"Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
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"Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Norman Mailer disait: "Les vrais durs ne dansent pas".
Revu et corrigé par moi, ça pourrait donner: "Les vrais punks ne prennent pas de vacances".
Christophe a donc écrit un certain nombre de nouveaux poèmes depuis deux mois. Avec son accord, je me propose de continuer à vous les faire découvrir. Deux petits changements par rapport au précédent topic: je ne posterai plus trois poèmes par semaine, mais six tous les quinze jours. La raison ? Ce message de l'auteur, posté le 15 juillet dernier sur sa page FB: "J'ai décidé de modifier le rythme de publication sur cette page. Désormais, plutôt que mettre en ligne des infos un peu tout le temps et de manière quotidienne aussi bien qu'anarchique, je posterai, tous les quinze jours, une lettre relativement conséquente regroupant actualité et textes inédits, un peu sur le modèle de la newsletter que reçoivent mes abonnés."
J'aimais assez l'idée de donner un écho rapproché au fil d'actualité de Christophe, d'où ces légers ajustements. Bonne lecture et rendez-vous le 18 août pour la suite.
31
Se mettre
A la place
De l'autre
Quelle blague quelle foutaise comment veux-tu que j'imagine le goût du dedans de ta tête alors que dans la mienne à peu près tout le temps je n'ai aucune idée de ce qui s'y tartine
Me font rire putain
Les psychologues les âmologues
Tous les spécialistes les autoproclamés des profondeurs psychiques
Me font rire putain me font rire
Tous les Cousteau de la pensée
Me font rire
Gnôthi seauton
Shall be the whole of the law
32
Et quand tu chopes une saloperie
Quelconque et contagieuse
C'est quoi ta première pensée ?
Est-ce que ta première pensée
C'est que tu la refilerais bien
A tout le monde ?
Et si tu viens de répondre non
En quelle mesure est-ce que tu mens ?
Soit sincère, hein : on est entre nous
Ou non, mieux que ça, tu es tout seul, alors tu sais quoi ?
Ne mens pas
Regarde bien au fond
Regarde tout au fond
S'il te plaît
33
Pour chaque action
Pour chaque geste
Intervient
En dernier
La conscience
Aussi utile
Que la lumière
Dans le Frigo
Une fois la porte
Refermée
34
Et il y en a qui baisent
Comme on va à la FNAC
Dérisoire exercice
De liberté
35
A l'époque au collège en allant au gymnase avec toute la classe il y avait ce type marchant derrière moi et qui en rigolant m'a mis un doigt au cul à travers le jogging je rigolais aussi c'est pas que j'avais peur même si c'était vrai que j'avais peur de lui et j'avais peur de tout à cette époque-là
Je rigolais aussi pas parce que j'avais peur et ça je l'ai compris bien des années plus tard parce que j'étais réjoui réjoui qu'enfin quelqu'un veuille faire quelque chose quelque chose de moi réjoui de n'être pas pour une fois enfin n'être pas invisible et se faire doigter même par dérision c'est toujours mieux que rien
Et la fois où ce type qui m'avait pris en stop m'a tripoté la cuisse tout au long du trajet en faisant mine aussi de me toucher la bite cette fois-là aussi je riais comme un con jaune mais je riais terrifié mais heureux que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence même la moquerie même l'humiliation et même les brimades mieux que l'indifférence
Que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence
36
Dieu
Est dépourvu
De surface
Mais son volume
Est infini
Revu et corrigé par moi, ça pourrait donner: "Les vrais punks ne prennent pas de vacances".
Christophe a donc écrit un certain nombre de nouveaux poèmes depuis deux mois. Avec son accord, je me propose de continuer à vous les faire découvrir. Deux petits changements par rapport au précédent topic: je ne posterai plus trois poèmes par semaine, mais six tous les quinze jours. La raison ? Ce message de l'auteur, posté le 15 juillet dernier sur sa page FB: "J'ai décidé de modifier le rythme de publication sur cette page. Désormais, plutôt que mettre en ligne des infos un peu tout le temps et de manière quotidienne aussi bien qu'anarchique, je posterai, tous les quinze jours, une lettre relativement conséquente regroupant actualité et textes inédits, un peu sur le modèle de la newsletter que reçoivent mes abonnés."
J'aimais assez l'idée de donner un écho rapproché au fil d'actualité de Christophe, d'où ces légers ajustements. Bonne lecture et rendez-vous le 18 août pour la suite.
31
Se mettre
A la place
De l'autre
Quelle blague quelle foutaise comment veux-tu que j'imagine le goût du dedans de ta tête alors que dans la mienne à peu près tout le temps je n'ai aucune idée de ce qui s'y tartine
Me font rire putain
Les psychologues les âmologues
Tous les spécialistes les autoproclamés des profondeurs psychiques
Me font rire putain me font rire
Tous les Cousteau de la pensée
Me font rire
Gnôthi seauton
Shall be the whole of the law
32
Et quand tu chopes une saloperie
Quelconque et contagieuse
C'est quoi ta première pensée ?
Est-ce que ta première pensée
C'est que tu la refilerais bien
A tout le monde ?
Et si tu viens de répondre non
En quelle mesure est-ce que tu mens ?
Soit sincère, hein : on est entre nous
Ou non, mieux que ça, tu es tout seul, alors tu sais quoi ?
Ne mens pas
Regarde bien au fond
Regarde tout au fond
S'il te plaît
33
Pour chaque action
Pour chaque geste
Intervient
En dernier
La conscience
Aussi utile
Que la lumière
Dans le Frigo
Une fois la porte
Refermée
34
Et il y en a qui baisent
Comme on va à la FNAC
Dérisoire exercice
De liberté
35
A l'époque au collège en allant au gymnase avec toute la classe il y avait ce type marchant derrière moi et qui en rigolant m'a mis un doigt au cul à travers le jogging je rigolais aussi c'est pas que j'avais peur même si c'était vrai que j'avais peur de lui et j'avais peur de tout à cette époque-là
Je rigolais aussi pas parce que j'avais peur et ça je l'ai compris bien des années plus tard parce que j'étais réjoui réjoui qu'enfin quelqu'un veuille faire quelque chose quelque chose de moi réjoui de n'être pas pour une fois enfin n'être pas invisible et se faire doigter même par dérision c'est toujours mieux que rien
Et la fois où ce type qui m'avait pris en stop m'a tripoté la cuisse tout au long du trajet en faisant mine aussi de me toucher la bite cette fois-là aussi je riais comme un con jaune mais je riais terrifié mais heureux que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence même la moquerie même l'humiliation et même les brimades mieux que l'indifférence
Que mon corps pour une fois suscite d'autres choses que de l'indifférence
36
Dieu
Est dépourvu
De surface
Mais son volume
Est infini
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Pas grand-chose à dire, mais j'ai lu et apprécié.
Naëlle- — — Madone des Ombres — — Disciple de la Discipline
- Messages : 3668
Date d'inscription : 29/11/2012
Age : 33
Localisation : Sur la Lune
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Je préfère 100 fois voir ces poèmes écrits ici, blanc sur noir , plutôt qu'au milieu de mon fil d'actualité Facebook...
Je dois être snob en fait.
Merci Léonox, de prendre le temps de relayer ici les écrits de Christophe.
Je dois être snob en fait.
Merci Léonox, de prendre le temps de relayer ici les écrits de Christophe.
Ulysse- Écritoirien émérite
- Messages : 890
Date d'inscription : 18/05/2013
Age : 48
Localisation : Berlin
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Merci, Naëlle et Ulysse, pour vos lectures et commentaires.
Voici donc comme promis une nouvelle série de six textes.
Bonne lecture, et à dans quinze jours pour la suite.
37
Sinon tu peux toujours viser l'éternité, c'est à dire l'irréel, sinon tu peux toujours te jeter hors du monde et rester dans ta tête, dans tes fictions, vivre une vie sans fin, vivre une vie abstraite, qui ne peut pas échouer puisqu'elle n'existe pas, qui ne peut pas finir puisqu'elle est sans début, tu peux être comme Dieu, le protagoniste fictif d'une histoire parfaite, rêvée, guidée par la peur du réel, une histoire sans corps, sans désir, sans assouvissement, sans frustration, sans douleur et sans vie, tu peux ça ou bien vivre, oui tu peux aussi vivre, mais personne n'a dit que était obligatoire, personne n'a dit qu'habiter ce monde était obligatoire, personne, non, personne n'a dit que vivre hors de sa tête était obligatoire, oui c'est à toi de voir, c'est à toi de choisir.
38
Quelquefois pour bander un homme a besoin d'envoyer quelques claques ou de terroriser ou de briser l'esprit ou l'âme de sa femme, et quelquefois cette femme le laisse faire, car quelquefois cette bite, la bite de cet homme, est si brûlante dans la chatte que le salopard autour de cette bite peut être le plus con, le plus méchant, le plus violent qu'il veut, ça n'a pas d'importance.
Le monde n'est pas un endroit politiquement correct ni moralement acceptable et on a beau le haïr ou bien vouloir qu'il change, on a beau même agir dans le but de le changer, de le soumettre à la bienséance, de le contraindre au bien, le monde est anomique et n'en a rien à foutre.
Mon père que ma mère battait, un jour elle le vire, il part avec quelques affaires et la voiture, la journée il travaille (il est maçon), la nuit il dort dans la voiture, la voiture garée sur la bas-côté, entre les vignes et la départementale, sauf qu'il ne dort pas, il s'arsouille au pinard et s'étend sur la route, attendant qu'on l'écrase, puisque la folle qui tous les jours le bats ne l'aime plus alors cette vie ne vaut plus rien, mais on ne l'écrase pas. Un collègue à lui le découvre un matin, c'est comme ça qu'on apprend ce qu'il fait de ses nuits, et bien sûr il revient à la maison et les choses reviennent à la normale, c'est à dire qu'il continue à se faire insulter, se faire battre, se faire mettre dehors régulièrement.
Ma mère qui battait mon père, qui l'a battu pendant vingt ans, trente ans, lui reprochant toute sa vie d'avoir eu à vingt-cinq ans et quelques une maîtresse, ma mère qui insultait mon père tous les jours, quand il est mort elle s'est laissée mourir, a perdu toute violence, tout alcoolisme, a perdu tout, et elle est morte, en quelques mois.
Qu'est-ce qu'on peut conclure de tout ça ? Qu'est-ce qu'on peut conclure à propos du monde, à propos des gens ?
39
Les mots ne sont pas une formule magique. Ça n'est pas en disant : « voilà la vérité », ça n'est pas en disant : « voilà ce qui est juste », que ce que l'on dit devient juste, ou que ce que l'ont dit devient vrai. Les mots décrivent le réel mais ne le fabriquent pas. Ou peut-être que si. Peut-être que certains agencements particuliers de mots agissent sur le réel. Peut-être que certains agencements particuliers de mots ont le pouvoir de le péter en morceaux, le réel, et qu'il faut ensuite, ces morceaux, les examiner, et peut-être que certains agencements particuliers de mots ont le pouvoir de le reconstruire, le réel – ou d'en construire un autre et que cet autre il va falloir sans doute le mettre à l'épreuve aussi bien que le précédent, le casser lui aussi, et reconstruire autre chose encore avec ces nouveaux débris, parce que rien ne réussit jamais et parce que rien, peut-être, rien ne finit jamais. Et peut-être alors que ça s'appelle l'éthique, ces agencements particuliers de mots, ou bien peut-être que ça s'appelle la fiction. Mais peut-être au fond que ces deux trucs, l'éthique et la fiction, que ces deux trucs sont la même chose.
40
Quand tout va mal.
Quand l'essentiel de ton activité consiste juste à mettre un pied devant l'autre et que ça te fait un mal de chien.
Quand toute ton énergie passe dans la lutte contre la douleur ou la folie.
Quand ton monde s'étrique.
Quand il devient petit
Quand il se réduit à ton corps, qu'il devient une sphère dont le rayon égale la longueur de ton bras.
Quand ton esprit est entre quatre murs.
Quand ton esprit ne marche pas.
Quand tout va mal et qu'il n'y a rien d'autre que ça.
Quand tout va mal et que ça accapare toute ton attention.
Quand tout va mal et qu'y passe toute ton énergie.
41
Un écrivain
Est impuissant
Par nature
Un écrivain
Ne fabrique
Rien
Un écrivain est par nature une vache qui regarde passer les trains
///
La plupart du temps
Quand je parle aux gens
Comme s'ils étaient libres
Il ne comprennent pas
Croient que je plaisante
Que je me fous d'eux
///
Je suis une vache
Une vache libre
42
Ces femmes
Dont le seul espoir
Est qu'il fasse beau au parc et que les enfants ne soient pas trop chiants
Ces femmes
Dont la seule perspective
Est d'aller bouffer samedi soir à Buffalo Grill, à condition que la belle-doche veuille bien garder les mômes et que Jules pour une fois soit pas trop fatigué, à condition aussi que l'apéro avec les potes eux aussi tous en couples et en gamins, au bar des sports ou à la guinguette, s'éternise un peu moins que d'habitude, ces femmes, ces femmes
Que j'aurais tant aimé
Voir attaquer des banques
Ou des galeries d'art
Les armes à la main
Voici donc comme promis une nouvelle série de six textes.
Bonne lecture, et à dans quinze jours pour la suite.
37
Sinon tu peux toujours viser l'éternité, c'est à dire l'irréel, sinon tu peux toujours te jeter hors du monde et rester dans ta tête, dans tes fictions, vivre une vie sans fin, vivre une vie abstraite, qui ne peut pas échouer puisqu'elle n'existe pas, qui ne peut pas finir puisqu'elle est sans début, tu peux être comme Dieu, le protagoniste fictif d'une histoire parfaite, rêvée, guidée par la peur du réel, une histoire sans corps, sans désir, sans assouvissement, sans frustration, sans douleur et sans vie, tu peux ça ou bien vivre, oui tu peux aussi vivre, mais personne n'a dit que était obligatoire, personne n'a dit qu'habiter ce monde était obligatoire, personne, non, personne n'a dit que vivre hors de sa tête était obligatoire, oui c'est à toi de voir, c'est à toi de choisir.
38
Quelquefois pour bander un homme a besoin d'envoyer quelques claques ou de terroriser ou de briser l'esprit ou l'âme de sa femme, et quelquefois cette femme le laisse faire, car quelquefois cette bite, la bite de cet homme, est si brûlante dans la chatte que le salopard autour de cette bite peut être le plus con, le plus méchant, le plus violent qu'il veut, ça n'a pas d'importance.
Le monde n'est pas un endroit politiquement correct ni moralement acceptable et on a beau le haïr ou bien vouloir qu'il change, on a beau même agir dans le but de le changer, de le soumettre à la bienséance, de le contraindre au bien, le monde est anomique et n'en a rien à foutre.
Mon père que ma mère battait, un jour elle le vire, il part avec quelques affaires et la voiture, la journée il travaille (il est maçon), la nuit il dort dans la voiture, la voiture garée sur la bas-côté, entre les vignes et la départementale, sauf qu'il ne dort pas, il s'arsouille au pinard et s'étend sur la route, attendant qu'on l'écrase, puisque la folle qui tous les jours le bats ne l'aime plus alors cette vie ne vaut plus rien, mais on ne l'écrase pas. Un collègue à lui le découvre un matin, c'est comme ça qu'on apprend ce qu'il fait de ses nuits, et bien sûr il revient à la maison et les choses reviennent à la normale, c'est à dire qu'il continue à se faire insulter, se faire battre, se faire mettre dehors régulièrement.
Ma mère qui battait mon père, qui l'a battu pendant vingt ans, trente ans, lui reprochant toute sa vie d'avoir eu à vingt-cinq ans et quelques une maîtresse, ma mère qui insultait mon père tous les jours, quand il est mort elle s'est laissée mourir, a perdu toute violence, tout alcoolisme, a perdu tout, et elle est morte, en quelques mois.
Qu'est-ce qu'on peut conclure de tout ça ? Qu'est-ce qu'on peut conclure à propos du monde, à propos des gens ?
39
Les mots ne sont pas une formule magique. Ça n'est pas en disant : « voilà la vérité », ça n'est pas en disant : « voilà ce qui est juste », que ce que l'on dit devient juste, ou que ce que l'ont dit devient vrai. Les mots décrivent le réel mais ne le fabriquent pas. Ou peut-être que si. Peut-être que certains agencements particuliers de mots agissent sur le réel. Peut-être que certains agencements particuliers de mots ont le pouvoir de le péter en morceaux, le réel, et qu'il faut ensuite, ces morceaux, les examiner, et peut-être que certains agencements particuliers de mots ont le pouvoir de le reconstruire, le réel – ou d'en construire un autre et que cet autre il va falloir sans doute le mettre à l'épreuve aussi bien que le précédent, le casser lui aussi, et reconstruire autre chose encore avec ces nouveaux débris, parce que rien ne réussit jamais et parce que rien, peut-être, rien ne finit jamais. Et peut-être alors que ça s'appelle l'éthique, ces agencements particuliers de mots, ou bien peut-être que ça s'appelle la fiction. Mais peut-être au fond que ces deux trucs, l'éthique et la fiction, que ces deux trucs sont la même chose.
40
Quand tout va mal.
Quand l'essentiel de ton activité consiste juste à mettre un pied devant l'autre et que ça te fait un mal de chien.
Quand toute ton énergie passe dans la lutte contre la douleur ou la folie.
Quand ton monde s'étrique.
Quand il devient petit
Quand il se réduit à ton corps, qu'il devient une sphère dont le rayon égale la longueur de ton bras.
Quand ton esprit est entre quatre murs.
Quand ton esprit ne marche pas.
Quand tout va mal et qu'il n'y a rien d'autre que ça.
Quand tout va mal et que ça accapare toute ton attention.
Quand tout va mal et qu'y passe toute ton énergie.
41
Un écrivain
Est impuissant
Par nature
Un écrivain
Ne fabrique
Rien
Un écrivain est par nature une vache qui regarde passer les trains
///
La plupart du temps
Quand je parle aux gens
Comme s'ils étaient libres
Il ne comprennent pas
Croient que je plaisante
Que je me fous d'eux
///
Je suis une vache
Une vache libre
42
Ces femmes
Dont le seul espoir
Est qu'il fasse beau au parc et que les enfants ne soient pas trop chiants
Ces femmes
Dont la seule perspective
Est d'aller bouffer samedi soir à Buffalo Grill, à condition que la belle-doche veuille bien garder les mômes et que Jules pour une fois soit pas trop fatigué, à condition aussi que l'apéro avec les potes eux aussi tous en couples et en gamins, au bar des sports ou à la guinguette, s'éternise un peu moins que d'habitude, ces femmes, ces femmes
Que j'aurais tant aimé
Voir attaquer des banques
Ou des galeries d'art
Les armes à la main
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
37. J'aime bien cette idée de vivre dans sa tête, j'y trouve un écho qui me ressemble. A noter un mot manquant : mais personne n'a dit que était obligatoire,
38. Un thème plus malsain qui me pose toujours un peu problème, mais pourtant très véridique. A noter qu'il reste quelques fautes, il me semble.
39. J'aime bien l'idée des mots qui agissent, mais en vain.
40. J'adhère moins avec l'impression qu'il y manque quelque chose.
41. Rien à dire lol ! Ce qui n'avance pas.
42. Je l'aime bien celui-là.
Et voilà pour ma petite lecture et mes petits commentaires qui ne sont pas très utiles.
38. Un thème plus malsain qui me pose toujours un peu problème, mais pourtant très véridique. A noter qu'il reste quelques fautes, il me semble.
39. J'aime bien l'idée des mots qui agissent, mais en vain.
40. J'adhère moins avec l'impression qu'il y manque quelque chose.
41. Rien à dire lol ! Ce qui n'avance pas.
42. Je l'aime bien celui-là.
Et voilà pour ma petite lecture et mes petits commentaires qui ne sont pas très utiles.
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Merci pour ta lecture attentive, Catherine.
En effet, il reste bien quelques fautes, mais j'ai préféré laisser les textes "dans leur jus", tels qu'ils m'ont été transmis. Sachant que Christophe dispose dans son entourage de quelques correcteurs assez maniaques, je suis persuadé que ces petites scories ne résisteront pas à une solide relecture quand viendra l'heure de la publication. Publication à propos de laquelle je n'ai pas encore d'information précise, mais j'ai cru comprendre qu'il n'y avait pas le feu...
En effet, il reste bien quelques fautes, mais j'ai préféré laisser les textes "dans leur jus", tels qu'ils m'ont été transmis. Sachant que Christophe dispose dans son entourage de quelques correcteurs assez maniaques, je suis persuadé que ces petites scories ne résisteront pas à une solide relecture quand viendra l'heure de la publication. Publication à propos de laquelle je n'ai pas encore d'information précise, mais j'ai cru comprendre qu'il n'y avait pas le feu...
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Oh la là !
Le 42 est d'une justesse inouïe...j'en connais plein. Ou plutôt je les côtoie quand je m'aventure à la sortie de l'école.
Au bout de dix minutes, j'ai envie de prendre la poudre d'escampette.
Souvent on me demande "Alors à Berlin tu t'es fait des ami(e)s , avec les parents d'élèves vous rencontrez plein de monde ?
Oui mais non.. Chez nous c'est moi qui suis à plein temps et mon mari à temps partiel et c'est lui m'a suivi et non l'inverse. Bref nous ne sommes pas vraiment dans le moule.
En fait à 90% d'entre elles, je n'ai rien à dire une fois épuisées les banalités d'usage...
41
Une vache est par nature un animal domestique, peut-être tout de même être libre sous le joug de l'homme ?
38
Qu'il y a des choses qu'on ne comprendra peut-être jamais...
Le 42 est d'une justesse inouïe...j'en connais plein. Ou plutôt je les côtoie quand je m'aventure à la sortie de l'école.
Au bout de dix minutes, j'ai envie de prendre la poudre d'escampette.
Souvent on me demande "Alors à Berlin tu t'es fait des ami(e)s , avec les parents d'élèves vous rencontrez plein de monde ?
Oui mais non.. Chez nous c'est moi qui suis à plein temps et mon mari à temps partiel et c'est lui m'a suivi et non l'inverse. Bref nous ne sommes pas vraiment dans le moule.
En fait à 90% d'entre elles, je n'ai rien à dire une fois épuisées les banalités d'usage...
41
Une vache est par nature un animal domestique, peut-être tout de même être libre sous le joug de l'homme ?
38
Qu'est-ce qu'on peut conclure de tout ça ? Qu'est-ce qu'on peut conclure à propos du monde, à propos des gens ?
Qu'il y a des choses qu'on ne comprendra peut-être jamais...
Ulysse- Écritoirien émérite
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Date d'inscription : 18/05/2013
Age : 48
Localisation : Berlin
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Une vache est par nature un animal domestique, peut-être tout de même être libre sous le joug de l'homme ?
---> l'homme est par nature un animal domestique, peut-il tout de même être libre dans les yeux de la vache ?
(je ne faisais que passer)
---> l'homme est par nature un animal domestique, peut-il tout de même être libre dans les yeux de la vache ?
(je ne faisais que passer)
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
J'adore le 37 et le 40.
Le 39, c'est idiot mais il me fait penser à Merlin dans les textes médiévaux. Qui a le pouvoir, quand on y regarde bien, de faire ce qu'il dit. C'est-à-dire qu'il dit un truc, et rien que ça, ça fait que le truc arrive. Il fait pas des gestes compliqués, il crée pas une colonne de flammes pour se la péter, etc. Il parle juste, et ça suffit pour modifier les événements ou les créer. En somme, pour lui, les mots sont une formule magique. (C'était la minute universitaire de Naëlle.)
Le 39, c'est idiot mais il me fait penser à Merlin dans les textes médiévaux. Qui a le pouvoir, quand on y regarde bien, de faire ce qu'il dit. C'est-à-dire qu'il dit un truc, et rien que ça, ça fait que le truc arrive. Il fait pas des gestes compliqués, il crée pas une colonne de flammes pour se la péter, etc. Il parle juste, et ça suffit pour modifier les événements ou les créer. En somme, pour lui, les mots sont une formule magique. (C'était la minute universitaire de Naëlle.)
Naëlle- — — Madone des Ombres — — Disciple de la Discipline
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Date d'inscription : 29/11/2012
Age : 33
Localisation : Sur la Lune
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Il paraît qu'aujourd'hui c'est la "rentrée". Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ça a l'air assez effrayant, vu de chez moi. Alors pour mettre un peu de baume au coeur à ceux qui "rentrent", en espérant qu'ils parviendront à ressortir, voilà une nouvelle série de six textes. Bonne lecture, et merci encore à ceux et celles qui suivent notre petit soap existentiel.
43
La lumière à la con qui tombe jaune du ciel
Le TER qui sent comme une pissotière
Et sur les quais des gares à chaque arrêt du train dans chaque bled de merde une pub pour Sigean avec sur la photo toujours le même lion que quand j'étais morveux, quel age il a ce lion maintenant ? Cinquante piges ? Putain mais c'est un squelette votre lion !
J'imagine la réserve
Les vieux arbres déplumés
Les animaux qui se traînent
Vieux lions, vieux tigres, vieux ours
J'imagine tous fatigués, édentés
Les oiseaux exotiques sans plumes et qui ne volent plus depuis au moins trente ans
Les okapis chauves et centenaires
Partout le bruit des fauves qui toussent
Et les employés
Toute une bande de petits vieux
Ratatinés
Devenus trop petits pour leurs costumes élimés
Et puis le train repart
Quitte cette gare merdique
Roule jusqu'à la prochaine gare merdique
Petites gares merdiques
Petites villes merdiques construites autour des gares merdiques
Petites gens merdiques qui poussent et meurent dans ces villes
Je n'aime plus le sud
Ho bordel
Ho nom de Dieu
Que je ne l'aime plus
44
Et si la mémoire de Dieu
Contient l'avenir aussi
Et si Dieu se souvient
Du futur aussi
45
Y a des copains qui te traitent de con
Et ça te renvoie vingt-cinq ans derrière
L'époque où pour toi le seul moyen de dire
A tes amis combien tu les aimais
C'était piquer leur bouquin de Français
Écrire des conneries dedans
46
Serrer les dents
Vomir
Quand même
47
Ce qui fait qu'on tombe amoureux c'est pas la beauté, pas l'intelligence, pas le charme ou le sexe, pas du tout, c'est pas ça, ce qui fait qu'un livre est bon c'est pas le style, pas l'histoire, pas les personnage ou quoi que se soit d'autre, non, la seule chose qui nous attire en l'autre c'est la vie, un livre plaît s'il est vivant, un être humain, on l'aime s'il est vivant, et tous ces cons qui recherchent chez l'autre la beauté, ou la jeunesse, ou la maturité, ou l'intelligence, ou la capacité à baiser trois heures sans débander, ou la capacité à sucer la queue et avaler le sperme, mais c'est pas ça, non, c'est pas ça du tout, nous sommes des vampires, ce qui chez l'autre attire c'est la vie, nous sommes des vampires, la vie nous éblouit, la vie nous rend heureux, la vie, c'est de la vie dont nous sommes amoureux, cette étincelle pas croyable qu'ils ne sont pas nombreux à posséder, cette étincelle qui ne dépend d'aucune qualité, d'aucune autre qualité, ce pouvoir intrinsèque, ce trésor fabuleux, et malheur à celui dont la flamme est éteinte.
48
Et il y a bien pire que les punks de trente ans, pire que les punks à chiens ;
Oui il y a bien pire que les punks de trente ans, c'est les punks de quarante ;
Les punks de quarante ans, les punks à CDI, à Plan Épargne Logement ;
Oui il y a bien pire que tous les punks à chiens, c'est les punks à poussettes, pire que les punks à chien, c'est les punks à enfants.
43
La lumière à la con qui tombe jaune du ciel
Le TER qui sent comme une pissotière
Et sur les quais des gares à chaque arrêt du train dans chaque bled de merde une pub pour Sigean avec sur la photo toujours le même lion que quand j'étais morveux, quel age il a ce lion maintenant ? Cinquante piges ? Putain mais c'est un squelette votre lion !
J'imagine la réserve
Les vieux arbres déplumés
Les animaux qui se traînent
Vieux lions, vieux tigres, vieux ours
J'imagine tous fatigués, édentés
Les oiseaux exotiques sans plumes et qui ne volent plus depuis au moins trente ans
Les okapis chauves et centenaires
Partout le bruit des fauves qui toussent
Et les employés
Toute une bande de petits vieux
Ratatinés
Devenus trop petits pour leurs costumes élimés
Et puis le train repart
Quitte cette gare merdique
Roule jusqu'à la prochaine gare merdique
Petites gares merdiques
Petites villes merdiques construites autour des gares merdiques
Petites gens merdiques qui poussent et meurent dans ces villes
Je n'aime plus le sud
Ho bordel
Ho nom de Dieu
Que je ne l'aime plus
44
Et si la mémoire de Dieu
Contient l'avenir aussi
Et si Dieu se souvient
Du futur aussi
45
Y a des copains qui te traitent de con
Et ça te renvoie vingt-cinq ans derrière
L'époque où pour toi le seul moyen de dire
A tes amis combien tu les aimais
C'était piquer leur bouquin de Français
Écrire des conneries dedans
46
Serrer les dents
Vomir
Quand même
47
Ce qui fait qu'on tombe amoureux c'est pas la beauté, pas l'intelligence, pas le charme ou le sexe, pas du tout, c'est pas ça, ce qui fait qu'un livre est bon c'est pas le style, pas l'histoire, pas les personnage ou quoi que se soit d'autre, non, la seule chose qui nous attire en l'autre c'est la vie, un livre plaît s'il est vivant, un être humain, on l'aime s'il est vivant, et tous ces cons qui recherchent chez l'autre la beauté, ou la jeunesse, ou la maturité, ou l'intelligence, ou la capacité à baiser trois heures sans débander, ou la capacité à sucer la queue et avaler le sperme, mais c'est pas ça, non, c'est pas ça du tout, nous sommes des vampires, ce qui chez l'autre attire c'est la vie, nous sommes des vampires, la vie nous éblouit, la vie nous rend heureux, la vie, c'est de la vie dont nous sommes amoureux, cette étincelle pas croyable qu'ils ne sont pas nombreux à posséder, cette étincelle qui ne dépend d'aucune qualité, d'aucune autre qualité, ce pouvoir intrinsèque, ce trésor fabuleux, et malheur à celui dont la flamme est éteinte.
48
Et il y a bien pire que les punks de trente ans, pire que les punks à chiens ;
Oui il y a bien pire que les punks de trente ans, c'est les punks de quarante ;
Les punks de quarante ans, les punks à CDI, à Plan Épargne Logement ;
Oui il y a bien pire que tous les punks à chiens, c'est les punks à poussettes, pire que les punks à chien, c'est les punks à enfants.
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Je ne sais pas quoi dire au juste… Il faut une sacré dose de talent, non : de lucidité pour écrire des trucs pareils. Ces poèmes sont absolument incroyables !
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 50
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Talent et lucidité sont réunis.
Le 47 me remue les tripes.
Le 47 me remue les tripes.
Ulysse- Écritoirien émérite
- Messages : 890
Date d'inscription : 18/05/2013
Age : 48
Localisation : Berlin
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
Ulysse a écrit:Talent et lucidité sont réunis.
Le 47 me remue les tripes.
Oui, moi aussi.
SILENCE- — — — Moine copiste — — — Disciple des Lois du Silence
- Messages : 4040
Date d'inscription : 02/01/2012
Age : 50
Re: "Un autre recueil", la suite, de Christophe Siébert
merci à tous.
et, oui, naëlle, c'est cela, la vraie magie. la parôle performative. dire quelque chose, et parce qu'on le dit, cette chose accède au réel, quitte le verbe pour entrer dans le monde. devient vraie. la plus puissante formule magique ? je t'aime.
et, oui, naëlle, c'est cela, la vraie magie. la parôle performative. dire quelque chose, et parce qu'on le dit, cette chose accède au réel, quitte le verbe pour entrer dans le monde. devient vraie. la plus puissante formule magique ? je t'aime.
konsstrukt- Écritoirien émérite stagiaire
- Messages : 514
Date d'inscription : 02/11/2011
Age : 50
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