À un battement près...

Bonjour Mélodie,
Je viens de terminer ta nouvelle. Dans l'ensemble je trouve ton écriture plaisante. On suit avec plaisir les aventures de ton narrateur, surtout au début. L'annonce faite par le toubib m'a paru un peu caricaturale à moi aussi, mais ce n'est pas bien grave, il faut bien commencer un récit d'une manière ou d'une autre et celle-ci n'est pas la pire. Loin de là.

Mais le fait est que j'ai un problème avec ton texte. J'ai beaucoup aimé les trois premières pages, celles où Marc apprend sa maladie et voit son monde s'écrouler ; l'arrivée de Vanessa dans l'appartement et la nouvelle que Marc lui assène. Ces pages sont vraiment bien menées, intéressantes et décrivent bien ton personnage. Mais après ce passage, à partir du moment où Marc se retrouve dans la cabane de sudation... Là, j'ai plus que décroché. Ce n'est pas seulement parce que je ne me suis jamais vraiment reconnu dans ce type de récit que l'on pourrait qualifier d'initiatique sinon ésotérique. Mais, contrairement à un certain nombre de mes camarades qui voient un récit logique et cohérent, j'ai trouvé, l'ensemble extrêmement décousu. Les images défilent les unes après les autres comme si tu te trouvais prise par le temps ou par le nombre de signes (ce qui est plus probable). Ici un tunnel, là un grenier, un fantôme sur son cheval... Si on ajoute à cela le corbeau, ça fait un peu trop pour moi et comme le dit l'adage : "le mieux est l'ennemi du bien". Par ailleurs, tout comme Françoise, je n'ai pas perçu le rapport entre le cancer des os et le meurtre de sa mère. Là, j'avoue que je me suis dit : "Ok, ça part dans tous les sens !, on apprend maintenant que la mère du type a été assassinée et quoi ensuite ?". Pour le dire autrement, à aucun moment tu ne m'a laissé le temps de fixer mon attention sur un point précis. C'est d'autant plus dommage à mes yeux que tu es partie d'une situation extrêmement forte : Marc est malade, il ne lui reste plus que quelques jours à vivre ! Pourquoi rallonger la sauce avec un meurtre ? Sauf à avoir introduit cet élément auparavant, l'histoire de la mère de Marc me semble sortie de nulle part.

J'ai une certaine affection pour le personnage de Vanessa, même si elle paraît un peu "barrée" elle aussi dans son trip chamanique. Je me suis demandé d'ailleurs si un type aussi matérialiste que Marc pouvait réellement tomber amoureux, a fortiori d'une personne dont les centres d'intérêt sont en contradiction totale avec ceux du narrateur (et inversement, comment Vanessa a-t-elle s'enticher d'un type comme Marc ?). Pour tout te dire, la phrase sur le bonheur prononcée par Vanessa lorsqu'elle vient récupérer ses affaires m'a paru assez décalée pour deux raisons :
        - d'une part, parce qu'elle lâche cela comme cela, ce qui signifie que son personnage est imprégné de cette sorte de pensée magique (naïve ?) ce qui ne fait qu'augmenter le contraste avec Marc. Comment ces deux là ont-ils pu se trouver ?
        - d'autre part, parce que je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que c'est exactement le genre de phrase que Marc n'avait pas besoin d'entendre à ce moment là. Pour moi, loin d'apaiser Marc, cette phrase aurait dû le faire sortir de ses gonds. Je m'explique : Marc va mourir, il est au fond du trou, c'est un mec matérialiste au possible. Il entend cette phrase sur le bonheur prononcée par Vanessa, une phrase qui consiste à dire que c'est elle qui institue son propre bonheur et que lui, Marc, n'est que le prolongement de celui-ci. Ok. Je me dis que dans l'état où se trouve Marc ce genre de propos doit être un peu de trop à entendre. Perso, je crois que je pèterai un câble. Surtout que pour un type comme Marc, le sous-texte pourrait être le suivant : puisque je suis l'instigatrice de mon propre bonheur et puisque tu n'es qu'un prolongement de celui-ci alors je peux être heureuse avec une autre personne que toi... Pas sûr qu'il ait vraiment l'envie d'entendre ça !

Bref. J'ai aimé ton écriture (même si dans la seconde partie, je trouve que ton style est plus descriptif que dans la première). J'ai adoré la première partie de ta nouvelle. Mais j'ai comme qui dirait rendu les armes pendant la seconde partie.
J'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de mes propos,
S.

Hello, Mélodie !

Pour ma part, j'ai passé un bon moment avec cette histoire. C'est plutôt (très) bien écrit et entraînant, et si dans un premier temps j'ai pu trouver le cheminement psychologique de ton personnage un brin « cliché », j'ai beaucoup apprécié par la suite le développement que tu en as fait. Tout cela sonne assez authentique et les différentes « visions » (si on peut dire) qui assaillent ton protagoniste sont plus que plaisantes.
J'ai un peu de mal concernant certains commentaires trouvant que cela manquait de « fantastique », alors qu'en ce qui me concerne ces passages rentrent clairement dans cette catégorie. Peut-être parce que le traitement que tu en es fait est plus axé sur la psychologie interne ou la symbolique, mais pour ma part ça ne m'a absolument pas gêné. Ça allait de pair avec ce que tu voulais raconter, je pense. Je dirais même que cette approche, plus dans l'affect et le ressenti du personnage, lui donne une force supplémentaire.
Techniquement, rien à dire, c'est du très joli travail.
En ce qui concerne les différentes images, je les ai trouvé assez bien exploitées et contrairement à d'autres participations, je n'ai pas eu cette sensation de « pièces rapportées » quant à l'utilisation de celles-ci.

Bref, une très belle proposition, à mon humble avis !    (malgré quelques points perfectibles, certes, mais entre les contraintes de thèmes, de signage + deadline inhérents aux concours, je trouve que tu t'en sors fichtrement bien).

Alors merci Silence et Tak pour vos retours.

Silence: je peux comprendre tout ce que tu avances. Il est en effet difficilement appréhendable tout ce que je raconte sauf que si toi tu y vois quelque chose de très décousu, je ne le ressens pas de la même manière (bon certes ça demandait plus de développement j'en suis consciente et je l'aurai fait sans le signage). Pour avoir côtoyé le milieu du chamanisme et travaillé sur l'onirisme et le symbolisme, cela donne souvent cette impression de décousu (les rêves ne sont-ils pas loufoques pour la majorité? ^^)Cela n'enlève en rien leur capacité magnifique de pouvoir nous transformer de l'intérieur. Malheureusement pour Marc, il n'a pas eu le temps de se pencher sur, peut-être ce qui aurait pu le sauver...  Après je comprends parfaitement qu'on soit pas forcément porté sur le domaine ou qu'on n'y comprenne pas grand-chose.

Tak: Merci beaucoup! je suis contente que tu aies pu t'immerger dans l'histoire et l'appréhender comme je le voulais

Je prends en tout cas note de tous les commentaires.

Salut Mélodie Or,
Merci pour ta réponse, mais ce n'est pas le sens de mon propos. En l'occurrence, c'est vrai, je n'y connais rien au chamanisme. Mais mon observation ne concernait pas le chamanisme en lui-même, mais le fait que ta nouvelle me paraît décousue. Je crois que cela vient du nombre d'images choisies et non du sujet en lui-même. Pour le reste, je me garderai bien de critiquer un domaine dans lequel je n'entends rien et que je ne connais pas. Je ne sais pas si mon propos est plus clair, car encore une fois ce n'est pas le sujet de ta nouvelle qui me pose problème. D'où ma réflexion sur le "mieux est l'ennemi du bien". Je crois que ton texte aurait largement gagné à ne choisir qu'une ou deux images au maximum. Mais encore une fois, ce n'est que mon point de vue et il est parfaitement subjectif !

Ça démarre fort, au niveau style, et puis il y a un peu de laisser aller par la suite, genre :

« Je déguste la moitié d’un hamburger avant de le jeter, dégouté, dans la poubelle. Plus rien n’a de goût. »

Pas de quoi remettre en question la qualité d’ensemble de ton texte sur le plan formel, hein, mais on ferait aussi bien sans

Autrement, sur le fond, bonne progression d’intrigue et caractérisation des personnages, de même que des dialogues sonnant justes à l’oreille. Le lien avec l’image du cavalier squelette est pleinement assuré ce qui fait entrer ton récit dans les clous du concours. Les autres images citées sont peut-être plus survolées, mais cela reste du bon boulot.

Merci pour le retour sur mon histoire !
Concernant le style et la citation, tu veux dire que c'est trop formel? PAs assez vulgaire? Je suis pas certaine d'avoir bien compris.

C'est juste la répétition phonétique déguste / dégoûté / goût qui pose problème : pas de quoi bondir pour autant, je te rassure

Es-tu sûre qu'il s'agisse de ton texte Petit-Carmin ? Ce n'est pas celui de Mélodie ?

Mince!! Ahlala désolée, Peit-carmin s'était connecté sur mon copte et j'avais pas vu... Donc c'était bien moi qui ait répondu ^^ Vigilante Françoise

François, ah oui en effet! pff j'vais même pas tiqué quoi !