Fin de partie
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L'Écritoire des Ombres :: CONCOURS DE L'ÉCRITOIRE DES OMBRES :: Archives des concours hors-série :: Concours HS N°9 : Miroir (s)
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Fin de partie
Voici ma participation…
J'ai tendance à écrire assez belge, avec des emprunts wallons. Voici donc un mini-lexique pour vous faciliter la lecture :
Bonne lecture !
- Fin de partie:
- C’était un mardi de lune gibbeuse et j’aurais dû être déjà fermé. Qu’importe ! chez moi, les condés n’entraient pas.
Une mousse à la main, le coude sur le zinc, je goutais la quiétude des quarts de nuit où le capitaine prend la barre. Moi aussi, on me nomme patron et nul n’oserait moquer mon bâtiment ; son bouchon de genévrier vaut bien une figure de proue ! Je suis seul maitre à bord : moi, nul ne m’aura jamais vu tanguer. Faut croire que j’ai le pied marin, et quand j’en vois un qui oscille, je crie à la cantonade :
« È v’la onk qu’a bèvu dèl chaléye bîre ! »
Parler de bière penchée, cela fait toujours marrer ma clientèle. Or, une poilade, cela compte presque autant que les additions dans mon carnet à ardoises. Nous autres tauliers, cela nous porte. Je serais jamais ouvert à trois heures du mat’ si j’avais pas l’espoir d’entendre un bon mot, et parfois de le trouver moi-même.
Cette nuit-là, l’animation, c’était Hildesheim, Anastase et P’tit Roger qui la mettaient. Les autres étaient trop abrutis ; même Patte-de-Bouc semblait somnoler au bar. Eux jouaient la tournée au tire-trois-lames, un passe-temps de leur invention.
« C’est comme le 421, m’avaient-ils expliqué. Tu joues la charge, puis la décharge, sauf que tu lances pas de dés, tu tires les arcanes majeurs.
— Tout le reste, c’est pareil : tu mets des cartes de côté et t’as droit qu’à trois tirages. Nous autres, nous jouons surtout sec.
— Ça nous fait travailler le troisième œil ! »
Tout sorciers qu’ils étaient tous les trois, je croyais bien qu’à cette heure-ci, la baraka pesait plus dans l’affaire que leur clairvoyance. L’oreille distraite, je les écoutais dérouler la truculente nomenclature qu’ils avaient inventée, lorsque l’étranger passa la porte.
« Procès expéditif ! assénait Anastase en brandissant le Jugement, le Chariot et le Pendu.
— J’ai la Tour infernale, renchérissait P’tit Roger, qui étalait devant lui la Maison Dieu, le Soleil et la Mort.
— Bien joué mais, moi, c’est la Tour Eiffel que j’ai, hum… tirée, gloussait Hildesheim. »
Cette suite composée de l’Impératrice, de l’Empereur et du Pape le délesta de six fiches et arracha un rire gras à la tablée.
C’est sur ces entrefaites qu’entra ce bonhomme à l’allure de taupe. Il se dirigea d’emblée vers Patte-de-Bouc, me glissant au passage :
« Un lait russe. »
Pas de bonjour, pas de s’il vous plait, et je détestais faire des laits russes à cette heure, quand mon mousseur était lavé. J’hésitai à l’envoyer balader, mais j’étais curieux. Que pouvait-il vouloir au satan du quartier ?
Patte-de-Bouc, c’était notre receleur local. Tout ce qui se trafiquait, en sort ou en influence, lui l’achetait ou bien l’avait à vendre. Même des sans-magie venaient le trouver pour sceller des pactes. Jadis, on s’adressait direct au patron en allumant son cierge noir à un carrefour, les commis en maléfices se faisant discrets pour l’Inquisition. De nos jours, on en trouve à tous les bistrots ; on dit que Lucifer délègue. Poireauter encore aux quatre bras, c’est un coup à se faire renverser. De toute manière, les diables d’hommes préfèrent rester au chaud…
L’inconnu trotta donc jusqu’au nôtre. Il semblait bas du front. La pluie lui avait fait un casque, hormis aux tempes qu’il avait dégarnies.
« J’ai un artéfact. On m’a dit que vous achetiez… »
Le macrê releva la tête. Si ce n’était sa canne à bout ferré contre le pavage, quand il allait relâcher ses bières aux vécés, je ne l’avais entendu de la soirée. On le disait composer mentalement des anathèmes qu’il vendait à prix d’or. Il avait le teint pierreux, le cheveu mal nourri, mais l’œil toujours vif et retors.
« Montre voir…
— C’est un miroir d’évocation. »
Patte-de-Bouc le fit tourner dans ses mains d’étrangleur. Cadre doré massif, tain au mercure, quelques endroits piqués de noir… L’objet semblait authentique. Il souffla son haleine et traça du doigt des pantacles bien choisis, pour tester la vivacité des esprits emmurés.
« C’était l’instrument de ma grande-tante Eulalie. Elle a fait un avécé lors d’une séance et n’a plus prononcé un mot jusqu’à sa mort. On dit que son âme y est restée…
— Tu devrais le briser, alors. Ce serait une miséricorde.
— Je n’aimais pas tellement ma tante. »
Son museau s’était tordu d’une grimace impertinente. Je tapai sèchement son lait chaud devant lui. À l’autre bout de la salle, les trois compères poursuivaient leur partie.
« Roi-de-rats !
— Cocatrice ! »
Patte-de-Bouc fit sa propre enchère.
« Je t’en donne cent-vingt.
— J’en veux trois-cents.
— Cent-cinquante, rétorqua Patte-de-Bouc.
— Tapette à gobelin, rugit Hildesheim.
— Deux-cents-cinquante, dit le paltoquet dont la moustache était pleine de lait.
— Cent-septante, dit Patte-de-Bouc.
— Deux-cents, dit le paltoquet.
— J’ai un Évêque sauroctone ! jubila P’tit Roger.
— Cent-septante, répéta Patte-de-Bouc. »
Le bonhomme se renferma, affectant un air plus chafouin encore, mais il fit signe qu’il acceptait. Crachant dans sa main, Patte-de-Bouc s’apprêtait à sceller le marché, lorsqu’un cri retentit.
« C’est le Mat que je vois dans ta manche, Anastase ? »
La question retentissait encore dans la pièce embuée que la table était renversée et que du verre se brisait à terre. Dans la mêlée, P’tit Roger — qui était tout sauf petit — s’écroula contre le bar comme un boxeur qui vient s’étrangler sur les cordes. Le miroir s’était trouvé sur son chemin…
Dissimulant mal son sourire, Patte-de-Bouc essuya lentement sa main dans sa chemise.
J'ai tendance à écrire assez belge, avec des emprunts wallons. Voici donc un mini-lexique pour vous faciliter la lecture :
- macrê : sorcier
- è v’la onk qu’a bèvu dèl chaléye bîre : en voilà un qui a bu de la bière penchée (=qui ne marche plus droit)
Bonne lecture !
Re: Fin de partie
Salut Similien,
ton texte est bien ecrit et rythmé, c'est entrainant et plaisant à lire, y a pas de doutes. Le coté "belge" ne me dérange pas, cela apporte une petite touche perso. Par contre, après m'être demandé ce qui allait bien pouvoir se passer dans ce bistrot, et bien je t'avoue que je suis largué... Bon, le miroir est là, mais il sert à quoi ? Je ne comprends pas ce qui arrive à la fin... et c'est vraiment dommage, car j'ai accroché jusqu'au bout grâce à une narration entrainante.
Voilà, je suis donc un poil partagé pour ta nouvelle... désolé.
ton texte est bien ecrit et rythmé, c'est entrainant et plaisant à lire, y a pas de doutes. Le coté "belge" ne me dérange pas, cela apporte une petite touche perso. Par contre, après m'être demandé ce qui allait bien pouvoir se passer dans ce bistrot, et bien je t'avoue que je suis largué... Bon, le miroir est là, mais il sert à quoi ? Je ne comprends pas ce qui arrive à la fin... et c'est vraiment dommage, car j'ai accroché jusqu'au bout grâce à une narration entrainante.
Voilà, je suis donc un poil partagé pour ta nouvelle... désolé.
Endymion- Éventreur titulaire
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Date d'inscription : 27/10/2019
Age : 45
Localisation : Persan
Re: Fin de partie
Merci pour ta lecture !
Voici un mot d'explication sur la chute :
J'avoue qu'on est loin de certaines entrées que j'ai pu lire, où le miroir joue un rôle autrement plus important. Personnellement, j'ai plutôt tendance à pratiquer un fantastique de surface (voire un récit d'ambiance fantastique, sans grande place pour le surnaturel véritable).
Voici un mot d'explication sur la chute :
- Spoiler:
- La bagarre qui éclate entre les trois joueurs mène au bris du miroir, et ce, avant que Patte-de-Bouc et le vendeur n'aient pu se serrer la main et ainsi sceller la transaction. Dès lors, la "morale" est que le petit-neveu opportuniste s'en trouve puni.
J'avoue qu'on est loin de certaines entrées que j'ai pu lire, où le miroir joue un rôle autrement plus important. Personnellement, j'ai plutôt tendance à pratiquer un fantastique de surface (voire un récit d'ambiance fantastique, sans grande place pour le surnaturel véritable).
Re: Fin de partie
Quel beau style flamboyant ! Je ne me suis pas ennuyée. Le ton, l'ambiance est impeccable. Reste que le thème est à peine effleuré et c'est bien dommage... Ta participation est pourtant précieuse même si elle me donne des complexes. Tu as si bien maîtrisé ces jouxtes entre joueurs et joueuses qui se donnent en spectacle. Du bel ouvrage.
Re: Fin de partie
Merci Françoise !
J'avoue avoir peut-être traité le thème avec trop de nonchalance…
J'ai préféré ne lire aucun autre texte avant d'avoir soumis le mien et supposais que chacun ferait un peu comme moi : écrirait une nouvelle impliquant quelque part un miroir. Or, je découvre que les autres entrées non seulement incluent un miroir mais en font l'élément central du récit —le plus souvent même l'élément déclencheur.
Il y a aussi que je n'ai pas écrit un texte à haute "charge dramatique". Il tient plus de la saynète. Donc, forcément, le miroir y joue un rôle de moindre importance… car, en fin de compte, rien n'est si important. On est plutôt dans une histoire triviale, à prétention surtout humoristique.
J'avoue avoir peut-être traité le thème avec trop de nonchalance…
J'ai préféré ne lire aucun autre texte avant d'avoir soumis le mien et supposais que chacun ferait un peu comme moi : écrirait une nouvelle impliquant quelque part un miroir. Or, je découvre que les autres entrées non seulement incluent un miroir mais en font l'élément central du récit —le plus souvent même l'élément déclencheur.
Il y a aussi que je n'ai pas écrit un texte à haute "charge dramatique". Il tient plus de la saynète. Donc, forcément, le miroir y joue un rôle de moindre importance… car, en fin de compte, rien n'est si important. On est plutôt dans une histoire triviale, à prétention surtout humoristique.
Re: Fin de partie
Similien,
Je viens de terminer ton histoire. C’est bien mené, le vocabulaire belge ne m’a pas dérangé.
L’histoire est fluide et se lit vite. Tu as bien contextualisé ton histoire on se croirait dans le chemin de travers de Harry Potter. Les personnages sont bien construit mais survolé du fait de la taille du texte.
Ce qui me dérange et je pense que tu aura peut-être d’autre commentaire allant dans ce sens mais le miroir est plus que secondaire dans ton histoire, comme s’il manquait la suite de l’histoire dans laquelle tu développe son rôle.
Du coup, malgré sa présence, je be sais pas si le thème est respecté ou non.
Je pense qu’une V2 plus longue permettrait sûrement l’introduction du miroir dans l’histoire de manière plus probante.
En tout histoire sympa sur le fond comme sur la forme. J’aimerais en lire d’avantage. Merci pour ta participation.
Je viens de terminer ton histoire. C’est bien mené, le vocabulaire belge ne m’a pas dérangé.
L’histoire est fluide et se lit vite. Tu as bien contextualisé ton histoire on se croirait dans le chemin de travers de Harry Potter. Les personnages sont bien construit mais survolé du fait de la taille du texte.
Ce qui me dérange et je pense que tu aura peut-être d’autre commentaire allant dans ce sens mais le miroir est plus que secondaire dans ton histoire, comme s’il manquait la suite de l’histoire dans laquelle tu développe son rôle.
Du coup, malgré sa présence, je be sais pas si le thème est respecté ou non.
Je pense qu’une V2 plus longue permettrait sûrement l’introduction du miroir dans l’histoire de manière plus probante.
En tout histoire sympa sur le fond comme sur la forme. J’aimerais en lire d’avantage. Merci pour ta participation.
kalcidian- —Couteau Suisse des arts — Disciple des mystères mystérieux
- Messages : 1310
Date d'inscription : 20/10/2013
Age : 45
Localisation : Toulouse
Re: Fin de partie
Bonjour Similien,
Je ne crois pas avoir beaucoup lu de textes venant de toi, il est donc possible que ce soit une première. C'est en effet très bien écrit, mais je n'ai pas réussi à accrocher et tu m'en vois désolé. Pour moi cela ressemble davantage à un exercice de style qu'à une nouvelle. Tu emploies d'ailleurs le mot de saynète dans les commentaires et je crois en effet que c'est le terme qui convient. Plusieurs choses expliquent mon ressenti concernant ton texte. D'abord, je ne suis pas un fan de l'usage des patois quels qu'ils soient (et pourtant en Normandie, où je suis, nous avons aussi nos parlers locaux). À l'écrit, le patois à ceci de particulier qu'il est difficile à lire et à prononcer, même mentalement. Par ailleurs, si l'usage du bar de sorciers est intéressant, tu n'en fais finalement pas grand-chose. Ils jouent, parlent, etc. Tout ce que feraient des personnes sans pouvoirs magiques. Seule l'intervention du vendeur de miroir donne un peu de corps à tes personnages et à ce qu'ils sont. Mais justement, le miroir n'intervient qu'à titre très accessoire. Il n'est pas l'élément central de ton récit. À dire vrai la même histoire aurait pu être écrite sans que ce dernier intervienne. Bref, j'ai trouvé ton style très fluide, l'histoire bien écrite, mais je suis resté extérieur à celle-ci, désolé.
Je ne crois pas avoir beaucoup lu de textes venant de toi, il est donc possible que ce soit une première. C'est en effet très bien écrit, mais je n'ai pas réussi à accrocher et tu m'en vois désolé. Pour moi cela ressemble davantage à un exercice de style qu'à une nouvelle. Tu emploies d'ailleurs le mot de saynète dans les commentaires et je crois en effet que c'est le terme qui convient. Plusieurs choses expliquent mon ressenti concernant ton texte. D'abord, je ne suis pas un fan de l'usage des patois quels qu'ils soient (et pourtant en Normandie, où je suis, nous avons aussi nos parlers locaux). À l'écrit, le patois à ceci de particulier qu'il est difficile à lire et à prononcer, même mentalement. Par ailleurs, si l'usage du bar de sorciers est intéressant, tu n'en fais finalement pas grand-chose. Ils jouent, parlent, etc. Tout ce que feraient des personnes sans pouvoirs magiques. Seule l'intervention du vendeur de miroir donne un peu de corps à tes personnages et à ce qu'ils sont. Mais justement, le miroir n'intervient qu'à titre très accessoire. Il n'est pas l'élément central de ton récit. À dire vrai la même histoire aurait pu être écrite sans que ce dernier intervienne. Bref, j'ai trouvé ton style très fluide, l'histoire bien écrite, mais je suis resté extérieur à celle-ci, désolé.
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 50
Re: Fin de partie
J'ai lu ton texte hier midi, mais j'ai attendu avant de poster mon commentaire, de peur de me tromper mais finalement, voyant que je ne suis pas la seule, je me lance.
Pour moi, le miroir étant le thème, il doit être important. Et dans ton texte, si au lieu d'un miroir tu avais mis "bocal à anchois", eh bien ça n'aurait rien changé du tout. Il est effectivement très secondaire et complètement inutile. C'est le point que je trouve le plus dommage.
Pour le reste, j'avais vraiment accroché au texte, je me suis vraiment retrouvée dans le troquet, même mal à l'aise comme si j'avais été assise à une table là bas ! La narration, les dialogues, le patois, tout marche du tonnerre. J'étais d'autant plus triste que le miroir n'y ai qu'une place anecdotique.
Merci d'avoir participé !
Pour moi, le miroir étant le thème, il doit être important. Et dans ton texte, si au lieu d'un miroir tu avais mis "bocal à anchois", eh bien ça n'aurait rien changé du tout. Il est effectivement très secondaire et complètement inutile. C'est le point que je trouve le plus dommage.
Pour le reste, j'avais vraiment accroché au texte, je me suis vraiment retrouvée dans le troquet, même mal à l'aise comme si j'avais été assise à une table là bas ! La narration, les dialogues, le patois, tout marche du tonnerre. J'étais d'autant plus triste que le miroir n'y ai qu'une place anecdotique.
Merci d'avoir participé !
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 701
Date d'inscription : 26/08/2017
Age : 37
Localisation : Quelque part dans le disque monde
Re: Fin de partie
Bonne chose que j'aie utilisé le système orthographique Feller, alors. Avec d'autres, c'eût été plus compliqué encore. Je crois qu'en wallon unifié (que je ne sais pas vraiment écrire), ç'aurait donné quelque chose comme "boevou del xhalêye bire" !SILENCE a écrit:À l'écrit, le patois à ceci de particulier qu'il est difficile à lire et à prononcer, même mentalement.
J'entends bien la critique que cela ressemble davantage à un exercice de style qu'à une nouvelle. J'avais quand même tâché d'y inclure une chute, mais je conçois bien qu'il manque une unité d'action pour en faire véritablement une nouvelle. Le miroir arrive en effet tardivement (Nao, tu m'as fait rien en parlant de bocal à anchois, et tu n'as pas tort, même s'il serait moins évident d'y enfermer une âme ! ) et, à la réflexion, six personnages, c'est bien trop pour un texte de 5000 signes. Sans doute aurais-je mieux fait d'adopter un point de vue omniscient et d'abandonner l'introduction avec les réflexions du cafetier, qui n'apportent pas grand-chose et créent une sorte de dispersion.
La raison pour laquelle je me suis laissé entrainer à écrire une sorte de "tableau littéraire" est que je n'ai pas considéré ce texte comme autosuffisant. Cela s'est fait spontanément, presque sans le vouloir, mais j'ai écrit une sorte d'annexe à ma série de livres-jeux. Les personnages de Patte-de-Bouc et d'Anastase sont des emprunts à cet univers ; quatre des cinq tomes que j'ai écrits démarrent dans un café tout similaire ; il est possible de jouer au 421 dans un tome et au tarot dans deux autres, etc.
Bref, vu que cela fait des années que je n'avais pas écrit de nouvelle (j'ai vérifié, je n'étais pas parvenu à en achever une depuis 2014), je suis retombé tout de suite dans les ornières de ce qui m'est familier. Or, n'appréhendant pas ce texte comme une entité close, je suppose que je ne me suis pas préoccupé autant que j'aurais dû de sa cohérence interne. Lorsqu'on développe un univers d'une fiction à une autre, je me rends souvent compte qu'il est difficile de se décentrer de sa position d'auteur et de considérer son travail du point de vue du lecteur qui le découvre isolément…
En tout cas, merci pour vos commentaires à tous les trois !
Re: Fin de partie
Similien a écrit:Merci Françoise !
J'avoue avoir peut-être traité le thème avec trop de nonchalance…
J'ai préféré ne lire aucun autre texte avant d'avoir soumis le mien et supposais que chacun ferait un peu comme moi : écrirait une nouvelle impliquant quelque part un miroir. Or, je découvre que les autres entrées non seulement incluent un miroir mais en font l'élément central du récit —le plus souvent même l'élément déclencheur.
Il y a aussi que je n'ai pas écrit un texte à haute "charge dramatique". Il tient plus de la saynète. Donc, forcément, le miroir y joue un rôle de moindre importance… car, en fin de compte, rien n'est si important. On est plutôt dans une histoire triviale, à prétention surtout humoristique.
En effet. Je ne me souviens plus si tu as déjà participé à des concours ici, mais on demande à ce que l'objet du thème-ici le miroir-soit central et pas anecdotique dans l'histoire. Et là, c'est vrai que le miroir a un rôle vraiment secondaire. Mais à part ça, je dois dire que j'ai été emporté par ton style, j'ai vu s'animer les personnages, et, puisqu'on est en Belgique, j'y ai retrouvé une certaine ambiance à la Jean Ray : je verrais bien cette scène dans une taverne d'un port du Nord, ou un vieux bar plein de fumée et de chansons d'une petite rue mal famée, quelques filles de joie au comptoir et des couteau dans les poches des clients. Une ambiance, quoi !
C'est une texte qui va être difficile à classer, à côté des autres, parce qu'il n'est pas dans la même perspective. Les autres ont écrit des nouvelles fantastiques, là, c'est plutôt une fable truculente qui ne tombe pas vraiment dans le fantastique, mais qui le côtoie. Donc, une difficulté de classement de plus pour ce concours !
En tout cas, en te lisant, je me dis qu'il est bien dommage que tu n'écrives pas plus, avec le style que tu as !
Dernière édition par Paladin le Mar 3 Aoû 2021 - 11:09, édité 1 fois
Re: Fin de partie
J'ai beaucoup apprécié le ton, l'ambiance, le patois (merci pour les traductions). Même si je n'ai pas bien compris la fin, j'ai apprécié ce texte. Du bel ouvrage, en effet !
Sacripan- Écritoirien émasculé
- Messages : 353
Date d'inscription : 03/10/2020
Age : 43
Re: Fin de partie
J'en ai faits mais, mon dernier, c'était le concours "classique" n°5, il y a déjà sept ans !Paladin a écrit:Je ne me souviens plus si tu as déjà participé à des concours ici
Désolé d'être un peu hors-sujet. En commençant à écrire, je pensais en fait que ce miroir d'évocation serait plus important. Et puis, je me suis rendu compte que je n'avais pas tant de choses à dire. J'étais déjà à court d'idées après avoir rajouté l'histoire de la grande-tante…
C'est bien repéré : Ray est un des auteurs qui m'inspirent le plus. D'ailleurs, je n'ai pas vérifié, mais je crois qu'il y a un Hildesheim dans les Contes du whisky. En tout cas, j'ai volontairement employé ce nom pour "faire style Jean Ray".Paladin a écrit:je dois dire que j'ai été emporté par ton style, j'ai vu s'animer les personnages, et, puisqu'on est en Belgique, j'y ai retrouvé une certaine ambiance à la Jean Ray
Merci !Paladin a écrit:En tout cas, en te lisant, je me dis qu'il est bien dommage que tu n'écrives pas plus, avec le style que tu as !
C'est vrai que j'ai bien levé le pied, depuis quelques années. C'est moitié "j'écris déjà pour le boulot alors je sature" et moitié "dur de me réconcilier avec l'idée que mes livres ne se vendent pas".
Réécrire des nouvelles me fera peut-être du bien…
Merci !Sacripan a écrit:Même si je n'ai pas bien compris la fin, j'ai apprécié ce texte.
Est-ce que c'est la phrase « Le miroir s’était trouvé sur son chemin… » qui n'est pas assez explicite ?
Re: Fin de partie
Similien a écrit:Merci !Sacripan a écrit:Même si je n'ai pas bien compris la fin, j'ai apprécié ce texte.
Est-ce que c'est la phrase « Le miroir s’était trouvé sur son chemin… » qui n'est pas assez explicite ?
J'ai eu le même souci en lisant, il a fallu que je relise la fin pour voir la phrase. En fait, si tu lis vite, elle se retrouve noyée dans l'action de la bagarre. On est tellement dans l'action que la phrase sur le miroir passe presque inaperçue.
En tous cas c'est ce que j'ai ressenti.
Nao76- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 701
Date d'inscription : 26/08/2017
Age : 37
Localisation : Quelque part dans le disque monde
Re: Fin de partie
Similien, j'avoue avoir apprécié d'avoir l'occasion de lire l'une de tes nouvelles, vu ta discrétion ces dernières années (sept ans !).
On retrouve ici ton style caractérisé par une grande richesse lexicale et l'utilisation de mots rares. Le recours à un vocabulaire spécifiquement belge contribue à enrichir l'ensemble. "Fin de partie" ressuscite l'atmosphère si particulière des récits de Jean Ray, avec ce bouge enfumé et ses habitués s'adonnant au jeu. On peut aussi penser aux histoires des oubliés Erckmann-Chatrian.
Tu as privilégié la création d'une ambiance précise ainsi que la couleur locale et, de ce point de vue, c'est très réussi.
D'autres te reprochent de ne pas avoir suffisamment mis en avant le miroir et d'avoir privilégié l'aspect « saynète »/tableau littéraire réaliste. J'entends parfaitement ce type d'argument. Il n'empêche que ce texte constitue une réussite en soi et se distingue, par son originalité, des autres nouvelles du concours.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
- Messages : 2383
Date d'inscription : 02/10/2013
Age : 57
Localisation : Sud-Est
Re: Fin de partie
Comme mes petits camarades, je n'ai pas saisi la fin.
Le miroir se casse, un gars se sent mal et Patte de bouc sourit. Oui, et?
L'ambiance troquet et les personnages sont bien rendus, de ce coté, c'est du beau travail, surtout en si peu de mots. J'ai vraiment apprécié.
Sur l'usage du wallon, que je baragouine tout de même un peu, je suis plus réservé. C'est une langue parlée, dont seul l'accent local donne la saveur. Même pour moi, écrite, elle ne "sonne" pas.
Le miroir se casse, un gars se sent mal et Patte de bouc sourit. Oui, et?
L'ambiance troquet et les personnages sont bien rendus, de ce coté, c'est du beau travail, surtout en si peu de mots. J'ai vraiment apprécié.
Sur l'usage du wallon, que je baragouine tout de même un peu, je suis plus réservé. C'est une langue parlée, dont seul l'accent local donne la saveur. Même pour moi, écrite, elle ne "sonne" pas.
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