Sur la route

Avec le soleil et la douceur de l'air nous sommes sortis faire un tour aujourd'hui. Pas sûre que la saké ne soit pas un peu responsable de ce qui va suivre, mais j'ai trouvé qu'il serait intéressant de vous faire partager (tenter de vous faire partager) ce que j'éprouvais :

Edité d'après les conseils de Raven

D'un côté, la nature émerge de son sommeil hivernal et les prémices du printemps imposent de plus en plus leurs marques. De l'autre, les Pyrénées parées de blanc retiennent encore les dernières offensives de la saison froide. Combien de fois suis-je passée là ? Je ne compte plus, pourtant je suis toujours autant émerveillée par ces paysages et leurs contrastes. Je ne perds rien de la vue, des senteurs alors que les kilomètres défilent. Le vent sur mon visage emporte avec lui tous mes soucis. Il me lave et me laisse vierge de tout, hormis un sentiment de plaisir intense. Une caresse, à peine, et comme un prolongement de moi-même la machine accélère en douceur. Comme si elle anticipait les courbes de la route, elle s'incline à droite puis à gauche, je deviens moto, elle devient douée de raison. Nous poursuivons notre route, l'asphalte nous appelle et nous invite à célébrer notre union. Je tourne franchement la poignée des gaz, le moteur donne de la voix, un patato de légende qui me grise alors que la machine bondit vers l'avant. Les sensations sont décuplées. La route devient plus sinueuse, la vitesse s'ajuste presque par elle-même. Les angles s'abaissent et la magie m'emporte encore plus loin. Un instant merveilleux où j'ai l'impression de voler au-dessus des méandres que forme le ruban noir.
La nature, soudain, laisse la place aux droites et aux perpendiculaires de la ville, autour de nous la circulation s'intensifie, qu'importe, il est si aisé de slalomer. Pourtant il faut bien finir par s'arrêter, le feu est rouge, à regret je dois poser un pied par terre. La magie s'évanouit et me voilà de nouveau uniquement humaine et non plus femme-machine. J'attends le vert qui nous réunira de nouveau.

Je signe et j'approuve.
Pour le coup, j'ai totalement oublié la notion "technique" de l'écriture, en me laissant simplement porter par le flot de sensations. Tu décris à merveille les sensations grisantes de la chevauchée à deux roues (alors que je n'y ai jamais goûté) et ce texte court se lit, se vit, comme un délicieux instantané.

Bravo Perro, pour moi cet atelier est parfaitement réussi !

P.S: Juste tiqué sur le "au-dessus des méandres que forme le ruban noir. " > le "forme" s'applique-t-il aux méandres ou au ruban noir ? Je suis peut-être une quiche en accords, mais même si le terme est bon, la construction me semble un peu bizarre...

Quand je l'ai écrit, je suppose que je me pensais au ruban noir, d'où l'accord au singulier. Et plus j'y réfléchi, là maintenant, plus ça me semble logique. Merci pour ta lecture et ton appréciation, le but était bien de vous faire partager des sensations, je suis contente si j'y suis parvenue.

Un oubli de mot ("qui me grise alors que la machine") + un anglicisme ("traffic"), sinon rien à redire. On sent le plaisir, le vent dans les cheveux, bref c'est nickel, et soudain la chute : feu rouge. J'ai failli dire qu'il ne s'agissait pas forcément d'un moment banal (après tout, ce qui est banal pour toi ne l'est pas forcément pour les autres), mais la fin feu rouge/feu vert replace tout dans le contexte.

Bel exercice, réussi ! Et je constate en plus que ces nouveaux ateliers relancent la dynamique du forum, malgré un concours en cours.

J'ai bien apprécié aussi d'être embarquée à bord de ta moto et de découvrir ces sensations précieuses.
Impec !

Merci Raven, j'ai corrigé sur le post initial.
Merci Françoise

Super !

Seusl bémols, ce "patato" auquel je suis complétement étranger, et qui me paraît jurer dans la poésie ambiante de ton texte, ainsi que "je deviens moto". Puisque c'est un échange, j'aurais plutôt vu un truc comme "je deviens moteur, elle est douée de raison" ou une forme plus lyrique "j'ai des cylindres dans le ventre, son phare s'éclaire de raison" ....

Sinon, franchement, c'est nickel-chrome !

C'est plus une fusion qu'un échange, mais certes la formule je deviens moto est un peu sèche, je vois ce que tu veux dire. Quant au Patato, c'est ainsi qu'on parle du bruit du moteur sur les forums Harley, j'avoue que je l'ai employé sans trop y penser. Peut-être alors qu'une référence à une "sonorité grave et envoutante qui accélère avec les battements de mon coeur" serait plus appropriée, mais pour moi ce n'est pas le son caractéristique Harley et cela pourrait être n'importe quoi.

Merci pour ta lecture, je vais réfléchir à tes remarques, mais c'est plus délicat à travailler.

Pas grand-chose à dire sur ce petit texte poétique. Tu m'as emmenée sur la route avec toi ! Merci.

Hello perro ! Un mot : TOP !
Honnêtement je n'ai pas lu les commentaires de mes camarades donc j'espère ne pas faire de la redondance.
C'est vraiment très bien écrit. Je me croyais sur la bécane et limite je me penchais avec toi dans les courbes en lisant ton récit. Et surtout, je me suis bien imaginé le décor, les virages, etc.
Vraiment super. Juste un seul regret : Pourquoi ce feu était rouge !??

Stephane a écrit:Hello perro ! Un mot : TOP !

Vraiment super. Juste un seul regret : Pourquoi ce feu était rouge !??

C'est une question que je me pose fréquemment

Bon.
Je vois que je suis le seul à ne pas avoir été... transporté (ah, ah)
Déjà, l'accroche est molle, faite de descriptions un peu lourdes. J'aurais préféré être plongé direct dans l'action. La description du paysage peut venir plus tard.
Ensuite, j'ai vu beaucoup de répétitions qui auraient pu être évitées. Le texte étant court, elles sont d'autant plus présentes. Ok, ça n'a gêné personne... on va dire que je suis un chieur !
La formule "je deviens moto, elle devient douée de raison... " Douée de raison, marque un sens trop large à mon sens. Tu voulais dire pilote, non ? Pourquoi ne pas utiliser ce mot, simple et assimilable immédiatement ? En tout cas, j'aurais mieux compris "je deviens moto, elle devient pilote", dans le sens où c'est la machine qui prend les commandes. Bref.
Je pinaille peut-être, mais du coup, je ne suis pas totalement entré dans le délire. C'est peut-être aussi parce que je n'aime pas la moto (pas taper !)

OK, je tape pas



M'enfin !

Mais c'est vrai que pilote à la place de douée de raison sonne mieux.
L'accroche est molle parce que la sensation démarre lentement : je vois ce que tu veux dire.
Ne pas aimer la moto, c'est possible ça ?

Je l'avais lu et j'avais oublié de laisser un petit commentaire. C'est joliment écrit. On ressent bien l'osmose et le plaisir de la ballade. Mais justement est-ce plutôt là un instant de pur plaisir qu'un instant banal.

J'ai presque cru lire une relation sexuelle entre une femme et une moto. Préliminaires, acte, orgasme, descente. ah ah ah. La montée était bien rendue.