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Poésie (quasi) classique : 3 poèmes noirs, 3 poèmes roses

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Poésie (quasi) classique : 3 poèmes noirs, 3 poèmes roses Empty Poésie (quasi) classique : 3 poèmes noirs, 3 poèmes roses

Message par Phanthom Ven 3 Mai 2019 - 14:48

LE PLAFOND

Allongé sur le lit, le Plafond me regarde
Et déverse sur moi des flots de souvenirs,
Pointant de ses longs doigts les divers avenirs
Joués dans le reflet de sa grande hallebarde.

Je ne suis qu'un festin de peurs et de pensées
Sans cesse dévoré, sans cesse regarni
Par ces mêmes démons venant d'un même nid,
Fidèles ennemis, cruelles odyssées.

Puis ce Plafond me noie en un torrent de larmes
Qui ne trouve sa source au fond de mon effroi,
J'entends leurs hurlements, ils sont seuls, ils ont froid,
Nous sommes ces torrents, nous sommes ces vacarmes.

Et je serai comme eux, déversé sur une âme
Que le Plafond retient sur des lits impuissants,
Invités en secret à laisser frémissants
Les innombrables maux que leur Maître réclame.

Allongé sur le lit, ce Plafond me savoure,
Et renverse sur moi mes propres souvenirs,
Cachant de ses longs doigts les divers avenirs
Joués dans le reflet terni de ma bravoure.



MORT EN CRESCENDO

Je n'ai plus qu'une table impassible et stérile
Pour ces doigts en souffrance un peu plus chaque jour
Comme ses miséreux rampant dans une ville
Qui ne peut leur donner ni le pain ni l'amour.

Ainsi dans quelque force en mon cœur retrouvée,
Je m'efforce de jouer mes illusions en do
Mineur évidemment, mais l'extase rêvée
Gît au fond d'une mort, écrite en crescendo.

Puis la Sonate vient m'arracher cette larme
Et la laisser courir comme courent les maux
Sous les doigts du pianiste esclave de ce charme,
Ces arpèges, ces tons, ces accords infernaux.

Puis l'Elise s'est tue, et l'automne, et le cygne,
Et mon être avec eux, et mon âme avec lui,
Que je faisais le fat, comme j'en étais digne,
Sur ton sol, dans ton dos si doré, bel ami !

Je n'ai plus qu'une table insensible, inutile,
Pour une âme en souffrance un peu plus à l'instant,
Et t'entendre ne fait qu'enrichir cette bile
Qui me ronge l'esprit et le cœur tout autant.


Persistance de la Mémoire

L'immortel ennemi tient toujours les promesses
Qu'il fait aux nourrissons pleurant sous les goussets
De fourmis recouverts quand s'achèvent les messes
Et s'allument les feux sous les mornes clochers.

Et la plage, elle aussi, par ses vagues paisibles
Nous amène un peu plus vers l'abysse commun,
Où l'on fond sans mot dire, éhontés et risibles,
Blancs ou bleus, verts ou noirs, merveilleux lendemain !

C'est au ciel que notre âme est éternelle offrande,
Loin des vieux arbres morts, porteurs d'ombre et de vers,
Loin de tout ce qui fait que leur douleur est grande,
Où l'être est libéré de ses plus sombres fers.

Et c'est en cet enfer que d'innombrables anges,
Même l'aile brisée, et les membres souffrants,
Peuvent soudain s'aimer et trouver leurs louanges
Dans les feux que le diable aime rouges et grands.

---------------------------------------------------

La Fumeuse

Silencieuse,
La belle âme fumait.
Tel un homme éperdu des vapeurs qu'il humait,
La pupille droguée, obscure et licencieuse,
Debout, je l'observais tel une ombre de crypte,
Cachant par son allure, une touffeur d'Egypte.
La belle âme fumait
D'une innocente lippe
La pipe.

Pour la première fois - je n'en crus point mes yeux -
Je voyais, devant moi, tige en main, bec en bouche,
Une femme fumer pour indigner les dieux,
Et nos yeux de mortels... Cela me semblait louche !

Je tenais la posture aimable de Vernet
Pour admirer ses mains prendre la belle tête,
Et chérir le fourneau pour un tirage net,
Elle avait l’œil amer, j'avais le cœur en fête.

J'en oubliais les sons de l'oud, des darboukas,
Ne voyant plus ici que ces brillantes lèvres
Prêtes pour accueillir le tuyau des houkas
Et fumer ici-bas ces mystérieuses fièvres.

Je lui parlais soudain, mes vices enfumés
Par un souffle aussi vif qu'une brumeuse flèche,
De broussins, de bruyère, et de feux allumés...
Une pipe de chêne avait trouvé la brèche.

Malicieuse,
La belle âme fumait.
Tel un homme éperdu des vapeurs qu'il humait,
La pupille droguée, obscure et silencieuse,
La belle âme fumait
D'une insolente lippe
Ma pipe.

L’oeillet violet

- I -

Quand l'avide savoir trouve une île inconnue,
Esclave des pulsions, il se pare en marin
Et dans sa caravelle, il pourchasse la nue
En pointant vers le cap son palpitant tarin.

Voilà l'inspiration qu’un tout jeune prodige
Nommait "l'œillet violet", à la mousse soumis.
Dans leurs cendres je plonge et ravi, je rédige
De quoi nourrir les feux des bûchers ennemis.

Et ma plume s’avance, alanguie, et s’exprime
En chatouillant le thème aussi bien que les saints
Qui laissent Lucifer me juger pour ce crime
Qu'avaient déjà commis quelques auteurs malsains.

Et j’aime être de ceux qui voient dans ce cratère
Un mystère à résoudre, une énigme du Sphinx,
Un cyclope d'antan dont on connait la terre,
Où Pan parfois se plaît à dresser son syrinx.

- II -

L'homme est-il un démon qui cherche à s'ignorer
Quand siffle le serpent sur le temple du mythe ?
Cet iris a toujours su se faire adorer
Et de nos jours encore on le transforme en rite.

Curieux pèlerinage en d'orageux pays
Pour l'esprit qui ne sait qu'au-delà de la lande
Se cachent des trésors, par les anges haïs
Que je fuyais jadis, et que je recommande.

Telle une sauvageonne à dompter chaque fois,
Il faut l'apprivoiser, telle une fleur de Grèce,
Pour qu’elle oublie enfin les téméraires doigts
Qui profane l’endroit dans leur plus grande adresse.

Point de mousse ici-bas, pas même un frêle brin,
L'antre est entretenu pour accueillir un fauve
Qui s'aventure au fond de l’ombre avec entrain
En foulant de son pas la belle teinte mauve.

Mais l’homme, paraît-il, préfère allait non loin
De là, baiser la source au délicat arôme
Dont les nymphes souvent s’occupent avec soin
Pour offrir le calice et les fièvres de Rome.

J’y vais toujours gaiement, je m’y rendrai d’ailleurs,
Tantôt glissant depuis la blancheur des collines
Tantôt pris dans le cours chéri des orpailleurs,
Bordé parfois d’iris, parfois de santolines.

Sous ce soleil lointain qui darde encor ses rais
Ombre, contemple-moi de ton regard de borgne,
Et rappelle ce corps que jadis tu serrais
Et trahis ma raison, qui sans honte te lorgne.


Il est temps de chemins

Il est tant de chemins que nous ne verrons pas,
Tant de contemplations qui nourriront les rêves
Et les regrets promis à l'ombre du trépas,
Mais il est des chemins aux magnifiques drèves.

A moi comme à ceux qui sont en vous pèlerins,
La flore est le parfait ornement de ces temples
Que convoite le diable assis entre nos reins,
Et que toi, l’œil brûlé de ses feux, tu contemples.

Il est tant de chemins, de bosquets et de vaux,
De mystères en vous, de divins paysages,
En vous, femmes du monde, amours des vieux chevaux
Qui se battent pour vous comme des chats sauvages.

Et leur sang coule à flot simplement pour cela,
Sur chaque continent, le chemin nous appelle
Et soumet notre instinct au rosâtre calla
Dont vous êtes la source et la coupe éternelle.
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Message par Catherine Robert Ven 3 Mai 2019 - 15:21

Assez étonnamment, si je suis poète classique, je lis très peu de poésie, et ne suis absolument pas douée pour la critiquer (à l'exception de relever les fautes de prosodie).
Pour l'instant, je n'ai lu que le premier. Il a du charme, un côté un peu flou qui n'empêche pas de comprendre la thématique principale, et de la noirceur comme j'aime.
Niveau construction, je ne relèverai que peu de choses puisque tu annonces d'emblée de la poésie néo-classique qui est plus souple que la classique pure.
Les rimes sont au minimum suffisantes, donc pour de la néo-classique c'est bon.
Les pieds sont corrects (oui, je les ai comptés, peux pas m'en empêcher^^), que des alexandrins.
Troisième quatrain, deuxième vers, je trouve que le "ne" pèche. Je sais qu'il est mis pour le compte de vers, mais je pense que tu devrais reformuler le vers.
Le dernier vers n'est pas mauvais, il conclut bien le poème, mais il accroche à cause de sa césure mal placée.
"Joués dans le reflet terni de ma bravoure."
Ainsi tourné, le vers oblige le lecteur à placer la césure après "terni", car on ne sépare pas un adjectif du nom qu'il accompagne (surtout les deux placés un à côté de l'autre). Du coup, ça casse un peu le rythme de ce dernier vers. J'aurais peut-être laissé passer si ça n'avait été le dernier vers qui est un vers très important puisqu'il laisse l'impression finale du poème.
En bref, un joli poème donc, pas grand chose à remodeler dedans.
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Message par Phanthom Ven 3 Mai 2019 - 15:28

"Jou - és dans le reflet // terni de ma bravoure."
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Message par Catherine Robert Ven 3 Mai 2019 - 15:38

Oui, j'ai bien compté. Ce n'est pas ça le problème.
Ce que je veux dire, c'est que "reflet terni" c'est un groupe de mots indissociables. On ne sépare pas l'adjectif de son nom. Donc, quand on lit à voix haute, on a automatiquement tendance à faire la pause de césure après "terni". C'est ça qui coince.
Au pire, solution de facilité que j'ai déjà employée, pour pouvoir marquer la césure après le mot "reflet", tu peux mettre "terni" entre virgules. Ça ne change rien au vers, mais pour le lecteur habitué, il fera la pause au bon endroit, après le sixième pied. La seule différence, c'est que ça mettra plus l'accent sur "terni", mais ce n'est pas un mal.
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Message par Phanthom Ven 3 Mai 2019 - 15:49

Ah d'accord. Je ne connaissais pas cette règle. Ce n'est pas comme si poésie classique était déjà bien assez contraignante... Quelle folie !
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Message par Catherine Robert Ven 3 Mai 2019 - 15:57

Si tu savais le nombre de règles (parfois bizarres) qui dirigent la poésie classique, tu t'enfuirais en courant.
Tes autres césures, si on se réfère à la poésie classique, ne sont pas toutes parfaites, mais elles ne gênent pas la lecture, du coup pas besoin d'en parler. Seule la dernière m'avait crispé la lecture.
Maintenant, pour des lecteurs moins formés à la poésie classique, il est fort probable qu'il serait passé comme une lettre à la poste. Mais bon, moi, je suis poète classique et tout (ou quasi) me saute aux yeux et à l'oreille.
Donc, comme je le disais, ton poème s'en sort très bien.
Dommage que Jack ne passe plus que de loin en loin. C'était lui notre maître es-poésie.
Je lirai les autres plus tard... Enfin, si je n'oublie pas, ce qui avec moi, reste une probabilité non négligeable^^.
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