Jeu de sorcières (10154 SEC)
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Jeu de sorcières (10154 SEC)
J'ouvre le bal avec cette humble participation. Chaque atelier est un défi. J'espère que ceux qui m'ont déjà lu ressentiront une différence avec ma plume des débuts. Et que chacun appréciera ce texte légèrement épicé. Ce texte m'a été inspiré par l'ambiance générale que dégagent les images.
- Spoiler:
JEU DE SORCIERES
08/05/2020
Trois torches progressaient au cœur des marécages brumeux. Plus les compères s'y enfonçaient et plus la nature apparaissait à l'agonie. Des splendides arbres, il ne restait qu'un cimetière lugubre et tortueux qu'aucune forme de vie – pas même un insecte – n'approchait. Au village, comme ailleurs, pas une semaine ne s'écoulait sans qu'une bouche n'évoquât Mara, la sorcière. Les bouches masculines, en particulier.
Loin l'image caricaturale de la sorcière voûtée au nez crochu, revêtant quelque loque rapiécée ou déchirée. Il s'agissait plutôt d'une femme attirante et raffinée, prenant soin de sa silhouette gracile, mais n'appréciant guère la compagnie de ses pairs. Du reste, cette vie d'ermite alimentait nombre de racontars et de légendes, parfois à la limite du ridicule : lycanthrope, métamorphe, cannibale…
Et parfois, il arrivait à Mara d'avoir la visite d'hommes téméraires – fous à lier pour d'autres. Pourtant étaient-ils conscients du risque encouru. Pas une âme n'avait survécu à une escapade dans les marécages. Péché d'orgueil pour les uns, simple curiosité pour les autres. Cette fois, la motivation était différente.
— Bordel ! sursauta Yanolf, au son d'un éclatement à la surface de l'eau, épaisse et gris-verdâtre.
— C'est qu'une bulle d'air sortie de la vase ! Peut-être un poisson ou un crapaud dans les fonds. T'as les foies ou quoi ? Tu peux encore faire demi-tour, tu sais ? Y en aura plus pour nous deux, hein Batto ?
— Tu l'as dit, mon gars ! Ça tombe bien parce que c'est pas le genre de truc que je partagerais en temps normal… Mais bon, là, vaut mieux être plusieurs. On sait jamais.
Trente minutes de marche plus tard, non sans avoir laissé une botte glisser dans la fange, ils croisèrent les premiers flambeaux éternels, marquant leur arrivée à destination. Une influence magique ceux-ci vacillants de jour comme de nuit.
Au loin se distinguait une maisonnette recouverte d'une mystérieuse plante grimpante, proche de la ronce, à cela près qu'elle présentait des tons obscurs et pourpres ainsi que des tiges larges et ligneuses. La plante à elle seule faisait office de charpente, en forme de dôme, comme si quelqu'un en avait longtemps guidé la croissance. Austère, l'endroit respirait tout bonnement la mort, tout comme le silence ambiant qui l'accompagnait. Aussi, les tempes commençaient-elles à battre de plus en plus fort. Seul Dalar, le colosse froid du groupe, ne pipait mot et conservait son sang-froid, se léchant les babines à l'idée de dénicher la fameuse Mara et de recevoir l'éloge de tout le village dès son retour, qui plus est avec sa tête dans un sac. Il en espérait même une grasse récompense de la part du bourgmestre.
Si ses deux camarades avaient opté pour des épées de facture convenable, lui avait emporté sa morgenstern. Une autre amie de longue date dont il avait toujours assuré la brillance et le piquant, reflet symbolique de sa personnalité somme toute perfectionniste et brutale.
— Je passe devant, fit-il sèchement.
— Comme tu veux, acquiescèrent de concert les deux escogriffes.
Dalar dépassa ces derniers et cala le manche de son arme sur son épaule, prêt à fracasser de l'os. Alors qu'il ne leur restait plus qu'une vingtaine de mètres à parcourir avant de faire irruption dans le refuge de la sorcière, celle-ci sortit d'elle-même en poussant la chansonnette.
Une voix mélodieuse émanait d'une femme de taille modeste, vêtue d'une robe noire à corset, lequel soulignait, par un décolleté plongeant en fine dentelle, la beauté de sa plantureuse poitrine. Quelques centimètres de tissu en moins suffiraient à en révéler les cimes. La robe s'arrêtait à mi-cuisses, complice d'une paire de jambes que nombre d'hommes – parfois même de femmes – avaient mille fois rêvé d'écarter. Et ce rêve obsédait d'ores et déjà les trois butors.
— Bon ! Avant d'y aller, comment on procède ? nasilla Batto en se grattant l'aisselle, rebuté par l'odeur de ses propres phalanges.
— Moi d'abord, grogna le chef de meute. Pour le reste, à vous de voir.
— Qu'est-c' tu préfères, Yanolf ? Devant ou derrière ?
— Bah, derrière si ça te dérange pas. Ma femme gueule comme un putois à chaque fois que j'essaie avec elle alors…
— Pauvre vieux, ironisa Dalar. Allez, on y va !
Mara accrocha des amulettes confectionnées de ses propres mains aux branches d'arbres encore nues alentour puis se retourna et adressa un sourire au troupeau la chargeant.
— Eh ! Toi ! La sorcière ! l'interpella Dalar en faisant tournoyer son arme. Bouge pas !
— Quel homme ! s'exclama-t-elle d'une voix saturée de flatterie. Je suppose que vous ne venez pas m'acheter de la camelote… Mais plutôt pour me violer, comme tous les rustres qui foulent mes terres sans y avoir été invités.
— Je vois que tu es perspicace, ma chérie ! chevrota Yanolf, le grêlé. On l'attrape !
Il n'avait vraiment rien pour plaire. Dents partiellement absentes, haleine à faire tomber les mouches, oreilles décollées et front plongeant. Batto était à peine mieux loti. En revanche, Dalar attirait la gente féminine en dépit de son manque de classe manifeste. Faute d'avoir le cerveau, il savait au moins tirer profit de ses atouts physiques.
— Très bien. Je ne résisterai pas, abdiqua Mara d'une voix calme et détendue. Par contre…
D'un signe de la main, elle fit décoller les deux bonshommes hideux et les catapulta de part et d'autres de Dalar. L'échine de Yanolf se brisa contre les vestiges d'un saule massif tandis que Batto atterrit dans les marécages et s'y embourba rapidement. Dalar hésita : tenter de sauver son comparse ou d'abord s'occuper de l'assaillante ? Pourquoi l'avait-elle épargné, lui ? Une avalanche de questions s'abattit sur son esprit.
— J'espérais te baiser vivante, mais fraîchement morte, ça suffira.
Dalar marcha d'un pas lourd vers Mara en réalisant des moulinets avec sa morgenstern. Les traits crispés par une rage sanguinaire, le barbare passa à l'attaque. En une fraction de seconde, la beauté brune immobilisa d'une main tendue en figue les pointes assassines qui lui étaient destinées. Surpris par l'arrêt brutal de l'arme qu'il venait de brandir, Dalar manqua de tomber à la renverse, déséquilibré. Une vive douleur à l'épaule surgit.
— Eh bien moi, je veux que tu me baises vivante, lâcha la libidineuse magicienne.
Malgré son tempérament, Dalar fut déstabilisé par cette requête fort inattendue. De toute évidence, son ennemie n'avait qu'à claquer des doigts pour se défaire de lui. Circonspect, il se figea et analysa la situation. Un rapide coup d’œil vers son acolyte piégé par la vase lui permit de réaliser qu'il était déjà trop tard. Quelle erreur que de se débattre. L'eau cernait sa face, commençait à recouvrir sa bouche et le contour de son nez. Encore une minute et les marécages inonderaient ses bronches.
Dalar serra les mâchoires, haineux. Deux amis perdus par sa faute puisqu'à l'origine de ce déplacement. Perdus à cause d'un désir bestial et malsain. Pourtant, le but premier de leur présence lui semblait plus que jamais à portée de main. Mara se tourna, se pencha et releva le bas de sa robe, dévoilant ses fesses blanches, nuancées de rouge. Fouet, martinet ou empruntes de mains ? Un peu de tout devina Dalar.
— Qu'attends-tu ? s'impatienta la libertine, exposant sa toison hirsute.
— Qu'est-ce que tu mijotes ?
— Mais rien ! Tu as vu de quoi je suis capable, non ? Si j'avais voulu te tuer, ce serait déjà fait. Avant d'être une sorcière, je reste une femme… Avec des besoins de femme.
Dalar fit un pas, lent, puis un autre, tiraillé entre l'envie d'insérer son sexe dans le sien et la crainte d'être attiré tout droit dans un piège.
— Dépêche-toi ! insista Mara, commençant à se caresser d'une main, et s'appuyant sur un arbre, de l'autre.
Finalement, le survivant se positionna derrière le séant marqué de la jeune femme et baissa son pantalon, mettant à jour son érection. Satisfaction et peur fusionnèrent lorsqu'il la pénétra, avec de plus en plus de vigueur à mesure qu'elle réagissait favorablement à cet élan.
— Alors, ça fait quoi de baiser une sorcière, hein ?
Dalar ne répondit pas et maintint ses va-et-vient. Son bassin claquait contre son postérieur. Cela ne faisait même pas deux minutes qu'il la troussait qu'il se sentit déjà sur le point d'aboutir.
— Pff ! pesta Mara. Y en a-t-il un capable de tenir plus de cinq minutes ? Tu vas voir ce que c'est que de ne pas me contenter, mon gros !
Alors même qu'il était sur le point d'épandre en elle sa semence, Dalar ressentit une vive pression sur son pénis, si forte qu'il avait l'impression qu'un étau le lui écrasait. Que ce fût par la force de la magie ou par la puissance de ce vagin carnassier, il n'arriva guère à se retirer. Il braillait comme un porc qu'on égorge, martelait le dos de sa conquête déjà couvert de bleus – cachés par la robe – et l'insultait de tous les noms. Des filets rouges se mirent à dégouliner le long des cuisses de Mara, sans réaction même sous ce déluge d'horions. Bien au contraire, elle se délectait de la situation et atteignit l'extase au moment où Dalar se décolla de son fessier, allégé d'un peu de sa personne. Rugissements désespérés, paumes ensanglantées, le misérable ne pouvait croire en la perte définitive de son appendice.
Mara se redressa et fit face au mâle. D'un geste, elle le fit léviter et le plaqua contre un chêne séculaire, hanches à hauteur de visage. Soumis aux forces éthérées de la magicienne, les membres de Dalar s'étendirent en étoile comme s'il était allongé sur un chevalet de torture. Et c'est ainsi que Mara comptait observer la vie quittait son corps, litre après litre. Quant au souvenir qu'elle extirpa de son intimité, elle s'empressa de l'ajouter au quatre-vingt-dix-neuf autres, entassés dans un imposant pot en argile. Par télépathie, elle informa sa sœur aînée de la situation :
— Oui ! J'ai gagné ! J'ai gagné ! se réjouit-elle, en sautant comme une folle. Tu n'en as réuni que quatre-vingt seulement ? Je t'ai battue à plates coutures, sœurette ! Bon, allez, je t'accorde la revanche. À toi de choisir le prochain défi… Quoi ? Encore les bourses ? Déjà fait l'année dernière ! Trouve autre chose.
FIN
Re: Jeu de sorcières (10154 SEC)
Ahah, bien fun ce petit texte, Phanthom !
Enfin pour être honnête, malgré la joke finale, je trouve que tout cela se termine un peu abruptement, mais bon, on va pas faire a fine bouche...
Pour ce qui est de la plume, oui assurément, je la trouve plus fluide et moins lourde qu'à tes tous débuts ici, on sent que t'as bien bossé de cet aspect-là. Les descriptions du début sont plutôt réussies et on visualise facilement le cadre, en évitant toute surenchère d'emphase inutile.
A partir du moment où les protagonistes tombent sur la sorcière, ça s'accélère et on passe dans un autre registre, mais ça m'a déplu non plus. J'ai juste tiqué sur quelques lignes de dialogue, sonnant peut-être un peu trop "contemporain" par moments (sans tomber dans le non-sens complet non plus, mais bon, ce sont des petits détails que je ne note dans ce genre de lectures). Bien aimé la fin et la chute, donc, plus une boutade perverse qu'une vraie chute en tant que telle, mais vu le ton général du texte, je trouve que ça décadre pas.
Bref, un atelier plutôt réussi donc (quoique un peu long peut-être, pour le format habituel), servi par une plume efficace et un cadre plutôt sympa.
Du coup, je serais curieux de voir ce que l'inspiratrice de cet atelier en a pensé, tiens !
Quelques petites coquilles et remarques, ceci dit :
"et plus la nature apparaissait à l'agonie" : en général on dit plutôt "paraître à l'agonie", du moins je ne l'ai jamais utilisé de la sorte.
"Pourtant étaient-ils conscients du risque encouru." : Manque le point d'interrogation, nan ?
"Une influence magique ceux-ci vacillants de jour comme de nuit." : Là il manque sûrement un petit mot ou quelque chose aussi...
"et c'est ainsi que Mara comptait observer la vie quittait son corps" : "quitter" plutôt ?
Enfin pour être honnête, malgré la joke finale, je trouve que tout cela se termine un peu abruptement, mais bon, on va pas faire a fine bouche...
Pour ce qui est de la plume, oui assurément, je la trouve plus fluide et moins lourde qu'à tes tous débuts ici, on sent que t'as bien bossé de cet aspect-là. Les descriptions du début sont plutôt réussies et on visualise facilement le cadre, en évitant toute surenchère d'emphase inutile.
A partir du moment où les protagonistes tombent sur la sorcière, ça s'accélère et on passe dans un autre registre, mais ça m'a déplu non plus. J'ai juste tiqué sur quelques lignes de dialogue, sonnant peut-être un peu trop "contemporain" par moments (sans tomber dans le non-sens complet non plus, mais bon, ce sont des petits détails que je ne note dans ce genre de lectures). Bien aimé la fin et la chute, donc, plus une boutade perverse qu'une vraie chute en tant que telle, mais vu le ton général du texte, je trouve que ça décadre pas.
Bref, un atelier plutôt réussi donc (quoique un peu long peut-être, pour le format habituel), servi par une plume efficace et un cadre plutôt sympa.
Du coup, je serais curieux de voir ce que l'inspiratrice de cet atelier en a pensé, tiens !
Quelques petites coquilles et remarques, ceci dit :
"et plus la nature apparaissait à l'agonie" : en général on dit plutôt "paraître à l'agonie", du moins je ne l'ai jamais utilisé de la sorte.
"Pourtant étaient-ils conscients du risque encouru." : Manque le point d'interrogation, nan ?
"Une influence magique ceux-ci vacillants de jour comme de nuit." : Là il manque sûrement un petit mot ou quelque chose aussi...
"et c'est ainsi que Mara comptait observer la vie quittait son corps" : "quitter" plutôt ?
Tak- Mélomane des Ondes Noires
Disciple des Livres de Sang - Messages : 6299
Date d'inscription : 01/12/2012
Age : 42
Localisation : Briançon, Hautes-Alpes
Re: Jeu de sorcières (10154 SEC)
(rires) Comme quoi, il ne faut jamais mettre aucun appendice nulle part avant d'être sûr qu'il en ressortira !
J'ai beaucoup aimé cette histoire. Et cette fin ! Je ne m'y attendais vraiment pas.
J'ai beaucoup aimé cette histoire. Et cette fin ! Je ne m'y attendais vraiment pas.
Epitaph- Apprenti égorgeur
- Messages : 41
Date d'inscription : 10/07/2020
Age : 43
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