Midi-Minuit Fantastique, l'intégrale !

Ça y est! J'ai reçu le premier des quatre tomes de ce qui doit être le fac-similé de l'intégrale de la revue Midi-Minuit Fantastique, (chez Rouge Profond) revue mythique  consacrée au cinéma fantastique et bis, parue entre 1962 et 1971. C'est un peu cher (58 €, 55,10 € sur Amazon), mais je veux vraiment me payer la collection!



Je ne sais pas si certains ici connaissent cette revue, moi-même ne l'ai connue qu’après sa disparition, vers mes 14/15 ans. Il existait alors à Nice une libraire spécialisée dans la SF/fantastique/BD, qui fut éphémère mais qui vendait, en plus de livres et albums, d'anciennes revues comme Fictions ou Galaxies, voire même des fanzines (la première formule de Mad Movies, je l'ai achetée là!) et bien sûr Midi-Minuit Fantastique dont j'acquerrais plusieurs numéros à des prix modiques (Aujourd'hui cette revue sur Priceminsiter peut valoir facilement les 30 ou 50 €, voire plus! : http://www.priceminister.com/s/midi-minuit+fantastique



C'est dans cette revue, dans les fanzines et dans des revues comme Fiction ou des magazines comme Creepy ou Eerie que je me faisais une culture cinématographique fantastique et bis, très théorique, puisque ces films passaient peu au cinéma et encore plus rarement à la télévision, et dans ces temps reculés, il n'y avait encore ni magnétoscopes ni DVD ni téléchargement (Même pas internet, c'est vous dire les temps obscurs que j'ai connus! ) En fait, je n'ai vu la plupart de ces œuvres que depuis quelques années, grâce au télé  je vous dirai pas quoi...

L'idée de ce magazine dédié aux films fantastiques, d'horreur et de science-fiction des années 1960 est née de la rencontre, à la librairie parisienne « Le Minotaure » dirigée par Roger Cornaille, de Jean-Claude Romer qui préparait un article sur Tod Browning pour la revue Bizarre et de Jean Boullet. Ils furent rejoints par deux étudiants, Michel Caen et Alain Le Bris, passionnés par le sujet et missionnés par Éric Losfeld.
Certains numéros sont consacrés à des thèmes particuliers, comme King Kong (no 3), Dracula (no 4-5), Les Chasses du comte Zaroff, Érotisme et épouvante dans le cinéma anglais (no 8, janvier 1964)...
Francis Lacassin, Jacques Sternberg, Jean Boullet, entre autres, ont collaboré à la revue.






MMF avait une grande ouverture d'esprit . Elle traitait d'horreur, de fantastique, de SF, de bizarre et d'insolite. Des réalisateurs comme Fellini ou Delvaux, par les ambiances étranges de leurs films, y avaient leur place autant que Terence Fisher, Jess Franco ou Jean Rollin.

L'érotisme aussi: à l'époque bien sûr, il était bien pudique (quelques seins nus dans les années 60, des situations "érotiques" hyper soft vers 70 ... ) et ce qui était alors en salle "interdit aux moins de 18 ans" passerait aujourd'hui à la télé en prime-time. Mais l'érotisme était considéré alors comme subversif et, dans une France où la culture était encore très académique, le désir était aussi menaçant que la mort, et Éros comme Thanatos avaient leur place dans les "mauvais genres". Du coup, MMF eut des ennuis avec la censure: il paru lui aussi à une époque avec la mention "Interdit aux moins de 18 ans"

"Le Frisson des Vampires" de Jean Rollin, dans MMF N°23:



La littérature y croisait le cinéma, les lettres la riche iconographie photographique: le N° double 4/5, consacré à Dracula, comportait le texte du roman avec des photos de nombreux films (en fait, il s'agissait de la version abrégée du roman, seule traduite à l'époque, que la réédition n'a pas reprise, mais peu importe, on le trouve aujourd'hui partout en poche) Dans le N°6, le dossier consacré à "La Chasse du Comte Zaroff" est précédé de la nouvelle de Richard Connell qui a inspiré le film...

Comme on dit, cette réédition de Midi-Minuit Fantastique est un ouvrage que tous les passionnés du cinéma bis et fantastique doivent posséder!

Elle est de plus accompagnée d'un DVD "La Télévision des Midi-Minuististe" : 3 heures de documents télévisuels: documentaires, petits films, etc...

Seul regret, le fac-similé est au format 22 X 26,5 , différent de celui de la revue originale (Première série petit format: 15,5 X 23,5 et seconde série, grand format 21 X 27 )

Jolie chronique, Paladin! T'as fait plonger la jeunette ignare que je suis dans une époque que je connaissais pas.

... Et moi, ça ne me rajeunit pas, mais j'étais beaucoup plus jeune que toi quand j'ai connu cette revue, et elle avait déjà cessé de paraître!

(En 71 j'avais 13 ans, c'est une période de ma vie particulièrement désagréable mais c'est une autre histoire...)

Je ne connaissais pas non plus cette revue. C'est vraiment dommage qu'elle aie fini si tôt et que rien de semblable ne semble avoir pris le relais (y a bien Mad movies, mais c'est plus du gore/horreur je trouve que de l'épouvante/fantastique).

C'est un super article que tu nous a fait en tout cas, Paladin. Ca donne vraiment envie de lire ces magasines. Dommage que ça soit si cher, j'aurais bien tenté ce retraçage de l'histoire du fantastique au cinéma.

En 71, j'avais -21ans pour ma part
Espérons que les chose vont mieux en 2014 quand même.

Très belle présentation, Paladin, merci beaucoup. Pour ma part, je n'ai jamais connu Midi Minuit Fantastique (et pour cause, lorsque cette mythique revue cessa de paraître... je venais de naître !). Néanmoins, depuis 25 ans que je m'intéresse au cinéma bis, ou "de genre", j'en entends parler partout. Il me semble que L'écran Fantastique et Mad Movies, fondés entre 1969 et 1972, lui doivent beaucoup. Le magazine Fantastyka, dirigé par Alain Schlockoff, et Metaluna (je parle du prozine dirigé par Jean-Pierre Putters, et pas de son émanation mag), peuvent d'ailleurs être considérés comme des héritiers indirects de la ligne éditoriale de MMF.

Tout ceci pour dire que l'ombre de Midi Minuit Fantastique a régné sur toutes mes années de cinéphilie/cinéphagie sans que je le veuille. Et j'ai bien entendu prévu d'acquérir également l'intégrale de cette prestigieuse réédition aussitôt que j'ai eu vent du projet. Cependant, les trois volumes suivants étant prévus entre novembre 2014 et novembre 2015, il est possible que je temporise. Parce que j'avoue que l'idée de me faire offrir les deux premiers tomes à Noël prochain et les deux suivants en 2015 me titille. Mais l'attente risque d'être longue, alors j'hésite... En effet, Paladin a raison: on n'est jamais si bien servi que par soi-même. 

Puisque vous parlez de Mad Movies, comme je le disais c'était à l'origine un fanzine que je me souviens aussi avoir acheté aussi dans cette librairie niçoise. Voila des scans du premier numéro de ce magazine maintenant hyper pro au papier glacé: un fanzine tapé à la machine qui annonçait dans son premier édito qu'il "sera peut-être mort demain"... Beau parcours !

Ca fait vraiment bizarre de voir ce premier Mad movies. Mon frère en a des centaines, j'ai grandi avec ces couvertures. Voir que ça a commencé en papier journal tapé à la machine, c'est assez déstabilisant. J'ignorais d'ailleurs que ça remontait à si loin comme revue. C'est clair qu'ils ont fait du chemin depuis. Et j'espère qu'ils en feront encore un bon bout.

Merci Paladin pour nous faire découvrir les débuts de cette référence du genre.   

Alors ça, j'ai !
Les dix premiers numéros ont été réédités en fac-similés il y a quelques années, et je me suis précipité dessus. Curieusement, l'intégrale est encore disponible à vraiment pas cher: http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&ved=0CDIQFjAB&url=http%3A%2F%2Fshop.mad-movies.com%2Ffr%2Fproduit%2F454%2Fpack_origines&ei=70E3U5zFKoX70gWSzgE&usg=AFQjCNHDkEDXrDtOaPVj1hydRarnYdVkmw&bvm=bv.63808443,d.d2k&cad=rja

Bien sûr, ces fanzines n'ont pas la qualité de Midi Minuit Fantastique et des premiers Mad Movies pro, mais ces textes "vintage" de Jean-Pierre Putters possèdent le charme de la sincérité, et j'aime leur côté brut et sans concession. De vraies petites madeleines de Proust. Pour ceux que ça intéresse, une autobiographie de ce grand monsieur de la presse française est également parue fin 2012 chez l'excellent éditeur de l'intégrale MMF, Rouge Profond.



http://www.rougeprofond.com/LIVRES/RACCORDS/putters/index.html

Chouette voyage dans le passé, Paladin !
Midi minuit, j'avais entendu parler dans une interview de Druillet (ou Moebius, je sais plus) qui s'en rappelait l'influence sur son imaginaire et son travail. Ces photos noir et blanc, ces polices de caractères, tout ça typique de l'époque que j'ai pu voir dans d'autres revues, qui laissaient mes doigts poussiéreux.
Mad movies, c'est impressionnant. Le fanzine tapé à la machine qui laisse les pâtés et les ratures, les fautes qu'on ne peut plus corriger sans refaire toute la page. Que de chemin parcouru. La preuve de la force de la passion !

Génial Paladin ! Toute une époque révolue mais ô combien enchanteresse. Je suis un fan absolu du grand Terence Fisher et de la Hammer. Je te souhaite une lecture passionnante.

Purée, la tronche du premier Mad Movies quand tu zieutes l'intérieur!  En revanche, quarante ans plus tard, la couv' reste très bien fichue, je trouve.

Zaroff a écrit:Génial Paladin ! Toute une époque révolue mais ô combien enchanteresse. Je suis un fan absolu du grand Terence Fisher et de la Hammer. Je te souhaite une lecture passionnante.

Personellement, si j'aime certains films de la Hammer, comme Vampires Lovers de  Roy Ward Baker, Les Vierges de Satan de Terence Fisher, ou Le Baiser du Vampire de Don Sharp, je trouve la plupart de leurs productions un peu trop faites sur le même modèle, et prévisibles.

J'ai une préférence, parmi ces époques passées, pour les films gothiques italiens des années 60, comme ceux de Mario Bava, Ricardo Freda ou Antonio Margheriti, où souvent jouait la divine Barbara Steele   

MMF parlait aussi beaucoup d'eux, mais aussi des œuvres à l'ambiance étrange et borderline de Fellini, d'Alain Resnais, tout autant que des premier James Bond ("Contre Dr No") ou des premiers "érotiques" ou des films de Karel Zeman, un précurseur du Steampunk, qui mélangeait personnages réels et décors de gravures à la Doré...

Vampire Lovers a été une immense surprise pour moi qui redoutait une adaptation de bas étage de Carmilla. Leurs Dracula étaient en général pas mal aussi. De l'hyper cliché, mais du "bon" cliché je trouve.

Je suis absolument ignorant en ce domaine (à mon grand regret, d'ailleurs), mais viens de tomber sur cet article publié aujourd'hui qui parle de cette anthologie. On ne sait jamais que cela vous intéresse...

Bonjour on tous,

On aura mis le temps, mais c'était pour la bonne cause... Le voilà enfin! Le volume 2 de L'Intégrale Midi-Minuit Fantastique est sorti de chez l'imprimeur cette semaine. Le temps que le distributeur achemine les livres, la sortie en librairies aura lieu vers le 20 octobre.

Ci-dessous, la couv:



Au menu des 752 pages du livre (80 de plus que dans le volume 1) :

• Une préface de Barbara Steele

• Un hommage à Michel Caen, décédé en 2014, par moi-même

• Les numéros 7 à 11 de MMF, avec une iconographie enrichie, comme dans le volume 1 :
    - n°7 : Actualité du fantastique
    - n°8 : Érotisme et épouvante dans le cinéma anglais
    - n°9 : Le Tour du monde du fantastique
    - n°10/11 : William Castle, Roger Corman, Terence Fisher

• Un chapitre de textes inédits, L’Entracte du Midi-Minuit, avec :
   - une rubrique érotique : Sylvie Bréal, par Michel Caen
   - un entretien d’époque : Mario Bava, par Ornella Volta
   - une enquête sur le mythique "Dracula en ombres chinoises" de Jean Boullet et Philippe Druillet, par moi-même
   - les aventures d’un archéologue-filmographe, par Jean-Claude Romer

• Un DVD de 150 mn, "Les Cauchemars de Midi-Minuit", avec :

   - Cinq courts métrages :
        Fantasmagorie de Patrice Molinard, avec Édith Scob (40 mn – 1963)
        La Prima donna de Philippe Lifchitz, avec Nelly Kaplan (10 mn – 1964)
        Vampirisme de Bernard Chaouat et Patrice Duvic, avec Michel Beaune (13 mn – 1967)
        Satan bouche un coin de Jean-Pierre Bouyxou et Raphaël-G. Marongiu, avec Pierre Molinier (10 mn – 1968)
        La Fée sanguinaire de Roland Lethem, avec To Katinaki (24 mn – 1968).

    - Cinq bonus :
        Fantasmagorie, un rêve de cinéma d’Erwan Le Gac et Nicolas Stanzick (20 mn – 2015)
        Dracula n’est jamais vaincu de Patrice Molinard (2 mn – 1962)
        Fantasmagorie : scène coupée (1 mn – 1963)
        Les Midi-Minuistes font du cinéma d’Erwan Le Gac et Nicolas Stanzick (25 mn – 2015)
        Présentations de Nicolas Stanzick (12 mn – 2015).

Comme le premier volume, le livre propose une version entièrement restaurée et augmentée de MMF : texte ressaisi et homogénéisé, éléments graphiques de la maquette d'origine nettoyés (couvertures, titres, pubs...), photos puisées aux meilleures sources HD, etc.

Pour plus d'infos, le site dédié est en maintenance mais va rouvrir la semaine prochaine : http://midiminuitfantastique.com