Sur la route détrempée
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Sur la route détrempée
A mon tour de m'essayer aux cinq sens. Je pense avoir visité quatre d'entre eux. C'est vite fait, à l'instant, bien sûr.
Je préfère ouvrir un topic spécifique, faut bien remplir un peu le sous-forum.
Je préfère ouvrir un topic spécifique, faut bien remplir un peu le sous-forum.
- Le texte de départ:
- Michel était énervé. Dans sa voiture, il roulait vite et pestait contre Lisa. Elle l’avait viré comme ça, sans raison. Ou plutôt sur une fausse raison. Elle maintenait que Michel l’avait trompé. Elle avait des preuves : deux cheveux blonds sur sa veste et un texto accusateur. Tout en roulant, Michel l’insultait et rêvait de l’étrangler.
La pluie qui tombait ôtait de la visibilité, il aurait dû être plus prudent, mais sa colère le rendait distrait. Il ne vit pas la silhouette sur la route, sauf au dernier moment, celui du choc.
Il pensa avoir renversé un animal et sortit pour vérifier, mais il découvrit un corps allongé par terre. Paniqué, il remonta au volant et fila sans demander son reste. Il avait oublié Lisa et ses accusations ne gardant en tête que le cadavre sur le bitume.
- Mon essai:
- Mains serrées sur le volant, Michel fonçait dans la nuit. La radio dégueulait un titre d'ACDC dans l'habitacle et couvrait le crépitement de la pluie sur la tôle. Michel n'entendait ni l'un ni l'autre. Mâchoire crispée, il fixait le ruban gris qui défilait sous ses roues.
Lisa.
"Salope !" lâcha-t-il soudain.
"Salope ! Salope ! Salope !"
Son poing s'abattit sur le tableau de bord faisant voler un peu de poussière. Qu'est-ce qui lui prenait ? La tromper ! Comme s'il en avait le temps. Tout ça pour deux cheveux blonds que n'importe qui aurait pu lui refiler. Et puis, c'était quoi cette histoire de texto ?
"C'est quoi ce cœur ? Ta pouffiasse ?"
Elle le savait pourtant que sa patronne signait toujours ainsi. Une excuse, rien qu'une excuse, un prétexte pour le dégager.
Même pas le courage d'assumer son choix. Ah ! Comme il aurait aimé poser ses doigts sur son cou, sentir sa peau frissonnante et puis tout d'un coup, commencer à presser. Doucement, en prenant son temps. Ecouter ses cris devenant des borborygmes, regarder son si joli petit visage passer au rouge, puis au violet, ses yeux s'exorbiter, puis sa langue sortir dans une ultime tentative d'aspirer juste encore un peu d'air. Pour finir, alors qu'elle tomberait dans l'inconscience, sa vessie et ses sphincters se videraient, tachant sa culotte puis le parquet.
Michel reniflait presque les odeurs pestilentielles de sueur, de pisse et de merde. Il posa sa main sur son entrejambe, palpa la bosse durcie. S'il pouvait lui régler son compte, comme ce serait bon.
Il ferma les yeux une seconde, savourant un plaisir imprévu.
Et soudain ce fut le choc. D'instinct, le pied droit enfonça le frein, la voiture entama un tête-à-queue et stoppa son embardée une roue dans le fossé. Michel secoua la tête, reprenant ses esprits.
"Putain ! C'était quoi ?"
Il sonda les ténèbres, tentant d'apercevoir ce qu'il avait heurté. L'averse diluvienne formait un rideau occultant tout ce qui se trouvait à plus de deux mètres, mais il finit par découvrir une forme au sol.
Un animal ? Peut-être un sanglier, il y en avait beaucoup dans les bois alentours. Sa grand-mère serait ravie s'il lui ramenait une bestiole pareille.
"Mon chou, rien ne vaut la viande qu'on chasse soi-même."
Sauf qu'elle n'avait plus la force de courir après le gibier, alors ce serait un beau cadeau.
A peine sorti de son break, la pluie froide l'accueillit.
"Fait chier ! Je vais être trempé."
Pourtant, il se dirigea vers la masse inerte en petites foulées. Autant faire vite. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que la belle surprise pour Mamy n'existait pas. La chose n'était ni un sanglier, ni une quelconque autre bête, mais un homme.
"C'est impossible !"
Il s'approcha encore, comme si la réalité pouvait changer par la seule magie de ses pas successifs, stoppa et resta debout, bras ballants observant le cadavre dont la barbe semblait former une motte d'herbe mouillée. Une rigole de sang s'écoulait de la base du crâne se diluant sur la route détrempée.
"Mais qu'est-ce qu'il foutait là ? Merde ! C'est pas ma faute !"
Un coup de tonnerre suivi d'un éclair creva le paysage. Michel sursauta, regarda autour de lui. A cette heure de la nuit et avec ce temps pourri, le coin était désert, les bois formaient une barrière protectrice de chaque côté. Personne n'avait dû le voir.
"Non personne."
Comme mû par un ressort, il pivota et bondit vers sa voiture. Il devait filer. Rien ne le reliait au mort, il pouvait s'en tirer.
Marche arrière, pneus qui crissent, deux hoquets du moteur, et le meurtrier colla l'accélérateur au plancher, laissant derrière lui sa victime baignant dans la flotte qui ruisselait sur le bitume.
Lisa avait quitté ses pensées, il ne voyait plus que deux yeux immenses qui le fixaient accusateurs, ceux du pauvre gars allongé, ceux qui l'avaient déjà regardé quelques instants plus tôt. Deux yeux sombres qui, il le savait, allaient le poursuivre pour le restant de ses jours.
"C'était pas ma faute mec ! C'était pas ma faute !"
"Tu es sûr ?"
Michel hurla couvrant ACDC qui continuait à tonner ses chansons.
Sur le siège passager, un homme, le visage en sang l'observait.
Re: Sur la route détrempée
C'est magnifique ^_^
Tu as réussi à enrichir considérablement le texte de départ. D'un coup, il y a une puissance qui se dégage alors que le scénario n'a pas changé à part la toute dernière phrase qui demande une suite...
Tu as réussi à enrichir considérablement le texte de départ. D'un coup, il y a une puissance qui se dégage alors que le scénario n'a pas changé à part la toute dernière phrase qui demande une suite...
Re: Sur la route détrempée
La toute dernière phrase est ma petite chute perso. J'ai écrit très vite en suivant juste le scénario de départ et en me concentrant sur les sens (ce que j'oublie souvent quand j'écris), la dernière phrase est venue à la toute fin.
Merci pour cette lecture.
Merci pour cette lecture.
Re: Sur la route détrempée
Ta dernière phrase me fait penser à un vers de Victor Hugo (eh oui je sors les références)
"Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn."
Sinon c'est aussi une belle façon de retravailler le texte de départ et finalement quand je lis ta proposition je me dis que mon truc n'est peut-être pas trop long finalement.
"Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn."
Sinon c'est aussi une belle façon de retravailler le texte de départ et finalement quand je lis ta proposition je me dis que mon truc n'est peut-être pas trop long finalement.
Perroccina- — — — — E.T à moto — — — — Disciple asimovienne
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Date d'inscription : 26/12/2012
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Re: Sur la route détrempée
Merci de ta lecture Perro.
J'essaierai de lire ton essai dans la semaine (si je n'oublie pas ).
J'essaierai de lire ton essai dans la semaine (si je n'oublie pas ).
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