A l'école des créatures de l'ombre
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours :: Concours N°20 : Enfant, enfance
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A l'école des créatures de l'ombre
Voilà ma participation, ravi d'avoir enfin pu finir un texte pour l'écritoire, depuis le temps. J'arrive à 30.860 caractères, et c'est une histoire plus accessible que les autres fois. Je ne l'ai pas faites relire, donc il restera malheureusement quelques fautes, j'imagine !
Bonne lecture
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- A l'école des créatures de l'ombre:
La nuit tombait sur l’école, et l’heure approchait pour tous les enfants monstres de se lever, et d’aller suivre leurs cours.
Lui s’appelait Hammy No-Moon, et le moins que l’on puisse dire, c’était que sa place n’aurait jamais dû être ici. Face aux exactions de ses prétendus camarades, leurs affrontements incessants, leurs bravades et leurs hécatombes, le jeune sélénite à tête de corbeau, à la peau noire comme les abysses, se voyait bien peu téméraire ! Il longeait les murs, tentait de se fondre dans le décor, avec l’espoir de passer inaperçu. Sa petite taille aidait bien pour cela.
L’immense château d’Astaroth étendait ses ramures maléfiques dans les plaines pourpres, ce lieu où chaque guerre se conclut dans un abominable bain de sang. Innombrables ailes et tours sombres, murs plus noirs que l’ébène, fenêtres brumeuses, infiltrations acides entre les pierres, on n’aurait pu imaginer pire endroit pour grandir. Le petit Hammy avait perdu en quelques semaines tout enthousiasme pour son école. Le retour vers ses terres natales et lunaires n’interviendrait qu’après dix années de longues études dans l’art des tortures. Une éternité…
Il ignorait que cette nuit-là devait changer sa vision des choses à tout jamais !
Le crépuscule passé, il referma derrière lui la porte de sa chambre individuelle, non sans regret. Seul réconfort ici-bas, la pièce luxueuse lui servait de retraite à chaque fois qu’il pouvait se le permettre. S’il l’avait pu, il n’en serait jamais sorti. Tous ses sens en éveil, il se dirigea vers sa salle de cours, au milieu d’une soudaine affluence de Garous, Spectres, Cannibales, Diables, Goules, Banshees, Trolls, Gargouilles, et autres Succubes. Ces dernières étaient les rares créatures pour qui il arrivait parfois à éprouver un certain penchant. Quasiment nues, jambes fuselées, poitrines affolantes, il n’était pas facile de les croiser en restant de marbre. Son jeune âge ne l’empêchait pas d’y trouver un drôle d’attrait. Peut-être cela lui rappelait-il sa mère, qu’il avait vue avec curiosité allaiter ses frères et sœurs ?
Les élèves de tous les niveaux se croisaient dans les couloirs, certains déjà jeunes adultes, d’autres à peine sortis des tentacules de leur génitrice. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il y avait une certaine déférence des plus âgés pour les plus jeunes, une once d’amusement à les voir chercher à égaler leurs ainés. Il faut bien comprendre que sans ça, les jeunes années auraient été mangés dès la première semaine !
Hammy avait curieusement traversé plusieurs coupe-gorges sans encombre, et il n’était qu’à deux halls de sa salle lorsqu’un troll se détacha de derrière une colonne énorme, lui coupant le chemin. Le jeune sélénite n’avait pas baissé sa garde pour autant, ses sens identifiant déjà deux goules et deux gargouilles qui tentaient de l’encercler :
- Cette fois je t’ai eu, face de charbon, gronda Morphix, le troll en question.
Si le colosse mesurait un mètre de moins qu’un quasi adulte, il n’en était pas moins déjà impressionnant pour son âge. Néanmoins il gardait les tares de sa race et se révélait donc pataud, et lent dans tout ce qu’il faisait. Hammy se précipita vers lui, lorgnant l’espace entre la jambe de son vis-à-vis et la colonne. Fluet, il aurait pile la place de se glisser là. Mais la main du troll s’abattait déjà, comme s’il avait anticipé le geste. L’agile sélénite sentit le souffle lui manquer, la peur l’étreindre, pourtant demeurer dans ce panier à crabes ne pouvait pas être envisagé. Aussi tomba-t-il plutôt au sol, pour éviter le poing qui se refermait sur ses plumes. Et de ses deux mains prenant appui sur les pavés du hall, il se projeta entre les jambes arquées de son camarade tortionnaire. Morphix tenta bien de serrer les cuisses pour l’étouffer, mais trop tard, le moustique était déjà passé.
- Attrapez-le, glapit le troll en se retournant avec lourdeur. Chopez-le !
Parmi la foule des jeunes monstres en pleine déambulation, alors que sonnaient soudain de grandes cloches au tintement macabre, une course poursuite s’engagea, d’abord à travers un couloir étroit, puis dans un hall au-delà. Surtout ne heurter personne, ou la sentence serait sans appel ! Il ne se voyait pas marcher sur la queue d’un garou, ou arracher par mégarde un os à un cannibale. La rambarde en granit qui marquait l’extrémité du parterre arriva heureusement sans incident, et Hammy l’enjamba et plongea dans le vide, emporté par le vol et la vitesse, à travers le grand hall principal d’Astaroth, aussi vaste qu’une nécropole.
Un grognement menaçant le poursuivit quelques secondes…
La salle de cours béait devant une immense porte ouverte, prolongée par un long corridor obscur.
Le jeune Sélénite se dépêcha de rejoindre sa place, à l’autre bout de la pièce, près des fenêtres ouvertes sur la nuit. Il aperçut le reflet de la lune, ce qui était toujours joyeux pour lui, au même instant le déplacement d’air d’une forme colossale surgissait du couloir, et il s’empêtra les pieds. À moins qu’un de ses camarades ne les lui ait fauchés au passage ? Une femme gigantesque, montée sur un corps de serpent, aussi long que celui d’un dragon, s’imposa dans la salle. Portée par ce corps reptilien, elle se pencha au-dessus des élèves afin de toiser le retardataire, étendu par terre :
- Hammy, vous arrivez en retard, et vous faites peine à voir, ressaisissez-vous mon garçon !
Une langue dardée en Y souligna le roulement de ses SSS. Tout penaud, mais pas mécontent d’avoir échappé à ses agresseurs plus tôt, le jeune monstre s’assit enfin à son pupitre. Il y avait eu de pires débuts de journée !
La professeure La Lamie avait commencé son cours, et on était à quelques secondes seulement de l’événement le plus incroyable qui soit !
Les mots compliqués n’étaient pas évidents à suivre, ni les explications qui allaient avec, quelques éléments surnageaient pourtant de ce discours didactique :
- Bien que vous ne soyez qu’en première année, et tellement enfantin encore, il vous faut d’ors et déjà apprendre à connaître votre ennemi intime. Découvrir à quoi il ressemble… Voir comment il réagit… Essayez de voir ce qui le fait souffrir, ce qui lui fait mal, ce qui lui fait peur… Et pour cela, rien de mieux que d’apprendre d’abord à vous en occuper ! Un peu comme s’il s’agissait… d’un animal domestique.
L’immense femme claqua des crocs d’une façon qui donnait l’impression que l’animal en question avait été croqué. Une conversation toute proche détourna l’attention d’Hammy :
- Elle possède le don incroyable de se transformer en humain, disait un petit diable nommé Belzéb.
Plusieurs oreilles attentives s’étaient penchées pour écouter le beau parleur.
- Vous verriez, continua-t-il en mimant des formes généreuses sur son torse, elle a alors des arguments impressionnants ! Et si un amant cherche à percer son secret, elle le dévore aussi sec, finie la bagatelle.
Les mots échangés, et ce qu’ils évoquaient, sonnaient bizarrement pour lui, comme si la moitié des termes n’avaient pas la signification qu’on voulait leur prêter. Les quelques élèves ricanèrent d’un air entendu, plus pour l’idée d’un amant gobé qu’autre chose, pensa-t-il.
De grandes ombres noires entrèrent dans la pièce, en tirant des chariots avec de nombreuses cages en bois dessus. Une à une, les cages furent apportées à côté de chaque pupitre individuel. Un brouhaha infernal s’en suivit. La curiosité piquée, Hammy oublia l’éloignement, les dangers, les brimades, curieux soudain de ce qu’on leur avait préparé. Les serviteurs nocturnes lui voilèrent la vue, et lorsqu’ils s’écartèrent, une cage aux épais barreaux de bois se trouvaient juste à côté de lui, avec une forme recroquevillée à l’intérieur.
- Il s’appelle Bastien, souffla une ombre, torture-le bien !
Alors que l’aube approchait, deux pauvres créatures sanglotaient au bas d’un mur, roulés en boule, perclus de douleurs et de coups encaissés. Rien que de bouger un bras ou une jambe déclenchait des fulgurances insupportables. Lorsque les cloches sonnèrent à la volée, Hammy rassembla son courage. Il avait suffisamment pesté contre le destin, contre ses « camarades », personne ne viendrait lui apporter la moindre aide. Il fallait prendre sur lui, et continuer à vivre. N’était-ce pas la leçon qu’on cherchait à lui inculquer ? De force…
- Bastien, ça va ? Je suis désolé !
Le sélénite se pencha sur l’enfant humain, habillé d’un simple sac à patates en toile. Il remarqua du sang sur ses bras. Le visage, derrière les mains qui cherchaient à le repousser, arborait des bleus et des cocards. Des mots s’échappèrent de la bouche du garçon :
- Non ! Non…
Alors qu’Hammy le touchait, le petit des hommes eut un mouvement de repli, de fuite. Bien que le jeune monstre souffrît aussi, moins atteint car son corps était plus résistant, son jeune protégé faisait peine à voir, grelottant, effrayé, choqué, refusant tout contact.
- Allons, on ne peut pas rester ici. Viens, je t’emmène à l’abri. Le jour est bientôt là !
Ce furent donc deux éclopés qui finirent par s’apprivoiser, le plus faible laissant enfin l’autre le soulever. Hammy passa son bras sous les épaules du garçon, l’aida à se tenir debout. Ils mesuraient quasiment la même taille. Une longue pérégrination les conduisit jusqu’à la chambre du Prince No-Moon. Le château avait basculé dans le silence du jour. Plus rien ne bougeait, plus rien ne vivait. Après avoir installé l’enfant sur des coussins, le sélénite alla fermer les persiennes afin d’atténuer la lueur trop vive.
Les douleurs et la faim le taraudaient, il se voyait perdu… perdu devant cette petite créature dont il devait s’occuper. Le petit Bast frissonnait toujours. Parfois leurs regards se croisaient, et le monstre percevait l’horreur que sa vue occasionnait chez l’enfant. Des larmes coulèrent de ses yeux noirs dans son duvet sombre, l’abattement d’un début de vie si difficile, l’écart de traitement avec les moments heureux lorsqu’il se trouvait encore au nid douillet de ses parents. Hammy ne savait plus quoi faire, ni comment, ni pourquoi.
L’abattement dura un long moment, s’étirant dans la torpeur du jour, avachi dans les coussins. Une petite voix finit par le tirer de la somnolence :
- Faim…
- Moi aussi, j’ai faim, murmura-t-il en se relevant enfin. Ne bouge pas. Ne sors pas… ou c’est toi qui seras mangé !
La menace avait fusé d’elle-même, comme une explication évidente. Son petit protégé avait déjà dû comprendre de toute façon que sa vie ici ne tenait qu’à un fil. Le jeune Sélénite quitta la chambre, et alla dévaliser le réfectoire. La correction qu’ils avaient reçue après les cours les avait empêchés de se rendre au repas de pré-aube.
Lorsqu’il revint, les bras chargés, l’enfant n’était plus là ! Hammy croassa, puis chercha dans toute la pièce… En une seconde, le poids des responsabilités s’était abattu sur ses petites épaules : allait-on lui reprocher d’avoir perdu l’enfant ? Avec tous les recoins sombres et cachés de l’immense château, le retrouverait-on jamais ? L’angoisse lui serra le cœur. Et cet étau ne s’évapora qu’en finissant par dénicher Bast, dans un coin renfoncé entre un buffet et le mur.
Des odeurs de pisse et d’excréments le désappointèrent. Un moment il hésita, entre dégoût et obligation d’agir. Son peuple chassait ces créatures. Dans les légendes, on n’évoquait pas les enfants, mais plutôt les affrontements glorieux face à des chevaliers en armure, sur leur monture caparaçonnée, ou des chasseurs de vampires, voire parfois des anges protecteurs descendus des cieux. Violence, combat et festin sur des corps ensanglantés, voilà ce qui constituait son héritage !
Deux pupilles le fixèrent soudain, découpées dans de grands cercles blancs.
- On est pareil tous les deux, lui dit-il alors en tendant sa patte. Viens, on va te nettoyer. Et j’ai rapporté plein de bonnes choses à manger.
Les premiers instants entre deux étrangers sont indéfinissables, comme si des aiguilles de verre les tenaient à distance l’un de l’autre, et que parfois ces dernières pouvaient soudain s’évaporer. Les tréfonds du château étaient chauffés par du magma, alors lorsqu’on ouvrait les conduites, de l’eau bien chaude s’en écoulait. Le petit corps du garçon se révéla maigrichon, constellé d’hématomes. Hammy le lava et l’amadoua en lui parlant avec douceur, comme à un animal :
- Tout va bien, tu es à l’abri ici. Tu n’as rien à craindre !
Bast tressautait parfois, au moindre mouvement brusque. Il sembla aller mieux une fois entouré dans une grande couverture. Et il fallut attendre que les mets lui soient offerts pour que l’enfant oublie ses réticences.
Et pas la peine de lui dire que le pâté était confectionné avec de la chair fraiche…
- Arrache lui au moins un ongle, gronda le géant tortionnaire. Ou tord quelque chose pour voir comment ça réagit ! Aaaah… petit prince, tu fais pitié !
Le professeur de torture ne cachait pas son dégoût devant des travaux physiques à ce point sabordés. Par bonheur, il s’éloigna bien vite pour féliciter d’autres élèves :
- Faites-les durer, clame-t-il à la classe d’une voix puissante. On ne pourra pas vous fournir beaucoup d’autres petits humains comme ça !
Hammy souffla de soulagement. Avec vigueur, il tapait au marteau sur les fers avec lesquels il avait accroché Bastien sur sa table, et faisait ainsi beaucoup de bruits. Rien à côté des hurlements et des cris de douleur qui fusaient tout autour de lui. Son protégé avait fermé les yeux, ne les entrouvrant que de courts instants avec l’espoir que le cauchemar serait fini.
Ils avaient pu éviter de nouveaux problèmes dans les couloirs. Pour l’instant, Morphix s’amusait bien plus avec la fillette dont il devait s’occuper. Cela ne durerait pas néanmoins…
Les heures s’éternisaient en classe, avec le risque qu’on demande à Hammy des choses impossibles.
De retour à la chambre, bien avant le matin cette nuit-là, le jeune sélénite entraîna Bast à une fenêtre, et lui fit la courte échelle pour sortir à l’extérieur, sur une mince coursive au bord du vide.
- Oh non, on va se tuer, glapit l’enfant effrayé.
En-dessous d’eux, une centaine de coudées s’écroulaient jusqu’à des cours intérieures. Le château se révélait un inextricable enchevêtrement de dizaines d’ailes différentes, réunies sans queue ni tête.
- Alors accroche-toi, monte sur mon dos. Tu vas voir, tu ne le regretteras pas !
L’agile volatile, son ami agrippé à lui, escalada bientôt des toits et des cheminées, puis enfin une haute tour. Au sommet de celle-ci, ils s’assirent tous deux, le regard tourné vers le ciel sombre. Une demi-lune perçait le firmament.
- C’est de là d’où je viens, expliqua-t-il. La Lune est mon domaine, ma vie, mon âme…
- Que c’est beau, admit Bast. Je ne me doutais pas que des monstres vivaient là-haut !
- Ah, ah ! Oui, il se produit parfois une lune rousse, rougeoyante. Dans ces moments-là, les cieux pleurent et un chemin s’entrouvre jusqu’à la terre. Ces nuits-là, nous autres sélénites, parait-il, devenons déchaînés et nous descendons prélever notre tribut parmi les humains.
- Pauvres, pauvres humains ! Un rien nous effraie. Toutes les nuits on se barricade, en espérant survivre jusqu’au lendemain.
- Je suis désolé, lui avoua Hammy.
- Tu n’y es pour rien…
Un sourire généreux les réunit tous les deux. Pendant l’heure suivante, ils discutèrent en mots simples, se racontant leur monde, leur vie. Deux petits déracinés, loin de chez eux. Et puis l’aube se rapprocha finalement. La descente se révéla encore plus effrayante que la montée, mais Hammy ne trembla pas malgré le poids, son ami serré dans son dos, ses griffes enfoncées entre les pierres.
Ignorants que le pire se profilait déjà, le monstre et son protégé s’endormirent bientôt, l’un contre l’autre dans un lit confortable, comme des bienheureux dit-on ?!
Dans un petit couloir sordide, la goule émergea de l’ombre, dissimulée dans une grande cape. Le vêtement miteux cachait les traits les plus affreux du professeur, alors qu’il faisait face à son unique élève :
- Nous avons basculé, dit-il en un murmure, dans le monde des humains. Tu sais ce que cela signifie ?
Hammy dissimula sa peur, et opina du chef :
- Tout est danger ici ! répondit-il.
Le professeur Ghala écarta sa cape pour révéler la présence de Bast, bâillon sur la bouche, mains liées :
- Les parents de ton humain vivent de l’autre côté de ce mur, reprit-il dans un souffle lent. Ton examen d’aujourd’hui consiste à les exécuter devant lui. Mais attention…
La grande goule se rapprocha d’Hammy, menaçante et mauvaise :
- …Tu te joues de nous depuis trop longtemps ! Si la tâche n’est pas effectuée, c’est moi qui m’en chargerai, et je vous livrerai ensuite à la vindicte des humains ! Il n’y aura pas d’échappatoire aujourd’hui…
Les derniers mots furent tranchants, avant que la silhouette ne disparaisse dans l’ombre, les laissant seuls face à leur destin.
Le premier réflexe du Sélénite fut de s’équiper d’un poignard bien tranchant, parmi les armes qu’on lui avait laissées. Avec, il découpa les liens de Bastien, lui arracha le bâillon.
- Ça va ? lui demanda-t-il.
- Oui ! J’avais failli oublier dans quel taudis je vivais avant !
- Il faut fuir, essayer de trouver un abri sûr, proposa Hammy.
Bast secoua la tête en signe de négation :
- On est dans une cité, en pleine nuit… Les portes principales seront fermées. À part dans les catacombes, y aura pas d’abri.
La mine de l’enfant humain devint sévère, presque à l’égale de ce que pourrait montrer un adulte :
- Il n’y a pas d’échappatoire, les monstres nous trouveront où qu’on aille !
- C’est ta famille qui est là…
La réalité des mots pesa soudain sur eux. Les moments joyeux s’étaient envolés, écrasés par ce qu’on attendait du petit monstre. Bast détourna le regard, ne sachant comment affronter la mine perdue de son ami. Protégé jusque-là, recueilli dans la chambre royale du Prince No-Moon, il n’était pas loin de trouver sa vie meilleure qu’avant : manger à sa faim, dormir dans un vrai lit. Quant à prendre des coups quand il ne courait pas assez vite, il en avait l’habitude avant déjà dans les rues de la cité, lorsqu’il lui fallait trouver à manger.
- La vie est dure, tu sais, murmura Bast. Tu vis protégé, alors tu penses que tout est comme ça. Morphix quand il te frappe, il cherche à t’expliquer les choses. Celui qui est fort tape pour se ménager une place plus agréable. Tu es un monstre, non ? Alors tu dois… agir comme tel !
- Oui ? Je devrais sentir l’envie du sang, et toi tu serais là à essayer de m’empêcher de faire du mal à ta famille. Tu m’as dit…tu as des petites sœurs.
- On pourrait les épargner, on les cacherait dans un tiroir.
- Et ta mère…
- « Il te faut gagner ta place dans ce monde ! » me disait-elle quand je pleurais.
- Partons, ça ne sert à rien de rester là…
- Non, dit Bast. Je vais faire ce qu’il faut, pour qu’on survive !
L’enfant des hommes prit une des armes les plus petites, et pourtant si lourde dans sa main, une sorte de hachoir. Et il s’avança jusqu’à la porte fermée, il l’ouvrit et disparut à l’intérieur de l’appartement. Hammy demeura sur place, vidé d’énergie et de volonté. « Il ne peut pas faire ça » finit-il par se dire. « Et ses sœurs qu’il voulait sauver ».
Comme un zombie, il s’approcha à son tour de la porte. Son âme maudissait sa condition, maudissait sa faiblesse et le destin qu’on voulait lui imposer. Tout ce en quoi il croyait peu de temps auparavant lui échappait tout à coup. Pire même, sa vie se muait en un cauchemar, exacerbé par les sentiments qu’il vouait à Bastien. Son copain !
Il entra et franchit une salle à manger, passa un autre chambranle et vit la petite forme de Bast dans l’obscurité, le bras levé au-dessus d’un grand lit, où toute la famille dormait. Le sélénite croassa alors de surprise, sans que cela n’arrête le geste. Le hachoir frappa dans l’obscurité, déclenchant des hurlements de peur et des cris de douleur. La scène bascula en un instant dans la folie la plus totale. Hammy sentit son cœur se briser, et il fonça sur son protégé pour arrêter ses gestes suivants. Des cris d’enfants stridents éclatèrent, brisant le silence. Tout à coup des formes se débattirent pour fuir le lit. Les jets de sang frais pimentaient l’air de leur arôme affolant. Le Prince No-Moon saisit son copain et tenta de l’entraîner :
- Bast, non ! Tu vas blesser les enfants.
- Trop tard, gueula ce dernier avec rage.
La folie de son acte démultipliait ses forces, et le jeune garçon parvint à se débarrasser de son protecteur, dont les griffes éraflèrent la peau de ses bras et de son dos. Le furieux fit comme si ce n’était qu’une caresse. Une forme s’était levée face à lui, essayant de s’échapper, et il frappa dedans comme si sa propre vie en dépendait. Des flots sombres giclèrent, l’aspergeant d’un liquide poisseux. Par chance, l’obscurité lui voilait ce qu’il affrontait. Son bras fragile tremblait et menaçait déjà d’avoir épuisé ses forces. Alors Bastien saisit son arme de ses deux mains, l’abattant par-dessus sa tête sur les formes encore présentes sur le lit d’abord, puis dans les recoins de la pièce.
Un corps gracile finit par le ceinturer, lui bloquant tout mouvement :
- Il ne reste plus rien ! Bast, je t’en supplie…
Les deux amis luttèrent quelques secondes, avant que la folie ne recule comme un ressac, puis s’évanouisse complétement.
- On ne doit pas rester ici, rajouta Hammy, viens !
L’arme tomba au sol. Partout autour d’eux de grands bruits se faisaient entendre dans l’immeuble réveillé par le drame. Les petites silhouettes traversèrent les deux pièces pour rejoindre le couloir, et le coin d’ombre d’où avait jailli leur professeur. Deux mains les saisirent au col, et les emportèrent dans les ténèbres.
Dans la baignoire en fonte, Bastien se frottait le corps pour enlever les traces de sang. L’eau autour de lui avait pris une teinte agressive, dernier témoignage de la tuerie.
- Tu ne veux pas venir ? demanda-t-il à Hammy.
Ce dernier se savait sale aussi, sans pouvoir se défaire du sentiment que c’était plus son âme qui pleurait, que ses plumes qui avaient besoin d’être nettoyées.
- Ca va aller, j’en ai vu d’autres… (Après quoi il marqua un silence) Pourquoi ? Comment as-tu pu faire ça ?
- Ton école nous a piégés, comme lorsqu’on te tend un guet-apens en pleine rue. Dans ces cas-là, soit tu te bats, soit tu es mort !
Nouveau silence entre les deux amis. Il paraissait évident qu’une distance, encore une fois, s’était instaurée entre eux. Le soutien qu’ils s’étaient apportés l’un à l’autre jusqu’à présent avait volé en éclat. Existait-il un moyen de recoller les morceaux ? Était-ce seulement une bonne idée ?
- Tu es un monstre après tout ?! fit Bastien. On dit des monstres qu’ils ont cette soif… cette soif en eux ?
- Je n’ai aucun désir d’éprouver ce genre de choses. Après tout, je suis un prince, l’idée que je m’en fais c’est que je commanderai aux autres, sans avoir besoin d’être comme eux.
- Mon père… (la voix de Bast marqua un temps d’arrêt en se rendant compte de ce qu’il évoquait) me disait que la nature des êtres ne peut être reniée. Nous sommes tous des animaux ! Et les enfants sont les pires, non ? Regarde Morphix et ses copains… Si tu étais assez fort, je suis sûr que tu t’opposerais à eux. On lui tendrait un piège dans des escaliers, pour le faire rouler de plusieurs étages. Il s’arrêterait plus de tomber !
L’idée fit sourire les deux gamins. Peu à peu, l’horreur perdait de sa substance, l’incompréhension face à leurs actes aussi. Ils n’étaient pas loin d’être heureux de se retrouver, enfin à l’abri.
- Allez viens !
- L’eau est infecte…
- On va y remédier !
Bast sortit de la baignoire et enleva la bonde. Dans un gargouillement de tuyaux vides, le liquide rougeâtre s’échappa vers les tréfonds du château. Ils actionnèrent ensuite de lourdes chaines pour ouvrir au plafond l’entrée de l’eau chaude, et une importante buée se répandit rapidement dans la pièce. L’enfant des hommes entreprit de nettoyer son protecteur. Les plumes et le duvet avaient séché, rendant le sang difficile à retirer. Malgré la fatigue, le garçon s’acharna sur son ami :
- Ne suis-je pas le serviteur zélé de son altesse ?
- Tout à fait, renchérit Hammy avec la voix la plus dédaigneuse dont un monstre pouvait se targuer. Vous excellez dans ce que vous faites, mon ami.
Ils rirent, contents de laisser derrière eux les drames et la souffrance.
- Tu sais, rajouta après un long moment le Sélénite, je vais aller voir mes professeurs en leur disant que je t’ai bien élevé et que dorénavant tu me serviras.
- Ah bon ?
- Oui, tu me fourniras des renseignements importants sur le monde des humains. Ça compte ça aussi !
- Je serai ton bras armé, ton garde du corps.
- Il faudra que tu manges plus, et que tu grandisses en taille et en musculature.
- Dans quelques années, je serai costaud comme un barbare, tu ne me reconnaitras plus.
L’idée les fit sourire tous les deux. Ils avaient réinvesti le bain, jouaient et bavardaient comme des gamins insouciants. On aurait presque pu croire qu’ils avaient oublié les coups reçus, les cours de tortures, et les exercices pratiques au cours desquels ils jouaient leur vie.
Il n’y a que des enfants pour être autant détachés des réalités. Et malheureusement ces dernières se rappellent très vite à eux…
Ainsi, à peine quelques jours plus tard, une certaine tension s’empara d’Hammy lorsque Phaïtos, leur professeur tortionnaire, vint lui dire qu’il souhaitait lui parler à la fin du cours.
- Tu arriveras à rentrer tout seul ? demanda-t-il à Bastien.
Ce dernier acquiesça d’un signe de tête, le jeune humain commençait à connaître cette partie du château comme sa poche. Vêtu de noir, il savait se camoufler et disparaître comme un sélénite.
L’angoisse monta d’un coup lorsque la salle se vida, et que le jeune prince resta seul à sa table. Le géant lui fit signe, avant de s’éloigner dans le couloir sombre qui menait à d’autres appartements. Hammy se leva et s’enfonça dans le corridor immense et sombre. Il existait à partir de là une section d’Astaroth réservée aux adultes, qu’aucun élève n’aurait pu vouloir intelligemment explorer. La majorité de leurs professeurs étaient des monstres redoutables, des « légendes » dans leur domaine, ou des « cauchemars », suivant le point de vue de chacun.
Le jeune prince tentait d’un pas léger de ne pas altérer le vide aggloméré autour de lui. Il avait soudain l’impression que le moindre bruit serait synonyme d’un châtiment effroyable. N’aurait-il pas mieux fait de feindre avoir oublié la convocation ?
« Tu viens d’une grande famille », se sermonna-t-il, « tu ne crains rien ! »
Ses sens l’alertèrent pourtant que rien n’allait bien, des formes l’entouraient, on lui avait tendu un piège ! D’un coup, Hammy se retourna et accéléra pour échapper à la nasse. Plusieurs silhouettes se matérialisèrent devant lui pour lui couper le chemin. Une sorte de brume paralysante l’entoura, un brouillard verdâtre échappé de la gueule de banshees, et ses mouvements perdirent en vivacité, en réactivité. On le ceintura, et il se débattit pour tenter de s’y soustraire. Mais ses bras furent bloqués, ramenés dans son dos. Les effluves attaquaient ses narines, diffusant un arome marécageux insupportable auquel son corps cédait, sans qu’il puisse s’y opposer. Ses jambes ne le portaient déjà plus. Un cri de désespoir lui échappa, puis ses pensées se délitèrent lentement, comme dans un rêve éveillé, et il finit par s’évanouir.
Lorsqu’il se réveilla, Hammy était crucifié, au cœur des plaines pourpres. De grands feux crépitaient tout autour de lui, délimitant une gigantesque zone de duel, au milieu de pyramides d’ossements, les restes des victimes de mille guerres. Dans la semi-obscurité, à la limite de son champ de vision, il reconnut les formes monstrueuses de tous ses professeurs.
Le jeune prince essaya de se lever, de tirer sur ses fers, mais si les chaines et les attaches tintèrent dans un bruit de métal, rien ne céda.
Une petite silhouette s’avança face à lui, couverte de sang des pieds à la tête. Un hachoir pendait au bout de son poing :
- J’ai été mis à l’épreuve, balbutia Bastien. J’ai… battu tous les adversaires qu’on m’a opposé !
- Bast, non ?!
- Cette école forme des monstres, des tueurs qui iront demain prélever leur dîme parmi les humains. Tu sais ce qu’on m’a dit, que les hommes sont les bienvenus ici, ils font partie des monstres les plus impitoyables !
Hammy suffoquait à présent, de peur, de désillusion, devant l’horreur de cette créature face à lui, qui le touchait au plus profond de son cœur.
- Les faibles n’ont pas leur place dans ce monde, rajouta l’enfant ensanglanté. Et c’est dommage que tu n’aies pas cette force aussi en toi, on aurait fait… de grands massacres ensemble !
- Bastien…
Le jeune sélénite serra les poings et força sur ses liens métalliques, de toutes ses forces, de tout son dégoût pour ce qu’il découvrait chez son « ami ».
- Mais les places ici sont comptées ! Tes professeurs m’ont confié une dernière épreuve : trancher les derniers liens qui pouvaient nous unir. En fait, c’est toi qui devrais être à ma place pour me sacrifier ! Un monstre ne fait pas de sentiment, et je n’en aurai pas, je n’ai pas le droit d’en avoir.
Dans l’espèce d’obscurité ambiante, Hammy chercha les yeux sombres de son ami, ce regard entouré de blanc qui lui avait donné envie de le sauver. Leur expression avait changé, la peur et le traumatisme s’étaient mués en folie pure, une dureté capable de fendre la pierre.
Bast s’approcha et leva son hachoir :
- Il n’y a de place que pour un seul monstre…
Au-dessus de la lame levée, la lune brillait d’une lueur rouge. Le prince No-Moon s’y noya sans même comprendre qu’il avait cherché là son ultime refuge. « Lorsque la lune rousse brille sur la terre, nous plongeons dans une rage sanguinaire, et un passage s’ouvre qui conduit les sélénites à lancer leurs plus grandes chasses ».
Le corps de l’enfant monstre s’arqua, investi d’une puissance démesurée. Trop tard ! Le hachoir s’abattit dans un cri de rage de Bastien. Et…
…se planta dans le bois du chevalet.
Le garçon recula de surprise, alors que son ami se glissait contre lui. Il hoqueta, frappé en plein torse, les griffes de l’enfant corbeau enfoncés profondément dans sa poitrine. Du sang remonta dans sa bouche. Malgré la douleur, il tenta de ramener ses mains autour des bras emplumés d’Hammy, comme pour le repousser.
Le jeune monstre croassa de colère et de rage, un cri effrayant, jailli d’un cauchemar millénaire.
Un petit corps minuscule glissa et tomba devant lui, recroquevillé au sol comme lorsqu’il l’avait vu la première fois.
Un hoquet secoua le sélénite. Voilà ! Était-il devenu le monstre qu’on attendait de lui ?
Hammy releva la tête, parcourut du regard l’assemblée de ses professeurs au loin : une grande forme de femme serpent, un géant, des spectres et des formes plus petites mais non moins dangereuses.
Parmi les images de destruction et de morts qui défilaient dans son esprit, il se rappela qu’il lui restait encore de nombreuses années d’étude. Il n’avait au fond franchi qu’une première étape.
Pas facile lorsqu’on est enfant… de grandir !
Dernière édition par paulux le Dim 3 Avr 2022 - 19:07, édité 1 fois
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Bravo Paulux!
Une histoire qui m'éloigne de mes terres habituelles, mais joliment amenée. Un bon moment de lecture.
J'ai juste été désarçonné par un raccourci, quand nos héros font connaissance en classe et qu'on les retrouve la ligne suivante perclus de douleurs, en bas d'un mur. IL m'a manqué une liaison, même si quelques éléments sont apportés plus loin.
Et un détail, le mot "succube" est masculin, même s'il désigne un démon féminin.
J'ai apprécié ton histoire, un exploit tant le genre me laisse d'ordinaire froid.
Une histoire qui m'éloigne de mes terres habituelles, mais joliment amenée. Un bon moment de lecture.
J'ai juste été désarçonné par un raccourci, quand nos héros font connaissance en classe et qu'on les retrouve la ligne suivante perclus de douleurs, en bas d'un mur. IL m'a manqué une liaison, même si quelques éléments sont apportés plus loin.
Et un détail, le mot "succube" est masculin, même s'il désigne un démon féminin.
J'ai apprécié ton histoire, un exploit tant le genre me laisse d'ordinaire froid.
Dernière édition par Trantor le Dim 3 Avr 2022 - 22:03, édité 1 fois
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Salut Paulux,
Content de voir que tu participes au concours. Je n'ai pas encore lu ton histoire, mais j'ai déjà une requête : peux-tu nous mettre le texte en PDF (via un outil type google drive ou un bidule du genre par exemple). Lire en spoiler, c'est bien sur les concours H.S., mais pas sur les formats plus longs. Désolé de t'emmerder avec ça...
Content de voir que tu participes au concours. Je n'ai pas encore lu ton histoire, mais j'ai déjà une requête : peux-tu nous mettre le texte en PDF (via un outil type google drive ou un bidule du genre par exemple). Lire en spoiler, c'est bien sur les concours H.S., mais pas sur les formats plus longs. Désolé de t'emmerder avec ça...
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: A l'école des créatures de l'ombre
Voilà rajouté avec Google Drive. Je dois reconnaître que les autres sites de partage ramenaient à chaque fois plein de virus, j'ai fini par ne plus les utiliser !!! Dites-moi si ça marche
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Ouais, ça marche !
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
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Re: A l'école des créatures de l'ombre
Un texte que j'ai beaucoup aimé, avec des créatures terrifiantes et un univers original.
Le fait que tu prennes à contre-pied les codes d'une espèce (les vampires) de ces monstres, en la personnalité d'Hammy, est rafraîchissant. La fin est surprenante car il y a un retournement inattendu !
J'ai frémi de peur en même temps qu'eux, que ce soit Hammy ou Bast, l'humain.
Une nouvelle qui devrait se hisser aux premières places.
Thème tout à fait bien traité.
Je n'ai pas détecté de "fautes".
Le fait que tu prennes à contre-pied les codes d'une espèce (les vampires) de ces monstres, en la personnalité d'Hammy, est rafraîchissant. La fin est surprenante car il y a un retournement inattendu !
J'ai frémi de peur en même temps qu'eux, que ce soit Hammy ou Bast, l'humain.
Une nouvelle qui devrait se hisser aux premières places.
Thème tout à fait bien traité.
Je n'ai pas détecté de "fautes".
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Alors, c'est un peu l'impression que me font tes histoires à chaque fois : c'est imaginatif, c'est riche, plein de trouvailles, mais j'ai un peu du mal à suivre, le style est quelquefois confus et souvent tu utilises des expressions un peu spéciales, qui pourraient être formulées de façon plus simple.
Exemples :
Moi je dirais :
Je ne vais pas tout détailler, mais c'est un peu le défaut général de ton texte, qui m'a rendu, à moi en tout cas, la lecture pénible, alors qu'à côté de ça, ton univers "Harry Potter version dark" est pas mal du tout, histoire est bien trouvée, avec des rebondissements et un renversement de situation à la fin. Tu devrais apprendre à travailler ton style de façon à exprimer un peu plus clairement ce que tu veux dire.
Exemples :
Non, c'est la porte qui bée (ce qui fait en plus une répétition avec "porte ouverte"), pas la salle, et le couloir prolonge la salle, pas la porte, d'autant plus qu'Hammy arrive de l'extérieur.La salle de cours béait devant une immense porte ouverte, prolongée par un long corridor obscur.
Moi je dirais :
Ce qui serait plus fluide et compréhensible (et facile à visualiser)Au bout d'un long couloir, une immense porte s'ouvrait sur la salle de cours
Un peu compliqué comme formulation ! Pourquoi ne pas dire :Une femme gigantesque, montée sur un corps de serpent, aussi long que celui d’un dragon, s’imposa dans la salle.
et que veut dire qu'elle "s'impose dans la salle" ? Si je comprends bien, c'est la prof, donc elle est déjà dans la salle quand Hammy y entre. Tu veux peut-être dire que sa présence est imposante ? On le comprend à la description que tu en donnes. Je pense que tu peux synthétiser en disant :Une femme gigantesque, au long corps de serpent
Plus simple et plus léger.Une femme gigantesque, au long corps de serpent, se pencha au-dessus des élèves afin de toiser le retardataire.
Je ne vais pas tout détailler, mais c'est un peu le défaut général de ton texte, qui m'a rendu, à moi en tout cas, la lecture pénible, alors qu'à côté de ça, ton univers "Harry Potter version dark" est pas mal du tout, histoire est bien trouvée, avec des rebondissements et un renversement de situation à la fin. Tu devrais apprendre à travailler ton style de façon à exprimer un peu plus clairement ce que tu veux dire.
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Merci à vous deux pour votre lecture, je note tes remarques Henri, c'est souvent toute la difficulté de l'écriture que de rendre au plus fidèle possible les images que l'on a dans la tête avec des "images" ou des mots qui soient les plus adaptés !
Mais je continue d'y travailler
Mais je continue d'y travailler
Re: A l'école des créatures de l'ombre
paulux a écrit:Merci à vous deux pour votre lecture...
Moi, j'ai du passer à la trappe... snif... personne ne m'aime...
Re: A l'école des créatures de l'ombre
Désolé Trantor, merci beaucoup pour ton retour de lecture, sympa d'avoir lu bien que le genre te t'intéresse pas trop ! J'ai été "distrait" par le message de Paladin qui me demandait de rajouter une version PDF, toutes mes excuses !
Pour la liaison dont tu parles, en fait c'est la continuité de la 1ère scène, le héros a réussi à échapper au Troll, mais vu qu'en fin de cours il se retrouve à se coltiner un petit humain, il se fait attraper sans pouvoir rien y faire.
Je n'ai pas fait de transition, ni mis d'explication, en espérant que le lecteur comprenne de lui-même que notre héros a échappé une fois, mais que ça ne s'est pas reproduit ensuite après les cours.
Encore merci à toi
Pour la liaison dont tu parles, en fait c'est la continuité de la 1ère scène, le héros a réussi à échapper au Troll, mais vu qu'en fin de cours il se retrouve à se coltiner un petit humain, il se fait attraper sans pouvoir rien y faire.
Je n'ai pas fait de transition, ni mis d'explication, en espérant que le lecteur comprenne de lui-même que notre héros a échappé une fois, mais que ça ne s'est pas reproduit ensuite après les cours.
Encore merci à toi
Re: A l'école des créatures de l'ombre
L'idée est sympathique : sorte de "Harry Potter à l'école des sorciers" mais version noire. Le décors est bien planté, l'ambiance bien posée, vraiment on s'y croirait. Les personnages sont bien typés en format "gentils petits monstres" avec en filigrane la question philosophique sur la condition de l'enfant "ange ou bête" pour en arriver à une conclusion à la Pascal "ni ange, ni bête".
La fin dément ce que je viens d'écrire mais il s'agit-là d'une question de nature de monstre. D'ailleurs j'ai trouvé que la lune rousse se levait fort à propos à moins que les enseignants aient fait exprès.
J'ai aussi été gênée par les deux annonces type "Il ignorait que cette nuit-là devait changer sa vision des choses". Pour moi c'est inutile et même contreproductif, laisse ton lecteur découvrir ce qui va se passer, sème un indice si tu veux mais ça donne l'impression que le narrateur spolie la fin.
Je ne reviens pas sur la salle de cours qui béé, en revanche le court paragraphe qui suit est mal organisé dans sa temporalité ou je n'ai pas bien compris, mais couper la longue phrase en 2 ou 3 apporterait sans doute de la clarté et de la fluidité.
Dans l'ensemble c'est un très bon texte mais il faut que tu retravailles la forme mais je le redis, le fond est du tonnerre.
La fin dément ce que je viens d'écrire mais il s'agit-là d'une question de nature de monstre. D'ailleurs j'ai trouvé que la lune rousse se levait fort à propos à moins que les enseignants aient fait exprès.
J'ai aussi été gênée par les deux annonces type "Il ignorait que cette nuit-là devait changer sa vision des choses". Pour moi c'est inutile et même contreproductif, laisse ton lecteur découvrir ce qui va se passer, sème un indice si tu veux mais ça donne l'impression que le narrateur spolie la fin.
Je ne reviens pas sur la salle de cours qui béé, en revanche le court paragraphe qui suit est mal organisé dans sa temporalité ou je n'ai pas bien compris, mais couper la longue phrase en 2 ou 3 apporterait sans doute de la clarté et de la fluidité.
Dans l'ensemble c'est un très bon texte mais il faut que tu retravailles la forme mais je le redis, le fond est du tonnerre.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
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Re: A l'école des créatures de l'ombre
Merci beaucoup Perroccina, cette histoire m'a plu de suite quand j'y ai pensé, elle coulait de source, donc je suis ravi que ce soit le cas aussi pour toi ! Et je me note les modifications à y apporter
Re: A l'école des créatures de l'ombre
J'ai oublié de préciser que l'un des points forts de cette histoire c'est l'imagination dont tu as fait preuve pour créer cet univers.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
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