Collection Karnage
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Collection Karnage
Collection KARNAGE
1. SANCTION ! de TALION
Voici ma chronique (postée sur https://www.facebook.com/Ultra-Gore-Officiel-149725735074121) :
Sanction ! est donc le livre qui inaugure la collection KARNAGE, nouvelle collection qui se positionne dans la droite lignée des mythiques GORE du Fleuve Noir (1985-1990) et, plus proches de nous, des TRASH (2013-2016), dont l’arrêt nous chagrina beaucoup. Il y avait un créneau laissé vacant, et Zone 52, petite structure indépendante qui sort un fanzine, des CD, des vinyles, des livres et quelques goodies, en collaboration avec Malpermesita Bookstore, a décidé de reprendre le flambeau en lançant KARNAGE. La filiation avec les GORE est on ne peut plus clairement revendiquée avec le logo de la collection, qui reprend tel quel le « G » dégoulinant de sang de celui de la collection de chez Fleuve Noir. On sait d’emblée où l’on met les pieds.
L’auteur de ce premier petit roman est TALION. Tous les intéressés ont directement compris qui se cache derrière ce pseudonyme, mais jouons le jeu de ne pas citer son vrai nom. C’est très symbolique que ce soit lui l’auteur qui débute la collection, car il est devenu LE spécialiste des GORE, avec d’abord les articles dans son fanzine, puis avec Gore, dissection d’une collection, le livre-référence sur le sujet, sans parler de diverses préfaces, postfaces etc. Ainsi, après avoir beaucoup écrit sur la littérature gore, TALION se lance dans la fiction. Après le petit galop d’essai qu’a constitué sa nouvelle « Dénonciation positive n° 16984-2705493 », il passe donc maintenant au court roman.
Le pitch de Sanction ! : un couple de professeurs enlèvent, séquestrent, torturent, violent et tuent certains de leurs élèves turbulents. Pendant ce temps-là, la police enquête sur ces disparitions suspectes. Avec cette trame classique, TALION ne cherche pas à réinventer le genre, mais apporte sa pierre à l’édifice en se plaçant plutôt sous le patronage de l’un des maîtres de la collection GORE : Charles NÉCRORIAN. Le couple de pervers rappelle celui de Blood-sex de ce dernier, titre qui résume bien l’esprit de Sanction !. Notre auteur va très loin dans l’aspect sanglant ainsi que dans les perversions sexuelles, décrites très crûment. Par moments, il va même plus loin qu’on ne l’aurait imaginé. C’est dire comme il s’est bien lâché ! On a donc affaire à du gore « réaliste » : ici, pas de surnaturel ou de gros monstres sanguinaires. Les monstres sont humains.
En bon amoureux du genre, TALION s’est amusé à glisser de nombreuses références en la matière, allant d’Edgar Allan Poe à Cannibal Holocaust. Et, non content d’évoquer par là son goût pour le « bis » qui tache, il a intégré dans son texte quelques éléments autobiographiques, ce qui ne peut échapper à celui qui connaît un peu l’auteur ou qui a lu son autobiographie parue il y a deux ans. Voir, entre autres, la profession du couple des Lodi (et ce n’est pas le seul exemple). Tant et si bien qu’en lisant le roman, on n’a pas pu s’empêcher d’imaginer le personnage de Gabriel Lodi avec les traits de l’auteur. Ce qui, il faut l’avouer, est assez perturbant au vu des exactions qu’il commet ! Ultime perversion de TALION ? Quoi qu’il en soit, on devine sans mal que le texte a été nourri de certaines frustrations professionnelles et de caractéristiques de notre époque qui lui déplaisent ; ajoutez à cela un contexte d’écriture anxiogène (le confinement lié au Coronavirus), et c’est comme ça qu’on obtient un roman-défouloir qui atteint de délicieuses extrémités. Autant dire qu’on nage en plein politiquement incorrect. Bref, si vous êtes amateurs de gore radical, ne passez pas à côté !
Re: Collection Karnage
2. ACID COP de ZAROFF
Deuxième livre de la collection KARNAGE et quatrième roman gore de Zaroff, les précédents étant Night Stalker, Bayou (tous deux chez TRASH) et Heca-tomb (déjà chez Zone 52), Acid Cop est un hommage aux vigilante movies dans la lignée des Death Wish et autre Dirty Harry, mais en version gore. Il y est question d’un policier borderline, Frank Bereglia, qui, au cours de son enquête sur un meurtre avec viol doublé d’une disparition inquiétante, va tomber sur de dangereux criminels des bas-fonds new-yorkais, lesquels vont le laisser pour mort. Ce qui constituera une grave erreur de leur part, car le lieutenant, mû par une volonté de vivre hors du commun, alimentée par une terrible soif de vengeance, va revenir pour faire le grand ménage dans la Big Apple.
L’un des aspects frappants avec Acid Cop, c’est son côté très référentiel. Ce qui est parfaitement assumé par l’auteur, qui avait frappé fort de ce point de vue avec Heca-tomb, sorte de Bazaar de l’épouvante de King version gore déjà chroniqué sur ce forum. Que ce soit par sa couverture (l’illustration reprenant le visuel de C’est arrivé près de chez vous), par son mot préliminaire, par les œuvres explicitement citées dans le texte ou par les clins d’œil plus indirects, la culture des lecteurs est sollicitée de toutes parts. Sont par exemple cités Sudden Impact, Thriller (Crime à froid), Bullitt, The Time Machine… Autre exemple, à la page 88, l’expression « L’écho de la suppliciée » constitue un clin d’œil à L’Écho des suppliciés de Joël Houssin, numéro 14 de la collection Gore de chez Fleuve Noir. On pourrait s’amuser ainsi longtemps à tout lister.
À l’image de son personnage de tête brûlée (dans tous les sens du terme, d’ailleurs) qui ne recule devant rien pour atteindre son objectif, Zaroff ne recule devant aucun excès, qu’il soit de nature sexuel (viol explicite, partie de baise à l’arrache dans les toilettes du commissariat,…), d’ordre sanguinolent, et, partant, tapant dans le politiquement incorrect. On ne résiste pas au plaisir de partager ce petit extrait nous plongeant en pleine messe noire :
«Le maître de cérémonie sortit un kriss javanais et planta la dague entre les deux seins de la femme repue de foutre.
Il glissa ses mains dans la plaie et traça des signes cabalistiques sur la poitrine béante. Il écarta les plaies et plongea ses mains pour en extirper le cœur palpitant. Il présenta l’organe à l’assemblée prise d’une frénésie indescriptible. Ils chantèrent à l’unisson, se vautrant dans les flaques de sperme que les femmes léchaient en présentant des fesses aux orifices impurs. Le grand prêtre se masturba en dévorant le cœur et éjacula dans le calice » (pp. 130-131).
L’auteur nous livre l’équivalent d’une série B bourrine et jouissive qui coche toutes les cases pour faire plaisir aux fans du genre. Forcément, on en redemande !
Deuxième livre de la collection KARNAGE et quatrième roman gore de Zaroff, les précédents étant Night Stalker, Bayou (tous deux chez TRASH) et Heca-tomb (déjà chez Zone 52), Acid Cop est un hommage aux vigilante movies dans la lignée des Death Wish et autre Dirty Harry, mais en version gore. Il y est question d’un policier borderline, Frank Bereglia, qui, au cours de son enquête sur un meurtre avec viol doublé d’une disparition inquiétante, va tomber sur de dangereux criminels des bas-fonds new-yorkais, lesquels vont le laisser pour mort. Ce qui constituera une grave erreur de leur part, car le lieutenant, mû par une volonté de vivre hors du commun, alimentée par une terrible soif de vengeance, va revenir pour faire le grand ménage dans la Big Apple.
L’un des aspects frappants avec Acid Cop, c’est son côté très référentiel. Ce qui est parfaitement assumé par l’auteur, qui avait frappé fort de ce point de vue avec Heca-tomb, sorte de Bazaar de l’épouvante de King version gore déjà chroniqué sur ce forum. Que ce soit par sa couverture (l’illustration reprenant le visuel de C’est arrivé près de chez vous), par son mot préliminaire, par les œuvres explicitement citées dans le texte ou par les clins d’œil plus indirects, la culture des lecteurs est sollicitée de toutes parts. Sont par exemple cités Sudden Impact, Thriller (Crime à froid), Bullitt, The Time Machine… Autre exemple, à la page 88, l’expression « L’écho de la suppliciée » constitue un clin d’œil à L’Écho des suppliciés de Joël Houssin, numéro 14 de la collection Gore de chez Fleuve Noir. On pourrait s’amuser ainsi longtemps à tout lister.
À l’image de son personnage de tête brûlée (dans tous les sens du terme, d’ailleurs) qui ne recule devant rien pour atteindre son objectif, Zaroff ne recule devant aucun excès, qu’il soit de nature sexuel (viol explicite, partie de baise à l’arrache dans les toilettes du commissariat,…), d’ordre sanguinolent, et, partant, tapant dans le politiquement incorrect. On ne résiste pas au plaisir de partager ce petit extrait nous plongeant en pleine messe noire :
«Le maître de cérémonie sortit un kriss javanais et planta la dague entre les deux seins de la femme repue de foutre.
Il glissa ses mains dans la plaie et traça des signes cabalistiques sur la poitrine béante. Il écarta les plaies et plongea ses mains pour en extirper le cœur palpitant. Il présenta l’organe à l’assemblée prise d’une frénésie indescriptible. Ils chantèrent à l’unisson, se vautrant dans les flaques de sperme que les femmes léchaient en présentant des fesses aux orifices impurs. Le grand prêtre se masturba en dévorant le cœur et éjacula dans le calice » (pp. 130-131).
L’auteur nous livre l’équivalent d’une série B bourrine et jouissive qui coche toutes les cases pour faire plaisir aux fans du genre. Forcément, on en redemande !
Re: Collection Karnage
3. BABY TRAP de Patrice HERR SANG
Patrice Herr Sang, tenancier de la boutique Hors-circuits à Paris, nous abreuve de littérature horrifique depuis des décennies, puisqu’il était déjà de l’aventure « GORE » du Fleuve Noir dans les années 80 avec La Galerie des horreurs (le numéro 58 de la collection) sous son nom de Patrice Lamare, puis avait sorti à la fin des années 2000 chez Tabou Éditions Six cadavres dans un cercle (2008) et Les Griffes de sang (2009), tous deux sous son pseudonyme actuel. Et ça fait sacrément plaisir de voir qu’il effectue son retour au genre dans la collection « KARNAGE », héritière, justement, des « GORE » d’antan !
Arrêtons-nous d’abord un moment sur ce qui constitue pour le lecteur les préliminaires. L’illustration de couverture est lourde de menace et frappe l’imagination, promesse d’horreurs qu’on n’ose même pas imaginer, car tapant en plein dans l’un des grands tabous en vigueur même au sein de notre genre de prédilection : « pas touche aux bébés et aux petits enfants ! ». Or, il s’avère qu’elle est parfaitement représentative de ce que contient ce roman. Vous voilà prévenus… Les amateurs de cinéma d’exploitation apprécieront en sus la citation en exergue de Jess Franco, introduisant bien le thème de la cruauté envers les enfants.
Une vague de crimes odieux perpétrés sur d’innocentes têtes blondes secoue New York. Le nombre de ceux-ci est anormal, vu le court laps de temps concerné, ce qui pousse l’inspecteur James Hendrix à se jeter à corps perdu dans son enquête portant sur ces faits. Le roman est structuré de manière à ce qu’on alterne entre chapitres narrant les meurtres et chapitres retraçant les investigations du policier. Alors, attention, rien ne le laissait présager, mais arrivé au terme de ce livre, on n’aura pas le fin mot de l’histoire, car c’est « à suivre »… Autrement dit, il faudra attendre un Baby Trap 2 pour connaître la suite des méfaits des tueurs de bébés. Autant le savoir d’emblée, histoire de ne pas tomber des nues arrivé à la dernière page. On repérera pas mal de clins d’œil : le nom du personnage principal, bien sûr, mais aussi, par exemple, à Massacre à la tronçonneuse et même à David Didelot, via le personnage de David Diddle Law. Le gros point fort du livre, pour l’amateur de sensations fortes, c’est le caractère choquant, gratuitement méchant, des meurtres, vu l’âge des victimes. Patrice Herr Sang ose en plein là où d’autres renâclent. Un roman-défouloir écrit après être resté enfermé pendant deux heures dans un wagon de train avec un bébé hurlant non-stop ? Ça y ressemble, en tout cas !
En attendant la suite, n’hésitez pas à vous procurer ce premier Baby Trap car il se lit avec plaisir et en a dans le pantalon !
Patrice Herr Sang, tenancier de la boutique Hors-circuits à Paris, nous abreuve de littérature horrifique depuis des décennies, puisqu’il était déjà de l’aventure « GORE » du Fleuve Noir dans les années 80 avec La Galerie des horreurs (le numéro 58 de la collection) sous son nom de Patrice Lamare, puis avait sorti à la fin des années 2000 chez Tabou Éditions Six cadavres dans un cercle (2008) et Les Griffes de sang (2009), tous deux sous son pseudonyme actuel. Et ça fait sacrément plaisir de voir qu’il effectue son retour au genre dans la collection « KARNAGE », héritière, justement, des « GORE » d’antan !
Arrêtons-nous d’abord un moment sur ce qui constitue pour le lecteur les préliminaires. L’illustration de couverture est lourde de menace et frappe l’imagination, promesse d’horreurs qu’on n’ose même pas imaginer, car tapant en plein dans l’un des grands tabous en vigueur même au sein de notre genre de prédilection : « pas touche aux bébés et aux petits enfants ! ». Or, il s’avère qu’elle est parfaitement représentative de ce que contient ce roman. Vous voilà prévenus… Les amateurs de cinéma d’exploitation apprécieront en sus la citation en exergue de Jess Franco, introduisant bien le thème de la cruauté envers les enfants.
Une vague de crimes odieux perpétrés sur d’innocentes têtes blondes secoue New York. Le nombre de ceux-ci est anormal, vu le court laps de temps concerné, ce qui pousse l’inspecteur James Hendrix à se jeter à corps perdu dans son enquête portant sur ces faits. Le roman est structuré de manière à ce qu’on alterne entre chapitres narrant les meurtres et chapitres retraçant les investigations du policier. Alors, attention, rien ne le laissait présager, mais arrivé au terme de ce livre, on n’aura pas le fin mot de l’histoire, car c’est « à suivre »… Autrement dit, il faudra attendre un Baby Trap 2 pour connaître la suite des méfaits des tueurs de bébés. Autant le savoir d’emblée, histoire de ne pas tomber des nues arrivé à la dernière page. On repérera pas mal de clins d’œil : le nom du personnage principal, bien sûr, mais aussi, par exemple, à Massacre à la tronçonneuse et même à David Didelot, via le personnage de David Diddle Law. Le gros point fort du livre, pour l’amateur de sensations fortes, c’est le caractère choquant, gratuitement méchant, des meurtres, vu l’âge des victimes. Patrice Herr Sang ose en plein là où d’autres renâclent. Un roman-défouloir écrit après être resté enfermé pendant deux heures dans un wagon de train avec un bébé hurlant non-stop ? Ça y ressemble, en tout cas !
En attendant la suite, n’hésitez pas à vous procurer ce premier Baby Trap car il se lit avec plaisir et en a dans le pantalon !
Re: Collection Karnage
J'avais fait une petite chronique de SANCTION ! sur la page Facebook de l'Auteur (Et cette chro sera peut-être aussi dans une parution prochaine, à suivre...) :
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Sanctions !" de Talion
Collection Karnage
ATTENTION : contenu très explicite. Réservé à un public majeur et averti.
" Oh, tu peux hurler tant que tu veux, personne ne peut t'entendre.
Eh oui petit salaud, il fallait y penser avant : tu aurais dû travailler quand il était temps. Il fallait écouter tes professeurs, obtempérer ! Et surtout travailler ta grammaire.
L'heure de la sanction a sonné."
Je dois dire que, même si je n'ai pas une très vaste culture du trash, ce petit roman est un des rares que je trouve atteindre le niveau des livres de Sade, dans l'extrême : il a moins la caution "philosophique" du divin marquis, quoi qu'elle ne soit pas absente (La conception du monde du couple est exposée au début), mais pour le reste, tout comme Sade, il nous pousse dans nos ultimes retranchements, mettant en mots les fantasmes les plus insupportables issus de l'esprit humain, le nôtre ! Il nous rappelle que nous partageons notre humanité avec les plus grands criminels, ce qui est fortement dérangeant, et même que ces monstres ont quelque part des sentiments humains : tout comme les chefs nazis, bon pères et bons époux, qui envoyaient des millions de gens à la mort dans les camps, Gabriel et Barbara forment un couple aimant et uni jusque dans l'horreur.
Comme tout livre trash, "Sanctions !" est fortement cathartique : par ses descriptions minutieuses des viols, tortures, meurtres et raffinements sadiques, sans quitter notre sécurité de lecteurs, il nous confronte à la mort et aux abîmes de perversité qui, hélas, ne sont pas du domaine de la fiction. Lire "Sanctions !", comme lire "L'histoire de Juliette" ou "Les cent-vingt journées de Sodome" est donc plus qu'une découverte littéraire, mais une expérience presque initiatique, celle de la descente dans nos enfers intérieurs pour éclairer leurs ténèbres. Les ayant contemplés, nous sommes moins à leur merci, et nous en remontons plus lucides.
Re: Collection Karnage
4. COSMOS CANNIBALE de Jérémie GRIMA
Dans le futur, une famille pensant passer des vacances ensemble sur l’idyllique planète Klendathu est contrainte de dévier la trajectoire de son vaisseau spatial à cause d’un signal de détresse capté par l’intelligence artificielle de l’engin. En vertu d’un certain protocole, ils sont en effet obligés de répondre au signal en allant voir à sa source ce qu’il se passe. Ce qu’ils ignorent, c’est que c’est un piège tendu par une famille de cannibales dégénérés squattant un gigantesque abattoir de l’espace désaffecté…
Ce que nous propose Jérémie Grima, directeur de la présente collection, ce n’est ni plus ni moins qu’un Massacre à la tronçonneuse dans l’espace. Tout y est : l’avertissement préliminaire, la famille de psychopathes, l’ancien abattoir, l’attachement de ces membres à cet endroit, la tronçonneuse menaçante, le grand-père en chaise roulante, la scène de repas, etc. Ce qui change, fondamentalement, c’est le cadre science-fictionnel. Et c’est bien vu, car si au cinéma, on a déjà vu le mélange horreur + SF (sans même parler des Alien et consorts, on pense par exemple à Jason X, Leprechaun 4 : Destination Cosmos, etc.), en revanche, en littérature, le cadre spatial pour un récit gore est davantage original : par exemple, on ne trouve aucun roman de la collection Gore qui aurait exploité ce concept. Et c’est pareil pour les autres collections spécialisées telles que Maniac et Trash. Clairement, cela manquait. Il fallait le faire et Jérémie Grima l’a fait.
La famille de voyageurs est composée d’une jeune femme déjà veuve, de son frère cadet accompagné de sa copine superficielle, de la petite sœur en chaise roulante (état qui va corser les choses face à l’ennemi…) et de leur père, ex-policier. Face à eux, une fratrie dont l’aîné est particulièrement attaché à son hachoir, dont le cadet est adepte de tronçonneuse et dont le benjamin est un estomac sur patte qui n’arrête pas de dire « bonne viande » ; fratrie sur laquelle règne une mère dont la recette de fromage de tête est fameuse, sans oublier le vieux grand-père qui se déplace dans une chaise roulante de compétition. La confrontation entre ces deux clans se fera dans des gerbes de sang… Pourvu d’un prologue qui démarre directement très fort, le récit est bien rythmé et généreux en détails dégueulasses. Les amateurs de gore ne seront pas lésés ! Petite illustration :
« Elle hurla. Celui-ci plongea une lame étincelante dans son bassin, et s’échina à lui découper le ventre de façon méthodique. Elle vomit de douleur. Des grumeaux blanchâtres de bile et de graisse lui éclaboussèrent le visage en rebondissant sur le carrelage, puis se mélangèrent au sang pourpre qui jaillissait à gros bouillons de ses tissus déchirés. L’homme s’aida de ses deux mains pour enfoncer plus profondément la lame dans le ventre de la jeune femme, puis l’incisa du haut vers le bas. Un enchevêtrement de tubes digestifs et d’organes rosâtres s’écrasa sur le sol » (p. 13).
Tout ça répond donc efficacement à nos attentes. Bien joué, M. Grima !
Dans le futur, une famille pensant passer des vacances ensemble sur l’idyllique planète Klendathu est contrainte de dévier la trajectoire de son vaisseau spatial à cause d’un signal de détresse capté par l’intelligence artificielle de l’engin. En vertu d’un certain protocole, ils sont en effet obligés de répondre au signal en allant voir à sa source ce qu’il se passe. Ce qu’ils ignorent, c’est que c’est un piège tendu par une famille de cannibales dégénérés squattant un gigantesque abattoir de l’espace désaffecté…
Ce que nous propose Jérémie Grima, directeur de la présente collection, ce n’est ni plus ni moins qu’un Massacre à la tronçonneuse dans l’espace. Tout y est : l’avertissement préliminaire, la famille de psychopathes, l’ancien abattoir, l’attachement de ces membres à cet endroit, la tronçonneuse menaçante, le grand-père en chaise roulante, la scène de repas, etc. Ce qui change, fondamentalement, c’est le cadre science-fictionnel. Et c’est bien vu, car si au cinéma, on a déjà vu le mélange horreur + SF (sans même parler des Alien et consorts, on pense par exemple à Jason X, Leprechaun 4 : Destination Cosmos, etc.), en revanche, en littérature, le cadre spatial pour un récit gore est davantage original : par exemple, on ne trouve aucun roman de la collection Gore qui aurait exploité ce concept. Et c’est pareil pour les autres collections spécialisées telles que Maniac et Trash. Clairement, cela manquait. Il fallait le faire et Jérémie Grima l’a fait.
La famille de voyageurs est composée d’une jeune femme déjà veuve, de son frère cadet accompagné de sa copine superficielle, de la petite sœur en chaise roulante (état qui va corser les choses face à l’ennemi…) et de leur père, ex-policier. Face à eux, une fratrie dont l’aîné est particulièrement attaché à son hachoir, dont le cadet est adepte de tronçonneuse et dont le benjamin est un estomac sur patte qui n’arrête pas de dire « bonne viande » ; fratrie sur laquelle règne une mère dont la recette de fromage de tête est fameuse, sans oublier le vieux grand-père qui se déplace dans une chaise roulante de compétition. La confrontation entre ces deux clans se fera dans des gerbes de sang… Pourvu d’un prologue qui démarre directement très fort, le récit est bien rythmé et généreux en détails dégueulasses. Les amateurs de gore ne seront pas lésés ! Petite illustration :
« Elle hurla. Celui-ci plongea une lame étincelante dans son bassin, et s’échina à lui découper le ventre de façon méthodique. Elle vomit de douleur. Des grumeaux blanchâtres de bile et de graisse lui éclaboussèrent le visage en rebondissant sur le carrelage, puis se mélangèrent au sang pourpre qui jaillissait à gros bouillons de ses tissus déchirés. L’homme s’aida de ses deux mains pour enfoncer plus profondément la lame dans le ventre de la jeune femme, puis l’incisa du haut vers le bas. Un enchevêtrement de tubes digestifs et d’organes rosâtres s’écrasa sur le sol » (p. 13).
Tout ça répond donc efficacement à nos attentes. Bien joué, M. Grima !
Re: Collection Karnage
5. GOANNA MASSACRE de Thierry PONCET
Cinquième roman paru dans la collection KARNAGE, Goanna Massacre de Thierry Poncet jouit d’une illustration de couverture particulièrement belle, ne misant pas sur le gore, mais sur une composition efficace (vieux visage fantomatique apparaissant dans le ciel, dominant l’ensemble, goanna en avant-plan en bas, prêt à surgir du cadre, sur fond de décors arides) et de superbes tons de couleurs. Le soin apporté aux illustrations de couverture est d’ailleurs l’un des points forts de la collection dans son ensemble.
Thierry Poncet est un auteur qui a pas mal bourlingué dans sa vie (en compagnie de son ami aventurier et écrivain Cizia Zykë) et on peut le deviner à la lecture du présent roman, par l’idée de situer ça dans le bush australien et sa manière de décrire le petit bled paumé dans lequel se déroule l’action, ainsi que sa façon de décrire les relations entre les Blancs et les Aborigènes. La ségrégation raciale y a toujours cours, par exemple les Aborigènes ne peuvent pas entrer dans le bar des Blancs. Tout part d’un terrible événement, où la violence et le racisme des rednecks locaux éclate soudainement. C’en est trop, la doyenne des Aborigènes se rend dans le désert et pratique un rituel magique pour invoquer le grand Goanna afin qu’il venge son peuple en massacrant les ploucs Blancs. Seul ou démultiplié à l’envi, le terrible reptile va s’acquitter méthodiquement de sa tâche…
S’il contient bien des morts sanglantes, ce roman ne fait pas partie de la veine extrême du genre (comme l’était par exemple « Sanctions ! » de Talion). Le plus important, ici, c’est l’atmosphère crasseuse, ses décors (Jarra Creek et ses alentours désertiques) et la galerie de personnages pleins de petitesses : le riche propriétaire terrien appelé Kyle « Kaiser » Kayes III, J.T. Walker, le gérant du drugstore local, le couple Bersikovic, à qui appartient le bar dans lequel s’est déroulé le drame, le marshall Mac Coogan, la grosse brute Eli Shoemaker, etc. Racisme, lâcheté, violence, alcoolisme,… Il est clair que l’humanité ne sort pas grandie sous la plume de Poncet ! N’empêche que, question gore, le passage où le gros reptile se repaît de l’entrejambe de la religieuse perverse est plus que sympathique !
L’auteur calque son style, très expressif, sur l’esprit globalement « beauf » de ses personnages. Son récit est très bien rythmé et alterne d’un personnage à l’autre, proposant ainsi une belle variété de points de vue. L’exploitation des spécificités de l’Australie apporte un plus non négligeable. On serait au cinéma, on parlerait d’un sympathique hommage à l’Ozploitation.
Cinquième roman paru dans la collection KARNAGE, Goanna Massacre de Thierry Poncet jouit d’une illustration de couverture particulièrement belle, ne misant pas sur le gore, mais sur une composition efficace (vieux visage fantomatique apparaissant dans le ciel, dominant l’ensemble, goanna en avant-plan en bas, prêt à surgir du cadre, sur fond de décors arides) et de superbes tons de couleurs. Le soin apporté aux illustrations de couverture est d’ailleurs l’un des points forts de la collection dans son ensemble.
Thierry Poncet est un auteur qui a pas mal bourlingué dans sa vie (en compagnie de son ami aventurier et écrivain Cizia Zykë) et on peut le deviner à la lecture du présent roman, par l’idée de situer ça dans le bush australien et sa manière de décrire le petit bled paumé dans lequel se déroule l’action, ainsi que sa façon de décrire les relations entre les Blancs et les Aborigènes. La ségrégation raciale y a toujours cours, par exemple les Aborigènes ne peuvent pas entrer dans le bar des Blancs. Tout part d’un terrible événement, où la violence et le racisme des rednecks locaux éclate soudainement. C’en est trop, la doyenne des Aborigènes se rend dans le désert et pratique un rituel magique pour invoquer le grand Goanna afin qu’il venge son peuple en massacrant les ploucs Blancs. Seul ou démultiplié à l’envi, le terrible reptile va s’acquitter méthodiquement de sa tâche…
S’il contient bien des morts sanglantes, ce roman ne fait pas partie de la veine extrême du genre (comme l’était par exemple « Sanctions ! » de Talion). Le plus important, ici, c’est l’atmosphère crasseuse, ses décors (Jarra Creek et ses alentours désertiques) et la galerie de personnages pleins de petitesses : le riche propriétaire terrien appelé Kyle « Kaiser » Kayes III, J.T. Walker, le gérant du drugstore local, le couple Bersikovic, à qui appartient le bar dans lequel s’est déroulé le drame, le marshall Mac Coogan, la grosse brute Eli Shoemaker, etc. Racisme, lâcheté, violence, alcoolisme,… Il est clair que l’humanité ne sort pas grandie sous la plume de Poncet ! N’empêche que, question gore, le passage où le gros reptile se repaît de l’entrejambe de la religieuse perverse est plus que sympathique !
L’auteur calque son style, très expressif, sur l’esprit globalement « beauf » de ses personnages. Son récit est très bien rythmé et alterne d’un personnage à l’autre, proposant ainsi une belle variété de points de vue. L’exploitation des spécificités de l’Australie apporte un plus non négligeable. On serait au cinéma, on parlerait d’un sympathique hommage à l’Ozploitation.
Re: Collection Karnage
6. FIRENZE ROSSA de David DIDELOT
Firenze Rossa est le second roman gore de David Didelot et le numéro 6 de la collection KARNAGE. Avec ce livre, l’auteur de Sanctions ! s’est fait particulièrement plaisir en y mêlant bon nombre de ses passions : le Giallo (auquel il a consacré notamment un gros dossier dans le magazine L’Écran Fantastique Vintage n° 02 ) et le cinéma « bis » en général (auquel il a consacré une grande partie de sa vie, via, entre autres ses fanzines Vidéotopsie), la ville de Florence, le tueur en série (ou les tueurs, le flou persiste) surnommé « le Monstre de Florence » (auquel il a consacré le fanzine one shot Le Monstre de Florence – Autopsie d’un Mythe Criminel), le gore (auquel il a consacré, dans sa déclinaison littéraire, le livre Gore – Dissection d’une collection paru chez Artus Films), l’érotisme et la pornographie (auxquelles se rattache son tout récent fanzine Erotic Bazar – Chroniques de l’alcôve) et les fumetti neri (un futur projet de livre ?).
Florence, 1974 : quelques copains adolescents sortant de la projection d’un film érotique, bien chauffés par ce qu’ils ont vu, décident de suivre un couple dont la femme affole leurs sens. Ils se retrouvent ainsi dans un club libertin, dont le patron n’est pas très regardant quant à l’âge de ses clients. Mais dans ce temple de la luxure, les choses vont gravement déraper…
Florence, 1985 : une série de meurtres abominables va ensanglanter la ville. Comme si elle n’en avait pas eu assez avec les crimes d’Il Mostro… N’est-ce pas son œuvre, justement ? La police écarte directement cette hypothèse : même si on pourrait le croire à première vue, trop d’éléments ne concordent pas.
Firenze Rossa prolonge de manière très intéressante Le Monstre de Florence – Autopsie d’un Mythe Criminel. Ça peut paraître un peu bizarre dit comme ça, car l’un est un petit roman de fiction et l’autre une espèce d’essai sous forme de fanzine, mais les obsessions présentes dans le discours factuel de ce dernier viennent délicieusement s’incarner dans la fiction proposée. Même si ça ne raconte pas l’histoire des crimes du « Monstre », David crée un lien direct avec cette affaire. Il rend hommage au Giallo décadent, du type Giallo a Venezia, Play Motel etc. Dimension « Giallo » dont rend bien compte l’illustration de couverture, signée Will Argunas, comme les autres de la collection. On trouve dans ce roman beaucoup de sexe déviant. Viols, partouzes dans les clubs libertins avec douches dorées et autres friandises sulfureuses… L’auteur nous promène, non sans délectation, dans les quartiers chauds de Florence, avec un souci de la topographie à la fois rigoureuse et fantasmatique. Les meurtres, quant à eux, sont bien sadiques et explicites, impliquant notamment des mutilations sexuelles. En somme, un festival de fluides corporels : sang, sperme, cyprine, salive, urine, matière fécale, pus… (c’est Éric Falardeau, auteur de l’essai savant Le Corps souillé – Gore, pornographie et fluides corporels, qui devrait apprécier !). Les blessures de la ville ne semblent pas vouloir se cicatriser sainement, à l’image d’une partie du corps d’un des personnages qui hante ses rues. Comme il l’avait déjà prouvé avec son précédent livre, David s’y entend pour décrire des scènes bien crades mêlant Eros et Thanatos. D’ailleurs, concernant Sanctions !, un clin d’œil à celui-ci s’est glissé dans Firenze Rossa. Et à propos de clins d’œil et références, de nombreuses œuvres y sont citées : par exemple, les films Adolescenza perversa, Spasmo, Il Piacere alias La Femme pervertie, I Ragazzi del Massacro, le fumetto L’Assassino del Bisturi,… Pour ce qui est de la dimension policière (qui dit Giallo dit policier), juste une petite remarque : pour qui connaît un minimum les ficelles du genre et est attentif aux détails, l’identité de l’assassin peut être devinée un tantinet trop tôt dans le déroulement du récit. Cela n’est préjudiciable que pour le lecteur qui voulait absolument un « whodunit » qui laisse sur le cul lors de la révélation finale. Quoi qu’il en soit, le plaisir de lecture est là, avec ou sans grosse surprise. Ce second roman vient confirmer le statut de nouvel auteur gore de David Didelot. « Encore ! », s’écrie le peuple avide de sensations fortes !
Firenze Rossa est le second roman gore de David Didelot et le numéro 6 de la collection KARNAGE. Avec ce livre, l’auteur de Sanctions ! s’est fait particulièrement plaisir en y mêlant bon nombre de ses passions : le Giallo (auquel il a consacré notamment un gros dossier dans le magazine L’Écran Fantastique Vintage n° 02 ) et le cinéma « bis » en général (auquel il a consacré une grande partie de sa vie, via, entre autres ses fanzines Vidéotopsie), la ville de Florence, le tueur en série (ou les tueurs, le flou persiste) surnommé « le Monstre de Florence » (auquel il a consacré le fanzine one shot Le Monstre de Florence – Autopsie d’un Mythe Criminel), le gore (auquel il a consacré, dans sa déclinaison littéraire, le livre Gore – Dissection d’une collection paru chez Artus Films), l’érotisme et la pornographie (auxquelles se rattache son tout récent fanzine Erotic Bazar – Chroniques de l’alcôve) et les fumetti neri (un futur projet de livre ?).
Florence, 1974 : quelques copains adolescents sortant de la projection d’un film érotique, bien chauffés par ce qu’ils ont vu, décident de suivre un couple dont la femme affole leurs sens. Ils se retrouvent ainsi dans un club libertin, dont le patron n’est pas très regardant quant à l’âge de ses clients. Mais dans ce temple de la luxure, les choses vont gravement déraper…
Florence, 1985 : une série de meurtres abominables va ensanglanter la ville. Comme si elle n’en avait pas eu assez avec les crimes d’Il Mostro… N’est-ce pas son œuvre, justement ? La police écarte directement cette hypothèse : même si on pourrait le croire à première vue, trop d’éléments ne concordent pas.
Firenze Rossa prolonge de manière très intéressante Le Monstre de Florence – Autopsie d’un Mythe Criminel. Ça peut paraître un peu bizarre dit comme ça, car l’un est un petit roman de fiction et l’autre une espèce d’essai sous forme de fanzine, mais les obsessions présentes dans le discours factuel de ce dernier viennent délicieusement s’incarner dans la fiction proposée. Même si ça ne raconte pas l’histoire des crimes du « Monstre », David crée un lien direct avec cette affaire. Il rend hommage au Giallo décadent, du type Giallo a Venezia, Play Motel etc. Dimension « Giallo » dont rend bien compte l’illustration de couverture, signée Will Argunas, comme les autres de la collection. On trouve dans ce roman beaucoup de sexe déviant. Viols, partouzes dans les clubs libertins avec douches dorées et autres friandises sulfureuses… L’auteur nous promène, non sans délectation, dans les quartiers chauds de Florence, avec un souci de la topographie à la fois rigoureuse et fantasmatique. Les meurtres, quant à eux, sont bien sadiques et explicites, impliquant notamment des mutilations sexuelles. En somme, un festival de fluides corporels : sang, sperme, cyprine, salive, urine, matière fécale, pus… (c’est Éric Falardeau, auteur de l’essai savant Le Corps souillé – Gore, pornographie et fluides corporels, qui devrait apprécier !). Les blessures de la ville ne semblent pas vouloir se cicatriser sainement, à l’image d’une partie du corps d’un des personnages qui hante ses rues. Comme il l’avait déjà prouvé avec son précédent livre, David s’y entend pour décrire des scènes bien crades mêlant Eros et Thanatos. D’ailleurs, concernant Sanctions !, un clin d’œil à celui-ci s’est glissé dans Firenze Rossa. Et à propos de clins d’œil et références, de nombreuses œuvres y sont citées : par exemple, les films Adolescenza perversa, Spasmo, Il Piacere alias La Femme pervertie, I Ragazzi del Massacro, le fumetto L’Assassino del Bisturi,… Pour ce qui est de la dimension policière (qui dit Giallo dit policier), juste une petite remarque : pour qui connaît un minimum les ficelles du genre et est attentif aux détails, l’identité de l’assassin peut être devinée un tantinet trop tôt dans le déroulement du récit. Cela n’est préjudiciable que pour le lecteur qui voulait absolument un « whodunit » qui laisse sur le cul lors de la révélation finale. Quoi qu’il en soit, le plaisir de lecture est là, avec ou sans grosse surprise. Ce second roman vient confirmer le statut de nouvel auteur gore de David Didelot. « Encore ! », s’écrie le peuple avide de sensations fortes !
Dernière édition par Sangore le Sam 6 Mai 2023 - 19:50, édité 1 fois
Re: Collection Karnage
7. TOO DEAD FOR LOVE de Crazy CRÜE
Too Dead For Love s’inscrit dans la mini veine des récits associant Hard Rock/Metal et Horreur/Gore. Au cinéma, on trouve par exemple Hard Rock Zombies (1985), Black Roses (1988) ou, plus récemment, Deathgasm (2015) et Studio 666 (2022). En littérature gore, on se souvient de Clip de sang (1986) de Christian Vilà dans la collection Gore et de Sous la peau (2014), avec son Lord Vermin, de Nelly Chadour dans la collection Trash. L’association des deux univers apparaît comme une évidence, tant l’imagerie de nombreux styles de Metal va puiser dans le registre horrifique et la présence d’un tel roman dans la collection Karnage paraissait aller d’autant plus de soi que le « boss » de Zone 52 Éditions, Jérémie Grima, est très impliqué dans la scène Metal : il a lancé son propre groupe, The Black Noodle Project, faisant dans le « Post Rock atmosphérique teinté de Metal » (même si, entretemps, il a pris ses distances avec celui-ci pour mieux gérer son activité éditoriale), a écrit plusieurs livres sur le sujet (Trace écrite, Metal Bunker,…), etc. Il aura donc fallu attendre ce septième numéro pour que cette « évidence » se concrétise.
On doit ce roman à Cräzy Crüe, qui avait publié Carnage chez Trash en 2016 sous le pseudo de Crazy Farmer (marrant comme il adapte son nom en fonction de l’univers dépeint). Plus encore que ses prédécesseurs, l’auteur signe un pur livre « écrit par un fan à destination des fans ». Bien que ce soit une fiction, toutes les grandes figures du Glam Metal interviennent dans l’histoire : Nikky Sixx (de Mötley Crüe), Blackie Lawless (de W.A.S.P.), Dee Snider (de Twisted Sister), Tom Keifer (de Cinderella), Jon Bon Jovi… : ils sont tous là. Par ailleurs, le choix du pseudo, l’illustration de couverture et le titre sont autant d’hommages aux Mötley Crüe et en particulier à leur album Too Fast For Love. Cette accumulation de noms et de clins d’œil est à double tranchant : ça rallie les fans, par contre les non-initiés pourront être un peu perdus par moments. Mais de quoi est-il question ? En pleine tournée avec son band, le leader d’un groupe de Glam Metal, les Royal Mercury, se rend compte que le gourou d’une secte religieuse a décidé d’éradiquer tous les représentants du Hair Metal grâce à un plan machiavélique où de jeunes et belles « groupies » sont utilisées comme « chevaux de Troie », si l’on peut dire… C’est l’hécatombe. Les metalleux américains vont s’unir pour organiser une sanglante contre-offensive…
Tout y est : concert, presse spécialisée, luxure, drogues, chevauchées à moto et carrément Satan lui-même, morts-vivants etc. Le roman est introduit par un article d’un journaliste à qui les Royal Mercury ont accepté de donner une interview. Procédé qui donne un côté (faussement) vrai et qui permet de présenter le groupe dont fait partie celui qui s’avèrera être le personnage principal par la suite. En fait, cet aspect « presse » encadre tout le roman, car on retrouve pareil article en guise de conclusion. Vu la couverture et étant donné le cliché de la « rock star » à la vie dissolue, il paraissait logique qu’il y aurait un mélange de sexe et de gore, ce qui est bel et bien le cas. Petit exemple :
« La fille tente de se dégager, mais le mal est déjà à l’œuvre, en elle, sur elle, elle en a partout. Des pans entiers de chair se détachent de son visage. Son nez n’est déjà plus qu’un lointain souvenir, une ombre tout au plus. En ces lieux et places, un trou béant qui mène tout droit à l’intérieur de son crâne. Un trou béant dans lequel Tom enfouit son membre à nouveau durci.
Et alors il recommence à la baiser. Encore et encore.
Et encore » (pp. 150-151).
Too Dead For Love n’est pas forcément le meilleur livre de la collection et, de l’auteur, on avait préféré son survival Carnage, essentiellement pour une question d’univers, mais les fans de Hard Rock/Metal ont largement de quoi être aux anges avec ce roman.
Too Dead For Love s’inscrit dans la mini veine des récits associant Hard Rock/Metal et Horreur/Gore. Au cinéma, on trouve par exemple Hard Rock Zombies (1985), Black Roses (1988) ou, plus récemment, Deathgasm (2015) et Studio 666 (2022). En littérature gore, on se souvient de Clip de sang (1986) de Christian Vilà dans la collection Gore et de Sous la peau (2014), avec son Lord Vermin, de Nelly Chadour dans la collection Trash. L’association des deux univers apparaît comme une évidence, tant l’imagerie de nombreux styles de Metal va puiser dans le registre horrifique et la présence d’un tel roman dans la collection Karnage paraissait aller d’autant plus de soi que le « boss » de Zone 52 Éditions, Jérémie Grima, est très impliqué dans la scène Metal : il a lancé son propre groupe, The Black Noodle Project, faisant dans le « Post Rock atmosphérique teinté de Metal » (même si, entretemps, il a pris ses distances avec celui-ci pour mieux gérer son activité éditoriale), a écrit plusieurs livres sur le sujet (Trace écrite, Metal Bunker,…), etc. Il aura donc fallu attendre ce septième numéro pour que cette « évidence » se concrétise.
On doit ce roman à Cräzy Crüe, qui avait publié Carnage chez Trash en 2016 sous le pseudo de Crazy Farmer (marrant comme il adapte son nom en fonction de l’univers dépeint). Plus encore que ses prédécesseurs, l’auteur signe un pur livre « écrit par un fan à destination des fans ». Bien que ce soit une fiction, toutes les grandes figures du Glam Metal interviennent dans l’histoire : Nikky Sixx (de Mötley Crüe), Blackie Lawless (de W.A.S.P.), Dee Snider (de Twisted Sister), Tom Keifer (de Cinderella), Jon Bon Jovi… : ils sont tous là. Par ailleurs, le choix du pseudo, l’illustration de couverture et le titre sont autant d’hommages aux Mötley Crüe et en particulier à leur album Too Fast For Love. Cette accumulation de noms et de clins d’œil est à double tranchant : ça rallie les fans, par contre les non-initiés pourront être un peu perdus par moments. Mais de quoi est-il question ? En pleine tournée avec son band, le leader d’un groupe de Glam Metal, les Royal Mercury, se rend compte que le gourou d’une secte religieuse a décidé d’éradiquer tous les représentants du Hair Metal grâce à un plan machiavélique où de jeunes et belles « groupies » sont utilisées comme « chevaux de Troie », si l’on peut dire… C’est l’hécatombe. Les metalleux américains vont s’unir pour organiser une sanglante contre-offensive…
Tout y est : concert, presse spécialisée, luxure, drogues, chevauchées à moto et carrément Satan lui-même, morts-vivants etc. Le roman est introduit par un article d’un journaliste à qui les Royal Mercury ont accepté de donner une interview. Procédé qui donne un côté (faussement) vrai et qui permet de présenter le groupe dont fait partie celui qui s’avèrera être le personnage principal par la suite. En fait, cet aspect « presse » encadre tout le roman, car on retrouve pareil article en guise de conclusion. Vu la couverture et étant donné le cliché de la « rock star » à la vie dissolue, il paraissait logique qu’il y aurait un mélange de sexe et de gore, ce qui est bel et bien le cas. Petit exemple :
« La fille tente de se dégager, mais le mal est déjà à l’œuvre, en elle, sur elle, elle en a partout. Des pans entiers de chair se détachent de son visage. Son nez n’est déjà plus qu’un lointain souvenir, une ombre tout au plus. En ces lieux et places, un trou béant qui mène tout droit à l’intérieur de son crâne. Un trou béant dans lequel Tom enfouit son membre à nouveau durci.
Et alors il recommence à la baiser. Encore et encore.
Et encore » (pp. 150-151).
Too Dead For Love n’est pas forcément le meilleur livre de la collection et, de l’auteur, on avait préféré son survival Carnage, essentiellement pour une question d’univers, mais les fans de Hard Rock/Metal ont largement de quoi être aux anges avec ce roman.
Re: Collection Karnage
8. COURS, CHRISTINE, COURS ! de KASPROWIAK
Cours, Christine, cours ! semble être le premier roman gore « pur et dur » de Kasprowiak, auteur plus connu sous le nom de Benoit Herbet, ayant jusqu’ici sorti des thrillers et des romans fantastiques (L’Ombre de la Chimère, Rouge Baiser, La Maison Stassen, Le Bathory, Parmi les Morts…). Autant le dire tout de suite, ce huitième KARNAGE est réussi à plus d’un titre.
Il commence comme un Slasher basique et très rentre-dedans, avec ses personnages qui ne pensent qu’à s’envoyer en l’air (promesse de plan à quatre dans un mas provençal) bientôt coursés par un tueur masqué au physique d’armoire à glace, doué d’une force surhumaine et qui a l’air invincible (il se fait renverser par une voiture, puis se prend des balles de revolver et continue son chemin comme si de rien n’était). Bref, un émule de Jason Voorhees dont le principal trait distinctif est son masque à l’effigie de Margaret Thatcher. À ce sujet, un petit regret : dommage que l’histoire ne justifie pas le choix de ce masque-là en particulier. Mais arrivé aux deux tiers du livre, il prend une tournure inattendue en se muant en horreur explicitement lovecraftienne. On n’en dira pas plus à ce sujet… Ce virage est réussi et rend ce récit d’autant plus passionnant.
Une autre transition a lieu au cours de l’histoire, une transition géographique. En effet, on passe de la France, avec son mas, Montpellier, la Haute-Saône, etc., à la Belgique, avec Ostende, une maison de style Art Nouveau, la mer du Nord, Bruxelles, la foire du Midi, etc. Cet ancrage belge dans la seconde moitié du roman a quelque chose d’irrésistible et confère à l’ensemble un petit surcroît d’originalité. On n’a pas trop l’habitude de ce cadre pour un Slasher (et plus...), genre auquel on associe bien davantage les U.S.A. Le point de départ n’est guère surprenant venant d’une collection française, mais cette incursion belge est donc une jolie petite surprise. L’incontournable sachet de frites noyées de mayonnaise, les allusions aux Lèvres Rouges d’Harry Kümel, aux tueurs du Brabant, à la guerre des polices (police vs. gendarmerie), etc., tout cela donne une saveur particulière à ce roman. Surtout que l’action se déroule dans les années 80 (l’été 1984, pour être précis), ce qui ajoute un charme supplémentaire.
Voilà pour la toile de fonds. En ce qui concerne le gore, il est bien sûr présent, on est dans la collection KARNAGE, mais ce n’est pas forcément ce qu’on en retient en premier lieux. Bref extrait :
« Des morceaux de viscères s’accrochent brièvement au pal métallique, pendouillent, et d’une pichenette, le tueur projette la bidoche sur le visage de Laurent.
À plusieurs reprises, ce fou soulève et abaisse le pieu mécaniquement, aussi bien dans les chairs tendres du bas-ventre qu’à travers les côtes et le sternum de sa proie. Parfois, le manche se coince dans les os qu’il brise sans pitié » (p. 31).
Ça se lit facilement et rapidement. C’est très bien rythmé, haletant et rempli de bons ingrédients (encore une fois, on reste vague à ce sujet pour ne pas gâcher la surprise). Les amateurs de Slashers apprécieront, mais ce n’est donc pas seulement une histoire de tueur en série… Voilà encore une lecture recommandée !
Cours, Christine, cours ! semble être le premier roman gore « pur et dur » de Kasprowiak, auteur plus connu sous le nom de Benoit Herbet, ayant jusqu’ici sorti des thrillers et des romans fantastiques (L’Ombre de la Chimère, Rouge Baiser, La Maison Stassen, Le Bathory, Parmi les Morts…). Autant le dire tout de suite, ce huitième KARNAGE est réussi à plus d’un titre.
Il commence comme un Slasher basique et très rentre-dedans, avec ses personnages qui ne pensent qu’à s’envoyer en l’air (promesse de plan à quatre dans un mas provençal) bientôt coursés par un tueur masqué au physique d’armoire à glace, doué d’une force surhumaine et qui a l’air invincible (il se fait renverser par une voiture, puis se prend des balles de revolver et continue son chemin comme si de rien n’était). Bref, un émule de Jason Voorhees dont le principal trait distinctif est son masque à l’effigie de Margaret Thatcher. À ce sujet, un petit regret : dommage que l’histoire ne justifie pas le choix de ce masque-là en particulier. Mais arrivé aux deux tiers du livre, il prend une tournure inattendue en se muant en horreur explicitement lovecraftienne. On n’en dira pas plus à ce sujet… Ce virage est réussi et rend ce récit d’autant plus passionnant.
Une autre transition a lieu au cours de l’histoire, une transition géographique. En effet, on passe de la France, avec son mas, Montpellier, la Haute-Saône, etc., à la Belgique, avec Ostende, une maison de style Art Nouveau, la mer du Nord, Bruxelles, la foire du Midi, etc. Cet ancrage belge dans la seconde moitié du roman a quelque chose d’irrésistible et confère à l’ensemble un petit surcroît d’originalité. On n’a pas trop l’habitude de ce cadre pour un Slasher (et plus...), genre auquel on associe bien davantage les U.S.A. Le point de départ n’est guère surprenant venant d’une collection française, mais cette incursion belge est donc une jolie petite surprise. L’incontournable sachet de frites noyées de mayonnaise, les allusions aux Lèvres Rouges d’Harry Kümel, aux tueurs du Brabant, à la guerre des polices (police vs. gendarmerie), etc., tout cela donne une saveur particulière à ce roman. Surtout que l’action se déroule dans les années 80 (l’été 1984, pour être précis), ce qui ajoute un charme supplémentaire.
Voilà pour la toile de fonds. En ce qui concerne le gore, il est bien sûr présent, on est dans la collection KARNAGE, mais ce n’est pas forcément ce qu’on en retient en premier lieux. Bref extrait :
« Des morceaux de viscères s’accrochent brièvement au pal métallique, pendouillent, et d’une pichenette, le tueur projette la bidoche sur le visage de Laurent.
À plusieurs reprises, ce fou soulève et abaisse le pieu mécaniquement, aussi bien dans les chairs tendres du bas-ventre qu’à travers les côtes et le sternum de sa proie. Parfois, le manche se coince dans les os qu’il brise sans pitié » (p. 31).
Ça se lit facilement et rapidement. C’est très bien rythmé, haletant et rempli de bons ingrédients (encore une fois, on reste vague à ce sujet pour ne pas gâcher la surprise). Les amateurs de Slashers apprécieront, mais ce n’est donc pas seulement une histoire de tueur en série… Voilà encore une lecture recommandée !
Re: Collection Karnage
9. MILANO SANGUINA de Julien CALDIRONI
Julien Heylbroek, devenu entre-temps Julien Caldironi, avait cofondé les éditions TRASH avec Schweinhund, où il avait publié deux romans : Pestilence et Garbage Rampage, deux grands crus de la maison d’édition/collection. KARNAGE ayant repris le flambeau en tant que collection française spécialisée dans le roman gore en format poche et héritière de la collection GORE, cela fait particulièrement plaisir d’y voir édité un nouveau roman de Julien. Parce que c’est symbolique, parce que ça montre que notre auteur n’a pas tourné la page du gore et parce que c’est promesse de nouveaux plaisirs littéraires, l’homme ne nous ayant jamais déçu au rayon gore.
Milano Sanguina, sous-titré La Polizia ha fame di giustizia, nous plonge dans l’Italie des années 70. Après l’hommage au Giallo de David Didelot avec Firenze Rossa dans la même collection, place à l’hommage au Poliziottesco. Les genres cinématographiques typés « Italie » + « années 70 » ont la cote ces dernières années, et c’est tant mieux. Le personnage principal est un commissaire de police. Il mène deux enquêtes de front, l’une sur une série de meurtres d’enfants, l’autre sur un scandale alimentaire qui semble vouloir être étouffé par la mafia ; ces deux affaires le confrontent à des gens puissants du pays. Le cadre de cette histoire est Milan, ville dont le choix n’est pas innocent, une série de films du genre se servant de ses décors pour leurs histoires (Milan Calibre 9, Passeport pour deux tueurs, Coup de gueule alias Milano… Difendersi o morire,…). Outre l’histoire, son époque et ses lieux, l’auteur a parsemé son texte de multiples clins d’œil (au Poliziottesco comme à d’autres genres populaires typiquement italiens, tels le Western spaghetti ou le Giallo) que les fans s’amuseront à repérer. En voici quelques exemples : « Et ici, le corps présente des traces de violence charnelles » (p. 13) renvoie au titre original de Torso (I Corpi presentano tracce di violenza carnale) ; le commissaire est explicitement comparé à l’acteur Fabio Testi, l’une des stars du genre (Big Racket d’Enzo G. Castellari, La Guerre des gangs de Lucio Fulci…) ; un moment où le commissaire passe devant la devanture d’un cinéma fournit l’occasion de citer plusieurs titres (Napoli violenta, Brigade spéciale, etc.) via les affiches qui y trônent… Cela va jusqu’aux petits détails comme l’incontournable bouteille de whisky J&B ou le modèle du véhicule du héros, typique de l’époque.
Mais ce n’est pas tout. Au Néo-Polar italien s’ajoute une bonne dose de Nunsploitation. Il faut dire que c’est une catégorie du cinéma d’exploitation où l’Italie s’est également joliment illustrée (qu’on pense par exemple à Emmanuelle et les collégiennes, Les Amours interdites d’une religieuse, La Petite Sœur du diable, Le Couvent des pécheresses ou encore à L’Autre enfer). Un des personnages, une jeune femme, a été placé contre son gré par ses parents dans un couvent dirigé d’une main de fer par une mère supérieure rigoriste. Comme elle vit sa situation comme un emprisonnement et qu’en sus, elle est tiraillée par une libido débordante, autant dire qu’elle ne va pas très bien vivre son noviciat… Cela nous vaut quelques passages érotiques explicites. Ça pourrait apparaître comme une greffe forcée à l’histoire, un simple caprice d’auteur voulant à tout prix rendre hommage à ce filon, mais cela fait sens lors de la résolution de l’intrigue (quoique cette pratique paraisse un brin anachronique pour cette époque). Tout ça pour dire que l’amateur de cinéma bis italien se sent comme chez lui et ronronne de plaisir en tournant les pages de ce roman.
Plaisir qui n’est pas seulement procuré par l’immersion dans les univers évoqués et leurs codes, mais aussi par le savoir-faire de Julien Caldironi : style agréable, trouvant l’équilibre entre le souci de bien écrire et la pure efficacité, bonne construction du récit, qui maintient le suspense et l’attention, faculté de faire vivre des personnages malgré les contraintes liées au fait d’aboutir à un roman très court qui doit aller vite, et, si l’on n’est pas en présence du plus extrême des KARNAGE, il y a un bon dosage des différents éléments aptes à titiller l’amateur de littérature populaire : mystère, action, érotisme et gore. Petit extrait illustrant ce dernier ingrédient :
« Il baigne dans l’hémoglobine. Déjà, un chapelet d’intestins luisants entreprend de forcer les lèvres béantes de sa blessure, souillant la chemise jadis blanche, désormais écarlate et couverte de plaques épaisses de salissures grises. Un boyau est percé et laisse échapper des grappes d’excréments. L’odeur est pestilentielle, mélange ferreux et fumets de merdre chaude » (p. 136).
Les lecteurs avides de gore ne sont donc pas laissés sur le carreau.
La très belle illustration de couverture, signée Will Argunas comme d’habitude dans la collection, très référentielle et purement cinématographique, enfonce le clou quant à l’aspect immersif dont on parlait plus haut et quant au plaisir éprouvé à tenir ce livre entre ses mains.
Voilà donc une lecture chaudement recommandée !
Julien Heylbroek, devenu entre-temps Julien Caldironi, avait cofondé les éditions TRASH avec Schweinhund, où il avait publié deux romans : Pestilence et Garbage Rampage, deux grands crus de la maison d’édition/collection. KARNAGE ayant repris le flambeau en tant que collection française spécialisée dans le roman gore en format poche et héritière de la collection GORE, cela fait particulièrement plaisir d’y voir édité un nouveau roman de Julien. Parce que c’est symbolique, parce que ça montre que notre auteur n’a pas tourné la page du gore et parce que c’est promesse de nouveaux plaisirs littéraires, l’homme ne nous ayant jamais déçu au rayon gore.
Milano Sanguina, sous-titré La Polizia ha fame di giustizia, nous plonge dans l’Italie des années 70. Après l’hommage au Giallo de David Didelot avec Firenze Rossa dans la même collection, place à l’hommage au Poliziottesco. Les genres cinématographiques typés « Italie » + « années 70 » ont la cote ces dernières années, et c’est tant mieux. Le personnage principal est un commissaire de police. Il mène deux enquêtes de front, l’une sur une série de meurtres d’enfants, l’autre sur un scandale alimentaire qui semble vouloir être étouffé par la mafia ; ces deux affaires le confrontent à des gens puissants du pays. Le cadre de cette histoire est Milan, ville dont le choix n’est pas innocent, une série de films du genre se servant de ses décors pour leurs histoires (Milan Calibre 9, Passeport pour deux tueurs, Coup de gueule alias Milano… Difendersi o morire,…). Outre l’histoire, son époque et ses lieux, l’auteur a parsemé son texte de multiples clins d’œil (au Poliziottesco comme à d’autres genres populaires typiquement italiens, tels le Western spaghetti ou le Giallo) que les fans s’amuseront à repérer. En voici quelques exemples : « Et ici, le corps présente des traces de violence charnelles » (p. 13) renvoie au titre original de Torso (I Corpi presentano tracce di violenza carnale) ; le commissaire est explicitement comparé à l’acteur Fabio Testi, l’une des stars du genre (Big Racket d’Enzo G. Castellari, La Guerre des gangs de Lucio Fulci…) ; un moment où le commissaire passe devant la devanture d’un cinéma fournit l’occasion de citer plusieurs titres (Napoli violenta, Brigade spéciale, etc.) via les affiches qui y trônent… Cela va jusqu’aux petits détails comme l’incontournable bouteille de whisky J&B ou le modèle du véhicule du héros, typique de l’époque.
Mais ce n’est pas tout. Au Néo-Polar italien s’ajoute une bonne dose de Nunsploitation. Il faut dire que c’est une catégorie du cinéma d’exploitation où l’Italie s’est également joliment illustrée (qu’on pense par exemple à Emmanuelle et les collégiennes, Les Amours interdites d’une religieuse, La Petite Sœur du diable, Le Couvent des pécheresses ou encore à L’Autre enfer). Un des personnages, une jeune femme, a été placé contre son gré par ses parents dans un couvent dirigé d’une main de fer par une mère supérieure rigoriste. Comme elle vit sa situation comme un emprisonnement et qu’en sus, elle est tiraillée par une libido débordante, autant dire qu’elle ne va pas très bien vivre son noviciat… Cela nous vaut quelques passages érotiques explicites. Ça pourrait apparaître comme une greffe forcée à l’histoire, un simple caprice d’auteur voulant à tout prix rendre hommage à ce filon, mais cela fait sens lors de la résolution de l’intrigue (quoique cette pratique paraisse un brin anachronique pour cette époque). Tout ça pour dire que l’amateur de cinéma bis italien se sent comme chez lui et ronronne de plaisir en tournant les pages de ce roman.
Plaisir qui n’est pas seulement procuré par l’immersion dans les univers évoqués et leurs codes, mais aussi par le savoir-faire de Julien Caldironi : style agréable, trouvant l’équilibre entre le souci de bien écrire et la pure efficacité, bonne construction du récit, qui maintient le suspense et l’attention, faculté de faire vivre des personnages malgré les contraintes liées au fait d’aboutir à un roman très court qui doit aller vite, et, si l’on n’est pas en présence du plus extrême des KARNAGE, il y a un bon dosage des différents éléments aptes à titiller l’amateur de littérature populaire : mystère, action, érotisme et gore. Petit extrait illustrant ce dernier ingrédient :
« Il baigne dans l’hémoglobine. Déjà, un chapelet d’intestins luisants entreprend de forcer les lèvres béantes de sa blessure, souillant la chemise jadis blanche, désormais écarlate et couverte de plaques épaisses de salissures grises. Un boyau est percé et laisse échapper des grappes d’excréments. L’odeur est pestilentielle, mélange ferreux et fumets de merdre chaude » (p. 136).
Les lecteurs avides de gore ne sont donc pas laissés sur le carreau.
La très belle illustration de couverture, signée Will Argunas comme d’habitude dans la collection, très référentielle et purement cinématographique, enfonce le clou quant à l’aspect immersif dont on parlait plus haut et quant au plaisir éprouvé à tenir ce livre entre ses mains.
Voilà donc une lecture chaudement recommandée !
Re: Collection Karnage
10. SCREAMING BOYS de Violaine DE CHARNAGE
On a eu l’occasion de parler de Violaine De Charnage à plusieurs reprises ces derniers temps, et pour cause, cette auteure française spécialisée dans le trash et le gore est fort active et est en pleine ascension. Après divers recueils de nouvelles publiés, dont les trois Vilainologie, Violaine passe un double cap avec ce Screaming Boys, car, d’une part, il s’agit de son premier (court) roman, et d’autre part, c’est son premier livre sortant du système de l’autoédition, puisqu’il est édité par Zone 52 Éditions. Alors, passage du court au long réussi ?
Violaine choisit pour ce passage au niveau supérieur d’investir le genre slasher. Cela fera donc le deuxième roman de cette catégorie bien particulière de l’horreur dans la collection, le premier étant Cours, Christine, Cours ! de Kaprowiak. Mais aucun souci, pas de sentiment de redite, car les deux romans sont fort différents l’un de l’autre (par leur galerie de personnages, leurs décors, leur structure, etc.). Sept éphèbes débarquent sur une île paradisiaque pour un concours de mannequinat, entourés de leurs coaches, de la photographe et de la directrice de l’agence. Au programme : sea, sex and sun ! Enfin… Ce serait la belle vie si un mystérieux tueur déguisé en requin ne s’était pas mis en tête de les éliminer un par un.
Après une intro destinée à frapper fort (c’est elle qui a inspirée l’illustration de couverture), afin d’accrocher directement le lecteur et de le faire comprendre que ça vaudra la peine de patienter le temps de la mise en place de l’histoire, procédé très utilisé dans les films d’horreur, place à la présentation des personnages et de la situation. Les jeunes hommes, beaux et superficiels, ont l’air tout droit sortis des fantasmes d’une groupie de boys band des années 90. Malgré ça, en attendant que ça tourne au bain de sang, on suit leurs interactions sans ennui. L’île exotique est dotée d’une légende, racontée comme il se doit le soir autour du barbecue, les pieds dans le sable fin, par une vieille indigène au sacré tempérament, ainsi que d’un terrible fait divers. L’identité du tueur ne sera révélée que vers les trois quarts du récit environ, avec une surprise en sus pour la dernière partie.
Comme toujours avec Violaine, son livre baigne dans la culture pop. Par exemple, pour le titre de chaque chapitre, l’auteure s’est amusée à trouver une chanson en rapport avec ce qui va se passer, le spectre des styles représentés étant très large, allant de Stéphanie de Monaco à Ultra Vomit ! De même, les prénoms de nombre de personnages ne sont pas choisis au hasard : Jason, Freddy, Mickaël, Victor,… Autant de clins d’œil aux tueurs en série et au slasher. Samson, Rocky, Batman ou encore L’Exorciste sont quelques-unes des autres œuvres populaires citées. Le ton, entre références et touches humoristiques, est léger. Le look du tueur, revêtant une combinaison de requin-mascotte grotesque, en rajoute une couche dans ce sens.
L’auteure des Vilainologie a trouvé une place qui lui va plutôt bien dans la collection KARNAGE. Screaming Boys n’est pas le roman le plus hard paru dans celle-ci, mais il n’y dépareille donc pas. Sexe et meurtres s’alternent joyeusement au fil des pages. Et puis, Violaine a l’honneur d’être la première femme à y être publiée et elle ne se prive pas de sa touche féministe trash. Verdict : examen de passage vers la « cour des grands » tout à fait satisfaisant ! Voici donc un petit roman qui devrait plaire aux fans de slashers.
On a eu l’occasion de parler de Violaine De Charnage à plusieurs reprises ces derniers temps, et pour cause, cette auteure française spécialisée dans le trash et le gore est fort active et est en pleine ascension. Après divers recueils de nouvelles publiés, dont les trois Vilainologie, Violaine passe un double cap avec ce Screaming Boys, car, d’une part, il s’agit de son premier (court) roman, et d’autre part, c’est son premier livre sortant du système de l’autoédition, puisqu’il est édité par Zone 52 Éditions. Alors, passage du court au long réussi ?
Violaine choisit pour ce passage au niveau supérieur d’investir le genre slasher. Cela fera donc le deuxième roman de cette catégorie bien particulière de l’horreur dans la collection, le premier étant Cours, Christine, Cours ! de Kaprowiak. Mais aucun souci, pas de sentiment de redite, car les deux romans sont fort différents l’un de l’autre (par leur galerie de personnages, leurs décors, leur structure, etc.). Sept éphèbes débarquent sur une île paradisiaque pour un concours de mannequinat, entourés de leurs coaches, de la photographe et de la directrice de l’agence. Au programme : sea, sex and sun ! Enfin… Ce serait la belle vie si un mystérieux tueur déguisé en requin ne s’était pas mis en tête de les éliminer un par un.
Après une intro destinée à frapper fort (c’est elle qui a inspirée l’illustration de couverture), afin d’accrocher directement le lecteur et de le faire comprendre que ça vaudra la peine de patienter le temps de la mise en place de l’histoire, procédé très utilisé dans les films d’horreur, place à la présentation des personnages et de la situation. Les jeunes hommes, beaux et superficiels, ont l’air tout droit sortis des fantasmes d’une groupie de boys band des années 90. Malgré ça, en attendant que ça tourne au bain de sang, on suit leurs interactions sans ennui. L’île exotique est dotée d’une légende, racontée comme il se doit le soir autour du barbecue, les pieds dans le sable fin, par une vieille indigène au sacré tempérament, ainsi que d’un terrible fait divers. L’identité du tueur ne sera révélée que vers les trois quarts du récit environ, avec une surprise en sus pour la dernière partie.
Comme toujours avec Violaine, son livre baigne dans la culture pop. Par exemple, pour le titre de chaque chapitre, l’auteure s’est amusée à trouver une chanson en rapport avec ce qui va se passer, le spectre des styles représentés étant très large, allant de Stéphanie de Monaco à Ultra Vomit ! De même, les prénoms de nombre de personnages ne sont pas choisis au hasard : Jason, Freddy, Mickaël, Victor,… Autant de clins d’œil aux tueurs en série et au slasher. Samson, Rocky, Batman ou encore L’Exorciste sont quelques-unes des autres œuvres populaires citées. Le ton, entre références et touches humoristiques, est léger. Le look du tueur, revêtant une combinaison de requin-mascotte grotesque, en rajoute une couche dans ce sens.
L’auteure des Vilainologie a trouvé une place qui lui va plutôt bien dans la collection KARNAGE. Screaming Boys n’est pas le roman le plus hard paru dans celle-ci, mais il n’y dépareille donc pas. Sexe et meurtres s’alternent joyeusement au fil des pages. Et puis, Violaine a l’honneur d’être la première femme à y être publiée et elle ne se prive pas de sa touche féministe trash. Verdict : examen de passage vers la « cour des grands » tout à fait satisfaisant ! Voici donc un petit roman qui devrait plaire aux fans de slashers.
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