La dernière enquête d'André Désperine

Le claquement sec d’un battant d’une porte se fit entendre. Désperine se retourna. À une vingtaine de mètres en contre-bas, un petit vieux était sorti de sa baraque. Désperine le connaissait, c’était le seul témoin. Enfin, le dernier à avoir vu la victime.


« Votre Catherine avait l’habitude de venir dans le coin pour se reposer, lire ou dessiner de petits croquis, avait-il grincé en étirant ses doigts écorchés par le temps vers le hêtre. Les racines de l’arbre étaient son lieu préféré, faut croire ! » Au moment présumé du drame, M. Beauligneux papotait avec une voisine, échangeant les fruits et légumes de son jardin, derrière la petite masure. L’alibi avait été vérifié. Il n’était pas coupable.


Le vieillard bredouilla dans sa barbe roussie des mots qui restèrent inaudibles et s’assit sur un fauteuil à bascule. Il commença à se balancer, faisant craquer le rocking-chair comme une vieille souche et regardant l’inspecteur de ses yeux cernés de rides, ronds comme des billes. Désperine lui adressa un signe de la main que l’octogénaire ne rendit pas. Il sortit
simplement une pipe, en alluma le fourneau, puis se frotta les cuisses d’une seule main, comme on patiente avant de passer à table.