La mère de toutes les peurs (texte retiré)

Deux très bonnes idées se percutent ici pour nous offrir une belle réflexion sur les excès de l'humanité "pour le bien" ; l'enfer étant pavé de bonnes intentions.
Faire analyser les peurs ataviques de l'humanité par une I.A dénuée d'émotion me semble en effet excellente. C'est bien mené, bien écrit.
Du très bon boulot.

Maintenant, pour aller davantage dans le détail. J'ai trouvé le tout premier paragraphe très accrocheur. Le professeur Paterson semblait dévoiler une personnalité un peu ironique et truculente. Et puis par la suite, non, ça ne se ressent pas au cours des conversations qu'il a avec le Dr Rossius. J'ai trouvé ça un peu dommage ; cela reste néanmoins un détail, il n'y a pas grand-chose à reprocher à ce récit.

Merci Cancereugène.
Toujours le délicat équilibre des nouvelles, aller droit à l'essentiel en décorant un peu. Paterson en aura fait les frais :-)

Super récit ! Je vais un peu répéter ce qui a déjà été dit. Les dialogues sont très vivants. L'idée de mélanger ainsi ces deux peurs, avec une petite réflexion sur la curiosité qui m'a fait penser au dicton : "la curiosité tue les chats". Une idée très bien traitée avec un récit avec un bon rythme et une fin excellente.

Merci Lyra.
Et tu viens de me faire découvrir un diction que je ne connaissais pas!

Trantor a écrit:"Elle avait conclu, en moins de quinze minutes d'exploration du réseau, que l'origine de la souffrance était la vie. Elle comptait y mettre un terme en nous offrant le repos éternel"

Majestueux axe de la nouvelle, qui bascule de l'humain vers la machine, donne un sens, comme une chute fatale que l'on appréhenderait. Je regrette peut-être la brutalité de celle-ci - ces scientifiques paraissent stupides face à l'enjeu - mais d'un autre côté, j'aime les tragédies, et en voilà une bien menée.  

Tu as un réel talent de conteur!

Hellaz a écrit:... ces scientifiques paraissent stupides face à l'enjeu ...

Le passé regorge d'exemples croustillants...

Merci Hellaz!

Bonjour Trantor,

Un récit aux grandes qualités intrinsèques :
Style cohérent du début à la fin.
Intrigue alléchante. Une mystérieuse expérience fait trente morts dans un des meilleurs labos du monde, seule une dangereuse IA mise au placard peut aider à résoudre l’énigme.
Tension maintenue jusqu’à la chute. La construction narrative fait que l’on ne s’ennuie jamais, les infos sont toujours délivrées au bon moment pour éviter la frustration.
Parties scientifiques habilement incluses, même si j’ai buté sur les sigles.

En revanche, j’ai parfois été dérouté par les choix pour évoquer le décor, comme Sodexho qui gère la cafèt du campus. Sodexo sans le H est une société certes multinationale, mais qui évoque la France (enfin, pour moi ça ne fait pas très USA). L’un des protagonistes s’envoie des cafés serrés, aux US c’est plutôt de la lavasse dans des mugs. Mais disons que l’on est dans le futur, donc pourquoi pas. Ce ne sont que des détails bien entendu, mais ce sont ces petits riens qui aident à l’immersion.

La chute est quelque peu « téléphonée », à mon avis. Il aurait été possible de la gaver d’infos sans la rebrancher, non ? De plus, le professeur la laisse « une heure » avec la promesse qu’elle ne ferait pas de bêtises. Mais bien sûr…

Ces petits bémols n’ont pas entamé mon grand plaisir de lecture.

Merci de ton retour.

Quelques éclaircissements:

Sodexo (merci pour le H! ), groupe français en effet, est la société la plus active dans le catering et la gestion des  cafétérias des 200 plus grandes universités US. Pour le Bosworth Café, situé entre le MIT et Harvard, je m'étais laissé dire qu'il était passé sous le giron de Harvard. Que Sodexo en soit le gestionnaire, si cela n'est pas le cas, n'est pas si improbable non plus. Je n'ai pas approfondi ce point pour une nouvelle francophone.
Le Bosworth sert des expressos, je ne garanti pas qu'ils soient préparés par des baristas

Pour revenir sur le fonctionnement des IA qui travaillent sur la recherche d’occurrences dans des Big Data, elle n'a un sens que connecté. L'idée est justement d'aller chercher des infos partout, un peu comme les moteurs Google. Les IA connectées travaillent seules. On leur donne un but à suivre, quelques infos et elle apprennent en cherchant. On revient voir de temps en temps ce qu'elles ont trouvé.

Cela dit, je ne prétend pas à de la Hard SF où tout serait scientifiquement estampillé "plausible"  

Un fameux texte Trantor, si tu veux mon avis !

Comme à ton habitude, c'est propre, carré et limpide côté plume et le rythme y est parfaitement calibré. J'aimerais avoir une remarque à formuler juste pour faire mon emmerdeur de service, mais en l’occurrence je ne trouve rien à dire : on est dans le haut du panier, c'est de la très belle ouvrage.
Concernant l'intrigue elle-même et les thèmes abordés, je trouve que tu t'es emparé du sujet avec pertinence, tout en le ramenant vers tes terres SF de prédilection. Mais le fond horrifique de la chose est intéressant lui aussi et propose des questionnements tout aussi intéressants sur l'origine de la peur, donc, ainsi que la menace potentielle des intelligences artificielles (avec lesquelles nous frayons de plus en plus, ce qui n'est pas forcément très rassurant lorsqu'on réfléchit un peu sur le sujet).
Pour ma part, la chute est pile poil comme il faut, n'en disant ni trop ni pas assez, en laissant une porte ouverte sur l'imaginaire : tout à fait ce que j'aime !

Juste pour faire écho à l'un des précédents commentaires, je pourrais éventuellement dire que tu aurais gagné à rendre tes personnages un brin plus ambivalents -- comme le Dr. Rossius, par exemple, qui aurait pu être affecté par toutes ces morts autour de lui ou par le sujet même de ses études, peut-être rendu plus parano ou autre ? -- comme amener un peu plus de contraste ou de tension à l'ensemble.
Mais là je chipote pour le plaisir de chipoter, parce qu'il faut trouver quelque chose quand même (la perfection n'est pas de ce monde, n'est-ce pas ? Ni dans la nature humaine, ni dans les IA, aussi perfectionnées soient-elles).

Sinon, rien à ajouter, chef : excellent texte, servi par une plume des plus admirables. De la très belle ouvrage !

Merci Tak!

C'est vrai que, si un jour je retravaille cette histoire pour un AT, ou une compilation de mes nouvelles, confronter un Rossius genre Dr Folamour et un Paterson plus ironique, comme le souligne Cancereugene, ne serait pas une mauvaise piste à suivre.

Ta nouvelle est vraiment prenante. Et à la réflexion, je reconnais que tu as bien fait de ne pas tomber à pieds joints dans les clichés sur les US.
J'ai écrit un article pour un magazine (aucune idée s'il sera publié) sur le deep/machine learning avec un camarade spécialiste de ce domaine, en prenant pour exemple le fonctionnement de GPT-2. L'apprentissage, bien que basé sur un réseau neuronal artificiel, dépend du type de Big Data (Online Vs Offline Big Data systems) avec lequel on nourrit la machine. En outre, l'architecture varie en fonction de la résolution recherchée. Chaque process est lui-même découpé en étapes qui exigent vérifications et validations. Un moteur d'indexation qui se balade le nez au vent n'est effectivement pas conçu pour les mêmes finalités, bien qu'il obéisse à des algorithmes dits intelligents.
Mais pour ton récit, nous parlons bien sûr d'une hypothétique IA, ayant la capacité de conscientiser une représentation d'elle-même et de son environnement.
Dans ta nouvelle, le mystère dépasse l'entendement humain. L'énigme ne peut être résolue que si IsA se connecte au réseau global de manière autonome, ça se tient.
Conclusion, je pense que je vais arrêter de pinailler sur certains points qui ne relèvent, c'est très bien ainsi, que de choix assumés par les auteurs(trices).

Collapsus a écrit:... Conclusion, je pense que je vais arrêter de pinailler sur certains points qui ne relèvent, c'est très bien ainsi, que de choix assumés par les auteurs(trices).

Surtout pas!!!!!

Un bêta lecteur, pour moi, est là pour pinailler, pour pousser mes textes dans leurs retranchements, vérifier si ce que je fais relève d'une licence créatrice assumée ou d'une erreur. Et voir comment il est perçu.
Donc je prends tous les éclairages!
Par exemple, je t'ai répondu qu'il y avait de l'expresso au Bosworth et que Sodexo était implantée dans les universités US, juste pour info. L'important, c'est que tu as relevé que des lecteurs peuvent buter sur ce détail. Qu'il soit juste, on s'en fout. A moi de revoir ma copie, la compréhension du texte est de la responsabilité de l'auteur.

Donc voilà, change pas! Enfin, pas pour moi.

D’abord, on ne dit pas « pinailleur », on dit « homme infidèle »

À quoi reconnaît-on une bonne chanson ?
Une bonne chanson est reconnaissable au fait qu'elle a un côté évident, intemporel. L'auditeur a l'impression qu'elle a toujours fait partie de sa vie.
À quoi reconnaît-on un très bon texte ? Aux mêmes raisons que celles évoquées précédemment. Le thème de la peur primordiale touche chacun d'entre nous, il nous renvoie à nos terreurs enfantines. On retrouve cette notion dans le Ça de King.
J'ai énormément apprécié ton texte, Trantor, tant du point de vue thématique que stylistique. Je ne vois pas de points négatifs à mettre en avant. Une histoire d'une telle qualité devrait trouver sa place dans une anthologie de bons textes fantastiques.

Très honoré de ton retour, Blahom! Merci!