De l'autre côté du miroir

Je ne sais pas comment aborder ce genre de texte.
Il y a trop de douleur là-dedans pour parler poésie.
La souffrance, le désarroi, le dégoût et la révolte vous cueillent en pleine poire, et cet autre côté du miroir me fait peur.
Parles-tu de renaissance ? de mort ?
Je ne sais pas comment t'aider.
L'orgueil béat et borné de la normalité est un fléau social intolérable.
J'aimerais te dire qu'il n'est pas une fatalité, qu'il faut s'accrocher, le dénoncer et le combattre.
Mais ce ne sont que des mots.
Je me sens stupide et impuissant.
Pardonne-moi.

Ok...
Je dirais, y'a pas d'urgence pour l'autre côté du miroir.
Tout le monde n'est pas reconnu à sa valeur. Parfois ça vient plus tard.
Quand on a la chance d'y voir clair dans tout ça, faut s'accrocher.
Le plus important, c'est de savoir ce qu'on veut et traverser les courants contraires.
Le minimum de compromis pour survivre, et le reste pour s'affirmer.
Je pense qu'il y a toujours une place pour les passionnés.
Tu écris ça à 16 ans, alors à 30 tu seras peut-être un poète ou un écrivain réputé.
Bon courage !

En fait, ce texte est dirigé contre ma famille avec qui ça se passe vraiment mal ces derniers temps.
ON ne se comprend pas, on ne parvient pas à dialoguer comme des personnes raisonnables.

Quand je leur dit que je veux faire de l'art, on me répond que je perds mon temps... Et ils ont peur que je tourne "mal" (ce qui est légitime), je sais que leurs intentions ne sont pas de me nuire mais c'est pourtant ce qui arrive.
De peur que "l'art fasse de moi un être dégénéré", ils m'ien écartent de plus en plus... Je n'ai pas le droit d'écrire à la maison, pas le droit de lire à la maison...

Ils ne connaissent rien à l'art et ils en ont peur. Ils pensent que je vais rater ma vie, que je perds un temps précieux en écrivant ou en lisant...

L'an dernier ma mère a voulu m'envoyer de force en fillière de commerce... ALors j'ai saboté mes résultats en mathématiques pour que la seule fillière accessible soit celle de la littérature. Mais je déteste avoir à me battre contre ma famille, surtout d'une manière aussi bête...

Mais tout le monde a essayé, les profs, les psys, mon père... Mais la parole n'attend pas ces gens. Alors je continue à me débattre... Je n'entrerai pas dans leur cadre trop restreint, je resterai moi... Et à mon sens, l'autre côté du miroir, c'est le vrai monde, pas le monde tels qu'ils se l'imaginent. Et c'est de ce côté du miroir que je me sentirais enfin moi !

Tu n'es pas un gamin facile, hein ?
Mais tu as un avantage considérable sur bien des jeunes : tu sais ce que tu veux.
Garde cette force.
Se construire à l'adolescence n'est jamais simple (on est tellement seul dans sa peau et on ne sait pas encore accompagner les coups), et je ne crois pas qu'il y ait de solution miracle.
Mais il y a une tentation avec laquelle il ne faut pas trop jouer : le repli sur soi.

Ce n'a pas l'air d'être ton cas, il y a de la lucidité dans ton explication.
Si tu sais où tu veux aller, si tu marches les yeux ouverts et si tu as le talent de tes ambitions, alors les obstacles devraient te motiver, pas te décourager.

Je sais, je parle comme un (vieux) livre.
Je doute que cela puisse d'aider mais va voir "Exil".
J'ai écrit ça à l'âge où l'on rêve de passer de "l'autre côté du miroir".

Jack-the-rimeur a écrit:Tu n'es pas un gamin facile, hein ?

Et pour cause, je ne suis pas un gamin !

Merci pour tes encouragements. ça fait plaisir de se sentir soutenu

( Comme un vieux... Je connais des gens plus jeunes et dix fois plus rébarbatifs tu sais )

Continue à t'affirmer Martin, quelle que soit la méthode. Nos parents sauraient mieux que nous ce qui nous rendra heureux ? Peut être, mais personne n'est capable de définir mieux que toi ce qu'est ta passion. Si tu t'y adonnes comme la plupart des membres de ce forum juste pour ton plaisir c'est bien, si tu peux en vivre c'est l'idéal. Et surtout ne passes pas a côté de ta passion, quitte à tricher, quitte à mentir. Les regrets n'ont jamais fait grandir, ils ne font que miner.

Bien sûr que tu n'es plus gamin, Martin. Excuse-moi pour le terme, c'était plus affectueux que péjoratif (un peu comme "fiston" dans la bouche de John Wayne).
D'accord, tu n'es pas mon fils non plus (je suis en train de m'enfoncer là)...

Bref, je voulais juste entériner dans le sens de Perroccina : ne pas avoir de regrets, c'est le plus important.
Ensuite, ne pas dédaigner une main tendue mais y regarder à deux fois quand même. Ceux qui voudront t'aider n'auront peut-être pas que ton bien en tête.
Mais tu n'es plus un gamin, pas vrai ?
Bon courage.

En fait j'ai du mal à comprendre: que ta mère veuille t’empêcher de lire et d'écrire, bon, ce sujet a déjà provoqué un clash ici et en effet je ne veux pas porter de jugement sur ta mère. En même temps, si je comprends bien qu'elle puisse s'inquiéter pour toi (J'ai des enfants qui sont grands maintenant mais bien sûr je me suis inquiété pour leurs études autrefois) j'ai du mal à saisir pourquoi elle ne veut pas que tu lises ou que tu écrives.

Il faut quand même te dire qu'il très peu probable d'arriver à vivre de l'écriture, il est légitime que tes parents veuillent que fasse un métier qui t'assures le quotidien. Mais d'un coté il faut quand même trouver un intérêt dans ton boulot parce que ça doit être épouvantable de faire tous les jours un travail qu'on aime pas, juste alimentaire. donc t'obliger à faire commerce si ça ne te branche pas du tout n'est surement pas le mieux pour toi.

Quand tu dis que tu veux faire de l'art, il y a bien des métiers dans ce domaine: infographiste, décoration.etc...Qu'est-ce que tu voudrais faire en fait ?

Bien sûr... pour des millions d'écrivains, ils sont une poignée à vivre de leur art... Aloysius Bertrand et Baudelaire sont morts dans la misère, Balzac était couvert de dettes... Les exemples ne manquent pas... Je ne me leurre pas et je place peu d'espoirs quand au fait de vivre de mon écrit...

Et en effet, quand je parle de faire de l'art, je me vois devenir professeur de littérature ou professeur chercheur. Mais après l'art, ce qui débecte le plus mes parents, c'est le fonctionariat...

Je comprends encore moins...C'est pas parce que je suis moi même fonctionnaire, mais pour rassurer tes parents la fonction publique c'est quand même une carrière avec la sécurité de l'emploi ...Moi au contraire mon père voulait qu'on soit fonctionnaire comme lui!

En fait "fonctionnaire" c'est un statut, pas un métier, ça recouvre plein de métier très différents! Et je ne vois pas en quoi devenir professeur ferait de toi "un être dégénéré"... Que ta mère le dise, c'est une chose, mais que "les profs, les psy, ton père" tiennent le même discours ça me surprend quand même!

Ha mais non non ! Il y a mésentente là ! Mon père, mes profs et mon psy ils ont essayé de parler à ma mère ! Pas de me diriger vers telle ou telle carrière

Tu sais ma mère elle a peur de tout ce qui est différent... Et dès que c'est un métier dont elle ne sait rien... Elle dit que les profs sont tous des stressés des dépressifs etc... Mon beau père les traite même de Bolcheviks en étant mi sérieux mi rieur... Ils ont une visionégative des fonctionaires en général et des profs en particulier... Je ne peux pas les forcer à croir e en mes convictions bien sûr... mais je trouve nul de leur part qu'ils méprisent les miennes...

Au fond leur avis j'en ai rien à torcher... mais qu'ils me forcent à être du leur...

Ah ok je comprends mieux! En tout cas au moins tu as des soutiens, dont celui de ton père, ce qui n'est pas rien, même si tu ne vis pas avec lui. Et de tes profs qui quand même décident aussi de ton orientation.

Je ne pense pas que ce soit l'endroit en public pour trop étaler les histoires persos, mais tu me parler en mp si tu veux, non pas que j'ai la solution mais peut-être que je peux au moins t'écouter et te dire mon avis!

Merci beaucoup Paladin, je te soliciterai au cas où.

Merci à tous pour votre soutien.

Dur d'être issu d'une famille un peu primaire quand on est soi-même artiste, sensible, intelligent...
Bon courage à toi ; tu sembles très mature pour ton âge.