Autre Chose

Hello (bis). Nouvelle version (qui en fait est l'ancienne que j'avais réduite !!!). 2512 signes.

AUTRE CHOSE

Tout ça
C'est ma maison c'est notre maison notre appartement notre pièce principale dans une autre pièce il y a notre enfant et ici tout est à
Nous.
Nous l'avons bâti ensemble certains appellent ça le fruit de notre amour
Et pourtant tout ce que je vois aujourd'hui c'est qu'il n'y a
Rien.
Le vide dans les mots et le vide dans la tête.
Je suis assis en face de toi et tu es assise sur le canapé rouge.
Je pense à toi je pense à moi je pense à nous. Et tu es là et je suis là. Et il n'y a.
Rien.
Je t'ai aimée tu m'as aimé premier baiser langues humides se frôlant érection corps brûlants mains tremblantes rires sourires mots et maintenant plus rien. Le vide. Les silences. Les mots vidés de leur sens. Les jours succédant aux jours.
Combien d'années encore comme cela ?
Combien d'années ?
Condamnés ?
Le vide dans les mots et dans la tête et dans la pièce. Des années, une dizaine, toi et moi, moi et toi, dans les mêmes pièces dans le même lit le même corps le même sexe les mêmes amis les mêmes films les mêmes livres le même chômage les mêmes alcools les mêmes vomis les mêmes engueulades les mêmes plats les mêmes courses au même supermarché la même odeur de merde après ton passage aux toilettes. L'enfant son école les récitations les additions l'histoire de France toujours la même. Les règles de grammaire toujours les mêmes. Toujours toujours.
Mais.
Ce soir.
Le silence de la télé, le son monté à fond
Une chaîne quelconque
Une chaîne parmi toutes les autres puisque toutes font la une sur le même sujet
Il y a autre chose. Il y a une vie ailleurs. Les images sur l'écran télé. Les extra-terrestres des êtres gélatineux vus au loin dans un champ un désert et l'armée et les journalistes tout autour
Les journalistes surexcités
Les témoins exaltés
La population interviewée
C'est les gros titres.
Partout.
Il y a autre chose
Et mon travail et ton travail et notre enfant et nos amis et nos parents et notre mort tracés tout est tracé toujours
Le silence de la télé, le son monté à fond
La gélatine des êtres et de la chair
L'espace rempli de vide
Les galaxies infinies
Je pense à toi à moi à nous
Combien d'années encore à être pareils ?
Combien d'années ?
Infinies.
Je te regarde
Tu es
Assise
Sur le canapé rouge
Rouge de ton sang et dans ma main le couteau et dans ta gorge l'artère éclatée fallait bien que quelqu'un crève fallait bien que quelqu'un crève et sur la télé
Le vide infini
Les galaxies les trous noirs
Et la chair gélatineuse des êtres au loin dans un champ presque invisibles impalpables mais vivants
Il y a autre chose.

FIN


Je laisse en fin de message la contribution initiale que j'avais postée (1900 signes).


AUTRE CHOSE

Rien. Le vide dans les mots et le vide dans la tête. Je pense à toi je pense à moi je pense à nous. Et tu es là et je suis là. Et il n'y a.
Rien.
Je t'ai aimée tu m'as aimé premier baiser langues humides se frôlant érection corps brûlants et maintenant plus rien. Le vide. Les silences. Les mots vidés de leur sens. Les jours succédant aux jours.
Combien d'années encore comme cela ?
Combien d'années ?
Condamnés ?
Le vide dans les mots et dans la tête et dans la pièce. Des années, une dizaine, toi et moi, moi et toi, dans les mêmes pièces dans le même lit le même corps le même sexe les mêmes amis les mêmes films les mêmes livres le même chômage les mêmes alcools les mêmes vomis les mêmes engueulades les mêmes plats les mêmes courses au même supermarché la même odeur de merde après ton passage aux toilettes. L'enfant son école les récitations les additions l'histoire de France toujours la même. Les règles de grammaire toujours les mêmes. Toujours toujours.
Mais.
Ce soir.
Le silence de la télé, le son monté à fond
Il y a autre chose. Il y a une vie ailleurs. Les images sur l'écran télé. Les extra-terrestres des êtres gélatineux vus au loin dans un champ un désert et l'armée et les journalistes tout autour
C'est les gros titres.
Il y a autre chose
Et mon travail et ton travail et notre enfant et nos amis et nos parents et notre mort tracés tout est tracé toujours
Le silence de la télé, le son monté à fond
La gélatine des êtres et de la chair
L'espace rempli de vide
Les galaxies infinies
Je pense à toi à moi à nous
Combien d'années encore à être pareils ?
Combien d'années ?
Infinies.
Je te regarde
Tu es
Assise
Sur le canapé rouge
Rouge de ton sang et dans ma main le couteau et dans ta gorge l'artère éclatée fallait bien que quelqu'un crève fallait bien que quelqu'un crève et sur la télé
Le vide infini
Les galaxies les trous noirs
Et la chair gélatineuse des êtres au loin dans un champ presque invisibles mais vivants
Il y a autre chose.

David, j'adore ton texte. Vraiment.
Tu viens de bousculer mon pré-podium en y faisant une entrée fracassante, et crois-moi c'était pas évident avec ceux qui y étaient installés. Sauf que:

Taille : 2500 à 3000 signes espaces compris (tolérance de 10% : de 2400 à 3100 signes).

Or ton récit fait 1900 signes. Alors question: est-ce que tu te sens capable de l'allonger ?
Parce que je n'ai absolument pas envie que ta candidature ne puisse être retenue à cause de ce problème de calibrage. Si tu t'en sens capable et si tout le monde est d'accord, on efface tout et on recommence sans tenir compte de ce faux départ.

Moi je suis d'accord. On peut tous zapper quelque chose.

argh. Je n'avais lu qu'il y avait un minimum (seulement un maxi....). Toujours un peu de mal à entrer dans les calibrages... C'est d'autant plus idiot que le texte était plus long au départ !!!! SI tout le monde est OK, je suis OK pour le modifier !

Je suis aussi d'accord, bien sûr. Ca arrive les erreurs !

De plus, avec le commentaire de Léonox, j'ai hâte de lire ton texte (je me réserve pour la version finale du coup).

J'ai édité mon premier post avec une version finale à 2512 signes. J'ai également laissé à sa suite le texte qui en faisait 1900 !

Merci Catherine et Amaranth pour vos réponses rapides et compréhensives.
Et confirmation personnelle après lecture de la version longue: c'est du lourd.

David, ça commence à faire un petit bout de temps que je te lis, et je trouve tes écrits de plus en plus impressionnants. J'adhère sans réserve à tes choix formels (ta mise en page avec ces sauts de ligne pour mieux isoler les mots-clés, ta ponctuation parfois décalée), et stylistiques (ton écriture directe et affûtée comme un scalpel, tes répétitions hypnotiques).

Quant au "fond", j'ai retrouvé avec un plaisir trouble ton obsession pour les névroses développées dans l'ombre d'un quotidien désespérant. Avec évidemment en toile de fond un lourd climat d'horreur sociale, ici épaissi par cette rencontre du troisième type gélatineuse.
Bref, tout ça pour te redire que tu as foutu un beau bordel sur mon pré-podium. 

J'ai aimé ce texte au style poétique et expérimental et à l'ambiance très noire, nihiliste.


A la première lecture, il m'a semblé que l'histoire des extra-terrestres n'avait pas grand intérêt, mais ensuite, dis-moi si j'ai bien compris, cette arrivée des ET est comme un espoir, l'espoir qu'il ait autre chose que cette vie désespérante décrite avant ?

En tout cas bravo !

Bonjour Davidoff,
Je viens de lire ton texte. Je vais être un peu plus nuancé que mes camarades. J'avoue avoir été déconcerté et désarçonné par la forme. Pour te dire les choses clairement, je n'en suis pas fanatique de cette forme qui - mais je pense que cela vient de moi - m'impose des images contradictoires. Donc de ce point de vue, ma réaction a plutôt été celle du So what ?
Puis vient la rencontre. Et encore une fois je ne vois pas où tu veux en venir parce que franchement jusqu'à présent rien d'angoissant. Mais bon, j'accepte. Après le So what vient le temps du OK d'accord.
Et puis il y a la fin. Et là ce n'est plus un so what ni un ok d'accord mais un Waow !
Putain Waow. Pour moi la fin sauve tout. Mais je reste mitigé sur la forme. Comprends moi bien Davidoff, je trouve que c'est un très bon texte. Je mets juste un bémol à ce qui a été dit plus haut, mais un bémol qui m'est parfaitement subjectif et que j'assume.

Chapeau. Mais on frise le hors-sujet. Je vois plus ce récit pour un thème "ennui". Mais je dois avouer que ton texte mérite des relectures pour en apprécier tout le sel.

Merci à toutes et tous pour vos commentaire. Quelques petites réponses, comme ça :

Léonox : Merci pour tes compliments, ça fait chaud au coeur !

SIlence, Paladin : Alors, mon style, c'est vrai qu'il est, parait-il, "particulier". Certains éditeurs me dézinguent à cause de cela, d'autres aiment beaucoup (et me dészinguent à cause du côté Trash, parfois). Bref, je me fais souvent dézinguer, mais j'assume ! Effectivement, tout est contradictoire, l'amour le plus fou, et la déchéance annoncée de ce même amour, la beauté des sentiments et la chair et la merde, l'espace confiné de nos possibles terriens (because les lois, la normalisation de l'esprit, etc etc etc )vs l'espace démesuré des possibles. Alors, l'arrivée des ET est effectivement l'ouverture vers un ailleurs possible. Nos vies ne sont que ce qu'on en fait (cliché), mais il se trouve qu'on en fait surtout ce que la société veut qu'on en fasse (cliché anarcho-nihiliste, mais j'assume !).

Zaroff : Oui, il y a beaucoup d'ennui là-dedans. Après, l'angoisse, au bout de x années de couple, est bien la seule réalité qui soit (sauf pour moi car mon couple va très bien   ). Quand aux ET, comme le disait tonton Arthur Clarke : il n'y a que deux possibilités, soit nous sommes seuls dans l'univers, soit non. Et les deux sont effrayantes.

Ah ! Je me suis sans doute mal exprimé Davidoff. Ce n'est pas ton style en soi qui m'a posé problème dans ma lecture. Je n'ai encore jamais rien lu de toi que cette nouvelle, du coup je ne me permettrait pas de juger. Ce qui m'a gêné c'est uniquement le style de cette nouvelle. Après ce que disent les éditeurs j'ai envie de dire on s'en fout. Je ne juge que le texte posté. D'un autre côté, tu as parfaitement raison d'assumer. Précisément pour cela que je parle de style. Mais encore une fois c'est un très beau texte.

Je crois que ce n'est pas à proprement parler une nouvelle, plutôt quelque chose proche d'un poème en prose.

SILENCE a écrit:Ah ! Je me suis sans doute mal exprimé Davidoff. Ce n'est pas ton style en soi qui m'a posé problème dans ma lecture. Je n'ai encore jamais rien lu de toi que cette nouvelle, du coup je ne me permettrait pas de juger. Ce qui m'a gêné c'est uniquement le style de cette nouvelle. Après ce que disent les éditeurs j'ai envie de dire on s'en fout. Je ne juge que le texte posté. D'un autre côté, tu as parfaitement raison d'assumer. Précisément pour cela que je parle de style. Mais encore une fois c'est un très beau texte.

Tu as tout fait le droit de le juger., de toutes les manières. Un texte, quel qu'il soit, appartient avant tout aux lecteurs et à leurs imaginaires   

Ce que je voulais dire est que tes commentaires sur le texte étaient proches de certains commentaires que j'avais déjà lu ou entendu et ça m'interroge, en tant qu'apprenti écrivaillon, sur les sentiments que peuvent susciter mes écrits. Ton commentaire m'est très utile !