Madame Atomos (A. Caroff)
+2
Paladin
Léonox
6 participants
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Madame Atomos
C'est pas sûr ! Un rien m'affole.Paladin a écrit:Oui mais toi tu as passé l'âge de t'émouvoir d'une paire de seins dessinés!
"Lady vengeance": la saga de Mme Atomos, chapitre 4
Non, je n'ai pas oublié Mme Atomos (je vous reparlerai bientôt de la dame sur un autre fil). Cette femme n'est d'ailleurs pas de celles que l'on oublie. Car elle est inoxydable. Telle un phénix de métal renaissant des cendres radioactives tombant en une pluie acide sur les ruines d’Hiroshima, Kanoto Yoshimuta, alias Mme Atomos, se dresse une nouvelle fois, hautaine et insaisissable, pour cracher une lave toxique au visage de l’Amérique. Toujours plus créative et dangereuse, l’obsessionnelle Japonaise est un roseau au cœur de bambou : si elle peut parfois plier, jamais elle ne rompt, et chaque défaite est pour elle une Naniwa sur laquelle elle affûte son inextinguible soif de destruction…
Dans le torride Mme Atomos crache des flammes, elle apparaît de fait comme l’incarnation d’un fantasmatique dragon femelle en jouant avec un feu d’une nature bien particulière… Ses ressources semblent inépuisables et, bien qu’ayant essuyé de sévères revers dans les livres précédents, Kanoto Yoshimuta a réussi à se retrancher sur son île nommée… « Atomia » ! Grâce au Grand Cerveau qui lui permet d’agir à distance sur les éléments, elle peut ainsi déclencher un nouveau plan machiavélique. Il sera d'autant plus difficile à contrecarrer que Mme Atomos ne se trouve jamais où on l’attend, et que le fait de la capturer n’indique pas, loin s’en faut, une éradication de la menace…
Le roman suivant, Mme Atomos croque le marmot, est malgré son titre « pop », un tournant dramatique dans la série. La diabolique Japonaise n’a en effet pas renoncé à se venger de Mie Azusa, ex-Miss Atomos devenue Mme Beffort. La jeune femme est même devenue une cible de premier choix depuis qu’elle a donné à l’agent du FBI un petit Bob bien difficile à protéger… C’est ainsi que la décision d’isoler la jeune mère et son fils dans un lieu tenu secret, surveillé par une équipe de G-Men prête à intervenir jour et nuit semblait aussi justifiée qu’avisée… Las, nul obstacle ne semble à même de dissuader Mme Atomos, et cette fois-ci les conséquences seront aussi épouvantables que funestes pour certains protagonistes majeurs…
Un arc aussi sombre appelait un développement à la hauteur, et le moins que l’on puisse dire est que sa suite, le judicieusement intitulé La ténébreuse Mme Atomos, relève le défi avec brio. Car Smith Beffort et son épouse ne combattent plus seulement le mal incarné, mais aussi et surtout la peur insidieuse de le voir frapper à leur propre porte, et cette double caractérisation donne un véritable supplément d’âme à des personnages toujours sur le fil du rasoir… Et ils auront une nouvelle fois besoin de puiser dans leurs ressources pour mettre hors d’état de nuire l’un des soutiens logistiques et financiers les plus surprenants de leur ennemie : l’O.A.A.M.A., ce qui signifie… L’Organisation des Amis Américains de Mme Atomos !
Les trois romans composant ce recueil édité par Rivière Blanche, respectivement numéros 146, 147 et 152 de la collection Angoisse, et parus à l'origine entre 1967 et 1968, n'ont, à l'instar de leur protagoniste principale, pas pris une ride. Ce quatrième volume s'avère donc tout aussi indispensable que ses prédécesseurs, et ses immenses qualités devraient être célébrées dans les meilleures écoles de littérature populaire. Et si de telles écoles sont hélas devenues rares, raison de plus pour aller puiser à la source de ce magistral cours de narration, délivré par l’un des maîtres du genre. André Caroff se fera un plaisir de vous y servir son cocktail Molotov maison. Bien frappé.
Dans le torride Mme Atomos crache des flammes, elle apparaît de fait comme l’incarnation d’un fantasmatique dragon femelle en jouant avec un feu d’une nature bien particulière… Ses ressources semblent inépuisables et, bien qu’ayant essuyé de sévères revers dans les livres précédents, Kanoto Yoshimuta a réussi à se retrancher sur son île nommée… « Atomia » ! Grâce au Grand Cerveau qui lui permet d’agir à distance sur les éléments, elle peut ainsi déclencher un nouveau plan machiavélique. Il sera d'autant plus difficile à contrecarrer que Mme Atomos ne se trouve jamais où on l’attend, et que le fait de la capturer n’indique pas, loin s’en faut, une éradication de la menace…
Le roman suivant, Mme Atomos croque le marmot, est malgré son titre « pop », un tournant dramatique dans la série. La diabolique Japonaise n’a en effet pas renoncé à se venger de Mie Azusa, ex-Miss Atomos devenue Mme Beffort. La jeune femme est même devenue une cible de premier choix depuis qu’elle a donné à l’agent du FBI un petit Bob bien difficile à protéger… C’est ainsi que la décision d’isoler la jeune mère et son fils dans un lieu tenu secret, surveillé par une équipe de G-Men prête à intervenir jour et nuit semblait aussi justifiée qu’avisée… Las, nul obstacle ne semble à même de dissuader Mme Atomos, et cette fois-ci les conséquences seront aussi épouvantables que funestes pour certains protagonistes majeurs…
Un arc aussi sombre appelait un développement à la hauteur, et le moins que l’on puisse dire est que sa suite, le judicieusement intitulé La ténébreuse Mme Atomos, relève le défi avec brio. Car Smith Beffort et son épouse ne combattent plus seulement le mal incarné, mais aussi et surtout la peur insidieuse de le voir frapper à leur propre porte, et cette double caractérisation donne un véritable supplément d’âme à des personnages toujours sur le fil du rasoir… Et ils auront une nouvelle fois besoin de puiser dans leurs ressources pour mettre hors d’état de nuire l’un des soutiens logistiques et financiers les plus surprenants de leur ennemie : l’O.A.A.M.A., ce qui signifie… L’Organisation des Amis Américains de Mme Atomos !
Les trois romans composant ce recueil édité par Rivière Blanche, respectivement numéros 146, 147 et 152 de la collection Angoisse, et parus à l'origine entre 1967 et 1968, n'ont, à l'instar de leur protagoniste principale, pas pris une ride. Ce quatrième volume s'avère donc tout aussi indispensable que ses prédécesseurs, et ses immenses qualités devraient être célébrées dans les meilleures écoles de littérature populaire. Et si de telles écoles sont hélas devenues rares, raison de plus pour aller puiser à la source de ce magistral cours de narration, délivré par l’un des maîtres du genre. André Caroff se fera un plaisir de vous y servir son cocktail Molotov maison. Bien frappé.
Dernière édition par Léonox le Sam 1 Mar 2014 - 16:21, édité 2 fois
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
C'est en partie pour compléter mes "Mme Atomos" (et mes "Sydney Gordon") que j'ai revendu mes "Fantask", il y a des années.
Inventif et jamais ennuyeux, Caroff appartient à ces grands artisans de la littérature populaire qui méritent d'être reconnus à leur juste valeur.
Si la réédition des "Mme Atomos" marche bien, peut-être Rivière Blanche exhumera-t-elle le "cycle de Rod" ou la "saga des Rouges" qui ne manquent pas de punch non plus.
Inventif et jamais ennuyeux, Caroff appartient à ces grands artisans de la littérature populaire qui méritent d'être reconnus à leur juste valeur.
Si la réédition des "Mme Atomos" marche bien, peut-être Rivière Blanche exhumera-t-elle le "cycle de Rod" ou la "saga des Rouges" qui ne manquent pas de punch non plus.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Je suis très loin de connaître l'oeuvre d'André Caroff aussi bien que toi, Jack.
Hormis les 18 Mme Atomos, je n'ai lu que son unique GORE, Extermination (un sacré bon roman, d'ailleurs, que je considère comme un "Angoisse" un peu jusqu'au-boutiste).
Mais les onze "Angoisse" pré-Atomos de cet excellent écrivain me font de l'oeil depuis des années, et il faudra bien que je me décide à les traquer comme les Agapit qui me manquent...
Concernant Rivière Blanche, j'ignore si les rééditions dont tu parles sont d'actualité.
En revanche, une autre série de l'auteur figure au catalogue de la collection "Blanche": il s'agit de celle du "Mandarin", et trois romans sont parus: Les enfants..., Sung Song... et La mort...
Quant à Mme Atomos, la série se porte assez bien pour avoir été relancée par l'éditeur.
Un roman inédit est paru l'an dernier, et un autre est prévu. J'aurai l'occasion d'y revenir...
Hormis les 18 Mme Atomos, je n'ai lu que son unique GORE, Extermination (un sacré bon roman, d'ailleurs, que je considère comme un "Angoisse" un peu jusqu'au-boutiste).
Mais les onze "Angoisse" pré-Atomos de cet excellent écrivain me font de l'oeil depuis des années, et il faudra bien que je me décide à les traquer comme les Agapit qui me manquent...
Concernant Rivière Blanche, j'ignore si les rééditions dont tu parles sont d'actualité.
En revanche, une autre série de l'auteur figure au catalogue de la collection "Blanche": il s'agit de celle du "Mandarin", et trois romans sont parus: Les enfants..., Sung Song... et La mort...
Quant à Mme Atomos, la série se porte assez bien pour avoir été relancée par l'éditeur.
Un roman inédit est paru l'an dernier, et un autre est prévu. J'aurai l'occasion d'y revenir...
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Je suis hélas loin d'avoir lu tous les Atomos mais j'en possède cependant quelques-uns, parfois en version BD.
Mme Atomos croque le marmot , cité plus haut, m'avait effectivement frappé par sa noirceur, Caroff ayant le bon goût de ne pas donner dans une "happy end" par trop prévisible.
Du même auteur, et indépendamment de la saga de la funeste Nipponne, j'ai beaucoup apprécié, dans cette même collection Angoisse, La Nuit du monstre, excellent whodunit de 1970 se déroulant dans un chalet isolé. Voici ce que nous dit la quatrième de couverture : "En Autriche, dans un laboratoire isolé, le docteur Tauern travaille depuis vingt ans à une mystérieuse besogne. Enfin, il convoque un groupe de neurologues, dont le professeur Berger de Paris et sa secrétaire Elisabeth Sourbier. Il y a là un Soviétique, un Japonais, un Américain, un Italien et un Allemand, tous parfaitement inconnus de Berger. Au cours des premières heures de cette réunion, Tauern révèle qu'il a réussi la greffe d'un cerveau, élevé en bocal, sur le cadavre d'un alpiniste porté disparu depuis six mois, et précise que Saturne — son robot-vivant — est l'un des cinq neurologues étrangers.
Le jeu consiste à découvrir l'identité de Saturne avant le lendemain. Berger pense que Tauern bluffe, veut repartir immédiatement, mais une avalanche coupe la route et arrache les poteaux téléphoniques. Puis Tauern est assassiné et tous comprennent que Saturne et un tueur, un monstre assoiffé de sang qui n'aura pas de cesse avant d'avoir exterminé les invités de Tauern. Il y aura des morts et, finalement la fragile Elisabeth se retrouvera seule face à Saturne, dans cette maison isolée abritant déjà six cadavres."
Mme Atomos croque le marmot , cité plus haut, m'avait effectivement frappé par sa noirceur, Caroff ayant le bon goût de ne pas donner dans une "happy end" par trop prévisible.
Du même auteur, et indépendamment de la saga de la funeste Nipponne, j'ai beaucoup apprécié, dans cette même collection Angoisse, La Nuit du monstre, excellent whodunit de 1970 se déroulant dans un chalet isolé. Voici ce que nous dit la quatrième de couverture : "En Autriche, dans un laboratoire isolé, le docteur Tauern travaille depuis vingt ans à une mystérieuse besogne. Enfin, il convoque un groupe de neurologues, dont le professeur Berger de Paris et sa secrétaire Elisabeth Sourbier. Il y a là un Soviétique, un Japonais, un Américain, un Italien et un Allemand, tous parfaitement inconnus de Berger. Au cours des premières heures de cette réunion, Tauern révèle qu'il a réussi la greffe d'un cerveau, élevé en bocal, sur le cadavre d'un alpiniste porté disparu depuis six mois, et précise que Saturne — son robot-vivant — est l'un des cinq neurologues étrangers.
Le jeu consiste à découvrir l'identité de Saturne avant le lendemain. Berger pense que Tauern bluffe, veut repartir immédiatement, mais une avalanche coupe la route et arrache les poteaux téléphoniques. Puis Tauern est assassiné et tous comprennent que Saturne et un tueur, un monstre assoiffé de sang qui n'aura pas de cesse avant d'avoir exterminé les invités de Tauern. Il y aura des morts et, finalement la fragile Elisabeth se retrouvera seule face à Saturne, dans cette maison isolée abritant déjà six cadavres."
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
- Messages : 2383
Date d'inscription : 02/10/2013
Age : 57
Localisation : Sud-Est
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Damned, Blahom ! Tu n'usurpes pas ta place dans notre "Cercle des Auteurs Disparus". Superbe présentation, ô combien alléchante !
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Il est vrai que, sur ce coup-là, je n'ai que fort peu de mérite. Le passage entre guillemets, comme cela a été précisé, n'est que la retranscription littérale de la quatrième de couverture.
Blahom- —Adorateur du (mauvais) genre— Chuchoteur dans les ténèbres
- Messages : 2383
Date d'inscription : 02/10/2013
Age : 57
Localisation : Sud-Est
"Mue serpentine": la saga de Mme Atomos, chapitre 5
Afin de célébrer comme il se doit l'arrivée sur le forum du repreneur officiel de la série, voici donc l'avant-dernier volet de mes chroniques consacrées à la muse atomique d'André Caroff. Avec le judicieusement intitulé Mme Atomos change de peau, l'auteur parvient à donner un nouveau souffle à sa saga en introduisant une notion pour le moins surprenante dans ce monde de violence et de destructions massives. En effet, la maléfique Japonaise ne se contente pas de s’y inspirer de son ennemi Smith Beffort (qui avait recruté un certain nombre de repris de justice afin de mieux combattre Kanoto Yoshimuta sur son propre terrain) en puisant dans les bas-fonds de la société américaine afin de reconstituer son armée décimée.
Non, Mme Atomos n’est pas de celles qui dupliquent les attitudes : elle est beaucoup plus intéressée par la duplication des hommes ! C'est ainsi que notre mégère faussement apprivoisée se présente sous l’apparence d’une jeune journaliste japonaise nommée Icho Fuji dans le très sensuel Mme Atomos fait du charme ! Plus déterminée que jamais, la vénéneuse ennemie de l’Amérique a décidé de profiter doublement de sa nouvelle et charmante apparence. Dans un premier temps, elle a entrepris de séduire le sémillant Yosho Akamatsu afin, semble-t-il, de satisfaire ses nouveaux appétits… Mais ce climat langoureux va bien vite laisser place à une atmosphère des plus inquiétantes.
En effet, Smith Beffort ne tardera guère à réaliser que sa femme Mie Azusa et son ami Yosho ont été exposés respectivement à un clip et à une montre radioactive en provenance de… la belle Icho Fuji ! Madame Atomos va donc se trouver contrainte à fuir mais, et c’est là tout le sel du roman, elle ne pourra plus se présenter devant ses sbires, qui ne la reconnaîtraient pas sous sa nouvelle apparence ! Savoureux paradoxe, qui verra Icho Fuji prendre la tête de l’organisation criminelle grâce à un ordre donné par… Mme Atomos !
Cette ambiguïté se dissipera toutefois dans l’Empreinte de Mme Atomos car, justement, les empreintes digitales ne mentent pas. C’est ainsi qu’après avoir été reconnue de part et d’autre, Kanoto Yoshimuta va pouvoir poursuivre son obsessionnel travail de sape. Un échange très intéressant entre Smith Beffort et son épouse résume d’ailleurs fort bien la tournure « intime » prise par la série à mi-parcours : « — Nous vivants, les actions de notre ennemie resteront limitées et ne tendront qu’à nous attirer dans un piège. — Si elle nous tue, elle se retournera contre les Etats-Unis. Donc, nous devons demeurer en bonne santé ». Un dialogue étonnamment fataliste et combattif à la fois, qui en dit long sur l’exceptionnel tempérament de ce couple uni pour le meilleur en théorie, mais plus souvent pour le pire dans la pratique. Et qui trouve un terrifiant écho un peu plus loin dans le roman, quand Mme Atomos attend que le sort des deux empêcheurs de terroriser en rond soit scellé pour répandre 10 000 ampoules pleines d’une substance bactériologique mortelle sur les Etats-Unis…
J’ai déjà écrit à plusieurs reprises que Rivière Blanche est un éditeur d’exception. Préfacé par Dominique Rocher, qui évoque Angoisse, agrémenté d’une malicieuse nouvelle inédite, où François Darnaudet et Jean-Marc Lofficier dotent Mme Atomos d’un programme spatial bien spécial, cet omnibus formidable, composé des numéros 156, 160 et 169 de la mythique collection du Fleuve Noir, en est une preuve supplémentaire. Quand la fiction devient friction, les frissons provoqués par Mme Atomos ne sont plus seulement ceux de l'Angoisse...
Non, Mme Atomos n’est pas de celles qui dupliquent les attitudes : elle est beaucoup plus intéressée par la duplication des hommes ! C'est ainsi que notre mégère faussement apprivoisée se présente sous l’apparence d’une jeune journaliste japonaise nommée Icho Fuji dans le très sensuel Mme Atomos fait du charme ! Plus déterminée que jamais, la vénéneuse ennemie de l’Amérique a décidé de profiter doublement de sa nouvelle et charmante apparence. Dans un premier temps, elle a entrepris de séduire le sémillant Yosho Akamatsu afin, semble-t-il, de satisfaire ses nouveaux appétits… Mais ce climat langoureux va bien vite laisser place à une atmosphère des plus inquiétantes.
En effet, Smith Beffort ne tardera guère à réaliser que sa femme Mie Azusa et son ami Yosho ont été exposés respectivement à un clip et à une montre radioactive en provenance de… la belle Icho Fuji ! Madame Atomos va donc se trouver contrainte à fuir mais, et c’est là tout le sel du roman, elle ne pourra plus se présenter devant ses sbires, qui ne la reconnaîtraient pas sous sa nouvelle apparence ! Savoureux paradoxe, qui verra Icho Fuji prendre la tête de l’organisation criminelle grâce à un ordre donné par… Mme Atomos !
Cette ambiguïté se dissipera toutefois dans l’Empreinte de Mme Atomos car, justement, les empreintes digitales ne mentent pas. C’est ainsi qu’après avoir été reconnue de part et d’autre, Kanoto Yoshimuta va pouvoir poursuivre son obsessionnel travail de sape. Un échange très intéressant entre Smith Beffort et son épouse résume d’ailleurs fort bien la tournure « intime » prise par la série à mi-parcours : « — Nous vivants, les actions de notre ennemie resteront limitées et ne tendront qu’à nous attirer dans un piège. — Si elle nous tue, elle se retournera contre les Etats-Unis. Donc, nous devons demeurer en bonne santé ». Un dialogue étonnamment fataliste et combattif à la fois, qui en dit long sur l’exceptionnel tempérament de ce couple uni pour le meilleur en théorie, mais plus souvent pour le pire dans la pratique. Et qui trouve un terrifiant écho un peu plus loin dans le roman, quand Mme Atomos attend que le sort des deux empêcheurs de terroriser en rond soit scellé pour répandre 10 000 ampoules pleines d’une substance bactériologique mortelle sur les Etats-Unis…
J’ai déjà écrit à plusieurs reprises que Rivière Blanche est un éditeur d’exception. Préfacé par Dominique Rocher, qui évoque Angoisse, agrémenté d’une malicieuse nouvelle inédite, où François Darnaudet et Jean-Marc Lofficier dotent Mme Atomos d’un programme spatial bien spécial, cet omnibus formidable, composé des numéros 156, 160 et 169 de la mythique collection du Fleuve Noir, en est une preuve supplémentaire. Quand la fiction devient friction, les frissons provoqués par Mme Atomos ne sont plus seulement ceux de l'Angoisse...
Dernière édition par Léonox le Dim 11 Mai 2014 - 10:37, édité 2 fois
La femme scorpion: la saga de Mme Atomos, chapitre 6
Plus d'un an après avoir commencé à vous narrer par le menu le parcours de la vénéneuse Japonaise, voici l’épilogue de cette série pas comme les autres. Après quinze déclarations de guerre totale couronnées d'autant d'échecs cinglants, l’ennemie jurée des États-Unis a un peu perdu de sa superbe, en dépit de ses inépuisables ressources financières et technologiques. En effet, l’objectif d’André Caroff n’a jamais été de transformer Mme Atomos en mutante futuriste ou en amazone extraterrestre. Et si la série a pu perdurer aussi longtemps, c’est non seulement parce qu’elle a su conserver la touche de réalisme qui l’ancrait dans le contexte sociopolitique de son époque, mais aussi parce qu’elle présentait des personnages faillibles.
C’est ainsi que dans Mme Atomos jette un froid, Kanoto Yoshimuta ne se contente pas de concevoir un fusil réfrigérant qui a le don de transformer ses victimes en poupées de glace cassantes comme du verre, mais elle assure ses arrières en obtenant le soutien de militants afro-centristes extrémistes. Selon le bon vieux principe du « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », ce partenariat privilégié a pour objectif avoué la création d’une nouvelle nation réservée aux Noirs et nommée New Africa, qui serait fondée dans le Sud des États-Unis !
Grâce à la hardiesse de Smith Beffort et Yosho Akamatsu, ce projet démentiel échouera comme les précédents. Mais leur malfaisante adversaire conserve toujours une longueur d’avance, et le prouvera dans le dernier roman officiel de la série, Mme Atomos cherche la petite bête, en employant un nouveau modèle de cerveau-moteur miniature qui va répandre la panique. Car il n’est plus tant question de contrôle que de meurtres de masse. Et les meurtres en question n’étant pas ici commis par des hommes, ils s’avèrent d’autant plus imprévisibles…
Après la fin d’ « Angoisse », un ultime roman put paraître dans la collection « Anticipation » en raison du caractère hybride de la saga. Et c’est tout naturellement qu’il figure, sous le titre Les sphères de Mme Atomos, au sein de l'intégrale Rivière Blanche. Les mêmes personnages y sont cette fois confrontés à des petites soucoupes volantes dissimulant des inducteurs de pensée, tandis que Mme Atomos a décidé de semer la terreur et la violence de façon pyramidale en s’attaquant au sommet de l’état. Se posant ainsi en spectatrice, elle entend bien faire prendre aux députés le même genre de décision qui a réduit Hiroshima et Nagasaki en cendres. À cette différence près qu’en l’occurrence les victimes seront américaines…
Une conclusion en apothéose, qui permet à l’auteur d’apporter la touche finale à ce portrait de femme tout en contrastes. Car comment ne pas succomber au charme envoûtant de la dame lorsqu’elle demande avec candeur à son âme damnée Isadori : « Tu ne trouves pas que j’ai un peu grossi » ? Comment ne pas être touché par cette femme qualifiée de folle par Smith Beffort, lorsqu’elle lui rappelle l’abomination du double bombardement qui a changé sa vie et celle de son peuple, ponctuant son terrible réquisitoire d’un implacable « Où sont les fous » ? Deux extrêmes qui reflètent toute la richesse et l’ambiguïté d’un personnage dont André Caroff a su faire la figure de proue d’une forme de littérature populaire n’excluant pas certain sous-texte politique. Voilà pourquoi Mme Atomos est éternelle. Parce que son « v » est à la fois celui de la volupté, de la victoire et de la vengeance. Et parce que les fous sont partout. Ceux d'entre vous qui ont apprécié cette série de chroniques et voudraient en savoir plus sur le sujet pourront trouver un complément d'informations en forme de post-scriptum par ici: https://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/t1227-la-collection-noire-de-riviere-blanche
C’est ainsi que dans Mme Atomos jette un froid, Kanoto Yoshimuta ne se contente pas de concevoir un fusil réfrigérant qui a le don de transformer ses victimes en poupées de glace cassantes comme du verre, mais elle assure ses arrières en obtenant le soutien de militants afro-centristes extrémistes. Selon le bon vieux principe du « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », ce partenariat privilégié a pour objectif avoué la création d’une nouvelle nation réservée aux Noirs et nommée New Africa, qui serait fondée dans le Sud des États-Unis !
Grâce à la hardiesse de Smith Beffort et Yosho Akamatsu, ce projet démentiel échouera comme les précédents. Mais leur malfaisante adversaire conserve toujours une longueur d’avance, et le prouvera dans le dernier roman officiel de la série, Mme Atomos cherche la petite bête, en employant un nouveau modèle de cerveau-moteur miniature qui va répandre la panique. Car il n’est plus tant question de contrôle que de meurtres de masse. Et les meurtres en question n’étant pas ici commis par des hommes, ils s’avèrent d’autant plus imprévisibles…
Après la fin d’ « Angoisse », un ultime roman put paraître dans la collection « Anticipation » en raison du caractère hybride de la saga. Et c’est tout naturellement qu’il figure, sous le titre Les sphères de Mme Atomos, au sein de l'intégrale Rivière Blanche. Les mêmes personnages y sont cette fois confrontés à des petites soucoupes volantes dissimulant des inducteurs de pensée, tandis que Mme Atomos a décidé de semer la terreur et la violence de façon pyramidale en s’attaquant au sommet de l’état. Se posant ainsi en spectatrice, elle entend bien faire prendre aux députés le même genre de décision qui a réduit Hiroshima et Nagasaki en cendres. À cette différence près qu’en l’occurrence les victimes seront américaines…
Une conclusion en apothéose, qui permet à l’auteur d’apporter la touche finale à ce portrait de femme tout en contrastes. Car comment ne pas succomber au charme envoûtant de la dame lorsqu’elle demande avec candeur à son âme damnée Isadori : « Tu ne trouves pas que j’ai un peu grossi » ? Comment ne pas être touché par cette femme qualifiée de folle par Smith Beffort, lorsqu’elle lui rappelle l’abomination du double bombardement qui a changé sa vie et celle de son peuple, ponctuant son terrible réquisitoire d’un implacable « Où sont les fous » ? Deux extrêmes qui reflètent toute la richesse et l’ambiguïté d’un personnage dont André Caroff a su faire la figure de proue d’une forme de littérature populaire n’excluant pas certain sous-texte politique. Voilà pourquoi Mme Atomos est éternelle. Parce que son « v » est à la fois celui de la volupté, de la victoire et de la vengeance. Et parce que les fous sont partout. Ceux d'entre vous qui ont apprécié cette série de chroniques et voudraient en savoir plus sur le sujet pourront trouver un complément d'informations en forme de post-scriptum par ici: https://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/t1227-la-collection-noire-de-riviere-blanche
Dernière édition par Léonox le Dim 11 Mai 2014 - 21:15, édité 1 fois
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Allez, on oublie la poésie ! Je tiens vraiment trop à te remercier et te féliciter pour cette somptueuse chronique (et complète !) sur la saga endiablée de la Japonaise infernale. Tes condensés sont un outils de travail de premier plan et un guide précieux pour l'amateur.
Un superbe boulot, et qui n'a rien de facile.
Grâce à toi, Mme Atomos ne va pas manquer de faire des envieux chez les super vilains : Fu Manchu, l'Ombre jaune, le Dr Fatalis, Edmond Furax... et Zorglub lui-même aurait parlé de représailles terribles ! (J'espère que tu es à jour de tes assurances.)
Tu t'es donné du mal. Normal qu'on t'en soit reconnaissant.
Et encore merci, Léonox.
Un superbe boulot, et qui n'a rien de facile.
Grâce à toi, Mme Atomos ne va pas manquer de faire des envieux chez les super vilains : Fu Manchu, l'Ombre jaune, le Dr Fatalis, Edmond Furax... et Zorglub lui-même aurait parlé de représailles terribles ! (J'espère que tu es à jour de tes assurances.)
Tu t'es donné du mal. Normal qu'on t'en soit reconnaissant.
Et encore merci, Léonox.
Jack-the-rimeur- — — Zonard crépusculaire — — Disciple d'Ambrose Bierce
- Messages : 2415
Date d'inscription : 23/01/2013
Age : 72
Localisation : Narbonne
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Je tiens à signaler que des rubriques similaires seront postées sur mon blog, sous la catégorie "Les chroniques de Léonox". J'en suis honoré car c'est de la haute volée et élève le niveau de mon blog attardé et mesquin.
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Jack: grand merci pour ta lecture et pour ton commentaire positif. Je suis très heureux de susciter une telle réaction, et pas seulement parce qu'elle flatte mon petit ego. Car j'ai découvert Mme Atomos sur le tard, et mon premier texte concernant la série est paru trois mois après le décès d'André Caroff en 2009. C'est ainsi que ma décision de couvrir l'intégralité de la saga repose non seulement sur mon enthousiasme à son égard, mais aussi sur ma volonté d'honorer la mémoire de l'auteur et de transmettre, à mon modeste niveau, une petite partie de son héritage. A te lire, il semble que j'y sois parvenu. Me voilà donc comblé.
Zaroff: ton blog n'est ni attardé ni mesquin. Sinon, je n'y passerais pas presque chaque jour. Tu es un chroniqueur de haute volée, et tu m'as donné envie de lire un paquet de bouquins. D'autre part, je suis convaincu que nos styles se complètent. Je suis donc ravi de voir mes textes figurer chez toi, et profite de l'occasion pour te remercier publiquement de les héberger.
Zaroff: ton blog n'est ni attardé ni mesquin. Sinon, je n'y passerais pas presque chaque jour. Tu es un chroniqueur de haute volée, et tu m'as donné envie de lire un paquet de bouquins. D'autre part, je suis convaincu que nos styles se complètent. Je suis donc ravi de voir mes textes figurer chez toi, et profite de l'occasion pour te remercier publiquement de les héberger.
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Je plussoie Jack, une chronique très bien faite (et semble-t-il très complète). Je n'ai lu que la première partie, ne voulant pas me "spoiler" avant d'avoir lu les autres livres.
Je viens donc de terminer Mme Atomos frappe à la tête et je l'ai trouvé assez étonnant. Il m'a fallu un certain temps au départ pour me plonger dans les magouilles machiavéliques de Mme Atomos mais le rythme est rapide et on se laisse prendre au jeu. Les différents personnages sont attachants, avec une petite préférence pour May (bien que Smith et Soblen sont très sympathiques également). Le livre n'est ni misogyne, ni raciste (enfin pas à mon sens, même si l'intrigue flirte avec ce concept). L'action est très présente et les morts tombent à la pelle. Je regrette juste un manque d'émotion (surtout à la mort de certains personnages, qui auraient pu être décrites de façon un peu plus tragique). Néanmoins, l'excellente fin rattrape largement les petits défauts, et nous laisse sur un sacré suspense.
Je viens donc de terminer Mme Atomos frappe à la tête et je l'ai trouvé assez étonnant. Il m'a fallu un certain temps au départ pour me plonger dans les magouilles machiavéliques de Mme Atomos mais le rythme est rapide et on se laisse prendre au jeu. Les différents personnages sont attachants, avec une petite préférence pour May (bien que Smith et Soblen sont très sympathiques également). Le livre n'est ni misogyne, ni raciste (enfin pas à mon sens, même si l'intrigue flirte avec ce concept). L'action est très présente et les morts tombent à la pelle. Je regrette juste un manque d'émotion (surtout à la mort de certains personnages, qui auraient pu être décrites de façon un peu plus tragique). Néanmoins, l'excellente fin rattrape largement les petits défauts, et nous laisse sur un sacré suspense.
Amaranth- Book'trotteuse de l'extrême — Reflet dans un œil gore —
- Messages : 2051
Date d'inscription : 07/03/2012
Age : 32
Re: Madame Atomos (A. Caroff)
Merci beaucoup, Amaranth.Amaranth a écrit:Je plussoie Jack, une chronique très bien faite (et semble-t-il très complète)
Très content que tu aies apprécié ta lecture: ton retour me fait vraiment plaisir.
Je crois pouvoir t'affirmer qu'il ne l'est pas, en effet. Crois-moi, mes capteurs en la matière sont assez aiguisés, et si j'avais décelé la moindre once de misogynie ou de racisme dans cette série, j'aurais eu un mal de chien à me prendre de passion pour elle. Il n'en reste pas moins que le thème du racisme est traité, en effet, à plusieurs reprises dans la saga. Mais sous un angle qui ne laisse guère de place à l'interprétation quant aux intentions de l'auteur...Amaranth a écrit:Le livre n'est ni misogyne, ni raciste (enfin pas à mon sens, même si l'intrigue flirte avec ce concept).
Quant à d'éventuels relents de misogynie, je n'en ai pas décelé non plus. Mme Atomos est une femme très intelligente et passionnée, et quoi que l'on pense de sa cause, elle s'y donne corps et âme. C'est un des personnages féminins les plus forts que je connaisse dans le domaine de la littérature populaire. Tu auras d'ailleurs bientôt le plaisir de rencontrer une autre figure féminine capitale, plus ambigüe mais tout aussi intéressante, en poursuivant la série...
Concernant le manque d'émotion, je comprends ce que tu veux dire. Mais comme tu le dis, tout va très vite dans les Atomos, et l'action, le rythme et le suspens sont souvent privilégiés. Malgré tout, certains épisodes accordent davantage d'espace aux moments dramatiques. Disons qu'il y a tellement de morts dans la série qu'André Caroff a choisi de ne s'attarder que sur certains d'entre eux pour mieux susciter l'empathie. Mais je te laisse découvrir tout ça...Amaranth a écrit:L'action est très présente et les morts tombent à la pelle. Je regrette juste un manque d'émotion (surtout à la mort de certains personnages, qui auraient pu être décrites de façon un peu plus tragique). Néanmoins, l'excellente fin rattrape largement les petits défauts, et nous laisse sur un sacré suspense.
Au plaisir de te relire.
Page 2 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» Les filles de Madame Zélie (Texte retiré)
» PETITES HISTOIRES D'OUTRE-CRYPTE : 6 - Madame Fernand (V.1 ~ 3900 SEC)
» PETITES HISTOIRES D'OUTRE-CRYPTE : 6 - Madame Fernand (V.1 ~ 3900 SEC)
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum