La boîte aux lettres

J'y ai pensé de suite, pour différencier les deux personnages. J'avais pris deux polices classiques et en cours d'écriture, je me suis dit qu'une qui ferait manuscrite serait plus appropriée puisque Coraline écrit à la main. Et puis, ça accentuait la différence d'époque qu'on découvre à la fin : 2000 et 2021, 2000, on vivait déjà avec internet, mais bien moins de gens y avait accès et le courrier manuscrit était encore majoritaire. Truc amusant en passant : 2000 et 2021 sont pareils au niveau des jours de la semaine (j'ai eu la lubie d'aller vérifier).

et le souci du détail jusque dans les jours entre 2000 et 2021! respect

Je crois que c'est en 2000 qu'on a eu un premier PC et internet, mais ça n'intéressait que les enfants, je ne m'y suis essayé que fin 2001, et au travail je devais être le premier à aller sur internet. Ce n'était en effet pas très répandu, et pas pratique, les abonnements étaient par forfait, et avant l'ADSL, ça coupait les communications téléphoniques, etc

c'est un scénario souvent utilisé en fantastique (avec le téléphone, par exemple, l'appel qui vient du futur)

Ça a déjà été fait, moi j'ai pensé, par rapport à l'intrigue, à "Désolé, bon numéro" du King (excellente nouvelle d'ailleurs). J'ai choisi une toute autre manière de l'aborder, une autre histoire aussi, mais le pitch n'est pas du tout nouveau. J'aurais préféré trouver quelque chose de plus original, mais rien d'autre ne m'est venu. J'avais beau passer en revue des tas d'objets, ils ne m'inspiraient rien.

Chez King, la protagoniste reçoit un seul appel pour la prévenir d'un danger, on sait donc dès le départ que cette femme doit sauver quelqu'un. La question est donc : qui ? Et va-t-elle y arriver ? Tandis que moi, on ne sait pas où se situe le danger et la question devient : où est le danger ? Et puis, moi j'utilise du courrier, c'est quand même moins vu. Enfin, j'espère (vous me direz les ceux qui avez une mémoire phénoménale des pitchs fantastiques). Le courrier venu du passé, c'est courant, mais du futur ? Allez, palliez ma culture déficiente.

Ah oui, elle était géniale "Désolé, bon numéro". C'est vrai que ton histoire y fait un peu penser (quand on a pas une mémoire de poisson rouge comme moi !) mais je trouve, personnellement, ta façon de traiter ça originale et super bien mené !

L’idée n'est certes pas nouvelle, mais elle est du genre rare quand même. Ne goutant pas vraiment King, je ne connais pas sa nouvelle, mais l'idée m’a rappelé le film Fréquence interdite – dérivée en série par la suite je crois – où la boite aux lettres est une radio, ou encore le film The call de 2020, cette fois avec un téléphone. La différence, c’est que dans ces 2 films, le concept est exposé dès le départ et on déroule l’histoire ensuite, l’un via un drame familial, l’autre via une histoire de meurtres en série (je pense que ça te plairait d’ailleurs !). Bref. Ton concept ne se révèle qu’à la toute fin, ce qui lui donne quand même un aspect assez original par rapport aux exemples cités. Dans tous les cas, j’ai pour ma part adoré.

Me reste juste un léger mystère, peut-être que j’ai loupé l’info : comment le personnage du futur renvoie-t-il les lettres ? La fin parle d’une 2e boite qu’elle aurait acheté en ligne (et qui serait en fait la même boite) mais ce passage m’a paru un peu flou, et je n’ai pas été sûr de ce qu’il fallait comprendre : a-t-elle racheté la boite quelques jours avant la « mise en connexion » avec son passé, ou l’a-t-elle retrouvé après quelques recherches en ligne, après la mise en connexion, pour se renseigner ?
Point moins important, même si elle est assez fermée et veut à tout prix couper court à la discussion, le personnage n’aurait-il pas dû avoir l’impulsion d’expliquer à Coarlie qu’elle aussi possède une boite aux lettres du même genre ? Sachant que ladite boite est montée comme une excentricité du personnage et qu’elles saisissent assez vite qu’elle est l’origine du problème (les lettres n’arrivent que via cette boite, jamais si on poste d’ailleurs), cette info me semblerait logique à transmettre. En gardant le mode « froid » du personnage, bien sûr, type « j’ai aussi cette boite, je l’ai trouvé en ligne, faites vos recherches dessus, svp, qu’on en finisse ».
Cela étant dit, on est là dans le pur détail. C’est mon côté fan d’histoires temporelles qui cherche toujours à rendre logique ce genre de concepts impossibles dans l’absolu. Rien qui ne m’ait empêché de dévorer le texte et de l’avoir adoré d’un bout à l’autre. Il fait d’ailleurs partie de mes 4 textes de tête (reste à les départager, maintenant -_-).

De mémoire (comme j'écris vite et sans vraiment réfléchir, j'oublie assez vite des tas de choses), le personnage du futur renvoie les lettres de la même manière, en les déposant dans sa propre boîte aux lettres. Il s'agit d'une agoraphobe qui souffre aussi de phobie sociale, ça c'est dit, l'utilisation de la boîte aux lettres, elle en est déduite et sous-entendue. Je ne précise pas le moment où elle achète la boîte, je laisse juste entendre qu'il s'agit, peut-être, de la même, mais je pense que c'est plus logique qu'elle l'ait acheté avant la connexion. Elle ne sait pas pourquoi elle l'achète, ça me paraissait logique qu'elle était déjà "équipée" depuis quelques temps. Mais je devrais peut-être préciser un peu.
Oui, peut-être qu'elle aurait pu parler de la boîte aux lettres plus tôt, mais je ne crois pas que ce soit obligé. Au départ, Justine retourne juste des courriers reçus par erreur, ensuite, angoissée, elle cherche à mettre fin à cette correspondance bizarre. Sachant qu'il s'agit d'une personne traumatisée, amnésique et phobique, ce n'est pas incohérent qu'elle reste distante et qu'elle ne tilte pas avant de recevoir la photo. En cas d'amnésie traumatique, la psyché bloque des trucs pour éviter la remontée du trauma.