"Holocauste" de Christophe Siebert
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"Holocauste" de Christophe Siebert
Edit du 5 avril de l'an de grâce 2018 :
Ce roman, publié à l'origine en numérique, a été réédité chez Rivière Blanche en 2016.
Les extraits et la présentation du livre par son auteur restent néanmoins d'actualité.
Quant aux Nouvelles Aventures d'Holocauste, elles se déroulent désormais par ici :
https://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/t3623-holocauste-de-christophe-siebert#89823
Après l'épidémie, qui s'est abattue avec la brutalité d'une bombe atomique lâchée sur un village de vacances, ce qui reste de l'espèce humaine tente de s'organiser. Le spectacle est loin d'être réjouissant. C'est le pire de la nature humaine qui se dévoile. Loi du plus fort, violence, cruauté, la catastrophe a dénudé l'homme et il n'est pas beau à voir.
"Les conversations aboutissaient toujours à ces questions. Qui était mort, à quelle attaque, à quel âge ? C'était des sables mouvants où s'enlisait chaque échange social, sans espoir."
Olivia, une jeune femme au parcours difficile et que sa personnalité ambiguë pousse à une étrange quête d'absolu, tente de survivre dans un environnement où tous les repères moraux ont disparu.
Ce roman, publié à l'origine en numérique, a été réédité chez Rivière Blanche en 2016.
Les extraits et la présentation du livre par son auteur restent néanmoins d'actualité.
Quant aux Nouvelles Aventures d'Holocauste, elles se déroulent désormais par ici :
https://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/t3623-holocauste-de-christophe-siebert#89823
Après l'épidémie, qui s'est abattue avec la brutalité d'une bombe atomique lâchée sur un village de vacances, ce qui reste de l'espèce humaine tente de s'organiser. Le spectacle est loin d'être réjouissant. C'est le pire de la nature humaine qui se dévoile. Loi du plus fort, violence, cruauté, la catastrophe a dénudé l'homme et il n'est pas beau à voir.
"Les conversations aboutissaient toujours à ces questions. Qui était mort, à quelle attaque, à quel âge ? C'était des sables mouvants où s'enlisait chaque échange social, sans espoir."
Olivia, une jeune femme au parcours difficile et que sa personnalité ambiguë pousse à une étrange quête d'absolu, tente de survivre dans un environnement où tous les repères moraux ont disparu.
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Super, bravo Christophe!
J'ai déplacé le sujet vers le forum concerné...
J'ai déplacé le sujet vers le forum concerné...
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
yep, je ferai ça dès qu'il sera disponible, la semaine prochaine.
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Ouh je sens qu'il va me plaire çuilà ! En tout cas, la couv' est géniale. Tu peux compter sur moi pour me le procurer. Comme le dit Pala, tu files un lien dès que tu peux.
holocauste vient de paraître
merci
Holocauste vient sortir sur toutes les plateformes de téléchargement, sans tambour ni trompette mais avec quelques jours d'avance.
Vous pouvez donc dès maintenant foncer dans votre librairie en ligne favorite pour vous le procurer.
Holocauste est un roman post-apocalyptique écrit comme un polar. L'échelle du récit est essentiellement à hauteur d'homme. ce qui m'a le plus intéressé dans l'écriture de cette histoire que j'ai voulu violente et réaliste, ce sont les conséquences morales et sociales d'une telle catastrophe (que je vous laisserai découvrir par vous-même, pas question de vous gâcher la surprise). Le cataclysme que subissent les personnages d'Holocauste n'est pas seulement une menace pour l'avenir de l'humanité, mais aussi le point de départ d'une mise en question de toutes les règles.
Voici les premières lignes de ce livre :
17 juillet
D’après les estimations, il restait quarante mille personnes dans ce pays. Dans le groupe, on pensait que si tout ce monde convergeait vers Paris, un nouveau départ serait possible.
Deux, parmi les huit militaires qui dirigeaient la communauté, avaient torturé en juin, tout le monde le savait, mais ils étaient nécessaires. Trois ex-policiers et un médecin se partageaient l’organisation du groupe, la répartition des tâches et la logistique. Les médicaments étaient centralisés. Pour la nourriture on tolérait que chacun ait sur soi trois jours de réserves, le surplus étant mis en commun. Deux professeurs d’université s’occupaient des enfants et des adolescents.
Au moment de leur départ, Lyon était dans le chaos. Un prêtre d’extrême droite avait investi la basilique de Fourvières avec sa congrégation. Il conduisait une croisade, la conversion ou la mort ; ils traquaient et brûlaient les hérétiques, les juifs qui ripostaient, la guerre était partout, il était temps de fuir.
Ils avaient suivi l’A6 jusqu’à Dijon. Là, des survivants se mêlèrent à leur groupe. Ils remontèrent la N74, rectiligne, sur trente kilomètres, puis firent une longue pause vers Langres. Il plut durant plusieurs jours. Des pillards basés au lac de la Liez les attaquèrent, ils perdirent de nombreux compagnons. La bataille souda le groupe. Les gens se parlèrent davantage et gagnèrent en autodiscipline et en empathie. À leur départ de Langres, ils évitèrent routes et habitations. Ils contournaient les forêts et marchaient tout le jour sous une pluie tiédasse et un ciel nuageux qui ne s’interrompait jamais, ils suivaient la Marne, boueuse, agitée, grêlée de gouttes, déprimante. Comme il faisait moins chaud, on marchait plus longtemps ; cependant le climat rendait le terrain plus fatigant et la progression plus lente, ainsi on gâchait ce temps gagné en efforts inutiles. À vingt heures on établissait le camp, parfois sous la pluie qui devenait alors froide, souvent à proximité d’un affluent de la Marne qui avait débordé et transformé ses berges en boue. Un groupe allait chasser, équipé d’arcs trouvés à Décathlon et de flèches artisanales. Au camp, les guetteurs prenaient leur poste, on distribuait les corvées, on allumait les feux. Du bois avait été ramassé toute la journée par les jeunes. En plus du feu principal, qui occupait le centre du camp et lançait des flammes de plusieurs mètres, quatre feux plus modestes éclairaient les postes de guet ; tous brûleraient toute la nuit, éloignant les bêtes de plus en plus hardies, et servant de point de ralliement aux éventuels survivants isolés. Puis venait l’heure de préparer à manger ; après le repas les gens se détendaient enfin.
18 juillet
La colonne s’effilochait sur deux cents mètres. Cheminant à travers les champs brûlés par le soleil revenu et détrempés par la pluie des jours précédents, le groupe longeait le canal de la Marne à la Saône. Les corbeaux et les moineaux bouffaient ce qui restait des cultures, ils ne craignaient plus du tout les hommes. On progressait entre Condes et Vouécourt, on retrouverait la Marne en fin de journée. Le changement de climat était total ; le soleil écrasait tout et tout le monde. Le ciel était d’un bleu gris monochrome et insoutenable, sans nuage pour le nuancer, et tout étincelait d’une lumière crue qui brûlait les yeux et la peau. Tout le monde transpirait. Personne n’avait la force de parler. On faisait des pauses pour se désaltérer ou s’asperger.
Vingt kilomètres à marcher entre le canal rectiligne et les champs, en plein soleil, pas d’ombre, des mouches, des guêpes, des taons, de l’aube au crépuscule, avec des pauses pour manger, des pauses quand il faisait trop chaud, des pauses quand les enfants ou les vieux n’en pouvaient plus, des villages qui n’étaient que charniers, maisons pillées, noms sur un panneau ou sur une carte et qui ne signifiait rien. Riaucourt, 446 habitants, pas de survivant ; Bologne, 1943 habitants, un survivant qui rejoignit la communauté ; Roôcourt-la-Côte, 42 habitants, pas de survivant ; Viéville, 257 habitants, pas de survivant ; Vraincourt, 92 habitants, pas de survivant ; Soncourt-Sur-Marne, 64 habitants, pas de survivant ; Vouécourt, 207 habitants, pas de survivant ; partout l’absence des vivants et les traces de la maladie et du vandalisme, partout les cadavres entassés, partout les maisons laissées par leurs occupants enfuis d’ici pour mourir ailleurs, et quelquefois l’indice d’un groupe passé là quelques jours ou quelques semaines auparavant et qu’on ne rencontrerait jamais.
Vers dix-huit heures, un vent se leva qui assainit l’atmosphère. On accéléra. Des nuages mauves atténuèrent l’éclat du ciel. Après vingt heures la température descendit enfin sous vingt degrés.
19 juillet
La lumière saturait les couleurs comme dans un western italien, blancs de chaux, verts presque noirs, marrons granuleux aux éclats cramoisis, et détourait toute chose au cutter, donnant à voir chaque objet coupé de tous les autres, indépendant, figé et aliéné dans son éclat blessant. Les kilomètres se succédaient, interchangeables, et aussi les villages, patronymes lus et oubliés aussitôt, odeurs fades non plus de charnier, mais de décharge publique, squelettes. Buxières, Froncles, Villiers-sur-Marne, Gudmont, Rouvroy-Sur-Marne, Donjeux, Mussey-sur-Marne de l’autre côté de la N67 où, au bord du canal, on établit le camp.
Les soirs se suivaient et s’apparentaient les uns aux autres. Ce soir-là près du feu, trois hommes de quarante ans avec une guitare, une clarinette et un harmonica jouaient des standards de blues et quelques airs folkloriques français. La lueur des flammes leur cuivrait la peau et faisait briller leurs yeux ; leurs ombres s’étiraient très loin. Près d’eux une demi-douzaine de personnes se partageait entre leur conversation et la musique, s’interrompant parfois pour chanter.
À cinquante mètres de là, deux équipes de quatre jouaient au foot dans la lueur douce des flammes, environnés d’ombres considérables et dansantes, malgré l’épuisement. Des cailloux et des branches délimitaient le terrain. Ils riaient, s’interpellaient, se bagarraient pour rire. Des enfants les encourageaient.
20 juillet
Fronville, Joinville où il restait deux survivants, Autigny-le-Grand, Autigny-le-Petit, Curel, Chatonrupt, Breuil-sur-Marne, Rachecourt-sur-Marne, Chevillon dans son prolongement, Sommeville et la fin de la journée Fontaines-sur-Marne près des ruines gallo-romaines.
Prix de vente : 4,99 euros.
Vous pouvez vous le procurer en cliquant ici :
http://www.amazon.fr/Holocauste-ebook/dp/B00D0AKOCG/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1369771581&sr=1-3
Holocauste vient sortir sur toutes les plateformes de téléchargement, sans tambour ni trompette mais avec quelques jours d'avance.
Vous pouvez donc dès maintenant foncer dans votre librairie en ligne favorite pour vous le procurer.
Holocauste est un roman post-apocalyptique écrit comme un polar. L'échelle du récit est essentiellement à hauteur d'homme. ce qui m'a le plus intéressé dans l'écriture de cette histoire que j'ai voulu violente et réaliste, ce sont les conséquences morales et sociales d'une telle catastrophe (que je vous laisserai découvrir par vous-même, pas question de vous gâcher la surprise). Le cataclysme que subissent les personnages d'Holocauste n'est pas seulement une menace pour l'avenir de l'humanité, mais aussi le point de départ d'une mise en question de toutes les règles.
Voici les premières lignes de ce livre :
17 juillet
D’après les estimations, il restait quarante mille personnes dans ce pays. Dans le groupe, on pensait que si tout ce monde convergeait vers Paris, un nouveau départ serait possible.
Deux, parmi les huit militaires qui dirigeaient la communauté, avaient torturé en juin, tout le monde le savait, mais ils étaient nécessaires. Trois ex-policiers et un médecin se partageaient l’organisation du groupe, la répartition des tâches et la logistique. Les médicaments étaient centralisés. Pour la nourriture on tolérait que chacun ait sur soi trois jours de réserves, le surplus étant mis en commun. Deux professeurs d’université s’occupaient des enfants et des adolescents.
Au moment de leur départ, Lyon était dans le chaos. Un prêtre d’extrême droite avait investi la basilique de Fourvières avec sa congrégation. Il conduisait une croisade, la conversion ou la mort ; ils traquaient et brûlaient les hérétiques, les juifs qui ripostaient, la guerre était partout, il était temps de fuir.
Ils avaient suivi l’A6 jusqu’à Dijon. Là, des survivants se mêlèrent à leur groupe. Ils remontèrent la N74, rectiligne, sur trente kilomètres, puis firent une longue pause vers Langres. Il plut durant plusieurs jours. Des pillards basés au lac de la Liez les attaquèrent, ils perdirent de nombreux compagnons. La bataille souda le groupe. Les gens se parlèrent davantage et gagnèrent en autodiscipline et en empathie. À leur départ de Langres, ils évitèrent routes et habitations. Ils contournaient les forêts et marchaient tout le jour sous une pluie tiédasse et un ciel nuageux qui ne s’interrompait jamais, ils suivaient la Marne, boueuse, agitée, grêlée de gouttes, déprimante. Comme il faisait moins chaud, on marchait plus longtemps ; cependant le climat rendait le terrain plus fatigant et la progression plus lente, ainsi on gâchait ce temps gagné en efforts inutiles. À vingt heures on établissait le camp, parfois sous la pluie qui devenait alors froide, souvent à proximité d’un affluent de la Marne qui avait débordé et transformé ses berges en boue. Un groupe allait chasser, équipé d’arcs trouvés à Décathlon et de flèches artisanales. Au camp, les guetteurs prenaient leur poste, on distribuait les corvées, on allumait les feux. Du bois avait été ramassé toute la journée par les jeunes. En plus du feu principal, qui occupait le centre du camp et lançait des flammes de plusieurs mètres, quatre feux plus modestes éclairaient les postes de guet ; tous brûleraient toute la nuit, éloignant les bêtes de plus en plus hardies, et servant de point de ralliement aux éventuels survivants isolés. Puis venait l’heure de préparer à manger ; après le repas les gens se détendaient enfin.
18 juillet
La colonne s’effilochait sur deux cents mètres. Cheminant à travers les champs brûlés par le soleil revenu et détrempés par la pluie des jours précédents, le groupe longeait le canal de la Marne à la Saône. Les corbeaux et les moineaux bouffaient ce qui restait des cultures, ils ne craignaient plus du tout les hommes. On progressait entre Condes et Vouécourt, on retrouverait la Marne en fin de journée. Le changement de climat était total ; le soleil écrasait tout et tout le monde. Le ciel était d’un bleu gris monochrome et insoutenable, sans nuage pour le nuancer, et tout étincelait d’une lumière crue qui brûlait les yeux et la peau. Tout le monde transpirait. Personne n’avait la force de parler. On faisait des pauses pour se désaltérer ou s’asperger.
Vingt kilomètres à marcher entre le canal rectiligne et les champs, en plein soleil, pas d’ombre, des mouches, des guêpes, des taons, de l’aube au crépuscule, avec des pauses pour manger, des pauses quand il faisait trop chaud, des pauses quand les enfants ou les vieux n’en pouvaient plus, des villages qui n’étaient que charniers, maisons pillées, noms sur un panneau ou sur une carte et qui ne signifiait rien. Riaucourt, 446 habitants, pas de survivant ; Bologne, 1943 habitants, un survivant qui rejoignit la communauté ; Roôcourt-la-Côte, 42 habitants, pas de survivant ; Viéville, 257 habitants, pas de survivant ; Vraincourt, 92 habitants, pas de survivant ; Soncourt-Sur-Marne, 64 habitants, pas de survivant ; Vouécourt, 207 habitants, pas de survivant ; partout l’absence des vivants et les traces de la maladie et du vandalisme, partout les cadavres entassés, partout les maisons laissées par leurs occupants enfuis d’ici pour mourir ailleurs, et quelquefois l’indice d’un groupe passé là quelques jours ou quelques semaines auparavant et qu’on ne rencontrerait jamais.
Vers dix-huit heures, un vent se leva qui assainit l’atmosphère. On accéléra. Des nuages mauves atténuèrent l’éclat du ciel. Après vingt heures la température descendit enfin sous vingt degrés.
19 juillet
La lumière saturait les couleurs comme dans un western italien, blancs de chaux, verts presque noirs, marrons granuleux aux éclats cramoisis, et détourait toute chose au cutter, donnant à voir chaque objet coupé de tous les autres, indépendant, figé et aliéné dans son éclat blessant. Les kilomètres se succédaient, interchangeables, et aussi les villages, patronymes lus et oubliés aussitôt, odeurs fades non plus de charnier, mais de décharge publique, squelettes. Buxières, Froncles, Villiers-sur-Marne, Gudmont, Rouvroy-Sur-Marne, Donjeux, Mussey-sur-Marne de l’autre côté de la N67 où, au bord du canal, on établit le camp.
Les soirs se suivaient et s’apparentaient les uns aux autres. Ce soir-là près du feu, trois hommes de quarante ans avec une guitare, une clarinette et un harmonica jouaient des standards de blues et quelques airs folkloriques français. La lueur des flammes leur cuivrait la peau et faisait briller leurs yeux ; leurs ombres s’étiraient très loin. Près d’eux une demi-douzaine de personnes se partageait entre leur conversation et la musique, s’interrompant parfois pour chanter.
À cinquante mètres de là, deux équipes de quatre jouaient au foot dans la lueur douce des flammes, environnés d’ombres considérables et dansantes, malgré l’épuisement. Des cailloux et des branches délimitaient le terrain. Ils riaient, s’interpellaient, se bagarraient pour rire. Des enfants les encourageaient.
20 juillet
Fronville, Joinville où il restait deux survivants, Autigny-le-Grand, Autigny-le-Petit, Curel, Chatonrupt, Breuil-sur-Marne, Rachecourt-sur-Marne, Chevillon dans son prolongement, Sommeville et la fin de la journée Fontaines-sur-Marne près des ruines gallo-romaines.
Prix de vente : 4,99 euros.
Vous pouvez vous le procurer en cliquant ici :
http://www.amazon.fr/Holocauste-ebook/dp/B00D0AKOCG/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1369771581&sr=1-3
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Du trois juin au six juillet, je serai en tournée dans toute la France pour présenter mon roman Holocauste.
Je lirai des extraits du roman, accompagné par une bande-son dark-ambient et des boucles vidéos qui vous plongeront dans une humeur voisine de celle d'un nouveau-né qui ne parvient pas à ôter l'oreiller qui lui écrase la figure.
Cette tournée sera pour moi une grande première : je n'avais jamais jusqu'à présent composé la moindre seconde de musique, et je ne m'étais jamais produit seul sur scène.
Après les lectures, vous pourrez embarquer un flyer présentant Holocauste et donnant droit au téléchargement gratuit d'un large extrait du roman, et acheter à prix libre le CD Holocauste (édité par Kakakids records) pour réécouter mes saloperies tranquillement chez vous.
3 JUIN - 21 heures
En direct à l'émission Douche Froide sur Canal Sud.
Interview et lecture, en présence (sous réserve) de mon éditrice Anita Berchenko
Canal Sud : 92.2 FM ou bien écoutable en direct et podcastable sur le site : http://www.canalsud.net/
***
5 JUIN - 21 heures - Gratuit
Up and Down (rue du Pyla Saint-Gély, Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Vers2Cris (noise with Prévert)
+ Horse gives birth to fly (Ritual noise)
***
7 JUIN - 21 heures - Prix libre
Asile 404 (135 rue d'Aubagne, Marseille)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ d'autres groupes sous réserve
***
14 JUIN - 18 heures - Gratuit
Sale quart d'heure (29 place de la république, Châlons-en-Champagne)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Stands, distros, bière locale, etc.
***
15 JUIN - 18 heures - Prix libre
Hôtel des vils (55 avenue de l'Union Soviétique, Clermont-Ferrand)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ projection de La princesse aux huitres (E. Lubitsch, 1919)
+ une bonne grosse boum dont les clermontois ont le secret
***
16 JUIN - 18 heures - Prix libre
L'Imposture (159 rue d'Artois, Lille)
Lecture sur bande-son et vidéo
***
18 JUIN - 19 heures - Prix libre
Chez David Lemaréchal et Marie Langlois (Soirée privée - adresse et invitation sur demande, Lille)
Ecrire un mail à ambiteknomuzik@gmail.com
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Fred Gevart (lecture)
+ Invités
***
19 JUIN - 19 heures - Prix Libre
Terrenoire (10 rue du chariot d'or, Lyon)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Maria Magdalena (Fusion métal trombone)
***
24 JUIN - 20 heures - 5 euros
Galerie le Mat (3 rue Voltaire, Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Attic Ted (freaks cabaret post-punk)
+ Adolf Hibou (Boys band bourbon)
***
25 JUIN - 21 heures - Gratuit
Pub Z (50 rue de la Bonneterie - Avignon)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Courge Solofi (Mattt Konture one man band)
***
28 JUIN - 20 heures - Prix Libre
Villa des cent regards (1000 bis rue de la Roqueturière - Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Nombreux invités et surprises
***
5 JUILLET - 18 heures - Prix libre
La Fermazoïde (Le Gué, 35240 Le Theil-de-Bretagne - à 15 km de Rennes)
Infos : 06 88 45 55 81
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Amphigouri
+ Gato Negro et Ynvaët (performance audiovisuelle et marionnettique)
+ DJ Dogmichet
+ Barbeuc + Bière locale + Parking pour la nuit
***
6 JUILLET - 21h - Prix libre
L'ivresse (9 rue de l'hôtel de ville, Nantes)
Lecture sur bande-son et vidéo
***
Et d'autres dates à venir et en attente de confirmation.
Pour toute proposition / invitation / question : écrire à konsstrukt@hotmail.com
Holocauste est disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
http://numeriklire.net/2013/05/27/holocauste-par-christophe-siebert/
Je lirai des extraits du roman, accompagné par une bande-son dark-ambient et des boucles vidéos qui vous plongeront dans une humeur voisine de celle d'un nouveau-né qui ne parvient pas à ôter l'oreiller qui lui écrase la figure.
Cette tournée sera pour moi une grande première : je n'avais jamais jusqu'à présent composé la moindre seconde de musique, et je ne m'étais jamais produit seul sur scène.
Après les lectures, vous pourrez embarquer un flyer présentant Holocauste et donnant droit au téléchargement gratuit d'un large extrait du roman, et acheter à prix libre le CD Holocauste (édité par Kakakids records) pour réécouter mes saloperies tranquillement chez vous.
3 JUIN - 21 heures
En direct à l'émission Douche Froide sur Canal Sud.
Interview et lecture, en présence (sous réserve) de mon éditrice Anita Berchenko
Canal Sud : 92.2 FM ou bien écoutable en direct et podcastable sur le site : http://www.canalsud.net/
***
5 JUIN - 21 heures - Gratuit
Up and Down (rue du Pyla Saint-Gély, Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Vers2Cris (noise with Prévert)
+ Horse gives birth to fly (Ritual noise)
***
7 JUIN - 21 heures - Prix libre
Asile 404 (135 rue d'Aubagne, Marseille)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ d'autres groupes sous réserve
***
14 JUIN - 18 heures - Gratuit
Sale quart d'heure (29 place de la république, Châlons-en-Champagne)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Stands, distros, bière locale, etc.
***
15 JUIN - 18 heures - Prix libre
Hôtel des vils (55 avenue de l'Union Soviétique, Clermont-Ferrand)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ projection de La princesse aux huitres (E. Lubitsch, 1919)
+ une bonne grosse boum dont les clermontois ont le secret
***
16 JUIN - 18 heures - Prix libre
L'Imposture (159 rue d'Artois, Lille)
Lecture sur bande-son et vidéo
***
18 JUIN - 19 heures - Prix libre
Chez David Lemaréchal et Marie Langlois (Soirée privée - adresse et invitation sur demande, Lille)
Ecrire un mail à ambiteknomuzik@gmail.com
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Fred Gevart (lecture)
+ Invités
***
19 JUIN - 19 heures - Prix Libre
Terrenoire (10 rue du chariot d'or, Lyon)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Maria Magdalena (Fusion métal trombone)
***
24 JUIN - 20 heures - 5 euros
Galerie le Mat (3 rue Voltaire, Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Attic Ted (freaks cabaret post-punk)
+ Adolf Hibou (Boys band bourbon)
***
25 JUIN - 21 heures - Gratuit
Pub Z (50 rue de la Bonneterie - Avignon)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Courge Solofi (Mattt Konture one man band)
***
28 JUIN - 20 heures - Prix Libre
Villa des cent regards (1000 bis rue de la Roqueturière - Montpellier)
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Nombreux invités et surprises
***
5 JUILLET - 18 heures - Prix libre
La Fermazoïde (Le Gué, 35240 Le Theil-de-Bretagne - à 15 km de Rennes)
Infos : 06 88 45 55 81
Lecture sur bande-son et vidéo
+ Amphigouri
+ Gato Negro et Ynvaët (performance audiovisuelle et marionnettique)
+ DJ Dogmichet
+ Barbeuc + Bière locale + Parking pour la nuit
***
6 JUILLET - 21h - Prix libre
L'ivresse (9 rue de l'hôtel de ville, Nantes)
Lecture sur bande-son et vidéo
***
Et d'autres dates à venir et en attente de confirmation.
Pour toute proposition / invitation / question : écrire à konsstrukt@hotmail.com
Holocauste est disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
http://numeriklire.net/2013/05/27/holocauste-par-christophe-siebert/
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Dix minutes avant l’arrivée de Thomas, la télé est tombée en panne. Quand il a sonné, j’ai ouvert avec appréhension. C’était la première fois depuis Myriam, mais je n’avais pas le choix, il fallait bien payer les factures et tout le reste. Il y aurait une chambre pour Kévin, là-bas, on pourrait aller à la plage, passer vraiment du temps ensemble, ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé.
Thomas avait l’air inquiet.
— Ton téléphone non plus ne marche pas ? Le portable, je veux dire. Il marche ? Il a demandé.
— Euh, je sais pas, pourquoi ? Entre, entre. Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
— J’ai essayé de t’appeler, tu es sortie aujourd’hui ?
J’ai refermé la porte, le traditionnel baiser sur la bouche ne l’a pas tellement ému, ça lui coûtait pourtant quinze euros de plus. Il n’avait pas mis de parfum alors qu’il en mettait tout le temps.
— Tu veux boire quelque chose ? J’ai demandé.
— Tu n’es pas allée dehors ? Tu n’as pas vu ce qui se passe ?
— Tu veux un café ? Dehors, non, pourquoi ?
— T’as pas vu comment c’est dehors ? Depuis ce matin ? T’as pas vu le merdier ?
— Le merdier, non, quel merdier ?
Il a sorti son téléphone et regardé l’écran d’un air rageur.
— Pas de réseau, putain. Plus de réseau, personne, et c’est comme ça depuis ce matin. Et c’est pas tout, hein, y a tout qui déconne.
— Calme-toi, assieds-toi, je reviens.
— Oui, oui, pardon. Même la radio, tu te rends compte ? Même France-Inter !
Je suis allée préparer deux tasses. Je me suis allumé une clope, que j’ai fumée à moitié puis éteinte au robinet et jetée à la poubelle. Je me suis rincée la bouche avec un verre d’eau.
Pendant que la cafetière me vibrait aux oreilles, il continuait son monologue. Je n’entendais rien. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je suis revenue avec les cafés et une assiette de gâteaux secs sur un plateau, autant faire les choses bien avec les clients réguliers. Et puis vu l’état dans lequel se trouvait celui-là, on allait passer plus de temps à causer qu’à s’envoyer en l’air. C’était à se demander à quoi on servait au juste.
Il était assis dans le canapé, un peu calmé, mais bien plus nerveux que d’habitude.
— J’ai rien entendu à cause de la machine, trésor, je lui ai dit.
J’ai déposé le plateau sur la table basse et me suis assise à côté de lui. J’ai posé la main sur sa cuisse. Je lui ai montré les billets.
— T’as vu ? Dans trois jours je suis en Italie. J’y suis jamais allée. C’est mes grands-parents, ils ont une baraque là-bas. Incroyable. Tu verrais les photos.
— En Italie ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Olivia ? Comment est-ce que tu veux aller en Italie ? En train ? Mais y a plus rien qui marche, bordel !
Il m’a expliqué ce qui se passait dehors depuis ce matin. J’ai senti mon sourire tomber et ma figure se figer. J’ai vérifié mon portable. Pas de réseau. J’ai vérifié le reste. La télé ne marchait toujours pas. Internet non plus. Thomas a continué sa litanie. Les cafés ont refroidi sur la table, aussi inutiles que mes billets de train s’il disait vrai, et il disait vrai, évidemment. J’ai passé dix minutes à tenter de joindre le père de Kévin. Chez lui, au travail, sur tous les portables qui avaient un rapport avec lui, j’ai même essayé l’école de Kévin, tout ça en pure perte, et puis ma mère, et puis Sophie, et puis le téléphone fixe s’est mis à déconner. Une voix enregistrée a dit que les lignes étaient saturées. Je ne savais même pas que c’était possible.
Holocauste est disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
http://numeriklire.net/2013/05/27/holocauste-par-christophe-siebert/
Thomas avait l’air inquiet.
— Ton téléphone non plus ne marche pas ? Le portable, je veux dire. Il marche ? Il a demandé.
— Euh, je sais pas, pourquoi ? Entre, entre. Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
— J’ai essayé de t’appeler, tu es sortie aujourd’hui ?
J’ai refermé la porte, le traditionnel baiser sur la bouche ne l’a pas tellement ému, ça lui coûtait pourtant quinze euros de plus. Il n’avait pas mis de parfum alors qu’il en mettait tout le temps.
— Tu veux boire quelque chose ? J’ai demandé.
— Tu n’es pas allée dehors ? Tu n’as pas vu ce qui se passe ?
— Tu veux un café ? Dehors, non, pourquoi ?
— T’as pas vu comment c’est dehors ? Depuis ce matin ? T’as pas vu le merdier ?
— Le merdier, non, quel merdier ?
Il a sorti son téléphone et regardé l’écran d’un air rageur.
— Pas de réseau, putain. Plus de réseau, personne, et c’est comme ça depuis ce matin. Et c’est pas tout, hein, y a tout qui déconne.
— Calme-toi, assieds-toi, je reviens.
— Oui, oui, pardon. Même la radio, tu te rends compte ? Même France-Inter !
Je suis allée préparer deux tasses. Je me suis allumé une clope, que j’ai fumée à moitié puis éteinte au robinet et jetée à la poubelle. Je me suis rincée la bouche avec un verre d’eau.
Pendant que la cafetière me vibrait aux oreilles, il continuait son monologue. Je n’entendais rien. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je suis revenue avec les cafés et une assiette de gâteaux secs sur un plateau, autant faire les choses bien avec les clients réguliers. Et puis vu l’état dans lequel se trouvait celui-là, on allait passer plus de temps à causer qu’à s’envoyer en l’air. C’était à se demander à quoi on servait au juste.
Il était assis dans le canapé, un peu calmé, mais bien plus nerveux que d’habitude.
— J’ai rien entendu à cause de la machine, trésor, je lui ai dit.
J’ai déposé le plateau sur la table basse et me suis assise à côté de lui. J’ai posé la main sur sa cuisse. Je lui ai montré les billets.
— T’as vu ? Dans trois jours je suis en Italie. J’y suis jamais allée. C’est mes grands-parents, ils ont une baraque là-bas. Incroyable. Tu verrais les photos.
— En Italie ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Olivia ? Comment est-ce que tu veux aller en Italie ? En train ? Mais y a plus rien qui marche, bordel !
Il m’a expliqué ce qui se passait dehors depuis ce matin. J’ai senti mon sourire tomber et ma figure se figer. J’ai vérifié mon portable. Pas de réseau. J’ai vérifié le reste. La télé ne marchait toujours pas. Internet non plus. Thomas a continué sa litanie. Les cafés ont refroidi sur la table, aussi inutiles que mes billets de train s’il disait vrai, et il disait vrai, évidemment. J’ai passé dix minutes à tenter de joindre le père de Kévin. Chez lui, au travail, sur tous les portables qui avaient un rapport avec lui, j’ai même essayé l’école de Kévin, tout ça en pure perte, et puis ma mère, et puis Sophie, et puis le téléphone fixe s’est mis à déconner. Une voix enregistrée a dit que les lignes étaient saturées. Je ne savais même pas que c’était possible.
Holocauste est disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
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Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 1/6
J'ai écrit la première version d'Holocauste entre 2008 et 2009. Dans le même temps je finissais Nuit noire et rédigeais ce qui allait devenir mon deuxième roman porno publié chez Média 1000.
Je me souviens. J'écrivais sur un ordi portable assis au bout de la table du séjour. A ma gauche la fenêtre donnait sur le parking de la résidence et je pouvais bien passer trois plombes à bailler aux corneilles en matant à travers, rien n'arrivait jamais. Si j'avais espéré un truc pour me distraire, j'aurais été marron. En face de moi y avait le reste du salon et derrière c'était la chambre, avec dans le pieu ma copine qui jouait à des trucs sur son ordi à elle ou bien qui bouquinait, j'aimais bien sa présence derrière moi.
Après avoir terminé Nuit noire je me suis attaqué à un bouquin qui est devenu mon premier roman porno refusé par Média 1000, on gagne pas à tous les coups, et à un texte qui s'appelait Relapse et dont je n'ai pas le moindre souvenir. Pendant que j'écrivais ces trucs qui ne me demandaient pas tant de travail, j'en chiais, j'en chiais vraiment sur Holocauste. Je me souviens de la tentation du bâclage, de laisser tomber le bousin, de revoir à la baisse mon ambition de départ qui n'était pas si déraisonnable pourtant. Un roman de SF à court terme, écrit dans le style comportementaliste de l'âge d'or du roman noir, qui parle de la fin du monde et de ce qui arrive après, sans personnage principal, raconté à travers une série de saynètes composant l'intrigue comme une mosaïque ou un album-photo. Ce que j'avais pas prévu c'est que ma succession de petites scènes serait si difficile à rythmer ni que ce serait si compliqué de faire vivre mes personnages dans un espace aussi réduit et avec un arsenal technique aussi rigoureux que le béhaviorisme. Alors c'est sûr que la tentation de foutre en l'air tout ce bordel et d'en faire une simple nouvelle, voire de lâcher l'affaire sur le style et torcher ça à la balzacienne comme n'importe quel tocard, a fait plus que m'effleurer l'esprit.
Mais j'ai tenu bon.
Ce qui me faisait garder le moral, c'était les bouquins de cul que j'écrivais pour Esparbec. Je veux dire que j'écrivais pas dans le vent : il y avait quelque part des types qui me payaient pour le faire. Oui, heureusement que j'avais un éditeur, heureusement qu'après le bide intergalactique de J'ai peur (mon premier roman), La musardine ne m'avait pas lâché. Je me sentais moins seul tandis que je me débattais avec ma fin du monde.
Et puis, bon an mal an, j'ai fini par en voir le bout. Début 2009, quelque part en février, j'ai foutu ce que j'imaginais être le point final à ce truc et j'ai cessé de m'en occuper, à part pour en lancer quelques morceaux à travers l'Internet.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 2/6
Un moment après, tout à ma joie naïve du succès que je fantasmais inévitable, j'ai commencé à faire circuler le manuscrit d'holocauste. Bon, j'étais pas né de la dernière pluie et j'envoyais des ours dans le vide sidéral depuis assez d'années pour savoir comment ça se passait. A part deux ou trois coups de fils encourageants et une publication passée sous les radars, si j'avais attendu l'approbation des éditeurs pour sabrer le champagne, mon foie se porterait mieux aujourd'hui.
Pour Holocauste, j'ai reçu deux réponses positives (aparté pour les néophytes : dans la littérature, « réponse positive », ça veut dire : refus argumenté), l'une d'Albin Michel où il était question de mon style, qui est bien, qui est bon, et de mon histoire qui est bien, qui est bonne, mais par contre, dieux du ciel que c'est déprimant, noir et violent, impossible de publier ça, le comité de lecture en tremble encore et trois d'entre eux sont désormais sous Stilnox ; et l'autre du Dilettante, écrite à la main (les seuls qui refusent à la main, à ma connaissance, c'est le Dilettante et le Diable Vauvert), où il était question de mon style, qui est bien, qui est bon (on va le savoir – ça fait toujours plaisir, remarque), et de mon univers, qui est noir, trop noir, et que de toute façon ils n'éditent pas de SF, tant pis.
Et puis un type a débarqué, qui m'a dit que le titre lui avait plu, que le style lui avait plu (chic !), que l'histoire lui avait plus (haaa !), que même s'il y avait beaucoup de travail à envisager sur le texte ça le botterait bien de le publier, seul hic : il n'avait pas de maison d'édition. Mais il s'apprêtait à en monter une et ne voyait pas d'inconvénient, si moi ça m'allait, à ce que je mette la pédale douce pendant un moment sur les envois des manuscrits.
J'ai attendu un an, deux ans, ce projet devenait de moins en moins consistant et aux dernières nouvelles il a lâché l'affaire. Moi de toute façon je l'avais lâchée aussi, je ne croyais plus avoir d'avenir dans l'édition et continuais d'écrire mes trucs, de fabriquer mes fanzines, quelques textes sortaient dans des revues underground et je me plaisais bien en prolo du porno.
C'est alors qu'un petit éditeur (Rivière Blanche) veut sortir un autre de mes romans, Nuit Noire. Bien sûr, tirage confidentiel et diffusion au lance-pierre, mais au final on en vendra autant que J'ai Peur, ce qui dans le contexte est une réussite, et dans la foulée une sélection au prix de Sade et me voilà à nouveau avec l'envie de vivre les aventures de Oui-oui au pays des bouquins.
Et c'est comme ça que j'ai fini par rencontrer les gens de Numériklivres.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 3/6
J'avais prévu, pour ouvrir ce troisième épisode des formidables aventure d'Holocauste, une diatribe hargneuse contre les libraires, qui me font bien rire à se plaindre que ces salauds de clients préfèrent acheter sur Internet, et que ces salauds d'éditeurs se mettent au numérique, et que ces ingrats d'auteurs les regardent crever sans que ça leur arrache la moindre larmichette. J'avais prévu de gueuler un coup et de leur rappeler que les auteurs qui vendent beaucoup c'est pas à eux qu'ils doivent leur succès, et que ceux qui vendent peu, ils peuvent toujours chialer pour avoir leur soutien. Ouais, j'avais prévu d'y aller à fond et de leur rappeler que les écrivains se soucient autant des libraires que les bœufs du boucher, mais à quoi bon ? Pas envie finalement de faire la guerre. Mes livres se vendent mieux depuis que je suis publié en numérique. Le reste ne me concerne pas.
C'est une copine auteur qui m'a donné cette idée. Moi, au départ, j'en avais rien à foutre. J'avais pas de liseuse, encore moins de fric à dépenser là-dedans et mes bouquins je les achetais d’occase sur les marchés aux puces. Mais bon, pourquoi pas, ça avait l'air de marcher pour elle et puis en enquêtant un peu j'ai fini par piger que là-dedans se cachaient des gens capables, que finalement pour les auteurs pas connus et les textes chiants à vendre c'était une bonne alternative. Alors j'ai envoyé mes vieux manuscrits à quelques maisons qui me semblaient sérieuses.
Et voilà que je reçois une réponse de Numériklivres. Je leur en avait envoyé deux, à eux, celui qui est devenu Sexe Connexion, et Holocauste. Holocauste, de prime abord, il n'a pas tellement soulevé l'enthousiasme. Ils ont surtout aimé Sexe Connexion et d'ailleurs ont voulu le sortir assez vite. On a travaillé dessus animé par une certaine urgence, une envie, j'ai eu l'impression, d'avoir vite quelque chose de concret entre nous.
Pour Holocauste ça n'est pas allé aussi rapidement. Bon, on s'est pas frité sur des histoires de virgules comme pour le précédent, mais il y a eu des trucs beaucoup plus lourds à revoir. En gros, il manquait 50% du bouquin. Il manquait un personnage récurrent. Il manquait plein d'éléments pour que prenne la sauce. Alors je me suis remis au boulot. Vache de boulot ! D'abord deux mois à tourner en rond comme un con. A m'arracher les cheveux, me presser le citron pour trouver un personnage, pour en trouver un qui puisse encaisser un récit parallèle qui ne soit pas redondant et qui donne de l'intrigue déjà écrite une vision différente, un angle particulier. J'en ai chié. J'ai trouvé. J'ai même fini par l'aimer, ce personnage. Olivia. Avec un peu de chance vous l'aimerez aussi malgré ses bizarreries. Et j'ai fini par les écrire, ces foutues pages.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 4/6
Finir un manuscrit, ça met dans de sacrés états. Ceux d'entre vous qui ont déjà pris des drogues qui donnent envie de danser avec les arbres et de faire un massage au canapé devraient piger de quoi je parle. Pour les autres, je vais tenter une explication.
Imaginez l'auteur à dix heures du matin en train de mettre de la musique très fort, danser partout et boire toutes les bières du Frigo en envoyant des SMS du style « J'ai fini mon bouquin ! Je me bourre la gueule ! Je suis content ! » à ses amis, qui eux dorment encore et s'inquiètent que l'auteur soit devenu d'un coup matinal et alcoolique.
Palpitations, bouffées d'euphorie, vagues puissantes d'énergie joyeuse, c'est une vraie montée, ça dure une heure, une heure et demi.
Ça fait ça à chaque fois. A chaque manuscrit terminé l'impression est aussi puissante. Si on me demandait pourquoi j'écris des romans, c'est une des raisons que j'évoquerais, je crois. La puissance du kick.
En général, c'est après cet épisode enthousiaste et fugace (oui, quand même, fugace : une heure de délire endorphinique pour un an de travail, c'est court) que j'ai dans l'idée de fêter ça plus dignement. Et c'est souvent là que ça se gâte. Tout ce que j'aurais voulu faire, pour célébrer la fin d'Holocauste, c'est fumer un bon cigare et bouffer de la viande. Avec ma fidèle comparse nous sommes donc allés à la ville, puisque nous habitons une maison hantée au centre d'un village dont les seuls commerces sont des boulangeries et des pharmacies, acheter des cigares. Mais nous étions lundi. L'unique cave à cigare était fermée. Les ennuis ne faisaient que commencer. Nous sommes rentrés penauds, frustrés, avec au moins l'idée de se prendre une bonne cuite et manger de la viande. Mais nous sommes rentrés trop tard, l'épicerie était fermée, adieu l'alcool, adieu le sang. Une pizza ? Non. Nous étions lundi. Un resto, peut-être ? Non. Nous étions lundi. Ne finissez jamais votre livre un lundi. Nous avons fini au kebab en buvant du Coca pour chasser de nos bouches l'amer goût de l'échec.
Après que j'ai terminé mon premier manuscrit, la fille dont j'étais amoureux m'avait abandonné pour mon meilleur ami. Finalement, avec Holocauste, je ne m'en tire pas si mal.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 5/6
Comme je le disais dans le troisième épisode des formidable aventures d'Holocauste, la première version du manuscrit a soulevé plein de problèmes. En gros le bouquin était chouette, constituait une bonne base sur quoi travailler, mais le handicapaient lourdement des redondances dans l'action – disons-le franchement : du radotage – et l'absence cruelle (pour le lecteur) d'un personnage à travers qui on pourrait suivre l'action. Autrement dit : ma narration à la Dos Passos (que je n'ai jamais lu, mais quitte à pomper un grand auteur, …) tenait autant debout qu'un unijambiste à cloche-pied sur un toit.
J'avais six mois pour régler le problème. Je ne voyais pas très bien où était la difficulté.
Au bout de trois mois passés à regarder mon écran d'un œil aussi vide que ma page, j'ai fini par piger : j'avais déjà tout dit dans la version de base et ce truc était vieux de plusieurs années, je n'étais plus du tout dedans, ça n'était pas gagné. Alors j'ai tenté des approches, disons, parallèles, comme récupérer des personnages déjà présents dans la première version et leur inventer des histoires à la con. Ça a eu le résultat formidable que vous imaginez. Autre stratégie : trouver des arguments pour convaincre mon éditrice de publier le livre tel quel. Ou d'en décaler la sortie en 2014 ou 2015. Et d'ailleurs, pourquoi le sortir, après tout ? Je veux dire on s'en fout, c'est pas comme si des millions de lecteurs attendaient ma dernière crotte.
Toutes ces recherches préliminaires m'ont occupé pendant quatre bon mois, j'avançais à grandes enjambées. Il me restait huit semaines pour pondre cent mille signes, quand soudain, un mail. La date de remise du manuscrit avait changé. Ça n'était plus début mai comme prévu, mais plutôt mi-avril.
J'éclatais d'un rire nerveux, un peu comme un héros de Lovecraft quand il comprend la vraie nature de l'Univers.
Et quelques jours plus tard j'ai enfin vu la lumière.
UNE PUTE ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Une pute. Comment n'y avais-je pas pensé avant ? Quel autre archétype du roman noir, mieux que la pute, correspondait à ce que je voulais écrire ?
J'étais sauvé. Le reste : rédaction, relecture, dix heures chaque jour pour fabriquer le texte une phrase après l'autre, l'artisanat, le labeur, n'était que broutilles.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 6/6
Pour ce dernier épisode des formidables aventures d'Holocauste, je ne vais pas raconter d'anecdote plus ou moins inepte. A la place, je vais citer mes sources. Et, avant ça, remercier quatre personnes sans qui ce bouquin ne serait pas ce qu'il est :
Jean-François Gayrard et Anita Berchenko, mes éditeurs ;
Nihil, qui a fourni l'illustration de couverture ;
Yann, du forum chevreuil.net, dont la lecture critique m'a permis d'écrire d'une manière réaliste une scène de chasse à l'arc alors que je suis aussi chasseur que le pape est démocrate.
Merci à vous.
Quant à mes sources, il y eu le forum survivalisme attitude (http://www.survivalisme-attitude.com/), le site la préhistoire ludique (http://paleosite.free.fr/index.htm), ce site : http://urbexfrance.fr/insolite/les-10-plus-beaux-parcs-dattractions-abandonnes/ pour les photos de Pripiat, et d'innombrables sites géographiques qui m'ont permis d'écrire d'une manière que j'espère pas trop incohérente toutes les scènes qui se déroulent dans le détroit de Gibraltar et au Caire. Sans oublier, pour tous les déplacements, l'Atlas Routier France édité par Michelin, un de mes livres de chevet.
Voilà.
Et merci à vous, lecteurs.
Holocauste est un roman édité par numériklivres et disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
J'ai écrit la première version d'Holocauste entre 2008 et 2009. Dans le même temps je finissais Nuit noire et rédigeais ce qui allait devenir mon deuxième roman porno publié chez Média 1000.
Je me souviens. J'écrivais sur un ordi portable assis au bout de la table du séjour. A ma gauche la fenêtre donnait sur le parking de la résidence et je pouvais bien passer trois plombes à bailler aux corneilles en matant à travers, rien n'arrivait jamais. Si j'avais espéré un truc pour me distraire, j'aurais été marron. En face de moi y avait le reste du salon et derrière c'était la chambre, avec dans le pieu ma copine qui jouait à des trucs sur son ordi à elle ou bien qui bouquinait, j'aimais bien sa présence derrière moi.
Après avoir terminé Nuit noire je me suis attaqué à un bouquin qui est devenu mon premier roman porno refusé par Média 1000, on gagne pas à tous les coups, et à un texte qui s'appelait Relapse et dont je n'ai pas le moindre souvenir. Pendant que j'écrivais ces trucs qui ne me demandaient pas tant de travail, j'en chiais, j'en chiais vraiment sur Holocauste. Je me souviens de la tentation du bâclage, de laisser tomber le bousin, de revoir à la baisse mon ambition de départ qui n'était pas si déraisonnable pourtant. Un roman de SF à court terme, écrit dans le style comportementaliste de l'âge d'or du roman noir, qui parle de la fin du monde et de ce qui arrive après, sans personnage principal, raconté à travers une série de saynètes composant l'intrigue comme une mosaïque ou un album-photo. Ce que j'avais pas prévu c'est que ma succession de petites scènes serait si difficile à rythmer ni que ce serait si compliqué de faire vivre mes personnages dans un espace aussi réduit et avec un arsenal technique aussi rigoureux que le béhaviorisme. Alors c'est sûr que la tentation de foutre en l'air tout ce bordel et d'en faire une simple nouvelle, voire de lâcher l'affaire sur le style et torcher ça à la balzacienne comme n'importe quel tocard, a fait plus que m'effleurer l'esprit.
Mais j'ai tenu bon.
Ce qui me faisait garder le moral, c'était les bouquins de cul que j'écrivais pour Esparbec. Je veux dire que j'écrivais pas dans le vent : il y avait quelque part des types qui me payaient pour le faire. Oui, heureusement que j'avais un éditeur, heureusement qu'après le bide intergalactique de J'ai peur (mon premier roman), La musardine ne m'avait pas lâché. Je me sentais moins seul tandis que je me débattais avec ma fin du monde.
Et puis, bon an mal an, j'ai fini par en voir le bout. Début 2009, quelque part en février, j'ai foutu ce que j'imaginais être le point final à ce truc et j'ai cessé de m'en occuper, à part pour en lancer quelques morceaux à travers l'Internet.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 2/6
Un moment après, tout à ma joie naïve du succès que je fantasmais inévitable, j'ai commencé à faire circuler le manuscrit d'holocauste. Bon, j'étais pas né de la dernière pluie et j'envoyais des ours dans le vide sidéral depuis assez d'années pour savoir comment ça se passait. A part deux ou trois coups de fils encourageants et une publication passée sous les radars, si j'avais attendu l'approbation des éditeurs pour sabrer le champagne, mon foie se porterait mieux aujourd'hui.
Pour Holocauste, j'ai reçu deux réponses positives (aparté pour les néophytes : dans la littérature, « réponse positive », ça veut dire : refus argumenté), l'une d'Albin Michel où il était question de mon style, qui est bien, qui est bon, et de mon histoire qui est bien, qui est bonne, mais par contre, dieux du ciel que c'est déprimant, noir et violent, impossible de publier ça, le comité de lecture en tremble encore et trois d'entre eux sont désormais sous Stilnox ; et l'autre du Dilettante, écrite à la main (les seuls qui refusent à la main, à ma connaissance, c'est le Dilettante et le Diable Vauvert), où il était question de mon style, qui est bien, qui est bon (on va le savoir – ça fait toujours plaisir, remarque), et de mon univers, qui est noir, trop noir, et que de toute façon ils n'éditent pas de SF, tant pis.
Et puis un type a débarqué, qui m'a dit que le titre lui avait plu, que le style lui avait plu (chic !), que l'histoire lui avait plus (haaa !), que même s'il y avait beaucoup de travail à envisager sur le texte ça le botterait bien de le publier, seul hic : il n'avait pas de maison d'édition. Mais il s'apprêtait à en monter une et ne voyait pas d'inconvénient, si moi ça m'allait, à ce que je mette la pédale douce pendant un moment sur les envois des manuscrits.
J'ai attendu un an, deux ans, ce projet devenait de moins en moins consistant et aux dernières nouvelles il a lâché l'affaire. Moi de toute façon je l'avais lâchée aussi, je ne croyais plus avoir d'avenir dans l'édition et continuais d'écrire mes trucs, de fabriquer mes fanzines, quelques textes sortaient dans des revues underground et je me plaisais bien en prolo du porno.
C'est alors qu'un petit éditeur (Rivière Blanche) veut sortir un autre de mes romans, Nuit Noire. Bien sûr, tirage confidentiel et diffusion au lance-pierre, mais au final on en vendra autant que J'ai Peur, ce qui dans le contexte est une réussite, et dans la foulée une sélection au prix de Sade et me voilà à nouveau avec l'envie de vivre les aventures de Oui-oui au pays des bouquins.
Et c'est comme ça que j'ai fini par rencontrer les gens de Numériklivres.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 3/6
J'avais prévu, pour ouvrir ce troisième épisode des formidables aventure d'Holocauste, une diatribe hargneuse contre les libraires, qui me font bien rire à se plaindre que ces salauds de clients préfèrent acheter sur Internet, et que ces salauds d'éditeurs se mettent au numérique, et que ces ingrats d'auteurs les regardent crever sans que ça leur arrache la moindre larmichette. J'avais prévu de gueuler un coup et de leur rappeler que les auteurs qui vendent beaucoup c'est pas à eux qu'ils doivent leur succès, et que ceux qui vendent peu, ils peuvent toujours chialer pour avoir leur soutien. Ouais, j'avais prévu d'y aller à fond et de leur rappeler que les écrivains se soucient autant des libraires que les bœufs du boucher, mais à quoi bon ? Pas envie finalement de faire la guerre. Mes livres se vendent mieux depuis que je suis publié en numérique. Le reste ne me concerne pas.
C'est une copine auteur qui m'a donné cette idée. Moi, au départ, j'en avais rien à foutre. J'avais pas de liseuse, encore moins de fric à dépenser là-dedans et mes bouquins je les achetais d’occase sur les marchés aux puces. Mais bon, pourquoi pas, ça avait l'air de marcher pour elle et puis en enquêtant un peu j'ai fini par piger que là-dedans se cachaient des gens capables, que finalement pour les auteurs pas connus et les textes chiants à vendre c'était une bonne alternative. Alors j'ai envoyé mes vieux manuscrits à quelques maisons qui me semblaient sérieuses.
Et voilà que je reçois une réponse de Numériklivres. Je leur en avait envoyé deux, à eux, celui qui est devenu Sexe Connexion, et Holocauste. Holocauste, de prime abord, il n'a pas tellement soulevé l'enthousiasme. Ils ont surtout aimé Sexe Connexion et d'ailleurs ont voulu le sortir assez vite. On a travaillé dessus animé par une certaine urgence, une envie, j'ai eu l'impression, d'avoir vite quelque chose de concret entre nous.
Pour Holocauste ça n'est pas allé aussi rapidement. Bon, on s'est pas frité sur des histoires de virgules comme pour le précédent, mais il y a eu des trucs beaucoup plus lourds à revoir. En gros, il manquait 50% du bouquin. Il manquait un personnage récurrent. Il manquait plein d'éléments pour que prenne la sauce. Alors je me suis remis au boulot. Vache de boulot ! D'abord deux mois à tourner en rond comme un con. A m'arracher les cheveux, me presser le citron pour trouver un personnage, pour en trouver un qui puisse encaisser un récit parallèle qui ne soit pas redondant et qui donne de l'intrigue déjà écrite une vision différente, un angle particulier. J'en ai chié. J'ai trouvé. J'ai même fini par l'aimer, ce personnage. Olivia. Avec un peu de chance vous l'aimerez aussi malgré ses bizarreries. Et j'ai fini par les écrire, ces foutues pages.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 4/6
Finir un manuscrit, ça met dans de sacrés états. Ceux d'entre vous qui ont déjà pris des drogues qui donnent envie de danser avec les arbres et de faire un massage au canapé devraient piger de quoi je parle. Pour les autres, je vais tenter une explication.
Imaginez l'auteur à dix heures du matin en train de mettre de la musique très fort, danser partout et boire toutes les bières du Frigo en envoyant des SMS du style « J'ai fini mon bouquin ! Je me bourre la gueule ! Je suis content ! » à ses amis, qui eux dorment encore et s'inquiètent que l'auteur soit devenu d'un coup matinal et alcoolique.
Palpitations, bouffées d'euphorie, vagues puissantes d'énergie joyeuse, c'est une vraie montée, ça dure une heure, une heure et demi.
Ça fait ça à chaque fois. A chaque manuscrit terminé l'impression est aussi puissante. Si on me demandait pourquoi j'écris des romans, c'est une des raisons que j'évoquerais, je crois. La puissance du kick.
En général, c'est après cet épisode enthousiaste et fugace (oui, quand même, fugace : une heure de délire endorphinique pour un an de travail, c'est court) que j'ai dans l'idée de fêter ça plus dignement. Et c'est souvent là que ça se gâte. Tout ce que j'aurais voulu faire, pour célébrer la fin d'Holocauste, c'est fumer un bon cigare et bouffer de la viande. Avec ma fidèle comparse nous sommes donc allés à la ville, puisque nous habitons une maison hantée au centre d'un village dont les seuls commerces sont des boulangeries et des pharmacies, acheter des cigares. Mais nous étions lundi. L'unique cave à cigare était fermée. Les ennuis ne faisaient que commencer. Nous sommes rentrés penauds, frustrés, avec au moins l'idée de se prendre une bonne cuite et manger de la viande. Mais nous sommes rentrés trop tard, l'épicerie était fermée, adieu l'alcool, adieu le sang. Une pizza ? Non. Nous étions lundi. Un resto, peut-être ? Non. Nous étions lundi. Ne finissez jamais votre livre un lundi. Nous avons fini au kebab en buvant du Coca pour chasser de nos bouches l'amer goût de l'échec.
Après que j'ai terminé mon premier manuscrit, la fille dont j'étais amoureux m'avait abandonné pour mon meilleur ami. Finalement, avec Holocauste, je ne m'en tire pas si mal.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 5/6
Comme je le disais dans le troisième épisode des formidable aventures d'Holocauste, la première version du manuscrit a soulevé plein de problèmes. En gros le bouquin était chouette, constituait une bonne base sur quoi travailler, mais le handicapaient lourdement des redondances dans l'action – disons-le franchement : du radotage – et l'absence cruelle (pour le lecteur) d'un personnage à travers qui on pourrait suivre l'action. Autrement dit : ma narration à la Dos Passos (que je n'ai jamais lu, mais quitte à pomper un grand auteur, …) tenait autant debout qu'un unijambiste à cloche-pied sur un toit.
J'avais six mois pour régler le problème. Je ne voyais pas très bien où était la difficulté.
Au bout de trois mois passés à regarder mon écran d'un œil aussi vide que ma page, j'ai fini par piger : j'avais déjà tout dit dans la version de base et ce truc était vieux de plusieurs années, je n'étais plus du tout dedans, ça n'était pas gagné. Alors j'ai tenté des approches, disons, parallèles, comme récupérer des personnages déjà présents dans la première version et leur inventer des histoires à la con. Ça a eu le résultat formidable que vous imaginez. Autre stratégie : trouver des arguments pour convaincre mon éditrice de publier le livre tel quel. Ou d'en décaler la sortie en 2014 ou 2015. Et d'ailleurs, pourquoi le sortir, après tout ? Je veux dire on s'en fout, c'est pas comme si des millions de lecteurs attendaient ma dernière crotte.
Toutes ces recherches préliminaires m'ont occupé pendant quatre bon mois, j'avançais à grandes enjambées. Il me restait huit semaines pour pondre cent mille signes, quand soudain, un mail. La date de remise du manuscrit avait changé. Ça n'était plus début mai comme prévu, mais plutôt mi-avril.
J'éclatais d'un rire nerveux, un peu comme un héros de Lovecraft quand il comprend la vraie nature de l'Univers.
Et quelques jours plus tard j'ai enfin vu la lumière.
UNE PUTE ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Une pute. Comment n'y avais-je pas pensé avant ? Quel autre archétype du roman noir, mieux que la pute, correspondait à ce que je voulais écrire ?
J'étais sauvé. Le reste : rédaction, relecture, dix heures chaque jour pour fabriquer le texte une phrase après l'autre, l'artisanat, le labeur, n'était que broutilles.
LES FORMIDABLES AVENTURES D'HOLOCAUSTE, EPISODE 6/6
Pour ce dernier épisode des formidables aventures d'Holocauste, je ne vais pas raconter d'anecdote plus ou moins inepte. A la place, je vais citer mes sources. Et, avant ça, remercier quatre personnes sans qui ce bouquin ne serait pas ce qu'il est :
Jean-François Gayrard et Anita Berchenko, mes éditeurs ;
Nihil, qui a fourni l'illustration de couverture ;
Yann, du forum chevreuil.net, dont la lecture critique m'a permis d'écrire d'une manière réaliste une scène de chasse à l'arc alors que je suis aussi chasseur que le pape est démocrate.
Merci à vous.
Quant à mes sources, il y eu le forum survivalisme attitude (http://www.survivalisme-attitude.com/), le site la préhistoire ludique (http://paleosite.free.fr/index.htm), ce site : http://urbexfrance.fr/insolite/les-10-plus-beaux-parcs-dattractions-abandonnes/ pour les photos de Pripiat, et d'innombrables sites géographiques qui m'ont permis d'écrire d'une manière que j'espère pas trop incohérente toutes les scènes qui se déroulent dans le détroit de Gibraltar et au Caire. Sans oublier, pour tous les déplacements, l'Atlas Routier France édité par Michelin, un de mes livres de chevet.
Voilà.
Et merci à vous, lecteurs.
Holocauste est un roman édité par numériklivres et disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Tu exprimes avec talent le bourbier où nous pataugeons. Une belle leçon d'écriture !
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Oui, et avec beaucoup d'humour.
Merci Konsstrukt
Merci Konsstrukt
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
merci à vous
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
Tu t'en sors pour vivre de ta plume avec tes pornos et autres écrits ?
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
- Messages : 1867
Date d'inscription : 28/01/2013
Age : 64
Localisation : Fréjus
Re: "Holocauste" de Christophe Siebert
non. et d'ailleurs le porno, qui représentaient l'essentiel de mes ventes, c'est pour l'instant terminé avec la musardine, vu qu'ils ont arrêté la collection (c'est à dire arrêté de publier des textes inédits), mais ça va reprendre avec numériklivres, mon actuel éditeur, pour qui je suis en train d'en écrire deux.
pour te situer, sexe connexion, mon précédent bouquin, et le premier que j'ai signé chez numériklivres, s'est vendu à une centaine d'exemplaire au cours du premier trimestre d'exploitation - et on me dit que, dans la collection où il a paru, ça n'est pas un mauvais score.
ce qui explique pourquoi je me démène à ce point pour faire connaître holocauste, mon dernier.
pour te situer, sexe connexion, mon précédent bouquin, et le premier que j'ai signé chez numériklivres, s'est vendu à une centaine d'exemplaire au cours du premier trimestre d'exploitation - et on me dit que, dans la collection où il a paru, ça n'est pas un mauvais score.
ce qui explique pourquoi je me démène à ce point pour faire connaître holocauste, mon dernier.
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
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