NUIT NOIRE de Christophe Siébert (konsstrukt)

[i]Christophe Siébert fonde le collectif konsstrukt en 1998, publie un premier roman à la Musardine en 2007 (J'ai peur), puis des romans pornos chez Media 1000 à partir de 2009, et dans quelques revues, sporadiquement.

http://www.riviereblanche.com/collection-noire-n33-nuit-noire.html

Au niveau des ventes, tu as bien marché ?

tiens, bin vu que paladin a déplacé mon post sur holocauste, je découvre ta question ! bon, mieux vaut tard que jamais.
on en a vendu environ 300, ce qui, vu le bouquin que c'est, n'est pas si mal.

Je trouve que 300 ventes est un beau résultat, non seulement "vu le bouquin que c'est", en effet, mais aussi vu l'éditeur dont il est ici question.
Il y a chez Rivière Blanche des livres bien moins extrêmes que Nuit Noire qui ne se sont pas autant vendus...
Je suis même surpris, eu égard à la passion de Philippe Ward pour la collection Gore, que votre partenariat ne se soit pas poursuivi depuis.

J'avais en effet lu sur un autre forum (feu Ultra Gore, de mémoire) un échange où tu disais en substance ceci: "si le bouquin se vent bien, Philippe est prêt à relancer les machines à viande".
Qu'est-il donc advenu de ce beau projet ? Tu me diras, ça ne me regarde pas, et tu auras raison, MAIS:
1/Je possède l'intégralité de la collection Gore 2/Rivière Blanche est mon éditeur préféré après Fleuve Noir 3/Je tiens Nuit Noire pour un bouquin exceptionnel, ce qui fait trois bonnes raisons de me montrer curieux...

philippe ward a effectivement une passion de lecteur pour la défunte collection gore, mais, en tant qu'éditeur, il ne peut hélas faire tout ce qu'il veut. d'autre part, à vrai dire, je ne suis plus tellement en contact avec rivière blanche. pour diverses raisons, j'ai préféré poursuivre mon travail avec un autre éditeur. cependant, j'ai cru comprendre que rivière blanche allait ralentir un peu son activité, et limiter les bouquins trop risqués ou difficiles à vendre. 300 exemplaires, même si c'est honorable, n'est pas un score suffisant, je pense, pour créer une nouvelle collection. et même, encore faut-il trouver des auteurs. en ce qui me concerne, je pense avoir dit tout ce que j'avais à dire dans ce registre avec nuit noire. ça m'aurait pas déplu d'écrire du gore de gare, comme je l'ai fait avec le porno, mais avec à la clé les ventes et le fric qui vont avec, ce qui ne pourra jamais être le cas avec une structure comme rivière blanche.
(et merci du compliment !)

Merci pour ta réponse, et de nada pour le compliment.
J'estime qu'il n'est jamais inutile de dire franchement à un auteur ce qu'on pense de son travail, tant qu'on évite le cirage de pompes servile.
Concernant ton changement de registre, je comprends ta position: tu n'as manifestement pas envie de te répéter, et c'est une bonne chose. J'ai ainsi cru comprendre que Sexe connexion relevait davantage du Polar à la Manchette, alors qu'Holocauste a l'air de tendre vers le Post-Apo.

Deux bouquins très tentants, mais je bloque encore avec le numérique.
J'attends de te relire en "dur", même si la date de sortie de Métaphysique de la viande est encore bien lointaine.
Pour ce qui est de la barbaque, je pense qu'on ne pourra plus faire du Gore de gare et gagner du fric avec comme à l'époque où Fleuve Noir tirait chaque bouquin à 10 000. Cette époque est hélas révolue.
Cela t'empêchera-t-il d'en écrire à nouveau ? As-tu pour autant fait le tour de la question ? Nuit Noire t'a-t-il servi de purge ? Seul l'avenir le dira. Perso, j'espère que tu y reviendras.

pour métaphysique de la viande, la sortie est tout aussi lointaine qu'incertaine, ça va dépendre de quantité de choses.
mon prochain-prochain bouquin prévu chez numériklivres devrait faire l'objet d'une réédition papier en 2014 ou 2015 - là encore, c'est assez hypothétique.
je cherche un éditeur qui serait intéressé par la réédition papier des livres que je fais paraître chez numériklivres, mais je cherche sans vraiment forcer : je me sens vraiment bien chez cet éditeur, et le travail que nous faisons est de bien meilleure qualité que tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent en papier. du coup, je t'encourage vivement à te procurer une liseuse pour tenter le coup !
le gore, au départ, ça n'est pas tant que ça ma culture. je viens davantage de la sf et du roman noir. nuit noire, pour moi, c'était surtout un moyen d'exploiter certains thèmes noirs en les radicalisant au maximum, et de tester dans de la littérature plus personnelle tout ce que j'avais pris plaisir à faire en porno. ensuite, que ce bouquin rejoigne les préoccupations de la littérature gore est presque aussi accidentel que le fait que j'ai peur, mon premier roman, ait rejoint les préoccupations de la littérature porno.
par contre, mes deux derniers sont plus conscients du genre auquel ils appartiennent. mais, cela dit, ma fiction reste tout de même assez violente. si c'est le côté viandard qui t'a plu dans nuit noire, il y a quelques scènes dans holocauste qui pourraient te faire plaisir.

Je comprends d'autant mieux ce que tu dis lorsque tu parles d'"accident" que je suis persuadé que personne ne vient uniquement de la littérature Gore. J'oscille moi-même depuis toujours entre Fantastique, Horreur, Polar et Thriller, et j'ai trouvé dans la collection Gore une version paroxystique de ces quatre genres, avec parfois une bonne dose de cul en plus, ce qui ne gâche rien.

Le Gore, c'est tous ces genres-là au choix (ou à la fois), dégraissés au maximum. Juste le muscle et les nerfs.
Et ce que j'ai aimé dans Nuit Noire n'est justement pas tant le côté viandard - même si je ne l'ai jamais rencontré aussi poussé dans aucun des Gore que j'ai pu lire - que ta façon de t'accaparer le genre pour en faire quelque chose de profondément personnel.

C'est pour ça que j'ai envie de lire tes autres bouquins: pour vérifier si tu continues, non pas à servir un genre, mais à te servir d'un genre pour le faire évoluer, le tout sans cynisme ni mépris.
J'aime le côté très premier degré de cette démarche frontale, beaucoup plus courageuse et sincère que le post-modernisme intello qui a fait tant de mal à la littérature populaire ces dernières années.

oui, je crois que mon écriture reste assez frontale ; je n'aime pas plus que toi les maniérismes.

Échanges excellents les amis. J'ai aimé vous lire...