Réponse de Dieu

Tu m'as posé une question du haut de ce pont, quand tu t'apprêtais à sauter depuis le parapet. Tu m'as interrogé sur les arcanes du bonheur. Et voilà ma réponse puisque tu rêves à l'heure où je te parle. Être, tu fais exactement le contraire de ce dont tu as besoin pour être heureux. N'as-tu jamais eu vent des sept pêchés capitaux ? Crois-tu vraiment que les croyants sont les seuls concernés par ces fléaux de l'âme ? En vérité, écoute-moi de ton oreille d'athée, car je sais qu'avant cette nuit, tu n'avais de cesse de m'ignorer, mais la rancoeur n'existe que dans ta dimension. Je ne t'en veux pas.
Délivre-toi de l'orgueil : les biens dans ton monde ne devraient t'apporter que le confort et non l'avidité d'une possession élitiste et cannibale. L'ombre du cadran solaire donne la même heure qu'une montre en or ; le gobelet en plastique et la flûte contiennent la même eau que tu bois. Dès lors, retiens ceci : qui se contente de peu ne manque jamais de rien. Prive-toi de l'essentiel et tu réaliseras ce qui l'est vraiment à tes yeux. Prive-toi de la nourriture que tu jettes devant le nécessiteux ; prive-toi de la couche et de la chaleur que tu ignores chaque jour pendant que le froid becquette le mendient des trottoirs. Ne publie pas de textes dans le but de flatter ton ego et d'attirer à toi la gloire, mais dans la volonté de t'améliorer, de prendre et donner du plaisir à tes pairs, de tendre vers la perfection divine sans jamais oublier d'où tu viens et qu'au sommet, tu dois toujours aider ceux qui ne t'ont pas encore rejoint.
Délivre-toi de la gourmandise : tu grossis, ton corps souffre en silence et tu t'étonneras qu'il défaille un jour prochain ? Sois mesuré. Mange par faim.
Délivre-toi de la luxure : ne sois pas esclave mais maître de ton corps, savoure l'amour spirituel - la clé de tout mal mais tu l'ignores encore -  mais aussi physique. N'en fais pas ta raison de vivre ou tu seras malheureux.
Délivre-toi de l'avarice : donne sa pièce au nécessiteux alors que tu achètes devant lui un bijou inutile à ta femme qui coûte dix, cent, mille fois plus que ce qu'il te demande et dont tu n'as même pas besoin. Fais l'expérience du don sans jugement. Tu connaîtras la lueur d'un regard reconnaissant, et du nécessiteux dégoûtant, puant et affublé de haillons que tu auras dénigré, tu tireras une leçon.
Délivre-toi de l'envie : toute chaîne est entrave au bonheur, ne t'en accable donc pas. Vise un objectif, combats pour l'atteindre mais n'envie jamais. Inspire-toi.
Délivre-toi de la colère : pauvre fou, c'est un ver dans ton coeur. Regarde tes mains couvertes de cicatrices, qu'en penses-tu ? Lis ton casier judiciaire, qu'en penses-tu ? Regarde l'argent que tu perds à racheter ce que tu casses, qu'en penses-tu ? Regarde ta colère et ce qu'elle t'a apporté jusqu'alors, qu'en penses-tu ?
Délivre-toi de la paresse : rares sont les choses qui s'acquièrent sans ardeur, donne-toi la peine de réussir et n'attends pas de moi ou du hasard que le miracle survienne. Telle est ta pensée et tu es dans l'erreur.
Et ses pêchés ne sont pas les seuls fléaux : délivre-toi des nuisances qu'on t'inflige et que tu infliges, délivre-toi de toute forme d'addiction, délivre-toi de toute forme de violence. N'agis pas au nom de Dieu - quelle erreur que de croire en moi - mais agis au nom de l'Amour, tout ce que je suis vraiment, celui-là même que toi, Être, nommes Bouddha, Allah, Dieu, Jésus, Mahomet et par tous les autres noms que tu lui connais. Toi qui possèdes un chien, regarde l'amour qu'il te porte. Puisses-tu un jour offrir l'intensité et la pureté de son amour à quelqu'un. Si tu veux être heureux, délivre-toi de tous ces maux et aime.

Qui tu sais.