Oiseaux de malheur (d'après la 1ère image)

Depuis combien de temps vis-je ici ?
Dans l'épave de mon propre avion, crashé au milieu de nulle part, sur une terre abandonnée ?...
Je suis incapable de le dire. Mon quotidien, c'est la chasse. Trouver de quoi bouffer. Pour survivre une journée de plus. Inutile ? Peut-être. Mais la mort, ce n'est pas mon trip. Je préfère résister, même si cela ne vaut pas le coup. Une existence sans avenir, sans but, sans évolution, est vouée à l'auto-destruction. Les philosophes l'ont dit. D'accord, je veux bien l'admettre. Mais en ce qui me concerne, je souhaite vivre, vivre à tout prix, même si c'est dans le malheur, dans l'indigence, dans le désespoir. Chacun voit midi à sa porte. Alors je chasse.
Essentiellement des oiseaux. Il n'y a que ça, ici, des piafs. De gros piafs, fort heureusement ! Pas évident de les shooter avec des pierres ; mais je me suis entraîné. Pendant des heures, des jours, des semaines, des mois...
C'est pas évident de vivre seul dans un désert, mais on trouve de bonnes distractions. J'arrive parfois à débusquer une bestiole, juste pour jouer. Farouche, la bête s'échappe. Alors je lui cours après. Ça occupe mes journées. Elles sont chiantes, mes journées. Chasser, traquer, c'est bien, mais je suis si seul. Si seul. Putain, si seul.
Il faut que je parte.
C'est triste pour ce petit nid douillet. Je pourrai y vivre jusqu'à la fin de mes jours, soit vers cent ans, car sans alcool, sans drogue, comment raccourcir le délai ? Mais quel intérêt ? Je dois partir. Aller voir ailleurs si j'y suis.
Alors j'y vais.
La marche est dure, bien sûr, mais je suis motivé.
Puis je rencontre de plus en plus d'oiseaux. Ces piafs m'entourent. J'en ai marre de ces saloperies. J'en bouffe quelques-uns. Normal. C'est la moindre des choses, non ?
Mais ils se font de plus en plus nombreux, les piafs. J'en tue par dizaines, ils réapparaissent par centaines. Par milliers.
Puis je me rends compte qu'ils sont des millions autour de moi. Ils me tournent autour. C'est presque drôle. Je sens que je ne vais pas rigoler trop longtemps. Ils m'ont l'air un peu furax, ces putains d'oiseaux.
Tant pis. J'aurai essayé...

Il y a quelque chose de captivant dans ta façon de raconter cette histoire. Je ne sais pas trop quoi dire d'autre sur cette petite histoire, sauf qu'elle m'a plu.
En tout cas, tu t'essaies à différents styles d'écriture et tu t'y débrouilles pas mal du tout à chaque fois.
Un petit mot manquant : "mais on trouve bonnes distractions". Il manque un "de".

J'ai ajouté ce petit mot.
Merci pour ton commentaire. Tu as bien raison, j'essaie pas mal de trucs, pas toujours à bon escient, alors quand ça marche, au moins pour une lectrice, ben ça fait plaisir.

Deuxième lectrice : petit texte sympa avec un parfum Hitchcockien plutôt inattendu. J'ai bien aimé.

Beau petit texte: en peu de lignes, on partage l'intériorité du narrateur, de sa rage de vivre malgré tout qui le pousse à s'adapter à la situation coûte que coûte, de sa solitude totale et de ce qui le pousse en avant, jusqu'à un fin inattendue ... Ça pourrait donner une nouvelle! Bravo!

Bien aimé ce petit texte... Et la fin laisse imaginer beaucoup de chose sur la nature de cette terre !^^

Pas mal du tout là encore. C'est fluide, rapide à lire et prenant. Comme Paladin, je pense qu'une nouvelle un peu plus longue pourrait sortir de ce thème.

Petite erreur relevée vers la fin : "un peut furax" > "un peu furax"

J'ai corrigé le peut.
Je propose une version un peu plus longue sur mon blog. J'ai modifié la fin, aussi.
Merci de ta (tes) lecture(s), Mormir...

Je ne m'attendais pas à cette chute et c'est plutôt un bon point. C'est rythmé, entraînant donc bravo et en effet, l'idée mériterait d'être approfondie.
J'avais eu ce flash, un jour, d'oiseaux de malheur qui nous becteraient (influence d'Hitchcock, c'est forcé, mais dans une ambiance très futuriste, ça peut rendre pas mal)

Je regardais un peu les autres histoires issues du même atelier, alors tant qu'à faire...
Ben là effectivement, entre mon texte et le tien c'est le jour et la nuit question longueur lol

Un bon texte je trouve, bien rythmé et vivant et qui arrive en peu de mots à faire passer des sentiments forts. Rien à rajouter sinon, je plussoie l'avis des autres quant à une version plus longue, y'a de quoi faire une bonne histoire façon survival (et la fin est cool : pas de happy-end, ça me plait ! ).

Je viens de remarquer que j'ai rarement trainé du côté des ateliers du forum, faut que je rectifie ça.
Je déterre du coup ton texte, Cancereugène, pour rejoindre l'avis général.

Ce qui me fascine toujours dans tes textes (il me semble jusque-là que tous ceux que j'ai lus ont cette même qualité), c'est qu'on est toujours immergé directement dans la tête du personnage et l'ambiance du texte. C'est direct et toujours autant efficace.

Pour ce texte-ci, c'est encore une fois une réussite en la matière. Et j'ai moi aussi aimé ce côté Hitchcock futuriste.

Ah enfin un de tes textes disponible ^^ Eh bien je suis du même avis que Catherine. Il y a quelque chose de rapidement captivant. Ça prend tout de suite. C'est fluide et naturel. On ressent bien le perso. Un goût de trop peu même en fin de texte. Ça m'a donné l'idée d'un monde où les oiseaux seraient devenus le premier maillon de la chaîne. Par contre, si je devais signaler un bémol :
- je me serais contenté d'écrire "seul. Si seul, putain." Trois occurrences, ça fait un peu too much à mes yeux.
Content d'avoir pu ENFIN découvrir ta plume