La métaphysique du doute
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La métaphysique du doute
Nous sommes tous passionnés par le fantastique en règle générale et nous efforçons de créer des œuvres, nouvelles, récits, romans afin d'être publiés, édités, fanzinés ou webzinés. Mais je me pose souvent cette question. Sommes-nous faits pour ce domaine ? Nous avons tous une culture identique dans les influences qui sous-tendent nos créations : thriller, polars, épouvante, cinéma, jeux vidéos... et on peut avouer qu'on se creuse la tête pour écrire... jusqu'à en friser l’écœurement ou la lassitude mentale. Se pose-t-on la véritable interrogation : peut-on et doit-on écrire autre chose ? Creusons-nous vraiment au fond de nous pour connaitre notre véritable voie dans l'écriture ? Est-on véritablement apte pour cela ? J'aimerais connaître vos avis là-dessus.
Re: La métaphysique du doute
C'est une question intéressante à laquelle je me suis retrouvé confronté lorsque je me suis aperçu que j'avais vécu dans la pauvreté et que j'allais sans doute devoir faire face à une époque plus sombre encore. De plus j'ai passé l'âge ingrat de la trentaine où la pression sociale devient insupportable (là où beaucoup d'entre vous en sont sortis, tant mieux pour vous).
J'écris aussi pour mon accomplissement et je dois sans cesse lutter pour me dire que mon activité n'est pas une gaminerie inutile. Après tout, je suis obsédé par la création d'histoire et je suis sûr, au fond de moi, de ma démarche. Je ne connaîtrait sans doute jamais la célébrité et à vrai dire, je n'en ai pas grand chose à faire.
J'ai un ami qui a la fibre créative mais qui essaie (infructueusement) de surfer sur les phénomènes de mode pour en tirer de la popularité: c'est un besoin maladif qui le conduira à sa perte, je pense. Car on ne crée rien de bon si l'on aime pas soi même ce que l'on fait. Si nous sommes ici, c'est que nous avons choisi entre le "commercial" et autre chose, même si cet "autre chose" peut être appelé "roman de gare".
Pour ma part je n'ai pas trop de doutes dans mes capacités rédactionnelles, beaucoup plus dans ma capacité à gérer la fatigue et les préoccupations du quotidien qui finissent par m'empêcher d'écrire. Mais je suis déterminé à contourner ou à écarter tout obstacle entre moi et mon objectif.
J'écris aussi pour mon accomplissement et je dois sans cesse lutter pour me dire que mon activité n'est pas une gaminerie inutile. Après tout, je suis obsédé par la création d'histoire et je suis sûr, au fond de moi, de ma démarche. Je ne connaîtrait sans doute jamais la célébrité et à vrai dire, je n'en ai pas grand chose à faire.
J'ai un ami qui a la fibre créative mais qui essaie (infructueusement) de surfer sur les phénomènes de mode pour en tirer de la popularité: c'est un besoin maladif qui le conduira à sa perte, je pense. Car on ne crée rien de bon si l'on aime pas soi même ce que l'on fait. Si nous sommes ici, c'est que nous avons choisi entre le "commercial" et autre chose, même si cet "autre chose" peut être appelé "roman de gare".
Pour ma part je n'ai pas trop de doutes dans mes capacités rédactionnelles, beaucoup plus dans ma capacité à gérer la fatigue et les préoccupations du quotidien qui finissent par m'empêcher d'écrire. Mais je suis déterminé à contourner ou à écarter tout obstacle entre moi et mon objectif.
Re: La métaphysique du doute
Et tu n'as jamais eu envie d'écrire un roman introspectif pour "vider" tous tes aléas que la vie semble semer devant toi ? Écrire sans chercher à tout prix une intrigue quelconque. Écrire pour vider son sac et ses tripes ? Écrire un truc vrai et fondamental. Quitte à le publier rien que pour soi (genre Lulu) ? Est-il vital de se faire publier et, par ce fait, d'être reconnu par quelqu'un ? Ne serait-il pas plus sage d'écrire pour soi et uniquement pour soi ? J'admets que cette tension permanente d'aboutir à quelque chose est parfois pesante et tronque notre écriture.
Re: La métaphysique du doute
C'est une pensée qui m'est passée par la tête.
Il est vrai que les éditeurs sont frileux avec les biographies d'inconnus. Mais j'ai tendance à "donner" à des personnages de fiction des souvenirs ou des expériences (heureuses ou malheureuses) qui m'ont marqué, un peu comme King l'a fait avec Dolores Claiborne où il donne un regard très amer sur son expérience de l'alcoolisme (son personnage du père abuseur lui ressemble énormément).
A vrai dire, j'ai l'impression de déjà pêcher par orgueil en parlant de mes propres expériences, alors...
Il est vrai que les éditeurs sont frileux avec les biographies d'inconnus. Mais j'ai tendance à "donner" à des personnages de fiction des souvenirs ou des expériences (heureuses ou malheureuses) qui m'ont marqué, un peu comme King l'a fait avec Dolores Claiborne où il donne un regard très amer sur son expérience de l'alcoolisme (son personnage du père abuseur lui ressemble énormément).
A vrai dire, j'ai l'impression de déjà pêcher par orgueil en parlant de mes propres expériences, alors...
Re: La métaphysique du doute
Et transposer ton vécu avec des personnages forts... un peu à la manière d'Auguste Le Breton dans sa trilogie "Les hauts murs", "La loi des rues" et "Malfrats & Co" ?
Re: La métaphysique du doute
C'est vrai qu'on essaye au maximum que son personnage ne soit pas une "Mary-Sue" (à moins que ce ne soit un choix clairement assumé) sauf que l'on n'est jamais complètement objectif envers un personnage et qu'un récit se construit avec des matériaux intimes (du moins, quand on ne n'écrit pas de textes purement récréatifs ou descriptifs).
Le héros d'un de mes projets de romans a bien des points communs avec moi: ses peurs, son vécu, ses réactions sont à peu près les mêmes. De plus j'ai placé l'action dans les années 80, période où j'étais gamin, c'est pas un hasard.
Le héros d'un de mes projets de romans a bien des points communs avec moi: ses peurs, son vécu, ses réactions sont à peu près les mêmes. De plus j'ai placé l'action dans les années 80, période où j'étais gamin, c'est pas un hasard.
Re: La métaphysique du doute
Tu pourrais nous poster des extraits qu'on puisse en savourer le style ? Sinon, concernant le polar régional, j'admets bien volontiers que certains aspects me chagrinent. On doit respecter un cadre précis, dans une région précise, et des personnages caricaturaux. Systématiquement, on se retrouve à caser du commissaire, du lieutenant de police, du journaliste et les mobiles se ressemblent tous. Je me dis alors "où est la liberté dans l'écriture ?" Souvent, j'aimerai écrire quelque chose de neuf, partir d'une situation sans savoir où je vais, sonder les abîmes d'une intrigue dans un lieu et époque indéfinis. Voir où tout cela va me mener. Tenter cette expérience me taraude de plus en plus.
Re: La métaphysique du doute
disons que tu peux essayer de te jouer des stéréotypes comme je le fais: mon groupe d'enquêteur est formé de "malgré nous" du surnaturel qui ont été confrontés à l'impensable mais sont un peu des stéréotypes à eux seuls (le pompier altruiste, l'ancien CRS devenu détective, le guérisseur chassé de sa ferme, le chauffeur de taxi un peu réac etc.). Sur la forme purement polar, tu peux en faire un pastiche de polar qui aura deux niveaux de lecture: un pour le grand public et un pour le public "plus critique" si j'ose dire.
pour en avoir parlé avec une personne très intelligente et rassurante, je dirais ceci: l'éditeur exige mais le plus souvent il doit faire avec l'histoire de l'auteur, donc oui la liberté d'écrire existe bel et bien.
pour en avoir parlé avec une personne très intelligente et rassurante, je dirais ceci: l'éditeur exige mais le plus souvent il doit faire avec l'histoire de l'auteur, donc oui la liberté d'écrire existe bel et bien.
Re: La métaphysique du doute
Je te suis sur ton avis. Il faut se donner sa propre liberté et trouver le bon éditeur. Lorsque je lis le bouquin de Konnstruckt, je me dis qu'il y a de l'espoir pour tous les styles. Car éditer son livre est courageux !
Re: La métaphysique du doute
J'ai envie de changer ma méthode car je sens que je n'aboutis à rien. Les débutants, dont je fais partie, ont tous un défaut commun : nous nous intéressons à des éditeurs et tentons, ensuite, d'écrire un récit pouvant correspondre à une ligne éditoriale. Avec le recul, je pense qu'il faut faire l'inverse. Écrire sans s'insérer dans un genre particulier. Écrire sans se donner une directive particulière. En fonction de ce que donnera le ton du récit, affiner ou diriger son texte vers un genre : SF, polar, classique, horreur, porno... et le remanier sans cesse. Une fois l’œuvre aboutie, on s'intéresse à ce moment aux éditeurs susceptibles de publier votre récit. J'ai bien envie de tenter l'expérience. Partir sans rien et sans idée et voir où l'histoire me mène...
Re: La métaphysique du doute
Alors là, pas du tout - moi aussi je suis plus ou moins débutante, hein.Les
débutants, dont je fais partie, ont tous un défaut commun : nous nous
intéressons à des éditeurs et tentons, ensuite, d'écrire un récit
pouvant correspondre à une ligne éditoriale.
Quand j'écris, je suis une égoiste de première, je ne pense qu'à moi et à me faire plaisir. Les questions d'édition et de ligne éditoriale ne m'effleurent même pas. Objectif premier : traiter de thèmes dont j'ai envie, donner vie à certains types de personnages, mettre en scène des situations qui m'intéressent. Savoir si ça peut intéresser quelqu'un en dehors de moi, ça m'est bien égal ^^
Ceci peut-être effectivement une bonne expérience, mais s'avérer aussi terriblement casse-gueule. On va retomber dans l'éternel débat du scriptural / structurel, mais même si on bosse sans plan et sans aucune préparation, c'est quand même bien d'avoir une idée générale à laquelle se raccrocher, ainsi qu'un ou deux points clés à atteindre en cours de route.J'ai bien envie de tenter
l'expérience. Partir sans rien et sans idée et voir où l'histoire me
mène...
Invité- Invité
Re: La métaphysique du doute
Mais l'idée structurelle peut venir durant l'écriture et former le ton général du roman : polar, SF, anticipation, uchronie... Écrire pour soi, j'y crois mais, au fond de nous, ne cherchons-nous pas une certaine forme de reconnaissance qui n'intervient que par la publication ?
Re: La métaphysique du doute
Je ne suis pas trop convaincue. De démarrer sans même savoir de quel genre relèvera l'histoire, ça me paraît difficile. Après, je n'ai jamais essayé de commencer avec vraiment rien... Si tu essaies, je suis curieuse de savoir si tu t'en sortiras En ce qui me concerne, je me suis déjà lancée tête baissée dans la rédaction d'un truc fantasy, il y a quelques années, sans plan, sans histoire, sans préparation - je savais juste que ce serait de la fantasy. Résultat, je me suis retrouvée avec deux tomes et demi d'un récit infâme, qui s'était éparpillé dans toutes les directions possibles faute de savoir moi-même où j'allais, dont le style et le genre avaient considérablement évolués en cours de route. J'ai fini par tout laisser tomber.
C'est pour ça qu'à mon humble avis, même quand on écrit sans grosse préparation - c'est mon cas - il vaut mieux avoir une ligne à laquelle se raccrocher.
En ce qui concerne la publication... Certes, ce serait la cerise sur le gâteau si ça arrivait. Mais ce n'est pas un impératif, loin de là.
C'est sûr qu'au fond de nous, c'est une forme d'aboutissement et on serait contents d'y parvenir. Écrire dans le seul but d'être publié, en revanche, je ne pense pas que ce soit la solution.
C'est pour ça qu'à mon humble avis, même quand on écrit sans grosse préparation - c'est mon cas - il vaut mieux avoir une ligne à laquelle se raccrocher.
En ce qui concerne la publication... Certes, ce serait la cerise sur le gâteau si ça arrivait. Mais ce n'est pas un impératif, loin de là.
C'est sûr qu'au fond de nous, c'est une forme d'aboutissement et on serait contents d'y parvenir. Écrire dans le seul but d'être publié, en revanche, je ne pense pas que ce soit la solution.
Invité- Invité
Re: La métaphysique du doute
Je tente et je vais voir ce que ça donne. Si je n'y arrive pas, je boude !
Re: La métaphysique du doute
c'est exactement mon problème du moment: j'ai passé mon temps à conseiller à des débutants de ne pas prendre la question de la publication dans le mauvais sens mais d'un autre côté, je ne me vois pas écrire sans faire publier, ne serait-ce qu'une nouvelle dans une antho ou un roman régional auprès d'un éditeur associatif...Écrire pour soi, j'y crois mais, au fond de nous, ne cherchons-nous pas
une certaine forme de reconnaissance qui n'intervient que par la
publication ?
Ayant rencontré de succès assez rapides en format webzine, j'ai eu la naïveté de croire que le reste viendrait naturellement et à présent, ce sont les débutants que je conseillais qui font publier leurs bouquins (il faut dire qu'ils ont la jeunesse et souvent la vie d'étudiant qui va avec, je n'ai jamais autant produit de jeu de rôle que lorsque j'étais en fac), d'où le désespoir qui en découle et l'impression d'arriver trop tard.
D'un autre côté, j'adore bâtir des univers béton, avoir des tonnes de notes de lieux, d'intrigues et de personnages, faire du travail d'orfèvre sur le style. Cela nuit à l'aspect "écrire comme l'envie de pisser" dont parlait M. Roch ailleurs mais je ne suis pas (je ne suis plus) un compétiteur de l’écriture. Sûr que si je pouvais vivre de ma passion sans penser à quoi que ce soit d'autre, je serais plus prolixe.
Pour ce qui est des éditeurs, si du moins on reste dans les petits et moyens, je dirais que c'est comme les bistrots: il s'en ouvre et ferme des dizaines chaque semaine, donc ce serait bien le diable qu'il n'y en ait pas un qui ne soit pas dans la ligne éditoriale (quitte à faire quelques compromis avec l'auteur, surtout si votre texte sort vraiment du lot). Je sais que je prends des chemins très persos avec mes projets de textes mais ça me plaît beaucoup en tout cas.
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