, tous les habitants, à quelques rares exceptions près, sont frappés de folie furieuse (l’«amok ») et ne sont plus obnubilés que par un seul but : tuer. Le héros va croiser le chemin d’une femme et d’un jeune enfant, tous deux rescapés de la démence sanguinaire ambiante, et va tenter de les protéger et de survivre dans le chaos ambiant qui s’est installé…

Amok est un petit roman efficace, riche en action, qui se lit vite et ne donne pour ainsi dire pas de répit à son lecteur. Le personnage principal est un homme fort, débrouillard, héroïque, prêt à sauver la veuve et l’orphelin. Bergal ne fait pas dans la surenchère de gore : il y a bien sûr des passages sanglants, mais il ne s’attarde pas trop sur les détails, afin de ne pas casser le rythme. Il mise surtout sur l’ambiance de folie débridée et le sentiment que le danger peut surgir à tout instant de toute part. Côté influences, il faut citer Stephen King (par exemple, une ville proche de celle où se déroule l’action est appelée « Castle-Rock »… Le clin d’œil est clair !) et George Romero (cf. « La Nuit des fous vivants »/«The Crazies »). Nobles références pour un roman tout à fait recommandable.

Pour terminer, voici un extrait :
« Elle brandissait un tisonnier auquel adhéraient des filaments sombres et poisseux difficilement identifiables. Robert n’eut pas le temps de l’éviter. Le break la heurta de plein fouet. Fauchée à hauteur des cuisses, la femme fut projetée sur le capot. Sa tête s’enfonça dans le pare-brise qui explosa sous le choc. Le visage tailladé par les éclats de verre et la gorge tranchée, elle ne mourut pourtant pas sur le coup. Elle redressa la tête avec difficulté et ouvrit la bouche comme si elle voulait dire quelque chose. Un jet écarlate jaillit de sa jugulaire et inonda Ackerman qui ne pouvait s’écarter » (p. 83).

Pour la seconde partie du livre, permettez-moi d'être très concis.

"Zombie Blues" est un ensemble de nouvelles intégré au livre "Amok". Du Fantastique de grande qualité. Dans le lot, au pire, quelques textes "sympas", au mieux, quelques petits chefs-d'œuvre dans leur genre. Petite précision : l'ensemble s'intitule "Zombie Blues", mais ce n'est pas du tout un recueil centré sur le thème du zombie; de nombreux thèmes y sont abordés. Un conseil : ne passez pas à côté !