Graham Masterton
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Re: Graham Masterton
D'abord, sachez que je respecte vos points de vue, et que je ne suis pas payé (hélas !) pour être l'attaché de presse de Masterton. Si j'alimente ce débat, c'est seulement pour obtenir des réactions, pour comprendre différentes sensibilités. Je trouve très intéressant, instructif et fructueux de recevoir des points de vue opposés aux miens, ça m'aide toujours à ouvrir les yeux sur des points qui, autrement, peuvent m'échapper.
Ulysse, Mormir, je comprends que le côté trop "gore" puisse être rédhibitoire pour vous. Je connais plein de gens qui se sentent mal à l'aise avec des descriptions trop crues, trop réalistes, traumatisantes, quoi. En même temps, la répulsion que vous éprouvez ne prouverait-elle pas que l'auteur a atteint son but ?
Cancereugène, je te rejoins sur le ridicule de certains titres, et je t'en suggère d'autres :
"la pince à vélo de Satan", "l'horreur horrifiante venue de l'enfer", "la malédiction du moule à gaufres de Yog-Sothot"...
Simplement, je te fais remarquer que les titres de Masterton ne sont pas tous de lui : en version originale, par exemple, le racoleur "démon des morts" est plus sobrement intitulé "Le paria". Alors, volonté de l'éditeur français de présenter des titres putassiers pour une collection "Terreur" en livres de poche ? Monsieur Pockett a-t-il estimé que des titres "accrocheurs" stimuleraient les ventes à un public majoritairement constitué de minus habens, puisque amateur de fantastique avec de gros bouts d'hémoglobine dedans ?
"écriture glaciale", je suis d'accord. Et c'est ce qui me plait, cette feinte distanciation, ce cynisme qui n'exclut pas l'humour. D'ailleurs, le froid est un thème récurrent chez Masterton, entre le froid océanique du "démon des morts", la neige du "portrait du mal" ("family portrait" iningliche) et la mythologie nordique abordée dans "Hel". Comme quoi, notre perception est bien différente...
Enfin, "personnages sans personnalité"... Voire ! Ce qui m'intéresse justement chez les personnages de Masterton, c'est le fait qu'ils soient tout, sauf des héros. Erskine n'est souvent que le témoin impuissant de phénomènes qui le dépassent, dans "manitou". Et nombre de ses "héros" sont souvent des personnes à la limite de l'antipathie : c'est surtout le cas dans "Walhalla", "Tengu", "démences".
À l'opposé, les héros de Koontz (femmes-flics-ayant-subi-des-traumatismes-dans-leur-enfance, hommes-musclés-mais-secrètement-fragiles-à-l'intérieur) m'exaspèrent sérieusement, surtout vers la fin, quand, après avoir vaincu les méchants ils s'éloignent sereinement sur une plage forcément californienne, main dans la main et pilou-pilou dans zigounette, vers un avenir radieux sur fond de bannière étoilée.
Bref, je suis de parti-pris, et je l'assume, car je pense partager une certaine vision désabusée du monde avec Masterton, et puis, j'aime bien les histoires qui se finissent mal, comme souvent chez lui...
Ulysse, Mormir, je comprends que le côté trop "gore" puisse être rédhibitoire pour vous. Je connais plein de gens qui se sentent mal à l'aise avec des descriptions trop crues, trop réalistes, traumatisantes, quoi. En même temps, la répulsion que vous éprouvez ne prouverait-elle pas que l'auteur a atteint son but ?
Cancereugène, je te rejoins sur le ridicule de certains titres, et je t'en suggère d'autres :
"la pince à vélo de Satan", "l'horreur horrifiante venue de l'enfer", "la malédiction du moule à gaufres de Yog-Sothot"...
Simplement, je te fais remarquer que les titres de Masterton ne sont pas tous de lui : en version originale, par exemple, le racoleur "démon des morts" est plus sobrement intitulé "Le paria". Alors, volonté de l'éditeur français de présenter des titres putassiers pour une collection "Terreur" en livres de poche ? Monsieur Pockett a-t-il estimé que des titres "accrocheurs" stimuleraient les ventes à un public majoritairement constitué de minus habens, puisque amateur de fantastique avec de gros bouts d'hémoglobine dedans ?
"écriture glaciale", je suis d'accord. Et c'est ce qui me plait, cette feinte distanciation, ce cynisme qui n'exclut pas l'humour. D'ailleurs, le froid est un thème récurrent chez Masterton, entre le froid océanique du "démon des morts", la neige du "portrait du mal" ("family portrait" iningliche) et la mythologie nordique abordée dans "Hel". Comme quoi, notre perception est bien différente...
Enfin, "personnages sans personnalité"... Voire ! Ce qui m'intéresse justement chez les personnages de Masterton, c'est le fait qu'ils soient tout, sauf des héros. Erskine n'est souvent que le témoin impuissant de phénomènes qui le dépassent, dans "manitou". Et nombre de ses "héros" sont souvent des personnes à la limite de l'antipathie : c'est surtout le cas dans "Walhalla", "Tengu", "démences".
À l'opposé, les héros de Koontz (femmes-flics-ayant-subi-des-traumatismes-dans-leur-enfance, hommes-musclés-mais-secrètement-fragiles-à-l'intérieur) m'exaspèrent sérieusement, surtout vers la fin, quand, après avoir vaincu les méchants ils s'éloignent sereinement sur une plage forcément californienne, main dans la main et pilou-pilou dans zigounette, vers un avenir radieux sur fond de bannière étoilée.
Bref, je suis de parti-pris, et je l'assume, car je pense partager une certaine vision désabusée du monde avec Masterton, et puis, j'aime bien les histoires qui se finissent mal, comme souvent chez lui...
lester l gore- — — Dragon de Huelgoat — — Disciple des Douze Heures
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Re: Graham Masterton
lester l gore a écrit:
Ulysse, Mormir, je comprends que le côté trop "gore" puisse être rédhibitoire pour vous. Je connais plein de gens qui se sentent mal à l'aise avec des descriptions trop crues, trop réalistes, traumatisantes, quoi. En même temps, la répulsion que vous éprouvez ne prouverait-elle pas que l'auteur a atteint son but ?
Je ne suis pas sûre , par exemple dans le cas de Masterton, je suis complétement passée à côté de ce que tu décris : son imagination, sa culture etc. Les descriptions trash m'expulsent du livre et ne permettent pas d'appréhender son univers. Alors que sur le papier , il y a de quoi me plaire.
Maintenant quel est son but ? Je n'en sais rien du tout ...
Puisque tu as l'air intéressé par les différents sensiblités, je vais essayer d'expliciter un peu :
En fait j'ai du mal avec les descriptions qui sont liés à une violence infligé par une personne ( ou une créature) à une autre: viol, torture, assasinat etc. La violence morale sous-jacente me révulse.
Une description réaliste d'une opération ou d'une blessure n'est pas forcément plus ragoutante mais l'effet est différent chez moi.
Je connais des gars qui regardent des films d'horreur sans sourciller mais font une drôle de tête devant un accouchement quand la tête du bébé sort...
Moi c'est l'inverse.
lester l gore a écrit:À l'opposé, les héros de Koontz (femmes-flics-ayant-subi-des-traumatismes-dans-leur-enfance, hommes-musclés-mais-secrètement-fragiles-à-l'intérieur) m'exaspèrent sérieusement, surtout vers la fin, quand, après avoir vaincu les méchants ils s'éloignent sereinement sur une plage forcément californienne, main dans la main et pilou-pilou dans zigounette, vers un avenir radieux sur fond de bannière étoilée.
Effectivement les fins sont toutes les mêmes et constituent le point faible des ses romans. Mais ses personnages sont un peu plus variés que cela : mon préfére étant le patissier de Jour fatal ( sûrement parce que la pâtisserie est une discipline qui me passionne par ailleurs) .
Je trouve qu'il s'est renouvellé avec le temps. Je ne suis pas une fan de Koonzt ( je ne suis fan de personne à vrai dire, exception faite pour Maupassant) mais j'apprécie son écriture et l'humour qu'il met dans ses romans.
Ulysse- Écritoirien émérite
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Re: Graham Masterton
Maintenant quel est son but ? Je n'en sais rien du tout ...
Moi non plus. Quel est le but d'un auteur de gore ? Est-il un provocateur gratuit, éprouve-t-il un plaisir malsain à écœurer ses petits camarades ? Léonox, Zaroff, quand vous disséquez des grenouilles sur le papier, est-ce parce que ça vous évite de passer à l'acte avec des créatures bien réelles, mais que tout le monde s'accorde à considérer nuisible, genre rapeur, écriveuses de bitlit ou député UMP ? Ou bien avez-vous pour ambition, tels des égoutiers de l'inconscient, d'explorer l'âme humaine, y compris dans ses tréfonds les moins ragoûtants ?
Je connais des gars qui regardent des films d'horreur sans sourciller mais font une drôle de tête devant un accouchement quand la tête du bébé sort...
Moi, ce sont les enfants qui m'insupportent. Les enfants sont nuls. L'autre jour, j'ai essayé d'avoir une conversation avec un représentant de cette méprisable engeance, d'environ cinq ans. Je lui ai demandé ce qu'il pensait des derniers progrès de la physique quantique, en particulier des récentes expériences de téléportation. Il n'a rien su me répondre d'intelligent. P'tit con, va !
lester l gore- — — Dragon de Huelgoat — — Disciple des Douze Heures
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Re: Graham Masterton
Bon, puisque Lester le demande si gentiment, me voilà.
Alors tout d'abord, les grenouilles, c'est spécial, je n'ai pas le droit d'en parler. C'est ce qu'on appelle de la cuisine interne. Mais oui, bien sûr que le Gore est un défouloir, bien sûr qu'on y projette pêle-mêle nos envies les plus déviantes, nos fantasmes les moins avouables, nos pulsions les plus obscènes. Et ce n'est pas incompatible avec d'autres ambitions comme celles que tu évoques. Perso, l'âme, je n'y crois pas, mais l'homme, oui, car quoi que je fasse pour lui échapper, je le retrouve toujours. Alors il faut bien que je me confronte à lui. Et pour moi toute confrontation est violence. C'est justement de ça que traite Bloodfist. Mais là je vire HS.
Pour en revenir à ce que disait Ulysse, j'ai une position exactement inverse à la sienne, et pour une raison simple. J'établis une frontière infranchissable entre fiction et réalité. D'après moi, en littérature, on peut (on doit ?) tout écrire. Sans tabou, sans censure. Et au cinéma, c'est pareil. Si un gars se sent de filmer un viol nécrophile, comme Nacho Cerda l'a fait dans Aftermath, qu'il le fasse, je n'ai aucun problème avec ça. Et je défendrai toujours ce film, comme les Nekromantik de Buttgereit, justement parce qu'ils ont brisé un des tabous ultimes, et parce qu'ils m'ont marqué à vie. Des films, j'en ai vu des milliers, et j'en ai oublié des centaines. Mais pas ceux-là. Et je sais que je ne les oublierai jamais. Parce qu'ils sont différents.
Oui, ils sont Gore, mais ils ne sont pas que ça. Ce qu'ils montrent, cette image brutale de la mort et de la décrépitude qu'ils nous balancent au visage, ne peut pas être montré autrement. Le Gore, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les médias politikement korrekts (avec trois "k", autres cagoules, mais même rapport à la liberté), ce n'est pas réservé aux ados attardés, boutonneux et puceaux. Ce n'est pas qu'une étiquette rigolarde qu'on colle sur des produits hollywoodiens prêts à être avalés entre une grande frite et un Big Mac le samedi soir.
Et si Masterton (que j'apprécie) choisit d'y avoir recours, ce n'est pas sans raison. Je pense que ce gars est obsédé par la chair. Il a un rapport au sexe très intéressant, d'ailleurs son parcours professionnel le prouve. Et qu'on ne vienne pas me dire que le sexe n'est pas violent. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime la façon de faire de Masterton: il utilise les mêmes recettes directes, frontales et explicites que de nombreux auteurs plus spécifiquement labellisés "Gore". Voire certains réalisateurs "transgenres" (ne pas oublier que de nombreux cinéastes d'horreur ont aussi travaillé dans le X). Toutes proportions gardées, il me rappelle même un peu ce bon vieux briscard de Joe d'Amato (qu'il repose en paix) inoubliable réalisateur de Anthropophagous et Horrible, mais aussi des incroyables Porno Holocaust et La nuit érotique des morts-vivants.
Enfin je terminerai par une question, que j'ai l'habitude de poser en retour à tous ceux qui nous demandent (enfin, ceux qui osent le faire IRL) "Mais pourquoi écrivez-vous ce genre de choses ? Pourquoi faites-vous du Gore ?". Et pourquoi pas ? Pourquoi pas du rouge qui tache, pour changer un peu de la blanche fadasse ? Pourquoi serions-nous obligés de toujours nous justifier ? Est-ce qu'on demande aux Goncourt et autres Renaudot pourquoi ils écrivent de la Blanche ?
(Pour ceux qui auraient vraiment envie d'en savoir plus, Zaroff et moi avons déjà évoqué nos motivations respectives dans la partie adulte du forum. Voir topic "Pourquoi j'écris du Gore ?).
Alors tout d'abord, les grenouilles, c'est spécial, je n'ai pas le droit d'en parler. C'est ce qu'on appelle de la cuisine interne. Mais oui, bien sûr que le Gore est un défouloir, bien sûr qu'on y projette pêle-mêle nos envies les plus déviantes, nos fantasmes les moins avouables, nos pulsions les plus obscènes. Et ce n'est pas incompatible avec d'autres ambitions comme celles que tu évoques. Perso, l'âme, je n'y crois pas, mais l'homme, oui, car quoi que je fasse pour lui échapper, je le retrouve toujours. Alors il faut bien que je me confronte à lui. Et pour moi toute confrontation est violence. C'est justement de ça que traite Bloodfist. Mais là je vire HS.
Pour en revenir à ce que disait Ulysse, j'ai une position exactement inverse à la sienne, et pour une raison simple. J'établis une frontière infranchissable entre fiction et réalité. D'après moi, en littérature, on peut (on doit ?) tout écrire. Sans tabou, sans censure. Et au cinéma, c'est pareil. Si un gars se sent de filmer un viol nécrophile, comme Nacho Cerda l'a fait dans Aftermath, qu'il le fasse, je n'ai aucun problème avec ça. Et je défendrai toujours ce film, comme les Nekromantik de Buttgereit, justement parce qu'ils ont brisé un des tabous ultimes, et parce qu'ils m'ont marqué à vie. Des films, j'en ai vu des milliers, et j'en ai oublié des centaines. Mais pas ceux-là. Et je sais que je ne les oublierai jamais. Parce qu'ils sont différents.
Oui, ils sont Gore, mais ils ne sont pas que ça. Ce qu'ils montrent, cette image brutale de la mort et de la décrépitude qu'ils nous balancent au visage, ne peut pas être montré autrement. Le Gore, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les médias politikement korrekts (avec trois "k", autres cagoules, mais même rapport à la liberté), ce n'est pas réservé aux ados attardés, boutonneux et puceaux. Ce n'est pas qu'une étiquette rigolarde qu'on colle sur des produits hollywoodiens prêts à être avalés entre une grande frite et un Big Mac le samedi soir.
Et si Masterton (que j'apprécie) choisit d'y avoir recours, ce n'est pas sans raison. Je pense que ce gars est obsédé par la chair. Il a un rapport au sexe très intéressant, d'ailleurs son parcours professionnel le prouve. Et qu'on ne vienne pas me dire que le sexe n'est pas violent. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime la façon de faire de Masterton: il utilise les mêmes recettes directes, frontales et explicites que de nombreux auteurs plus spécifiquement labellisés "Gore". Voire certains réalisateurs "transgenres" (ne pas oublier que de nombreux cinéastes d'horreur ont aussi travaillé dans le X). Toutes proportions gardées, il me rappelle même un peu ce bon vieux briscard de Joe d'Amato (qu'il repose en paix) inoubliable réalisateur de Anthropophagous et Horrible, mais aussi des incroyables Porno Holocaust et La nuit érotique des morts-vivants.
Enfin je terminerai par une question, que j'ai l'habitude de poser en retour à tous ceux qui nous demandent (enfin, ceux qui osent le faire IRL) "Mais pourquoi écrivez-vous ce genre de choses ? Pourquoi faites-vous du Gore ?". Et pourquoi pas ? Pourquoi pas du rouge qui tache, pour changer un peu de la blanche fadasse ? Pourquoi serions-nous obligés de toujours nous justifier ? Est-ce qu'on demande aux Goncourt et autres Renaudot pourquoi ils écrivent de la Blanche ?
(Pour ceux qui auraient vraiment envie d'en savoir plus, Zaroff et moi avons déjà évoqué nos motivations respectives dans la partie adulte du forum. Voir topic "Pourquoi j'écris du Gore ?).
Dernière édition par Léonox le Mer 8 Oct 2014 - 21:07, édité 1 fois
Re: Graham Masterton
Belle analyse Léo. Par contre, je ne classe pas Masterton dans le gore. Je le visualise plutôt comme un chaman indien. La mythologie est très présente dans ses oeuvres. Mais, y a rien à faire, c'est un auteur qui ne me passionne pas plus que ça. Comme Koontz.
Re: Graham Masterton
Je suis loin d'être un spécialiste de Masterton. J'ai lu avec intérêt Le Miroir de Satan et Rituel de chair. Ce dernier roman pose avec intelligence le problème de l'adhésion à une idéologie sectaire (thème totalement d'actualité) et celui de la liberté individuelle. Par moments, j'ai pensé au film Hardcore de Paul Schrader, même si les sujets sont radicalement différents.
Ces deux romans ont un point commun dans la mesure où ils sont caractérisés par une fin grand-guignolesque assez savoureuse.
J'ai aussi vu l'adaptation (fort controversée) du roman Manitou que j'ai trouvé finalement assez sympathique, à condition de ne pas se focaliser sur des effets spéciaux pour le moins désuets. Il est vrai que j'ai toujours apprécié Tony Curtis et Lalo Schifrin (qui signe là une sympathique partition).
Ces deux romans ont un point commun dans la mesure où ils sont caractérisés par une fin grand-guignolesque assez savoureuse.
J'ai aussi vu l'adaptation (fort controversée) du roman Manitou que j'ai trouvé finalement assez sympathique, à condition de ne pas se focaliser sur des effets spéciaux pour le moins désuets. Il est vrai que j'ai toujours apprécié Tony Curtis et Lalo Schifrin (qui signe là une sympathique partition).
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
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Re: Graham Masterton
Léonox a écrit:
Pour en revenir à ce que disait Ulysse, j'ai une position exactement inverse à la sienne, et pour une raison simple. J'établis une frontière infranchissable entre fiction et réalité. D'après moi, en littérature, on peut (on doit ?) tout écrire. Sans tabou, sans censure. Et au cinéma, c'est pareil. Si un gars se sent de filmer un viol nécrophile, comme Nacho Cerda l'a fait dans Aftermath, qu'il le fasse, je n'ai aucun problème avec ça. Et je défendrai toujours ce film, comme les Nekromantik de Buttgereit, justement parce qu'ils ont brisé un des tabous ultimes, et parce qu'ils m'ont marqué à vie. Des films, j'en ai vu des milliers, et j'en ai oublié des centaines. Mais pas ceux-là. Et je sais que je ne les oublierai jamais. Parce qu'ils sont différents.
Ce n'est pas tant que je différencie la fiction de la réalité, mais quand Lester parlait de descriptions réalistes , j'ai eu envie de rebondir là-dessus. Pour moi certaines descriptions , à caractère gore égal ( ou disons très détaillées) , sont plus difficiles à lire que d'autres et je me suis demandé pourquoi. Parce que pour moi c'est important de comprendre mes réactions. Dans la vraie vie, j'ai plutôt le coeur bien accroché.
Mais voilà les scènes de torture, meurtre, viol ( ou les 3 cumulés) me poursuivent pendant des nuits entières après leur lecture, je ne me souviens que de ça et ça occulte tout le reste.
(en passant quand j'étais en cm2, notre instit nous a montré des photos des rescapés des camps de concentration, je m'en souviens encore comme si c'était hier, dont une en particulier que je pourrais décrire avec une effroyable précision. Quand au sortir d'une bouche de métro berlinoise je tombe sur la liste des camps de concentration, cette image revient dans l'instant)
C'est mon ressenti de lectrice mais je me garde de bien de porter un jugement sur le gore ou ceux qui en lisent , en filment ou en écrivent. Cela me paraîtrait déplacé de juger un genre tout entier à l'aune de mes propres réactions. Et encore plus de préjuger de la santé mental de l'auteur. ( parce que quand même je pense que cette idée trotte dans la tête des gens qui posent la question).
Je crois qu'on peut et effectivement qu'on doit tout écrire, je ne suis pas pour la censure qu'elle soit effective ou morale.
Je me réserve juste le choix de ne pas lire ou de ne pas regarder.
Ulysse- Écritoirien émérite
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Re: Graham Masterton
Je te comprends. D'autant mieux que j'ai aussi eu l'occasion de voir de telles images très jeune. Et elles m'ont marqué à vie. Justement parce qu'en dépit des innombrables ignominies littéraires ou pelliculées dont je me suis abreuvé depuis lors, je n'ai jamais lu/vu pire. Car je tiens pour un fait établi que cette immonde boucherie a vraiment existé. (Oui, je sais qu'il existe bien quelques tarés qui remettent en question son existence, mais comme nous sommes entre gens de bonne compagnie, vous me permettrez de ne pas tenir compte de leur "opinion"). C'est précisément pour cette raison qu'une oeuvre de fiction, aussi extrême soit-elle, n'aura jamais sur moi autant d'impact qu'une situation "à caractère gore égal" issue de la réalité.Ulysse a écrit:(en passant quand j'étais en cm2, notre instit nous a montré des photos des rescapés des camps de concentration, je m'en souviens encore comme si c'était hier, dont une en particulier que je pourrais décrire avec une effroyable précision. Quand au sortir d'une bouche de métro berlinoise je tombe sur la liste des camps de concentration, cette image revient dans l'instant)
Dans le même ordre d'idées, reprenons cet exemple de l'accouchement, évènement gore s'il en est. Comment je le sais ? Tout simplement parce que c'est exactement le terme qu'ont employé ceux qui dans mon entourage ont eu l'occasion d'en voir. Et ce n'était pas pour me faire plaisir. Voilà pourquoi je comprends tout à fait "ceux qui font une drôle de tête quand la tête du bébé sort". Pour moi c'est une scène d'une violence absolue, accomplie de surcroît dans un déferlement gore bien difficile à reproduire en termes d'impact au cinéma ou en littérature.
Femme qui souffre de façon paroxystique, bébé submergé de substances diverses, tous les deux rivalisant de hurlements, qui de douleur, qui de terreur, j'avoue que j'ai bien du mal à comprendre qu'on puisse trouver la situation "belle" (je l'ai aussi entendu dire, mais par d'autres personnes, et beaucoup plus rarement). Sans doute y a-t-il du vrai dans la fameuse phrase "L'amour est aveugle". Mais à chacun ses arrangements avec le réel, je ne suis pas là pour en juger. Je me réserve juste le droit d'être en total désaccord. Pour ce qu'elle vaut, et pour en conclure, mon opinion personnelle sur ce sujet se trouve assez bien résumée dans un sample utilisé par un de mes groupes favoris: "The beginning of life is a moment of terror".
Et c'est ton droit le plus strict, que je ne mets absolument pas en question. Cette partie de mon propos ne te visait absolument pas, même si à la relecture j'admets que ça peut prêter à confusion. Désolé, j'aurais dû faire un autre paragraphe. Ceci dit, tu mets dans le mille: en effet, dans la plupart des cas, cette question est une poupée gigogne. Il y a une autre interrogation derrière, que peu osent formuler directement, mais c'est écrit sur leur visage. Et j'ai pour habitude de m'adapter au degré d'agressivité du propos. Précisons une fois encore que ladite agressivité a été suscitée par une oeuvre de fiction, que certains jugent pertinent de faire basculer dans le réel pour en tirer certaines conclusions, tels de petits docteurs Freud de comptoir. Bien. Finalement, de telles attitudes ne prouvent qu'une chose: mon récit fonctionne. Bonus non négligeable, il permet à certains lecteurs de s'entretenir en jouant au boomerang.Ulysse a écrit:C'est mon ressenti de lectrice mais je me garde de bien de porter un jugement sur le gore ou ceux qui en lisent , en filment ou en écrivent. Cela me paraîtrait déplacé de juger un genre tout entier à l'aune de mes propres réactions. Et encore plus de préjuger de la santé mental de l'auteur. ( parce que quand même je pense que cette idée trotte dans la tête des gens qui posent la question).
Je crois qu'on peut et effectivement qu'on doit tout écrire, je ne suis pas pour la censure qu'elle soit effective ou morale.
Je me réserve juste le choix de ne pas lire ou de ne pas regarder.
(Navré, Lester, on est très loin de Masterton, promis j'en reviens au sujet dès que possible)
Dernière édition par Léonox le Jeu 9 Oct 2014 - 11:07, édité 1 fois
Re: Graham Masterton
lester l gore a écrit:Maintenant quel est son but ? Je n'en sais rien du tout ...
Moi non plus. Quel est le but d'un auteur de gore ? Est-il un provocateur gratuit, éprouve-t-il un plaisir malsain à écœurer ses petits camarades ? Léonox, Zaroff, quand vous disséquez des grenouilles sur le papier, est-ce parce que ça vous évite de passer à l'acte avec des créatures bien réelles, mais que tout le monde s'accorde à considérer nuisible, genre rapeur, écriveuses de bitlit ou député UMP ? Ou bien avez-vous pour ambition, tels des égoutiers de l'inconscient, d'explorer l'âme humaine, y compris dans ses tréfonds les moins ragoûtants ?
Bizarrement, Masterton n'est pas gore pour moi, ou alors disons qu'un livre, aussi violent soit-il, je peux en contrôler les images, contrairement à un film où les jumpscare surprennent trop... Masterton est distancié, je trouve, et son histoire n'est jamais gratuite ; presque trop stylisée ? je ne sais pas, mais l'effet est garanti pour moi.Je connais des gars qui regardent des films d'horreur sans sourciller mais font une drôle de tête devant un accouchement quand la tête du bébé sort...
Moi, ce sont les enfants qui m'insupportent. Les enfants sont nuls. L'autre jour, j'ai essayé d'avoir une conversation avec un représentant de cette méprisable engeance, d'environ cinq ans. Je lui ai demandé ce qu'il pensait des derniers progrès de la physique quantique, en particulier des récentes expériences de téléportation. Il n'a rien su me répondre d'intelligent. P'tit con, va !
Ouais, moi aussi. Sauf mes enfants, bien sûr
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
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Re: Graham Masterton
lester l gore a écrit:
Enfin, "personnages sans personnalité"... Voire ! Ce qui m'intéresse justement chez les personnages de Masterton, c'est le fait qu'ils soient tout, sauf des héros. Erskine n'est souvent que le témoin impuissant de phénomènes qui le dépassent, dans "manitou". Et nombre de ses "héros" sont souvent des personnes à la limite de l'antipathie : c'est surtout le cas dans "Walhalla", "Tengu", "démences".
Oui, nous sommes tous Gris, et Masterton le prouve admirablement. Chez lui, pas de démagogie ni d'hypocrisie. Et en plus, l'humour, l'autodérision avec Erskine s'en voulant un peu d'escroquer les gens avec sa boule de cristal, et puis tant pis : les vieilles dames qui viennent le voir ont envie de parler d'elle, le reste n'étant qu'un prétexte... Je ne trouve pas Masteron si pessimiste que ça, Lester, juste lucide, comme moi quoi , sauf que je crois que l'histoire finira bien
Bref, je suis de parti-pris, et je l'assume, car je pense partager une certaine vision désabusée du monde avec Masterton, et puis, j'aime bien les histoires qui se finissent mal, comme souvent chez lui...
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
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Re: Graham Masterton
Lester a bien fait d'ouvrir ce fil. Il contient plusieurs magnifiques posts qui feraient honneur aux meilleurs rubriques et magazines littéraires. Je pense surtout au New York Review of Books.
Notre Forum compte décidément de très talentueux membres.
Merci les amis pour vos points de vue si brillamment exprimés.
T.
Notre Forum compte décidément de très talentueux membres.
Merci les amis pour vos points de vue si brillamment exprimés.
T.
Tipram- — — Sérénité du Levant — — Disciple du mot juste
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Re: Graham Masterton
Jolie réponse, Léonox, presque un manifeste ! Et je ne pense pas qu'on s'éloigne tant que ça du sujet en évoquant le gore, car c'est souvent le reproche qui est fait à Masterton : "trop cru, trop sanglant, trop réaliste".
Maintenant, je comprends que l'on n'ait pas envie de se confronter aux situations traumatisantes dépeintes par Masterton. Il semblerait que les réactions des lecteurs soient de deux natures : soit la confrontation avec l'horreur, soit l'évitement. Chacun réagit selon son passé, sa personnalité, son éducation, son ressenti propre.
Cependant, il faut garder à l'esprit que nous parlons de fictions, mastertonniennes ou autres. Je suis persuadé que Masterton - comme Lovecraft- est un rationaliste, et qu'il ne croit pas au panthéon délirant qu'il explore depuis une trentaine d'années, ni aux calembredaines occultistes qu'il utilise dans ses récits. La lecture d'une œuvre de fiction implique une complicité entre le lecteur et l'auteur. Si ce dernier est habile, il suscite chez le premier une "suspension d'incrédulité" le poussant à accepter des postulats qu'il n'envisagerait même pas une seconde dans la vie réelle. Voilà pourquoi il est inutile de psychanalyser à la sauvette les auteurs (et les lecteurs) de fantastique plus ou moins gore, ou de gore tout court.
Maintenant, je comprends que l'on n'ait pas envie de se confronter aux situations traumatisantes dépeintes par Masterton. Il semblerait que les réactions des lecteurs soient de deux natures : soit la confrontation avec l'horreur, soit l'évitement. Chacun réagit selon son passé, sa personnalité, son éducation, son ressenti propre.
Cependant, il faut garder à l'esprit que nous parlons de fictions, mastertonniennes ou autres. Je suis persuadé que Masterton - comme Lovecraft- est un rationaliste, et qu'il ne croit pas au panthéon délirant qu'il explore depuis une trentaine d'années, ni aux calembredaines occultistes qu'il utilise dans ses récits. La lecture d'une œuvre de fiction implique une complicité entre le lecteur et l'auteur. Si ce dernier est habile, il suscite chez le premier une "suspension d'incrédulité" le poussant à accepter des postulats qu'il n'envisagerait même pas une seconde dans la vie réelle. Voilà pourquoi il est inutile de psychanalyser à la sauvette les auteurs (et les lecteurs) de fantastique plus ou moins gore, ou de gore tout court.
lester l gore- — — Dragon de Huelgoat — — Disciple des Douze Heures
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Re: Graham Masterton
Et encore plus de préjuger de la santé mental de l'auteur. ( parce que quand même je pense que cette idée trotte dans la tête des gens qui posent la question).
Je rebondis aussi sur cette phrase, car elle est très pertinente. Les questions que posent certains contiennent de manière sous-jacente leur propre réponse :
"Pour écrire des trucs comme ça, faut être un malade !"
Il y a aussi la variante : "oui, c'est bien, mais tu devrais écrire des choses sérieuses" (sous entendu : "de la vraie littérature").
lester l gore- — — Dragon de Huelgoat — — Disciple des Douze Heures
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Re: Graham Masterton
Je ne suis pas certain que tu aies raison que Masterton soit si rationaliste, Lester : sa lucidité ne veut pas dire scepticisme...
Pour être fasciné par ce qu"il décrit, il ne peut y être hermétique et, s'il n'y croit pas, il voudrait y croire...
Je ne projette pas ma vision en disant cela, je crois simplement qu'un monde purement matérialiste le désespérerait. As-tu des interviews de lui sur le sujet ?
Et puis, il s'y connaît trop en occultisme pour penser que ce ne sont que des calembredaines, comme tu dis
Ceci dit, l'essentiel reste dans son regard désabusé mais tendre, à mon avis.
Pour être fasciné par ce qu"il décrit, il ne peut y être hermétique et, s'il n'y croit pas, il voudrait y croire...
Je ne projette pas ma vision en disant cela, je crois simplement qu'un monde purement matérialiste le désespérerait. As-tu des interviews de lui sur le sujet ?
Et puis, il s'y connaît trop en occultisme pour penser que ce ne sont que des calembredaines, comme tu dis
Ceci dit, l'essentiel reste dans son regard désabusé mais tendre, à mon avis.
Doumé- — Mystagogue des Ombres — Disciple du Très Haut
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Re: Graham Masterton
Bien entendu, ne connaissant pas Masterton personnellement, je peux me tromper dans mes conclusions. Il ne s'agit que de déductions de ma part, surtout à partir de quelques entrevues parues dans SF-Mag, et des N° hors série de "Phénix" (en particulier le 38). J'ajoute à ça les préfaces de François Truchaud aux éditions NéO de Masterton, et mes conversations avec Nicollet.
Là, en revanche, je suis catégorique : on peut très bien être fasciné par une -ou des- mythologies, sans partager ces croyances. C'est mon cas.
De même : j'ai la prétention d'en connaître un morceau sur ces sujets, et je dirais même que plus j'avance, plus mon regard devient critique et sceptique.
Pour être fasciné par ce qu"il décrit, il ne peut y être hermétique
Là, en revanche, je suis catégorique : on peut très bien être fasciné par une -ou des- mythologies, sans partager ces croyances. C'est mon cas.
Et puis, il s'y connaît trop en occultisme pour penser que ce ne sont que des calembredaines, comme tu dis
De même : j'ai la prétention d'en connaître un morceau sur ces sujets, et je dirais même que plus j'avance, plus mon regard devient critique et sceptique.
lester l gore- — — Dragon de Huelgoat — — Disciple des Douze Heures
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